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Lumière sur la Forêt Obscure
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Ebook228 pages2 hours

Lumière sur la Forêt Obscure

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About this ebook

Une méditation enthousiaste sur la poésie, offrant une autre façon de voir le monde. Le processus de créativité y est traité. Les contributions des différentes disciplines à l'accroissement de la conscience y sont décrites, et les méthodes d'observation appliquées depuis plus d'un siècle y sont élucidées. Une attention particulière est portée à la poésie irlandaise moderne et au  rôle qu'elle confère au poète au sein de la société. Les travaux de trois auteurs non anglophones (Salinas, Lorca et Pasternak) et leur rôle dans la société sont abordés en détail, témoignant de l'éclairage lucide de la poésie comme force d'opposition face au pouvoir destructeur d'une société qui s'en prendrait au poète et à sa poésie. La dernière partie de cet ouvrage propose une description de la poésie en tant que forme artistique unique capable d'interpréter un monde postmoderne aride et fragmenté.

LanguageFrançais
PublisherBadPress
Release dateAug 7, 2015
ISBN9781507114827
Lumière sur la Forêt Obscure

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    Lumière sur la Forêt Obscure - James Lawless

    Du même auteur

    Romans

    Peeling Oranges

    For Love of Anna

    Pour Amour D’Anna

    (trad. Sakura A. Bolte)

    The Avenue

    L’Avenue

    (trad. Priyanka Nabar)

    Finding Penelope

    Knowing Women

    Enfance

    The Adventures of Jo Jo

    Poésie

    Rus in Urbe

    Noise & Sound Reflections

    Bruit & Réflexions de sons

    (trad. Leslie Piereobon)

    Critique

    Clearing The Tangled Wood : Poetry as a Way of Seeing the World.

    Lumière sur la Forêt Obscure La poésie, un autre regard sur le monde

    (trad. Jean-Baptiste Philippot)

    ––––––––

    Lumière sur la Forêt Obscure

    Lumière sur la Forêt Obscure

    Écrit Par James Lawless

    Copyright © 2015 James Lawless

    Tous droits réservés

    Distribué par Babelcube, Inc.

    www.babelcube.com

    Traduit par Jean-Baptiste Philippot

    Dessin de couverture © 2015 Vikncharlie at Fiverr.com

    Babelcube Books et Babelcube sont des marques déposées de Babelcube Inc.

    Pour Brendan Ryan

    SOMMAIRE

    1 INTRODUCTION ........................................................................................................................ 1

    2 UN HAUT DEGRÉ DE CONSCIENCE ...................................................................................... 7

    3 ASSISTER À LA NAISSANCE .................................................................................................. 11

    4 VOIR CE QUI EST CACHÉ ........................................................................................................ 17

    5 VOIR LES SIGNES ..................................................................................................................... 23

    6 VOIR À TRAVERS LA GRAMMAIRE ..................................................................................... 29

    7 VOIR ENTRE LES LIGNES ....................................................................................................... 35

    8 L’OEIL À FACETTES ................................................................................................................ 41

    9 VOIR L'OUVERTURE ............................................................................................................... 47

    10 LA DESPOTISME DE L’OEIL ................................................................................................ 53

    11 VOIR LES VOIX ...................................................................................................................... 63

    12 VOIR LES MESSAGES ........................................................................................................... 77

    13 VOIR LA ROUE TOURNER ................................................................................................... 85

    14 VOIR LA GLACE POUR LA PREMIÈRE FOIS .................................................................... 95

    15 VISION DU MARCHÉ ............................................................................................................. 103

    16 DOUBLE VISION ....................................................................................................................113

    17 VOIR UN MONDE NON CLOS .............................................................................................. 131

    18 CONCLUSION ET DISCUSSION .......................................................................................... 149

    BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 155

    INDEX ............................................................................................................................................   165

    PRÉFACE

    La Poésie, plutôt qu’une évasion est une intense confrontation avec le monde réel. Les paroles d’un artiste véhiculent un sens accru de la vie, alors même qu’elles accomplissent le prodige du langage. Peut-être le poète est-il un rêveur, mais l’acte artistique est cet instant où la pression du réel est captée sous une forme aussi inattendue qu’appropriée.

