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Un pas en avant (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 3)
Un pas en avant (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 3)
Un pas en avant (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 3)
Ebook463 pages6 hours

Un pas en avant (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 3)

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About this ebook

À la demande de son guide, David participe à l'OOO (Organisation des observateurs objectifs). L'OOO sera source de difficultés pour David. Il découvrira également qu'il possède un don étonnant qui pourrait être dangereux pour lui-même et ceux qu'il aime.
Chapitre 1 : L’Organisation des observateurs objectifs [OOO]4
Chapitre 2 : Maître Zhang19
Chapitre 3 : L’offre de Jean28
Chapitre 4 : Le renvoi de Jean35
Chapitre 5 : Alicia44
Chapitre 6 : La douche froide51
Chapitre 7 : Chez Jean et chez mes parents56
Chapitre 8 : Au retour de chez mes parents73
Chapitre 9 : Zhang, Max et moi83
Chapitre 10 : L’OOO manifeste103
Chapitre 11 : L’OOO fait la révolution117
Chapitre 12 : Max, son grand-père et son travail bénévole136
Chapitre 13 : Zhang et David146
Chapitre 14 : Max et la crucifixion170
Chapitre 15 : Mzimba, mort et Arsh185
Chapitre 16 : Max [suite]191
Chapitre 17 : Découverte du don de télépathie de David194
Chapitre 18 : Visite chez les parents de David et des nouvelles d’Alicia239

LanguageFrançais
Release dateJul 1, 2016
ISBN9782924400036
Un pas en avant (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 3)
Author

Danielle Tremblay

FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.

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    Un pas en avant (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 3) - Danielle Tremblay

    Monsieur tient beaucoup à ce que ses élèves participent aux organisations étudiantes. Alors, comme je dispose de peu de temps, j’ai trouvé un groupe qui ne m’en demandera pas trop. Ce groupe a organisé une réunion hier à l’heure du déjeuner pour discuter d’une rencontre possible avec mon maître.

    Lorsque le groupe me demande si je peux obtenir un rendez-vous avec lui, tout le monde me regarde, comme si j’avais l’entier contrôle de son agenda.

    — Je peux lui demander s’il a le temps de vous rencontrer. Mais je ne vous promets rien. C’est pas moi le patron, dis-je en souriant.

    — J’imagine, dit Céline. Il doit te serrer la pince, hein ?

    — Que veux-tu dire par « serrer la pince » ?

    — Bien, tu sais.

    — Non. Je ne sais pas.

    — C’est pas grave, oublie ça. Tant que tu nous organises une rencontre...

    — D’accord. Si vous me fournissez l’ordre du jour de la rencontre.

    — Y a pas d’ordre du jour, dit Éric. Nous n’avons qu’un seul sujet.

    — Quel est-il ?

    — Tu sais bien, répond Céline.

    — Non. Je ne sais pas.

    La tournure de cette discussion me donne envie de rire. J’essaie tant bien que mal de ne pas leur pouffer à la figure, mais ils doivent trouver que j’ai une bien belle humeur.

    — On parlera des points d’inaptitude, ce que les maîtres appellent aussi « avertissements ». Nous croyons que les novices ne devraient pas en recevoir à leur première arrestation. Il suffit d’en avoir trois pour être chassé. Un débutant risque trop de manquer à une règle ou une autre, parfois même sans le savoir. Et il aura droit à un avertissement. Ensuite, il n’a qu’une autre chance. À sa troisième arrestation, c’est le renvoi. Je trouve… Nous trouvons que c’est un peu trop expéditif.

    — Hum. Vous croyez que maître Arsh trouvera que c’est trop expéditif ?

    — Écoute, David. Peu importe ce qu’il croit ? Nous avons le droit de tenter de changer les choses, non ?

    — Ouais, vous pouvez essayer, dis-je.

    J’ai bien hâte d’assister à cette rencontre. Alors je vais sur-le-champ sonner à la porte du bureau de mon maître. Il n’est pas là, bien entendu, mais un élève qui en sort me dit qu’il est allé prendre son repas avec Marissa. Alors je vais sonner à la porte de maîtresse Borg.

    — Entrez, dit-elle.

    — Bonjour, Madame.

    — Bonjour. Si je me souviens bien, vous êtes David, n’est-ce pas ?

    Et j’entends quelqu’un sortir de la salle de toilettes.

    — Oui, tu as raison, Marissa. C’est cette espèce de ventouse qui ne veut pas me lâcher.

    Je me sens rougir si fort que je ne peux pas imaginer qu’elle ne s’en aperçoive pas.

    — Que veux-tu encore ? me demande Monsieur avec impatience.

    Je lui parle alors de l’OOO et de ce que ses membres veulent.

    — Intéressante discussion en vue, dit maîtresse Marissa.

    — Je ne suis pas sûr d’avoir du temps à perdre avec eux.

