Mythologie élémentaire: Suivi de "Mythologie des Égyptiens, des Perses, des Indous, des Scandinaves et des Gaulois."
By Jacques Édom
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La mythologie, ou science de la fable, est l’histoire des fausses divinités que les païens adoraient. Cette adoration s’appelle idolâtrie. Pour en expliquer l’origine, il faut remonter jusqu’à la naissance du monde et consulter l’Ecriture sainte. On y lit que, lorsqu’Adam et Eve eurent été chassés du paradis terrestre, après leur désobéissance, les hommes allèrent se corrompant de plus en plus. Ils oublièrent le Dieu qui les avait créés, et qui les punit par le déluge. Le genre humain, conservé dans la personne de Noé et de sa famille, ne tarda pas à se corrompre de nouveau. Dieu lui infligea un autre châtiment, la confusion des langues, à la tour de Babel. Ce fut le signal de la dispersion des hommes et de leur partage en peuples et en nations. Dès lors, éloignés de leur commune origine, ils perdirent la mémoire des traditions saintes. L’idée de Dieu s’altéra dans les esprits, et la connaissance de la vraie religion semblait destinée à périr, si Abraham n’eût été choisi pour être le chef du peuple juif, qui devait la conserver. Chez les autres nations, pour expliquer l’origine du mal, on associa à l’idée d’un dieu bon celle d’un génie malfaisant. Vint ensuite le culte de la nature, dans laquelle les hommes crurent trouver l’image de Dieu. Alors on adora les choses où il paraissait quelque activité ou quelque puissance, le soleil, les astres, le feu et les autres éléments. Bientôt la reconnaissance ou la flatterie déifia les héros et les rois ; enfin, on alla jusqu’à adorer les animaux et les plantes, de sorte que, du temps de Moïse, “tout était dieu chez les païens excepté Dieu même”, selon l’expression de Bossuet.
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Mythologie des Égyptiens, des Perses, des Indous, des Scandinaves et des Gaulois. Rating: 5 out of 5 stars5/5Héros, ou demi-dieux de la Mythologie Rating: 0 out of 5 stars0 ratings
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Mythologie élémentaire - Jacques Édom
Mythologie élémentaire
Jacques Édom
Table des matières
Évêché de Bayeux.
Avertissement
Notions préliminaires.
Livre premier.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Livre II.
Chapitre 1
Livre III.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Livre IV.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Évêché de Bayeux.
Approbation.
J’ai lu, par ordre de Monseigneur de Bayeux, une Mythologie élémentaire, à l’usage des collèges et des pensions de jeunes personnes, par M. Edom, inspecteur de l’académie de Caen, et je n’ai recueilli de cette attachante lecture que plaisir, instruction, et presque édification. On peut donc confier avec sécurité à la jeunesse, pour qui il est fait, cet excellent abrégé, qui lui suffira longtemps ; car l’auteur a eu l’heureuse idée d’ajouter aux anthologies grecque et latine celles des autres peuples, qui offraient plus d’intérêt ou devaient rendre plus intelligibles les livres qui parlent de ces nations antiques. Le mérite de M. Edom n’est pas seulement d’avoir traité d’une manière inoffensive une matière si délicate, mais surtout d’avoir fait tourner ces études si profanes au profit de l’instruction religieuse, en mettant à propos la vérité chrétienne, figure si sublime, si grave, si digne de Dieu et de l’homme, en opposition avec les égarements honteux de la raison humaine, avec les erreurs païennes. On sent que l’auteur a voulu prévenir la jeunesse, à laquelle il consacre ses veilles et ses talents, contre ce rationalisme du jour, qui voudrait ravir son origine divine au christianisme, et en trouver le germe et les éléments dans les conceptions contradictoires de la raison humaine, dans des rapprochements arbitraires avec les idées anciennes, dans ce progrès humanitaire qui s’enrichit de tout ce qui l’a précédé ; illusion qui peut flatter l’orgueil de notre siècle, mais que tous les faits démentent.
Bayeux, 7 décembre 1847.
FALIZE,
Chanoine, Vicaire général.
Avertissement
Après l’étude de l’histoire sainte, rien n’est plus propre à faire comprendre à la jeunesse la beauté de la vraie religion, que la connaissance de cet amas de fictions mensongères qui composent la Mythologie. La faiblesse de notre nature ne nous permet souvent d’apprécier les choses que par leurs contraires, la lumière par les ténèbres, et la vérité par l’erreur. Aussi, Dieu voulant faire sentir au genre humain le bienfait éclatant de la rédemption, l’a-t-il laissé plongé pendant quatre mille ans, sauf un seul peuple, dans la nuit de l’idolâtrie. Le spectacle de tant de corruption et d’aveuglement, présenté à la jeunesse avec la réserve qu’exige la prudence chrétienne, ne peut donc que lui inspirer plus d’amour et de respect pour la morale si pure de l’Évangile, et plus de reconnaissance pour son divin auteur. Mais cet avantage, quoique capital, n’est pas le seul que procure l’étude de la Mythologie. Sans elle, il serait impossible de comprendre la littérature ancienne, et même la littérature moderne, les productions des arts, une foule d’allégories ingénieuses, et d’expressions figurées, qui du domaine de la fable sont passées dans le langage ordinaire.
