Le système d'opération d'Einstein

Depuis toujours, je suis sensible à la démotivation qui ravage une partie importante de notre jeunesse.

Je crois que l’une des causes de cette démotivation est le type de classification selon lequel les élèves sont publiquement catalogués comme étant plus ou moins capable les uns que les autres intellectuellement.

Ne conclut-on pas très vite, à l’aide de tests selon le besoin, qu’un tel ou une telle n’est pas assez doué pour suivre tel ou tel cours plutôt que de conclure qu’il ou elle a simplement besoin de plus d’aide ou d'investir plus d'efforts? Chaque personne ne se fait-elle pas marquer de cette manière, et ceci au cours de la période de sa vie où elle est la plus vulnérable à ce type de dévalorisation, soit l’adolescence?

Considérant le besoin de confiance en soi et de clarté d’esprit nécessaires pour comprendre les problèmes et prendre les décisions requises pour affronter ce monde matérialiste dans lequel nous vivons, quels moyens intellectuels mettons-nous à la disposition de nos enfants pour leur permettre de prendre plus facilement le contrôle de leurs vies et percevoir une cohérence dans le monde qu’ils devront affronter?

J’espère que quel que soit le barreau sur lequel le système l’aura placé sur l’échelle de la capacité intellectuelle, le lecteur de ce livre en retirera la nette impression que son potentiel intellectuel est illimité, s’il n’avait pas déjà cette impression.

J'ai écrit cet ouvrage pour aider mes propres enfants à atteindre leur plus haut niveau possible de développement intellectuel. C'est pourquoi le ton des huit premiers chapitres est plutôt léger pour faciliter leur progression vers les aspects plus abstraits du sujet.

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Châteaux en Espagne

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La sensation la plus extraordinaire que l’on puisse avoir est de percevoir le secret des choses.

A. Einstein

La perfection est dans l’oeil de celui qui regarde, dans l’oreille de celui qui écoute.

En réalité, c’est mon amour pour la science-fiction qui a tout déclenché.

Lorsque j’ai passé mon test de quotient intellectuel (QI), j’avais approximativement 15 ans, si je me souviens bien.

Depuis la fin de ma première année scolaire, j’avais lu tout ce qui m’était tombé sous la main. La science-fiction me fascinait particulièrement, bandes illustrées, livres, films occasionnels à la télévision.

Ne trouvant pas assez de matériel en français, j’ai appris l’anglais aussi vite que possible pour être capable de lire ces extraordinaires livres de science-fiction américains avec des images de navires de l’espace sur les couvertures qui, jusqu’à ce moment avaient été hors de ma portée.

J’étais si jeune et vulnérable, souvent à rêver, loin, quelque part dans l’Univers !

Alors, ils m’ont donné mon résultat de test de quotient intellectuel.

125... Quoi!!!

Comment peuvent-ils me regarder de haut!

Moi! Un membre de la Race Humaine! Dans mes voyages imaginaires, nous étions une espèce hautement respectée dans le reste de l’Univers!

Après des années de rêves juvéniles, à saveur de science-fiction, que nous pouvions atteindre les étoiles et que rien n’était hors de notre portée, il m’était impossible d’accepter l’idée qu’il puisse y avoir des choses que je ne pourrais pas éventuellement comprendre, dans la mesure où je réussirais à assembler suffisamment d’information sur le sujet et que j’y sois suffisamment intéressé.

C’est ce qui semblait pourtant implicite dans le résultat du test. Selon moi, nous étions tous potentiellement aussi brillants qu’Einstein. Les innombrables chef-d'œuvres qui parsèment l’histoire de l’humanité dans tous les domaines avaient depuis longtemps confirmé cette profonde impression.

Je me suis demandé: Comment pourrais-je vérifier?

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À la recherche du filon d’or

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Qui a fait l’expérience de réfléchir dans un autre domaine l’emporte toujours sur celui que ne réfléchit pas ou très peu.

A. Einstein

La musique, la poésie, la création littéraire, l’architecture, les réalisations technologiques, la sculpture, etc., sont toutes des facettes du même diamant, le génie humain.

J’ai donc tourné mon regard vers l’intérieur au lieu de l’extérieur.

En plus des chefs-d’œuvre qui nous venaient des grands maîtres, le génie humain était aussi évident pour moi dans les réalisations techniques de toutes natures qui m’environnaient, sans parler des idées brillantes que je voyais surgir de temps à autre chez des personnes que je connaissais.

