Feng Shui, Apprendre à habiter

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Dépôt légal

Bibliothèque et Archives Canada

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque Nationale de France

3e trimestre 2014

Conversion au format ePub : Studio C1C4

ISBN 978-2-89662-369-3

ISBN (epub) 978-289662-371-6

ISBN (epdf) 978-289662-370-9

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) et celle du gouvernement du Québec par l’entremise de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL)

Luc Antoine

PRÉSENTATION

Cet ouvrage sur le Feng Shui à l’occidentale se veut pratique et concret. Son but est de vous familiariser avec l’approche de l’énergie pour développer une nouvelle façon de concevoir votre habitat. Il est destiné à toute personne qui souhaite aménager ou créer son lieu de vie (maison ou appartement) pour qu’il soit en accord avec elle-même, afin de s’y sentir mieux.

Les sept premiers chapitres de cet ouvrage concernent les fondements du Feng Shui à l’occidentale – énergie, polarité, symbolique et miroir – auxquels j’ai associé la Géométrie Sacrée.

Le chapitre 1 est une manière d’introduction dont le but est de vous montrer pourquoi et comment apprendre à habiter.

Le chapitre 2 vous permettra de comprendre comment et à travers quoi l’énergie se manifeste dans votre lieu de vie et la manière dont vous pouvez l’utiliser pour assurer votre bien-être.

Les chapitres 3 et 4 explorent les aspects de la polarité (yin et yang) en lien avec une construction et vous montrent comment en tirer parti.

Le chapitre 5 est une présentation du monde des formes du point de vue du Feng Shui et de la Géométrie Sacrée (nombre d’or).

Le chapitre 6 vous présente une approche originale de la symbolique des pièces de la maison qui vous permettra de mieux les aménager.

Le chapitre 7 vous invite à entrer dans la connaissance de vous-même en apprenant à décrypter le miroir que vous renvoie votre lieu de vie pour en devenir l’auteur et le créateur.

Les deux derniers chapitres vous emmènent directement sur le terrain !

Le chapitre 8 vous dévoile les secrets d’une expertise de Feng Shui.

Le chapitre 9 vous aide à définir des orientations précises et des étapes pour mener à bien vos projets d’aménagement, de transformation et de construction.

L’ouvrage se termine par un lexique détaillé concernant un grand nombre de thèmes en rapport avec l’habitat, la maison, l’architecture, la construction et la décoration vus à travers le regard du Feng Shui à l’occidentale.

Étant pour ma part un amoureux de l’architecture, je demeure à l’écoute de ce qu’elle peut apporter comme harmonie et équilibre. C’est dans cet esprit que je vous souhaite une bonne lecture !

CHAPITRE 1

L’habitant au centre de la maison

Qui n’a jamais eu envie d’avoir une maison, un appartement où il se sente bien ? Un lieu de vie où il puisse être détendu et confiant, où il puisse avoir des échanges riches avec les personnes qu’il aime et apprécie, et où il puisse aussi, à certains moments, se retrouver seul ?

Seulement, voilà… sur quelles bases créer un tel lieu, une telle maison, un tel appartement ? Quel but se donner ? Quel idéal viser ? Tout cela demeure finalement assez mystérieux et vague.

Bien sûr, ce ne sont pas les idées qui manquent. On a des idées sur la taille des pièces, sur le nombre de chambres, sur le budget qu’on veut consacrer aux travaux, sur les dimensions des portes-fenêtres, sur l’emploi de certains matériaux, etc. Et des questions, on s’en pose aussi : quel est le vitrage le plus performant ? quel est le carrelage le plus résistant ? quelle est la peinture la moins polluante?… Mais on se questionne rarement sur ce qu’on a besoin en profondeur, sur ce qui peut vraiment améliorer notre bien-être !

POURQUOI DEVRAIT-ON APPRENDRE À HABITER ?

En matière d’habitat, on se réfère encore trop souvent à des comportements préétablis, à des choix standardisés, comme si on sortait d’une grande armoire à tiroirs des réponses toutes faites à des questions, elles aussi, toutes faites !

