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Une AME SUFFIT
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Une AME SUFFIT

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About this ebook

Lorsque Cassandre, une orpheline, est adoptée par un couple, elle est loin de se douter qu’elle vient de pénétrer dans un monde mystérieux. Ses parents lui lèguent bientôt un cadeau : la jeunesse éternelle. Mais il y a un prix à payer pour l’immortalité… et Cassandre n’est pas prête à s’y soumettre! Déterminée à limiter les dégâts causés par ce présent, elle tente de passer inaperçue dans sa nouvelle école, mais Antoine, son collègue de classe au charme ravageur, n’entend pas les choses de la même manière. Il remarque les curieuses facultés de Cassandre : elle entend ce que les gens disent même à grande distance, elle ne sort jamais à l’extérieur sans ses lunettes de soleil et elle a un rapport étrange avec la nourriture. Décidé à se rapprocher d’elle, Antoine lui remet un jour une bande dessinée de son cru, qui semble indiquer qu’il a percé l’étrange identité de Cassandre. Ni super héroïne, ni vampire, qui donc est-elle? Devra-t-elle sacrifier son âme sœur pour recouvrer la liberté?
LanguageFrançais
Release dateOct 23, 2015
ISBN9782897500122
Une AME SUFFIT
Author

Arianne Gagnon-Roy

Née à Montréal en 1991, Arianne Gagnon-Roy a passé la majeure partie de sa vie à Edmundston. Passionnée par la lecture, elle complète un baccalauréat en Études françaises à l'Université St-Thomas et se spécialise avec une maîtrise en Sciences de l'information à l'Université d'Ottawa. Nominée dans le volet jeunesse Antonine Maillet pour sa pièce de théâtre, De l'autre côté du miroir (2011), elle a aussi remporté le prix Hackmatack, le choix des jeunes pour son premier roman, Le mystère de Blandy-les-tours.

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    Une AME SUFFIT - Arianne Gagnon-Roy

    Canada

    CHAPITRE UN

    « On peut décréter et ressentir sa mort,

    sans attenter à sa vie.

    La mort est un état d’âme. »

    Marcel Jouhandeau

    Il apparut soudainement à travers la brume qui s’était introduite dans la chambre et s’avança, la main tendue vers sa victime. Il s’approcha d’un pas lent mais décidé, il allait le faire… D’ailleurs, n’était-ce pas tout ce que son cou honorablement offert demandait ? Il s’apprêtait à la mordre, à lui boire tout son sang et à lentement lui voler la vie, quand je pesai sur « pause ».

    Par simple curiosité, je m’approchai de l’écran. Son nez était crochu, sa longue cape noire flottait autour de lui comme les plumes d’un corbeau. Ses cheveux, collés sur sa tête avec une sorte de gel… Je ne savais même pas si le gel pour cheveux existait dans les années 30, mais qu’est-ce que ça aurait pu être d’autre ? De toute façon, c’était ridicule. Et dire que des gens avaient réellement eu peur du film Dracula en 1931, quelle blague ! Et cette manière dont les gens nous voient…

    Quand je dis « nous », je parle bien entendu des vampires… Mais attention ! Je ne parle pas de ces suceurs de sang qui me donnent envie de vomir, mais de notre race. Le mot « vampire » signifie en fait « voleur de vie », et c’est ce que nous sommes… C’est ce que je suis… Dans plusieurs cultes, on nous confond avec les « vrais » vampires, mais nous sommes à part : on nous appelle aussi vampires psychiques ou tout simplement les voleurs d’âmes. Il est vrai que, bien malgré moi, je vole le bien le plus précieux qu’un humain peut posséder, son âme…

