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Paul Klee
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Paul Klee

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Figure emblématique du début du XXe siècle, Paul Klee a participé aux mouvements expansifs d'avant-garde en Allemagne et en Suisse. Adhérant aux mouvements du Blaue Reiter (Le Cavalier bleu), puis du Surréalisme à la fin des années 1930, et enfin du Bauhaus où il enseigna plusieurs années, il a essayé de capturer la nature organique et harmonique de la peinture en faisant appel à d'autres formes d'expression artistique telles que la poésie, la littérature et surtout la musique.

Bien qu'il ait collaboré avec des artistes comme August Macke et Alexeï von Jawlensky, son associé le plus célèbre reste l'expressionniste abstrait Wassily Kandinsky. Cette monographie de Eric Shanes, qui a aussi écrit sur Andy Warhol et Constantin Brancusi, invite le lecteur à découvrir au travers d'une sélection de ses oeuvres majeures, la carrière artistique de ce "peintre-poète" irremplaçable.
LanguageFrançais
Release dateSep 15, 2015
ISBN9781783108862
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    Paul Klee - Paul Klee

    Suisse.

    EXTRAITS DU JOURNAL

    Dômes rouges et blancs, 1914. Aquarelle et

    gouache sur papier sur carton, 14,6 x 13,7 cm.

    Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf.

    Enfance, jeunesse et premières

    années d’études

    Munich (1881-1901)

    Le sentiment esthétique s’était fort tôt développé chez moi ; alors que je portais encore des robes, on m’enfila des caleçons trop longs, de sorte que je pouvais voir dépasser la flanelle grise garnie de festons rouges. J’avais deux à trois ans ; lorsque quelqu’un sonnait, je me cachais pour éviter que quelque visiteur pût me voir dans un pareil état. (De deux à trois ans.)

    Ma grand-mère, Frau Frick, m’apprit de bonne heure à dessiner avec des crayons de couleur.

    Le cadavre de ma grand-mère me fit une terrible impression. Impossible de la reconnaître. On nous tenait loin à l’écart. Avec ça, les larmes de la tante Mathilde coulaient comme un paisible ruisseau. Pendant longtemps encore j’eus le frisson quand je passais devant la porte qui conduit au fond de la cave de l’hôpital, où l’on avait provisoirement installé le corps. Que l’on pût être horrifié en présence de morts, je l’avais ainsi éprouvé moi-même, mais quant à verser des larmes, je le tenais pour une coutume d’adultes. (Cinq ans.)

    Souvent, je rêvais que j’étais assailli par des vagabonds. Mais je savais toujours me tirer d’affaire en prétendant être des leurs. Voilà qui me sauvait auprès de mes compagnons. (Sept ans environ.)

    Dans le restaurant de mon oncle, l’homme le plus gros de Suisse, se trouvaient des tables à plaque de marbre poli, offrant à leur surface un embrouillamini de veines. Dans ce labyrinthe de lignes, on pouvait discerner des contours de physionomies grotesques et les délimiter au crayon. J’en étais passionné et ma propension au bizarre s’y documentait. (Neuf ans.)

    « C’est la sœur qui le console », disait la légende de l’illustration d’un poème. Mais je n’appréciais guère cette consolation, parce que la sœur me semblait peu esthétique. (De six à huit ans.)

    Séjour à Bâle durant l’automne et l’hiver 1897 et 1898, chez des parents. On s’affaira gentiment pour me divertir. On témoigna une certaine admiration pour mes dons. Je me sentais à l’aise. Ma puberté engendra aussi certains timides rapports avec ma cousine D.

    Je fis une superbe promenade avec D., par les coteaux de vignobles de Weil jusqu’à Tülligen. Je vois encore s’étendre à nos pieds la vaste plaine riche de vergers.

    Beaucoup fréquenté le théâtre, principalement l’Opéra. Un ballet. Je composais maints quatrains pour compenser de médiocres satisfactions. De l’art aussi authentique que mauvais. 24-4-1898.

