Discover millions of ebooks, audiobooks, and so much more with a free trial

Only $11.99/month after trial. Cancel anytime.

De l'autre côté de la matraque
De l'autre côté de la matraque
De l'autre côté de la matraque
Ebook201 pages2 hours

De l'autre côté de la matraque

Rating: 0 out of 5 stars

()

Read preview

About this ebook

Ce livre dévoile le côté mystérieux et méconnu du monde policier. Trop souvent mal perçus par l'ensemble de la population, les policiers deviennent, malgré eux, la cible de critiques sévères et de commentaires désobligeants.Jamais, ils n'ont l'occasion d'expliquer leur vision et les réalités auxquelles ils sont confrontés. Prisonniers du silence, les policiers ne peuvent se permettre le luxe d'exprimer à tout vent leurs frustrations et leur mécontentement.Bien qu'ils soient munis de leur plus épaisse carapace, malgré leurs formations et les meilleures connaissances techniques, certains événements laissent des traces, des cicatrices profondes dans les terres obscures de l'âme de ces hommes et ces femmes. Nul n'est constitué en béton ou en bois, pas même les policiers. Ces derniers sont tous revêtus d'un manteau qu'on appelle humain...
LanguageFrançais
PublisherBéliveau
Release dateOct 23, 2013
ISBN9782890926295
De l'autre côté de la matraque

Related to De l'autre côté de la matraque

Titles in the series (14)

View More

Related ebooks

Crime & Violence For You

View More

Related articles

Reviews for De l'autre côté de la matraque

Rating: 0 out of 5 stars
0 ratings

0 ratings0 reviews

What did you think?

Tap to rate

Review must be at least 10 words

    Book preview

    De l'autre côté de la matraque - Prémont Martin

    [Wikipédia].

    Chapitre 1

    DE HÉROS À ZÉRO

    Mal perçus par l’ensemble de la population, les policiers sont souvent la cible de critiques dures et sévères. Jamais ils n’ont l’occasion d’expliquer leur vision et les réalités auxquelles ils sont confrontés. Ils sont les prisonniers du silence. Enclavés entre des règles internes intransigeantes, des lois disciplinaires et déontologiques qui dictent chacune de leurs actions, les policiers ne peuvent se permettre le luxe d’exprimer leurs frustrations, leurs peurs, leurs angoisses et leur mécontentement à tout vent.

    De l’autre côté de la matraque ne fait qu’apporter un point du vue différent de ce qu’on a l’habitude d’entendre et de voir du milieu policier. Rien ne sert de se rentrer la tête dans le sable et de prétendre que tout va bien par les temps qui courent... Avec l’étalement au grand jour d’un cancer social appelé « corruption », qui semble être généralisé dans de nombreuses couches et paliers gouvernementaux, les gens en viennent à se demander si même la police en serait atteinte. Ce qui crée évidemment une perte de confiance collective majeure. Jointes à cela les multiples manifestations qui ont donné lieu à des scènes plus ou moins disgracieuses... Pour avoir discuté avec bon nombre de gens au sujet de la police et la façon dont ils percevaient les choses, il devenait à mon sens impératif d’apporter l’autre côté de la médaille. Celui que le citoyen ne voit pas toujours mais qui amène une compréhension plus éclairée. Des témoignages de gens me révélaient une perte complète de confiance non seulement envers les élus, mais également envers la police. Certains vont même jusqu’à craindre réellement leur seule présence...

    Bonjour la police

    Qu’on le veuille ou non, lorsqu’on est policier, on l’est 24 heures par jour, 365 jours par année. Et ce, en dépit des quarts de travail réguliers. C’est comme une seconde peau qu’on nous colle dès notre assermentation. Un tatouage permanent. Plus moyen de s’en défaire. Même à son décès, certains placent la photo du défunt policier dans la section nécrologique avec son képi sur le front. Comme si ce n’était pas suffisant, ils soumettent une photo datant d’il y a 15 ans. Comme il était beau, ce policier… On ne se souvient pas de l’homme, du père, de l’oncle ou du grand-père, on ne se souvient que du policier.

    J’oserais affirmer que tous les policiers ont déjà vécu un jour de l’An où un beau-frère, ou une connaissance lointaine, est venu lui parler de son dernier ticket. Ce type a enfin une police devant lui pour régurgiter ses doléances et ses états d’âme sans qu’elle en connaisse les foutus détails. Combien de policiers, lors d’une soirée entre amis, ont dû subir un « pauvre type » qui leur a fait la gueule parce qu’on lui a retiré son permis de conduire pour ivresse au volant. Même si ce « policier » n’en sait rien, il est dans le même bateau. C’est un flic et ils sont tous pareils !

