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Un monde pour Sharon
Un monde pour Sharon
Un monde pour Sharon
Ebook162 pages1 hour

Un monde pour Sharon

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About this ebook

Sharon a treize ans et sa vie est remplie de musique, de disputes avec ses parents et de rêves de liberté; la perte soudaine de sa mère, toutefois, creuse un abîme de rage dans lequel ni le silence tourmenté de son père, ni la brusque compréhension de Madame Teresa peuvent la toucher. Et dans cet abîme Sharon risque de perdre aussi son petit frère David, resté désespérément dans le monde fantastique inventé, pour eux, par leur mère.
L'enlacement bizarre de ce monde et de personnages loufoques qui l'habitent pourra peut-être aider les deux frères à se retrouver dans le noir de la douleur, mais pour le faire Sharon devra affronter tous ses démons. Et elle devra ramener David à la maison.

LanguageFrançais
PublisherBadPress
Release dateFeb 21, 2019
ISBN9781547572564
Un monde pour Sharon

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    Un monde pour Sharon - Marzia Bosoni

    À Sharon, David et Simeone

    ou à Sara, David et Simone:

    choisissez avec soin votre monde.

    Prologue

    « ... et le seul moyen de rejoindre ce monde incroyable est d’être invité par un de ses habitants, ou sinon de demander au gardien d’ouvrir la porte. Mais le nom du gardien est secret, personne ne le connaît. »

    En regardant la petite fille qui s’était enfin endormie, la mère arrêta de parler, la borda et se pencha pour l’embrasser :

    « Bonne nuit, Shari. »

    Elle se redressa et sourit en sentant un bruit dans son ventre.

    « Apparemment » murmura-t-elle en caressant le ventre « toi aussi t’aimes mes histoires. »

    Chapitre I

    Sharon mit ses écouteurs et se leva de table.

    « Tu ne restes pas regarder le film avec nous ? Ce soir il y a ‘Un gendarme à Saint-Tropez’ : t’as toujours aimé ! »

    La petite fille regarda sa mère et fit une grimace : « Je l’ai vu une centaine de fois : désormais je le connais par cœur. Je vais aller écouter de la musique et après je dois finir de lire histoire-géo. »

    Elle sortit de la pièce pendant que ses parents débarrassaient la table et que son petit frère s’asseyait sur le canapé en attendant le film qu’il ne pourrait pas voir en entier car il se terminerait trop tard et le lendemain il y avait école.

    David avait six ans et c’était sa première année à l’école primaire ; Sharon, avait sept ans de plus que son petit frère, et c’était sa dernière année de collège, mais elle n’avait pas encore d’idée pour son avenir scolaire.

    Elle aimait étudier, mais elle avait l’impression que ses parents lui mettaient trop de pression ; en particulier sa mère qui ne désapprouvait jamais ouvertement les comportements ou les choix de sa fille, mais qui paraissait éternellement insatisfaite d’elle : Sharon n’était jamais assez forte, jamais assez ordonnée, jamais assez sincère ou jamais assez habile.

    L’adolescente était pratiquement sûre que n’importe quel choix qu’elle ferait pour son avenir, elle aurait comme réponse un des fameux soupirs de sa mère, du coup elle repoussait sa décision de jour en jour, en s’attirant par conséquent d’autres regards inquiets de la part de ses parents qui la croyait terriblement incompétente.

    Donc elle s’enfermait pendant des heures dans sa chambre, pour éviter leurs regards et pour rêver d’une vie meilleure, dans un monde différent où elle définirait ses propres règles.

    Une heure plus tard, quand elle en sortit pour aller dans la salle de bain, elle vit sa mère assise sur le lit de David. Elle éteignit son MP3 pour écouter leur conversation.

    « ... il en existe seulement deux dans le monde entier ! L’un d’entre eux est incroyablement sage, en revanche l’autre est incroyablement stupide et ce n’est pas facile de les reconnaître !  »

    En entendant ces paroles, le petit garçon se mit à rire : « Mais s’ils disent quelque chose de stupide c’est facile de les reconnaître. »

    « Euh, ce n’est pas dit » répondit la mère en souriant. « Des fois une phrase idiote peut passer pour une phrase intelligente, si celui qui l’écoute ne sait pas trop où il en est ! »

    « Par exemple ? » demanda sceptique l’enfant.

    « Par exemple un jour quelqu’un demanda à SophoS : ‘Qu’est-ce que je dois faire de ma vie ?’ Et SophoS répondit : « Regarde le fleuve : il coule toujours dans la même direction.’ A ton avis c’était une réponse sage ou stupide ? »

    « Stupide parce que... »

    « C’est toi qui es débile qui crois encore à ses histoires ! » l’interrompit sa sœur en entrant dans sa chambre.

    « Sharon ! » interpella la mère. «  Ah, elle est bien bonne celle-là : à son âge tu ne t’endormais pas si je ne te racontais pas une histoire de ton monde imaginaire ! »

    « Oui, mais la différence c’est que moi je savais parfaitement que tout était inventé, alors que lui croit vraiment que les SophoS et les Bleurrp existent... »

    « Ils s’appellent Beurrp ! » hurla David. « Ils n’aiment pas être appeler autrement ! »

    « Et puis ils sont susceptibles » rajouta la mère.

    « De toute façon je te l’ai déjà dit plusieurs fois, Sharon : les mots... »

    « Les mots créent les mondes. Je sais, je sais » termina l’adolescente en levant les yeux au ciel. Après quoi elle sortit de la chambre de son frère en allumant immédiatement son MP3 pour ne pas entendre les commentaires – ou les soupirs – de sa mère.