    Comment suis-je devenue cette monstruosité, me demanderez-vous ? Eh bien, tout a commencé lors de cette nuit froide et brumeuse d’octobre où je décidai d’aller à la danse de l’école sans l’autorisation de mes parents. Ils m’avaient punie parce que j’étais allée chez une amie en cachette et, du haut de mes seize ans, je n’avais pas compris ou voulu admettre pourquoi. Mécontente, je m’éclipsai en début de soirée. Ma sortie clandestine se passa merveilleusement bien jusqu’à ce que je rentre à la maison… Ce que je vis alors resterait dans ma mémoire pour toujours. La maison dans laquelle j’avais grandi et été élevée, et dans laquelle mes parents se trouvaient, était en flammes… Les pompiers venaient d’arriver, mais déjà le toit s’était effondré, et il n’y avait aucune chance de survie pour les occupants. Mes parents moururent tous les deux cette nuit-là, et j’ai toujours regretté de ne pas avoir été emportée en même temps.

    À partir de ce moment, je fus véritablement seule au monde. Mes grands-parents étaient tous décédés et j’étais enfant unique, comme mes parents. On me plaça dans une maison d’accueil. C’est un endroit dans lequel on met les enfants qui n’ont pas de famille ou qui se trouvent dans une situation familiale difficile, dans l’attente qu’ils se fassent adopter. Mais dans mon cas, la travailleuse sociale qui m’avait sous sa responsabilité m’avait clairement dit de ne pas me faire trop d’illusions, puisque je dépassais largement l’âge d’un enfant que l’on adopte. Elle me faisait sentir coupable du fait que je n’avais aucun endroit où vivre… Elle me disait que cela coûtait cher à la Saskatchewan d’entretenir des jeunes de mon âge et que, si j’avais été plus rebelle, on aurait pu se débarrasser de moi en m’envoyant dans une maison de correction.

    À l’école, on me regardait avec pitié, et je me repliai rapidement sur moi-même, ce qui eut pour effet que je m’éloignai peu à peu de mes amis.

    Un jour de janvier, un couple désireux de m’accueillir dans son foyer vint me voir. L’homme et la femme étaient déjà venus à quelques reprises pour discuter avec Mme Boivet, la travailleuse sociale, mais ce jour-là, celle-ci nous présenta avant de nous laisser seuls un moment. Je m’en souviens comme si c’était hier…

    La femme était belle, très belle même, et son mari aussi d’ailleurs. Elle était l’élégance personnifiée. Elle avait le teint laiteux, les yeux bleus et les cheveux brun clair. L’homme, lui, était grand et châtain, il avait cette même peau pâle et des yeux bleus aussi vibrants que ceux de sa femme. Aucun des deux n’avait de rides, même s’il était évident que tous les deux étaient dans la quarantaine ou presque. Ils se tinrent en retrait pour se parler, et je tendis l’oreille…

    — Elle est jolie, non ?

    — Oui, et selon la travailleuse sociale, elle est aussi intelligente.

    — Elle a l’air plutôt sage.

    — Elle semble si jeune…

    — Justement, c’est ce que nous désirons, non ?

    — Bien sûr ! Oh ! et regarde ses yeux cachés derrière ces lunettes, ils sont d’un joli brun. Mais ce n’est pas dramatique, on ne verra presque pas la différence.

    Ils semblaient satisfaits et se rapprochèrent de moi pour me demander d’une voix douce :

    — Comment t’appelles-tu ?

    — Cassandre, leur répondis-je, méfiante.

    Et je ne pus m’empêcher d’ajouter :

    — Et je vous ai entendus. Je ne suis pas si jeune, j’ai seize ans, bientôt dix-sept.

    Je ne savais pas à ce moment qu’en fait jamais je n’atteindrais dix-sept ans… Les deux adultes se sourirent mutuellement pour enfin déclarer :

    — Quel joli prénom !

    — En plus, elle a du caractère ! Nous formerons une merveilleuse famille !

    Cette manie qu’ils avaient de parler comme si je n’étais pas là m’agaçait fortement. Je ne voulais pas accompagner ces gens que je ne connaissais pas, mais je n’avais pas le choix, car la travailleuse sociale qui s’occupait de moi me le fit clairement comprendre.