    Combien de fois un policier, en arrivant dans une réunion familiale, s’est fait dire « Bonjour la police ! » alors qu’il était là bien tranquille avec sa famille. Dit-on à un enseignant lorsqu’il entre : « Hey ! salut le prof ! » ou à l’infirmière : « Bonjour, belle infirmière ! » ?

    Bon nombre de policiers vivent ces situations où, lorsqu’ils entrent dans un restaurant, les clients cessent de manger et regardent ces flics entrer. Ils sont observés, scrutés à la loupe. Ils deviennent le centre d’intérêt momentané. Je me souviens d’une situation cocasse, alors que j’étais patrouilleur, où je m’apprêtais à dîner au resto du coin. Un petit bonhomme d’environ sept ans mangeait avec sa mère à une table près de la mienne. Ce petit garçon posait beaucoup de questions à sa pauvre mère sur le fait que j’étais policier. « Pourquoi il a un fusil, le monsieur ? Est-ce qu’il vient arrêter des voleurs ? » Au moment où la serveuse m’a apporté mon assiette, il s’est exclamé bien fort : « Regarde, maman, il mange ! » J’ai trouvé cela bien mignon, mais j’ai compris par ses propos qu’il ne voyait pas les policiers comme des gens normaux. Tout comme bien des adultes, d’ailleurs…

    Il est vrai de dire que les policiers ne sont pas des citoyens « ordinaires ». Ils sont constamment liés à leur emploi. Et cet emploi les handicape en quelque sorte tellement qu’ils deviennent esclaves de leur choix de carrière. À titre d’exemple, un policier ne peut espérer se lancer en politique municipale, provinciale ou même scolaire. Il ne peut également se livrer à des activités de nature partisane à l’égard d’un candidat à une telle élection ou d’un parti politique. Il ne peut être titulaire d’un permis d’alcool et être tenancier d’un petit café pub ou d’un bistro. Cela entre en conflit d’intérêt et contrevient à la Loi sur la police. Jusqu’à récemment, le double emploi était même complètement proscrit.

    Être en contravention pour avoir participé à l’une de ces activités exposerait ce policier à des sanctions disciplinaires qui peuvent même aller à la destitution. Ce qui n’est évidemment pas le cas avec les autres types de métiers.

    L’article 118 de la Loi sur la police stipule que tout policier qui occupe un autre emploi ou bénéficie d’un autre revenu provenant d’une entreprise doit, sans délai, en divulguer la nature à son directeur. Il doit également l’aviser de toute situation potentiellement incompatible dans laquelle il se trouve.

    Le policier doit remettre chaque année à son directeur, avant le 1er avril, un rapport faisant état, pour les 12 mois précédents, des situations qu’il lui a déclarées. Toute contravention aux dispositions entraîne la suspension immédiate et sans traitement du policier concerné. S’il s’agit d’une situation qui est de nature à compromettre l’impartialité ou l’intégrité du policier, le directeur du corps policier doit prendre immédiatement les mesures nécessaires à l’égard du membre concerné.

    Outre la situation de conflit d’intérêt que cela occasionne, une des raisons pour lesquelles un policier ne peut être titulaire d’un débit de boissons est la proximité des groupes criminalisés qui gravitent autour de ces établissements. Pour le crime organisé, les bars et discothèques sont de véritables jardins sacrés où ils peuvent assez aisément écouler leurs drogues.

    La majorité des citoyens conserveront leur emploi à la suite de certaines accusations d’ordre criminel, par exemple une conduite avec les capacités affaiblies. Bien entendu, le policier ne peut se permettre de se retrouver dans cette situation, car il s’expose à une destitution et à être en plus l’objet d’accusations de nature disciplinaire.

    Le policier doit également être irréprochable dans ses relations avec le reste des citoyens, et ce, à titre personnel. Un policier confronté à des querelles de voisinage ne peut se permettre de se montrer hostile envers les parties impliquées et encore moins user de son statut pour tenter d’intimider celles-ci. Toujours, il se doit de garder son sang-froid et faire preuve de savoir-vivre. En effet, un policier doit être de bonnes mœurs. Il ne peut y avoir de dérogation quelconque en se livrant à des activités moralement inconvenables.

    Les gens qui connaissent un policier dans leur entourage et le voient conduire sa voiture personnelle souvent au-dessus des limites permises, qui ne porte pas sa ceinture de sécurité, qui excelle en stops américains ou parle au téléphone cellulaire au volant auront une attitude beaucoup moins tolérante qu’envers n’importe quel autre individu. Ils le jugeront alors beaucoup plus sévèrement que tout autre citoyen.

    Un policier aux prises avec des problèmes d’ordre financier, matrimoniaux, de dépendance à l’alcool, au jeu, aux drogues ou autres est immédiatement considéré par ses collègues comme étant anormal.