    Chapitre II

    Sharon aimait son frère, mais elle ne supportait pas la façon dont il était élevé. En commençant par le choix de son prénom - sa mère avait fait une fixette sur la signification des prénoms et le pouvoir des mots : David signifiait « celui qui est aimé », cela semblait vouloir souligner la différence entre eux deux. Lui était aimé, elle...

    Son prénom aussi avait une très belle signification, selon sa mère ; cela voulait dire « plaine luxuriante », mais Sharon n’y voyait rien de spectaculaire. Elle devait toujours préciser aux professeurs qu’elle n’avait pas été adoptée.

    Quelquefois elle aurait aimé être une orpheline adoptée, car cela représenterait une vraie distance entre elle et le reste de sa famille et cela justifierait certains détails, comme ses improbables cheveux roux.

    « Tu les as hérités de ta grand-mère qui avait du sang irlandais » lui avait expliqué sa mère.

    Mais Sharon préférait penser qu’elle les avait pris de sa mère, de sa vraie mère qui avait été forcée, sans aucun doute, de l’abandonner, mais qui peut-être un jour reviendrait la chercher.

    Au début de la cinquième tous ses professeurs avaient changé à cause d’une réorganisation interne des écoles qui s’étaient réunies en une unique circonscription scolaire ; Sharon avait donc décidé de se faire passer pour une orpheline adoptée avec certains professeurs qui lui avait demandé si elle était étrangère.

    C’était seulement une blague, rien de plus, mais lorsqu’une professeure avait félicité les parents de Sharon pour la belle décision qu’ils avaient prise et qu’elle s’était informée sur la complexité d’une adoption internationale, le scandale avait éclaté.

    Le pire ce n’était ni la mauvaise note de conduite due à un « comportement immature et à un manque évident de respect », ni le fait que les enseignants – parmi lesquels la nouvelle s’était répandue comme un feu de brindilles - avaient gardé un œil sur elle durant le reste de l’année, ni même les rendez-vous hyper ennuyeux avec le psychologue de l’école auxquels elle devait aller avant qu’ils se rendent compte que c’était vraiment une blague, un moyen de faire parler d’elle.

    Non, le pire ça avait été la réaction de ses parents.

    Son père qui, contrairement à sa nature évasive et taciturne, cherchait continuellement à parler avec elle et lui demandait d’un ton angoissé et plein de colère : «  Mais pourquoi t’as fait ÇA ? Vraiment t’aurais voulu être adoptée ? Tu voudrais me parler de quelque chose ? »

    Elle répondait à ces questions de façon docile, mais à l’intérieur d’elle, elle pensait – Tant de bruit pour rien !

    Sa mère, en revanche, l’avait grondée à cause de l’embarras dans lequel elle l’avait mise devant les enseignants et les autres parents ; puis, l’énervement passé, elle avait commencé à soupirer de plus en plus, et souvent, quand elle croyait que Sharon ne la voyait pas, elle l’observait et elle hochait la tête.

    L’adolescente ne supportait pas cette attitude : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi tu soupires ? »

    Un an s’était presque écoulé et à l’école personne n’en parlait plus, mais les soupirs de sa mère n’avaient pas cessé et la distance entre elles s’amplifiait.

    Dans ce contexte, la présence du petit frère - qui était le modèle du bon élève et un enfant docile et obéissant - ne faisait qu’exacerber les sentiments de Sharon.

    Quand la famille faisait des compliments à David, elle s’exclamait : « Oui, c’est vraiment un gentil garçon. On dirait un petit chien bien dressé. Regarde, il donne aussi la patte ! »

    Quand la maîtresse lui mettait une bonne note à un devoir et que le petit garçon le montrait fier à table, Sharon répliquait de façon mesquine : « T’es vraiment le chouchou de la maîtresse, hein ? Pourquoi tu ne lui apportes pas une pomme et un petit bouquet de fleurs, demain ? »

    Naturellement ses comportements étaient toujours repris par sa mère : « Arrête d’humilier ton frère et de le taquiner seulement parce qu’il est bon à l’école. Toi aussi t’étais forte à l’école primaire. »

    « J’étais une bonne élève ?! » répondait-t-elle furieusement « Pourquoi maintenant, au contraire, je suis méchante et mal élevée, n’est-ce pas ? Ou peut-être j’ai seulement appris à penser avec ma propre tête et j’ai arrêté de plaire aux enseignants. Et de te plaire à toi ! »

    Ces discussions l’énervaient beaucoup car ça mettait en évidence ce qu’elle ne supportait pas dans l’éducation de son frère : ses parents étaient en train de l’élever comme un petit chien bien obéissant, incapable de penser tout seul, mais toujours prêt à faire le bon choix.

    C’était horrible.

    S’ils continuaient à l’élever de cette façon, une fois arrivé au collège il deviendrait le souffre-douleur de la classe.

    Elle aimait son frère et c’était pour cette raison qu’elle voulait qu’il se réveille, qu’il arrête de croire aux histoires, à son âge.

    Et voilà pourquoi elle était comme ça avec lui.

    Elle aussi avait été une petite fille naïve - sa mère avait raison, et c’était de sa faute d’ailleurs – et elle avait cru au père Noël, aux fées et au monde ridicule que sa mère avait inventé pour elle jusqu’à ses neuf ans.

    Quand on lui avait dit la vérité, la déception avait été trop forte. Ingérable, pour son petit cœur.

    Bien sûr, sa mère continuait à lui répéter que la magie existait et que chaque personne avait le pouvoir de faire vivre plusieurs mondes, mais désormais Sharon n’y croyait plus.

    Elle l’avait bernée, elle

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