Habiter n’est pas quelque chose de naturel ! Mais le problème est qu’on ne nous l’a pas appris ! Ou plutôt si : on nous a appris à faire comme tout le monde, à nous conformer à des façons de faire formatées : mais il est clair que ces règles prédéfinies ne pourront jamais répondre à nos besoins profonds et à nos aspirations individuelles qui sont spécifiques. En fait, elles nous conduisent souvent exactement vers le contraire de ce qui pourrait nous convenir !

De mon point de vue, l’habitat est en effet un des domaines de vie les plus conditionnés. Les relations humaines, l’éducation, la nourriture, la santé sont eux aussi des secteurs de nos vies qui sont conditionnés, mais il existe au moins des gens qui se questionnent, qui cherchent, qui expérimentent des alternatives. En ce qui concerne l’habitat, il n’y a pas grand-chose de novateur : la seule réflexion innovante est l’écologie, mais elle est malheureusement devenue, dans beaucoup de cas une forme, un peu plus sophistiquée, de conditionnement¹ !

Conditionnements en ce qui concerne l’habitat

On peut définir un conditionnement comme quelque chose qui ne nous convient pas mais auquel on est habitué et qu’on accepte comme si cela nous était profitable : ce sont les habitudes, les conventions, les préjugés, les « attitudes-réflexes » qui nous ont été inculqués et auxquels nous nous soumettons et nous nous conformons. C’est aussi le cas des modes, qui nous influencent.

Qui dit conditionnement dit absence de réflexion, donc absence d’idées neuves et de réponses qui nous sont vraiment adaptées. Or c’est seulement avec des solutions « sur mesure » que notre lieu de vie pourra correspondre à l’être unique que nous sommes et nous permettre donc de nous y sentir vraiment bien !

Les conditionnements les plus ancrés viennent de l’enfance. Ce peut être le cas d’une personne qui, étant enfant, vivait dans une maison avec de très grandes portes-fenêtres et qui, une fois adulte, recherche le même genre de portes-fenêtres ! Ou une personne qui souhaite se faire construire une entrée avec une arcade de briques rouges comme il y en avait dans la maison de sa grand-mère ! En fait, dans ce cas, le conditionnement pousse la personne à recopier un environnement qu’elle a connu par le passé et qui lui apportait un certain contentement. Très souvent, la personne ne fait pas le lien avec le passé : cela reste donc très inconscient. Évidemment, on peut comprendre que le fait de recopier quelque chose qui a participé à lui apporter un sentiment de bien-être par le passé risque de ne plus rien lui apporter aujourd’hui !

D’autres conditionnements viennent de l’éducation, de la conscience collective, comme par exemple le fait d’être persuadé que, pour être heureux, notre maison doit absolument comporter un séjour de 40 m2, un salon, une salle à manger, une cuisine, trois ou quatre chambres, deux salles de bain, un garage… !

Pourquoi est-ce un conditionnement ? Tout simplement parce que c’est présenté comme valable pour tout le monde, ou en tous les cas pour un très grand nombre de gens.

Il est évidemment possible que cela convienne à certaines personnes. Mais on doit tout de même se demander : est-ce que cela me convient à moi ? Est-ce que j’ai vraiment besoin de cela ? Peut-être que oui, peut-être que non.

Il est possible que vous vous sentiez mieux dans une grande cuisine avec un espace repas intégré, le tout bien séparé du séjour ; ou que vous préfériez un petit séjour avec, en plus, un espace pour votre créativité (peinture, musique, écriture). Il n’y a que vous qui puissiez le savoir et, pour cela, il vous faut parvenir à définir ce qui vous convient réellement.

Il n’y a que vous qui puissiez savoir ce qui vous convient le mieux !