    Berne, 12-12-1897. Il m’arriva de reprendre, après un certain intervalle de temps, quelques-uns de mes carnets de croquis et de les feuilleter. Ce faisant, je sentis renaître en moi comme de l’espoir. Par hasard j’aperçus dans la vitre mon reflet et me mis à observer le personnage qui me regardait ainsi de l’intérieur. Un garçon tout à fait sympathique, assis, la tête reposant sur un oreiller, les jambes allongées sur un autre siège. Le livre gris refermé sur l’index de l’une de ses mains. Il se tenait absolument immobile, baigné de la douce lumière de la lampe. Souvent déjà je l’avais sondé. Sans y réussir toujours. Aujourd’hui je le comprenais.

    Berne, 27-4-1898. « Asseyez-vous et tâchez d’apprendre mieux », disait-on en mathématiques, mais voilà qui est passé et oublié. Pour l’instant se déroule au-dehors le premier orage de l’année. Un frais vent d’ouest m’effleure qui m’apporte une odeur de thym et des sifflets de chemin de fer, et se joue dans mes cheveux humides. La nature m’aime donc ! Consolatrice et prometteuse.

    Pareil jour, je demeure invulnérable. Souriant à l’extérieur, riant plus libre au-dedans, une chanson dans l’âme, un gazouillant sifflotement sur les lèvres, je me jette sur le lit, me détends, préserve la sommeillante force.

    Vers l’ouest, vers le nord, où que le sort m’entraîne : je crois ! J’écrivis quelques nouvelles, mais les détruisis toutes.

    1898. Pourtant je me pris à nouveau sous ma protection. Que mes productions ne valent rien ne prouve pas pour autant une ascendance non divine. En pareil milieu latin, il faut bien savoir se priver de chaque réalité en tant qu’appui. Quel genre de nourriture l’humanisme pâlissant pourrait-il donner à une impulsion originelle ? On en est absolument réduit à vivre dans les nuages. Pure impulsion sans substance. Montagnes surélevées, sans base.

    Dans la Carrière, 1913. Aquarelle sur papier sur carton,

    22,4 x 35,3 cm. Zentrum Paul Klee, Berne.

    Avant la Ville, 1915. Aquarelle sur papier sur carton,

    22,5 x 29,8 cm. Berggruen Collection,

    The Metropolitan Museum of Art, New York.

    Rétrospective. D’abord, je fus un enfant. Ensuite, j’écrivis de gentilles compositions ; j’étais également capable de compter (vers onze ou douze ans). Puis me vint la passion pour les filles. Ensuite, ce fut la période pendant laquelle je portais la casquette de lycéen sur le derrière de la tête et ne boutonnais ma veste qu’avec le dernier bouton (jusqu’à l’âge de quinze ans). Par la suite, je commençai à me sentir paysagiste, et je conspuai l’humanisme. Avant d’entrer en seconde, j’eusse volontiers pris la poudre d’escampette, ce qu’empêcha la volonté de mes parents. Désormais, je souffris le martyre. Rien que le défendu me réjouissait. Dessins et littérature. Lorsque j’eus subi un mauvais examen, je commençai à faire de la peinture à Munich.

    Après avoir percé en tant qu’élève de Knirr, l’étude de nu commença à perdre quelque peu de son charme, et d’autres choses, des questions vitales, se firent plus importantes que la gloire au sein de l’école de Knirr. Parfois aussi je m’esquivais. Je ne comprenais du tout (avec raison) que de studieuses séances de nu pussent jamais donner naissance à un art quelconque. Mais pareille appréhension ne se développait que dans le subconscient. Si la vie, que je connaissais si mal, m’attirait plus que toute autre chose, je n’en tenais pas moins cela pour une sorte de filouterie de ma part. Je croyais manquer de caractère dès que je prêtais l’oreille aux voix intérieures.

    Bref, il s’agissait de devenir avant tout un homme. L’art, dans la suite, en tirerait les conséquences. À quoi contribueraient naturellement les rapports avec les femmes. Une de mes premières connaissances fut Mlle N., de Halle-sur-la-Saale. Je la tenais, il est vrai par erreur, pour libre et pour apte à m’initier à ces mystères autour desquels gravite tout de même ce monde : la « vie ». Ce ne fut que beaucoup plus tard, alors qu’elle avait déjà perdu tout intérêt à mes yeux, que j’appris l’amour malheureux qu’elle avait conçu dans le même temps pour un artiste lyrique. Peut-être fut-ce une bonne chose pour moi-même ; de la sorte, cette femme ne risquait pas de trop s’attacher à moi.