    — Allons Greg. Donne-leur au moins l’illusion d’être utiles à quelque chose. Et qui sait, peut-être que tu seras surpris.

    — Ça m’étonnerait effectivement si quelque chose me… surprenait, dit-il avec l’un de ses sourires en forme de J couché. Je ne sais combien de fois j’ai discuté de ce même sujet avec des élèves depuis que je travaille ici et ça n’aboutit jamais à rien de sérieux.

    — Fais-moi plaisir. Rencontre-les quand même. J’aimerais savoir ce qui se dira lors de cette réunion.

    Il la regarde en souriant, puis finit par accepter de nous rencontrer.

    — Demain. Midi dix.

    Puis se tournant vers elle :

    — Je ne crois pas qu’on pourra déjeuner ensemble demain.

    — De toute manière, je suis prise toute la journée.

    Je repars donc aussitôt rejoindre Céline à la salle commune, mais elle est déjà partie. Et je n’ai pas le temps de la retrouver. Je dois manger rapidement une bouchée et me rendre à mes cours.

    Une fois mes cours de l’après-midi terminés, je vais à la chambre de Céline, mais ne l’y trouve pas. Et je ne sais pas où demeurent les autres. Je cherche au bottin du collège et les appelle tous les uns après les autres. Personne ne répond. Je leur laisse tous un message pour leur dire qu’ils ont rendez-vous demain à midi dix au bureau de maître Arsh. S’ils ne prennent pas leurs messages, tant pis pour eux.

    Ensuite, je vais manger avant d’aller étudier et faire mes travaux. Heureusement que j’ai quelques cours que je ne suis pas obligé de suivre en classe, sinon, je n’arriverais jamais à remettre tous mes travaux à temps ou je ne pourrais plus dormir, il me faudrait travailler la nuit.

    Le lendemain matin, monsieur Idman, mon professeur d’activités physiques a organisé une sortie. On doit se rendre au lac en courant et en faire le tour deux fois avant de rentrer, toujours à la course. Le lac n’est pas bien grand et est bordé d’un sentier souvent parcouru par de nombreux maîtres et étudiants ; mais le tour est plein d’embûches et pentu par endroits. Le prof refuse de nous laisser rentrer tant qu’on n’a pas fini le deuxième tour. Mais moi, si je ne me grouille pas, je risque d’arriver en retard au bureau de mon maître. Je prends un raccourci que le prof refuse de nous laisser emprunter et j’accélère tant que je peux. J’en râle quand j’arrive enfin au bâtiment principal. Je me rends aussi vite que possible au bureau de mon maître. Je regarde l’heure sur l’horloge du corridor. Midi quinze.

    — Aïe oye ! me dis-je à moi-même.

    Je sonne. La porte s’ouvre. Monsieur et tout le groupe de l’OOO sont assis à l’arrière autour de la table basse. Plusieurs ont un jus ou une tisane à la main. J’approche d’eux et prends la posture d’attente.

    — Crois-tu qu’on peut se permettre d’arriver en retard à un rendez-vous que j’ai donné, David ?

    Triple merdouille ! Je sais bien que je n’ai le droit que de répondre à sa question. Rien d’autre, rien de plus.

    — Non, Monsieur.

    — Agenouille-toi.

    J’obéis et m’agenouille au bout de la table, près de lui.

    — Je croyais que tu avais compris que le temps est important ici comme en mission.

    Ce n’est pas une question, alors je me tais. Il me regarde, la tête penchée de côté.

    — Prends la baguette diamantée sur la table.

    Sur cette table basse, il a plusieurs objets très décoratifs. Il y a ses pierres, joliment empilées. Elles sont toutes vraiment très belles et j’ai eu l’occasion de découvrir qu’elles pouvaient devenir assez lourdes. Son ange de la destinée, fait d’un métal que je ne connais pas, les ailes repliées dans son dos, se tient debout au milieu des pierres. Une sorte de cube ou de boîte laquée noire porte de jolis motifs dorés représentant des galaxies, des planètes, des étoiles. Il y a un vase d’une forme inhabituelle qui semble en verre taillé. Il contient ses plantes artificielles faites d’un matériau translucide qui m’est inconnu, mais qui réfléchit la lumière en la divisant comme le ferait un prisme. Je doute d’ailleurs que la fleur et les roseaux de ce vase ne soient que décoratifs. Et la baguette dont me parle mon maître est vraiment magnifique. On dirait des centaines de diamants agglutinés les uns aux autres et formant une tige d’environ vingt centimètres de long par trois quarts de centimètre de large. Ses extrémités sont un peu incurvées.

    Je prends la baguette, comme il l’a exigé.

    — Place-la entre tes deux bras, de manière à la tenir en appui contre tes poignets.

    Pour arriver à faire ce qu’il me demande, je la place sur le bord de la table, puis je la soulève en pressant ses deux extrémités incurvées sur mes poignets.

