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Arts d’Islam
Arts d’Islam
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Arts d’Islam

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Les arts de l’Islam ne sont pas les arts d’une nation ni ceux d’un peuple, mais ceux d’une religion, l’Islam. Partis d’Arabie, ses croyants prosélytes surent conquérir, en quelques siècles, un territoire allant de l’océan Atlantique à l’océan Indien.
Multiculturel et pluriethnique, cet art polymorphe et hautement spirituel, au sein duquel toute représentation de l’homme et de la divinité était exclue, développa des canons et des motifs riches et variés, d’une grande valeur décorative.
Minutieux et inventifs, ses artistes adaptèrent leurs croyances en créant des chefs-d’oeuvre monumentaux tels la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, le Taj Mahal, à Agra, ou l’Alhambra à Grenade, architectures dans lesquelles se retrouve la stylisation des motifs de la céramique musulmane.
Vivant et coloré, l’art de l’Islam est le miroir de la richesse de ces peuples, dont le dénominateur commun est la croyance en une seule et même vérité : celle de l’absolue nécessité de créer des oeuvres dont la beauté doit égaler leur respect envers Dieu.
LanguageFrançais
Release dateSep 15, 2015
ISBN9781783108640
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    Arts d’Islam - Gaston Migeon

    Texte : Gaston Migeon et Henri Saladin

    Mise en page :

    Baseline Co Ltd,

    61A – 63A Vo Van Tan Street.

    4e étage

    District 3, Hô Chi Minh-Ville

    Vietnam

    © Parkstone Press International, New York, USA

    © Confidential Concepts, Worldwide, USA

    Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.

    Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.

    ISBN : 978-1-78310-864-0

    Gaston Migeon et Henri Saladin

    Arts d’Islam

    Sommaire

    Introduction

    L’architecture

    A – Le Proche et le Moyen-Orient

    B – L’Afrique du Nord, l’Espagne

    C – L’Iran et l’école persane

    D – L’école ottoman

    E – L’Inde musulmane

    Les arts plastiques

    A – L’art de la sculpture

    B – L’art du métal

    C – L’orfèvrerie et les cristaux de roche

    D – La mosaïque

    Les produits manufacturés

    A – La céramique

    B – Les verres émaillés

    C – Les tissus

    D – Les tapis

    L’art du livre

    A – Les manuscrits arabes

    B – Les corans égyptiens

    C – Les manuscrits persans

    D – Les miniatures indo-persanes

    E – Les manuscrits turcs

    Conclusion

    Bibliographie

    Index

    Introduction

    En moins d’un siècle, la conquête arabe, qui s’étendit d’une poussée formidable sur tout l’Orient, sur l’Afrique du Nord et sur l’Espagne, bouleversa le cadre social de tous les peuples asservis en imposant une religion, une organisation, des mœurs et des habitudes nouvelles. Une seule discipline s’étendit par la vertu d’une foi unique. Sur les anciennes provinces romaines, encore épuisées par les conquêtes des barbares, sur ces pays ruinés, déchirés par les querelles des sectes chrétiennes, s’éleva un monde nouveau, le monde musulman, qui fut, pendant des siècles, un monde plus civilisé que la plupart des pays d’Europe. Mahomet avait promis à ses croyants la possession des royaumes du monde. La jouissance des biens terrestres fut regardée comme un présent et une récompense, non comme un bonheur méprisable indigne de l’homme religieux. Aussi les souverains musulmans cherchèrent à s’entourer de luxe et à orner leurs villes et leurs palais. Le faste des califes devint proverbial et leur empire vit s’élever de toutes parts des monuments splendides, d’une richesse et d’un luxe qui sont restés légendaires en Orient. Mais cet art n’était pas original dans son essence, il ne l’était que par l’expression nouvelle que lui demandaient les nouveaux maîtres de l’Asie et de l’Afrique. La civilisation musulmane, à laquelle ont travaillé tant de peuples différents, n’est pas purement arabe. Elle est aussi, suivant les modèles dont elle s’est inspirée et les milieux où elle a grandi, grecque, persane, syrienne, égyptienne, espagnole, hindoue. S’il faut faire la part de tous, il faut admettre que, sans avoir été jamais exactement définie jusqu’ici, celle des Arabes est la plus grande. De tant d’éléments divers, fondus en un amalgame homogène, ils ont su faire naître une civilisation qui porte la marque de leur génie. On doit ajouter au fonds commun d’inspiration des premières œuvres d’art musulmanes l’art de l’Arabie heureuse (l’actuel Yémen). Le premier effet de la conquête islamique fut de provoquer une sorte de fusion de l’art oriental avec l’art occidental.

