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Baktu
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Ebook461 pages5 hours

Baktu

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About this ebook

La suite riche en action de Négatif Zéro met en scène Tomek sur une planète séquestrée, Baktu, à la recherche de la créature terrifiante qui a enlevé son ami et en première ligne face à une invasion impériale.

La suite de Négatif Zéro démarre tambour battant puisque notre intrépide concepteur de vaisseaux spatiaux se retrouve durant quelques minutes sous les feux de deux croiseurs d’élite appartenant à la flotte impériale Azten.  Après avoir défié directement l’Empire Azten des Mondes Fédérés, Tomek se dirige vers la surface d’une planète confinée, Baktu.

Coincé depuis presque un an sur cette planète où la technologie n’est guère évoluée, Tomek a trouvé un foyer. Il est même tombé sous le charme de Spri, une jeune baktie.

Mais les Baktis ont préservé un secret à l’égard de cet étranger. Un mystère qui pourrait l’aider à retrouver la créature qui a enlevé son ami Claymore. Cette même confidence explique pourquoi la planète a été mise en quarantaine par le gouvernement Azten depuis près de deux siècles.

Pendant que Tomek traque des monstres sur cette planète tranquille, une guerre civile a éclaté au sein de l’empire. Sans compter que l’organisation Trident n’a pas oublié leur ennemi juré.

En outre, l’armada de Golanta fonce vers Azten, détruisant toute forme de résistance sur son passage…

Baktu étant situé à la frontière de l’empire, comment les Baktis vont-ils gérer cette menace par leurs propres moyens ?

LanguageFrançais
PublisherBadPress
Release dateFeb 11, 2018
ISBN9781547516483
Baktu

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    Book preview

    Baktu - Jimm Grogan

    Remerciements

    De nombreuses personnes, rémunérées ou non, m'ont aidé durant la réalisation de ce livre.

    Des éditeurs, des illustrateurs et des âmes charitables.

    Je suis disposé à remercier nommément les principaux contributeurs.

    Certains d'entre eux pourraient être classifiés en plusieurs catégories.

    J'ai adoré découvrir l'interprétation de l'illustrateur de mes chapitres, et dans certains cas, j'ai été surpris.

    ––––––––

    Soutien, Conseil, Blog, Div.

    Julia Grogan, Katherine Nicole Cass 

    Éditeurs

    Anjanette Oborn, Scott Keleman, Miriam Ball 

    Écrivains

    Gavin Parish  Annexe – L’Histoire de Zha

    R.M. Black Annexe – L’Histoire de Faye

    V.M. Cherian Annexe – L’Histoire de Wrain

    Illustrateurs

    Prologue

    Les deux vaisseaux de guerre de l'empire Azten étaient sur le point de le rattraper. D'ici quelques minutes. Ils lui avaient fait savoir qu'ils comptaient le détruire.

    Tomek avait personnalisé son propre vaisseau, le Justicier, et l'avait doté d'une technologie dont il espérait qu'elle surpassait celle de ses poursuivants. Et cela, malgré les dommages subis par son appareil après avoir affronté ceux de Good Taste Incorporation dans l'hyperespace. Le système vers lequel il se dirigeait incarnait le seul atout qu’il lui restait dans sa manche.

    Il avait corrigé sa trajectoire pour foncer vers ce système solaire en vue d'effectuer des réparations, et non pour engager un nouveau combat. Désormais, il ne lui restait plus qu'une stratégie à adopter.

    Il détacha le harnais qui le retenait sur le siège de son cockpit et fit une pause pour étirer sa jambe engourdie afin de retrouver les moyens de marcher. Il prépara son sac de voyage avec des outils essentiels, des affaires et d'autres objets de convenance qui se trouvaient à sa portée. Il jeta le tout dans la capsule de secours. Il essaya de penser à ce dont il pourrait avoir besoin sur une planète étrange. Mais comment le saurait-il ?

    Rien de plus ne lui arriva, alors il se redirigea vers le cockpit.

    Il se débattit dans sa tenue spatiale au cas où que le pire se produise, puis il retourna à son siège pour se préparer à se battre. Il poursuivit sa route en gravitant autour de la planète Baktu et en écumant rapidement les fines couches supérieures de son atmosphère.

    — Attention aux vaisseaux aliens en approche, déclara une voix sur le canal de communication, pour la deuxième fois depuis son arrivée.

