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Qu'ils
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Ebook70 pages53 minutes

Qu'ils

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About this ebook

Je ne suis pas exactement le genre de mec sur lequel on s'arrête. Pas une femme la trentaine à l'aise en tous cas.

Pourtant elle l'a fait. Et plus encore, me pointant du doigt au milieu d'une foule d'anonymes, elle m'a assené "Ça sera Toi,enfoiré".

(...)
LanguageFrançais
Release dateMay 2, 2018
ISBN9782322103638
Qu'ils
Author

Coralie R.

Une écriture fleuve. L'envie de partager et peut-être aussi de demander à mon thérapeute l'écriture d'une éventuelle Préface?

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    Qu'ils - Coralie R.

    copyright

    Chapitre 1

    Une foule hystérique, tous bras en l’air, tape le rythme d’une musique rock, dans la fosse d’un immense concert hall. Sous les fumigènes et le ballet des spotlights apparaît la silhouette d’un homme, guitare au cou, giclant les dernières vibrations de ses cordes vocales étranglées, de sa guitare luxuriante. 

    Noir total. La foule hurle. 

    Noir encore. La batterie laisse place au son des pulsations minute du guitariste- chanteur.

    Il ouvre les yeux, la lumière avec eux. Des yeux bleus profonds et clairs, brillant du ruissellement de la sueur qui coule sur ses sourcils.

    Il ferme les yeux, la lumière avec eux.Peu à peu, les battements de son poux malmené s’étouffe derrière une montée progressive d’huées et de sifflements.

    Le même regard, ou presque. Le bleu profond est altéré par une lumière farcie de néons grésillant, le clair- obscur de son regard pendu à un sourcil froncé écoute sans briller ceci :

    « Alors tout est dit? On s’en tient là? Renier la joie, flageller le bonheur, éviter le devoir, voter en touche et tant pis pour ceux qui croient en toi?...

    Crève l’abcès ! » Répétait-elle tantôt criant, tantôt couinant, alarmée par ma posture, celle d’un mec qui attend son tour sans ticket.

    Sans ticket, moulé dans le décor, convaincu d’être responsable d’avoir foiré et pas si désolé que ça.

    « Et tu la vois ta tumeur? Cette boule sur ton cœur ? Celle qui t’empêche de m’aimer ?! »

    L’aimer…

    Une tumeur. Y en a que ça ferait flipper.  Même ce truc là j’risquais plus de le craindre, fort d’avoir adopté les formes de ce qui m’entoure, histoire d’avoir la paix, de rester face à moi même en toutes circonstances…A ce point caméléon, depuis si longtemps que j’avais baisé ma propre forme, anesthésié mes envies pour me fondre parfaitement dans l’oubli. Alors je la gobe la tumeur, elle disparaîtra avec moi, sans mal, sans éclat.

    Et voilà comme ce troquet devenait le théâtre de nos misères.

    Je n’ai rien dit. Il est même possible que j’ai souri.

    C’est beau de voir une femme qui se bat pour vous aimer et surtout vous faire vous aimer.

    Elle aurait renversé les tables, éclaté nos tasses expresso au sol si ce fut la première fois. On a souvent changé de troquet à coups de « pardon, Monsieur » ou ironisant « ça va c’est d’ la tasse publicitaire », toujours complices pour les clins d’œil incisifs. On savait repartir main dans la main : clasher les cons était pour nous les préliminaires d’une bonne partie de baise. 

    Cette fois, elle a jeté 5 balles, s’est levée, m’a giflé du regard. Je ne l’ai pas regardée partir. 

    Et puis la bouffée. 

    J’ai ressenti ce que tous les hommes qui quittent ou se font quitter éprouvent les premières secondes ; l’allégresse de la lâcheté, promesse d’une liberté immédiate, celle de capituler sans force, émargeant sans mot dire toute confrontation. Ne pas mettre ses sentiments à table, ne pas se trancher les tripes, ce que les femmes elles savent faire, avec autant de facilité que pardonner.

    Il est même possible que j’ai souri.

    J’ai souri de me voir couper la dernière branche sur laquelle j’étais assis.

    J’ai souri au con que je n’aurai pas le loisir de clasher, y avait pas de préliminaires ce coup là, juste un épilogue.

    10 balles de café plus tard, fallait bien prendre l’air, errer un peu et rembobiner le film.

    J’ignorais comment on s’était tombé dessus, j’aimerais comprendre pourquoi on en est arrivé là.

    A 16h10, le vendredi, les rues, toujours commerçantes, sont bondées des RTTards qu’on a voulu convaincre que répartir les richesses, partager le travail c’était humainement correct, et qu’on pousse chez Jardiland et Zara Home pour qu’ils se confinent coquets dans leur intérieur, pendant qu‘on leur pompe à coups de cartes de fidélité gratuites ce qu’ils pensent avoir gagné et qu’on leur redonnera taxé le mois prochain… 

    A 16h10, le vendredi, les rues, toujours commerçantes sont l’illustration du cercle vicieux dans lequel je ne suis pas tombé.

    Je ne travaille pas, ça coupe court à toute négociation sournoise.

    Mon cercle vicieux à moi, c’est moi.

    Libre de tourner en rond, en moi-même, sans attache, sans contrat. Ni avec l'Etat ni tout autre employeur, sans contrat de mariage, ni forme de famille, je saute le trou de la Sécurité Sociale, pas même affilié à une quelconque « caisse de », sans crédit auto d’ailleurs, je compte sans banque écouler les quelques liasses de cash qu’il

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