    — À ton âge, estime-toi chanceuse que quelqu’un veuille encore s’occuper de toi. Les Dupuis sont des gens charmants, et tu pars avec eux, que tu le veuilles ou non. Tu ne vivras pas sous la tutelle de la province éternellement !

    Sur ce charmant adieu, je partis donc avec ces inconnus dans leur voiture. En route pour aller chez eux, ils m’expliquèrent qu’ils n’avaient jamais pu avoir d’enfants et qu’ils désiraient une fille comme moi depuis fort longtemps. Ils avaient également une autre fille plus âgée que moi qui vivait avec eux.

    — J’espère que tu ne te sentiras pas trop seule…

    — J’ai toujours été enfant unique, je suis habituée à la solitude.

    — Parfait !

    L’enthousiasme de sa réponse m’intrigua pendant un court instant, jusqu’à ce qu’elle parle à nouveau :

    — Que je suis tête en l’air, j’ai oublié de me présenter ! Je m’appelle Célestine et celui qui conduit, c’est mon mari, Constantin. Tu peux aussi nous appeler maman et papa, si tu veux. Avec le temps, tu t’y habitueras, j’en suis certaine…

    À l’époque, j’en doutais sérieusement…

    Nous roulâmes pendant une bonne quinzaine de minutes puis nous arrivâmes enfin chez eux. Malgré mes efforts pour paraître indifférente, je ne pus qu’être émerveillée par la splendeur des lieux. Cette maison, de style victorien, était magnifique. Les jardins aussi l’étaient en été, mais je ne pus le constater sur le coup. J’étais fascinée par cette demeure parce que l’époque victorienne avait toujours été ma préférée…

    — Dis-moi, Cassandre, c’est quand ton anniversaire ?

    Sur un coup de tête, je répondis en boutade :

    — C’est dans une semaine…

    — Oh non ! C’est terrible !

    Elle semblait étrangement horrifiée à cette idée. Constantin lui fit signe de se taire et m’expliqua qu’elle était très heureuse et enthousiaste à l’idée de devenir maman et qu’elle voulait faire quelque chose de spécial pour mon anniversaire, mais qu’elle avait maintenant peur de ne pas avoir assez de temps. Sur le coup, je me sentis coupable d’avoir menti, puisqu’en réalité ma fête n’était que quatre mois plus tard. Pour taire ce sentiment, je me dis qu’ils avaient dû lire le dossier, que leur avait remis la travailleuse sociale. C’était une bravade pour les tester. Si seulement j’avais su les conséquences de mon acte, je leur aurais dit que mon anniversaire était en fait le 27 avril…

    Après m’avoir brièvement fait faire le tour de la maison, Célestine me conduisit dans une ravissante chambre rose. Un lit à baldaquin trônait au milieu de la pièce, au pied duquel il y avait un charmant petit banc ivoire. J’étais assez impressionnée par la qualité des meubles de la chambre, qui semblaient tous d’époque. Il y avait un grand miroir, de petites étagères remplies de livres, un beau tapis, des rideaux parfaitement assortis à l’ensemble de la chambre et deux grandes fenêtres qui éclairaient la pièce.

    — J’espère que tu aimeras ta nouvelle chambre. Nous avons pris l’initiative de faire quelques achats pour toi. Installe-toi tranquillement. Cléonie se fera un plaisir de t’apporter de quoi manger. Nous nous verrons demain matin.

    Elle sortit avant que j’aie pu dire quoi que ce soit. Mon premier réflexe — c’était idiot, je le savais — fut de vérifier que la porte de la chambre n’était pas fermée à clé. Je l’ouvris avec facilité, et ce n’est qu’après avoir jeté un coup d’œil dans le couloir que je la refermai. La maison était tellement silencieuse qu’elle me semblait vide, comme une maison hantée…

    Je chassai ces pensées et commençai à farfouiller un peu autour de moi. Dans une des commodes, je découvris des vêtements déjà pliés… Et étrangement, tous à mon goût et à ma taille, sans exception. Il y avait aussi des chaussures et quelques robes. Sur le coup, je me rappelai le dicton : « Si ça semble trop beau pour être vrai, alors ça l’est sans doute. » Tout était trop extra- ordinaire pour durer… Quelque chose clochait dans cette situation utopique, et je ne pouvais pas mettre le doigt dessus.