    Au cours de cette vaste et lumineuse méditation, James Lawless examine les dynamiques de création. Pour lui, le poète est celui qui nous reconnecte au moi intérieur en inventant une nouvelle vision du monde.

    Si l’énergie vitale se nourrit de formes, l’artiste, lui, s’empresse de trouver un langage capable de recueillir la nouveauté. Inévitablement, celui qui tente de définir ce qui demeura jusque là inconnu doit s’accommoder des idiomes, mais son originalité réside dans l’usage étrange et inédit qu’il en fait. Cela exige généralement de transcender les notions de dualité héritées du monde, de la sexualité, du rang et même du moi.

    James Lawless écrit avec l’autorité de celui qui sait qu’un artiste ne se contente pas de rapporter des idées ou des sentiments : il ou elle est capable de les inventer ou du moins d’en offrir une version nouvelle. Qu’il nous parle d’artistes russes, espagnols, irlandais ou américains, il nous rappelle sans cesse à quel point le poète est celui qui est apte à survivre à la confusion autant qu'à en rendre compte avec clarté.

    James Lawless sait pertinemment que la poésie pénètre en ces lieux de la psyché qu’aucune analyse rationnelle ne peut atteindre : et qu’une telle incursion est indispensable si notre monde est à renouveler.

    Declan Kiberd

    ––––––––

    AVANT-PROPOS

    L’Homme, plus que rationnel, est irrationnel. Le langage littéral peine à en rendre tout à fait compte. La poésie, quant à elle, y parvient grâce à l’usage d’une grammaire singulière ainsi qu’à son caractère anarchique. Dans sa proposition d’un regard alternatif sur le monde, elle autorise une pénétration plus profonde de la réalité, et nous offre l’opportunité de voir en tant qu’« autre ». Afin d’entrer dans le monde de la poésie, il est essentiel d’élever son état de conscience, et de se rendre à ses principes d’observation. Cet ouvrage suggère des méthodes pour y parvenir, et le processus même de créativité y est abordé. Les influences d’autres disciplines et de certains écrits y sont présentées, et les flux entre l’oral, le visuel et l’écrit y sont explicités. On trouvera des exemples illustrant la façon dont la poésie illumine notre monde familier, idéologique et technologique. Une certaine attention sera portée sur le rôle du poète dans la société. Des extraits d’œuvres provenant de différents poètes seront cités, et un chapitre entier est consacré à la poésie irlandaise moderne. En outre, afin d’illustrer plus largement l’enrichissement sémantique, psychologique et esthétique inhérent à la poésie, et afin de nous garder  au moins pour un temps  de l’hégémonie de l’anglais, la poésie de trois auteurs non anglophones (Salinas, Lorca et Pasternak) est abordée en détail. Enfin, le présent ouvrage s’achèvera sur un plaidoyer en faveur de la poésie et de son importance au cœur du vingt-et-unième siècle, non seulement en tant qu’œuvre, mais également comme instrument d’interprétation au sein d’un monde fragmenté.

    REMERCIEMENTS

    Je tiens à remercier les poètes et écrivains, vivants et morts, que je cite dans cet ouvrage. Tous, je l’espère, sont mentionnés dans les notes, dans la bibliographie ou dans l’index. J’ai une pensée toute particulière pour ma femme Margaret et notre famille, pour leur soutien et leur encouragement, ainsi qu’à Brendan Ryan, Declan Kiberd, Brendan Kennelly, John Montague, Nuala Ní Dhomhnaill, Michael D Higgins, Katie Donovan, Pat Boran, Gerald Dawe, Joe Woods, mais également à l’équipe de Poetry Ireland et de l’Instituto Cervantes, à Dublin ; et, aux États-Unis, toute ma gratitude va à Thomas Kinsella, Eamon Grennan, George O’Brien, Robert Redfern-West, Tiffany Randall et Ginger McNally.

    1  INTRODUCTION

    Son regard des barreaux continus si vitreux

    De fatigue, rien de plus ne pénètre.

    Il sent exister un millier de barreaux,

    et pas plus de monde au-delà qu’avant eux.