    — Ici la flotte impériale Azten. Baktu est une planète mise en quarantaine. Aucune forme de vie n'est autorisée à y atterrir ou à en décoller. Nous allons ouvrir le feu et vous anéantir si vous ne modifiez pas votre trajectoire.

    Baktu.

    Tomek réfléchit au nom mentionné par la voix. La voix lui confirma le nom. En outre, il s'agissait d'une planète interdite. Les choses étaient devenues encore plus palpitantes au cours des six dernières minutes.

    Alors qu'il commençait à admirer et à nourrir des fantasmes au sujet du monde situé en-dessous, des tirs lasers émanèrent du vaisseau de guerre frontal. Mais ils manquèrent leur cible en raison de la distance qui les séparait.

    Tomek ne se préoccupa pas de riposter ; il préférait attendre de pouvoir les atteindre. Il fit glisser ses doigts sur les menus et les applications apparaissant sur la surface de sa console afin d'inventorier les ressources encore disponibles.

    Son système de furtivité était endommagé, tout comme le système de propulsion et le bouclier qui ne constituaient plus des options. Son canon laser était tellement détérioré qu'il lui faudrait patienter dix-sept minutes pour le recharger entre chaque salve de tirs. Son fusil mitrailleur était fonctionnel, mais il ne lui restait plus que cent soixante-deux balles. Il ferait confiance à son ordinateur à visée améliorée pour effectuer le décompte. Il devait se surpasser pour leur résister. Il exécrait l'idée de sacrifier le Justicier, sa création la plus prodigieuse pour le moment, mais il ne voyait aucune autre alternative.

    Il respira bruyamment pour canaliser sa nervosité.

    Le vaisseau de guerre de tête prit quelques longueurs d'avance sur son compère. Il semblait presque assez proche pour assurer un tir. Tomek visa le fusil laser principal du vaisseau de tête avec son canon laser. Il vérifia que son laser avait verrouillé sa cible avec un maximum de précision, puis il attendit que la distance diminue afin de bénéficier d'une portée plus fiable. Enfin, il tira.

    La console confirma l'impact et Tomek se détendit un peu, mais juste un peu. Son laser serait de nouveau opérationnel dans dix-sept minutes. Le vaisseau de tête ralentit, permettant à l'autre appareil de guerre de le rattraper. Tomek eut un sourire en coin en imaginant qu'ils aient été intimidés par son efficacité. La prochaine fois, ils l'attaqueraient à deux et le laser de son appareil ne serait pas prêt.

    Désormais, il s'agissait d'un jeu de patience.

    Tomek glissa l’un de ses doigts le long de la console pour accentuer le panorama sur la planète située en-dessous de lui.

    Elle était magnifique.

    Des nuages épais dérivaient dans le ciel et des miroitements bleus et verts se reflétaient depuis la surface.

    Baktu.

    C'était ce nom qui l'avait attiré. Il l'avait déjà entendu auparavant sur la planète principale de l'empire d'Azten. Une créature intimidante avait enlevé son ami Claymore juste devant lui. Claymore l'avait reconnue et avait crié le simple mot « Baktu » avant d'être emporté.

    Tomek ne savait pas si Baktu était le nom d'un individu, d'une espèce ou d'autre chose. Mais il lui était indispensable de le découvrir et, si possible, de secourir son ami dès qu'il le pourrait. Cela lui facilitait le choix qu'il devait faire.

    Tomek prit une brève inspiration.

    — Vaisseau, montre-moi des images des habitants de Baktu.

    La vision de Baktu fut remplacée par plusieurs photographies d'humanoïdes masculins et féminins dotés d'une peau vert clair. Ils ne ressemblaient pas à la créature qui avait kidnappé Claymore, mais ils partageaient certains points communs. Les baktis étaient plus petits, plus fragiles et pourvus d'une peau moins sombre que le monstre qu'il poursuivait.

    Tomek jeta de nouveau un coup d'œil en direction des vaisseaux de combat. Six minutes s'étaient écoulées ; encore quelques-unes et ils seraient de nouveau à portée de tir laser. Il mit de côté les images de Baktu et il se concentra sur la bataille en suspens.

    Ils accélèrent simultanément dans sa direction, tout en ouvrant le feu. Tomek les laissa combler l'écart qui les séparait. Non pas qu'il avait d'autres options. Les possibilités que le Justicier soit touché par l’un de leurs tirs relativement lointains augmentaient au-delà des marges de manœuvres rassurantes. Mais, avec son système de visée actif, ils s'approchaient d'une portée de tir respectable.

