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Nouvelles Mystérieuses
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Ebook76 pages1 hour

Nouvelles Mystérieuses

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Quatre nouvelles qui transporteront le lecteur au gré de mystères, d’intrigues, de meurtres et de péripéties, aux côtés de personnages vertueux, étranges et sournois de ce monde et d’autres mondes.
LanguageFrançais
Release dateFeb 12, 2017
ISBN9781507165959
Nouvelles Mystérieuses

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    Nouvelles Mystérieuses - Salvatore Di Sante

    Superpeupliers

    Le phare

    Assis sur le rebord des rochers, Mario était perdu dans ses pensées. Au loin, la mer ressemblait à un magma sombre, grouillant et tumultueux. Il se souvint de la première fois qu’il s’était assis à cet endroit, il y a déjà bien des années. Et dire qu’à l’époque, il souffrait de vertiges ! A présent, l’altitude ne lui faisait plus aucun effet. Au contraire, lorsque quelque chose le troublait comme à cet instant-là, il avait l’habitude de revenir à cet emplacement précis, sur son promontoire, pour s’asseoir et méditer, contemplant ce ciel et cette mer qui avaient progressivement fini par s’ancrer en lui pour se mélanger à ses pensées et même à son être. Le regard fixé vers le lointain, il passait de temps à autre sa main dans sa barbe blanche pour la lisser. La pleine lune surgissait par intervalles de l’épaisse couche de nuages nocturne. Cette clarté intermittente lui rappela son phare, et il se prit à sourire à cette pensée. Il se retourna pour l’observer un instant. Le phare contrastait par sa blancheur presque irréelle avec ce monde de ténèbres. Puis il lança un regard à son chat Leo qui lui tenait compagnie. « Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ? En même temps, vous les chats, vous êtes des animaux nocturnes, tu dors toute la journée... Ce soir, la lune se comporte comme notre phare, pas vrai ? Regarde... Elle est là... Et maintenant, elle a disparu », lui glissa-t-il en le gratifiant de caresses dans le cou et d’un sourire. En retour, Leo redoubla ses ronronnements, entrouvrant ses petits yeux jaunes pour manifester son bonheur.  « Qu’est-ce qu’on va faire après ça ? Où ira-t-on, hein, Leo ? », poursuivit-il d’un ton soudain triste, changeant d’expression au hasard, comme s’il s’adressait au ciel ou à la mer. En effet, cette question était trop solennelle pour Leo, son fidèle compagnon depuis des années, si bien que Mario ne voulait pas lui imposer sa tristesse et ses inquiétudes. Leo cessa de ronronner pour scruter l’obscurité au loin à l’instar de son maître, comme s’il avait parfaitement saisi sa question et ses sous-entendus. Mario aussi l’avait comprise : « De toute façon, nous resterons ensemble, tous les deux, pas vrai ? Oui, je sais que tu ne m’abandonneras jamais... », dit-il en lui caressant doucement le dessus de la tête. Entretemps, un vent relativement froid s’était levé et le ciel ne cessait de s’assombrir. Leo s’ébroua et se gratta l’oreille de sa patte. Il allait sans doute pleuvoir. C’était la bonne réponse à la question, pensa Mario. Il ne fallait rien attendre de l’avenir. A l’horizon, au loin, les éclairs zébraient le ciel : l’orage s’approchait. « Et voilà, comme je l’avais prédit ! », s’exclama Mario, se rappelant sa question. Leo s’étirait et se dirigeait pas à pas vers le phare. Par cette intempérie, il préférait se rouler sur le lit et se laisser bercer par le clapotis des vagues impétueuses et le martellement continu de la pluie, caressé par la chaleur des couvertures avec la certitude d’être en sécurité, protégé par son maître et par les quatre murs du vieux phare, à l’abri des éclairs et du tonnerre. Mario s’attarda quelques instants supplémentaires. Ce soir-là, il ne trouvait pas le sommeil. Il avait appris que le nouveau gardien arriverait d’ici peu pour le remplacer, ou pour ainsi dire pour prendre son service, étant donné que Mario était déjà à la retraite, officiellement. Ce phare et cette fonction étaient désormais ses seules raisons de vivre et avec eux, il perdrait une partie de lui-même. Ils représentaient son coin de paradis, un endroit magique où il pouvait se remémorer sa jeunesse insouciante et lointaine, ainsi que l’événement tragique qui lui avait succédé. Ici, il avait su se reconstruire une part de sérénité. Jour après jour, il avait appris à s’approprier un royaume dont il était à la fois le seul souverain et sujet, abstraction faite de Leo, son preux chevalier félin. Il affectionnait cette vie et la solitude ne le dérangeait guère. Outre son travail, il avait ses lectures auxquelles il consacrait au moins deux ou trois heures quotidiennes et la compagnie de Leo, dont il devait s’occuper en toute circonstance. S’il n’en avait tenu qu’à lui, Mario aurait souhaité vivre ainsi pour le reste de ses jours. Il sentit une goutte de pluie sur son front et recula la tête, levant les yeux au ciel. La Grande Casserole était désormais presque entièrement recouverte, on entrevoyait à peine les trois étoiles qui constituaient sa queue. Lui vinrent alors en mémoire ces instants lorsqu’Alice venait le voir et lui montrait les constellations en lui racontant toutes les histoires merveilleuses de la voûte céleste, les amours, les guerres et les aventures de nombreux héros, dieux et demi-dieux. Il ferma les yeux et resta immobile un instant, savourant ce souvenir et cette image, au beau milieu de la pluie qui redoublait d’intensité. Il était sûrement temps de rejoindre Leo. Ainsi, Mario rentra lui aussi au phare, les yeux brillants, le visage éclairé par un sourire ténu.

    La faible lueur qui s’infiltrait par les interstices des persiennes le tira de son sommeil qui n’appartenait qu’à lui. La torpeur de la nuit calme laissa peu à peu place à une nouvelle journée comme tant d’autres. Paresseusement, Mario entrouvrit un œil pour prendre contact avec le soleil matinal et le monde, tandis que le reste de son corps était encore engourdi par une irrésistible chaleur qui semblait le retenir : « Allez, attends un peu, encore cinq minutes ». Autour de lui, un morceau de toit constitué d’un entrelacement de poutres en bois noir prit lentement forme. Il s’étira lentement, prenant soin de rester sous les couvertures, il ouvrit les deux yeux et il prit vaguement conscience qu’il s’était réveillé. Mais si, encore cinq minutes, se dit-il. Après tout, rien ne pressait. Il resta quelque temps dans cet état. Eveillé et immobile sur le lit, allongé sur dos, les yeux rivés sur le plafond. Dans ces moments-là, prendre la décision de se

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