    Je me mets aussitôt à sentir des picotements partout en moi. C’est comme si des milliers de diamants aux angles acérés me parcouraient les veines, les nerfs, chacune de mes cellules. La baguette s’illumine. Petit à petit, les picotements se font plus tranchants. On dirait que les arêtes des facettes des diamants sont en train de devenir des lames de rasoir. La baguette brille maintenant de mille feux, qui voyagent dans les deux sens d’une extrémité à l’autre à une vitesse étourdissante. Je regarde mon maître, paniqué. S’il faut que la douleur empire, je ne crois pas que je pourrai continuer de tenir cette baguette bien longtemps.

    — Je ne te recommande pas de la laisser tomber, David, ni de la presser trop fort entre tes poignets. Elle est très fragile et elle se briserait. Tu n’as pas idée de ce que tu endurerais si tu la brisais.

    Je pense : « Je ferai… de mon mieux, Monsieur ». Je voulais ajouter quelque chose commençant par « mais… » pour expliquer que mon cours s’est terminé plus tard que prévu. Pourtant, je sais bien que si je m’étais donné la peine de courir aussi vite que je le pouvais dès le début de la course, j’aurais fait les deux tours avant midi et serais arrivé à ce bureau à temps pour le rendez-vous. Alors je n’ajoute rien pour ne pas empirer ma situation.

    — Très bien. Si nous poursuivions la discussion. Que disiez-vous déjà ?

    Tout le monde continue de me regarder et de regarder flamboyer la baguette. C’est exactement comme si mon maître n’avait rien dit. Vu que je n’ai pas la permission de parler, je me racle la gorge en pointant du menton vers Monsieur pour les encourager à lui prêter un peu plus d’attention.

    Ils se retournent tous vers mon maître. Et Céline donne la raison de leur présence et ajoute que l’OOO croit qu’on pourrait attendre à la deuxième arrestation pour donner un point d’inaptitude à un novice.

    — Et que fait-on si, par exemple, à la première infraction, le novice, comme vous le nommez, a failli tuer quelqu’un en le frappant avec un couteau ou un objet contondant, par exemple ? demande Monsieur.

    J’essaie de ne pas me laisser envahir par l’image des milliers de diamants tranchants voyageant à toute vitesse dans mon corps. J’ai le souffle court. J’ai envie de hurler et de laisser tomber la baguette. Je tremble. Alors je pose les poignets sur mes cuisses, pour ne pas risquer qu’elle tombe et se brise.

    — Tu presses trop fort, David. Tu vas la casser. Tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas averti.

    Je pense : « C’est très difficile, Monsieur, de contrôler mon corps pendant que des lames de rasoir le parcourent. » Mais il continue de discuter avec ses visiteurs.

    J’essaie de ne pas trop accentuer la pression sur la baguette entre mes poignets ni de trop la relâcher. Je sens la sueur couler sur mon visage.

    — Évidemment, Monsieur, si l’offense est assez grave, il pourrait quand même recevoir un avertissement assorti du point d’inaptitude habituel, répond Céline.

    Tout le groupe approuve.

    — Comment déterminera-t-on si l’offense est suffisamment grave pour lui mériter ce point ?

    — Nous pourrions en discuter.

    — En discuter ? À quel moment ? Devrait-on en parler à chaque arrestation et décider ensemble de la nécessité du point d’inaptitude ? Ou si nous devrons nous réunir à plusieurs reprises pour passer en revue toutes les offenses possibles et décider si elles mériteront ou non un point ? Par ailleurs, qui devrait participer à ces discussions ? Vous et moi seulement, ou si d’autres personnes devraient se joindre à nous ? Prendra-t-on la décision par vote à main levée, par vote secret ou autrement ? Devra-t-on avoir l’unanimité pour adopter un choix ou juste la majorité ? Est-ce que le Conseil ou le Grand Conseil devrait entériner nos décisions ? Jugez-vous avoir l’expérience et l’autorité requises pour participer à de telles décisions ?

    — Eh... Peut-être qu’on pourrait en discuter avec le Conseil, suggère Éric.

    — Ah, bon. Vous voulez que l’on organise des rencontres entre vous et tout le Conseil pour discuter, peut-être pendant plusieurs mois, selon la disponibilité de ses membres, qui sont tous fort occupés, des nombreux cas possibles de manquements aux règlements et de ce qu’il conviendrait de faire lors de chacune des arrestations. Ai-je bien compris ?

    Tout le monde reste silencieux. Je commence maintenant à comprendre pourquoi mon maître hésitait à les rencontrer.

    — Monsieur, puis-je…, commencé-je sans réussir à demander la permission de parler.

    La douleur est trop intense soudain, même ma bouche semble se remplir de lames affilées à chaque mot que je prononce, comme si c’étaient les mots eux-mêmes qui devenaient tranchants.

