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7/12/2009 UT1 - CONSEILS POUR LA REDAC…

Dernière mise à jour : 25./04/2009


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QUELQUES CO SEILS AMICAUX POUR LA


REDACTIO DES MEMOIRES ET THESES
par

Philippe le Tourneau
Professeur émérite de la Faculté de Droit de Toulouse
Lauréat de la Faculté de Droit de Paris, de l’Institut catholique
de Paris, de la Délégation générale à la Langue française, de
l’Académie de législation, et de l’Institut (Académie des
Sciences morales et politiques)

Auteur de plusieurs publications, notamment :

- La responsabilité civile, PUF, collec. Que sais-je ? 2003 (traduit


en espagnol).
- L’ingénierie, les transferts de technologie et de maîtrise
industrielle, Litec, collec. Affaires Finances, 2003, 302 pages.
- Les contrats de concession, Litec,collec. Affaires Finances, 2003,
260 pages.
- Le contrat de vente, Dalloz, collec. Connaissance du droit, 2005,
146 pages.
- Responsabilité civile professionnelle, Dalloz, collec. Référence, 2e
éd., 2005, 166 pages (traduit en espagnol et en arabe).
- Les contrats de franchisage, Litec, collec. Litec professionnels, 2e
éd. 2007, 324 pages.
- Droit de la responsabilité et des contrats, Dalloz, collec. Action,
7e éd., 2008-2009, XXVIII et 1780 pages.
- Contrats informatiques et électroniques, Dalloz, collec. Référence,
5e éd., 2008, XII et 374 pages.
- Responsabilité des vendeurs et fabricants, Dalloz, collec.
Référence, 3e éd., 2009, XII et 306 pages.

A l’origine, ce document était distribué aux étudiants de troisième cycle


qui demandaient à me rencontrer.
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Les propos qui suivent, complétant ceux qui figurent dans une autre partie
de ce site sous l’appellation générale Conseils aux étudiants, sont destinés à
aider les personnes se lançant dans la rédaction d’un mémoire ou d'une
thèse. C’est par bienveillance envers elles que j’ai rédigé ces lignes. Elles
ont pour dessein de leur éviter bien des écueils, et de prévenir certains
reproches qui pourraient leur être adressés le jour de la soutenance. Quant
aux remarques sur la langue, figurant également dans le fichier Conseils
aux étudiants (précité), elles leur permettront de gagner vingt ou trente ans
de tâtonnements. Pour ma part, je regrette que personne n’ait pris la peine
de m’indiquer ce qui figure dans ces documents, et jamais je ne rattraperai
le temps ainsi perdu...

Avant tout, je vous invite à l’amour ! Il faut aimer votre travail, vos
recherches et, par avance, son fruit en s’identifiant à lui, l’oeuvre à venir (n’est-
ce pas une des définitions de l’amour ?). Celui-ci apportera la joie du travail,
tant celle de l’esprit (dilatatio cordis), que celle du cœur (dilatatio mentis),
selon une formule de saint Bernard (1091-1153).

Cela étant, la première tâche consiste à délimiter exactement le sujet, au


moins à titre provisoire, en cherchant un fil directeur. « Avant l’idée distincte
que cherche la réflexion, il faut quelque idée irréfléchie et indistincte, qui en
soit l’occasion et la matière, d’où l’on part, où on s’appuie. La rélflexion se
replierait vraiment sur elle-même, se poursuivant et se fuyant à l’infini. La
pensée réfléchie implique donc l’immédiation antécédante de quelque
intuition confuse où l’idée n’est pas distinguée du sujet qui la pense, non plus
que la pensée ». (F. Ravaisson, De l’habitude, nouv. éd., Rivages poches,
1997, p. 107). Ensuite les recherches doivent être lancées dans toutes les
directions, en partant des ouvrages les plus récents, en remontant dans le temps
(le même procédé a cours pour la jurisprudence). Le sujet de votre thèse
évoluera peut-être au cours de votre travail, soit par son élargissement, soit
(c’est plus fréquent) par son rétrécissement. N’oubliez jamais de noter avec
précision les références des articles ou arrêts que vous relevez ou photocopiez.
Cette étape vous permettra de « chauffer le four aux idées », pour reprendre
une charmante image de Sand (lettre du 8 déc. 1872 à Flaubert, dans Flaubert,
Correspondance, Pléiade, t. IV, 1998, p.622). (e citez jamais un auteur ou un
arrêt que de première main, c’est-à-dire en ayant été lire le texte orignal lui-
même : Rien ne vaut la fréquentation directe des sources (des originalia),
d’autant plus que la citation que vous en avez trouvé dans un écrit (dit de «
seconde main ») est peut-être erronée ou tronquée (lui faisant dire ce qu’il ne
contient pas, voire le contraire, cela est assez fréquent). Si vous n’arrivez pas à

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trouver le texte d’origine, mentionnez alors en note « cité par... », en donnant la
référence de l’écrit où vous avez trouvé ce que vous rapportez. La recherche
des sources commence par les documents les plus récentss, pour aller aux plus
anciens. Mais sachez que le document ancien n’est pas forcément périmé et que
le récent n’est pas nécessairement le plus nouveau (dans le fond); et encore que
celui qui est volumineux n’est pas forcément plus important que celui qui est
d’un format plus modeste...

