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ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DU
CYCLE DE VIE
EAUX
EPFL, IATE, DGR, CH- 1015 LAUSANNE, SUISSE
ÉCOLE POLYTECHNIQUE
Prof Olivier JOLLIET, Pierre CRETTAZ FÉDÉRALE DE LAUSANNE
TEL: +41 21 693 57 68 FAX: +41 21 693 57 60
TEL DIR: +41 21 693 70 11 FAX: +41 21 693 70 84
EMAIL: Olivier.Jolliet@epfl.ch
Version 3, 6.2.2001
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INTRODUCTION ........................................................................................... 6
1.1 DES PRIORITES POUR L’ENVIRONNEMENT .......................................... 6
1.2 APPROCHE CRITIQUE, OBJECTIF ET CONCEPTION .............................. 7
1.3 HISTORIQUE ............................................................................................ 8
CHAPITRE 2 ................................................................................................. 10
INTERPRETATION ..................................................................................... 94
6.1. INTERPRETER, INTERPRETER, INTERPRETER !................................. 94
6.2 ANALYSE D’AMELIORATION ............................................................... 95
6.3 INCERTITUDES ET ETUDES DE SENSIBILITE ET CRITIQUE ..... 95
6.3.1 Analyse de sensibilité..................................................................... 95
6.3.2 Incertitudes .................................................................................... 96
6.4 EVALUATION ENVIRONNEMENTALE ET EVALUATION SOCIO-
ECONOMIQUE .............................................................................................. 97
6.4.1 Analyse coût-bénéfice .................................................................... 97
6.4.2 Internalisation des coûts................................................................ 97
6.5 NORMES ISO 14000............................................................................. 98
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CHAPITRE 7 ................................................................................................. 99
CHAPITRE 1
INTRODUCTION
S’il est très facile de parler de développement durable, passer de la parole aux
actes est sensiblement plus délicat. Pour l’avenir de notre société, il est crucial que
les affirmations s’accompagnent d’actions efficaces contribuant à une réduction
effective des impacts environnementaux, voire à une amélioration de l’état. Pour
qu’une action soit efficace, deux conditions sont à réunir:
• Il faut disposer de solutions technologiques satisfaisantes pour l’utilisateur
• Il faut déterminer quelles sont les priorités d’action parmi l’ensemble des
mesures possibles, en tenant à la fois compte de leur efficacité
environnementale, de leurs coûts et des contraintes qu’elles impliquent sur le
plan économique.
L’analyse du cycle de vie ou écobilan est l’un des outils d’aide à la décision qui
répond spécifiquement à ce second besoin. Un besoin d’autant plus crucial lorsque
les disponibilités financières sont très limitées. Comme le disait BARLOW (1993) de
façon quelque peu provocante: «Le problème n’est pas de résoudre les problèmes
individuels - en ingénierie, la technologie est soit déjà disponible, soit elle peut être
développée à cet effet. Le problème est plutôt de définir les priorités d’action. Le
monde ne peut pas se payer le luxe de tout faire. En fait, bien des propositions
d’amélioration environnementales ont un mauvais rapport efficacité-coût et sont
déphasées par rapport aux enjeux réels». L’écobilan est justement complémentaire
aux développements technologiques puisqu’il met en évidence quels sont les
processus à optimiser en priorité.
L’analyse du cycle de vie est particulièrement intéressante dans la perspective de
durabilité puisqu’elle couvre l’ensemble du cycle de production d’un produit et
permet d’éviter que les améliorations environnementales locales ne soient que la
résultante d’un déplacement des charges polluantes. Par rapport à d’autres méthodes,
elle présente l’avantage d’engendrer une forte interaction entre performance
environnementale et fonctionnalité économique puisque les émissions polluantes et
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Être critique
Si l’analyse du cycle de vie a des atouts, elle n’est pas exempte de points
sensibles. Au même titre qu’une comptabilité économique visant à estimer le coût
réel d’un produit, une comptabilité écologique implique un certain nombre
d’hypothèses qui doivent être faites sur la base de raisonnement et de critères
cohérents. Certaines applications ont parfois suscité de vives critiques, avec
l’impression qu’il suffisait de choisir une méthode pour arriver au résultat désiré par
le commanditaire de l’étude.
Pour que cet outil environnemental ait une large portée, il est crucial de pouvoir
identifier les éventuels biais d’une étude et être en mesure d’infirmer l’adage: «Dis-
moi ce que tu as calculé, je te dirai qui t’as payé!». C’est justement l’objectif de cet
ouvrage que de permettre d’identifier les points clés d’une analyse du cycle de vie et
de dégager des critères de cohérence indépendants d’intérêts particuliers.
Objectif
L’objectif de cet ouvrage et du cours correspondant est de permettre au lecteur,
respectivement au participant:
• de connaître les bases de données et méthodes existantes, en tenant compte des
derniers résultats de la recherche internationale.
• d’être capable d’analyser et de critiquer un écobilan déjà réalisé.
• d’avoir appliqué la méthode écobilan dans un travail pratique personnalisé.
Relevons en particulier :
• La formation à l’utilisation d’un logiciel ainsi qu’à une vaste base de données
actuellement disponible.
• Les derniers développements de la recherche internationale sur l’évaluation de
l’impact, incluant les effets toxicologiques et les phénomènes de transferts,
de dégradation ou de dilution des polluants.
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1.3 HISTORIQUE
Terminons cette introduction par quelques éléments historiques rappelant les
grandes étapes du développement des écobilans et de l’analyse du cycle de vie
(Tableau 1.1). Avec la fondation du Club de Rome, le concept d’une limite au
développement s’est imposée, basée sur les prédictions de disponibilité restreinte des
matières premières et des vecteurs énergétiques. Vingt ans plus tard, l’idée d’une
limite se confirme, mais cette limite s’est manifestée d’abord par l’incapacité de
l’environnement à absorber les émissions polluantes plutôt que par la question des
ressources.
Parallèlement, si les premiers bilans ont d’abord été réalisés sur le plan
énergétique, la nécessité d’approcher non seulement le problème énergétique, mais
aussi l’ensemble des émissions dans l’air, l’eau ou le sol a fait son chemin.
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1972 Fondation du Club de Rome : pour la première fois on réalise que les ressources sont
limitées et le développement s’étudie sur la base de simulations (Think globally, act locally”
: principe de base.)
On se rend alors compte que les matériaux d’emballage ne jouent pas un rôle principal sur
l’écobilan final d’un produit.
1992 20 ans du Club de Rome : la première limite rencontrée n’est pas le manque de ressource,
mais l’environnement.
La SETAC (Society of environmental toxicity and chemistry représente l’une des plus
importantes organisations internationales scientifique traitant des questions structurelles des
LCA.
L’ISO (International Standard Organization) prépare la publication d’une norme ISO 14’000
sur la LCA “standard”. Ceci répond à la forte exigence d’harmonisation au niveau
international entre les diverses méthodologies utilisées en LCA.
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CHAPITRE 2
2.1 DEFINITION
L’analyse du cycle de vie ou écobilan évalue l’impact environmental d’un
produit, d’un procédé ou d’un système nécessaire en relation avec une fonction
particulière.
Elle permet de comparer des produits ou systèmes existants entre eux, de faire
ressortir les points où un produit peut être amélioré et d’aider à développer de
nouveaux produits. C’est avant tout un outil comparatif, visant à évaluer la charge
environnementale de plusieurs produits, procédés ou systèmes ainsi qu’à comparer
les différentes étapes de production d’un même produit.
Le code de pratique publié par la SETAC (1993, Society for Environmental
Toxicology And Chemistry) définit pour l’analyse du cycle de vie les quatre étapes
suivantes: la définition des objectifs, l’inventaire des émissions et des matières
premières, l’analyse de l’impact et l’amélioration ou optimisation des procédés. Les
développements récemment effectués tant dans le cadre de la SETAC que dans
l’élaboration des normes ISO (1996) débouchent sur le remplacement de la quatrième
étape par une étape d’interprétation comprenant aussi bien l’analyse des résultats de
chacune des phases de l’écobilan que l’évaluation des incertitudes ou l’analyse de
sensibilité (fig. 1). Ces étapes peuvent se définir comme suit :
Ces quatre étapes seront décrites en détail dans les chapitres suivants. Leur stade
de développement est assez diversifié:
• la définition des objectifs et du système est bien cernée,
• pour l’inventaire, c’est principalement au niveau de l’allocation et de la
disponibilité et de la fiabilité des données que de nouveaux développements
sont nécessaires,
• au niveau de l’analyse de l’impact, de gros progrès ont été réalisés afin de
définir un cadre d’analyse clair pour la classification et la caractérisation.
Les premiers facteurs de caractérisation incluant non seulement l’effet, mais
aussi le devenir des polluants ont été calculés pour la toxicité humaine ou
l’écotoxicité. Ces calculs doivent être encore affinés. C‘est au niveau de
l’évaluation finale des dommages et de l’impact que plusieurs questions
restent ouvertes,
• pour l’interprétation, rares sont les analyses du cycle de vie qui incluent une
analyse des incertitudes, un manque à combler prioritairement dans de
nouvelles études.