    Il lança cinquante projectiles en métal de la taille d'un pouce à intervalles rapides en direction du canon laser du deuxième vaisseau.

    La plupart percutèrent leur cible.

    Le laser répondit un moment après avoir été touché et il produisit des micros éclats de lumière dans différentes directions.

    Il s'éteignit immédiatement.

    — Oui ! s'exclama Tomek.

    Tout était sous contrôle. Enfin, pour la partie principale.

    Le Justicier chancela lorsque le premier vaisseau parvint à le toucher. Tomek parcourut sa console.

    Seul l’un des trains d'atterrissage était endommagé.

    Tomek visa plus sérieusement avec son fusil mitrailleur. Il tira, en se focalisant sur les détecteurs, le radar et les capteurs optiques. Les aveugler pourrait être suffisant pour ce qu'il avait prévu ensuite.

    Un nouvel impact sur le Justicier détruisit un réacteur.

    Moins de trois minutes entre les impacts signifiait qu'il était temps de procéder à la phase suivante de son évasion. Il téléchargea les plans du vaisseau ainsi que les données essentielles dans son ordinateur de poche et donna une ultime caresse à son tableau de bord.

    Il avait la sensation de trahir sa progéniture mécanique.

    Il se leva et retourna vers la capsule de secours, puis il attacha le vaisseau avec un morceau de câble qui traînait.

    — Vaisseau, exécute le mode d'autodestruction intitulé « Impact Exagéré », ordonna Tomek.

    Il entendit le bruit d'un carillon qui indiquait que son canon laser était de nouveau fonctionnel - la dernière tentative désespérée du vaisseau désireux de se battre et de survivre.

    Les yeux de Tomek s'humidifièrent lorsqu'il referma la trappe de la capsule, s'emprisonnant à l'intérieur de celle-ci.

    Il attendit.

    Tomek tressaillit après un impact, puis encore un autre. Toutefois, l'algorithme du vaisseau ne les jugeait pas suffisamment conséquents pour activer la procédure d'autodestruction. Enfin, l'inévitable arriva.

    Le violent soubresaut fut désagréable, faisant s'entrechoquer le corps de Tomek contre les parois de sa prison rigide de métal. La capsule de secours s'éjecta lorsque le vaisseau explosa.

    La capsule avait été conçue pour ressembler à un débris et non à un quelconque objet se rapprochant d'une capsule de sauvetage. Elle chuta à travers les couches supérieures de l'atmosphère, et subit plusieurs embardées comme si de véritables débris l'avaient heurtée.

    Il portait un masque mais l'explosion phénoménale heurta néanmoins sa tête. Une clé anglaise s'échappa de son kit et le percuta en pleine poitrine. Il ne se faisait aucun doute qu'il aurait une contusion conséquente. Alors qu'il s'agrippait sur la sangle de soutien, il se demanda comment il pourrait améliorer le design de la capsule s'il avait l'opportunité d'en reconstruire une.

    La capsule cessa de vibrer et fila comme une torpille à travers l'atmosphère. Il pouvait entendre la résistance du vent le long des rebords rugueux de la capsule camouflée.

    La température commençait à s'élever.

    Il savait que le parachute se déclencherait à retardement pour assurer un maximum de discrétion, mais la chaleur accentuée commença à l'inquiéter. Des gouttes de sueur se mirent à perler sur son front. Il se prépara au déploiement du parachute, mais celui-ci prenait plus de temps que prévu.

    Son corps était éreinté à cause de la pression ambiante.

    Le parachute finit par se déployer, mais ses jambes se bloquèrent contre la porte.

    Des lancements de douleur cisaillèrent ses jambes, mais au moins, jusque-là, il était toujours vivant. Le bruit cessa et la température se stabilisa.

    Il y avait enfin un peu de calme durant la partie ralentie de la descente, qui était accompagnée de balancements agréables. Maintenant, il n'avait plus qu'à survivre à l'atterrissage. Il attendit la collision.

    Tomek se réveilla et se demanda où il se trouvait. Il regarda autour de lui.

    Ah. Il se trouvait toujours à l'intérieur de la capsule. Il avait atterri.

    Il bougea sa tête mais il le regretta lorsqu'une douleur lancinante prit le dessus. Il resta allongé pendant un moment, incapable d'estimer la quantité de temps qui s’était écoulée.