Ayez une sorte de « main courante », où vous inscrirez au fur et à mesure, en


désordre, les idées qui vous viendraient à l’esprit (et même des expressions ou
des images), et que vous risquez d’oublier. Ne vous fiez pas à votre mémoire ;
vous risqueriez de perdre ces germes de vous-même, fragments préfigurant
l’avenir, l’oeuvre à venir. Une idée ne revient pas forcément ; tout son or tient
dans sa fulgurance inopinée : Il faut la saisir et la fixer quand elle passe (au
Kaîros), car elle est pour l’instant volatile et légère comme l’air (le Kaîros est le
moment opportun et propice où il faut agir ; Aristote enseignait qu’il faut
maîtriser le Kaîros en médecine et dans la navigation, mais son conseil vaut
aussi pour la rédaction des thèses). Vous serez peut-être bien aise d’avoir ce
mémento à votre disposition ultérieurement. De même, lorsque vous vous
sentez en état de rédiger certains développements qui seront nécessaires,
n’hésitez pas, d’autant qu’en les mettant dans la mémoire vive de l’ordinateur
(avec une sauvegarde extérieure), il vous sera facile de les utiliser le moment
venu, à l’endroit que vous choisirez.

Vous pouvez déjà réfléchir à un plan possible, tout en poursuivant vos


recherches, en sachant qu’il évoluera à plusieurs reprises, jusqu’à l’heure de la
rédaction finale, car il découlera des idées essentielles que vous trouverez et que
vous mettrez en évidence. «Souvenez-vous que le tout vient avant les parties »,
disait Bergson à Jean Guitton lorsque celui-ci travaillait à sa thèse (Le Temps et
l'Eternité chez Plotin et Saint-Augustin). Mais il est certain qu’il vous faudra
un jour un plan détaillé, en deux ou trois parties, accepté par votre directeur de
mémoire ou de thèse. Les grandes divisions devront toujours être au nombre de
deux ou de trois (au moins jusqu’aux chapitres) ; leurs titres se répondront
autant que faire se peut (dans une heureuse symétrie ; or celle-ci est équilibre).
L’'intitulé de la thèse ne doit pas donner son plan (par exemple une thèse ne doit
pas s’intituler La responsabilité contractuelle et délictuelle des fabricants si la
première partie porte sur la responsabilité contractuelle [dont au demeurant je
conteste l’existence], et la seconde sur la responsabilité délictuelle, alors qu’un
ouvrage destiné aux praticiens pourrait être divisé de la sorte). Vous devez
tendre à ce que les questions les plus intéressantes soient exposées au centre de
votre travail (soit pour un plan simple : I, A, B ; II, A, B, en I B et II A).

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Tâchez de tenir compte des propos suivants de Saint-Exupéry sur le plan d’un
ouvrage : « [ses] lignes de force s’ordonnent nécessairement autour du pôle
fort. Le plan est une conséquence de l’existence forte et non sa cause »
(Carnets, Folio, 1999, p. 322). Telle est la raison pour laquelle il ne peut être
fixé définitvement qu’assez tardivement.

Ne commencez à rédiger que lorsque vous aurez bien en tête toutes vos idées
directrices et vos propositions finales (« Il faut toujours savoir comment on va
finir avant de commencer » de Gaulle, cité par A. Peyrefitte, C’était de Gaulle,
t. 3, Fallois, 2000, p. 290. - De son côté Henri Michaux disait « Atteignez
d’abord, vouxs approcherez ensuite » ). En effet, chercher sans savoir ce que
l’on cherche n’est pas réellement chercher, mais rêver. Pendant la rédaction, il
conviendra de respecter les règles rappelées dans le fichier Conseils aux
étudiants (précité), en vous souvenant que l’usus scribendi est éloigné de l’usus
loquendi : La langue écrite n’est pas exactement celle qui est parlée (surtout la
vôtre !). A qui lui demandait une recette pour bien écrire, Max Jacob répondait
de ne jamais commencer deux phrases à la suite de la même façon ; le conseil
est judicieux. Méfiez vous des phrases à incidentes et à subordonnées
enchaînées, merveilleuses chez Proust mais indigestes dans une thèse. Cherchez
toujours le mot juste. « Les mots sont des étiquettes. Et c’est en les cherchant
que les choses se trouvent » (Joubert). « Je croyais n’avoir rien à dire et
l’angoisse me prenait. Je ne savais pas qu’il fallait d’abord s’asseoir et tracer
des mots sur une page, je ne savais pas que ce qu’on a à dire tombe
naturellement dans le piège des mots » (J. Green, Journal, 14 avr. 1952).
Évitez les répétions ; du reste, dans l’étonnante alchimie de la création, la
recherche d’un synonyme est souvent la source de fécondes trouvailles, je l’ai
souvent expérimenté, et Julien Green l’a fort bien relevé : « En cherchant des
synonymes dont j’ai besoin, je suis amené à dire autrement ce que j’ai en tête
et vais parfois beaucoup plus loin que je ne pouvais l’espérer ; ainsi, le plus
banal problème d’euphonie verbale me met sur la piste de quelque chose que
je ne soupçonnais pas, non plus dans le domaine du son, mais dans celui du
sens » (Journal, 3 oct. 1946, Pléiade, Œuvres, t. IV, p. 937). N’attendez pas
trop pour commencer à écrire. Au début, laissez l’introduction de côté ; vous la
rédigerez ultérieurement : Elle ne s’écrit que la thèse achevée ! Mais il faut y
penser dès le début de la rédaction de l’ouvrage, noter des idées, des formules,
etc. Apportez lui une grande attention : Ne la rédigez pas à la hâte en quelques
jours, car elle a une importance capitale, de même que la conclusion (beaucoup
plus brève). Nombre de vos lecteurs se contenteront, hélas, de ces deux
morceaux...