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Définition des
objectifs et
du système
Inventaire
des polluants
& matières Interprétation
premières
Analyse
de l’impact
Système technologique
Performances, durées de vie
ACV produit ou globale, (régionale) effets multiples par fonction du bilan de masse
système tout cycle de vie grand nombre de produit ou du impact environnem.
substances système modèles multi-medis
AFS substance régionale ou globale pas d’effet temps et région bilan de masse
polluante cycle de la subst. substance unique donnée modèles multi-
medias
EIE nouvelle locale, effets locaux variable selon pour capacité variable selon
activité l’auteur de l’étude d’absorption l’auteur de l’étude
localisée locale
On peut distinguer les outils tels que le AFS qui considèrent peu l’effet des
substances des outils tels que l’ACV où l’impact d’une émission est considéré jusqu’à
son effet sur l’homme.
L’analyse du cycle de vie (ACV) est la seule méthode qui fait le lien entre
impact environnemental et la fonction du produit.
On constate que l’analyse des flux de substance (AFS) se focalise sur le transfert
d’une seule substance vers les divers médias (air, eau, sol) alors qu’au contraire
l’ACV évalue l’impact d’un grand nombre de polluants et pour de nombreux effets.
Les deux méthodes font appel à des bilans de masse, élément de contrôle important
dans l’établissement de l’inventaire des émissions.
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La comparaison entre ACV et EIE est présentée dans la figure 2.4 en fonction de
l’échelle spatiale et des procédés considérés. L’écobilan travaille à un niveau global,
du berceau à la tombe alors qu’une EIE effectue son analyse pour un site spécifique,
sans regarder tout le cycle de vie. Ce sont donc des outils complémentaires, dont le
choix final dépend des objectifs à atteindre. Ainsi, pour une évaluation sur un site
spécifique, l’EIE est mieux adaptée car elle permet de considérer les conditions
spécifiques de la région telles que le nombre de personnes vivant proche de
l’entreprise, la distance entre l’entreprise et les quartiers résidentiels, la présence
d’écosystèmes spécifiques. L’outil «idéal» couvrant de l’échelle locale à l’échelle
globale et du berceau à la tombe est potentiellement réalisable. Le temps nécessaire à
sa mise sur pied et à son utilisation en fait pour l’instant une utopie.
Cycle
Berceau de vie Tombe
Global
ACV
Espace
Local EIE
Temps
Fig. 2.4 Comparaison entre étude d’impact environnementale et analyse du cycle de vie
2.3.1 Introduction
Notre intuition nous fait souvent penser que ce qui est chimique est “mauvais” et
que ce qui est biodégradable ou naturel est “bon”; elle ne nous éclaire que rarement
sur les avantages et désavantages écologiques globaux d’un procédé. C’est justement
l’objectif d’un outil comme l’analyse du cycle de vie que de quantifier ces avantages
et inconvénients.
Le défanage des pommes de terre consiste à couper leurs feuilles environ
semaines avant la récolte, afin d’assurer une bonne qualité lors de la récolte et pour
réduire le risque d’infections virales et de mycoses.
Traditionnellement, cette tâche se fait chimiquement à l’aide de matières actives
telles que le dinosèbe, le DNOC ou le glyphosate. Ces produits tombent sous le feu
de critique en raison des dangers qu’ils représentent pour l’homme et le milieu
naturel. Pour cette raison, des procédés mécaniques (on coupe mécaniquement les
fanes) et thermiques (la combustion de gaz propane engendre des températures de
900o, ce qui fait coaguler les protéines et les fanes) ont été mis au point dans le cadre
de la production intégrée.
Notre intuition nous pousse à penser que le défanage chimique est le pire
scénario, du fait de la forte pollution du sol, de l’eau et des aliments qu’il engendre
de par l’usage de pesticides. Mais le défanage mécanique et thermique ont aussi des
désavantages. Le défanage mécanique utilise plus de travail mécanique; le nombre
d’heures de tracteur est plus élevé, entraînant une consommation de carburant ainsi
que des émissions de gaz d’échappement élevées. Le défanage thermique utilise pour
sa part plus d’énergie; brûler les fannes consomme de grande quantités de gaz et
cause de ce fait une pollution de l’air importante. Si donc les scénarios alternatifs
permettent de réduire l’utilisation de produits chimiques, ils entraînent un
accroissement de la consommation d’énergie et du travail mécanique. Il n’est donc
pas prouvé que ces nouveaux procédés soient plus avantageux et il est judicieux de
confronter notre intuition en recourant à l’analyse du cycle de vie.
17
Fig. 2.5 Limites du système pour la comparaison de procédés de défanage de pommes de terres
18
Heures de tracteurs
50 kW (4R) h/ha
HC 14 42 22 19 13
Aldehyd. 0.09
Organiques 0.14
Sol g/kg
Pesticide _ _ _ 1000 _
Tableau 2.7 Inventaire des besoins énergétique globaux et des émissions polluantes liés au défanage de
pommes de terre
Particules 1'380 36 23 27 14
Aldéhydes 29 7 0 1 0
Composés organiques 45 11 1 1 1
NH3 13'170 4 0 0 0
DNOC 1'420
Glufosinate 100
DNOC 12'070
Glufosinate 850
NO3 144'500 _ _ _ _
Phosphate 661 _ _ _ _
Dinoseb 49
DNOC 156
Glufosinate 1,1
Tableau 2.9 Toxicité humaine due au défanage de pommes de terre. Résultats après caractérisation
en kgPb
équivalent/ha
Air
Eau
Nitrate 0.123 0 0 0 0 0 0
Phosphate 5E-07 0 0 0 0 0 0
Résidus sol-aliments
Total 0.22 0.0066 0.0016 < 2.7 < 6.7 < 6.7 < 16.8
Le tableau 2.10 présente les résultats de chacune des classes après application
des facteurs d’évaluation du tableau 11 de l’annexe 5. Pour pratiquement toutes les
classes, le scénario mécanique s’avère le plus favorable. Pour la création d’ozone
troposphérique, il donne un impact équivalent au scénario chimique. L’impact total
pour l’homme, combinaison de la toxicité humaine et de la formation d’ozone, est
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Tableau 2.10 Contribution de chaque catégorie d’effet à l’impact global du défanage de pommes de terre.
Résultats après évaluation
Toxicité humaine 2690 80 19 < 32400 < 81000 < 81400 < 8100 à
203000
Total humains 11690 1070 164 200 à 143 à 143 à 143 à <
<32600 <81000 <81400 203000
Formation d’ozone (écosy) 9000 990 145 200 143 143 143
Total écosyst. terrestre 46470 1981 403 10248 24700 270600 3120
Eutrophisation 696 0 0 0 0 0 0
Trou d’ozone 0 0 0 0 0 0 0
Ressources 0 0 0 0 0 0 0
Utilisation de surfaces 0 0 0 0 0 0 0
Total effets indirects 136540 17350 1755 2579 2064 2064 2064
2.3.5 Interprétation
Bien que les méthodes d’analyse de l’impact actuelles ne permettent pas une
analyse complète, plusieurs conclusions peuvent être tirées: en considérant la
pollution totale, le traitement purement mécanique s'avère nettement le plus
avantageux pour l'environnement. La quantité de gaz consommée devrait être
sensiblement réduite pour que le système thermique puisse être considéré comme
favorable à l'environnement. Par rapport au traitement chimique, le traitement
combiné mécanique-chimique réduit sensiblement la pollution. D'éventuels résidus
24
CHAPITRE 3
• Une deuxième phase d’analyse détaillée reprenant les étapes de définition des
objectifs, en approfondissant les points dont les impacts sont les plus
importants. Cette phase va déboucher sur l’interprétation finale avec l’étude
de sensibilité détaillée et l’estimation des incertitudes. L’étude se termine par
la comparaison des aspects environnementaux et économiques.
Ainsi, dans l’exemple du défanage, les pommes de terre peuvent servir soit à
l’alimentation humaine soit à l’alimentation du bétail. En plus du rôle d’alimentation,
l’agriculteur contribue au maintien des surfaces arables et à une fonction d’entretien
du paysage ou de protection de l’environnement qui se traduit souvent financièrement
par des paiements directs de l’état.
Finalement lorsqu’une étude porte sur une partie d’un système plus large, on se
rapportera généralement à la fonction de l’ensemble du système : dans une
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3.3.1. Définition
Une fois la fonction du système définie, l’unité fonctionnelle (UF) peut être
dérivée. Cette unité fonctionnelle est la grandeur quantifiant la fonction du système,
le service offert, et sur la base de laquelle les scénarios sont comparés; Son rôle étant
d’offrir une référence à laquelle tous les flux de l’inventaire seront rapportés, l'unité
fontionnelle est donc la même dans les différents scénarios. C’est une grandeur
clairement définie en cohérence avec les objectifs de l’étude qui doit être mesurable
et additive et n'est donc pas un rapport: l'impact de deux unités fontionnelles doit être
le double de l'impact d'une unité fonctionnelle. Ainsi dans l’exemple du chapitre 2.3,
les émissions de l’inventaire ainsi que les impacts sont tous calculés par kg de
pommes de terre produite ou par hectare. De plus, dans le cas d'un composant d'un
tout, on se référera en général dans l'unité fonctionnelle à la fonction du tout: pour un
tableau de bord de voiture, son utilisation est en général déterminée par celle de la
voiture elle-même. les émissions pour la contruction et l'utilisation du tableau de bord
seront calculées pour un tableau de bord d'une voiture roulant 200'000 km.