    Une fois que la douleur eût diminué, il se tourna pour ouvrir la porte. Il tira le levier mais la porte demeura immobile. Il réalisa alors qu'il était allongé dessus. Il devait l'exploser pour l'ouvrir. Il chercha le panneau de contrôle et l'alluma lorsqu'il l’effleura.

    Une fois que ses yeux s'habituèrent à la luminosité, il toucha un symbole pour forcer l'ouverture de la porte. Une petite explosion se déclencha grâce au système hydraulique, ce qui redressa la capsule pour l'éloigner de la trappe d'accès, libérant une vague puissante d'eau qui inonda le compartiment.

    Tomek nagea en-dehors de la capsule et grimpa dessus, une fois qu'il franchit la surface de l'eau. Il s'agenouilla sur ses jambes chancelantes au sommet de la partie émergée de la capsule.

    Un marais l'encerclait.

    L'eau marécageuse contenait une variété d'herbes aquatiques. Une bande d'herbes se collait à la capsule tel du ruban adhésif pendant qu'un autre genre de plante se balançait dans le courant, constitué de longues ficelles ornées de perles vertes et gélatineuses, à peine plus petites que ses poings.

    À environ un kilomètre autour de lui, respectivement à l'est et à l'ouest, il apercevait la terre ferme. Des pierres couvertes de mousse et des arbres avoisinants drapés dans des plantes grimpantes et touffues recouvraient la majeure partie de sa surface. Là où il n'y avait pas d'ombre, des mouchetures jaunes, probablement des fleurs, décoraient la terre humide. À l'est, des vallons et des montagnes étaient perceptibles à l'horizon, dont une petite colline isolée près de la plage.

    Il rampa pour redescendre dans la capsule et récupéra ses affaires. Elles pouvaient être contenues dans deux sacs en tissu, fermés par une fermeture éclair mais ils n'étaient pas imperméables. Du mieux que Tomek se rappelait, tout son équipement était étanche.

    Il progressa péniblement avec son matériel en direction de l'est, sous l'eau. Sa combinaison spatiale lui fournissait une quantité conséquente d'air, mais la présence des herbes s'avérait problématique. La plante bleue et adhésive avait tendance à s'accrocher à lui et à ses sacs. Elle se retirait facilement mais devoir enlever chaque brin d'herbe le ralentissait considérablement.

    Parfois, des filaments pouvaient se coller de nouveau à lui pendant qu'il épluchait de nouvelles lamelles d'herbes.

    Enfin, sous le coup de la frustration, il se mit à tirer d'un coup sec sur ses sacs, à donner des coups de pied et à se débattre avec ses bras pour atteindre le rivage, en déracinant les plantes sur son passage.

    Au bout d'une heure de traversée, il remonta sur la terre sèche avec l'allure d'un gros monstre bleu doté d'une très longue queue.

    Tomek s'assit sur la plage rocailleuse et se débarrassa enfin des herbes bleues. Puis il enleva son masque spatial et il reprit son souffle. Il extirpa son transmetteur d'enchevêtrement quantique d'un sac déchiré et tenta de contacter son ami Scod.

    Le transmetteur était mort.

    Une inspection de l'appareil révéla que la batterie n'était plus là, probablement égarée dans le marécage.

    À proximité, il y avait une route rudimentaire et poussiéreuse. Elle devait mener quelque part.

    Plus important, il était en vie... et il espérait que l'univers extérieur le tienne pour mort.

    Il avait répandu ses instruments sur le sol sec lorsqu'il remarqua un humanoïde de la taille d'un enfant, un bakti, portant une tunique beige. Ce dernier le saluait, au loin, depuis le sommet d'une colline déserte.

    Chapitre 1 : Le Monstre du Marécage

    Sans faire le moindre bruit, Wra fit un geste de la main en direction d'un bouquet d'herbes émergeant hors du marais. Elle sortit ses pieds nus de la vase humide dans laquelle elle se tenait et se dirigea dans l'eau.

    Ses pieds s'enfoncèrent dedans alors qu'elle se pencha en avant pour fouiller dans l'obscurité profonde. Le « silence » incluait le ronronnement régulier émis par les insectes volants, et était ponctué occasionnellement par un droger, une espèce de batracien, qui bondissait hors de l'eau suffisamment loin pour avaler l’un de ces coléoptères. 