Lors de ce premier jet écrivez sans trop vous soucier du style. Avancez à
grandes guides, sans tenter d’être brillant, en jet continu, ce que Mozart appelait
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grandes guides, sans tenter d’être brillant, en jet continu, ce que Mozart appelait
il filo. Vous mettrez du liant et du vernis plus tard. À ce stade, ne cherchez pas
l’exhaustivité dans la rédaction : Vous apporterez tout le suc de vos fiches et
dossiers plus tard ; ce qui importe essentiellement est d’avancer, et de parcourir
assez vite l’ensemble du domaine qui est le vôtre, en principe sans relâche.
Profitez du vent arrière, tant qu’il enfle la voile ! « Allez de l’avant, et quand le
souffle aura tout produit, vous remonterez le ton général et sacrifierez ce qui
ne doit pas venir au premier plan » (George Sand, lettre à Flaubert du 30 nov.
1866, in Flaubert, Correspondance, Pléiade, t. III, 1991, p. 570). Écrivez,
écrivez encore, écrivez toujours ! Si vous achoppez sur une question, ne vous
bloquez pas : Passez à un autre aspect, pour revenir plus tard à celle que vous
n’avez pas su débrouiller ; le temps aura probablement permis de la décanter.
Sachez qu’écrire implique une ascèse, et nécessite même de créer une sorte de
désert autour de soi : L’écrivain est un solitaire. « Les livres sont l’œuvre de la
solitude et les enfants du silence » (Proust. - V. notamment sur ce lien entre la
solitude et la création en général, J. Kelen, L’esprit de solitude et les peintres,
La Renaissance du livre, 2003). Développez totalement vos intuitions : « Il faut
épuiser une idée, tant qu’elle a des choses différentes à livrer » (Proust, lettre
à Cocteau du 11 févr. 1919, in Proust, Correspondance, t. XVIII, Plon, 1990,
p. 101). Battez-vous contre vos idées, pour les saisir dans leur plénitude, les
enserrer dans une forme solide et précise.

En rédigeant vous vous apercevrez peut-être que votre plan, même approuvé
par votre directeur, ne répond pas à votre attente, par exemple que les parties
sont trop déséquilibrées. Réfléchissez alors à un nouvel ordre. Mais le travail
effectué ne sera pas perdu: Grâce aux facilités du traitement de texte vous
pourrez facilement déplacer un morceau d’un endroit à un autre. Veillez à ce
que vos développements soient nécessaires à votre démonstration (et donc
qu’ils ne puissent pas encourir le grief, si souvent émis, d’être hors sujet).

Chaque fois que, durant vos recherches et la rédaction, vous éprouvez des
hésitations, voire des angoisses, n’hésitez pas à demander rendez-vous à votre
directeur de mémoire ou de thèse, qui vous aidera avec joie à sortir de
l’impasse. Confiez-vous à lui : Quelqu’indigne qu’il soit peut-être, il est tout à la
fois votre modèle, votre guide, et un peu votre frère. Vous pouvez essayer vos
idées et découvertes sur lui. En formulant vos doutes pour les lui faire
connaître, vous trouverez peut-être par vous-même la solution, car formuler est
mettre de l’ordre et construire. La création s’accomplit par le verbe. Si vous
avez trop d’inquiétudes sur votre manière de rédiger, soumettez lui des passages
de votre plume ; dans le cas contraire, attendez d’avoir achevé, sinon une
partie, du moins un titre, pour solliciter son avis. Les directeurs de thèse

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inclinant, non compellunt : Ils dirigent, ne critiquent pas ou, plus exactement,
dirigent et encouragent plus qu’ils ne critiquent. Et ils font advenir ce qui est
dans l’esprit du thésard. Leur mission est de « docere ignorantem, consulere
dubitandi et consolari tristem » (saint Thomas d’Aquin ; cei sont trois des
œuvres de la miséricorde spirituelle : instruire les ignorants, prendre soin de ceux
qui doutent et fortifier les tristes). « Le maître n’est un bon maître que dans la
mesure où l’élève lui permet d’être un bon maître. C’est l’élève qui tire la
richesse du maître » (J.-L. Barrault, dans Réflexions sur le théatre, cité par G.
Bonal, Les Renaud-Barrault, Seuil, 2000, p.87).

