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L’Être sicilien: novels, tales, narrative,
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Ebook183 pages1 hour

L’Être sicilien: novels, tales, narrative,

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La description du livre

Après les récits captivants du livre Era il mio paese (2014) Cristiano Parafioriti revient avec les autres histories sur Galati Mamertino, son village natal en Sicile. De nouveaux personnages, de nouvelles saveurs, de nouvelles émotions trempés dans la palette du coeur libérant les couleurs et les sensations latentes. L’Être sicilien se respire entre les lignes de chaque récit et avance doucement plongeant le lecteur dans un endroit lointain, mélancolique et tout aussi sanguinaire et authentique. Le temps n’est qu’un concept. Les moments, les instants d’hier et d’aujourd’hui s’entrelacent, laissant émerger le souvenir et l’affection pour l’île et son peuple. Et au fur et à mesure qu’on poursuit la lecture, on aperçoit le lien viscéral de l’auteur avec sa terre natale, et encore plus avec son village.  C’est un amour presque ancestral, plongeant l’auteur, fatalement touché par la douce nostalgie de sa Sicilianité, dans les souvenirs qui remontent à la surface.

LanguageFrançais
PublisherBadPress
Release dateNov 23, 2018
ISBN9781547549665
L’Être sicilien: novels, tales, narrative,

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    L’Être sicilien - Cristiano Parafioriti

    L’ÊTRE SICILIEN

    Recueil de récits

    Traduit par Sanja Audar

    NOTE DE L’AUTEUR

    Ceci est une œuvre de fiction. Les personnages, les trames et les circonstances sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou, si réels, utilisés dans l’objectif narratif. Pour le reste, chaque référence aux faits déjà survenus et aux personnes réelles, devrait être considérée comme le pur hasard.

    .

    À ma maman,

    La source et la lumière de mon Être sicilien

    PRÉFACE

    Les atlas disent que la Sicile est une île et cela sera vrai, les atlas sont les livres honorables. Si pour autant, on aurait envie d’en douter, quand on pense qu’au terme île correspond seulement une masse homogène de liens de sang et de coutumes, alors qu’ici tout est en impair, mélangé, chatoyant, comme dans les contenus les plus hybrides. Il est vrai que les Siciles sont nombreuses, nous ne finirons jamais de les compter. C’est qu’il y a la Sicile verte des caroubiers, la blanche des salines, la jaune avec du soufre, la jaune pâle avec du miel, la pourpre de la lave. Il y a une Sicile «douce et tendre» molle jusqu'à sembler stupide, la Sicile «chevronnée», c'est-à-dire maligne, véhiculant l’image de violences et de supercheries. Il est aussi une Sicile fainéante, une autre trépidante ; une extenuée par son patrimoine, une qui raconte la vie comme un scénario de carnaval ; une qui se transforme  en un délire obnubilant, emportée  par un souffle de vent...

    Autant de Siciles, pourquoi ? Parce que la Sicile a eu le destin d’être pendant les siècles la région charnière  entre la grande culture occidentale et les tentations du désert et du soleil, entre la raison et la  magie, les sentiments modérés et le paroxysme de la passion. La Sicile souffre d’un excès d’identités, et je ne sais pas si c’est bien ou mal. Évidemment, pour celui qui est né ici cette joie de  faire part de ce nombril du monde dure peu, enfouie ensuite par la souffrance de ne pas savoir démêler entre mille virages et enchevêtrements de sang le fil de son propre destin.[1]

    Dans l’ambiance de cette île à diverses facettes, si merveilleusement élaborée par Gesualdo Bufalino, dominée par de forts contrastes, plongée dans une constante polarité entre les lumières et les ombres, l’histoire et les mythes, l’esprit convivial et  l’isolement du monde, le recueil de récits de Cristiano Parafioriti qui se présente ici offre une image significative d’une de ces Cent Siciles évoquée par  cet écrivain, d’origine de Comiso, Raguse. Cette description fournit un témoignage supplémentaire au cas où l’on en aurait besoin, combien l’Être sicilien (Sicilitudine) de la conception de Leonardo Sciascia ou si l’on préfère «l’isolement» (l’isolitudine) la dérivation de Bufalino, ont donné à la littérature contemporaine en termes de représentation de la «comédie humaine».

