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L’Épiphanie d’une vie
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L’Épiphanie d’une vie
Ebook111 pages1 hour

L’Épiphanie d’une vie

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About this ebook

L’étudiant en licence Adam Carlson choisit comme sujet de recherche un roman laissé en suspens rédigé par Noelene Richards, une amie de Virginia Woolf. Alors qu’il tente de terminer ce chef-d’œuvre extraordinaire, Adam devient obsédé par le livre et son auteur, une monomanie décuplée par l’usage de drogue.
Quand tout l’accuse d’avoir tué son chargé de cours, la culpabilité d’Adam aggrave son instabilité mentale jusqu’à ce qu’il ne soit plus en mesure de faire la différence entre la réalité et l’univers du roman de Richards. Dans cette quête de vérité, Adam renaît des cendres de son passé chaotique.
Ce premier roman intelligent d’Aaron J. Clarke, un livre dans un livre, joue sur les perceptions de la réalité et de l’identité et sur la possibilité d’une rédemption.

LanguageFrançais
Release dateMar 5, 2019
ISBN9780463887592
L’Épiphanie d’une vie
Author

Aaron J Clarke

Aaron Clarke was born in Queensland on 24th January 1973, the middle child of two sisters. Like many other children, he watch a lot of television. Then one day he changed the channel to the ABC and saw "A Midsummer Night's Dream". Immediately taken aback by the lyrical beauty, he wanted to emulate Shakespeare.Aaron enrolled at James Cook University to study chemistry and biochemistry. In his second year he experienced his first psychotic episode and was hospitalised for several months. A year later he returned to JCU as an English student and started writing short stories and poems, which have been published in student publications and on the Internet.Please contact me at < aaron.clarke@my.jcu.edu.au > to discuss your opinions regarding my work, as I would greatly appreciate your point of view. Please address your questions as 'Reader Feedback' in the subject line of your email. Thanks, Aaron.

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    Book preview

    L’Épiphanie d’une vie - Aaron J Clarke

    Prologue

    Cher Lecteur,

    Mes intentions en tant qu’écrivain sont d’attiser vos émotions. Je ne cherche pas la sympathie. J’aspire seulement à être entendu, pas catégorisé ni étiqueté par vous, lecteur, ou par le DSM IV, le livre sacré de la psychiatrie. Le roman est décousu, ce qui est intentionnel de ma part, afin d’estomper la ligne entre le réel et l’imaginaire. Vous ne saurez jamais où vous en êtes vraiment dans la narration.

    Avec tout mon respect,

    Adam Carlson

    Chapitre 1

    La littérature est une de mes addictions. Comme pour toute drogue, j’en ai d’autant plus besoin que je m’en suis privé l’espace de quelques jours. Mes joues sont devenues rouges et ma voix est aussi acérée qu’un éclat de verre. Ma langue balaye les tessons tranchants de l’esprit. Le temps est tapi comme une panthère dans l’obscurité d’encre ; au moment où vous vous y attendez le moins, il vous retient entre ses mâchoires. Je suis en retard. Pas le temps d’attendre. Je m’habille rapidement et engloutis un bol de céréales. J’avale une pilule. Me voici paré pour la journée.

    C’est l’aube d’un nouveau jour. Qu’a-t-il à offrir ? Je me lasse du mastodonte mécanique de rouages et d’aiguilles en mouvement qu’est ma montre, battant seulement pour l’exactitude du temps ; comment peut-on définir une chose aussi abstraite ? J’ouvre la bouche et commence à réciter : Le temps s’est arrêté. Les sables mouvants de l’éternité n’attendent personne. Le temps est une troisième dimension abstraite mesurée avec incertitude. Des sables mouvants ; une pensée et un fait éthérés ; né, puis mort. Tel est le temps, un instant ici, puis reparti. Le futur contemple le changement radical. Car le passé sera. Comme une étoile filante. Quand il ne restera plus d’étoiles, le futur ne sera plus. Et nous nous souviendrons du passé. Hélas ! Pauvre destinée. Car le ver sanglant du temps te prendra comme épouse. Quand il t’aura consommée, il ne restera rien de toi. Douce innocence, délitée par les plaisirs intransigeants du temps. J’atteste de l’accroissement du changement du temps ; il bat en vous et moi.

    Je ne peux me retenir de réciter de la poésie ; la pilule commence à agir. Ouah Ouah. Tandis que je me dirige vers le Département d’anglais, un orchestre joue une symphonie. Des atomes d’oxygène et de nitrogène, invisibles à l’œil nu, s’agitent selon le caprice des pressions atmosphériques fortes ou faibles, dansant mélodieusement. Je ressens la mélopée de ces particules qui s’emboutissent les unes les autres. Ces collisions atomiques animent les arbres, les feuilles et tout le reste. Cette danse mentale se déroule selon un schéma inhabituel ; une méthode que je suis le seul à connaître. Les sons oscillants vibrent chaotiquement dans mon auditorium mental. Des passereaux filent dans le ciel comme une pluie de flèches tirée par une arbalète antique. Les branches des eucalyptus s’inclinent comme si j’étais un dignitaire, faisant pleuvoir sur moi les minuscules fleurettes à la façon de confettis de carnaval. Les hibiscus irradient, veines roses sur rouge vif. Des perroquets à moitié enivrés de nectar s’écrasent contre la moustiquaire au dernier étage du bâtiment B. Après un moment d’étourdissement, ils se reprennent et s’envolent vers le Département d’anglais. Bons ou mauvais présages ?

    Le jour a commencé comme tous les autres. Le soleil s’est levé à l’est. Pourtant, une incertitude demeure, la principale, celle de mon projet de recherche de licence. Vais-je être autorisé à contempler le Saint Graal de la littérature ?

