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Pour deux sous, j'irai avec toi
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Pour deux sous, j'irai avec toi
Ebook163 pages2 hours

Pour deux sous, j'irai avec toi

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About this ebook

C’est le printemps de 1917, et Walter « Pat » Lusk s’ennuie.  Tout seul à son bureau minable au Michigan, il rêve de la gloire pendant que la Grande Guerre fait rage en Europe, mais son expérience de la guerre est limitée à la lecture dans les journaux des exploits héroïques des soldats engagés au combat acharné .  Puis un jour, son ami Aubrey arrive et lui dit en jubilant que les États-Unis ont déclaré la guerre à l’Allemagne !  Ce jour-là, Pat abandonne son poste et s’enrôle dans l’armée américaine à la recherche de la grande aventure de ses rêves.  Affecté à l’Hôpital d’Évacuation No. 4 où il est aide-chirurgien, est-ce que Pat trouvera enfin la gloire qu’il désire en soignant les soldats grièvement blessés pendant les jours les plus sombres de la guerre ?  Est-ce que l’Armistice apportera la paix aux gars de l’Évac No. 4 ou est-ce qu’il y aura une période plus difficile à venir ?  Inspiré de faits réels, Pour deux sous, j’irai avec toi est un roman captivant et émouvant qui reflète bien la force de l’amitié et le sacrifice inimaginable des jeunes Américains en temps de guerre.

LanguageFrançais
Release dateApr 25, 2016
ISBN9781533787736
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    Pour deux sous, j'irai avec toi - Marcia Maxwell

    UN

    C’était tellement difficile de me réveiller.  Le tapotage des roues sur les rails de fer créait un rythme apaisant qui ne lâchait pas mon corps et mon cerveau somnolents.  Je me frottai le visage avec mes mains, puis je m’étirai autant que possible sans déranger les autres assis sur les sièges tout près de moi.  Je me sentais un peu plus réveillé, alors je me suis détourné un peu pour regarder par la fenêtre.  Il faisait toujours noir, je pouvais tout juste apercevoir la silhouette massive des montagnes au-dessus de ma tête.  Je souhaitais que le soleil se dépêche.  Ce serait la première fois que je verrais des montagnes et je ne voulais pas les rater.

    Vous vous demandez peut-être pourquoi un type maigre se trouvait dans un train entassé de jeunes hommes en direction du Sud profond.  Moi, je ne pense pas que c’est une histoire hors du commun, mais je vais vous la raconter et vous pouvez décider par vous-même.

    Auparavant, je travaillais comme employé de bureau pour la compagnie de Dow Chemical à Midland au Michigan.  Il n’était pas terrible, mon travail.  Tout d’abord, c’était à Midland.  J’en touchais assez pour ma chambre à la pension de Mrs. McGarvey.  Tout ce qui restait, je l’envoyais à Maman, mais c’était bien évident que je n’allais jamais flanquer le Kaiser hors de sa place habituelle à la une.  Puis, un jour vers la fin d’avril mon copain Aubrey vint me voir, souriant comme une citrouille fendue.

    « Qu’est-ce que tu fais maintenant ? demandai-je.

    Il écarta les bras et fit quelques pas de valse.

    « Je m’en vais faire le tour du monde, » dit-il.

    Je lui fis les gros yeux.

    « Tu plaisantes.

    —Pas du tout.  Nous avons dit mille fois que nous voulions voir toutes les belles demoiselles à Paris, tu t’en souviens ? »

    Je fis oui de la tête.

    « Eh bien !  J’y vais, et l’Armée américaine va me payer le billet !

    —Il ne faut pas exagérer, Aubrey. »

    Il se redressa.

    « Mon cher Pat.  Dis-moi franchement : est-ce que j’ai jamais plaisanté quand il s’agissait des femmes ?

    —Non, mais... »

    Il me saisit le bras.

    « Viens avec moi !  Tous les jours, tu me parles de la grande aventure qui t’attend, mais tu ne la trouveras jamais ici.  Tu bosses comme un fou pour un salaire minable de douze dollars par semaine, et pourquoi ? »

    Il regarda le bureau minuscule où je passais mes jours, les tas de factures, les piles de grands livres poussiéreux aux pages cornées tachées çà et là d’encre.

    « Ce n’est pas si mal que ça ! protestai-je.

    Aubrey mit la tête d’un côté et leva lentement un sourcil.

    « Ce n’est pas si mal, » répétai-je.

    Aubrey mit les mains sur mes épaules.

    « Pat.  Mon vieux.  Depuis combien de temps est-ce qu’on se connaît ?  Dix ans, n’est-ce pas ?  Et pendant ce temps, est-ce que tu as eu la moindre opportunité d’engager une conversation avec une jeune femme?