    Je l’avais rencontrée à l’étude du nu, lors d’une séance du soir (mixte) ; il m’arriva d’y être tout à coup abordé par la fille du professeur V., de Berne, qui me connaissait de vue (à Berne même). Ainsi, je passai du côté des dames d’où l’on voyait le modèle de dos, un mulâtre sexuellement fort excitant. La Suissesse me présenta à une Prussienne. Je me demandai si c’était bien là, pour moi, mon vrai objet d’étude. Mais le charme restait trop indécis. La créature convenable devait m’être présentée le lendemain soir en la personne de N. déjà mentionnée. Fille blonde aux yeux bleus, voix de soprano, plutôt mignarde. Je demeurai sans plus dans son voisinage et je la raccompagnai sur le chemin du retour. On admira l’hivernale beauté de la Leopoldstrasse dont les arbres étaient couverts d’une épaisse neige qui scintillait à la lueur magique des lampadaires arqués.

    Haller vint à son tour à Munich, où il réussit à s’imposer, au lieu de devenir architecte à Stuttgart. Il entra à l’Académie de Knirr, et il s’y sentait déjà comme chez lui, lorsque je vins. Assurément l’amitié du « meilleur élève depuis dix ans » lui avait rendu de grands services qu’il sut bien exploiter au moment d’être introduit. À quoi s’ajoutait son naturel fraîchement décidé qui, dès alors, avait quelque chose d’entraînant. Son humeur hilare me rendit la salle d’étude plus familière. Et désormais se forma autour de nous un groupe de talents d’inspiration helvétique, qui pouvait tout se permettre, notamment des moqueries et des persiflages à l’égard des éléments hétéroclites.

    Rétrospective. Inspection de moi-même ; j’ai dit résolument adieu à la littérature, à la musique. Abandonné mes efforts pour acquérir une expérience sexuelle raffinée dans ce cas particulier. Je pense à peine aux arts plastiques, je ne veux travailler qu’à ma personnalité. Ce faisant, il me faut être conséquent, éviter la moindre audience. Qu’ensuite je trouverai sans doute mon expression dans les arts plastiques, voilà encore le plus vraisemblable.

    Un petit « registre de Leporello » de toutes les femmes aimées que je ne possédai jamais, exhorte ironiquement à repenser la grande question sexuelle. La série du registre se clôt par l’initiale du nom « Lily » avec la remarque : attendre. Cette jeune fille, ma future épouse, ce fut de « musiquante » manière que je fis sa connaissance en automne 1899.

    L’idée que la peinture serait ma vraie vocation s’affermit de plus en plus. Seul le verbe continue d’exercer son charme. Peut-être en pleine maturité m’en servirai-je tout de même un jour.

    Sans Titre, 1914. Aquarelle et plume

    sur papier sur carton, 17,1 x 15,8 cm.

    Kupferstichkabinett, Kunstmuseum, Bâle.

    Hommage à Picasso, 1914.

    Huile sur carton, 38 x 30 cm.

    Collection particulière.

    À l’égard de Fräulein Schiwago je me trouvais dans une situation singulière. J’avais pour elle une intense vénération, mais sans m’y perdre. Pour cela j’étais sans doute déjà trop lié avec Lily, sans garanties, sans risques, purement moi-même.

    Schiwago au début me paraissait d’un abord inaccessible parce qu’il semblait exister quelque chose ou sur le point de se faire entre elle et Haller. (Je n’appris qu’en 1909 que ma réserve même ne lui plaisait aucunement.)

    Souvent je suis possédé du diable, ma mauvaise fortune sur le plan si riche en problèmes de la sexualité ne fut pas pour m’améliorer. À Burghausen, je m’étais plu à tourmenter de gros escargots de mille manières. À présent dans cette région, s’il se peut encore plus ravissante, du lac de Thoune, je succombe à des tentations semblables. L’innocence m’agace. Le chant des oiseaux me tape sur les nerfs, et j’écraserais le moindre ver de terre.