    — Oui, David, tu peux parler librement.

    — Puis-je… déposer la baguette… un instant…, s’il vous plaît, Monsieur ?

    — Non.

    — Monsieur, n’a-t-il pas été assez durement puni pour son retard ? Il a l’air de souffrir horriblement, dit Matt.

    — La baguette n’est pas attachée à ses poignets. Il peut la déposer. S’il la garde, c’est son choix.

    — Oui, mais j’imagine ce que vous feriez s’il avait le malheur de la déposer, dit Éric. Ne l’avez-vous pas menacé tantôt de ce qui arriverait s’il ne faisait même que l’échapper ? Je trouve que c’est atroce. Arrêtez ça !

    Tous tournent alternativement la tête entre moi, Éric et mon maître. On peut dire que mon maître donne quelque chose à observer aux « observateurs objectifs ». Que feront-ils en sortant de son bureau ? S’empresseront-ils d’aller porter plainte contre lui pour cruauté envers un novice ?

    Je recommence ma tentative de question.

    — Monsieur…

    — Tu ne veux pas encore me demander de te libérer de la baguette ?

    — Non, maître.

    Je me dis que j’ai connu l’usage des pierres de sa table. Maintenant, je découvre celui de cette baguette. Quand donc utilisera-t-il sur moi ses plantes et la boîte ?

    — Au rythme où tu commets les erreurs, ça ne devrait pas trop tarder, me répond mon maître mentalement, avec un sourire moqueur qui doit paraître bien cruel aux autres personnes présentes.

    — Que veux-tu alors ?

    — Ne pourriez-vous pas…

    Je m’arrête, incapable de prononcer un mot de plus.

    — Essaie de respirer plus lentement et plus profondément. Pense à autre chose qu’à la douleur. Laisse-la agir en toi, ne la combats pas. Plus tu lui résisteras, plus tu auras mal.

    Son ton de voix était presque hypnotique. Rien qu’en l’entendant, j’ai eu l’impression que la douleur s’atténuait un peu.

    Je m’efforce de faire ce qu’il me demande. J’essaie de ne surtout pas paniquer, de mieux respirer, de me détendre et de ne pas lutter, ne pas me rebeller contre la douleur. Plus je sens le calme m’envahir, plus la douleur décroît. Je cesse de trembler et je relève la tête. Je vois que mon maître me sourit.

    — C’est très bien, David. Tu fais du bon travail sur toi-même. Continue. Je suis sûr que tu peux faire encore mieux.

    — Oui, maître.

    La seule idée de la disparition possible de la souffrance m’aide à moins la ressentir. Et moins je la ressens, plus il m’est facile de ne pas lutter contre elle. Je sens que bientôt, elle aura complètement disparu. Cette idée m’apaise un peu plus encore. Voilà que je me sens assez bien pour poser la question que je n’avais pas réussi à terminer avant.

    — Ne pourriez-vous pas juste présenter… leur demande de modification… du nombre de points… au Conseil et le laisser… décider de ce qu’il en fera ?

    — Demande accordée, David. D’autant plus que le fait que tu arrives à penser à une solution et à la formuler clairement dans ta situation actuelle est une réussite qui mérite bien une récompense.

    — Merci, maître, dis-je.

    Je me sens même assez bien pour lui sourire. Et lorsque je regarde la baguette, je vois que les feux sont en train de s’éteindre complètement. Elle redevient telle qu’elle était avant que je ne la prenne.

    — Bon, d’accord, conclut Céline. Pourriez-vous nous informer de ce que le Conseil aura décidé ?

    — Le Conseil devrait vous inviter à participer à leur prochaine rencontre. Sinon, je vous informerai de sa décision.

    — Très bien, alors nous allons manger et retourner en classe.

    Je regarde l’heure. Il est midi cinquante. Les cours vont bientôt reprendre. Si je ne veux pas arriver en retard, je n’aurai pas le temps de manger.

    Éric me demande :

    — Est-ce que ça va, David ?

    Je tiens encore la baguette, mais elle s’est éteinte. Monsieur me dit que je peux la déposer. Je la replace dans la même position que je l’avais trouvée sur la table basse. Je regarde Éric et lui réponds :

    — Je me sens très bien. Je t’assure.

    Et c’est très vrai. Si ce n’était la fatigue causée par ma course de ce matin et cet exercice de contrôle de soi, je me sentirais mieux que depuis bien longtemps.

    — Tu devrais changer de maître. Laisse-le tomber, ajoute-t-il en désignant mon maître de la tête.

    — Viens, Éric, lui dit Céline dans l’embrasure de la porte. On en reparlera, toi et moi.

    Il insiste :

    — N’importe quel maître accepterait de t’avoir comme élève.

    — C’est gentil de t’intéresser à mon sort, Éric, mais je n’ai aucune envie de changer de maître. Celui que j’ai me convient parfaitement.

