L’Être sicilien: novels, tales, narrative,
()
About this ebook
La description du livre
Après les récits captivants du livre Era il mio paese (2014) Cristiano Parafioriti revient avec les autres histories sur Galati Mamertino, son village natal en Sicile. De nouveaux personnages, de nouvelles saveurs, de nouvelles émotions trempés dans la palette du coeur libérant les couleurs et les sensations latentes. L’Être sicilien se respire entre les lignes de chaque récit et avance doucement plongeant le lecteur dans un endroit lointain, mélancolique et tout aussi sanguinaire et authentique. Le temps n’est qu’un concept. Les moments, les instants d’hier et d’aujourd’hui s’entrelacent, laissant émerger le souvenir et l’affection pour l’île et son peuple. Et au fur et à mesure qu’on poursuit la lecture, on aperçoit le lien viscéral de l’auteur avec sa terre natale, et encore plus avec son village. C’est un amour presque ancestral, plongeant l’auteur, fatalement touché par la douce nostalgie de sa Sicilianité, dans les souvenirs qui remontent à la surface.
Read more from Cristiano Parafioriti
Invictus Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAmour et brigands Rating: 0 out of 5 stars0 ratings
Related to L’Être sicilien
Related ebooks
Vie de Lazarille de Tormès Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMerci à Jules Ferry Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLégendes rustiques Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa vague inversée Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsFuokaty: Un roman d'aventures Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe signe du loup: Roman régional historique Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMiséricorde Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLégendes rustiques: Histoires berrichonnes Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsRomances en proses Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLes Mots de la Tribu: Roman Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsÉpopée: Les Grands Articles d'Universalis Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsL'ensorcelée Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsSelon toute vraisemblance: Nouvelles complètes Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAlsace: Le pays du milieu Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsPlik et Plok Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa Piste des Congo: Témoignage fictionnel Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsPaulino et la jeune Mort: Littérature blanche Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMathias Sandorf: un roman d'aventures de Jules Verne (texte intégral) Rating: 4 out of 5 stars4/5Place aux littératures autochtones Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMeurtres entre les épingles Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAmori et dolori sacrum: La mort de Venise Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMathias Sandorf Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsHippolyte Bellangé: étude biographique Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLes légendes de la Bretagne et le génie celtique Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAlbanie : Forteresse malgré elle: L'Âme des Peuples Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsÉmile Zola: Une biographie Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAsagao - Eclosion: Conte Japonais Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLittérature arabe: Les Grands Articles d'Universalis Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsContes et légendes de Tunisie Rating: 0 out of 5 stars0 ratings
Literary Biographies For You
Mauvaises Pensées et autres Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsAinsi parlait Zarathoustra Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMa vie de maîtresse SM: Entre érotisme et sensualité Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsDe Gary à Ajar, le voyage de Romain: Biographie Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLes Contemplations Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsWalden Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsGIGN : confessions d'un OPS: En tête d’une colonne d’assaut Rating: 5 out of 5 stars5/5Voyage au Congo & Le Retour du Tchad Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsGIGN : nous étions les premiers: La véritable histoire du GIGN racontée par ses premiers membres Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsD'une guerre à l'autre: De la Côte d'Ivoire à l'Afghanistan avec le 2e RIMa Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsTout ce qu'on ne te dira pas, Mongo Rating: 4 out of 5 stars4/5Pourquoi tu danses quand tu marches? Rating: 4 out of 5 stars4/5Albert Camus, de l'absurde à la révolte: L'itinéraire d'un écrivain marqué par la guerre et l'injustice Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsPossédé par un djinn: Une victime raconte son enfer Rating: 5 out of 5 stars5/5Léopold Sédar Senghor: De la négritude à la francophonie Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe romantisme ou l'exaltation du moi: Un souffle de liberté sur les lettres françaises Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsRaconter la maladie: Des mots pour traverser le chaos Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLes Mots de Jean-Paul Sartre: Les Fiches de lecture d'Universalis Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsMémoires d’un criminologue: Justice faussée, République dévoyée Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa littérature est un voyage de découverte: Tom Bishop en conversation avec Donatien Grau Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLes travailleurs de la mer Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsGIGN, le temps d'un secret: Les coulisses du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLe peuple de l’abîme Rating: 0 out of 5 stars0 ratingsLa pointe du diamant: La guerre en Libye à bord d'un Rafale Marine Rating: 0 out of 5 stars0 ratings
Reviews for L’Être sicilien
0 ratings0 reviews
Book preview
L’Être sicilien - Cristiano Parafioriti
L’ÊTRE SICILIEN
Recueil de récits
Traduit par Sanja Audar
NOTE DE L’AUTEUR
Ceci est une œuvre de fiction. Les personnages, les trames et les circonstances sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou, si réels, utilisés dans l’objectif narratif. Pour le reste, chaque référence aux faits déjà survenus et aux personnes réelles, devrait être considérée comme le pur hasard.
.