    Placé dans un coin de Sicile, Galati Mamertino, village dans la province de Messine, perché sur la cime de la montagne, dans le cœur de Nebrodi, qui se juche tant un aigle, au milieu de la forêt, au-dessus de la vallée de Fitalia-les récits de Parafioriti conservent une forte évocation significative, en plus de la valeur métaphorique. Sur la toile de fond d’un Galati  vu dans les époques différentes, de l’époque espagnole jusqu'à la période unitaire, de la première guerre mondiale jusqu’aux dernières décennies du vingtième siècle, se découpe un kaléidoscope d’histoires de vie, d’expériences ataviques, une galerie de visages et de personnages, parfois fruit de l’inspiration artistique de l’auteur, mais souvent émergeant de cette mémoire qui représente le fil conducteur de divers récits et l’élan authentique susceptible d’alimenter sa fibre narrative intense.

    Dans cette optique il n’est pas exagéré d’aborder le nom de l’Auteur comme ceux de tant d’« intellectuels siciliens dans la diaspora», qui, poussés par une raison professionnelle importante, ont dû laisser leur terre natale-« l’île monde », accompagnés par un sentiment poignant de nostalgie. Dans leur vécu, l’écriture est devenue un exercice essentiel dans le but de renouer les liens avec leurs propres racines, recoudre la déchirure identitaire, raconter- à travers le choix méticuleux de personnages et d’ambiances- les traits d’une  Sicile et les signes distinctifs d’une sicilianité, capables de produire constamment de nouvelles visions et narrations.

    À la suite des résultats avantageux obtenus lors de la première sortie éditoriale, le recueil au titre « Era il mio paese », maintenant traduit en plusieurs langues, avec ce nouvel effort littéraire, LÊtre sicilien, Parafioriti s’affirme comme un écrivain talentueux, dans la mesure de faire participer le lecteur- dirais-je même dans une dimension unanime-  dans les récits qu’il tisse, qui se plongent dans les racines non seulement par l’expérience personnelle, mais sont étroitement entrelacés avec l’histoire de Galati Mamertino, dont les quartiers, les ruelles, les bourgades, les églises, les monuments et les paysages font le cadre où se déroulent des histoires des personnages dans un laps de temps de longue durée.

    De ce monde paysan qui pendant les siècles a marqué le décor socio-économique du pays, fait des conditions de vie pénibles dans les campagnes, de la misère et de l’exploitation, de l’oppression baronniale, avec la forte incidence sur le phénomène migratoire, émergent les figures porteuses de la profonde dignité et de l’humanité, surgissant en tant que protagonistes des histoires paradigmatiques, à partir desquelles l’Auteur nous offre tout un horizon de points de vue, mentalités, désirs et frustrations. Dans ces récits, au fond se retrouve l’âme du Pays, ce sont les endroits (le quartier Pilieri, la bourgade de S. Basile, Rafa etc.) et leurs symboles d’identité (le Crucifix, la place S. Giacomo, l’église Matrice, les traditions religieuses etc. ; il en est  le charme d’une nature pétillante, de paysages éblouissants dans les forêts et les montagnes, qui descendent doucement jusqu'à révéler la douce vision de la mer et des îles éoliennes, qui démontrent le contraste avec la réalité de la vie pénible et du travail dur dans les terres abruptes de la montagne, la sévérité du climat hivernal, un sens général de l’isolement et du sous-développement qui a longtemps marqué le territoire, il y a des histoires de petits, grands hommes et femmes de ce microcosme, avec leur horizon mental et matériel, leurs amours, leurs habitudes et leurs gestes de la vie quotidienne. Les fragments de divers caractères émergent de la narration et se mélangent jusqu'à composer une sorte de « biographie » du Pays dans le temps, par l’habileté de l’Auteur à offrir une vibrante représentation de la fissure anthropologique de cette communauté montagnarde, caractérisée par une connaissance profonde des tableaux historiques locaux.

