Discover millions of ebooks, audiobooks, and so much more with a free trial

Only $11.99/month after trial. Cancel anytime.

Jesus: The Salt of the Men
Jesus: The Salt of the Men
Jesus: The Salt of the Men
Ebook189 pages4 hours

Jesus: The Salt of the Men

Rating: 0 out of 5 stars

()

Read preview

About this ebook

Sous un soleil impitoyable et un ciel désespérément muet, Jésus a rendez-vous avec sa propre mort. Le pas harassé, l'épaule chargée de l'instrument auquel ses bourreaux le pendront tout à l'heure à l'aide de clous, il va sous bonne escorte vers son trépas. Afin de détourner un peu sa conscience de ce qu'il endure sur son chemin de peine, il s'entretient avec lui-même tout en marchant. C'est le récit de ce soliloque que je vous propose de découvrir ici. Peut-être, pendant votre lecture, entendrez-vous alors l'écho de cette voix intérieure se répercuter de proche en proche parmi les paysages de votre esprit, de votre âme et, sans doute aussi, de votre cœur. Car Jésus, avant d'être transfiguré par la religion en une icône spirituelle qui scintille désormais au firmament des chrétiens, merveilleuse étoile tutélaire qui renseigne les fidèles sur les chemins de vie qu'il leur faut suivre pour ne point s'égarer ni se perdre parmi la complexité d'un monde enténébré de surcroît par la corruption et la violence sous toutes leurs formes, fut un être de chair et de sang, pétri de pensées, de sentiments et d'émotions, comme quiconque en somme. Cependant, au-delà de cette ressemblance que nous partageons tous et toute avec lui, il était assurément un être d'exception sous l'occupation romaine de la Palestine d'alors, un leader charismatique non-violent, épris de liberté et de justice sociale, dont l'amour qu'il vouait à son peuple peut de toute évidence se définir ainsi : l'amour est l'obsession de l'autre, cette possession de soi par la présence de l'autre en soi. À travers une telle définition de l'amour pour autrui, ne devine-t-on pas l'image de Jésus intimement mêlée aux images de "Mahatma" Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela et, plus proche de nous sur l'échelle du temps qui passe, de Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, qui s'opposa sans relâche au régime dictatorial en place en Birmanie ? D'ailleurs, en raison de la considération que m'inspire cette dernière, je l'appelle respectueusement en moi-même l'Amandier de Rangoon, me référant pour ce baptême-là à l'essai d'Albert Camus intitulé "Les Amandiers".

LanguageFrançais
Release dateMar 13, 2015
ISBN9781310322655
Jesus: The Salt of the Men
Author

Roger Henri Dobric

Je suis marié. Dany, mon épouse, est enseignante. Nous avons un fils, Raphaël, qui exerce avec compétence la profession d'ostéopathe. Quant à moi, j'ai une formation à la fois scientifique et orientée vers l'administration des entreprises industrielles. Tant dans la sphère familiale qu'en société je m'efforce (sans toujours y parvenir) de structurer ma conduite à travers un compromis entre la lucidité de la raison et l'intelligence du coeur. Celle-ci procède également de valeurs qui, à l'instar des étoiles pour le nomade ou le marin, m'orientent tout en scintillant dans mon propre ciel. Je fais allusion ici à l'honnêteté, le respect (de soi, d'autrui, des biens communs, quels qu'ils soient, culturels ou inhérents à la nature elle-même), l'engagement, afin de préserver une cohérence entre ce que je dis et ce que je fais. À propos des arts, dont je ne fais aucune distinction entre majeurs et mineurs puisque je suis essentiellement attaché à l'écho émotionnel qu'une oeuvre répercute dans mon univers intérieur, j'aime :Le cinéma d'auteurs qui se déclinent d'Ingmar Bergman à Clint Eastwood en passant par Roman Polanski, Bernardo Bertolucci, David Lynch et bien d'autres ; la peinture figurative qui par son style, sa facture, est capable de s'émanciper de la réalité immédiatement perceptible des choses, comme l'impressionnisme, certaines oeuvres expressionnistes et la peinture onirique de l'artiste Marie-Claire d'Armagnac ; la littérature qui, par le truchement de l'écrit, me permet d'entrer en relation avec des esprits et de regarder alors le monde à travers le prisme de perception de ceux-ci. J'aime une multitude d'écrivains, mais j'avoue être un inconditionnel d'Albert Camus. Enfin, comme quiconque, je chevauche malgré moi le temps qui passe, ce temps qui m'emporte vers mon destin à un rythme plus ou moins soutenu selon les jours, tantôt au galop, tantôt au trot.