    Wra observa Tomek et fit un nouveau geste dans sa direction. Depuis son point de vue, perché sur une branche d'arbre suspendue au-dessus du marécage, il regardait là où elle le lui indiquait. Il remarqua la silhouette vague d'une créature qui nageait sur place. Seuls ses yeux dépassaient de la surface de l'eau. Les trois mètres qui séparaient son museau de sa queue ondulaient pour maintenir sa position en s'opposant à la force du courant. Ses écailles vert clair se confondaient avec l'eau. Tomek murmura à son masque de zoomer sur la créature et d'augmenter artificiellement le niveau de contraste.

    Ainsi, il put la distinguer perceptiblement. Enfin, à part sa poitrine qui était recouverte par un ruban d'herbes qui s'enroulait autour d’elle, sans se coller à son corps.

    Tomek sentit la branche se balancer lorsque Spri grimpa dessus pour se placer à côté de lui. Il prit quelques clichés du monstre du marécage puis il le scanna, et enregistra le tout dans la mémoire de son masque. Il ajusta l'affichage pour le magnifier et jouir de l’aperçu le plus impressionnant qu’il était possible d’obtenir.

    En retirant son masque facial, il pivota vers Spri.

    Elle lui dévoila ses dents en arborant un sourire éclatant puis elle se pencha vers lui alors qu'il enfilait son masque sur sa tête. Tomek posa son bras sur son épaule pendant qu'elle regardait la photographie, plus pour l'empêcher de s'enfuir avec le casque que pour manifester de la tendresse.

    Elle se blottit contre lui.

    Wra et Spri paraissaient identiques, plus rachitiques et plus petites que la plupart des baktis de leur âge. Wra prenait la même pose qu'une plante. Sa peau était verte et sa tunique arborait le même teint que la boue alors qu'elle demeurait placide. Les fines plantes tombantes qu'elle appelait cheveux bougèrent lorsqu'elle tourna son visage avec célérité vers Spri et Tomek. Puis elle retira doucement son pied de l'eau pour atténuer le bruit de succion. Ensuite, elle esquissa un large sourire, pendant qu'elle patientait.

    Soudain, Spri tomba de la branche et plongea dans l'eau en-dessous qui lui montait jusqu'à hauteur des hanches.

    Le monstre du marais, étonné, s'immergea sous la surface de l'eau et plongea vers la source du vacarme.

    Spri gloussa et remonta sur le rivage. Pendant ce temps, Tomek quitta la branche pour se rapprocher du tronc et descendit vers la gadoue.

    Il courut le long de la petite péninsule et suivit le visage boueux de Spri, accablé par ses bottes qui s'enfonçaient profondément à chaque foulée.

    Wra le suivit, gloussant comme une enfant.

    — Tu as dit que si je vous laissais venir...

    Tomek s'effondra à genoux, puis il se redressa, reprenant la poursuite.

    — Tu as dit que tu te tiendrais correctement pendant que nous chasserions le monstre des marais !

    Spri fit une pause pour laisser Tomek se rapprocher.

    — Je me suis bien comportée pendant que tu traquais le monstre.

    Elle se retourna avec agilité et se remit à courir.

    Tomek regarda en arrière pour voir le fameux monstre qui émergeait sur la vase où ils se trouvaient et qui fit la démonstration de sa maladresse en-dehors de l'eau à sa manière de se dandiner après eux.

    Wra fredonna à voix basse pour elle-même et se déroba facilement au danger qui guettait.

    Devant, un rondin, posé sur toute sa longueur, obstruait la péninsule. Spri sauta sur la mousse vibrante qui poussait sur l'écorce pourrie et gambada dessus.

    Tomek bondit à son tour sur le tronc d'arbre.

    Lorsqu'il posa son pied, ce dernier dérapa et il atterrit sur sa hanche sur le côté puis il tomba à la renverse dans l'eau.

    Spri et Wra s'arrêtèrent pour l'observer en train de se démener pour se relever, avant de retomber et de provoquer des éclaboussements en direction de Spri, située à proximité de l'autre bout du rondin.

    — Tu vas bien, dit Spri alors qu'elle en terminait avec cet obstacle.

    — Je pense que je suis sérieusement blessé à cause de toi, se plaignit Tomek.

    Il s'interrompit pour faire un geste de la main.

    — Pourquoi me tortures-tu tout le temps comme ça ?

    Elle l'avait désigné comme la victime de ses farces durant l'année presque entière que Tomek avait passée sur la planète.