Pour une unité fonctionnelle donnée, on mesurera pour chaque scénario les flux
de référence, c’est à dire les quantités de produit nécessaires et achetées pour
remplir cette fonction. Le tableau 3.2 présente différents exemples d’unité
fonctionnelle. Dans le cas du sèchage des mains par papier serviette ou électrique,
l’unité fonctionnelle retenue est un nombre de mains séchées identique. Pour chaque
système, il est possible de déterminer les flux de référence, c’est à dire les quantités
de papier et d’électricité nécessaires. Sur la base de ces flux de référence, il devient
possible de faire l’inventaire des inputs et des outputs nécessaires (ISO 14040, p.10).
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Peinture m2 du mur peint pour une Litre ou kg de peinture Quantité appliquée au m2,
période de temps définie durée de vie de la peinture
Sèche main Paire de main séchée Nombre de serviettes et Masse serviette en papier et
quantité d’électricité puissance du séchoir
nécessaire
Comme le tableau 3.2 le met en évidence, les facteurs reliant l’unité de fonction
au flux de référence sont des paramètres environnementaux clé pour optimiser le
système. Ce sont en particulier les facteurs durée de vie, nombre possible de
réutilisation ou quantité de matière utilisée qui jouent un rôle essentiel. Ils
interviennent comme un facteur multiplicatif direct entre l’unité de production et
l’unité de fonction. Dans beaucoup d’applications, doubler la durée de vie du produit
permettra de réduire d’un facteur deux les émissions. Ainsi, il arrive souvent que
l’optimisation de la fonction d’un point de vue industrielle (réduction des quantités de
matières utilisées, amélioration des propriétés) concorde avec l’optimisation
environnementale.
Soulignons que l’unité fonctionnelle est une grandeur extensive et ne peut être
un rapport : les émissions de deux unités fonctionnelles sont égales à deux fois celles
liées à une unité fonctionnelle.
Pour être valable, une comparaison entre deux systèmes ou scénarios sera faite
sur la base de la même fonction caractérisée par la même unité fonctionnelle. Pour
chaque scénario l'inventaire environnemetal se basera sur les flux de référence, les
quantités de produits achetées par unité fonctionnelle.
Pa r kg de ma téria ux
Phospha tes
Phosphates
Par m3 de matériaux
Nitrates
200% NH3
SO2
150%
NOx
100% HC
50% CO
Part.
0%
N2O
PS PC PS PC PS PC CO2
Ecopoints Volumes critiques Surf-temps crit.
Fig. 3.3 Comparaison de l’impact global d’un remplissage de paquet par du popcorn(PC) et par du
polystyrène (PS) rapportés a) au kg de matériau, b) au m3 de matériau. Pondération des impact d’après les
méthodes des volumes critiques, des surfaces-temps critiques 94 et des écopoints. D’après JOLLIET et al.
(1994)
150%
Relatif à FWA 2
100%
FWA 1
FWA 2
50%
0%
Energie CO2 dans SOx dans COD Déchets
primaire l'air l'air industriels
Fig. 3.4 Charge environnementale due aux agents blanchisseurs, par kg de substance blanchissante
300%
250%
Relatif à FWA 2
200%
FWA 1
150%
FWA 2
100%
50%
0%
Energie CO2 dans SOx dans COD Déchets
primaire l'air l'air industriels
Fig. 3.5 Charge environnementale due aux agents blanchisseurs, par lessive effectuée
3.3.3 Une base commune pour analyse environnementale et analyse des coûts: le
cas des ampoules électriques
La définition de la fonction et de l'unité fonctionnelle est un moyen adéquat pour
poser un problème d'écodesign et pour identifier les paramètres environnementaux
clé dès les premières étapes du design. Ceci est illustré par une comparaison de
différents types d'ampoules (tableau 3.6).
33
Total=16.6 $/UF
de 10 $/UF pour une ampoule à faible consommation d'énergie. D'un autre côté, le
coût de l'électricité s'élève à 36 $/UF pour les ampoules à incandescence et à 6.6
$/UF pour les ampoules à fluorescence. Malgré le coût d'achat plus élevé, les
ampoules à fluorescence permettent de faire des économies sensibles (42 $ - 16.6 $ =
25.4 $ par ampoule et pour 6000 h ou 6 ans).
Nous sommes dans une situation optimale, où les ampoules à fluorescence sont
meilleures d'un point de vue énergétique et économique. L'analyse de cycle de vie se
concentre uniquement sur les impacts environnementaux, c'est pourquoi la mesure
des performances économiques est une analyse complémentaire indispensable, mais
qui ne fait pas partie à proprement parlé de l'écobilan.
Pourquoi les gens continuent-ils d'acheter des ampoules à incandescence qui
consomme plus d'énergie et dont les performances économiques sont inférieures aux
ampoules à fluorescences ? C'est là tout l'enjeu de l’acceptation sociale.
Premièrement, un coût d'investissement plus élevé n’est jamais en faveur du produit.
De plus, il est important que les futurs profits soient lisibles lors de l'achat du produit.
Deuxièmement, les ampoules à fluorescence ont besoin d'un certain temps à
l'allumage pour éclairer de manière optimum. Ce désavantage peut être compensé en
achetant des ampoules d'intensité légèrement supérieure (800 lumens à 15 W
remplacera des ampoules à incandescence de 600 lumens à 60 W). Ceci est une
bonne illustration du dicton : "Le développement durable doit être techniquement
approprié, non dégradant pour l'environnement, économiquement viable et acceptable
d'un point de vue social" (FAO, 1995).
L'unité fonctionnelle et les flux de référence forment une base commune pour
deux outils complémentaires: l'analyse environnementale du cycle de vie ou écobilan
et l'analyse économique du cycle des coûts.
Principe
Un système de production est un ensemble de processus et d’opération connecté
entre eux par des flux et des produits intermédiaires, qui remplit une ou plusieurs
fonction. Chaque processus peut également avoir des entrées du monde
environnemental (consommation de ressource, d’énergie ou de surface) et des sorties
(émission dans l’eau, l’air, le sol...).
Le système de production sera subdivisé en une série de processus unitaires
assurant une activité unique ou un groupe d’opération. le niveau de détail dans la
modélisation du système sera choisit en fonction des objectifs de l’étude. Le système
étant un système physique, des bilans de matière et d’énergie peuvent être effectués
afin de vérifier que les processus unitaires et le système global respectent les lois de
conservation de la matière et de l’énergie.
3.5.1. Principe
La définition des limites du système détermine quels sont les modules qui sont à
considérer pour la modélisation du système étudié. La fonction du système est
également à la base de cette définition. En effet, les limites du système incluent par
définition tous les processus utiles à la réalisation de sa fonction. Tous les processus
économiques requis pour cette fonction, du berceau à la tombe, seront pris en
compte.
Economie Environnement
Consommation (ressource,
énergie, sol...)
Produit
Système
Input = 0 Emission (dans air, eau et
sol, bruit)
Devant ces résultats surprenants, les limites du système considérées lors de cette
étude doivent être examinées de près. Pour ce faire, les processus de fabrication des
deux scénarios sont mis en parallèle dans le tableau 3.9.
Tableau 3.9 Comparaison des étapes de confection d’un repas entre restaurant MacDonald’s et cuisine
conventionnelle
Conditionnement centralisé
(préparation de hamburgers, salades ...)
Gestion des déchets d’emballage, de nourriture Gestion des déchets de nourriture, d’emballage
Frontière du système
Préparation de
Nourriture Nourriture Chauffage
nourriture
Ec lairage
Aération
Vaisselle Vaisselle
Refroidissement
Lavage de la
vaisselle
Emballage Emballage Nettoyage
WC
Usine d’incinération
STEP Emission dans l’air Décharge
Fig. 3.10 Limites du système en vue de la comparaison de l’impact environnemental d’un restaurant
McDonald’s et d’un Silberkugel, d’après LANG et al. (1994).
41
45000
40000
35000
Ecopoints/clients par jour
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
Silberkügel MacDonald's
Transport Vaisselle Emballage secondaire Exploitation
fig. 3.11 Comparaison de l’impact environnemental par client servi entre McDonald’s et Silberkugel,
d’après LANG et al. (1994).
• Règle 3: Les étapes identiques dans les deux scénarios peuvent être exclues, à
condition que l’output total du macro-système soit également identique.
Autrement dit, on ne peut pas se limiter aux seules étapes différentes, si les
étapes ont une influence, même indirecte sur l’output du macro-système.