    Une demi-heure plus tard, on cognait à ma porte, et je fis la connaissance de Cléonie, une grande et belle blonde aux cheveux ondulés. Elle me sembla bien juvénile malgré ses vingt et un ans. Elle avait été adoptée il y avait longtemps, me laissa-t-elle entendre. Elle n’avait pas accompagné « nos » parents pour venir me chercher, car elle était trop occupée à mettre la dernière touche à ma chambre. C’était elle qui avait tout choisi, me précisa-t-elle avec fierté. Elle faisait également figure de femme à tout faire depuis un moment déjà dans la maison et semblait heureuse de cette fonction.

    — Je fais tout ici, me confia-t-elle, du ménage à la cuisine. Alors, si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite surtout pas à me le demander. Je suis certaine que nous deviendrons de bonnes amies. Tu sais, tu aurais pu plus mal tomber… Les Dupuis ont beaucoup d’argent, tu ne manqueras jamais de rien… Bon, je te laisse te reposer.

    Après un charmant sourire, elle partit sans que j’aie pu lui poser de questions ou même ouvrir ma bouche. Mais je ne m’en souciai pas. J’aurais peut-être dû…

    CHAPITRE DEUX

    « L’âme ne se sépare pas du corps

    avec plus de douleur

    que l’homme de sa grandeur. »

    William Shakespeare

    Je dormis très mal cette nuit-là, malgré le lit moelleux et douillet. Je fis le rêve ou le cauchemar le plus étrange de ma vie.

    Célestine et Constantin se trouvaient debout au bord de mon lit. Ils tenaient tous les deux une de mes mains dans la leur, et je ne pouvais étrangement plus bouger, pas même le petit orteil. Une étrange lumière bleue était sortie de ma bouche et j’avais ressenti une légère douleur qui m’avait coupé le souffle. À travers un brouillard, j’avais aperçu mes parents alors qu’ils saisissaient doucement la boule de lumière. Tout à coup, je m’étais sentie très vide, lasse et prise d’une fatigue extrême. Alors, dans mon rêve, je m’étais endormie d’un sommeil encore plus profond…

    Je me souviens encore de l’étrangeté de la situation ce matin-là en me réveillant… C’était comme si, peu à peu, je voyais le monde qui m’entourait pour la première fois. Comme si je voyais tout ce qui se passait autour de moi à travers les yeux d’une autre personne. Mon ouïe me semblait plus vive, je croyais même entendre une araignée tisser sa toile dans un coin d’une des fenêtres. Ce n’était pas le seul de mes sens à s’être modifié, ma vue également… C’était étrange, moi qui avais toujours été à moitié myope sans mes lunettes, je pouvais maintenant voir parfaitement tout ce qui m’entourait. Je me dirigeai vers la fenêtre et poussai le rideau incarnat pour regarder à l’extérieur. Je pouvais voir à des lieues à la ronde… Je reculai, pensant à un miracle, jusqu’à ce que mon regard croise mon reflet que me renvoyait le miroir. Enfin, je crus au premier abord que c’était moi, mais en m’approchant, je pus noter quelques différences. Sa peau était plus pâle que la mienne. Le changement était subtil, mais tout de même notable dans l’ensemble. Elle était bien plus jolie que moi. Ce qui me frappa encore plus, ce furent ses yeux. Les miens étaient d’un brun plutôt terne, mais les siens… Ils étaient d’un bleu profond, magnifiques et étrangement attirants. Ils avaient une teinte saphir, comme ceux des Dupuis. Je me rendis vite compte que l’image que me renvoyait la glace était bien la mienne et je commençai à paniquer. Qu’est-ce qui avait bien pu m’arriver ? !