Ceux qui, travaillant sous ma direction, souhaitent me rencontrer pour que je


porte un jugement sur un passage de leur travail, doivent me demander un
rendez-vous par ma courriel (messagerie électronique). Mais il faudra me faire
parvenir le texte un certain temps avant celui-ci (par la poste, ou en le déposant
à la Faculté ; ne m’envoyez aucun document par courrier électronique). Tout
texte provisoire qui m’est adressé doit être imprimé seulement au recto, les
pages étant numérotées. Il convient de l’accompagner du plan, en indiquant à
quel endroit de celui-ci prendra place. Enfin, il est souhaitable de me faire part
de la raison pour laquelle vous désirez connaître mon avis.

Sans traîner, prenez votre temps : Ni hâte excessive, ni fâcheuse lenteur.


Fixez-vous, pour une thèse, un délai de trois ans, tout en sachant que son
achèvement nécessitera peut-être un an de plus. « On est maître que quand on
accorde aux choses le temps qu’elles méritent » (Delacroix ; mais n’allez pas
écrire comme lui que quand ; il eût été préférable de dire : « ... maître qu’en
accordant aux choses... », ce qui aurait évité du même coup la répétition du
pronom on !). Quant au volume, un mémoire a de 80 à 120 pages. Une thèse,
œuvre de longue haleine, est nettement plus importante, mais il n’y a pas de
normes, tout dépendant du sujet et de l’objectif poursuivi. Toutefois, si une
thèse implique un certain volume, l’épaisseur et la longueur ne sont pas des
qualités en soi : Proust est un génie, qui avait besoin d’étendue pour s’exprimer,
mais Flaubert aussi, qui cultivait la concision. Au-delà d'un certain nombre de
pages, le risque existe que des membres du jury ne lisent pas l’ouvrage en entier
(la charge des thèses [au demeurant non rémunérée] est devenue très lourde
pour les professeurs des Facultés de Droit, surtout au dernier trimestre de
l’année civile). Et, de toute façon, le nombre de vos lecteurs, à qualité égale
s’entend, sera inversement proportionnel au nombre de pages ! L’acribie doit
être votre objectif, c’est-à-dire le souci de la précision et de la rigueur en tout.

Travaillez avec persévérance et régularité. « L’inspiration est décidément la


sœur du travail journalier » (Baudelaire, Conseils aux jeunes littérateurs, VI).
Pour réussir il est nécessaire d’être le contraire du personnage de Balzac,
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Pour réussir il est nécessaire d’être le contraire du personnage de Balzac,
l’écrivain Nathan, dont il disait : « Si cet homme a du génie, il n’a ni la
constance, ni la patience qui le consacrent » (La fille d’Eve). Le même auteur
écrivait « Il n’existe pas de grans talent sans une grande volonté. Ces deux
forces jumelles sont nécessaires [...]. Les hommes d’élite maintiennent leur
cerveau dans la condition de la production comme jadis un preux avait ses
armes toujours en état » (La Muse du département). Cependant, en cas de
blocage total, rompez les rangs, et aller marcher et méditer une semaine en forêt
ou en montagne..., vous souvenant que derrière les nuages (les difficultés) brille
le soleil. Si vous n’arrivez pas à écrire, la raison en réside peut-être dans un
manque de libido (bien que vous soyez généralement fort imbus de vos facultés
génésiques), le lien entre la puissance de celle-ci et l’envie d’écrire étant connu !

Adoptez un système de références, de préférence le suivant qui est


actuellement celui des principaux éditeurs juridiques (il a changé il y a quelques
années), et surtout soyez constant dans son utilisation. Pour les ouvrages,
mettre l’initiale du prénom de l’auteur, son nom, le numéro d’édition lorsque ce
n’est pas la première, le nom de l’éditeur, la ville sauf lorsqu’il s’agit de Paris
(pour un ouvrage imprimé), l’année de publication, le numéro du paragraphe (à
défaut la page). Citez toujours la dernière édition. Pour la doctrine et la
jurisprudence françaises le mode de citation varie selon les revues. Voici ce qui
est usuel pour la jurisprudence dans lesprincipales revues : CA Aix-en-Provence,
5 avr. 1996, D. 1997, jur. p. 184, note Ph. le Tourneau. - Cass. 3e civ., 3 juill.
1996, JCP éd. G 1997, II, 22757, note Ph. le Tourneau ; Bull. civ. III, n° 166.
- Cass. com., 19 déc. 1995, Rev. soc. 1996, p. 347, obs. Ph. le Tourneau. -
Cass. com., 2 juill. 1996, Contrats, cons., conc., 1996, n° 197, obs. L.
Leveneur. - Cass. 1re civ., 10 juill. 1996, D. 1996, IR p. 194 ; Gaz. Pal. 1996,
2, pan. p. 269 ; RTD civ. 1997, p. 139, obs. P. Jourdain. - CA Versailles, 20
sept. 1995, Gaz. Pal. 1995, 2, p. 593, note A. Damien. - TGI Metz, 1er juin
1995, Gaz. Pal. 1996, 1, somm., p. 188, obs. H. Vray. - Cass. 1re civ., 21 mai
1997, Juris-Data, n° 002134. - T. com. Paris, 10 mai 1996, PIBD 1996, III, p.
19. - Distinguez bien, selon les publications, les sommaires (somm.) des
informations rapides (IR) et des panoramas (pan.). Pour la Gazette du Palais, il
est habituel d’indiquer le semestre (1996, 1, p. 25 : Le 1 correspond ici au
premier semestre). Méfiez vous de certains Codes dont la numérotation a
changé (notamment le C. rural ou le C. de la santé publique). Et veillez à
respecter la numérotation exacte des nouveaux Codes (tel celui de la propriété
industrielle) et des Codes refondus (comme le Code commerce) ; par exemple,
dans le ce dernier, il faut citer les dispositions de l’article L. 430-8 ainsi : art. L.
430-8, I, 1er alinéa (ou 2e al. ) ; ou encore art. L. 430-8, IV, 2e al., 1° (ou 2°)
et non, comme je le lis parfois, art. L. 430-8-IV-1° (alors que ce 1° est au sein
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du 2e al., celui-ci se trouvant dan le IV, dans le corps de l’art. L. 430-8, IV ; de
sorte qu’il faut mettre des virgules et non des tirets).