Revenons à l’exemple du défanage présenté au chapitre 2.3. Mis à par ce
défanage, les autres opérations aux champs sont les mêmes pour les scénarios
chimiques, mécaniques ou thermiques. On est donc tenté de les exclure et de
considérer uniquement le sous-système défanage. Ceci est admissible si les scénarios
de défanage n’influencent pas le rendement cultural et c’est du reste ce qui a été
retenu dans l’exemple présenté. Si le défanage venait à avoir une influence sur la
quantité récoltée, c’est l’ensemble des opérations qu’il faudrait considérer, car même
pour la phase de labour identique, les émissions par kg de pommes de terre s’en
trouvent modifiées puisque la quantité produite change d’un scénario à l’autre. Dans
ce cas, c’est le sous-système étudié qui affecte indirectement les étapes identiques en
modifiant le rapport entre unité de production et unité de fonction.
Un deuxième exemple combine deux types d’influences; c’est le cas
d’emballages pour le dentifrice: en tube standard avec carton, en tube auto-porteur ou
avec une pompe doseur. Dans ce cas le rapport entre unité de production et de
fonction peut être doublement affecté:
• le type d’emballage a une influence sur la quantité résiduelle jetée une fois le
tube utilisé.(fig.3.12)
• le type d’emballage peut modifier la quantité utilisée par lavage de dent, ce qui
n’a pas été pris en compte dans l’étude de HAYDOCK (1995).
Ainsi l’étape de production du dentifrice doit être considérée même si les
émissions liées à cette production sont identiques dans tous les scénarios.
10
7
Energy (MJ)
0
Tube standard + carton Tube auto-porteur Tube doseur
Fig. 3.12 Besoins énergétiques totaux liés à l’utilisation de dentifrice ainsi qu’à son emballage (d’après
HAYDOCK, 1995)
43
CHAPITRE 4
4.1 PRINCIPE
Définition
L’inventaire des flux environnementaux est par définition la description
quantitative des flux de matière, énergie, polluants qui traversent les limites du
système (voir également chapitres 3.4 et 3.5).
De façon générale, ces flux se calculent à partir des flus de référence des
scénarios à l’aide de facteurs d’émissions contenus dans des bases de données ou en
effectuant directement le bilan de masse du procédé étudié.
En général, les procédés intervenant dans le cycle de vie ont lieu à différents
lieux et en des temps différents. Ainsi, l’émission de 5 kg de SO2 dans l’air peut
consister de 1 kg émis en Inde en 1970, 0.1 kg émis en Suisse en 1995, 3 kg émis au
Brésil en 2010 et de 0.9 kg émis sur le “marché mondial” (sans spécification
géographique) en 1996. D’où une quantité énorme d’information à traiter, différentes
substances étant émises en quantités différentes en des lieux et temps différents.
Pour réduire le travail à effectuer, une agrégation est souhaitable. La première
étape de cette agrégation se fait en général implicitement lors de l’inventaire en
additionnant toutes émissions de la même substance. Le principe à la base de cette
agrégation est que l’impact d’une substance est liée aux propriétés intrinsèques de
celle-ci et à son émission totale, plutôt qu’aux modes d’émissions, ce qui est
clairement une simplification.
En effet, le fait que la même substance peut être émise en différents lieux
entraîne des différences de devenir des polluants (p.e. due à des différences de climat
ou de sol), d’exposition de la population (p.e. dû à la proximité de zone peuplée), de
toxicité (p.e. dû à des écosystèmes sensibles). Si ces facteurs jouent un rôle
déterminant, ce sont non seulement la quantité totale mais également le lieu ou le
mode d’émission qu’il convient de tracer pour en tenir compte lors de la seconde
agrégation effectuée dans l’analyse de l’impact environnemental.
44
Tableau 4.1 Demandes en énergie primaire non renouvelable et quantité d’émissions en CO2 pour
différents matériaux et modes de transport.
Transport
Matériau
1 kg Aluminium 184 10
1 kg Papier 20 0.4
1 kg Verre 14 1
1 kg Béton 1 0.1
Ces données peuvent être utilisées pour une première évaluation des principales
contributions à la demande totale en énergie, sur la base des flux de référence
identifiés à la section 3.3. Reprenons l’exemple des ampoules électriques: en
supposant l’hypothèse que la demande en énergie pour les matériaux de base des
ampoules ne dépasse pas 200 MJ par kg de matériaux, l’extraction des matières
première ne représente que 200 MJ/kg * 0.035 kg/ampoule * 6 ampoules/unité de
fonction (UF) = 42 MJ/an. Par contre la consommation d'énergie pour la phase
d’utilisation représente 360 kWh/UF * 13.6 MJ/kWh = 4900 MJ/an. Le tableau 4.2
montre que même lorsque la fabrication est prise en compte, la demande en énergie
pour la phase de production reste nettement inférieure à la phase d’utilisation. De
même, pour les ampoules à fluorescence, la phase d’utilisation domine. C’est
pourquoi, des améliorations futures doivent se concentrer sur l'efficacité des
ampoules, en maximisant la quantité de lumens par watt.
46
Tableau 4.2 Energie primaire non renouvelable pour le cas des ampoules électriques par unité de fonction
(UF), qui représente un service de 600 lumens pendant 6000 heures.
a) Ampoules à incandescence
b) Ampoules à fluorescence
Basé sur cette approche, il devient possible de classer d’une manière générale
les produits selon les critères suivants:
47
Selon cette classification, une ampoule électrique est un produit actif, fixe et
avec une durée de vie moyenne.
Matières
Fabrication
Utilisation
Benzine * l 80 56 30.4
Taux de recyclage % 0% 0% 0%
Ressources
Poids kg 10 kg 7 kg 3.8 kg
Ressources
Figure 4.5b Variation de la consommation énergétique primaire des blocs avant en fonction de la distance
parcourue par le véhicule (0%= matériaux vierge; 100%=100% recyclé)
6000
Primary energy MJ
Lors de la définition des objectifs, les limites du système ont été définies. Tous
les procédés à l’intérieur de ces limites sont à examiner. Des données d’inventaire
quantifiant pour ces procédés les inputs de l’environnement (tels que les matières
premières, agents énergétiques) et les outputs vers le monde environnemental (tels
que les substances émises dans l’air, eau...) sont alors à chercher en littérature.
Notons d’entrée que l’obtention de données d’inventaires fiables, clairement décrites
et régulièrement mises à jour n’est pas aisée et peut rendre délicate l’application de
l’analyse de vie. Un certain nombre de base de données disponibles en littérature sont
mentionnées ci-dessous, en mettant l’accent sur deux d’entre elles. On insistera
également sur l’analyse de la qualité des données qui devrait faire partie intégrante de
l’écobilan.
Le répertoire SPOLD
Un répertoire des bases de données a été crée par SPOLD (Society for the
Promotion of LCA Development) [Hemming, 1995]. L’annexe 3.1 présente de façon
résumée les bases de données répertoriées par cette étude ainsi que les matériaux,
substances chimiques, fuels et services pour lesquelles des informations sont
disponibles. Cette table n’est pas exhaustive, la majorité des bases de données
renseignant sur des éléments qui n’y sont pas répertoriés.
Parmi les 41 bases de données mentionnées dans le répertoire SPOLD, deux
sources d’inventaire couramment utilisées (BUWAL, ESU) sont décrites ci-dessous.
BUWAL
Le cahier de l’environnement “Bilan écologique des matériaux d’emballage, état
1990 [BUWAL 132, 1991] a pour objectif d’adapter le rapport “Bilan écologique des
matériaux d’emballage, 1984” [BUWAL 24, 198x] à l’état des technologies utilisées
en 1990 et de prendre en considération de nouveaux matériaux. Les matériaux
retenus sont l’aluminium, le verre, les matières plastiques, le papier, les cartons et le
fer-blanc. Les données de cette étude devraient permettre de comparer objectivement
les conséquences écologiques résultant de ces divers emballages. Elles fournissent
également une base d’appréciation et d’amélioration pour les professionnels de
l’emballage.
La figure 4.6 fait apparaître les limites du système considérées par cette étude.
On y constate que la production des emballages, leur remplissage, utilisation et
éventuelle réutilisation sont exclus du bilan. On ne considère donc pas le traitement
appliqué au matériau brut pour en faire un emballage.
51
Eaux usées
Production emballages
Déchets solides
Combustion Décharge
Champ d’application
Centrale
Extraction gaz
Trai teme nt
naturel (Ho llan de)
Industrie
Extraction gaz
Trai teme nt
naturel (URSS)
Produ cti on
ESU
La base de données [BUWAL 132, 1991] présentée ci-dessus a fait ressortir le
besoin de meilleures données concernant les systèmes énergétiques. Pour ce faire, le
groupe ESU (Energie-Stoff-Umwelt) de l’ETHZ a entrepris une des études les plus
complètes d’Europe sur ce sujet [Frischknecht, Hofstetter, 1996].
Les dix systèmes énergétiques suivants ont été considérés:
- Produits pétroliers - Energie hydraulique
- Gaz naturel - Energie geothermale
- Charbon (houille, lignite) - Energie solaire-thermale
- Bois - Energie photovoltaïque
- Energie nucléaire - Electricité mixte
L’électricité mixte est définie comme l’électricité résultant de la combinaison de
différentes ressources énergétiques pouvant être utilisées pour produir de l’électricité.