    Surprise, je mis la main sur mon cœur, et c’est à ce moment que je m’en aperçus… Il n’y avait aucun battement, aucune pulsion, le néant. Mon cœur ne battait plus… Je cherchai alors mon pouls dans ma veine du cou puis, comme je ne sentais rien, je passai avec affolement à mon poignet, qui malheureusement ne donnait aucun résultat non plus. Je m’apprêtais à crier d’horreur, lorsqu’un rayon de soleil inonda ma chambre et que la couleur de mes yeux, d’un bleu plutôt foncé, se changea en un bleu azur. La transformation était fla-grante : mes yeux avaient maintenant la couleur de l’eau des plages du Sud. Certes, c’était joli, mais aucun humain ne pouvait avoir des yeux d’une telle couleur… C’était une teinte normale pour de l’eau, pas pour des iris ! Un nuage glissa devant le soleil, et mes yeux redevinrent couleur saphir.

    Cléonie entra alors avec mon déjeuner sur un plateau. Elle ne put retenir une exclamation en me voyant :

    — Ils l’ont déjà fait ? Je croyais qu’ils allaient au moins apprendre à te connaître avant…

    À sa réaction, je compris qu’elle devait savoir quelque chose.

    — Que m’ont-ils fait ? Je me sens bizarre en dedans, et tu as vu mes yeux ? Ils ont changé de couleur, sans mentionner que je n’ai plus besoin de lunettes… Et le pire : mon cœur ne bat plus !

    Intriguée plus qu’inquiète, Cléonie vint rapidement jusqu’à moi, me saisit le bras et voulut vérifier mon pouls. Après plusieurs essais, elle finit par lâcher mon bras, qui retomba mollement le long de mon corps. Puis, avec une légère surprise dans sa voix, elle remarqua :

    — Déjà ?

    C’est tout ce qu’elle trouvait à dire, et j’en fus plus que choquée.

    — Comment ça, déjà ? Ce n’est pas normal que je tienne encore debout ! Oh… Ça y est, je comprends : je suis morte ! C’est ça ? Oh non, je savais que je n’aurais pas dû les suivre… Ils m’ont tuée dans mon sommeil !

    — Mais non, coupa Cléonie, tu n’es pas morte. Viens, suis-moi : ils t’expliqueront mieux que moi.

    Si je n’étais pas morte, quelle sorte de monstre étais-je devenue pour vivre sans que mon cœur batte ? Je la suivis en prenant une grande inspiration pour me calmer. Nous parcourûmes un long corridor sur lequel donnaient de nombreuses portes. Perdue dans mes pensées, j’en oubliai que je retenais mon souffle. Soudain, je me rappelai que je n’avais pas respiré depuis un certain temps sans en être dérangée le moins du monde ! C’était comme si mes poumons ne fonctionnaient pas eux non plus… Ma panique ne fit que grandir. J’avais un mauvais pressentiment…

    Quand nous arrivâmes dans la salle à manger, ils étaient tous les deux assis à la longue table et parlaient paisiblement.

    — Qu’est-ce que vous m’avez fait ? ! leur lançai-je en entrant.

    Cléonie ajouta en chuchotant :

    — Son cœur ne bat plus…

    — Déjà ? ! firent-ils en chœur.

    Ils me semblèrent tous les deux enchantés par la nouvelle.

    — Assieds-toi, Cassandre, nous allons t’expliquer…

    — Je me fiche de vos explications ! Ce que je veux, c’est redevenir comme avant ! Et je refuse de m’asseoir !

    — Fais comme tu veux, mais écoute bien. Sache que nous t’aimons déjà beaucoup, Constantin et moi, et que nous désirons que tu restes parmi nous pour toujours…

    — Je ne resterai pas longtemps. Dans deux ans, j’aurai fini mes études et je partirai étudier en Ontario ou au Québec.

    — Bien entendu que tu iras étudier, c’est important, mais tu reviendras après…

    — Je ne crois pas, je vieillirai et j’aurai alors une famille bien à moi.

    Célestine tourna la tête vers son mari pour lui dire :

    — Elle ne comprend

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