    J’esquissai un testament. J’y demandai de détruire tout ce qui subsisterait de mes tentatives artistiques, bonnes ou mauvaises. Je savais sans doute à quel point tout ceci était misérable et nul, en comparaison des possibilités pressenties et espérées.

    Parfois je m’abîmais tout entier dans la modestie, prêt à faire des illustrations pour des feuilles humoristiques. Plus tard je n’en serais pas moins capable d’illustrer mes propres pensées. Ce qui devait sortir à la faveur de pareille modestie, c’étaient des expérimentations technico-graphiques, plus ou moins raffinées. Il est aisé de qualifier d’aberrante une volonté ruinée.

    Cet été donne trop de loisirs à ma réflexion. Pour pouvoir travailler hors de l’école et sans modèle, je ne suis pas suffisamment avancé. Le soir est finalement venu et l’automne. Comme étourdi par le jour et sa peine, je me suis réveillé et je m’aperçois que les feuilles tombent. Dans ce sol sèmerai-je désormais ? Attendrai-je l’hiver pour espérer ? Sombre travail. Travail tout de même.

    Automne, 1900. La comparaison de mon âme avec les différentes atmosphères du paysage revient fréquemment comme un motif. Ce qui se fonde sur ma conception poétique et personnelle du paysage. « Voici l’automne. Le courant de mon âme est suivi de rampants brouillards. »

    Des pensées religieuses surgissent. Le naturel est la force conservatrice. L’individu qui s’élève de ruineuse façon au-dessus de la généralité, tombe dans la culpabilité. Mais il est quelque chose de supérieur qui se situe au-delà du positif et du négatif. C’est la toute-puissance souveraine qui survole pareil combat et le dirige.

    Devant cette puissance souveraine, je voulais subsister, et subsister de façon éthique, je le voulais.

    Totalement enivré, une nuit, je brodai dans mon journal sur le thème Lily. Combien me pénétrait profondément tout ce qui venait d’elle. Même une variation jalouse s’y insinua. La sensualité fêtait des orgies. Dans la variation finale figuraient au Cantus firmus des paroles que nous avions échangées.

    Mercredi des Cendres. L’ivresse est passée, mais plus forte que ma misère est la puissance de ton image, parmi les larves, visage qui me sourit.

    Le Jardin anglais est une fois de plus le théâtre de sentiments et de confusions. Je jure que bientôt j’en serai las, sur mon honneur, pas absolument irréprochable, il est vrai.

    Lily et encore Lily. Plus d’une fois je me sens fortifié dans mon penchant pour elle, et derechef ébranlé. Ni chemin, ni passerelle. Sans parler des conséquences pour l’étude.

    De façon quelque peu formelle, elle m’apprend son intention de poursuivre notre jeu de Duo, la gracieuse demoiselle. Je ne m’intéresse en effet qu’à la femme. Le reste ne me chante guère.

    Ma vie inquiète laissa une trace passagère dans mon corps. Des affections nerveuses du cœur me tourmentaient pendant mon sommeil. Ce cœur devint le thème de mes exercices de compositions. Mais je ne manquai pas de tout faire pour m’en libérer, et, pour mon futur beau-père, je fus l’occasion d’un triomphe médical.

    Réflexions sur l’art du portrait. Plus d’un ignorera la vérité de mon miroir. Mon affaire n’est pas de réfléchir la surface (ce que peut la plaque photographique), mais de pénétrer dans l’intérieur. Je sais réfléchir jusqu’à l’intimité du cœur. J’inscris des mots sur le front et aux commissures des lèvres. Mes physionomies sont plus véridiques que les réelles.

    Au printemps 1901, j’établis le programme suivant : au premier chef, l’art de la vie, puis, en tant que profession idéale : l’art poétique et la philosophie ; en tant que profession réaliste : l’art plastique et, à défaut d’une rente : l’art du dessin (illustration).