Parmi les types d’éléctricité proposés, le modèle suisse (CH88) caractérisé par une
contribution importante du mode de production hydraulique diffère du modèle
européen UCPTE (Union pour la Coordination de la Production et du Transport de
l’Eléctricité) où les énergies nucléaires et les énergies à base de produits charbonneux
jouent un rôle important.
Des données pour les systèmes moyens existants en 1990 ont été recherchées.
Les systèmes énergétiques considérés sont ceux utilisés en Suisse et Europe.
Des règles ont été établies afin de définir les limites du système de façon
consistante pour tous les systèmes énergétiques et ainsi couvrir la même réalité dans
tous les cas. Ainsi, tous les systèmes sont décrits selon le principe “du berceau à la
tombe”; la chaîne complète de production de l’énergie est donc considérée, allant de
l’exploration et de l’extraction des ressources énergétiques à leur usage final, incluant
le démantèlement des infrastructures et le traitement des déchets.
Des procédés multi-outpout ont du être considérés, par exemple la production
combinée de mazout et de gaz sur une plate-forme marine. De ce fait, des critères
d’allocation ont du être définis.
Les pages du rapport ESU présentant les principaux résultats sont données en
annexe 3.4. Les résultats de l’inventaire global (Full LCA Summary) sont présentés
en annexe 3.5.
53
Seules les deux premières étapes de l’analyse du cycle de vie (définition des
objectifs et inventaire) sont entreprises par [Frischknecht, Hofstetter, 1996]. Ceci se
justifie par le souci de présenter les données sous forme non agrégées, la
responsabilité de l’agrégation lors de l’évaluation de l’impact étant laissée à
l’utilisateur. Ainsi, la consommation des matières énergétiques est présentée pour
chaque agent énergétique par unité de poids et de volume (m3 ou kg), et non pas par
unité énergétique. La conversion en MJ est en effet une étape importante d’évaluation
qui peut être délicate. En se basant sur les PCI cités par [Frischknecht, Hofstetter,
1994] et l’équation xxx, l’énergie de production et de distribution des agents
énergétiques peut être calculée [Gaillard G, Crettaz P, 1998].
( Etot )i = Σ ( Qj ⋅ PCIj ) (4.1)
avec: (Etot)i: Energie primaire de l’agent i [MJ/MJ]
Qj: Quantité de la ressource énergétique j [kg/MJ]
PCIj: Pouvoir Calorifique Inférieur de la ressource énergétique j [MJ/kg]
xxx
Indicateur de qualité
Certains indicateurs de qualité des données ont été développés [Weidema,
1995]. Ces indicateurs sont les suivants:
- la sûreté des données, qui dépend de la méthode de mesure et des procédures
de vérification.
- la représentativité des données, qui dépend du nombre d’entreprises
considérées sur une période de temps suffisante.
- des corrélations géographiques, temporelles et technologiques, à savoir si les
données utilisées couvrent le lieu, la période et la technologie du procédé
étudié.
Pour chacun de ces indicateurs, des scores allant de 1 (meilleur score) à 5
(moins bon score) peuvent être attribués. Le tableau 4.9 présente les critères
permettant d’attribuer les scores.
Blé Paille
• Les déchets (à éliminer): Le déchets sont des restes qui n‘ont aucune valeur ou
une valeur négative et qui nécessitent un traitement. Les emballages constituent
l‘exemple par excellence de déchets.
Comme l‘élimination de ces déchets génère des émissions, leur traitement est à
considérer à l‘intérieur des limites du système et les émissions correspondantes sont
inclues dans le bilan. Les déchets ne sortent donc en principe pas du système
considéré.
Ce bilan peut néanmoins lui-même poser un problème d’allocation: comme la
plupart des usines de traitement traitent simultanément plusieurs flux de déchets, il
convient d’attribuer les différentes émissions, par exemple celle de Cadmium, aux
différents déchets à l’entrée de l’usine. Ce problème est similaire au cas des co-
produits décrit ci-dessus, où les fonctions délivrées par l’usine sont le traitement des
déchets A et B (fig.4.13).
Déchet A Déchet B
Matières
premières Traitement déchets Emissions
•Les déchets recyclés et les produits à très faible valeur marchande: Souvent, la
séparation entre déchets et produit n‘est pas nette. En fonction du contexte
économique, un produit secondaire peut ou peut ne pas avoir de valeur. Le papier
recyclé en est un exemple type où, en fonction des masses recyclées et utilisées, soit
le papier usager est racheté, soit il faut au contraire payer pour l‘éliminer ou le
recycler. La production de lisier et de fumier constitue aussi un produit de faible
valeur marchande qui prend une valeur négative en cas de surproduction locale (fig.
4.14). A l‘inverse certains produits sans valeur peuvent prendre une valeur positive
suite à un traitement. De même une valorisation énergétique des déchets peut se faire
lors de leur incinération.
Dans le cas d‘une réutilisation possible des produits recyclés à l‘intérieur du
système étudié (recyclage en boucle fermée), on peut aisément le prendre en compte
au travers d‘une réduction des matières premières utilisées et par suite des émissions
correspondantes.
Dans le cas d‘un recyclage en boucle ouverte, le produit recyclé est utilisé à
l‘extérieur du système étudié. Les émissions dans les processus de recyclage, de
traitement ou de stockage pourront être allouées en fonction de la valeur des déchets
avant et après traitement; les méthodes de résolution possibles sont décrites à la
section 4.2.5.
Recyclage
Matières traitement Emissions &
premières Stockage Résidus
Céréales
Ces différentes méthodes sont décrites tour à tour et dans l’ordre de préférence,
en définissant leurs conditions d’applicabilité et en les appliquant au travers de
l’exemple concret d’une production simultanée de paille et de blé (cas développé à
partir de Audsley et al., 1997). On examine brièvement ensuite comment d’autres
problèmes de co-produits spécifiques à l’agriculture peuvent être résolus.
a) Eviter l’allocation
Là où c‘est chose possible, il convient d‘éviter l‘allocation par subdivision des
procédés ou par extension du système:
liées au produit substitué sont évitées. On peut donc attribuer au produit A un bonus
correpondant à cette réduction d‘émission.
Pour que cette méthode soit applicable, il faut qu’un produit substitué existe et
que l'on dispose des données sur les émissions et l’utilisation de matières première
qu'il engendre, du berceau à la tombe. Le calcul n'est valide que pour le produit de
substitution considéré et uniquement dans la mesure où on peut démontrer que la
substitution a effectivement lieu ou que cette substitution correspond à l'usage le plus
probable du co-produit. Ainsi, la substitution doit en général être pertinente et avoir
une réalité économique.
Production Produit de
A& B
- substitution B’
B B’
Produit A
Raffinerie et
- extraction de
pétrole
B = Paille
2000 kg
13.7 MJ / kg
27400 MJ
Final
23’530
MJ
Combustion
Combustion
chaleur
η = 0.85
η = 0.73
A = Blé
8000 kg
Fig. 4.16 Application de l’extension du système pour le cas d’une co-production de paille et de blé.
Utilisation de la paille pour le chauffage en substitution à un chauffage à mazout.
Un autre usage de la paille peut être suggéré, par exemple une co-génération
d’électricité et de chaleur (fig.4.17). Dans ce cas, la paille permet de substituer 34670
MJ/ha d'énergie primaire, xx g/ha de CO2 et yy g/ha de NOx (Annexe xx). Dans ce
cas, l'énergie substituée est donc supérieure à celle nécessaire à la production de grain
et de paille et la production du grain seul est associée à un bonus énergétique de -
7150 MJ/ha ainsi que des émissions de xx gCO2/ha et de yy gNOx/ha.
62
Electricité
Raffinerie et
- extraction
- UCPTE
moyen
de pétrole
η = 0.38
B = Paille
2000 kg
13.7 MJ/kg
27’460 MJ Final
15’686
MJ
Cogénération
Combustion
de chaleur
η = 0.85
η = 0.73
A = Blé
8000
kg
Fig. 4.17 Application de l’extension du système pour le cas d’une co-production de paille et de blé.
Utilisation de la paille pour une cogénération chaleur-force en substitution à un chauffage à mazout ainsi
qu’à une production d’électricité
réaliste et le résultat n’est valable que dans la mesure où c’est celui qui est
effectivement appliqué.
Ce triple exemple indique bien que le choix de l’usage du co-produit et de son
alternative est crucial dans cette méthode. Il faut donc être conscient que le choix du
produit de substitution peut conduire à un résultat faussé d’où les conditions
d’applications formulées dans l’encadré ci-dessus. S’il est possible d'influencer le
choix du produit substitué B’, on dispose par contre d'un moyen d'optimiser le bilan
environnemental du produit principal: on substituera un produit particulièrement
défavorable à l'environnement.