Read more from Roger Henri Dobric

Related to Jesus

Related ebooks

Christian Fiction For You

View More

Related articles

Reviews for Jesus

Rating: 0 out of 5 stars
0 ratings

0 ratings0 reviews

What did you think?

Tap to rate

Review must be at least 10 words

    Book preview

    Jesus - Roger Henri Dobric

    The Salt of the Men

    By

    Roger Henri Dobric

    Copyright 2015 Roger Henri Dobric

    (The copyright concerns at the same time the text and the illustration of the cover.)

    Du même auteur sur Smashwords.com

    Les Mangeurs d’Âmes :

    https://www.smashwords.com/profile/view/Dobric

    ISBN : 979-10-93010-03-8

    Smashwords Edition

    Smashwords Edition, License Notes :

    This eBook is licensed for your personal enjoyment only. This eBook may not be re-sold or given away to other people. If you would like to share this book with another person, please purchase an additional copy for each recipient. If you’re reading this book and did not purchase it, or it was not purchased for your use only, then please return to Smashwords.com and purchase your own copy.

    Thank you for respecting the hard work of this author.

    Table des matières

    Page du titre

    Première insertion

    Chapitre 1 : Résurgences de l’inconscient collectif

    Chapitre 2 : Fragments de vie intérieure

    Chapitre 3 : La confiance cède le pas au doute

    Chapitre 4 : L’espérance déçue

    Deuxième insertion

    Chapitre 5 : Les chemins de la connaissance

    Chapitre 6 : En gagnant mon pain

    Chapitre 7 : La découverte de la moitié de soi

    Chapitre 8 : La quête du Royaume

    Chapitre 9 : L’initiation

    Chapitre 10 : Naissance à un autre soi-même

    Chapitre 11 : L’épreuve du deuil

    Chapitre 12 : L’inaccessible étoile

    Chapitre 13 : Le Procès

    Troisième insertion

    Chapitre 14 : Conversion et Réconciliation

    À propos de l’auteur

    Première insertion§

    « Les martyrs, cher ami, doivent choisir d’être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais. »

    La chute : Albert Camus

    Les éditions Gallimard

    Chapitre 1 : Résurgences de l’inconscient collectif§

    Il était une fois Jérusalem, entre l’an moins soixante-six et l’an plus trente-trois. Elle était alors la capitale de la Palestine. Mais elle se distinguait aussi comme la ville Sainte vers laquelle convergeaient tous les pèlerinages annuels que prescrivait la Loi judaïque. Ce caractère sacré lui était conféré par son temple, somptueuse demeure de Dieu ici-bas, plus précisément de Yahvé en hébreux. Il faut ajouter à cela que Jérusalem agissait comme un charme sur quiconque s’en approchait, que ce fût en réalité ou par le truchement de la rumeur qui, aux quatre coins du monde, louait à la fois sa splendeur et son épanouissement spirituel. Mais cet envoûtement qu’elle exerçait sur les êtres exacerbait en même temps la convoitise des grands prédateurs, et notamment de Rome.