Il n’est pas d’usage de mentionner le prénom (ou l’initiale de celui-ci) d’un


auteur non juridique très célèbre (comme Montaigne, Racine, Diderot,
Baudelaire, ou Bergson). Si vous citez dans le corps du texte un auteur en vie
mettez avant son nom et son titre Monsieur le (Monsieur le Professeur, le cas
échéant Monsieur le Doyen, Monsieur le Président). Certains collègues
contestent ce point de vue, en prétendant qu’il s’agit d’une pratique récente. Je
ne le crois pas : En France un usage immémorial veut que les titres soient
précédés de Monsieur (Monsieur le Président, Monsieur l’Intendant, Monsieur
le Comte, etc.), du moins d’un inférieur. Les usages du monde de la justice en
témoignent encore et, quant au passé, ceux qui contestent cet usage n’ont
manifestement pas lu la marquise de Sévigné ou Saint-Simon. Même Henri IV,
tout roi qu’il fût, n’hésitait pas à employer la formule (il écrivait par exemple à
Sully le 13 mai 1607, à propos de l’aménagement de la Place Dauphine à Paris :
Il faut « que vous voyez M. le Premier Président, pour résoudre la place
Dauphine selon le dessein que vous m’en avez montré », cité par B. Barbiche
et S. de Dainville-Barbiche, Sully, Fayard, 1997, p. 285). Au surplus, je
constate que ceux qui critiquent cet usage donnent sans barguigner du Monsieur
le Président, lors des soutenances, au collègue qu’ils ont élu pour présider le
jury (et dans les colloques au Président de séance, ce qui cette fois n’existait pas
dans les mœurs françaises, et a été importé des États-Unis). Pour autant, il est
préférable d’éviter de mentionner trop de noms dans le texte. Plusieurs procédés
permettent de parvenir au même résultat. Par exemple, la formule : Selon un
auteur « Le commissionnaire n’est pas un véritable mandataire » (vous
mettez un renvoi à une note, dans laquelle figure le nom de l'auteur, cette fois
sans titre, avec les références). Dans certains cas, il est même possible de citer
directement une expression ou une phrase d’un auteur, entre guillemets, avec à
la fin le renvoi à une note où son nom sera indiqué.

N’abusez pas des notes en bas de page. Elles doivent rester brèves. Si elles
tendent à être longues, c’est que leur substance mérite d’être incorporée au
texte, par un biais ou un autre. Ne mettez pas de référence quand vous rappelez
des banalités, du genre « La vente est un contrat synallagmatique » (ou « Les
écrits du professeur Philippe le Tourneau sont remarquables» ! ). N’allez pas
à la ligne incessamment (les jeunes auteurs ont tendance à passer à la ligne après
chaque phrase), mais lorsque vous quittez une idée pour une autre.

N’hésitez pas à critiquer des arrêts et des auteurs, y compris votre directeur
de recherche, car en Droit il n’y a pas de sacra doctrina, d’autant qu’un auteur
« ne ressemble aux maîtres qu’en faisant différent » (Proust, Correspondance,
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t. XIX, Plon, 1991, p. 214). Mais formulez vos critiques toujours d’une façon
courtoise, mesurée et argumentée, en conservant un esprit humble (mens
humilis). Soyez modeste, en n’oubliant pas que, en dehors des sciences dites
exactes, tout ce que les auteurs croient des vérités ne sont que des hypothèses
provisoires, jusqu’à une nouvelle thèse ! Selon un mot de Thucydide,
l’ignorance est hardie et le savoir réservé. Cela étant, je fais mienne l’opinion
suivante de saint Thomas d’Aquin (XII Métaph., lec. 9) : « Si quelqu’un veut
écrire contre mes solutions, il me sera très agréable. Il n’est, en effet, aucune
meilleure manière de découvrir la vérité et de réfuter l’erreur que d’avoir à se
défendre contre les opposants. [...] Il faut aimer l’un et l’autre, celui dont
nous adoptons l’opinion et celui dont nous nous séparons ; car l’un et l’autre
s’appliquèrent à la recherche de ma vérité et l’un et l’autre sont nos
collaborateurs ». Lorsqu’un auteur est revenu à plusieurs reprises sur le même
sujet, vous pouvez évidemment mentionner ses premiers écrits, mais il est
impératif de citer sa publication la plus récente, qui exprime sa dernière position
(il a pu changer de point de vue) ; il est intellectuellement malhonnête de
critiquer la doctrine d’un auteur en se référant à l’état antérieur de sa pensée.