À ma maman,
La source et la lumière de mon Être sicilien
PRÉFACE
Les atlas disent que la Sicile est une île et cela sera vrai, les atlas sont les livres honorables. Si pour autant, on aurait envie d’en douter, quand on pense qu’au terme île correspond seulement une masse homogène de liens de sang et de coutumes, alors qu’ici tout est en impair, mélangé, chatoyant, comme dans les contenus les plus hybrides. Il est vrai que les Siciles sont nombreuses, nous ne finirons jamais de les compter. C’est qu’il y a la Sicile verte des caroubiers, la blanche des salines, la jaune avec du soufre, la jaune pâle avec du miel, la pourpre de la lave. Il y a une Sicile «douce et tendre» molle jusqu'à sembler stupide, la Sicile «chevronnée», c'est-à-dire maligne, véhiculant l’image de violences et de supercheries. Il est aussi une Sicile fainéante, une autre trépidante ; une extenuée par son patrimoine, une qui raconte la vie comme un scénario de carnaval ; une qui se transforme en un délire obnubilant, emportée par un souffle de vent...
Autant de Siciles, pourquoi ? Parce que la Sicile a eu le destin d’être pendant les siècles la région charnière entre la grande culture occidentale et les tentations du désert et du soleil, entre la raison et la magie, les sentiments modérés et le paroxysme de la passion. La Sicile souffre d’un excès d’identités, et je ne sais pas si c’est bien ou mal. Évidemment, pour celui qui est né ici cette joie de faire part de ce nombril du monde dure peu, enfouie ensuite par la souffrance de ne pas savoir démêler entre mille virages et enchevêtrements de sang le fil de son propre destin.[1]
Dans l’ambiance de cette île à diverses facettes, si merveilleusement élaborée par Gesualdo Bufalino, dominée par de forts contrastes, plongée dans une constante polarité entre les lumières et les ombres, l’histoire et les mythes, l’esprit convivial et l’isolement du monde, le recueil de récits de Cristiano Parafioriti qui se présente ici offre une image significative d’une de ces Cent Siciles évoquée par cet écrivain, d’origine de Comiso, Raguse. Cette description fournit un témoignage supplémentaire au cas où l’on en aurait besoin, combien l’Être sicilien (Sicilitudine) de la conception de Leonardo Sciascia ou si l’on préfère «l’isolement» (l’isolitudine) la dérivation de Bufalino, ont donné à la littérature contemporaine en termes de représentation de la «comédie humaine».
Placé dans un coin de Sicile, Galati Mamertino, village dans la province de Messine, perché sur la cime de la montagne, dans le cœur de Nebrodi, qui se juche tant un aigle, au milieu de la forêt, au-dessus de la vallée de Fitalia-les récits de Parafioriti conservent une forte évocation significative, en plus de la valeur métaphorique. Sur la toile de fond d’un Galati vu dans les époques différentes, de l’époque espagnole jusqu'à la période unitaire, de la première guerre mondiale jusqu’aux dernières décennies du vingtième siècle, se découpe un kaléidoscope d’histoires de vie, d’expériences ataviques, une galerie de visages et de personnages, parfois fruit de l’inspiration artistique de l’auteur, mais souvent émergeant de cette mémoire qui représente le fil conducteur de divers récits et l’élan authentique susceptible d’alimenter sa fibre narrative intense.
Dans cette optique il n’est pas exagéré d’aborder le nom de l’Auteur comme ceux de tant d’« intellectuels siciliens dans la diaspora», qui, poussés par une raison professionnelle importante, ont dû laisser leur terre natale-« l’île monde », accompagnés par un sentiment poignant de nostalgie. Dans leur vécu, l’écriture est devenue un exercice essentiel dans le but de renouer les liens avec leurs propres racines, recoudre la déchirure identitaire, raconter- à travers le choix méticuleux de personnages et d’ambiances- les traits d’une Sicile et les signes distinctifs d’une sicilianité, capables de produire constamment de nouvelles visions et narrations.
À la suite des résultats avantageux obtenus lors de la première sortie éditoriale, le recueil au titre « Era il mio paese », maintenant traduit en plusieurs langues, avec ce nouvel effort littéraire, L’Être sicilien, Parafioriti s’affirme comme un écrivain talentueux, dans la mesure de faire participer le lecteur- dirais-je même dans une dimension unanime- dans les récits qu’il tisse, qui se plongent dans les racines non seulement par l’expérience personnelle, mais sont étroitement entrelacés avec l’histoire de Galati Mamertino, dont les quartiers, les ruelles, les bourgades, les églises, les monuments et les paysages font le cadre où se déroulent des histoires des personnages dans un laps de temps de longue durée.