    Je le regardai pendant que l’horloge derrière lui semblait claquer la langue d’un ton désapprobateur.

    Je commençai à répondre mais Aubrey fit un geste qui me tut.

    « Les cousines, ça ne compte pas ! » dit-il.  « La fille de Mrs. McGarvey non plus. »

    Je m’adossai à la chaise, les mains levées en capitulation feinte.

    « Bon, bon, d’accord !  Qu’est-ce que tu me conseilles, alors, puisque tu es si intelligent ?

    —Viens avec moi ! Lève la main droite et jure de soutenir honnêtement et fidèlement la Constitution contre tout ennemi et tu seras vite entouré de belles jeunes filles prêtes à te parlay-voo. » 

    Je hochai la tête.

    « Quand tu le dis comme ça, ça semble si simple. »

    Aubrey tendit les mains, les paumes au ciel.

    « Mais c’est tout à fait simple, voyons !  Tu signes et voilà ! Tu t’en vas! »

    Je me levai de ma chaise pour m’approcher de la petite fenêtre tachée à côté de mon bureau.  Dessous, dans le dépôt, je pouvais voir des douzaines de fourgons lentement manœuvrés comme s’ils étaient des bœufs dans un parc à bestiaux.  Tout d’un coup je pensai à Papa, un honnête homme qui travailla dur toute sa vie mais ses histoires de commerçant et de fermier n’allumèrent jamais mon imagination comme celles de Papy.  Bull Run, Gettysburg, la Bataille de la Wilderness—on parlait de ses exploits avec la Première Cavalerie du Michigan pendant toute mon enfance.  Est-ce que j’aurais des histoires comme les siennes que je pourrais raconter à mes petits-enfants ?  Ici, à Midland, avec mon petit travail à mon petit bureau ?

    Je regardai Aubrey.

    « Tu as tout à fait raison, mon vieux !  Pour deux sous, j’irai avec toi ! »

    Aubrey fouilla vite ses poches où il trouva une petite pièce qu’il mit avec une délicatesse admirable sur l’ongle de son pouce.  Puis, d’un petit coup il me la projeta.

    « Et voilà, dit-il.  Dès maintenant, plus d’excuses ! »

    C’était ainsi que ce jour-là j’allai à la mairie et m’enrôlai dans l’Armée pour la durée de la guerre plus un an.  Lorsque je l’annonçai enfin à Maman, elle s’écroula presque sous le poids de ses anxiétés mais avec tous les jeunes hommes de notre village qui s’enrôlaient à ce moment-là, elle ne se coucha pas pendant une semaine, ce qui était son habitude.  Par contre, les larmes aux yeux, elle fit bon visage et dit au revoir à moi et à mes frères aînés Harold et George qui s’engagèrent eux aussi comme volontaires.  Nous partirions tous les trois.

    Heureusement pour elle, nous ne nous en allâmes pas immédiatement.  Des dizaines de milliers d’hommes répondirent à l’appel lorsque le Président nous sollicita de rendre le monde sûr pour la démocratie, mais enfin tôt en automne, l’Armée me dirigea à Detroit pour mon appel sous les drapeaux.  Là, je reçus quelques parties de mon uniforme kaki et plusieurs vaccins avant de monter en train pour le voyage de trois jours au camp de Greenleaf dans le nord de la Géorgie.  Le train s’arrêta enfin à côté d’une petite gare miteuse.  Un panneau en noir et blanc fané, qui pendait de l’avant-toit proclama notre arrivée à Lytle, à une centaine de milles au nord d’Atlanta à 2700 pieds au-dessus du niveau de la mer.  Je venais de trouver ma valise lorsque quelques hommes en uniforme s’approchèrent.  L’un d’eux, avec des croix épinglées à son col, fit un pas en avant.

    —Bonjour, messieurs.  Je suis le révérend Lowell, et je suis l’aumônier du camp de Greenleaf.  Je suppose que votre voyage s’est bien passé ?  Excellent !  Si vous mettez vos bagages dans le camion garé juste là-bas nous serons vite en route.