À ces conditionnements s’ajoutent les influences qui viennent de votre entourage, de vos relations. Ce peut être le cas d’une personne qui voudra une porte de garage du même modèle que certains de ses amis ou un hall d’entrée très ouvert parce qu’elle a vu cela chez certaines de ses connaissances. Ce type d’influence est davantage sentimental : on est attiré par quelque chose qu’on a vu chez les gens qu’on aime et on veut faire comme eux car ça nous donne le sentiment d’appartenir à un groupe ou à un clan.

Il existe aussi d’autres influences, souvent très éphémères : les modes et les tendances qui sont relayées par les médias (télévision, Internet, publicité, cinéma, journaux et, notamment en ce qui concerne l’habitat, par les revues de décoration). Par exemple, sur le plan des couleurs, le rouge avait la cote il y a quelques années. Plus récemment, c’était le gris qui était à l’honneur : gris taupe et gris souris. Et, il y a peu, est apparue la mode de la couleur chocolat… qu’on met à toutes les sauces !

Ce qui caractérise les modes, c’est qu’elles sont passagères : elles changent rapidement parce qu’elles ne reposent sur rien et ne sont porteuses ni de sens ni de vie ! Elles sont extérieures et factices. L’influence des modes est pourtant tellement forte selon les milieux qu’on a l’impression qu’on sera perçu comme retardataire, comme pas « dans le coup », si on n’y adhère pas. On est donc prêt à tout pour rester branché, pour rester « à la mode » justement !

Plus que tout autre conditionnement, les phénomènes de mode ont non seulement un effet uniformisant mais aussi destructeur. La mode du rouge en est un très bon exemple : d’un point de vue énergétique, le fait de peindre les murs en rouge sera forcément trop dynamique et, dans un tel environnement, on ne pourra que se sentir stressé, hypertendu, à cran, voire agressif !

Découvrir nos besoins profonds

Les conditionnements ont pour conséquence de nous détourner de nos vrais besoins, de ce qui nous convient en profondeur : ils nous orientent vers des désirs superficiels qui sont incapables de nous combler ; et s’il arrive malgré tout qu’un désir superficiel nous apporte une certaine satisfaction, celle-ci sera de courte durée. Donc, au final, on sera toujours déçu ! Bref, ce n’est pas parce qu’on est attiré par quelque chose que cela nous convient.

Ce qui peut nous permettre de sortir de nos conditionnements, quels qu’ils soient, c’est de nous questionner sur ce qui nous fait envie : pourquoi ai-je envie d’acheter tel meuble ? Pourquoi ai-je envie de peindre tel mur de telle couleur ? Est-ce que tel objet me convient réellement et que m’apportera-t-il précisément ? etc.

Le questionnement permet d’aller au-delà de la forme.

Le questionnement nous aide à aller au-delà de la forme : il nous permet de tester notre envie et de voir si elle est solide ou pas. C’est en allant dans ce sens qu’on découvre nos besoins profonds… qui sont forcément différents de ceux de nos parents, de nos amis ou de nos voisins.

Pour mieux comprendre ce processus du questionnement, j’emploierai l’exemple, évoqué plus haut, de la personne qui voulait une entrée avec une arcade de briques rouges :

En premier lieu, il conviendrait que cette personne se demande pourquoi elle désire une arcade de briques rouges ; en se posant cette question, il est probable qu’elle fera le lien avec la maison de sa grand-mère et qu’elle prendra conscience qu’elle cherche tout simplement à la reproduire.

Ensuite, il faudrait qu’elle essaie de voir ce qu’elle attend de cette maison : pourquoi veut-elle la recopier ? Cela lui permettra de mettre en lumière certaines qualités qu’elle avait associées à cette maison quand elle était enfant et qu’elle cherche à retrouver aujourd’hui ; ces qualités peuvent être l’accueil de sa grand-mère, un sentiment de sécurité ou de protection qu’elle ressentait dans cette maison, etc.

