Vol de nuit
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About this ebook
Trois pilotes, chacun à l'arrière d'un capot lourd comme un chaland, perdus dans la nuit, méditaient leur vol, et, vers la ville immense, descendraient lentement de leur ciel d'orage ou de paix, comme d'étranges paysans descendent de leurs montagnes.
Rivière, responsable du réseau entier, se promenait de long en large sur le terrain d'atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, jusqu'à l'arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait redoutable...
Antoine de Saint-Exupery
Antoine De Saint Exupéry, born in Lyon 29 June 1900, was a French writer and aviator. He is best remembered for his novella The Little Prince, and for his books about aviation adventures, including Night Flight (1931) and Wind, Sand and Stars (1939). In 1921 he began his military service and trained as a pilot. He became one of the pioneers of international postal flight. At the outbreak of the Second World War he joined the French Air Force flying reconnaissance missions until the armistice with Germany. Following a spell writing in the United States, he joined the Free French Forces. He went on a mission to collect information on German troop movements in the Rhone valley on 31 July 1944 and was never seen again. His plane disappeared. It was assumed that he was shot down over the Mediterranean. An unidentifiable body wearing French colours was found several days later and buried in Carqueiranne that September.
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Vol de nuit - Antoine de Saint-Exupery
Vol de nuit
Pages de titre
Vol de nuit
I
II
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V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
XXII
XXIII
Page de copyright
Antoine de Saint-Exupéry
Vol de nuit
Roman
Vol de nuit
À Monsieur Didier Daurat
I
Les collines, sous l’avion, creusaient déjà leur sillage d’ombre dans l’or du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d’une inusable lumière : dans ce pays elles n’en finissent pas de rendre leur or, de même qu’après l’hiver elles n’en finissent pas de rendre leur neige.
Et le pilote Fabien, qui ramenait de l’extrême Sud, vers Buenos-Aires, le courrier de Patagonie, reconnaissait l’approche du soir aux mêmes signes que les eaux d’un port : à ce calme, à ces rides légères qu’à peine dessinaient de tranquilles nuages. Il entrait dans une rade immense et bienheureuse.
Il eût pu croire aussi, dans ce calme, faire une lente promenade, presque comme un berger. Les bergers de Patagonie vont, sans se presser, d’un troupeau à l’autre : il allait d’une ville à l’autre, il était le berger des petites villes. Toutes les deux heures il en rencontrait qui venaient boire au bord des fleuves ou qui broutaient leur plaine.
Quelquefois, après cent kilomètres de steppes plus inhabitées que la mer, il croisait une ferme perdue, et qui semblait emporter en arrière, dans une houle de prairies, sa charge de vies humaines ; alors il saluait des ailes ce navire.
« San Julian est en vue ; nous atterrirons dans dix minutes. »
Le radio navigant passait la nouvelle à tous les postes de la ligne.
Sur deux mille cinq cents kilomètres, du détroit de Magellan à Buenos-Aires, des escales semblables s’échelonnaient ; mais celle-ci s’ouvrait sur les frontières de la nuit comme, en Afrique, sur le mystère, la dernière bourgade soumise.
Le radio passa un papier au pilote :
« Il y a tant d’orages que les décharges remplissent mes écouteurs. Coucherez-vous à San Julian ? »
Fabien sourit : le ciel était calme comme un aquarium et toutes les escales, devant eux, leur signalaient : « Ciel pur, vent nul. » Il répondit :
« Continuerons. »
Mais le radio pensait que des orages s’étaient installés quelque part, comme des vers s’installent dans un fruit ; la nuit serait belle et pourtant gâtée : il lui répugnait d’entrer dans cette ombre prête à pourrir.
En descendant moteur au ralenti sur San Julian, Fabien se sentit las. Tout ce qui fait douce la vie des hommes grandissait vers lui : leurs maisons, leurs petits cafés, les arbres de leur promenade. Il était semblable à un conquérant, au soir de ses conquêtes, qui se penche sur les terres de l’empire, et découvre l’humble bonheur des hommes. Fabien avait besoin de déposer les armes, de ressentir sa lourdeur et ses courbatures, on est riche aussi de ses misères, et d’être ici un homme simple, qui regarde par la fenêtre une vision désormais immuable. Ce village minuscule, il l’eût accepté : après avoir choisi on se contente du hasard de son existence et on peut l’aimer. Il vous borne comme l’amour. Fabien eût désiré vivre ici longtemps, prendre sa part ici d’éternité, car les petites villes, où il vivait une heure, et les jardins clos de vieux murs, qu’il traversait, lui semblaient éternels de durer en dehors de lui. Et le village montait vers l’équipage et vers lui s’ouvrait. Et Fabien pensait aux amitiés, aux filles tendres, à l’intimité des nappes blanches, à tout ce qui, lentement, s’apprivoise pour l’éternité. Et le village coulait déjà au ras des ailes, étalant le mystère de ses jardins fermés que leurs murs ne protégeaient plus. Mais Fabien, ayant atterri, sut qu’il n’avait rien vu, sinon le mouvement lent de quelques hommes parmi leurs pierres. Ce village défendait, par sa seule immobilité, le secret de ses passions, ce village refusait sa douceur : il eût fallu renoncer à l’action pour la conquérir.
Quand les dix minutes d’escale furent écoulées, Fabien dut repartir.
Il se retourna vers San Julian : ce n’était plus qu’une poignée de lumières, puis d’étoiles, puis se dissipa la poussière qui, pour la dernière fois, le tenta.
« Je ne vois plus les cadrans : j’allume. »
Il toucha les contacts, mais les lampes rouges de la carlingue versèrent vers les aiguilles une lumière encore si diluée dans cette lumière bleue qu’elle ne les colorait pas. Il passa les doigts devant une ampoule : ses doigts se teintèrent à peine.
« Trop tôt. »
Pourtant la nuit montait, pareille à une fumée sombre, et déjà comblait les vallées. On ne distinguait plus celles-ci des plaines. Déjà pourtant s’éclairaient les villages, et leurs constellations se répondaient. Et lui aussi, du doigt, faisait cligner ses feux de position, répondait aux villages. La terre était tendue d’appels lumineux, chaque maison allumant son étoile, face à l’immense nuit, ainsi qu’on tourne un phare vers la mer. Tout ce qui couvrait une vie humaine déjà scintillait. Fabien admirait que l’entrée dans la nuit se fit cette fois, comme une entrée en rade, lente et belle.
Il enfouit sa tête dans la carlingue. Le radium des aiguilles commençait à luire. L’un après l’autre le pilote vérifia des chiffres et fut content. Il se découvrait solidement assis dans ce ciel. Il