2 6 kg P - Engrais
minéraux
5 0 kg K
B = Paille
2000 kg
14 kg K
Réinco rporatio n 1 kg P
1 4 kg K
1 kg P
A = Blé
8000 kg
Fig.4.18 Allocation par variation marginale appliquée au cas d’une culture de blé avec production de
paille ou réincorporation de la paille dans le sol
64
Tableau 4. 19 comparaison des facteurs d’allocation finaux pour la consommation d’énergie primaire non
renouvelable, les émissions de CO2 et de NOx
Total Energie 27520 (100 %) 27520 (100 %) 27520 (100 %) 27520 (100 %)
MJ/ha
les autres cas, la méthode des variations marginales avec réincorporation de la paille
semble la mieux adaptée et donne des résultats très proche de l’allocaton financière.
Soulignons que seule l’allocation financière travaille aboutit à des pourcentage
d’allocation identiques quel que soit le polluant ou l’input considéré. Pour les autres
méthodes, cette fraction varie pour chaque polluant.
Comme mentionné ci-dessus, l’allocation en fonction des masses respectives est
déconseillée dans ce cas de figure car elle n’est pas le reflet d’une relation de
causalité. Elle aboutirait à des résultats sensiblement faussés, avec de 20% à 50% des
émissions attribuées à la paille selon la quantité de paille produite (resp. 2000kg et
8000 kg paille /ha).
a) Principe
Dans le cas d‘un recyclage en boucle ouverte ou lorsque la séparation entre
déchets et produit est imprécise, on applique fondamentalement les mêmes principes
que pour les co-produits. Certaines adaptations sont néanmoins nécessaires et
plusieurs points sont à considérer:
- La réutilisation ou le recyclage d‘un produit peut impliquer que les émissions
et les inputs liés à l‘extraction et la préparation des matières premières sont à allouer
à plusieurs systèmes de production. Ceci s‘applique également au compostage, à la
valorisation énergétique et à d‘autres procédés qui peuvent être assimilés au
recyclage ou à la réutilisation.
- Les processus de recyclage et de traitement sont à allouer aux différents
systèmes de production.
L‘allocation pour les procédés partagés entre les différents systèmes de
production se fera sur la base (ISO 14041, 1997, p.25) des données suivantes:
- Les éventuelles propriétés reflétant la causalité physique
- La valeur économique des produits
- Le nombre de réutilisation successives du produit
Prix de vente
+ Prix après recyclage/ traitement
Cas
- intermédiaire
Déchet
Fig.4.20 Allocation financière pour système avec co-produit «proche d’un déchet».
On distingue 3 cas :
viande. Cette causalité financière signifie que la production animale est aussi
partiellement réalisée dans l’objectif de produire des engrais de ferme.
CHAPITRE 5
ANALYSE DE L’IMPACT
ENVIRONNEMENTAL
5.1. INTRODUCTION
Lors de l’inventaire, une première agrégation a été entreprise en sommant toutes
les émissions de la même substance ainsi que les diverses consommations de la même
ressource. Une table d’inventaire en a été déduite.
On se retrouve généralement dans la situation où un scénario est préférable pour
un certain nombre de substances mais défavorable pour certaines autres substances.
D’où la nécessité de recourir à une méthode permettant d’agréger les émissions en les
pondérant selon leur potentiel à causer un ou plusieurs problèmes environnementaux.
L’élaboration de méthodes d’évaluation de l’impact environnemental n’est pas
chose aisée. Devant la complexité de la tâche, certains soutiennent qu’il est préférable
de comparer les résultats des différents scénarios sur la base du seul inventaire. Il faut
alors être conscient qu’une pondération implicite est généralement effectuée, souvent
en donnant le même poids à chaque polluant. Une évaluation de l’impact sur des
critères cohérents et explicite est plus judicieuse qu’une évaluation implicite, même si
l’incertitude est importante.
Comme nous le verrons ultérieurement, diverses méthodes permettent la
pondération des émissions. Pour l’heure, il n’existe pas encore une méthode de
référence utilisée par tous les praticiens de l’écobilan. Il est néanmoins essentiel
d’éviter que l’on choisisse la méthode appropriée pour obtenir le résultat désiré. Afin
de répondre à ce besoin, une structure générale a été proposée pour évaluer l’impact
environnemental, de même qu’une série de critères à respecter.
Soulignons que si le développement des méthodes d’analyse d’impact peut-être
relativement complexe, leur application est en général triviale puisqu’elle consiste en
une multiplication des facteurs d’émissions par des coefficients de caractérisation ou
d’évaluation prédéfini.
70
Impact Category
LCI results
Life Cycle assigned to Category Category
impact Indicator Endpoints
Inventory category
Results Association of
Assigning Quantitative
Category
LCI results Category
Indicator with
Modelling
Category
endpoints
Fig. 5.1 Démarche générale de l’analyse de l’impact des émissions sur les sujets
à protéger d'après la norme ISO 14042.
5.2.2 Classification
Lors de cette étape, les types de problèmes environnementaux à considérer sont
déterminés de même que les émissions qui y contribuent. Le tableau 5.2 présente les
classes environnementales proposées par le SETAC (UDO DE HAES et al., 1996).
Elle doit servir de “check list” commune pour chaque écobilan afin d’augmenter la
comparabilité des différentes études. L’exclusion éventuelle de certaines classes doit
être mentionné et justifié.
72
3. Land
4. Erosion
Notons que les classes 12 à 15 sont rarement retenues. Les négliger revient à
leur donner un poids nul. Une estimation approximative de ces classes serait sans
doute préférable, leur exclusion étant une mauvaise estimation.
Soulignons que pour le niveau de localisation, on intégrera chaque effet sur
l’ensemble de la surface terrestre. De ce fait il devient possible de comparer un effet
global qui peut être significattif sur l’ensemble du globe avec un effet local, dont
l’intégrale sera nulle sur une bonne partie de la terre
agrégée à la classe éludée d’un certain nombre d’émissions. Par exemple, toutes les
émissions de gaz à effet de serre peuvent ainsi être ramenées à une émission
équivalente de CO2.
Score d'équivalence: Si = Ei Fi Mi
Information
principale
Information “background”
modificateurs
Facteurs
Information geographique
Dans la même ligne, mais de façon plus générale UDO DE HAES et al.(1996)
ont définis qu'une méthode devrait inclure les informations sur les points suivants
(fig. 5.3):
- sur l’ “effet”, c.à.d sur la toxicité des substances (obligatoire)
74
Table 5.4 Caractéristiques d’une analyse complète du devenir des polluants et de l’exposition à ces
polluants, pour différents facteurs d’effet
Fate factor required Links emission to a Links emission to Links emission to Links emission to an
for a full fate analysis concentration increase doses absorbed deposition rate assimilation rate
par exemple l'ensemble des dommages sur l'homme en année de vie perdue
équivalente (section 5.xx)
M é th o d e N °s u b s t. E ffe ts n o n F a c te u r d e N o r m a lis a t io n E v a lu a t io n
c o n s id . c o n s id é r é s d e v e n ir ( e x p lic it e , im p lic it e ? )
V o lu m e s > 300 P a s o r ie n t é e A ucun - -
c r it iq u e s “ e ffe t ”
CM L 92 ? 300 O r ie n t é 92 : G W P oui O ui N on pas 92 ,
+ “ e ffe t ” t o x ic it é n o n G u in é e 9 5 : v a le u r s
c ib le s h o lla n d a is e s
G u in é e e t a l ? 100 O r ie n t é 9 6 : t o x ic it é N on
96 t o x ic it é “ e ffe t ” o u i, v a le u r s
H u ijb r e g t s 9 9 p a r d é fa u t
CST 95 ? 250 P a s o d e u rs , O ui --, p a s d e O u i, d o m m a g e s
? 30 b r u it s sens pour c o rre s p . à d e s N E C
--> 2 0 0 1 t o x ic it é dom m age t o x ic it é s u r t o u t e la t e r r e
E c o in d ic a t e u r ? 150 à T o x ic it é e n G W P oui O u i, v a le u r s O ui
95 200 p lu s ie u r s t o x ic it é : n o n a c t u e lle s , R é d u c t io n
c la s s e s N iv e a u p a r “ G LO BE ”
--> 9 9 dom m age t o x ic it é : o u i e u ro p é e n
E c o p o in t s 47 + 47 P lu s o r ie n t é I m p lic it e -- E v a lu a t io n d ir e c t e
91&97 s e rre & p o lit iq u e ( lim it e s u r la b a s e
B r a u s c h w e ig , tro u d ’é m is s io n ) d ’o b je c t if s p o lit iq u e s
M ü lle r - W e n k ozone
EPS 15 P r in c ip e s ????? -- “ W illin g n e s s t o p a y “
c la ir s opaque c e q u e la s o c ié t é e s t
d é te rm . d e s p r ê t e à in v e s t ir p o u r
c o e ff.? é v it e r le d o m m a g e
L'une des premières méthodes d'analyse des impacts pour les ACV était celle
des volumes critiques qui classait les émissions par compartiment d'émissions (terre,
eau, sol) et surtout qui ne prenait pas en compte la persistance et le devenir des
polluants. CML 92 a été la première des méthodes à être orienté sur les effets et elle a
servi de base à nombre de développements des dix dernières années. Néanmoins,
pour l'évaluation des toxiques le devenir n'est pas en plus prise en compte et cette
approche correspond à celle des volumes critiques. Pour pallier à cette déficience,
Guinée et al. (1996) et plus récemment Huijbregts (1999) recalculé les impacts des
toxiques en tenant compte du devenir des polluants.