    — Tu dis ça juste parce qu’il est là, hein ?

    — Non. Je me doute bien que quoi que je te dise, tu ne voudras pas me croire, mais maître Arsh est mon maître et je tiens à continuer avec lui.

    Éric me regarde, puis regarde mon maître, qui est en train de s’installer à sa table de travail et qui semble indifférent à cette discussion.

    — Viens, Éric, s’il te plaît, insiste Céline.

    Il la suit, non sans avoir jeté un dernier regard féroce au maître. Monsieur me permet de me lever.

    — Ils vont porter plainte contre vous, Monsieur. J’en suis presque certain.

    — Moi, je suis tout à fait certain qu’ils le feront. Mais ils vont avoir une jolie surprise.

    — Comment ça ?

    — Aucun d’eux ne connaît l’utilité réelle de cette baguette.

    — Son utilité réelle ?

    — Elle est une sorte de purificateur biologique. Ceux qui en font usage, comme tu l’as fait, voient tout leur organisme purifié de tout ce qui est nuisible à leur santé : virus, mauvaises bactéries, drogues, toxines, mauvais cholestérol, etc. En fait, personne ne connaît exactement toute l’étendue de son action. Mais ceux qui l’utilisent et qu’elle ne tue pas en ressortent en une exceptionnelle forme physique et mentale.

    — Qu’elle ne tue pas ?!

    Aurait-il mis ma vie en danger ?

    — Ta vie n’a jamais été en danger, David. Sois certain qu’elle m’est assez précieuse pour que je ne la risque pas inutilement.

    — Je ne comprends pas. Pourquoi avez-vous dit « ceux qu’elle ne tue pas » ?

    — On pourrait croire qu’un tel objet trouverait une place de choix dans les hôpitaux.

    Cette idée m’avait en effet traversé l’esprit avant qu’il ne parle de ceux qu’elle tuerait.

    — Tu as ressenti son effet, David. Imagine qu’on l’utilise sur des personnes très affaiblies par la maladie ou par une blessure potentiellement mortelle. Plus on est malade ou gravement blessé, plus la douleur qu’elle inflige est intense. Tu es jeune et en santé, alors ce que tu as ressenti n’est rien. Rien du tout. D’autre part, elle retire toute drogue du sang, sans tenir compte de l’utilité de cette drogue. Elle éliminerait de l’organisme malade les médicaments et analgésiques qu’on lui aurait administrés. Il y a aussi le fait que si elle tombe, si on la brise ou si on arrête simplement le processus en la déposant avant la fin, la douleur, loin de s’arrêter, se retrouve multipliée par cent. C’est comme si elle cherchait à poursuivre son œuvre à distance. Et pour y arriver, elle élargit son champ d’action et renforce son pouvoir bénéfique. Mais cela signifie une douleur accrue et terrible qu’aucune drogue ne peut calmer. Elle finit bien par s’arrêter d’elle-même, mais on ne peut pas prévoir quand. Ça dépend de chaque cas. Parfois, ça peut durer plusieurs jours. C’est pourquoi je te disais de ne pas la laisser tomber ni la déposer.

    — Oh, je vous en remercie.

    Lorsqu’il m’a dit que je n’avais pas intérêt à la lâcher ou la casser, il a eu l’air de me menacer de pire encore que ce qu’il m’infligeait déjà. Mais il ne faisait que m’avertir du risque que je courais, dans le but de m’épargner une plus grande souffrance.

    — Mais, Monsieur, est-ce que ce n’est pas mieux de l’utiliser quand même que de laisser mourir quelqu’un à cause d’un virus dont il n’arriverait pas à se débarrasser autrement, par exemple ?

    — Oui, sauf que ce n’est pas tout le monde qui réussit aussi bien que toi à laisser la douleur le traverser sans lutter contre elle. Si une personne très malade utilise la baguette sans la laisser agir, la douleur pourrait devenir assez intense pour le tuer. J’ai déjà laissé une personne mourante en faire usage. Tu aurais dû voir les feux qui sortaient de cette baguette, c’était… hallucinant ! C’est même devenu aveuglant dans la chambre du malade. Mais l’homme est mort dans la plus atroce souffrance. Il m’avait dit : « Il n’y a plus rien qui puisse me sauver que ça. Je mourrai si on ne fait rien. Je vous en prie, laissez-moi l’essayer. C’est ma dernière chance. » Alors je l’ai fait.

    — Je comprends. J’aurais sûrement fait la même chose.

    Son histoire le rend songeur et moi de même.