Suivant le conseil du sage Rollin, dont nous venons d’exposer les idées, et que nous nous ferons toujours un devoir de prendre pour guide, nous n’avons présenté dans cet ouvrage élémentaire que les faits les plus importants, les plus connus, et qui peuvent le plus contribuer à l’intelligence des auteurs. Nous avons évité un étalage de science que rendraient facile les savants et ingénieux travaux du chancelier Bacon, de Banier, de Bergier, de Guérin du Rocher, de Tressan, et de plusieurs autres écrivains. S’il nous est arrivé de faire quelques réflexions de ce genre, nous les avons rejetées dans de courtes notes.
Notions préliminaires.
1. Définition de la mythologie. Origine de l’idolâtrie.
La mythologie ¹, ou science de la fable, est l’histoire des fausses divinités que les païens ² adoraient. Cette adoration s’appelle idolâtrie ³. Pour en expliquer l’origine, il faut remonter jusqu’à la naissance du monde et consulter l’Ecriture sainte. On y lit que, lorsqu’Adam et Eve eurent été chassés du paradis terrestre, après leur désobéissance, les hommes allèrent se corrompant de plus en plus. Ils oublièrent le Dieu qui les avait créés, et qui les punit par le déluge. Le genre humain, conservé dans la personne de Noé et de sa famille, ne tarda pas à se corrompre de nouveau. Dieu lui infligea un autre châtiment, la confusion des langues, à la tour de Babel. Ce fut le signal de la dispersion des hommes et de leur partage en peuples et en nations. Dès lors, éloignés de leur commune origine, ils perdirent la mémoire des traditions saintes. L’idée de Dieu s’altéra dans les esprits, et la connaissance de la vraie religion semblait destinée à périr, si Abraham n’eût été choisi pour être le chef du peuple juif, qui devait la conserver. Chez les autres nations, pour expliquer l’origine du mal, on associa à l’idée d’un dieu bon celle d’un génie malfaisant. Vint ensuite le culte de la nature, dans laquelle les hommes crurent trouver l’image de Dieu. Alors on adora les choses où il paraissait quelque activité ou quelque puissance, le soleil, les astres, le feu et les autres éléments. Bientôt la reconnaissance ou la flatterie déifia les héros et les rois ; enfin, on alla jusqu’à adorer les animaux et les plantes, de sorte que, du temps de Moïse, tout était dieu chez les païens excepté Dieu même
, selon l’expression de Bossuet.
2. Berceau de l’idolâtrie.
C’est dans la famille de Cham qu’il faut chercher, après le déluge, les premiers auteurs de l’idolâtrie. On sait que Chanaan fut maudit de Dieu parce que Cham avait manqué, dans la personne de Noé, au respect que les enfants doivent à leur père : portant dès lors la peine de son crime, cette race fut prompte à se corrompre et à rendre à des objets créés le culte qui n’est dû qu’au Créateur. Les fils de Cham, Chanaan et Mesraïm, s’étant établis, le premier en Phénicie et le second en Egypte, ce fut dans ces deux royaumes que l’idolâtrie prit naissance ; de là elle se répandit en Orient, aux lieux qu’habitaient les descendants de Sem, en Mésopotamie, en Chaldée et dans les pays circonvoisins ; ensuite elle passa en Occident, parmi les enfants de Japhet, c’est-à-dire dans l’Asie Mineure et dans la Grèce, d’où elle pénétra chez les Romains.
3. Progrès de l’idolâtrie. Formation des fables.
Lorsque les hommes, asservis à l’empire des sens, eurent perdu l’idée d’un Dieu infini, immatériel, ils adressèrent leurs hommages à l’être de la nature qui en offre la plus vive image, au soleil. Mais l’esprit humain, une fois entré dans la voie de l’erreur, ne s’arrêta plus. On adora le soleil sous les noms d’Osiris, de Phébus, d’Apollon, et la lune sous ceux d’Isis et de Diane. Le ciel même fut divinisé sous le nom d’Uranus, l’air sous celui de Jupiter, la terre sous les noms de Rhéa, de Tellus, de Cybèle et d’Ops. Neptune fut le dieu de la mer et Pluton celui des enfers. Les montagnes, les bois, les fontaines eurent leurs Nymphes, leurs Faunes, leurs naïades. On déifia les hommes qui se distinguèrent par leur courage, leur force, leur science : tels furent Mars, Hercule, Esculape. Enfin, on divinisa les passions, les vertus et les vices : la vengeance, la justice, l’envie, etc.