    Dans ce vaste monde islamique auquel ils imposèrent leurs habitudes nomades par le pèlerinage de la Mecque, il se produisit un continuel travail d’unification, de transmission et de métissage, contexte propice au renouvellement des arts. Le monde musulman riche et puissant fit ainsi revivre dans toute la Méditerranée, sur les routes des caravanes, dans la mer Rouge, le golfe Persique, un commerce considérable. Dans les longues périodes de paix, sous les grands califes, le luxe et la richesse des particuliers permit une grande facilité d’échanges. Partout s’organisèrent d’immenses bazars dans les grandes villes, les caravansérails, même au milieu des déserts. La marine musulmane fut la concurrente des marines byzantine et italienne. Rien ne put être plus profitable au renouvellement et à la propagation des formes artistiques. Le contraste est extraordinaire entre la splendeur des premiers siècles du mahométisme et la barbarie du monde chrétien qui s'étendit jusqu’aux croisades.

    Vue du minaret de la Grande Mosquée d’al-Mutawakkil, 848-852.

    Hauteur : 50 m. Samarra, Irak.

    Cour de la mosquée al-Azhar, 970-972. Le Caire.

    Première Partie

    L’architecture

    A – Le Proche et le Moyen-Orient

    L’Égypte, conquise rapidement par Amr-ibn-el-As, quelques années après qu’Omar se soit emparé de la Syrie, a toujours vu son histoire étroitement liée à celle de cette province. La conséquence de ces rapports constants est que ces deux pays ont réagi l’un sur l’autre et que, par conséquent, dans bien des circonstances, l’art s’y est développé d’une façon analogue. En 634 Damas tombait entre les mains des musulmans, en 637 Omar entrait à Jérusalem, et Alep et Antioche succombaient successivement. Peut-être même devrait-on attribuer aux monuments de cette dernière ville une influence sur la construction du Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra) de Jérusalem, puisqu’il y avait à Antioche une célèbre église en rotonde, dédiée à la Vierge Marie qui d’après Maçoudi, était une des merveilles du monde. Cependant, le style de ces monuments syro-égyptiens ne se différencie du style adopté par les architectes du Maghreb que vers la fin du IXe siècle.

    Le cœur de la mosquée est le mihrab, niche creusée dans le mur et qui indique aux croyants la direction de la Mecque vers laquelle ils doivent se tourner dans leur prière ; ce mur se double d’une cour découverte, et l’on obtient ainsi la disposition primitive des mosquées de l’Afrique du Nord. Le premier type est celui de la mosquée à portiques ; elle est formée d’une cour centrale carrée au milieu de laquelle se trouve la fontaine aux ablutions et qui est fermée par des portiques dont le plus profond est celui de l’est, au fond duquel se trouve le mihrab ; ce portique constitue un oratoire couvert à nefs parallèles ; à coté du mihrab se trouvent le minbar (chaire à prêcher), les estrades où se placent les lecteurs du Coran et les pupitres massifs où l’on pose le livre sacré. Ce plan est celui de toutes les mosquées du Caire jusqu’aux Ayyoubides. À partir de cette époque les petites mosquées et même les grandes sont construites souvent dans le plan cruciforme des madrasas ou académies religieuses. Ce n’est que plus tard, lors de la conquête ottomane, qu’on voit apparaître au Caire les grandes mosquées turques à coupoles.