Une indication supplémentaire, que je pouvais vérifier moi-même constamment et qui ne s’est jamais démentie au fil des années, contribuait fortement à entretenir ma profonde conviction. Chaque fois que j’ai entrepris d’expliquer à qui que ce soit, qui montrait intérêt, quelque chose que je comprenais clairement, peu importe le degré de complexité, la personne finissait toujours par comprendre le sujet.

Le long voyage

J’ai commencé à faire des lectures plus sérieuses, tournant mon attention plus particulièrement vers les ouvrages de vulgarisation. Ne trouvant pas de réponses complètement satisfaisantes dans la littérature qui m’était disponible, j’ai commencé à observer les personnes autour de moi, moi-même inclus (pas facile), essayant de comprendre les processus mentaux (pas la motivation), soupesant, analysant, considérant minutieusement divers concepts, essayant de manière générale de percevoir une cohérence globale.

Pendant les 15 années qui suivirent, j’ai aussi continué à lire de la science-fiction, à la recherche de je ne sais quoi, peut-être des indices. Un jour, j’ai acheté un livre de A. E. Van Vogt, Le Monde des Non-A où j’ai trouvé pour la première fois mention de Alfred Korzybski, une personne qui aurait apparemment conçu une méthode permettant à tout être humain d’atteindre la perfection mentale.

Échantillons intéressants

Cela m’intrigua au plus haut point et je réussis à me procurer une copie du volume Science and Sanity. J’ai lu les 561 premières pages en 5 jours (nuits plutôt, je pouvais à peine dormir!). J’étais absolument enchanté par la clarté du texte. Quelle cohérence!

"Science And Sanity" par Alfred Korzybski, distribué par The Institute Of General Semantics, Lakeville, Connecticut.

Je ressentais un émerveillement semblable à celui qui m’envahissait jadis lors de mes voyages dans la galaxie en lisant mes premiers grands chefs-d’œuvre des maîtres de la science-fiction.

J’étais en désaccord sur plusieurs points, en particulier sur la méthode à utiliser pour améliorer la situation, mais j’ai adoré son livre de toute manière, et j’ai appris beaucoup de choses, en particulier une nouvelle perspective sur la manière d'observer la réalité.

Ne trouvant plus ensuite d’autres blocs importants d’information, au fil des 20 années qui suivirent, j’ai graduellement oublié mon grand projet, vivant ma vie, faisant des projets normaux, ayant une famille.

J’ai toujours aimé cependant expliquer ce que je comprenais d’une notion ou d’un problème aux personnes autour de moi qui semblaient avoir de la difficulté à saisir cette notion ou problème.

Cette activité conduisait souvent à des discussions sur la nature même du processus de compréhension. Cela maintenait certainement mon esprit tourné vers la question, ce qui contribuait à ce que je continue à me poser des questions sur le sujet.

Le filon semble proche!

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Un jour l’été dernier, j’écoutais distraitement la télévision comme je le fais souvent en lisant. Quelque chose attira mon attention. Une étudiante à l’université aurait écrit un livre qui apparemment faisait des vagues au Ministère de l’Éducation.

Quoi? Une étudiante! Faire des vagues au Ministère de l’Éducation! Cela captura définitivement mon attention. Malheureusement, je ne me souviens pas de son nom, mais elle devait être interviewée incessamment. J’ai donc attendu.

Lorsqu’elle commença à parler, j’ai dû me concentrer pour ne pas perdre le fil de ses idées car le sujet était complexe et était abordé selon une perspective qui était nouvelle pour moi. Cela me rappela l’impression que j’avais eu en lisant le livre de Korzybski, un autre sujet qui était complexe, abordé selon une perspective peu familière.

Le gros lot!

Le lendemain matin, j’ai mentionné l’événement à un ami avec qui j’aime discuter. Nous étions intrigué qu’une simple étudiante puisse faire des vagues au Ministère de l’Éducation, une structure notoirement monolithique et rigide.

Il me demanda: Comment a-t-elle pu faire?. Je réfléchis un moment et dis que je pensais qu’elle avait probablement décrit l’état de la situation de telle manière que personne parmi ceux qui lisaient son livre ne pouvaient dire que c’était faux.