    Les policiers et policières représentent l’autorité morale, et ce, même dans leur vie personnelle. C’est pourquoi ils se doivent de porter une attention particulière aux relations qu’ils entretiennent avec les autres. Pour un policier, être en relation avec des gens aux mœurs et aux réputations douteuses pourrait facilement mettre son emploi en péril. Il ne peut entretenir des relations avec des gens au mode de vie criminel, à défaut de quoi il s’expose à des sanctions disciplinaires, voire criminelles, qui le conduiraient directement à la destitution. Certains membres du corps policier se sont véritablement mis en danger en entretenant ce genre de liens, notamment lors de relations amoureuses. L’expression L’amour est plus fort que la police fut, pour certains, la voie qui les a menés à de graves problèmes.

    Les policiers ne sont donc pas des citoyens « ordinaires » et c’est là que la pression s’installe. Une pression parfois sournoise, parfois évidente. Cette pression est celle que notre société et ses valeurs morales dictent à cette classe d’humains marginalisée.

    La pression, parlons-en…

    Dans notre société, nous sommes nombreux à affirmer que les lois et les règlements sont essentiels pour le bon fonctionnement de la communauté en général. Paradoxalement, le milieu policier est l’un des plus touchés par l’impact de toutes ces prescriptions. La Loi sur la police, le Code de déontologie, les mesures disciplinaires, la Charte des droits et libertés, le Code criminel et le Code pénal sont les multiples réglementations qui font en sorte d’apposer une pression insidieuse en milieu policier. Étrangement, cette tension se fait sentir davantage de l’intérieur qu’à l’extérieur. Les policiers d’aujourd’hui sont confrontés à une pression intense soumise par leur propre organisation. La résultante de ces effets se traduit par une crainte de commettre des erreurs et de détruire le sentiment d’unité entre chacun d’eux. Plus personne ne fait confiance à personne. Plusieurs d’entre eux se sentent épiés, observés et analysés.

    Force est de constater que, surtout chez les jeunes policiers, cette pression se fait tellement forte qu’ils n’osent pas, bien souvent, accomplir leurs tâches librement. Dès l’École nationale de police, les apprentis policiers apprennent le code d’éthique et les mesures disciplinaires plus que le code criminel. Ce qui se transforme en peur pour certains ou en véritable épée de Damoclès pour d’autres. Alors, par instinct de protection, ils deviennent méfiants et cela peut se traduire par un rendement quelque peu mitigé.

    La lourdeur du milieu policier se fait de plus en plus sentir auprès de ses membres. Les commissions d’enquête indépendantes, la création de Bureaux des affaires internes qui pullulent et les comités de discipline et de déontologie sont débordés de plaintes de toutes sortes. Certaines sont fondées ; d’autres, pas du tout. Mais dans tous les cas, ces accusations laissent des traces dans la vie du policier, tant du côté professionnel que personnel.

    Contrairement au reste de la population où une personne accusée est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire, le policier qui fait face à des accusations de nature disciplinaire est, quant à lui, déclaré coupable jusqu’à preuve du contraire. C’est donc à lui de prouver son innocence. Le fardeau de la preuve est inversé. Étrange…

    Les nouveaux comités « investigateurs de flics » sont formés pour analyser, décortiquer et passer à la loupe chaque séquence d’une action jugée fautive par un policier dans l’exercice de ses fonctions. Ce comité se penchera sur le cas pendant des semaines, des mois et même des années afin d’arriver à la conclusion qu’il a bien agi ou pas. Dans les faits, ce policier n’aura eu, bien souvent, qu’une fraction de seconde pour réfléchir, analyser et poser une action en lien avec la menace qui se trouvait devant lui à cet instant précis.

    L’adoption récente, le 9 mai 2013, du projet de loi 12, la Loi modifiant la Loi sur la police concernant les enquêtes indépendantes au sein des organisations policières, apporte avec elle une odeur de mépris face aux enquêtes actuellement faites par des enquêteurs de police actifs. En effet, les nouvelles modalités établissent que le Bureau d’enquête indépendant (BEI) serait formé d’enquêteurs externes au milieu policier. Comme quoi, complaisance et collusion policière font partie de la thèse du gouvernement qui agit de toute évidence sous l’influence des groupes de pression anti-police. De plus, les nouvelles dispositions prévoient une façon de faire qui vient à l’encontre des droits constitutionnels.

    Cette méthode d’enquête, profanatrice des droits fondamentaux, fait bien sûr réagir les leaders syndicaux. Comme le citait le président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ), monsieur Pierre Veilleux, lors d’une sortie médiatique afin de manifester leur mécontentement : « Ce n’est pas parce que nous sommes des policiers qu’il faut accepter d’être traités avec moins de droits que les autres citoyens. »

    Ce projet de loi introduit dans la Loi sur la police l’obligation de tenir une enquête indépendante dans tous les cas où, lors

    Enjoying the preview?
    Page 1 of 1