La méthode des surfaces-temps critiques a été mise au point à l'EPFL. Elle prend
en compte à la fois l'effet et le devenir des polluants. Elle esquisse une étape de
caractérisation des dommages, démarche mise en forme et rendue récemment
76
S = ∑ CTF ⋅ M D =∑ d ⋅S X =∑ w ⋅D
j ij i k jk j k k
i j k
Fig. 5.6 Démarche générale de l’analyse de l’impact des émissions sur les sujets à protéger (CST95)
La figure 5.6 et le tableau 5.7 présentent les différentes classes d'effet retenues
pour l'étape de caractérisation ainsi que les critères de pondération correspondants.
Au sein de chacune des classes, le coefficient de caractérisation permet de
transformer chaque quantité de substance émise en une quantité équivalente d'une
substance de référence propre à la classe considérée. En reprenant l'exemple de l'effet
78
de serre, le potentiel à effet de serre de 6,5 pour le méthane (tableau 5.8: CH4)
signifie qu'une émission de 1 kg de méthane équivaut à 6,5 kilos de CO2.
Table 5.8 Potentiels à effet de serre pour un horizon de temps de 500 ans (d'après IPCC, 9x)
Le score pour l'effet de serre des différents blocs avant s'obtient en multipliant
les substances de l'inventaire (tableau 4.5: CO2, CH4 et N2O) par leur potentiel à
effet de serre (tableau 5 9). On constate que c'est le CO2 qui domine le score total à
effet de serre, le bloc aluminium étant le plus favorable. Un calcul semblable peut
être effectué pour la toxicité humaine, en multipliant les résultats de l'inventaire par
les potentiels de toxicité humaine qui transforme les différentes émissions en kg de
Pb équivalent, le plomb et ayant été retenu de façon arbitraire comme substance de
référence. Le tableau 5.10 montre que ce sont les émissions de métaux lourds dans
l'air qui dominent le score total, via leur déposition sur les sols agricoles et leur
reprise par les plantes.
79
Table 5.9: Calcul des scores pour l'effet de serre: bloc avant en aluminium
Table 5.10: Calcul des scores pour la toxicité humaine : bloc acier
Eau
Pb 3 . 1 E -4 0 .8 6 0 .0 0 0 2 7
N itrate 1 . 9 E -4 0 .0 0 0 8 5 1 . 6 E -7
Total 0 .8 7 6 1 2
Comme mis en évidence à la figure 5 1, la méthode des surfaces-temps critiques
effectue une étape de caractérisation des dommages qui permet d'agréger les impacts
en cinq classes distinctes : 1) l'impact sur la santé humaine comprenant la toxicité
humaine et la formation d'oxydants photochimiques 2) les impacts sur les
écosystèmes terrestre, regroupant la formation d'oxydants photochimiques,
l'écotoxicité terrestre et l'acidification 3) les impacts sur lesécosystèmes aquatiques,
regroupant l'écotoxicité aquatique et l'eutrophisation ainsi que finalement 4) l'effet de
serre et 5) l'utilisation des ressources énergétiques. Le calcul s'effectue en multipliant
les scores de chacune des classes par les coefficients du tableau 5.11 ou l'ensemble
des impacts sont exprimés en m2 de surface polluée pendant un an par kg de
substance de référence. Le tableau 5.12 donne le calcul pour la santé humaine et le
graphique 5.13 présente la comparaison finale des scores pour les quatre blocs avant
considérés.
80
Table 5.12: Calcul des scores pour la santé humaine : bloc acier
Substance Sj D jk Sj*D kj
kg subst.ref/bloc m2-an/kg subst.ref. m2-an/bloc
Toxicité humaine kg Pbéqu. 0.88 12100 10648
Oxidant photoch. kg éth.équ. 0.34 2400 816
T otal 11464
81
Figure 5.13: Comparaison des impacts des différents blocs avant, d'après CST 95
120
100
80
Bloc acier
20
On constate que c'est très clairement le bloc en aluminium recyclé qui offre la
meilleure performance vuque son score est inférieur dans toute les classes de
dommages considérées. En seconde position vient l'aluminium qui est en général plus
favorable que l'acier ou le thermoplastique, sauf pour l'écosystème aquatique où la
phase de fabrication des matières premières et de la pièce domine, l'aluminium
nécessitant plus d'énergie pour sa production.
82
mim
Im =
C im , où:
Im : Volume critique du média m (air, eau ou sol) [m3]
mim : émission de substance i [g]
Cim : valeur limite de la substance i dans le média m [g/m3]
Les valeurs limites Cim utilisées proviennent principalement de l’ordonnance sur
la protection de l’air et de l’ordonnance fédérale sur le déversement des eaux usées.
A titre d’exemple, la concentration maximale admissible de NOx est 0,03
mg/m3; ceci signifie que 1 m3 d’air est pollué pour chaque 0,03 mg de NOx émis.
Classification et caractérisation
Les principaux problèmes environnementaux à considérer selon cette approche.
sont classés en trois catégories principales que sont :
86
Normalisation et Evaluation
Dans la méthode CML, les scores dans chacune des classes d’effet sont ensuite
normalisés en les divisant par le score mondial total pour cet effet (facteurs N, avant
dernier tableau, annexe 4.3):
Snormalisé effet j= Sj / Nj
Ce score normalisé représente la contribution de chacune des catégorie par
rapport à l’effet mondial global. Mentionnons que des inventaires globaux n’ont pas
été trouvés pour certains problèmes; dans ce cas, les données mondiales ont été
extrapolées à partir des données néerlandaises en considérant le PNB.
Aucune valeur permettant une évaluation quantitative n’est fournie par Heijungs
et al [Heijungs, 1992 ou 1996]. Par contre, Guinée [Guinée, 1995] propose des
“target values” D pour un certain nombre de classes environnementales. Dans ce cas
le score après évaluation devient
Sévalué effet j= Sj / Dj = Sj / Nj * Nj / Dj
Le dernier tableau de l’annexe 4.3 résume ces valeurs du paramètre D. Ces
“target values” ont été choisies de façon partiellement arbitraire à partir de différentes
sources.
Discussion
L’annexe 4.1 présente les différents facteurs de caractérisation différents de ceux
de CST95. Notons que les valeurs des facteurs GWP, ODP, POCP, AP et NP
également utilisée dans CST95 ont été développées en dehors du cadre des écobilans.
Par exemple, plusieurs auteurs ont développées des modèles calculant le GWP et une
liste des meilleurs estimations a été produites par l’IPCC (Intergovernmental Panel on
Climate Change). C’est cette liste qio a été retenue par Heijungs et al pour établir les
GWP.
87
a) Ecoindicateur 95
La méthode 1995 comprennait les étapes proposées par la SETAC:
classification, caractérisation, normalisation et évaluation.
La classification comprend les effets suivants : substances carcinogènes,
pesticides, métaux lourds, smog d’hiver, formation d’ozone troposphérique,
destruction de l’ozone stratosphérique, eutrophisation, effet de serre et acidification.
La toxicité humaine est divisée ici en substances carcinogènes, pesticides, métaux
lourds, et smog d’hiver.
Les facteurs de caractérisation sont les mêmes que dans la méthode CML, sauf
pour la toxicité humaine, l’écotoxicité terrestre et aquatique, et pour la formation
d’ozone. Pour ces catégories, les substances de référence sont différentes de celles de
la méthode CML.
Une normalisation se fait par rapport au score européen total de chaque effet.
Finalement, une évaluation basée sur le principe de la saturation écologique
permet de comparer les différents effets normalisés. Ce principe est tiré de la
méthode des Ecopoints. La différence est que les flux critiques sont fixés d’après le
dommage causé réellement et non d’après des objectifs politiques (ordonnances,
etc.).
From these requirements it was concluded that the panel should only weigh the
following three types of environmental damages (endpoints): Human Health,
Ecosystem Quality and Resources
The following damage models have been established to link these damage
categories with the inventory result.
Damages to Human Health are expressed as DALY (Disability Adjusted Life
Years). Models have been developed for respiratory and carcinogenic effects, the
effects of climate change, ozone layer depletion and ionising radiation. In these
models for Human Health four sub steps are used:
• Fate analysis, linking an emission (expressed as mass) to a temporary change in
concentration.
• Exposure analysis, linking this temporary concentration to a dose.
• Effect analysis, linking the dose to a number of health effects, like the number
and types of cancers.
• Damage analysis, links health effects to DALYs, using estimates of the number
of Years Lived Disabled (YLD) and Years of Life Lost (YLL).
Damages to Ecosystem Quality are expressed as the percentage of species that
have disappeared in a certain area due to the environmental load. This definition is
not as homogeneous as the definition of Human Health:
• Ecotoxicity is expressed as the percentage of all species present in the
environment living under toxic stress (PAF). As this is not an observable
damage, a rather crude conversion factor is used to translate toxic stress into
real observable damage.
• Acidification and eutrophication are treated as a single impact category. Here
the damage to target species (vascular plants) in natural areas is modelled.