    À la périphérie de cette subjuguante cité, un mur d’enceinte protecteur s’élevait vers le ciel tel un insurmontable obstacle. Néanmoins, en l’an moins soixante-trois, les légions romaines mirent à la raison la résistance de la muraille protectrice, épaisse de trois ou quatre enjambées et très haute, hérissée de surcroît de tours défensives. Ces dernières, un peu semblables à des donjons, érigées de place en place sur le pourtour de la ceinture murale, donnaient à Jérusalem un air de demeure princière. De loin, en effet, elle faisait songer à un de ces merveilleux châteaux que notre imagination d’enfant, avant qu’elle ne soit atrophiée par nos raisonnements d’adulte, édifiait parmi les paysages de nos rêveries d’alors. De ces châteaux-là, vous en souvenez-vous, lecteur ? Nous y logions des génies bienveillants envers les personnes que nous aimions. Pour nous autres, alors enfants imaginatifs, la présence même de ces hôtes dans nos rêveries était un enchantement parce qu’elle répondait à nos besoins d’harmonie et de sécurité. Mais Jérusalem, elle, sous l’occupation romaine, n’était pas la cité enchanteresse que son image laissait supposer de loin. Au contraire. Le préfet Ponce Pilate, représentant de Rome, en était l’administrateur tant sur le plan législatif qu’exécutif. Dans ses fonctions, il était aidé en sous-main par des dignitaires religieux, tous de confession judaïque. Ceux-ci, afin de bénéficier individuellement des prérogatives que l’oppresseur étranger octroyait aux collaborateurs, avaient pactisé sans vergogne avec l’ennemi juré du peuple juif. Jérusalem était donc l’épicentre de la vie politique et religieuse du pays, mais également de la trahison.

    Cette époque, à présent rendue telle l’ancienne Jérusalem à la poussière d’un passé à jamais révolu, est si éloignée de l’époque actuelle qu’elle se drape d’irréalité lorsque nous y songeons, un peu comme si elle appartenait à quelque mythe et non à un temps qui fut bien réel en dépit de son éloignement de nous-mêmes. Cependant, il nous faut en convenir, cette irréalité n’est qu’apparente : elle commence en effet à s’évanouir sitôt que nous entreprenons de rapprocher certains évènements dramatiques de cette époque de certains faits historiques postérieurs de plusieurs siècles à ceux-là, mais néanmoins d’une horreur tout à fait semblable. Alors, comme par magie, comme si l’âme de défunts de ces temps qui se sont enfuis pour toujours transmigrait soudain de la tombe ou du ciel en nous-même, les souvenirs s’exhument peu à peu des lieux d’oubli pour se mettre à refluer les uns après les autres de l’obscurité vers la lumière de notre conscience en train de s’éveiller d’un long sommeil. Entre autres défunts de cette époque lointaine, il y a un martyr dont l’âme, au moment où le ciel s’ouvre à la saison des grandes migrations, a entrepris de parvenir jusqu’à nous à tire-d’aile.

    Maintenant, par l’effet de cette métempsychose-là sur nous-même, nous nous souvenons… Nous nous souvenons de ce matin d’avril de l’an trente. C’est sans doute un jeudi, au tout début du mois. Jérusalem est en effervescence. Il en est ainsi les jours de fête, mais aussi de mise à mort de quelque condamné à la peine capitale. Aujourd’hui trois exécutions sont à l’ordre du jour. Parmi les promis au trépas se trouve le dissident politique et religieux que le pouvoir en place a surnommé par dérision le « roi des Juifs ». En ce moment, il va à tout petits pas par les rues de la vieille ville. Il est coiffé d’une couronne d’épines. Avant qu’il ne se mette en chemin, chargé du « patibulum », le bras de sa croix, on l’a flagellé par tout le corps. Aussi son fardeau pèse-t-il douloureusement sur son épaule dénudée et meurtrie jusqu’au sang par les coups de badine. De nombreux soldats en armes escortent les trois compagnons d’infortune. Quelques-uns ouvrent la marche, d’autres la ferment. Ils enserrent ainsi les futurs crucifiés entre le début et la fin du funèbre convoi. Celui-ci va lentement, très lentement. Il se déplace à pas comptés entre les haies humaines que forment les gens dont regorgent les rues malgré leur étroitesse.