L’originalité dans le fond d’une thèse est plus que souhaitable: c’est de la
nature d’un tel travail, consistant en une recherche sur des questions
controversées ou inédites. Une thèse n’est ni une compilation, ni une synthèse.
Mais je suis tenté de dire que la nécessaire originalité doit être mesurée ou
raisonnable. En ce sens, méfiez-vous des constructions intellectuelles
ingénieuses, mais qui n’ont pas de réalité ou qui sont inapplicables.

N’employez pas la première personne du singulier, mais la première du pluriel.


Au vrai, il est encore préférable d’éviter le plus possible de personnaliser en
adoptant un ton neutre, grâce à la troisième personne du singulier. « (ous
pensons que la cause présente deux aspects » devient « La cause présente
deux aspects ».

Les citations d’auteur et d’extraits de décisions doivent être en italiques. Si


elles comportent elles-mêmes des mots ou des passages en italiques, mettez
alors ces derniers en caractères normaux. Donnez la traduction en français des
citations en langue étrangère, même morte (grec ou latin), sauf lorsqu’il s’agit de
maximes ou de formules traditionnelles. S’inspirer d'un auteur est légitime,
en le citant. Mais il est immoral et illicite (délit de contrefaçon) de copier
des passages entiers, même en les transformant. Le travail d’un mémoire
ou d’une thèse n’est pas celui d’un scanneur et du procédé « copier-coller
». Méfiez-vous de la tentation du plagiat, qui se répand actuellement, du
fait des facilités techniques et de la perte du sens moral.

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La rédaction achevée, le plan fixé ne varietur, reprenez l’ensemble à plusieurs
reprises pour ce « retravail si essentiel d’après coup, qui consiste à serrer de
plus en plus sa propre pensée, à la condenser et clarifier pour le lecteur » (L.
Viaud [dit Pierre Loti], Journal, La table ronde, 1997, p. 233). Cela devrait être
assez facile ; les mots idoines se présenteront en leur place, les phrases
viendront presque d’elles-mêmes et se rangeront dans une belle ordonnance,
comme des soldats entraînés. Tâchez d’avoir un style personnel, marqué par un
rythme. La phrase doit être souple, étonner par la variété et la multiplicté de ses
allures. Il faut éviter que des paragraphes proches commencent d’une façon
identique. Polissez votre texte, améliorez en le style afin qu’il devienne coulant
(« Qu’est-ce que le style ? ... Une façon très simple de dire des choses
compliquées », Cocteau), la cohérence interne, l’enchaînement des
paragraphes, qui doivent s’emboîter les uns les autres. «Quand le tableau est
fait, on revient avec ses teintes [les couleurs utilisées] pour accorder »
(Chardin). Voilà un mot clé : Il faut tout accorder, harmoniser, mettre du liant,
car « Ce que cherche, à l’ordinaire, le lecteur, c’est une sorte de tapis roulant
qui l’entraîne » (Gide, Journal 1887-1925, au 17 juin 1923, Pléiade, 1997).
Les anciens disaient : Ars est celare artem, soit « L’art consiste à cacher l’art »,
en l’espèce le labeur patient et ardu de l’écritue ; c’est ainsi que l’on parvient au
tapis roulant auquel fait allusion Gide.

L’idéal serait que l’ouvrage ne contînt « Rien qui pèse et qui pose », pour
reprendre une consigne de Verlaine (tout en ne pouvant pas, dans une œuvre
d’érudition, adopter son « De la musique avant toute chose »). « Le style n’est
qu’une manière de penser, si votre conception est faible, jamais vous
n’écrirez d’une façon forte » (Flaubert, lettre à Ernest Feydeau [père de
Georges], mai 1859, in Flaubert, Correspondance, op. cit., p. 21 ; souligné par
l’auteur). Veillez à la précision du vocabulaire. «Un écrivain véritable est
quelqu’un qui ne trouve pas ses mots. Alors il les cherche et il trouve mieux »
(Valéry). Cela suppose de posséder un vocabulaire étendu. «On ne médite
qu’avec [des mots], mais tous les mots possibles, parce qu’on ne pense bien
qu’avec des mots nombreux » (M. Serres, Le Tiers-instruit, Julliard, 1994, p.
119). Souvent, en cherchant à éviter une répétition, le mot nouveau suscite une
heureuse trouvaille de fond. «Le style est autant sous les mots que dans les
mots » (Flaubert, op. et loc. cit. ; souligné par l’auteur). « La beauté du style
est le signe infaillible que la pensée s’élève »(Proust, Correspondance, t.
XIX, Plon, 1991, p. 635). Méfiez-vous des facilités de plume, constituées par
les formules toutes faites et attendues (L’épée de Damoclès, ou La cerise sur le
gâteau, surtout que cette dernière est la traduction d’une expression anglaise).
Fournissez du « désordre à l’esprit » (selon le conseil de Valéry), en refusant
les idées reçues et les clichés. Tâchez d’écrire de façon harmonieuse et
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musicale ; il faut que l’on puisse entendre la voix de votre texte. Imprégnez vous
d’élégance en lisant les grands classiques de la littérature française (sans
chercher à les pasticher), ce qui en même temps constituera une agréable
détente.