La poésie s’empara de toutes ces fictions et les fit goûter en les embellissant :
Là, pour nous enchanter, tout est mis en usage ;
Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage,
Chaque vertu devient une divinité :
Minerve est la prudence, et Vénus la beauté ;
Ce n’est plus la vapeur qui produit le tonnerre,
C’est Jupiter armé pour effrayer la terre ;
Un orage terrible, aux yeux des matelots,
C’est Neptune en courroux qui gourmande les flots ;
Echo n’est plus un son qui dans l’air retentisse,
C’est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse
Boileau.
4. Division de la mythologie.
Nous avons divisé ce petit traité en quatre parties qui forment autant de livres.
Le premier comprend les dieux du premier ordre, ou les grands dieux, et les dieux inférieurs, ou du second ordre ;
Le deuxième, les divinités allégoriques ;
Le troisième, les demi-dieux et les héros ;
Le quatrième livre contient un précis sommaire de la mythologie des Égyptiens, des Indous, des Scandinaves et des Gaulois.
1 Le nom de Mythologie est formé de deux mots Grecs, muthos, fable, récit mensonger, et logos, discours, traité
2 Principalement les Grecs et les Romains.
3 Idolâtrie vient aussi du grec : de eidôlon, idole ou image, et de latreia, culte, adoration.
Livre premier.
Dieux du premier ordre, ou grands dieux, et dieux inférieurs, ou du second ordre.
1
Le Destin. — Le Chaos. — Naissance des premiers dieux, Uranus, Tellus, les Titans.
5. Le Destin.
Les païens, obéissant au sentiment de l’unité, avaient reconnu un dieu supérieur à tous les autres, c’était le Destin, ou Fatum. Il gouvernait tout par une nécessité inévitable. On le supposait sourd, et on le représentait sous les traits d’un vieillard aveugle, ayant sous ses pieds le globe de la terre, entre les mains l’urne qui renfermait le sort des mortels, et devant lui un livre dans lequel était écrit l’avenir. Tous les dieux étaient obligés de consulter ce livre pour connaître les choses futures.
Cette idée que les païens s’étaient formée du Destin atteste la nécessité d’un Dieu suprême et unique ; mais en le supposant sourd et inflexible, ils dépouillaient la Divinité d’un de ses principaux attributs, de cette bonté qui se plaît à écouter les vœux des mortels et à exaucer leurs prières.
Le Destin était né du Chaos et de la Nuit, deux anciennes divinités que l’on croyait antérieures à toutes les autres.
6. Le Chaos.
Les peuples anciens, privés de la lumière de la révélation, ne pouvaient concevoir l’univers créé par la toute-puissance d’un Dieu. Ils supposaient une matière première existant de toute éternité, et dans laquelle les éléments de tous les êtres étaient confondus. Ils appelaient Chaos ce premier état : ils en avaient emprunté l’idée au récit de la création d’après Moïse ¹, mais ils l’avaient altérée en supposant la matière éternelle. Au lieu de reconnaître la parole divine séparant et formant, dans l’œuvre des six jours, cette matière créée d’abord confuse et informe, ils croyaient que les premiers éléments et les atomes, après avoir erré longtemps épars dans le vide, avaient fini par s’unir, s’arranger d’eux-mêmes et par produire le bel ordre que nous voyons. Quel aveuglement ! Racine fils a fait ressortir le ridicule de cette croyance :
Les atomes erraient dans un espace immense ;
Déclinant de leur route, ils se sont approchés.
Durs, inégaux, sans peine ils se sont accrochés.
Le hasard a rendu la nature parfaite.
L’œil au-dessous du front se creusa sa retraite,
Les bras au haut du corps se trouvèrent liés :
La terre heureusement se durcit sous nos pieds,
L’univers fut le fruit de ce prompt assemblage :
L’être libre et pensant en fut aussi l’ouvrage.
Poëme de la Religion.
Le Chaos périt par la création, et la Nuit par la lumière. Ainsi ces deux divinités, qui seules n’avaient point eu de commencement, eurent une fin, et tous les autres dieux, qui devaient être immortels, avaient été engendrés. On voit par là que les païens n’avaient pu s’élever à l’idée d’un Dieu éternel.
7. Naissance des premiers dieux : Uranus, Tellus, les Titans.
Du Chaos naquirent le Ciel, sous le nom d’Uranus, et la Terre, sous les noms de Tellus, de Rhéa et de Titea. Ces deux divinités, s’étant unies, donnèrent le jour à plusieurs enfants. Les plus célèbres sont Titan, Saturne, Japet et l’Océan. Trois autres, Cottus, Briarée et Gygès, furent des géants monstrueux, ayant cinquante têtes menaçantes et cent bras vigoureux qui pendaient autour de leur corps. Tous ces fils du Ciel et de la Terre portèrent le nom générique de Titans, de celui de Titea, leur mère. Celle-ci donna encore naissance aux Cyclopes Brontès (tonnerre), Stéropès (éclair) et Argès (rapide) ², qui furent chargés dans la suite de forger les foudres de Jupiter. D’ailleurs semblables aux dieux, ils n’avaient, comme l’indique leur nom ³, qu’un œil de forme circulaire au milieu du front.
1 « Au commencement Dieu a créé