• Land-use and land transformation is based on empirical data of the occurrence
of vascular plants as a function of the land-use type and the area size. Both
the local damage on the occupied or transformed area as well as the regional
damage on ecosystems is taken into account.
Resource extraction is related to a parameter that indicates the quality of the
remaining mineral and fossil resources. In both cases the extraction of these resources
will result in higher energy requirements for future extraction.
In figure 1 the different procedures and (intermediate) results are shown. A clear
distinction is made between intermediate results (grey boxes) and the procedures
(white boxes) to go from one intermediate result to the other.
90
les scores dans chacune des classes d’effet sont ensuite normalisés en les
divisant par le score européen total pour cet effet (facteurs N, prernier tableau,
annexe 7: Nsanté humaine=3.77E-02 DALY/pers-yr; Nécosystème=5.13E+03
PDFm2yr/pers-yr, Nressources=8.41E+03 MJ/pers-yr) et en le multipliant par le
facteur de pondération par défaut w: (w=0.4 pour la santé humaine, 0.4 pour
l'écosystème et 0.2 pour les ressources.
Snormalisé effet j= Sj / Nj
Spondéré effet j= wj Sj / Nj
c) Discussion
La méthode mise au point est extrêmement intéressante, et représente un progrès
très net par rapport à la version précédente. Du point de vue de l'auteur du présent
ouvrage, certains points restent critiques:
91
(s.d.factor)
General and global impact on biological diversity 5.1011 (5) 100 ELU/person
Decreased production of :
Impact category
Il n’existe pas un seul “overall endpoint” pour la toxicité. En fait, chaque
substance toxique agit de façon unique. Beaucoup d’impact categories seraient donc
nécessaires. Mais comme le but de l’évaluation de l’impact est d’agréger les
émissions des différentes substances, il faut bien se limiter à un certain nombre
d’endpoint.
Pour l’instant, il n’existe pas de méthode distinguant différents endpoints tels
que la carcinogenicity, la mutagenicity ou la diminution de la capacité de
reproduction... Une distinction entre les substances carcinogéniques et non-
carcinogéniques pourrait être faite en récoltant des données sur le type d’impact
(cancer, irritation...).
Notons de plus que près de 100’000 substances ont été répertoriées dans
l’inventaire EINECS (European Inventory of Existing Commercial Substances)
[Hermens, 1995]. Même si toutes ces substances ne sont pas dangereuses, il n’en
demeure pas moins vrai que le nombre de substances étudiés dans les méthodes
existantes est encore très limité.
94
CHAPITRE 6
INTERPRETATION
Il est fréquent que les résultats d’un écobilan impliquant des mois de travail ne
soit interprété que de façon superficielle. Dans ce sens on veillera à interpréter les
résultats à tous les niveaux possibles :
- A chaque niveau de l'ACV : après l'inventaire des polluants, après la
caractérisation et l'évaluation de l'impact global.
- En comparant les contributions de chaque phase du cycle de vie: L’extraction
et la préparation des matières premières et de l’énergie, les transport, la
phase de fabrication, la phase d’utilisation ainsi que le traitement des déchets
- En examinant les contributions de chaque composant du système
- Pour chaque polluant, en examinant leur contribution respective.
rapide à l’utilisation une fois les facteurs de pondération fixés. Mais la définition de
ces facteurs est un problème majeur. L'une des approches les plus courantes est de
baser ces facteurs sur la "willingness to pay", en déterminant par sondage ce que les
personnes sont prêtes à payer pour éviter un dommage donné.
On visera à identifier les paramètres clés qui ont le plus d’influence sur le
résultat.
Une seconde possibilité consiste à faire varier les paramètres entre leurs bornes
maximales et minimales et d’analyser l’incidence sur le résultat final.
A soit supérieur à celui d’un scénario B. La figure xx montre par exemple que la
probabilité que le scénario A soit supérieur au scénario B est de 60 %.
6.3.2 Incertitudes
Relevons que dans une classe d’effets donnée, une différence non significative
entre deux effets n’implique pas forcément que cette différence soit moins importante
qu’une différence significative dans une autre classe d’impact. L’exemple ci-dessous
montre que si la différence n’est pas significative pour la toxicité humaine, elle est
néanmoins dominante par rapport à l’écart significatif sur la formation d’oxydants
photochimiques, en raison des différences de pondération entre les différentes classes
d’effets.
97
x3 − x1
η1−3 =
c3 − c1
[m amélioré - an / fr. investi]
2
CHAPITRE 7
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1
GLOSSAIRE
107
ANNEXE 2
ANNEXE 3
DONNEES D’INVENTAIRES:
SPOLD-BUWAL-ESU
109
ANNEXE 4
METHODE CML
110
ANNEXE 5
METHODE ECO-INDICATOR 95
111
ANNEXE 6
METHODE ECOPOINTS
112
ANNEXE 7
METHOD EPS
113
ANNEXE 8
ETUDES DE CAS
ANNEXE 9
ANNEXE 10
5.3.1 Definitions
A first term to be defined is impact category: a class representing environmental
issues of concern into which LCI results may be assigned (ISO term, see Figure
5.2b). All physical processes and variables starting from extractions, emissions or
other types of interaction between the product system and the environment, which
are connected with a given impact category, are called the environmental mechanism
of that impact category (ISO term). This replaces the term “cause-impact network”
which was used by SETAC-Europe. Within and connected with this environmental
mechanism one can distinguish:
• environmental interventions, such as in particular extractions from or emissions
into the environment and other variables at the boundary of the product system
and the environment, like different types of land use (SETAC-Europe term); note:
the extractions and emissions are called together “elementary flows” by ISO; we
propose to use the broader term “environmental interventions”
• category midpoints, connecting the environmental interventions with the category
endpoints (see below), like the concentration of toxic substances, the deposition
of acidifying substances, the global temperature or the level of the sea (SETAC-
North America term; in SETAC-Europe until now called “intermediate
variables”)
• category endpoints, being the variables which are of direct societal concern, such
as human life span or incidence of illnesses, natural resources, valuable
ecosystems or species, fossil fuels and mineral ores, monuments and landscapes,
man-made materials, etc. (ISO term); the level of the endpoints is also called the
“damage level” (SETAC-Europe term)
116
5.3.2 Criteria for the definition of impact categories and category indicators
In the ISO draft international standard a number of requirements are defined for
characterisation modelling for “comparative assertions disclosed to the public”, i.e.
for public comparative applications of LCA. Furthermore a number of requirements
have been identified by the first SETAC-Europe working group (Udo de Haes, ed.,
1996). Taking the input from these two sources together and adding also some new
aspects, in Table 1 a list is given of relevant starting points for the definition of
impact categories and category indicators and for the corresponding equivalency
factor:
General criteria:
1. a framework shall be developed which is open to further scientific progress and
further detailing of information (new)
Criteria for the total of categories:
2. the categories shall together enable an encompassing assessment of relevant
impacts, which are known today (completeness) (ISO/SETAC-Europe/new)
3. the categories should have the least overlap as possible (independence) (SETAC-
Europe)
4. the total of the impact categories should amount to a not too high number
(practicality) (SETAC-Europe)
Criteria for separate impact categories:
5. the category indicator can be chosen anywhere in the environmental mechanism
of an impact category, from environmental interventions to category endpoints
(ISO)
117
ANNEXE 11
PRINCIPALES DONNEES DE
CONSOMMATIONS ENERGETIQUES
PRIMAIRES ET
D'EMISSIONS DE CO2 ET DE NOX
119
Matières premières
Pour évaluer l’impact d’une utilisation de matière première, l’idée suggérée par
Weidema (1996) et de calculer l’énergie nécessaire pour ramener la matière première
à sa qualité initiale (même concentration que dans le minerai) après utilisation.
La figure 5.3 permet d’expliquer le principe en regardant le cycle du cuivre:
déchet en cuivre ait une concentration en Cu inférieure à celle dans la mine, c’est-à-
dire :
1 : Sort du cuivre contenu dans une mine
1∅2 : On extrait le cuivre de la mine et on le purifie pour en faire un produit
vendable. Lors de cette opération, de l’énergie est consommée
2 : Cuivre après traitement
2∅3 : Le produit cuivre est consommé, ce qui diminue sa qualité.
3 : Cuivre après consommation
Le déchet en cuivre a une concentration de Cu inférieure à celle dans la mine
3∅4 : De l’énergie est donc nécessaire pour ramener le déchet à la
concentration initiale (=concentration dans la mine);
Qualité du Cu
2. Après traitement
4. Retour à la
1. Mine concentration
initiale
3. Après
consommation
Energie consommée
Ei
Energie
Prenons comme exemple d’agent énergétique le mazout. Une fois consommé, le
mazout ne peut pas être reconcentré (contrairement à un minerai). Pour fermer le
cycle de nature, Weidema [Weidema, 1996] suggère de remplacer le mazout
consommé par de la biomasse (forêt). Le principe est, qu’un jour ou l’autre, les
surfaces de production vont devoir être utilisées pour produire l’énergie alternative à
l’énergie fossile.
121
m 2an
De ce fait : Si = 0,72 . Mi [MJ], où Mi : Consommation d’énergie
MJ
[MJ]