Voici enfin le temps de se mettre, paradoxalement, à l’introduction ! Ce


travail sera aisé, sachant d’où vous êtes parti et où vous êtes arrivé.
L’introduction sert à délimiter le sujet, en expliquant pourquoi certains aspects
sont éliminés, éventuellement en traitant les aspects historiques, sociologiques et
de Droit comparé, si vous ne jugez pas utile ou malaisé de les insérer dans le
corps de l’ouvrage (mais aujourd’hui, il semble indispensable que toute thèse
comporte des développements en droit comparé) ; puis à brosser les prémisses
de la matière, montrant implicitement l’intérêt du sujet, et aboutissant tout
naturellement, comme sans y prendre garde, à l’annonce du plan (qui est
importante ; de même que, dans le corps de l’ouvrage, les annonces des parties
et des chapitres, à condition de leur donner de la substance : Voyez à cet égard
la façon de procéder de Ph. Stoffel-Munck dans sa thèse L’Abus dans la
contrat, préface de R. Bout, LGDJ, 2000). Les premières pages de
l’introduction doivent être d’un style enlevé, pour donner envie au lecteur de
poursuivre, et avec peu de références.

La conclusion, inutile dans un mémoire (sauf si le sujet l’appelle


impérativement), est brève (quelques pages suffisent). Elle résumera le fruit de
vos recherches. À ce moment là, il vous faut couper les amarres et être seul
avec vous-même, vos idées ramassées. Aussi, la conclusion ne doit comporter
ni citation ni note (sauf pour éventuellement renvoyer à des passages de la thèse
elle-même). Dans l’idéal, vous indiquerez in fine vos propositions de thèse
sous la forme condensée suivante (qui n’est qu’un exemple) :

« Au terme de nos recherches, nous soutenons que :


Premièrement : Le concept de responsabilité contractuelle était inconnue des
rédacteurs du Code civil et de ses commentateurs. Elle fut inventée à la fin du
XIXe siècle par Planiol.
Deuxièmement : L’introduction de cette notion a entraîné de nombreuses
conséquences fâcheuses, telles que ...
Troisièmement : (ous proposons le retour à une saine conception des choses,
consistant en ce que ...
Quatrièmement : L’abandon du concept de responsabilité contractuelle
présenterait plusieurs avantages pratiques d’importance, notamment ...».

Vous trouverez deux modèles remarquables de cette méthode, d’abord dans la


thèse de mon collègue Emmanuel Gaillard, Le Pouvoir en droit français
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(préface Gérard Cornu, Economica, 1985, p. 232 et s.) : La conclusion est
constituée par dix-huit propositions sur deux pages. Ensuite, dans celle de
Madame Marianne Faure-Abad, Le fait générateur de la responsabilité
contractuelle (contribution à la théorie de l’inexécution du contrat), préface
Ph. Rémy, LGDJ, 2003, dont la conclusion est divisée en cinq principes et huit
corollaires. Cette méthode vous permettra de prouver que vous avez rédigé une
véritable thèse, aux idées et conclusions neuves, et non une compilation
d’œuvres antérieures présentées différemment (une thèse n'est pas l’art
d’accommoder les restes !).

Le cas échéant, vous pouvez formuler une proposition de loi, avec le texte et
l’exposé des motifs (V. par ex. la thèse de P. Coëffard, Garantie des vices
cachés et « responsabilité contractuelle de droit commun », Poitiers, 2003, p.
311 et s., proposant une nouvelle et remarquable rédaction de certains articles
du Code civil, principalement portant sur l’actuelle garantie contre les vices
cachés).

Votre travail achevé, il vous reste à en numéroter les paragraphes, ce qui vous
permettra d’insérer des renvois internes (qui ne seront jamais trop nombreux ;
voyez dans mon traité Droit de la responsabilité et des contrats). Vous pouvez
aussi, le cas échéant, leur donner un titre, ce qui est une excellente méthode (et
une ascèse, car cela conduit à ne développer qu’une idée par paragraphe).
Prévoyez également d’établir un index (c’est aujourd’hui indispensable). La
bibliographie devra être complète, toutes les œuvres utilisées, mais rien
qu’elles ; ne mentionnez pas d’articles ou de livres non lus, car vous risquez
d’être interrogés sur eux par un membre du jury ; à l’inverse n’omettez pas un
ouvrage important de la matière : Un jour vous vous trouverez peut-être devant
son auteur, qui en éprouvera une légitime amertume ! Sur la quatrième page de
couverture (au dos de l’ouvrage), donnez un résumé de votre thèse en français
et en anglais, ainsi qu’une liste des mots clés dans ces deux langues.

Les thèses sont souvent d’un maniement malaisé, car artificiellement


volumineuses. Cet excès doit cesser ! En voici les moyens : N’utilisez pas de
double interligne ; ne laissez pas des marge énormes (je suggère 2,5 cm), ni de
blancs importants entre les divisions ; et, surtout, imprimez recto verso et non
seulement au recto. Pour faciliter la lecture des membres du jury, je vous
conseille vivement d’imprimer à part un plan synthétique, avec l’indication des
pages, au recto (seulement) d’un bristol (d’un seul) de 25 sur 18 centimètres, de
couleur claire (mais pas blanc), en mettant le plus de divisions possibles pouvant
tenir sur le recto. Dans la mise en page, veillez à ce que les titres ne se trouvent
pas placés en bas de page.