    Nos valises rangées, les autres soldats nous organisèrent en rangs de quatre côtes à côtes.  Il paraissait que nous arriverions à notre destination à pied.  Le train, qui n’allait pas directement au camp de Greenleaf, faisait un coude vers l’ouest aux alentours de Lytle et passait dans la Vallée de Chattanooga.  Nous suivîmes le camion dans une rue de terre battue bordée à droite et à gauche par des pins maigres aux aiguilles longues.  Au nord se trouvaient les monts Great Smoky mais pourquoi on les appelait ainsi je n’en avais pas la moindre idée.  Maintenant, en plein jour, ils me semblaient aussi solides, aussi substantiels que je les avais imaginés.  Nous marchions à vive allure, remplis d’appréciation pour le soleil éclatant et l’air vif de ce joli matin.  Après avoir marché un mille environ je vis quelque mouvement dans le sous-bois.  Alors que nous nous approchions du lieu, j’aperçus deux enfants accroupis derrière un arbre.  Lorsque je leur souris, ils me tournèrent brusquement le dos et partirent en flèche vers une vieille maison grise affectée par le temps perchée sur une colline que je pouvais juste voir de la rue.  Eh bien !  S’ils étaient comme les enfants des fermiers de mon village ils ne voyaient probablement pas beaucoup d’étrangers.  Entre deux arbres je pouvais voir un champ où un vieillard qui marchait derrière un mulet retournait le chaume de l’année précédente.  Je considérais de le saluer, mais tout compte fait je décidai que non.  Les soldats qui nous escortaient, est-ce qu’ils approuveraient une telle familiarité avec les civils ?  Impossible de savoir.  Peu après, nous vîmes l’entrée du camp d’Oglethorpe, marquée par deux poteaux solides de chaque côté avec une petite guérite blanche juste au-delà.  On nous commanda de nous arrêter, puis le révérend Lowell et un des autres soldats avec plusieurs chevrons sur sa manche, allaient parler avec le soldat dans son abri.  Après avoir consulté une liasse épaisse de papiers il leur fit un signe de tête affirmatif et nous entrâmes.

    Pendant que nous marchions dans la rue macadamisée qui menait jusqu’au camp de Greenleaf mon cœur commença à palpiter contre mes côtes lorsque je me rendis compte que je suivais les traces de Papy.  Il fit la guerre pour préserver l’Union, où il gravit du grade de sous-lieutenant à capitaine et puis à chef d’escadron avant d’être rapatrié au Michigan avec une jambe fracturée.  En clignant les yeux pour refouler mes larmes je me demandais si moi aussi je pouvais devenir un officier.  J’étais un simple soldat mais on ne savait jamais ce qui se passerait en temps de guerre.

    C’était vraiment dommage qu’Aubrey ne m’accompagne pas pour partager ces moments de bonheur mais l’Armée l’avait envoyé à un camp au Texas.  Peu importe.  Nous entrâmes dans une vaste étendue d’argile rouge vif pleine de rangs bien ordonnés de tentes en toile blanche montées sur des plateformes solides en bois.  Çà et là je pouvais voir plusieurs bâtiments bas.  Quelques-uns, je supposai, étaient des casernes, les autres étaient manifestement des écuries, et tout l’espace vide entre eux grouillait d’hommes comme des punaises d’érable négondo sur un gros arbre au printemps.  Le bruit s’éleva vite à un véritable tumulte qui me frappait aux oreilles.  Cela ne me dérangeait pas—mes frères et moi et nos copains étions toujours une bande assez bruyante—mais je pouvais voir que les chants, les cris et les cadences de marche qui assaillaient nos tympans de chaque côté ébranlaient les types autour de moi.

    Nous reprîmes nos valises du camion, puis nous passâmes à un bâtiment où nous reçûmes encore du matériel avant de continuer à la rue de notre compagnie.  Là, on nous divisa en petits groupes de trois ou quatre, chacun à sa propre tente.  Il n’y avait aucun temps pour nous présenter—nous nous dîmes simplement « bonjour » avec une poignée de main rapide, puis on nous dit de chercher nos gamelles brillantes toutes neuves et d’aller directement à la cantine, où notre petit-déjeuner nous attendait.  Le porridge, les saucisses et le café n’avaient pas un goût exceptionnel mais au moins c’était copieux et j’en étais content parce qu’après toute l’activité du matin j’étais affamé.

    Après que nous avions lavé nos gamelles nous rentrâmes à nos tentes où le révérend Lowell et un autre homme, plus grand mais bien musclé, attendaient.

    « Bonjour à tous.  Je suis le commandant Cousins, commandant de votre compagnie.  Soyez les bienvenus au camp de Greenleaf.  Vous êtes maintenant des soldats des Etats-Unis d’Amérique.  Vous apprendrez beaucoup ici : le devoir d’un soldat, l’entretien et le maintien de votre matériel, les responsabilités d’un infirmier et d’un assistant en chirurgie, le travail nécessaire à la pharmacie et au laboratoire de même que la cuisine et la gestion de la cantine.   Avec le temps vous saurez comment marcher comme un soldat, comment penser, agir, être un soldat !  Tout cela ne sera pas facile et il y aura beaucoup de

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