    Wra se retourna pour surveiller le prédateur du marécage.

    — Continue d'avancer Kel. On peut tout réparer au ranch, sauf ta fierté.

    Elle lui glissa un clin d'œil après lui avoir donné une petite tape, elle sourit à Spri puis elle escalada gracieusement un tronc d'arbre avec la même aisance que lorsqu'elle effectuait des foulées anodines.

    Tomek se ressaisit, mais il marcha puisque courir ne semblait pas lui permettre d'aller plus vite dans ce contexte.

    Spri sauta du rondin et marcha vers la terre ferme, à l'écart de la péninsule, mais sans prendre trop d'avance sur Tomek.

    Tomek se hissa sur le sol, en faisant mine de boitiller et haletant entre chaque foulée. Spri s'arrêta et le dévisagea avec l'écran opaque de son masque.

    — Est-ce si sérieux ? demanda Spri.

    — Tu n'as pas idée, répondit Tomek.

    Soudain, il bondit dans sa direction.

    Spri poussa un cri perçant tout en sautant en arrière. Elle pivota et courut vers le camion.

    Tomek fit appel à de nouvelles ressources et se lança à sa poursuite. Il la plaqua sur la pelouse moelleuse et la chevaucha au niveau de son estomac. Spri ne se retint pas de rire et ne résista pas lorsque Tomek lui retira le masque de son visage.

    Tomek baissa son regard sur ses cheveux verts épais garnis de protubérances ou de bourgeons d'où croîtraient éventuellement de nouvelles branches capillaires.

    Sa peau était dénuée d'imperfections et elle possédait des yeux ambrés tachetés d'or.

    — Tu es magnifique Spri, la complimenta-t-il.

    Spri cessa de rire.

    — Merci, Kel. Mais je ne suis pas comme les autres femmes. Je n'aurai jamais les grains de beauté que les autres ont.

    Ainsi, c'est comme ça qu'ils appelaient les imperfections mineures dont les femmes bakties étaient affublées.

    Il s'interrompit avant de répondre.

    — Les... grains de beauté ne sont pas si importants, et puis je pense que tu es plus ravissante que les autres, comme ça.

    — Tu m'aimes ? demanda-t-elle sérieusement.

    Tomek la libéra et se releva.

    — Ohh. Ne fais pas l'idiote, dit-il. Hé, nous entretenons une relation plaisante et amicale. Ce n'est pas suffisant ?

    Il se dirigea vers le camion, qui ressemblait à un quad du désert recouvert par une capote.

    Wra occupait déjà le siège passager.

    Spri se leva et marcha d'un pas lourd après lui.

    — En quoi est-ce bête, monsieur ? Tu as dit que tu me trouvais magnifique.

    Tomek grimaça.

    Spri était la personne qu'il aimait le plus au monde, mais elle était... petite.

    Une romance entre eux ne paraissait pas appropriée.

    Tomek se tourna vers elle et la désigna.

    — Spri, écoute, tu es une... tu es trop jeune pour ce genre d'histoire. Que diraient tes parents ?

    — Je ne suis pas une enfant, rétorqua Spri. J'ai vingt-deux ans, je suis une adulte à part entière. Ne me juge pas à mon apparence ! Je suis en avance sur mon âge, dans les domaines qui comptent.

    — C'est vrai, toi et Wra, vous jouissez de cette éternelle jeunesse génétique. Je te présente mes excuses. Mais... tu ne n'aimes que parce que je représente pour toi une source de divertissement quand tu me tourmentes. Tu adores me torturer. Tu cherches sans arrêt des moyens de me causer des problèmes depuis que je suis arrivé au ranch. En quoi est-ce de l'amour ?

    Spri parcourut le reste du chemin menant au camion en silence.

    Tomek s'assit derrière le siège de conducteur alors que Spri s'assit sur les genoux de Wra, partageant ainsi le siège passager avec elle.

    — Je suis navrée si je t'embête trop, Tomek, reconnut-elle. Je t'aime et j'essaierai de te le montrer d'une autre manière.

    — Je tiens également à toi, Spri, autant qu'à ma famille. Tu es juste... intenable parfois. Mais tu es d'une compagnie formidable quand tu te canalises.

    Tomek démarra le véhicule et le moteur situé derrière eux vrombit.

    Spri voulut ajouter quelque chose, mais Wra la pinça au bras pour l'en empêcher.