Il demanda: Comment une telle chose est-elle possible?. Perdu dans mes réflexions, je finis par lui dire que je pensais qu’elle avait probablement analysé la situation jusqu’à ce qu’elle perçoive objectivement la nature de ce qu’elle décrivait.

Il demanda alors: Comment peut-on faire ça?. Je lui expliquai alors que, pour tout concept qu’on décide d’examiner, on semble toujours atteindre un point en assemblant les informations pertinentes, ou on réussit à avoir une vision objective du concept.

Il demanda finalement: Comment peut-on savoir si on a compris objectivement quelque chose?. Je lui répondis que c’était assez simple d’après moi, qu’il suffît de ne jamais être certain d’y être parvenu. De cette manière, on remet complètement le concept en question chaque fois qu’une nouvelle information vient à notre attention et à chaque fois il se raffine un peu plus.

Après un certain temps, on se rend compte qu’on le remet en question moins souvent. En fin de course, on se rend compte que chaque fois qu’on le reconsidère, il ne devient pas plus précis. Toutes les chances sont alors de notre côté pour que nous ayons atteint la compréhension objective du concept.

Je vis son visage changer. Pour la première fois, il comprenait comment penser aux choses et toujours finir par les comprendre.

J’ai pensé: Qu’est-ce qui vient de se déclencher?. J’ai commencé à analyser ce qui venait d’arriver. Nous avons continué à discuter. J’ai perçu que la clé, dans le cas de mon ami, était qu’il n’avait jamais clairement perçu auparavant la possibilité d’acquérir éventuellement une perception objective de tout concept auquel il aurait envie de penser.

Il comprenait clairement maintenant pourquoi j’avais toujours semblé si certain qu’il était possible de comprendre absolument tous les problèmes, petits ou gros, avec lesquels nous étions confrontés au fil des jours, compréhension qui rendait naturellement bien plus facile l’élaboration d’une solution appropriée.

C’était une chose dont il ne comprenait pas clairement la raison auparavant. Il savait maintenant qu’il pourrait à l’avenir faire exactement la même chose. J’étais émerveillé.

Creusons le puits principal

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Il y a une différence majeure entre penser voir quelque chose clairement et voir quelque chose clairement.

J’ai pensé: Cela pourrait-il être la clé pour tout le monde? Est-ce que cela pourrait être aussi simple? J’ai commencé à analyser ce concept. Quelques jours passèrent et je décidai de tenter une expérience avec une personne qui m’est très chère. Il est si comique, toujours si sûr de lui-même! Je décidai de tenter de lui expliquer le processus.

Un soir, alors que nous étions seuls, je lui dis:

- Te souviens-tu fils, de la fois ou tu m’as dit que tu avais appris le système binaire? Tu disais par exemple que 5 était 0101 en binaire.

Lorsque j’ai mentionné que le premier zéro était non significatif et qu’il n’était pas nécessaire de le mentionner, tu m’as répondu froidement: Mon ami m’a dit qu’il fallait le dire.

- Je sais papa, il me l’a expliqué le lendemain. C’est dû à la manière dont on dérive le binaire à partir de l’hexadécimal. Nous avons naturellement tendance à dire les zéros non significatifs même s’il n’est pas nécessaire de les mentionner.

- Parfait! C’est justement le type de choses dont je voulais te parler.

Très curieux, comme toujours, il avala l’appât, l’hameçon et un bon 30 mètres de ligne.

- Vas-y papa, je t’écoute!

- Te souviens-tu à quel point tu étais certain que le zéro devait être mentionné?

- Oui.

- Réalises-tu maintenant que tu n’aurais peut-être pas dû être aussi certain?

- Hmm! Peut-être! C’est quoi l’histoire?

- C’est exactement ça l’histoire! Si tu n’avais pas été si certain, tu aurais pu trouver plus tôt que le zéro non significatif n’avait pas besoin d’être mentionné. Ne penses-tu pas?

Un peu agacé, il dit:

- Peut-être oui! Mais quelle importance? Je le sais maintenant!

- Le point est que tu aurais peut-être même pu le comprendre par toi-même au lieu d’être obligé d’attendre au lendemain pour en parler à ton ami.

Visiblement dégoûté, il dit:

- Je ne vois vraiment pas pourquoi tu en fais une si grosse histoire!

- Oh! Tu as raison à propos de ce petit exemple. Ce n’est pas important du tout dans ce cas. Ce qui est important, c’est l’approche qui consiste à être si certain des