Le fait de découvrir ces qualités lui permettra d’aller au-delà de la forme, c’est-à-dire de se détacher de cette arcade de briques rouges ; elle se rendra compte, en effet, que cette forme ne pourra jamais lui apporter les qualités qu’elle recherche, maintenant qu’elle est adulte ; et elle réalisera que le fait d’avoir une arcade de briques rouges ne lui servirait donc à rien !

Finalement, elle prendra conscience que les qualités mises en lumière – l’accueil, la sécurité, la protection – correspondent à quelque chose de profond en elle ; à partir de là, elle pourra se questionner pour savoir comment elle peut donner forme à ces qualités, avec ses exigences et ses capacités d’adulte d’aujourd’hui. Et elle découvrira qu’il y a peut-être mille et une solutions pour y arriver.

Aller au-delà de la forme grâce au questionnement constitue une des bases du Feng Shui à l’occidentale. Bien sûr, cela ne vous ramènera pas toujours à un événement du passé. En fait, vous pouvez recourir à ce procédé chaque fois que vous vous sentez poussé à faire quelque chose (acheter un meuble, repeindre un mur, démolir une cloison, etc.) et que vous ne savez pas très bien ce qui vous motive.

S’il s’agit réellement d’un besoin profond, vous découvrirez une qualité (un besoin d’espace, de nature ou d’échanges, etc.) sur laquelle vous pourrez vous appuyer pour faire vos choix et réaliser ce que vous souhaitez.

Par contre, si c’est un désir superficiel, vous ne trouverez pas de qualité parce que ce sera juste une compensation (à un manque de sécurité ou de joie, par exemple) ; dans ce cas, essayez de voir comment vous pouvez exprimer la qualité qui vous manque (la sécurité ou la joie) à travers les aménagements que vous envisagez de faire.

En résumé, aller au-delà de la forme consiste à chercher la qualité qui se trouve derrière la forme qui vous fait envie. Bien sûr, l’idéal est de partir directement d’une qualité que vous avez déterminée (ou ressentie) et que vous voulez mettre en œuvre dans votre lieu de vie ; et ensuite de chercher à travers quelle forme vous pouvez la manifester.

Derrière toute forme se trouve une qualité qu’il nous faut découvrir.

Le fait de commencer à mettre en lumière des qualités qui correspondent à vos besoins profonds est très précieux parce que cela vous montrera que vous commencez à mieux vous connaître, à mieux savoir ce qui vous convient et ce qui vous est bénéfique à propos de votre lieu d’habitation. Cela vous donnera des pistes et des orientations sur lesquelles vous pourrez vous appuyer pour faire des choix concernant vos aménagements et vos projets.

Notez que, lorsque vous commencerez à vous détacher de vos désirs superficiels pour répondre à vos vrais besoins, vous traverserez peut-être une période un peu délicate, comme une phase de désaccoutumance, où vous risquez de ne pas vous sentir très bien. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous laisserez tomber des habitudes, des attitudes-réflexes qui vous sécurisaient.

Imaginons que vous viviez dans une maison avec des murs aux couleurs très vives et contrastées et comportant beaucoup de miroirs. Il est probable que cela ne vous ait jamais gêné parce que vous avez toujours recherché une ambiance qui vous exaltait et vous galvanisait. Mais en vous questionnant sur ce qui vous convient vraiment, vous allez peut-être vous rendre compte que cela est excessif et vous met trop à l’extérieur ; peut-être prendrez-vous conscience que c’est préjudiciable à votre bien-être car vous ne parvenez pas à vous concentrer ni à trouver votre place ou à être créateur.

Admettons que vous décidiez de vous concentrer davantage et que vous commenciez à créer des aménagements dans ce sens dans votre maison ; il est fort possible qu’au départ cela vous déstabilisera. En fait, ce serait normal de vous sentir ainsi puisque vous avez toujours vécu d’une façon plus ou moins dispersée et que ce changement ne se fera pas du jour au lendemain. Vous aurez besoin de temps.

Dans ces phases de transition, rappelez-vous toujours pourquoi vous avez choisi ces changements, quelle est la qualité qui vous guide : cela vous aidera