    — S’il l’avait voulu, il aurait pu transférer son esprit dans une machine, au moins en attendant qu’on crée un clone de son corps, mais il ne voulait rien entendre de cette possibilité. Cet homme était un « naturaliste ». C’est-à-dire quelqu’un qui croit qu’un homme dont l’esprit est transféré dans une machine devient lui-même une machine. Il voulait rester totalement humain. C’est une philosophie très répandue sur toutes les planètes dont la science et la technologie permettent une fusion humain-machine. Sur Hadès, un tel mouvement philosophique n’existait pas. On a laissé les machines se réguler et se reproduire d’elles-mêmes, sans aucun contrôle humain. Et ces machines, pour on ne sait quelle raison, ont jugé préférable d’éliminer la forme de vie la plus intelligente de leur planète. Les Hadésiens ont gagné la guerre et réussi à éliminer les machines les plus évoluées. Dans le même élan, ils ont décidé d’éliminer et d’interdire toute forme de machines dites « intelligentes ». C’est comme ça qu’ils ont fini par se retrouver à vouloir créer un ordinateur biologique en prélevant et assemblant des cerveaux humains.

    — Ce qui a causé la mort de Frances et de nombreuses personnes, ajouté-je.

    — J’avais l’intention de faire usage de la baguette sur toi, à un moment ou à un autre, possiblement peu de temps avant les grands jeux, pour te permettre de retrouver toute ta santé, ta vitalité et l’énergie qui étaient les tiens lorsque tu étais encore enfant. Mais tu m’as donné une trop belle occasion de m’en servir aujourd’hui, ajoute-t-il en me faisant l’un de ses sourires espiègles.

    « Je te demande de me promettre de ne parler de tout ça à personne, David. Si tes amis portent plainte contre moi, et ils le feront, le Conseil voudra sans doute que tu témoignes sur ce qui s’est passé. Tu pourras alors répondre franchement. Mais tu n’en parles à personne d’autre d’ici là. »

    Ça signifie que je ne pourrai pas dire à mes camarades de l’OOO qu’ils vont se péter la gueule s’ils portent plainte contre mon maître pour ce qu’il m’a fait ce midi.

    — Je vous le promets, Monsieur.

    — Très bien. Veux-tu une tablette et un jus ?

    — Oui, d’accord.

    — Lesquels ?

    — Les mêmes que la dernière fois.

    — Tu ne veux pas essayer autre chose ?

    — J’ai bien aimé ce que vous m’avez donné l’autre jour.

    Il me tend le paquet orange et le jus de fruits très exotiques.

    — Merci, Monsieur.

    — Pour quoi ces remerciements ?

    — Pour tout, Monsieur. Pour avoir accepté de présenter leur demande devant le Conseil, pour la purification, la nourriture et le jus, pour l’exercice de maîtrise de soi et… pour la leçon.

    — Bien. Fort bien, David. Pars vite si tu ne veux pas que je sois forcé de te punir pour ton retard à ton cours, termine-t-il en me faisant encore un sourire taquin.

    Je sors et me rends à mon cours d’un pas très rapide. Mais je me sens plus léger que jamais. Il me semble que je pourrais courir toute la journée sans me fatiguer. Décidément, Monsieur a toutes sortes de tours dans son sac. Je me demande ce que sont en réalité ses plantes et ce qu’on ressent lorsqu’il utilise cette boîte ou cet ange sur nous. Qui sait, ses plantes artificielles ne sont peut-être rien de plus qu’une jolie décoration. Cette idée improbable me fait sourire.

    Une fois assis en classe, la prof me regarde déballer ma tablette nutritive sourcils froncés, tout en répondant à son com. J’entends la voix de mon maître, mais je suis trop loin pour comprendre ce qu’il dit. La prof répond tout en hochant plusieurs fois la tête, puis commence le cours sans plus se soucier de moi.

    Les autres élèves me regardent. Je sais que j’ai l’air d’un combattant tout droit sorti des tranchées après un dur combat. La sueur m’a plaqué les cheveux sur la tête et mes vêtements de course sur la peau. Normalement, je prends une douche et me change avant de venir en classe, mais je n’en ai pas vraiment eu le temps. Je pue la sueur, mais je me sens incroyablement bien. Il me semble pour une fois que tout ce que la prof dit est limpide comme la baguette cristalline du maître et que les exercices pratiques sont d’une simplicité enfantine.

    J’espère que mon maître va me dire si mes amis ont porté plainte contre lui, car je doute qu’on m’invite à la réunion de l’OOO qui discutera de cette question.

    Quelques jours plus tard, un message de mon maître sur mon répondeur me dit que j’ai rendez-vous à la salle du Conseil le lendemain soir à vingt heures et que je suis donc exceptionnellement exempté de mon cours pour la garde. Oui, mais je devrai m’arranger pour connaître cette matière d’une manière ou d’une autre. Ce qui signifie encore moins d’heures de sommeil.