    Le visage de Wra adopta un regard sérieux qui succéda au sourire léger qu'elle arborait habituellement.

    — Je suis convaincue que vous vous aimez tous les deux sincèrement et qu’en d'autres temps, dans un autre monde, vous pourriez vivre ce que vous désirez. Mais pas ici. L'amour n'existe pas pour des femmes comme nous. Il n'y a pas d'avenir dans ce domaine pour nous, ainsi il est temps de clore le sujet.

    Elle fixa Spri de nouveau pour justifier le fait de l'avoir pincée.

    — Changeons de sujet.

    — Merci, Wra, dit Tomek.

    Tomek actionna les vitesses et se mit en route vers le ranch, en essayant de repérer les sillons de la route à travers l'herbe.

    — Donc, reprit-il, en s'éclaircissant la gorge. J'ai enfin réussi à voir la créature qui s'apparente le plus à un monstre sur cette planète, le monstre du marécage. Merci à toutes les deux de m'avoir accompagné pour cette sortie, mais... il ne correspond pas à ce que j'espérais. J'ai toujours l'intention de traquer un pirone, mais cela ne semble pas réjouissant non plus. Vous voyez, la dernière fois que j'ai vu Claymore, un ami qui m'est cher, une créature effrayante et imposante est venue et s'est emparée de lui, comme ça, puis elle l'a emporté sans que je ne puisse rien faire.

    Tomek regarda les filles, ou les femmes, ou peu importe ce qu'elles étaient. Elles l'écoutaient attentivement et commençaient à manifester de l’inquiétude.

    — Enfin, bref, poursuivit-il, le dernier mot qu'il a prononcé fut Baktu. Ainsi me voici, recherchant mon ami ou au moins une piste me permettant de découvrir quelle sorte de créature l'a enlevé.

    — À quoi ressemblait-elle ? murmura Wra, tout en empoignant le tissu de sa tunique usée pour se soulager, comme s'il racontait une histoire d'horreur.

    — Eh bien, dit Tomek, impressionné qu'elles soient aussi disposées à l'écouter, il ressemblait à un bakti, sauf qu'il était différent. Il portait une robe qui recouvrait la plupart de son corps, il mesurait environ trois mètres de haut, sa peau était vert foncé et il avait des griffes au bout de ses doigts et de ses orteils.

    Tomek remarqua dans le camion, à ce moment-là, que leur peau était toujours pâle en comparaison de celle d'autres baktis et bien plus claire que celle du monstre qu'il venait de décrire. Pourtant, elles semblaient encore plus livides qu'une minute auparavant.

    — Vous allez bien toutes les deux ?

    — Très bien, le rassura Spri.

    — Enfin, reprit Tomek, il, ou elle, pour ce que j'en sais, l'a pris et s'est enfui en courant dehors avant d'escalader un immense bâtiment sans aucun problème, et ce, tellement vite que je n'ai rien pu faire pour l'arrêter. Sur le toit, il s'est introduit dans un véhicule aérien et s'est envolé quelque part. C'est tout ce que je sais.

    — Je suis désolée pour ton ami, lui fit savoir Spri.

    Tomek haussa les épaules.

    — Ce n'est pas ta faute. Mais est-ce que l'une de vous deux a déjà entendu parler d'une telle personne ?

    — Non, répondit Spri.

    — J'ai changé d'avis, avisa Wra. Et si on parlait d'amour ?

    Chapitre 2 : Le Taureau Roog

    À l'intérieur de son camion archaïque carburant au pétrole, Tomek se sentait quand même minuscule parmi les roogs. En effet, les silhouettes massives des bovins qui l'encerclaient s'étiraient au-dessus du niveau de ses yeux.

    Il appuya sur un bouton situé sur le toit de la cabine. Un son fut alors diffusé, ce qui troubla les roogs qui traînaient le long du sentier.

    Quelques-uns le dévisagèrent en guise de protestation pendant que d'autres traînèrent les sabots sur la pente escarpée qui conduisait à de verts pâturages situés dans la vallée en-dessous. En dépit de la surface rocailleuse, les sabots stables des roogs ne les trahissaient pas. Ils sillonnaient les fins passages composés de poussière et de pierres brisées comme s'ils étaient nés pour vivre dans les régions montagneuses de cette planète.

    Peut-être qu'ils y étaient destinés, songea Tomek. Il n'était pas vraiment familier avec l'histoire du bétail.

    Il essuya son front moite,

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