    Le Caire

    Les premières mosquées furent toutes tracées sur un même plan : le mihrab se trouve au centre d’un long mur indiquant la direction de la Kaaba, à la Mecque, vers laquelle se tournent les fidèles, lors de la prière. Il faudrait donc considérer que l’agrandissement de la mosquée a dû se faire parallèlement à cette direction, et c’est en effet ce qui est arrivé plusieurs fois. Il est naturel que les plafonds ou les voûtes de ces nefs soient supportés par des colonnes. On employa donc les colonnes antiques, leurs chapiteaux et leurs bases à soutenir ces arcades.

    La richesse des premières mosquées d’Égypte fut plutôt empruntée à la peinture, à la dorure et à la tenture qu’à la somptuosité des matériaux, car la mosquée de Touloun, qui est une des plus anciennes du Caire n’est construite que de briques recouvertes d’enduits. En Syrie, au contraire, à Damas et à Jérusalem, le faste des mosquées repose avant tout sur l’emploi des marbres précieux, des métaux, de la mosaïque d’émail. Colonnes, chapiteaux et bases en marbre, revêtements en marbre ou en mosaïque, portes en bronze, plafonds peints et dorés, poutres revêtues de feuilles de bronze, repoussé et doré, faisaient tout à la fois office de matériau de construction et d’ornement décoratif. C’était en somme l’application des méthodes romaines et byzantines, mais avec un esprit de disposition générale absolument nouveau, dont le caractère oriental est nettement défini par l’abondance de la décoration.

    Ce n’est pas que la figure humaine ait été systématiquement bannie de cet art musulman primitif. L’emploi des statues, des bas-reliefs et des tableaux était fréquent dans les palais des souverains ou des grands personnages. Nous n’avons malheureusement que des textes nous permettant de nous figurer les dispositions probables de ces édifices, mais sans qu’aucun vestige encore existant ne précise les caractères que pouvaient avoir les palais d’Ibn Tulun et de son fils Khomarouyeh, dont Makrisi nous a laissé des descriptions si intéressantes.

    Au XIIIe siècle apparaît le plan cruciforme qui devient tellement typique que son emploi s’étend même aux petites mosquées. Dans les constructions religieuses nous voyons déjà poindre cette influence syrienne, sous les Fatimides, nous la retrouvons encore plus accentuée dans les fortifications du Caire, puisque les architectes qui construisirent les trois grandes portes de l’enceinte de Bedr-el-Gemali étaient d’Edesse et par conséquent Syriens.

    Lorsque dans la seconde moitié du XIIe siècle les Ayyoubides supplantèrent au Caire la dynastie fatimide, cette influence orientale disparut dans ce qu’elle pouvait avoir d’hétérodoxe, mais l’influence des méthodes syriennes commença à devenir prédominante, surtout dans le mode de construction adopté. L’emploi de la pierre, des appareils savants, celui de la décoration polychrome au moyen de marbres ou de pierres colorées tous deux d’origine syrienne tendent à se généraliser, non seulement dans l’architecture religieuse mais encore dans l’architecture civile.

    Cette influence qui se fait d’abord sentir sous les Fatimides puis sous les Ayyoubides, s’accroît encore sous les sultans mamelouks baharites (de 1250 à 1382), et atteint son apogée sous les Mamelouks burjites (1382-1517).

    Si les conquérants turcs ont introduit au Caire le type de la mosquée ottomane à coupoles – dans le but d’accentuer leur prise de possession en imposant aux édifices religieux la marque du conquérant, qui, pour tous les musulmans sunnites ou orthodoxes, était aussi le calife suprême et le vicaire de Mahomet –, cette règle n’a pas été absolue, puisque beaucoup de petites mosquées du Caire, postérieures à 1516, ont gardé le type traditionnel. Toutefois, l’architecture civile et domestique n’a été aucunement modifiée par l’occupation ottomane.

    Jérusalem

    La mosquée al-Aqsa de Jérusalem qui est toute voisine de la mosquée d’Omar (Dôme du Rocher), en égala presque la splendeur. Ancienne basilique de Justinien, elle fut reconstruite par Abd el-Malek ; détruite par deux tremblements de terre, elle fut relevée en 785. Saladin la restaura en 1187, ainsi que l’affirme une inscription ; il y fit transporter le minbar que Noureddin avait fait faire pour la Grande Mosquée d’Alep. Les mosaïques dont il fit décorer le sanctuaire sont, malgré l’époque où elles furent exécutées, semblables à celles du Dôme du Rocher et presque aussi belles.