    Le lendemain soir, j’arrive à dix-neuf heures cinquante à la porte de la salle du Conseil. Je donne mon nom au garde qui s’y trouve. Il ouvre la porte et me dit de m’asseoir là et d’attendre qu’on m’appelle. « Là », c’est une sorte d’antichambre où ont dû attendre d’autres élèves et même des maîtres tout aussi anxieux que moi. Un autre garde se tient dans la posture d’attente à droite de la porte menant à la salle de réunion. « Bien gardée », me dis-je.

    Quand on me dit d’entrer, je vois l’OOO en entier assis à une extrémité d’une grande table ovale. Et plusieurs membres du Conseil se trouvent assis à l’autre extrémité. Mon maître est debout entre les deux, jambes légèrement écartées et avant-bras joints dans son dos. Je salue tout le monde de la tête. On me dit d’aller me tenir à côté de lui. Je vais me mettre près de lui, mais un peu en retrait. Je prends la même posture que lui et tout comme lui, j’attends en silence.

    Céline présente son accusation. La grande maîtresse demande à Monsieur s’il a besoin de quelqu’un pour prendre sa défense.

    — Non, Madame.

    — Le contraire m’aurait surprise, dit-elle en souriant.

    — Pourquoi avez-vous puni cet élève ? questionne-t-elle.

    — Il est arrivé en retard à son rendez-vous.

    — Oui, et vous n’admettez aucun retard, n’est-ce pas ?

    — Aucun retard non justifié, Madame.

    — Et vous, David, croyez-vous que votre retard était justifié ?

    — Non, Madame.

    — Votre professeur d’entraînement physique nous a pourtant dit vous avoir fait faire le tour du lac à deux reprises juste avant l’heure du repas. Est-ce exact ?

    — Oui, Madame.

    Je pourrais poursuivre avec des explications. Mais mon maître m’a habitué à ne parler que pour répondre aux questions qu’on me pose, à moins qu’on m’invite à parler librement. Et cette règle commence à devenir un automatisme pour moi.

    — Vous le saviez, Greg ?

    — Bien sûr, Madame.

    — Malgré ça, David, vous considérez que votre retard n’était pas justifié ?

    — Oui, Madame.

    — Pourquoi ?

    — Parce que j’aurais pu arriver à l’heure si je m’en étais vraiment donné la peine.

    — Que voulez-vous dire ?

    — Je me suis rendu compte, quinze minutes avant l’heure du repas que, si je continuais de courir au même rythme, j’allais arriver en retard. Mais j’aurais très bien pu le prévoir et courir aussi vite que je le pouvais dès le départ. Je ne l’ai pas fait.

    — D’accord. Ne croyez-vous pas que la punition était excessive pour une erreur de quelques minutes ? me questionne-t-elle encore.

    — Madame, c’était la troisième fois que j’arrivais en retard en quelques jours. J’estime avoir eu de la chance de m’en tirer comme ça.

    — Presque trois quarts d’heure de dure souffrance, et vous jugez avoir eu de la chance de vous en tirer aussi bien ?

    — Ce n’était pas aussi dur pendant toute la durée de ma peine, Madame. La douleur n’a pas cessé de décroître pendant tout le temps que je tenais la baguette. Durant les dernières minutes, je ne sentais presque plus rien.

    J’aimerais dire que, de toute manière, mon maître m’aurait fait vivre ça quand même pour me régénérer pour les grands jeux, que c’est juste arrivé plus tôt que prévu, mais on ne m’a pas questionné à ce sujet pour l’instant.

    — Donc, vous ne porterez pas plainte contre votre maître ?

    — Non, Madame.

    — Et il ne vous a menacé en aucune façon pour vous forcer à répondre comme vous venez de le faire ?

    — Non, Madame, bien au contraire.

    — Comment cela, « bien au contraire » ?

    — Il m’a recommandé de vous répondre très franchement.

    — Greg, pouvez-vous justifier la dureté et la durée de cette punition ?

    — Ce n’était pas réellement une punition.

    — Non ? Pourtant, si j’en juge par ce que nous avons vu tout à l’heure, je dirais que ça semblait assez pénible et vous lui avez dit l’avoir fait en raison de son retard.

    — Pardonnez-moi de vous contredire, Madame. Je ne lui ai pas dit ça. J’ai juste demandé à David s’il croyait avoir le droit d’arriver en retard à un rendez-vous. Et je lui ai ensuite commandé de prendre la baguette. C’est lui, vous et tout l’OOO qui en avez conclu que l’un était la conséquence directe de l’autre.

    — Ça ne l’était pas.

    — D’une certaine façon, oui. Mais en réalité, j’avais l’intention d’utiliser la baguette sur lui d’ici peu.

    — Pourquoi ?

    — À cause de son utilité réelle.

    — Pourriez-vous nous dire quelle est cette utilité ?

    Il l’explique, comme il l’a fait pour moi après l’avoir utilisée.

    — Connaissiez-vous cette utilité, David ?

    — Oui, Madame.