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Le moment venu, vous pourrez proposer à votre directeur de recherches le
nom des personnes que vous aimeriez voir figurer dans votre jury de
soutenance. Les noms des membres du jury doivent être mentionnés (en
majuscule) sur la première page de couverture (précédés de Monsieur, Madame
ou Mademoiselle et de leur prénom en entier, suivi de leur titre et de leur
Faculté ou Université), par ordre d’ancienneté. Le nom du directeur de
recherche, avec l’indication de cette fonction, est placé avant, avec un espace
entre son nom et celui des autres membres du jury. Méfiez vous d’une subtilité,
qui est un piège dans lequel tombent non seulement les thésards mais aussi de
nombreux collègues. La voici. On écrit Professur à la Faculté de X (ou à
l’Université de X), mais pour un émérite, c’est Professeur émérite de la Faculté
de X (ou de l’Université de X). Au dos de l’ouvrage, donnez un résumé en
français et en anglais de votre thèse, une liste de sprincipaux mots clés, enfin le
nom et l’adresse de l’établissement de soutenance.

Préparez pour la soutenance un exposé oral d’environ dix minutes, indiquant


les buts de votre recherche, les difficultés que vous avez rencontrées, et les
résultats auxquels vous êtes parvenu. Vos propos doivent être très brefs, car les
membres du jury ont normalement lu votre œuvre, de sorte que vous risquez
vite de les ennuyer.

Tâchez de prévoir la soutenance soit avant les vacances d’été soit après
celles-ci, assez tôt, c’est-à-dire jusqu’au 15 novembre. Et envoyez votre thèse
aux membres du jury au moins un mois avant la soutenance. L’observance des
ces deux recommandations est une marque d’égard envers les collègues qui
participeront à votre jury ; mais elle constitue en même temps une mesure de
précaution pour vous car, du fait de la concentration des soutenances à la fin de
l’année, il est des membres de jury qui n’ont réellement pas le temps
d’examiner à fond tous les travaux qui leur sont soumis.

Demandez à un ami de noter, lors de la soutenance, les critiques et remarques


qui vous seront adressées, dont vous devrez tenir compte pour améliorer votre
thèse avant de la publier.

(e vous inquiétez pas : tout ira bien ! Les premièrs jours sont le temps
bienheureux des fiançailles ; puis vient le temps de la grisaille et du doute ; mais,
finalement, la sérénité et l’aisance seront au bout du chemin, comme dans les
vieux couples qui ont surmonté ensemble les épreuves de la vie. Certes, vous
peinerez de temps à autre ; mais, dans la vie, tout ce qui est intéressant et grand
ne jaillit que dans la souffrance. « Apprends à penser avec douleur, car sans
cela jamais le génie ne naît à la vie de l’esprit » (Caroline von Gunderode,
cité par Marcel Brion, L’Allemagne romantique, Albin Michel, t. 1, 1962, p.
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306).

PS

Dans la mesure du possible je tiens compte dans mes ouvrages (notamment


dans mon Dalloz Action Droit de la responsabilité et des contrats) de l’apport
des thèses et des articles nouveaux, du moins évidemment lorsqu’ils sont
parvenus à ma connaissance, m’ayant été adressés (ou à celui de mes
collaborateurs du Dalloz Action chargé de la question qu’elle aborde ; leurs
parties sont indiquées dans l’avant-propos de ce traité). A bon entendeur salut !
Attention, il convient de m’adresser les ouvrages par un moyen ne nécessitant
pas une signature à l’arrivée, donc en lettre ou paquet ordinaires (ou en «colis
suivi»). Ne l’envoyer en aucun cas en paquet recommandé ou en Chronopost
ou Colissimo 24 h., procédés qui impliquent tous, en cas d’absence lors du
passage du livreur, que je me rende à la poste, éloignée de mon domicile et
toujours encombrée (longue attente). En outre, cela m’oblige à porter ce paquet
chez moi ; or, il est généralement fort lourd.

QUELQUES INSTRUMENTS DE TRAVAIL

- G. CORNU, Vocabulaire juridique, PUF, collec. Quadrige, 8e éd., 2007


(ouvrage d’une qualité exceptionnelle, à consulter sans cesse).

- DALLOZ, Guide juridique, 6 vol., reliure bleue (très utile et très commode à
consulter : Tout le Droit par ordre alphabétique).

- DALLOZ, Répertoire civil, dix vol. (tout le Droit civil par ordre
alphabétique).

- DALLOZ, Répertoire commercial, cinq vol. (tout le Droit des affaires par
ordre alphabétique).

- JURIS-CLASSEUR CIVIL (tout le Droit civil par articles du Code).

- M.-L. MATHIEU-IZORCHE, Le raisonnement juridique. Initiation à la


logique et à l’argumentation, PUF, Thémis, 2001 (précieux pour tout thèsard).

- H. ROLAND & L. BOYER, Locutions latines du droit français, 4e éd.,


Litec, 1998.

- A.-V. THOMAS, Dictionnaire des difficultés de la langue française,


Larousse (réédition fréquente).

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