    Cette strophe extraite de La Panthère de Rilke (1964) met en scène un animal d’une immense force vitale, contraint et stupéfié par les barreaux d’une cage. De temps en temps, une image apparait, pour mourir aussitôt dans le piège de son cœur étouffé. Le poème est une belle métaphore du conflit opposant la vision intérieur du poète, à celle, destructrice, du monde extérieur.

    Poésie n’est pas juste écriture, comme certains aiment à le croire¹, mais plutôt bien souvent l’unique façon, pour l’« animal parlant », de « repousser les limites de son enceinte » (Kristeva, 1980:33).

    Freud reconnait à la poésie le pouvoir de libérer l’inconscient (Cheselka, 1987:70). Il fit de l’étude de l’inconscient une science, nous présentant, de fait, l’homme comme un être irrationnel plutôt que rationnel. Le langage littéral demeure insuffisant pour exprimer le moi intérieur. Alors que nos pensées sont elliptiques, notre langage est linéaire, comme l’indique Bergson (1910). Si l’on se réfère à la définition que donne Nabokov de la poésie : « les mystères de l’irrationnel perçus par l’intermédiaire des mots rationnels » (Winokur, 1989:78), nous saisissons l’importance de la poésie en tant que clef d’accès à la complexité de notre psyché profonde.

    Plus notre regard est accoutumé à une certaine vision, peut-on dire partielle, du monde, plus il est réticent à voir ce qui est « autre ». Watzlawick et coll. (1974) ont illustré combien il est difficile, pour les gens, d’effectuer des changements au sein de la société quand, à force de devoir fonctionner selon des schémas théoriques réducteurs, ils se sont constitué des œillères. Et, Whiting (Rogers, 1982:113) nous assure que : « Chacun possède, en germe, un ensemble de comportements alternatifs pouvant être activés lorsque les conditions sont modifiées. »

    Je propose la poésie comme une alternative possible pour appréhender le monde (en particulier dans un contexte de standardisation galopante imposée par les technologies de l’information et la multiplicité des médias). L’usage de la grammaire y est différent et permet l’émergence d’un sens et d’une signification qui, normalement, se seraient perdus dans un langage littéral. Le choc qu’elle provoque a pour effet de nous débarrasser de nos expectatives, et d’ouvrir à nouveau un champ de notre vision négligé depuis longtemps². Il faut s’imaginer le merveilleux impact qu’aurait notre capacité à voir en tant qu’« autre » sur nos facultés à vivre ensemble.

    Afin d’entrer en poésie, il faudra suspendre sa croyance (ou son incroyance, objecteraient certains) en une existence concrète et se fier à sa méthode d’observation, en vue d’un enrichissement sémantique et spirituel.

    Cet ouvrage propose d’examiner différentes voies empruntées par la poésie pour dépeindre le monde, et le sens qu’elle en saisit, ou qu’elle s’efforce d’en saisir. Dans ce but, certaines conditions, dont je débattrais au fil des pages, seront nécessaires

    un degré de conscience accru ;

    une certaine connaissance des enjeux inhérents à la création d’un poème, ainsi que du rôle du lecteur ;

    une compréhension du contenu sémiotique de la poésie ;

    une prise en compte des imbrications multiples entre le poème et d’autres textes, d’autres mondes ;

    une appréciation des éventuels interconnexions ou conflits avec d’autres disciplines, en particulier avec la philosophie et la science ;

    un aperçu des méthodes poétiques de la forme orale à la forme visuelle, et de leurs combinaisons ;

    une pleine conscience du rôle du poète dans la société, de celui qui éclaire les mondes ordinaires, idéologiques et technologiques.

    Je souhaite traiter brièvement de la poésie moderne irlandaise et aborder la fusion qu’elle opère entre la vision binaire masculin/féminin et le double héritage des langues irlandaises et anglaises s’enrichissant mutuellement.

    Je tiens également à démontrer comment, à une époque agnostique, l’attente spirituelle se porte davantage sur la poésie, et à quel point celle-ci est devenue une clef d’interprétation dans la quête du sens et du moi. En cela, j’espère parvenir à réfuter les critiques de ceux qui, depuis Platon, ont dénigré la poésie pour son aspect illusoire, et les poètes pour leur comportement instable et efféminé.