De ce monde paysan qui pendant les siècles a marqué le décor socio-économique du pays, fait des conditions de vie pénibles dans les campagnes, de la misère et de l’exploitation, de l’oppression baronniale, avec la forte incidence sur le phénomène migratoire, émergent les figures porteuses de la profonde dignité et de l’humanité, surgissant en tant que protagonistes des histoires paradigmatiques, à partir desquelles l’Auteur nous offre tout un horizon de points de vue, mentalités, désirs et frustrations. Dans ces récits, au fond se retrouve l’âme du Pays, ce sont les endroits (le quartier Pilieri, la bourgade de S. Basile, Rafa etc.) et leurs symboles d’identité (le Crucifix, la place S. Giacomo, l’église Matrice, les traditions religieuses etc. ; il en est le charme d’une nature pétillante, de paysages éblouissants dans les forêts et les montagnes, qui descendent doucement jusqu'à révéler la douce vision de la mer et des îles éoliennes, qui démontrent le contraste avec la réalité de la vie pénible et du travail dur dans les terres abruptes de la montagne, la sévérité du climat hivernal, un sens général de l’isolement et du sous-développement qui a longtemps marqué le territoire, il y a des histoires de petits, grands hommes et femmes de ce microcosme, avec leur horizon mental et matériel, leurs amours, leurs habitudes et leurs gestes de la vie quotidienne. Les fragments de divers caractères émergent de la narration et se mélangent jusqu'à composer une sorte de « biographie » du Pays dans le temps, par l’habileté de l’Auteur à offrir une vibrante représentation de la fissure anthropologique de cette communauté montagnarde, caractérisée par une connaissance profonde des tableaux historiques locaux.
Parafioriti se révèle être un narrateur animé par la vocation littéraire authentique, en mesure de simuler l’expression orale, d’assimiler les modes, des caractères factices, et les figures de la langue parlée. Il en découle un style des récits cohérents, sans aucune dichotomie entre le langage parlé et le lexique utilisé : dans son ouvrage, les mots, les personnages et les contextes deviennent un ensemble inséparable. Il s’agit des narrations qui, comme on a souligné au début, sont imprégnées d’une forte énergie évocatrice, grâce à son capacité à reconstruire cet univers de manière fictive, utilisant les mots, pour faire émerger les sensations et les souvenirs déjà enfouis avec le temps, sollicitant du lecteur, par le biais de la mémoire, la volonté de les reproduire.
En outre, dans ces pages sont clairement perceptibles les échos de la grande tradition littéraire sicilienne, et en particulier ce fil réaliste, qui de Verga se projette jusqu'à Sciascia, se juxtaposant à l’autre ligne thématique importante, reliée au « fabuleux» et incarnée justement par Bufalino. Il est impossible de ne pas voir le reflet, soit dans les contenus des récits, soit dans l’expérience même de l’Auteur, le sens d’Ulyssisme insulaire, l’éternelle dialectique des fugues et des retours qui marque les Siciliens, avec l’inévitable trousseau de nostalgie.
En résumé, ce recueil, au-delà de l’intérêt indubitable et du plaisir déclenché par la trame narrative- nous montrant une autre portion, peut-être moins connue, sans pour autant être moins significative, de ces Cent Siciles dont parlait Bufalino, et répondant intimement à une exigence de redécouvrir les racines de son identité, déjà perdues ou coupées dans l’époque de globalisation et d’uniformisation galopante, peut servir à nous rappeler qui nous avons été pour pouvoir préfigurer un avenir moins sombre.
Antonio Baglio, l’Université de Messine
C’est le signe d’une identité, pour la Sicile, pour notre histoire. Nous avons eu cinq cents ans de féodalisme. Si on se rendait compte que le Sicilien est d’abord Sicilien, puis médecin, avocat ou policier, on le comprendrait déjà mieux.
Giovanni Falcone
MORT À TRUNGALI
––––––––
E:\Nuova cartella\1Morte a trungali.jpgDon Pietro la voulait. Elle était d’une beauté exceptionnelle, la fille du laborieux Cola. Mais, justement, elle était la fille du diligent, son homme de confidence, de celui qui s’occupait de ses terres et gardait ses troupeaux. Lillina était d’une pureté immaculée, mais avait les cheveux noirs de jais et les yeux émeraude et le vieux « baron » était tombé amoureux d’elle. Elle était mince, chaste et innocente, n’aurait jamais cédé aux flatteries de cet homme mûr, alors qu’il brûlait d’amour et se consumait de la passion pour elle. Son épouse le tenait en contrôle, avec ses airs arrogants et hautains, avec ses caprices de patronne, et quand il s’apercevait qu’elle sermonnait Lillina à cause d’un coin poussiéreux, ou pour une serviette mal pliée, et voilà que le sang chaud de don Pietro se mettait à monter jusqu'à lui gonfler les veines du cou. Aïe, combien il se sentait inutile de ne pas pouvoir la défendre ! C’était un truc féminin, s’il s’était mêlé de cela, il aurait révélé sa faiblesse. Comment en fait, un baron pouvait-il prendre la défense d’une jeune fille, servante aux frais de la femme aristocrate?
Le dimanche il se