    Je ne m’empresse pas de préciser qu’au moment où elle a été utilisée, je ne le savais pas encore. Et elle ne me le demande pas.

    Elle questionne ensuite les autres membres de l’OOO pour savoir s’ils maintiennent leur plainte. Ils discutent entre eux et ne semblent pas d’accord. Éric demande à prendre la parole. La grande maîtresse l’autorise à parler.

    — N’y avait-il pas moyen pour monsieur Arsh de... purifier autrement son élève ? Si oui, pourquoi lui infliger ça ? Et pourquoi lui laisser croire qu’il le faisait pour le punir ?

    — Greg, pouvez-vous répondre ?

    — Je ne connais aucun autre moyen qui ait le millième de l’efficacité de cette baguette ou la rapidité de son effet. Par ailleurs, cela a aussi constitué un excellent entraînement à la maîtrise de soi pour David. On peut, si on contrôle notre esprit, ne pratiquement pas ressentir la douleur de cette baguette. Et David a très bien su atténuer cette douleur en maîtrisant sa respiration et ses pensées. Quant à savoir pourquoi je l’ai fait à ce moment-là, c’était en partie pour punir David de son retard, qu’il reconnaît lui-même avoir pu éviter. Mais c’était aussi en raison de la présence de l’OOO dans mon bureau. Je tenais beaucoup à savoir si cette organisation de surveillance de l’éthique d’Éden se fierait aux apparences et s’empresserait de sauter aux pires conclusions. Ce qu’elle a fait en portant rapidement plainte contre mes « mauvais traitements ».

    — N’auriez-vous pas agi comme ils l’ont fait si vous aviez été à leur place ?

    — Certainement pas, Madame, répond sans hésitation mon maître.

    — Et vous, David ? N’auriez-vous pas été porté à agir comme eux ?

    — Porté ? Oui, Madame, peut-être. Mais je pense que je me serais d’abord informé sur ce qu’était au juste cette baguette, si ce n’était rien d’autre qu’une sorte d’instrument de torture sophistiqué, avant d’agir.

    La grande maîtresse demande une recherche à l’Informateur universel, qui nous montre une très jolie image de la baguette dans toute sa flamboyance et une autre quand elle n’est pas en activité. On décrit autant la douleur très intense que cet instrument peut infliger que la possibilité de la contrôler. On expose aussi en détail les effets bénéfiques pour la santé, la purification et le rajeunissement cellulaire qu’elle accomplit. On ajoute que personne n’a encore pu en déterminer le mode de fonctionnement exact et qu’étant donné qu’on ne peut prélever un seul diamant sans détruire la baguette et la rendre inutilisable, on ne peut que s’astreindre à des tests non destructifs, qui n’ont rien donné de vraiment concluant jusqu’ici. J’apprends aussi, à mon grand étonnement, que le prix d’une seule de ces baguettes est évalué à plusieurs centaines de millions de terro-dollars en raison de sa rareté.

    Dire qu’à force de tremblements, j’aurais pu la briser ! Je comprends les avertissements répétés de mon maître à ne pas trop la presser entre mes poignets.

    — Je crois qu’on peut dire qu’il est assez facile de trouver de l’information à ce sujet, conclut la grande maîtresse.

    Elle demande ensuite aux membres de l’OOO s’ils maintiennent leur plainte. Céline regarde Éric et Matt, puis les autres membres de l’OOO tout en secouant la tête de droite à gauche. Éric semble tenté d’ajouter quelque chose, mais il ne le fait pas. Matt s’est enfoncé dans son siège, bras croisés et la mine boudeuse. Il a l’air perdu dans ses pensées. Céline finit par répondre :

    — Non. Nous la retirons.

    — Bien, cela conclut ce point à l’ordre du jour. Nous allons maintenant profiter de la présence de l’OOO pour traiter de sa demande concernant ce qu’elle appelle les points d’inaptitude. David, allez vous asseoir avec vos amis. Greg, veuillez nous rejoindre.

    Elle demande à l’OOO d’expliquer la nature de leur demande. Quand Céline a terminé, la grande maîtresse regarde mon maître et dit :

    — Encore une fois ?

    — Désolé, Madame. Je crains que ça ne vous soit pas épargné une seule année de votre mandat.

    — C’est ce qu’il me semble. On dirait que cette question préoccupe beaucoup les élèves.

    — Si vous me permettez, Madame, demande mon maître.

    — Oui, Greg, continuez.

    — Ne pourrait-on pas, à l’instigation de David, demander à l’OOO de faire ses devoirs et de commencer par mieux préparer son dossier ? Aucun d’eux n’a étudié la question. Personne n’a consulté les archives pour entendre toutes les discussions antérieures sur ce même sujet. Nous nous épargnerions ainsi des discussions stériles et une grande perte de temps.

    — Mademoiselle, dit-elle en s’adressant à Céline, est-il vrai

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