    Sous les ébouriffements sonores des perroquets arc-en-ciel, je commence mon oraison, énumérant les raisons pour lesquelles je pourrais être autorisé à lire le manuscrit de Noelene Richards. Celui-ci demeure à l’abri des regards, enfermé dans un coffre sous la surveillance du bibliothécaire de l’université. Son existence était inconnue jusqu’à ce que mon chargé de cours, le professeur Matheson, l’ait mentionné à l’un de ses collègues durant une fête de Noël, il y a trois ans de cela. Le roman est considéré comme sacro-saint. Personne – je souligne : personne – n’avait jamais eu l’occasion de voir ne serait-ce que la première page… à part mon chargé de cours. Il aime ce manuscrit comme s’il l’avait rédigé lui-même et, c’est compréhensible, le surveille comme il l’aurait fait d’un trésor.

    Au bout de trois ans, j’ai besoin de sortir de cette coquille que je m’impose ; je veux réaliser quelque chose d’important. Et je veux me forger un nom aux yeux de mes supérieurs. C’est mon problème ; j’ai toujours besoin d’être rassuré. Mon ego a besoin d’être flatté. Si j’écrivais avec enthousiasme et passion… les mots surgissant de ma tête sur l’écran dans un véritable flot de conscience, je m’exposerais au lecteur, m’exposerais à un public invisible et silencieux. Je me demande ce que pense le lecteur en cet instant. Êtes-vous satisfait ou ennuyé ; voulez-vous que je poursuive ? Alors pourquoi ai-je envie de lire le manuscrit de Noelene Richards ? Parce que je suis convaincu que cela révélera une autre facette d’elle. Je pèlerai les couches de son âme littéraire.

    Le ciel marbré est redevenu silencieux. Le monde est devenu silencieux. Étrange. À présent, je ne fais qu’un avec la vie. Au lieu de la détester et d’essayer de me détruire, je m’engage dans ce crépuscule de l’imaginaire. L’imagination est la montagne qu’un grimpeur parvient à escalader… ou échoue. Je vais vous révéler lentement les nombreuses parties de moi que je suis le seul à connaître. Comme lorsque j’étais naïf, me perdant dans la béatitude de mon premier baiser. Il n’était pas tel que je me l’étais imaginé. Morne et banal, absolument pas romantique. Le sexe différait également de ce à quoi je m’attendais. J’avais vécu une existence relativement préservée, une coquille attendant d’être ensemencée, et il ne s’est développé aucune « perle ». Je voulais tellement devenir biochimiste ; pourtant, après toutes ces années de médiocrité dans cette branche, je me suis redécouvert dans le monde littéraire. La littérature remplit à présent les vides de mon âme. Une simple histoire les a réparés. Une fois que j’ai eu découvert l’écriture de Noelene Richards, son enchaînement simple de syllabes et de consonnes dont la fluidité donnait vie à la page, j’ai voulu en découvrir le plus possible sur elle. Excaver son travail et son esprit est à présent ma mission.

    Grognant d’anticipation comme un adolescent attendant sa prochaine rencontre, je m’engage dans l’escalier qui monte vers le bureau de mon chargé de cours. Je frappe une première fois, puis deux. Tout en attendant une réponse derrière la porte, je médite : qu’ai-je à dire qui n’ait pas déjà été dit ? Se souviendra-t-on de moi après ma mort ? Ce sont les questions que je me pose tandis que je patiente dans le corridor, essayant d’apporter une réponse à ces mystères insondables. Je vis dans l’espoir que mon existence se transformera pour le mieux. Je pensais que je savais quelle direction prenait ma vie. Mes ambitions et mes plans s’étalent devant moi comme des mots sur une page. Une licence de sciences avec une spécialité en biochimie, qui mènerait à la recherche contre le cancer et, un jour, au Prix Nobel. Mais il n’en est pas allé ainsi. J’avais abandonné ces rêves. Ma maladie les avait éparpillés et aujourd’hui, ils ont ressuscité à travers la littérature. Mes ambitions se sont réveillées. J’ai commencé à lire… à redécouvrir les classiques de la littérature. J’ai vécu ma vie comme si j’étais dans un roman, voyageant à travers l’espace et le temps.

    Chapitre 2

    Je regarde, le visage figé. Alors que je fixe l’écran de l’ordinateur, le poids de la responsabilité de l’élucidation du manuscrit de Noelene Richards se fraye un chemin dans mon psychisme. Chercher l’inspiration n’est pas facile. Pourtant, tandis que nous nous approchons de plus en plus de notre « œuvre », les phrases coulent, cascadant de la construction la plus insaisissable et privée : l’âme littéraire. Il n’est pas deux « âmes littéraires » qui soient semblables, peu importe combien nous souhaiterions écrire comme Dickens. C’est le point principal que je tiens à souligner. Malgré mon désir d’écrire comme Noelene Richards, je ne peux pas devenir elle. Ou bien, si ? Écrire à la manière d’un autre est une chose, mais devenir cette personne ! Cela se pourrait si je parvenais à dépasser le fait qu’elle ait été recluse et soit morte depuis plus de cinquante ans. Comme si on venait d’allumer une ampoule électrique, mes yeux se sont écarquillés à une pensée profondément choquante. Comment y parviendrais-je ? Les fins cheveux de ma nuque se sont hérissés, au garde-à-vous. Mon esprit serait une ardoise vierge sur laquelle écrire, je me moulerais dans ses idiomes et sa syntaxe afin que plus personne ne soit en mesure de différencier son travail du mien. Ce manuscrit me permettrait d’y parvenir.

    De petites gouttes de sueur se forment à mes tempes tandis que je parcours les étagères. Comme Virginia Woolf, elle était une auteur d’avant-garde

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