    Fontaine pour ablution, 1363. Mosquée du sultan Hassan, Le Caire.

    Cour de la mosquée d’Ibn Tūlūn 876-879.

    Le Caire.

    Dôme du Rocher, 691-692.

    Jérusalem.

    La Mecque

    La Kaaba de la Mecque, recouvrant la pierre noire, don de l’ange Gabriel à Ibrahim, censé apporter la rémission des péchés, a une longue histoire. Elle aurait été construite par Adam, puis par Seth, puis par Ibrahim, puis par les Amalécites, puis au VIIe siècle, par les Koreichites avec l’architecte copte Dokoun ; après que Yézid l’eut détruite, Abdallah Ibn Zobeir la reconstruisit ; elle fut détruite à nouveau au nom d’Abd-el-Malek qui, peu après, en releva les portiques ; elle entre dans l’histoire à partir de ce moment.

    Médine

    La première mosquée à Médine semble n’avoir été qu’un espace carré, clos d’un mur de briques, couvert en partie d’une toiture de bois que soutenaient des troncs de palmiers recouverts de plâtre. Cette cour à portiques au fond de laquelle est le sanctuaire reproduit le plan des anciens sanctuaires sémitiques et phéniciens. C’est le prototype de la mosquée à portiques. Cette mosquée (al-Masjid al-Nabawi, ou « mosquée du prophète ») fut reconstruite en 707 par Al-Walid, qui embellit de plaques en faïence le tombeau de Mahomet ; détruite par un tremblement de terre et un incendie, elle fut relevée sous Qaitbay, probablement sur l’ancien plan. Elle suit la disposition en nefs parallèles des mosquées anciennes ; elle renferme le tombeau de Mahomet.

    Damas

    La Grande Mosquée de Damas est une ancienne église chrétienne consacrée à saint Jean-Baptiste par Théodose en 379, et restaurée par son fils Arcadius, sur l’emplacement d’un ancien temple, qui s’élevait au milieu d’une immense cour dont les portiques subsistent encore en partie. Dès qu’ils furent entrés à Damas, les musulmans partagèrent avec les chrétiens l’usage de cette mosquée ; mais le calife omeyyade EI-Yalid la livra tout entière au culte musulman, et dans ce but, la modifia en partie.

    La mosquée à l’intérieur présente, dans sa partie supérieure, des colonnettes de style byzantin à reliefs méplats, une frise de rinceaux de marbre blanc et doré se découpant sur un fond de marbre foncé, rappelant tout à fait le style du Dôme du Rocher. Les dés qui surmontent les chapiteaux des colonnes sont en troncs de pyramide mais plus trapus que ceux du dehors. Les plafonds des ailes du transept avant l’incendie de 1893, étaient à solives apparentes avec des caissons à stalactites ; des poutres demi-cylindriques où la partie carrée près du mur se raccordait à la partie cylindrique par des stalactites dorées (comme celles du XVe siècle au Caire) reposaient sur une frise décorée d’une inscription en lettre blanches sur fond bleu qui était soutenue elle-même par des consoles décorées d’ornements rouges, bleus et dorés. Ce bel ouvrage datait assurément de la réfection du XVe siècle, ainsi que le mihrab et le minbar, et les mosaïques de marbre qui décoraient le bas du mur. Mais rien n’était si intéressant que les mosaïques du transept, qui avaient été exécutées par des mosaïstes byzantins, fournis à Al-Walid par l’empereur grec ; leur tonalité était verte et brune, sur fond d’or. Les cheiks de la mosquée prétendaient qu’elles représentaient la Mecque et Médine.

    Avec ce splendide revêtement extérieur, la mosquée de Damas, depuis la cour, devait avoir un aspect magnifique. Les mosquées et palais du Caire étaient d’un luxe inouï. Si l’on en croit les descriptions des historiens, partout les Arabes cherchaient à surpasser le luxe suprême des empereurs byzantins.

    Mosquée d’Ibn Tūlūn au Caire

    En 868 Ahmad Ibn Tulun fut nommé par le calife abbasside

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