    Parafioriti se révèle être un narrateur animé par la vocation littéraire authentique, en mesure de simuler l’expression orale, d’assimiler les modes, des caractères factices, et les figures de la langue parlée. Il en découle un style des récits cohérents, sans aucune dichotomie entre le langage parlé et le lexique utilisé : dans son ouvrage, les mots, les personnages et les contextes deviennent un ensemble inséparable. Il s’agit des narrations qui, comme on a souligné au début, sont imprégnées  d’une forte énergie évocatrice, grâce à son capacité à reconstruire cet univers de manière fictive, utilisant les mots, pour faire émerger les sensations et les souvenirs déjà enfouis avec le temps, sollicitant du lecteur, par le biais de la mémoire, la volonté de les reproduire.

    En outre, dans ces pages sont clairement perceptibles les échos de la grande tradition littéraire sicilienne, et en particulier ce fil réaliste, qui de Verga se projette jusqu'à Sciascia, se juxtaposant à l’autre ligne thématique importante, reliée au « fabuleux» et incarnée justement par Bufalino. Il est impossible de ne pas voir le reflet, soit dans les contenus des récits, soit dans l’expérience même de l’Auteur, le sens d’Ulyssisme insulaire, l’éternelle dialectique des fugues et des retours qui marque les Siciliens, avec l’inévitable trousseau de nostalgie.

    En résumé, ce recueil, au-delà de l’intérêt indubitable et du plaisir déclenché par la trame narrative- nous montrant une autre portion, peut-être moins connue, sans pour autant être moins significative, de ces Cent Siciles dont parlait Bufalino, et répondant intimement à une exigence de redécouvrir les racines de son identité, déjà perdues ou coupées dans l’époque de globalisation et d’uniformisation galopante, peut servir à nous rappeler  qui nous avons été pour pouvoir préfigurer un avenir moins sombre.

    Antonio Baglio, l’Université de Messine

    C’est le signe d’une identité, pour la Sicile, pour notre histoire. Nous avons eu cinq cents ans de féodalisme. Si on se rendait compte que le Sicilien est d’abord Sicilien, puis médecin, avocat ou policier, on  le comprendrait déjà mieux.

    Giovanni Falcone

    MORT À TRUNGALI

    ––––––––

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    Don Pietro la voulait. Elle était d’une beauté exceptionnelle, la fille du laborieux Cola. Mais, justement, elle était la fille du diligent, son homme de confidence, de celui qui s’occupait de ses terres et gardait ses troupeaux. Lillina était d’une pureté immaculée, mais avait les cheveux noirs de jais et les yeux émeraude et le vieux « baron »  était tombé amoureux d’elle. Elle était mince, chaste et innocente, n’aurait jamais cédé aux flatteries de cet homme mûr, alors qu’il brûlait d’amour et se consumait de la passion pour elle. Son épouse le tenait en contrôle, avec ses airs arrogants et hautains, avec ses caprices de patronne, et quand il s’apercevait qu’elle sermonnait Lillina à cause d’un coin poussiéreux, ou pour une serviette mal pliée, et voilà que le sang chaud de don Pietro se mettait à monter jusqu'à lui gonfler les veines du cou. Aïe, combien il se sentait inutile de ne pas pouvoir la défendre ! C’était un truc féminin, s’il s’était mêlé de cela, il aurait révélé sa faiblesse. Comment en fait, un baron pouvait-il prendre la défense d’une jeune fille, servante aux frais de la femme aristocrate?

    Le dimanche il se

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