    Et, à l’aune de la contamination croissante du monde par l’homme, j’espère montrer que la poésie a toute sa place et qu’elle pèsera plus qu'une plume³ dans notre décision de nous considérer enfin comme les « hôtes » (selon Pasternak), dans une optique plus écologique, et non les propriétaires ou les conquérants de nos existences.

    Alors que je fais référence à divers poètes tout au long de cet ouvrage, je distinguerais intentionnellement trois d’entre eux ayant, entre autre, la particularité de ne pas être anglophones : Salinas, Lorca et Pasternak. Je les ai choisis pour leur valeur intrinsèque, mais aussi pour illustrer trois approches distinctes de la poésie, que, souhaitons-le, cet ouvrage parviendra à saisir. Je les ai choisis également dans l’espoir que soit ainsi offerte l’opportunité de voyager au-delà de notre perception hégémonique du langage, dans une tentative de voir en tant qu’« autre ».

    J’attire l’attention sur Pedro Salinas pour sa quête de sens si pointue, si épurée, toujours en mouvement dès lors qu’il nous fait traverser le miroir de la réalité, régénérant ainsi notre regard. 

    Federico García Lorca, quant à lui, est mentionné pour le double encodage de sa poésie, ses profondes métaphores de la grammaire poétique elle-même, et l’infinie profondeur du symbolisme onirique dont il use pour dissimuler son orientation sexuelle. 

    Enfin, Boris Pasternak fait son apparition en tant que pur poète ; on trouve dans sa prose jusqu’à ses propres réflexions sur la poésie. Il alla jusqu’à faire de sa propre existence une œuvre tragique. Sa poésie déborde de symbolisme et d’esprit visionnaire. 

    Ceux-là, avec les autres poètes, illustreront, je l’espère, ces richesses propres à la poésie : sémantiques, psychologiques et esthétiques. 

    Étant donnée la nature multiple de la poésie, et parce qu’elle couvre un large spectre, je me contenterais d’évoquer   sauf exception  des poètes des vingtième et vingt-et-unième siècles.

    NOTES

    ¹  J.M.G. Le Clezio déprécie les arts de l’écrit en les nivelant par le bas

    La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture (Barthes, 1987:64).

    ²  P. Bürger (1992:20), en écho à Walter Benjamin (qv.), souligne que

    toute nouvelle forme d’art se doit de perturber les automatismes de la perception au travers de l’organisation même de son corpus, obligeant ainsi son destinataire à adopter un regard neuf.

    ³ Don Marquis considère que publier « un recueil de poèmes est comme jeter un pétale de rose au fond du Grand Canyon et attendre l’écho » (Winokur, p.168).

    2  UN HAUT DEGRÉ DE CONSCIENCE

    Soumises à nos conditionnements, nos pensées sont souvent noueuses et confuses ; notre concentration peut être affectée par nos indispositions, par notre environnement, etc. Comment, dès lors, retrouver la « clarté » d’esprit nécessaire à la réceptivité poétique ?

    L’attention méditative est décrite par Wordsworth dans sa préface des Ballades lyriques (1798) comme une clef cognitive du monde poétique, dont le lecteur pourrait également se saisir pour atteindre l’état indispensable à la réception d’un texte. Barthes (1967) évoque, quant à lui, le choc frontal entre le consommateur du poème et le mot, sans l’assistance préalable d’une intention rationnelle. Comme pour l’ultime forme d’un mot qui, telle qu’il est présenté dans un dictionnaire, conserve son sens en l’absence d’un article, se réduisant ainsi à son degré zéro. Le mot est une catégorie, il institue le discours. Le poème est « plein de trous et plein de lumières, plein d’absences » (p.38).

    Dans la pensée indienne, le niveau de connaissance s’accorde au degré de conscience. Il est intimement lié à la disposition du sujet connaissant. Rilke présente la conscience sous la forme d’une pyramide. Il situe la perception ordinaire au sommet, et la perception transcendantale à la base (Yarrow, 1985:2). Un état de conscience accru nous donne accès à la création de formes, de modèles et de sens, à l’instant même où ils semblaient sur le point d’émerger. Il s’agit de cet

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