    Parallèlement à cette tragédie humaine, que l’occupant romain donne ce matin en spectacle aux badauds de la rue, un drame se joue au même instant dans les hauteurs du ciel, loin, très loin au-dessus des toits en forme de terrasses. Il s’agit là du drame solaire, chaque jour recommencé. Le soleil, en effet, n’est-il pas condamné par son destin à revivre quotidiennement la même peine afin que se perpétue la vie sur la terre ? En ce moment, le long de son itinéraire céleste, il s’éreinte à pousser devant lui son globe de lumière aujourd’hui printanière, presque mystique tant sa couleur jaune paille vibre par contraste avec le bleu du ciel déployé jusqu’à perte de vue au-dessus de Jérusalem, étiré en tous sens et sans aucune limite sinon celle de sa propre liberté. En clignant un peu des yeux, il est possible de suivre sans trop s’éblouir l’ascension du soleil, commencée au point du jour. À travers la fente des paupières mi-closes, on le surprend alors en plein effort sur le versant oriental du ciel, situé juste à l’aplomb du mont des Oliviers. À midi, enfin parvenu au zénith, il se laissera rouler depuis cette cime élevée jusqu’au point le plus bas de la pente de l’autre versant. Ainsi, emporté par son propre poids, roulera-t-il vers quelque rivage de l’occident où, chaque soir, trépassent les soleils couchants.

    Pareillement à l’astre solaire, la mort attend le « roi des Juifs » au bout du chemin. Ce rendez-vous l’obsède et, en même temps, suscite en lui un terrible effroi, une peur d’un froid arctique. Il a conscience que pour se déprendre un peu des frimas glaçants de la peur qui l’étreint il lui faut ne plus penser qu’il va mourir aujourd’hui. Il sait aussi par expérience qu’il ne peut avoir à l’esprit qu’une seule pensée à la fois. Aussi se décide-t-il soudain d’exercer un contrôle étroit sur l’activité de celui-ci, de le conditionner en quelque sorte en lui imposant les sujets de ses ruminations. Animé par l’idée de parvenir rapidement à cela, il se met aussitôt à s’entretenir avec lui-même. Il se parle d’une voix intérieure, inspirée à cette heure par sa propre vie. Mais peut-être qu’un peu plus tard, au fil de son soliloque, des sensations, des émotions ou des réflexions se substitueront par intermittence à ses souvenirs.

    Chapitre 2 : Fragments de vie intérieure§

    De ma naissance à cet instant même, mon histoire personnelle s’inscrit dans le contexte politique et religieux de la Palestine assujettie à l’autorité de l’envahisseur romain. Ce pays que j’aime et me désole tout à la fois englobe la Judée, la Samarie et la Galilée où je suis né. Pendant mon ministère, qui a duré environ trois ans, j’ai prêché dans ces différentes régions. Aux foules venues m’écouter, j’exposais alors ma vision d’une Palestine unifiée et libre, d’un pays en somme réenchanté dont les dirigeants, épris de justice et d’équité, associeraient par consultation directe chaque Juif à la gouvernance de sa destinée. J’avais la conviction qu’une telle société, réinventée pour le bonheur de tous les hommes, ne pouvait qu’apporter ici-bas et tout de suite une vie bonne et heureuse à tout le monde, à l’ensemble des Juifs, et non comme le prévoit l’organisation de la société actuelle seulement à une petite poignée d’individus campés sur les strates supérieures de la pyramide sociale. Un tel objectif de bien-être à la fois individuel et collectif réclamait bien entendu un profond changement de nous-même, de nos conduites en société que j’imaginais contractuelles et restructurées autour de concepts avant tout éthiques. Je ne rejetais pas la spiritualité de cette nouvelle société, mais je pensais que pour prévenir les conflits religieux nous devions les uns et les autres convier Dieu à descendre parmi nous dans la sphère de la vie privée et intime et non celle de la vie publique. Je me souviens qu’Aristote qualifie de laïque cette convention-là, établie d’un commun accord entre le peuple et Dieu.