    J’ai commencé une nouvelle vie. Et cette fois-ci, ça marche ! J’étais à terre. Que tout me soit permis, je crois, que j’aille jusqu’à l’épuisement de mes forces ! J’allais devenir fou, moi pauvre petite crapule sale. L’amour de la fiancée m’a sauvé de la folie. J’ai vu ma misère, à partir de là, elle était déjà à moitié effacée. C’est l’effroi qui m’a sauvé.

    Je vais devenir sérieux et m’améliorer. Le baiser de la plus délicieuse des femmes m’a sauvé de toute détresse. Je vais travailler. Je vais devenir un bon artiste. Apprendre la sculpture. Le don que je possède est avant tout formel. Et cette connaissance, je l’emporte avec moi.

    Stuck prétendait m’encourager à la sculpture, à juste titre ; si, dans la suite, je voulais me remettre à peindre, je saurais bénéficier de l’acquis. Ce qui prouvait qu’il ne comprenait rien au monde de la couleur. Et il me conseilla d’aller chez Rümann. En tant qu’élève de Stuck, j’espérais être admis là-bas sans discussion. Mais le vieux exigeait de moi un examen d’entrée. Je le priai de m’accorder une dispense, car rien que le fait qu’on voulût m’y soumettre signifiait pour moi autant qu’un échec. Mais à peine avais-je exprimé ma pensée qu’il entra dans une grande agitation : « J’ai dû moi-même, un jour, subir un examen d’admission. » Ces mots étaient prononcés sur un ton royal. Ensuite, il se livra à une critique rigoureuse de mes dessins, reconnaissant toutefois quelque valeur à quelques-uns. Finalement je m’en allai, sans avoir transigé sur la question de l’examen. Peut-être lui en avais-je imposé tout de même quelque peu. Comptait-il sur un revoir ?

    Les sept paroles du prophète Rümann :

    I. Je n’admets pas qu’on me pose des conditions.

    II. Un dessinateur de tout premier ordre, vous ne l’êtes nullement d’ailleurs, comme je le constate.

    III. Ceci est sans doute assez joliment dessiné.

    IV. Mais cette tête-là mérite l’attribut mauvais.

    V. Ne sont dispensés d’une épreuve que les gens qui ont déjà modelé depuis des années.

    VI. J’ai dû moi-même faire un jour un travail d’épreuve. (C’est ici que je m’en allai.)

    VII. Bonjour, Herr Klee.

    Petit Tableau de sapins, 1922. Peinture à

    l’huile sur étoffe de coton marouflée sur carton,

    31,6 x 20,2 cm. Donation de Richard Doetsch-Benziger,

    Öffentliche Kunstsammlung, Kunstmuseum, Bâle.

    Sirènes de bateaux, 1917.

    Plume, encre noire et aquarelle sur papier

    blanc sur papier rosé fait à la main, 24,2 x 15,6 cm.

    Graphische Sammlung, Staatsgalerie, Stuttgart.

    Automates astraux, 1918.

    Aquarelle et plume sur papier, 22,5 x 20,3 cm.

    Beyeler Foundation, Riehen/Bâle.

    Ange servant un petit déjeuner léger, 1920.

    Lithographie, 19,8 x 14,6 cm.

    Sprengel Museum, Hanovre.

    « Je sers la beauté en dessinant ses ennemis (caricature, satire) », me disais-je souvent. Mais tout n’est pas fait pour autant. Il me faut, en outre, la figurer directement, avec une pleine force de conviction. But lointain et sublime. N’étant qu’à demi dégagé du sommeil, je me risquais déjà dans cette voie. C’est à l’état de veille que ceci devra désormais s’accomplir. Voie peut-être plus longue que ma vie.

    Qui s’efforce ne saura jamais jouir tranquillement du terrestre. Les premières refontes de formes (se conformant au monde nouvellement vécu) se trouvent dans un constant contraste avec l’abondance et la fraîcheur des impressions. En avant, à la rencontre des œuvres mûres.

    L’enfance était un rêve, celui de pouvoir un jour accomplir toutes choses. Les années d’apprentissage, une recherche en tout domaine, dans les plus petites choses, dans les plus cachées, dans le bien et le mal. Puis une quelconque lumière se lève et l’on poursuit

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