    Voyageant d’une région à l’autre, j’ai également soigné à travers la Palestine toutes sortes de malades, tantôt en qualité de rebouteux, tantôt comme thaumaturge. J’ai toujours dispensé gracieusement mes soins thérapeutiques. Cependant, de temps en temps, à cause de mon dénuement et de la faim qui tenaillait mon ventre, j’acceptais qu’on me fît la charité de quelque nourriture. Chemin faisant, j’ai rencontré ici et là des garçons de mon âge qui se prénomment Jeschoua, comme moi. La langue de l’oppresseur étranger n’est pas l’hébreu, mais le latin. Aussi, dans sa bouche, mon prénom s’est-il transformé de Jeschoua en Jésus.

    À l’exemple du Léviathan, l’occupant romain incarne le mal sous toutes ses formes. Pour comble de malheur, sa présence sur notre sol divise la communauté à l’échelle nationale. De cette fracture sociale émergent parmi la population quatre catégories d’individus. Il y a d’abord la cohorte des personnes résignées, silencieuses et dociles. On distingue aisément ces personnes-là des autres personnes parce qu’elles portent le front bas, tout à fait disposées à endurer passivement leur mise en esclavage par l’occupant. Elles sont si nombreuses qu’elles constituent un groupe beaucoup plus important que les trois autres groupes. Selon un ordre décroissant, toujours en fonction du nombre d’individus dont se constituent les catégories recensées, les collaborateurs s’imposent sans contexte à la seconde place. Les résistants se situent à l’opposé de ces individus qui ont pactisé avec l’ennemi. Les uns sont décidés à chasser les Romains de la Palestine par la violence. Les autres visent le même but mais en demeurant non-violents. J’appartiens à ce dernier groupe de résistants.

    À ces clivages sociaux s’ajoute une dichotomie religieuse, induite, elle, par les rivalités entre les différentes sectes. En raison de toutes ces fractures au sein de notre communauté, il est évidemment nécessaire pour sa survie qu’elle recouvre de temps à autre sa cohésion sociale originelle. Aussi, pour satisfaire à ce dessein, un bouc est-il rituellement sacrifié chaque année. Caïphe, le grand-prêtre de Jérusalem, collaborateur avéré, préside au bon déroulement de ce rite sacrificiel. Il commence d’abord par accabler symboliquement l’animal des fautes lourdes et graves dont nous nous sommes collectivement rendus coupables pendant l’année écoulée. Par ce transfert, la bête émissaire devient soudain maléfique, mais également sacrée puisque, dans ce paradoxe, elle s’affirme digne d’être sacrifiée pour le bien de la communauté. À présent elle est prête à être abandonnée en plein désert, parmi l’implacable solitude minérale des dunes de sable. Et là, exposé au lynchage solaire, le bouc va bientôt trépasser sous les coups ininterrompus de l’astre, purifiant par sa mort même notre communauté.

    Dès que je cesse de me parler, ma conscience n’étant plus alors détournée par mon monologue intérieur de la situation que je vis en ce moment, je pressens à travers ma propre solitude combien la solitude des boucs émissaires envoyés au désert doit être immense au cœur de leur exil sacrificiel. Aussi, pour ne point m’exposer trop longtemps à l’angoisse d’un tel ressenti, je reprends bien vite mon monologue intérieur. Mais quand, au juste, ai-je commencé à me parler de la sorte ? La fatigue inhibe un peu ma faculté de réflexion… Oui, maintenant je crois me souvenir : c’était peu de temps après que nous fûmes à l’extérieur de la prison ; plus précisément lorsque nous nous sommes mis en marche, mes deux compagnons d’infortune et moi-même, étroitement surveillés par des soldats et nos bourreaux. Je me souviens aussi qu’à ce moment-là le soleil couchait mon ombre sur les pavés. Contrairement à mon apparence, il est vrai ce matin bien misérable, mon ombre, elle, était semblable à ce qu’elle a toujours été, un peu à l’image en quelque sorte de mes croyances spirituelles et de mes convictions politiques. Elle s’allongeait devant moi en une silhouette bien

    Enjoying the preview?
    Page 1 of 1