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Par chance j'y étais, pour mon plus grand plaisir. Presque par hasard, tout comme la manière
par laquelle j'ai découvert cet artiste fabuleux sur le net... la surprise n'en a été que plus savoureuse!
De passage pour quelques jours dans le merveilleux pays aveyronnais, mes hôtes
conseillaient la visite du village classé de Belcastel et de son château médiéval. C'est alors que j'ai
découvert que l'artiste Daniel Merriam y tenait une exposition, un aquarelliste de génie dont j'admire
particulièrement le talent et l'univers.
C'est donc avec une grande impatience que je me suis rendue sur les lieux, ne tenant plus de
pouvoir enfin admirer de mes yeux ses œuvres et de m'y plonger!
En 2005 un couple d'américains, Heidi Leigh et Nick Leone, a été à son tour séduit par les
lieux et a fait l'acquisition du château de Belcastel. Leur société Animazing compte 3 galeries d'art
(New York, Weschester, Nouvelle-Orléans) et le château devient dès lors à son tour un lieu
d'exposition tout indiqué. L'émission Des Racines et Des Ailes a notamment présenté au cours d'un
reportage le coup de coeur de ce couple, tombé sous le charme de Belcastel (cf lien en fin d'article).
En 2008, l'exposition majeure du château était consacrée au génial Osamu Tezuka, le pape
du manga. Les salles comptent un mobilier prestigieux, et la quasi-totalité du château est accessible
au public. Les châtelains se sont mis à pied d'œuvre pour embellir leur magnifique forteresse et lui
donner vie... la visite est un pur régal.
A l'entrée du château on nous remet un livret contenant des textes sur l'histoire, les stratégies
guerrières qui sous-tendent la construction du château, la rénovation réalisée par Fernand Pouillon
et son équipe. Des bornes numérotées sont disséminées dans le château avec un texte du livret
associé. La visite est tout à fait passionnante, nous plongeant dans différentes époques du château.
Ensuite on accède aux différentes salles d'exposition : collection d'armures, peintures de
Snoopy et Charlie Brown, croquis de Tim Burton, rétrospective du Dr Seuss...
... et bien sûr l'exposition majeure de 2009 consacrée à Daniel Merriam !
Cet artiste new-yorkais de 46 ans, originaire du Maine, aquarelliste de génie, a demandé aux
châtelains s'il pouvait passer le mois d'août au château. Je n'ai pas eu cette chance malheureusement,
mais depuis le 6 août où une réception en son honneur était organisée, avec de nouvelles toiles
dévoilées pour l'occasion, les visiteurs peuvent le rencontrer et le regarder peindre!
Ses prochaines toiles seront donc vraisemblablement inspirées par ce lieu enchanteur...
Apparemment sa première visite lui avait beaucoup plu et avait certainement déjà commencé à
l'inspirer.
Ce qu'il cherche à susciter à travers ses toiles est apparemment lié à ce que lui a transmis son
père durant son enfance... en effet comme il le raconte dans son livre The Eye of a Dreamer, son
père adorait faire partager à sa famille nombreuse ses découvertes uniques et étranges, comme par
exemple emmener la petite troupe dans les bois voir un rocher défiant les lois de l'apesanteur
(balancing rock), ou encore leur faire visiter la ferme familiale transformée par le nouveau
propriétaire en cabinet de curiosités, etc.
La magie qui se dégageait de ces découvertes l'a beaucoup marqué et inspiré depuis tout
petit, lui donnant le goût de faire partager à son tour des choses pleines de magie. Il n'a pas perdu le
goût de ces découvertes et les a insufflé dans ses toiles.
Il veut dire au monde que l'imagination est comme un muscle, se décrivant comme un
"daydreamer", et il veut faire partager son univers de la même manière que son père faisait partager
ses découvertes, ouvrant une fenêtre sur la magie et l'insolite, faire rêver les gens à leur tour.
Les maisons de style victorien que l'on retrouve fréquemment dans ses œuvres lui ont été
inspirées par l'architecture de nombreuses maisons de Nouvelle-Angleterre qui lui plaisent
énormément depuis toujours.
Leur grâce et leur stature, ainsi que les mystères qu'il imaginait enfant qu'elles renfermaient,
sont pour lui pareilles à des temples de méditation.
Elles symbolisent un temps révolu, plus simple et innocent, et elles lui donnent une structure
solide pour y asseoir son univers onirique peuplé de créatures féeriques, avec à la fois de l'humour,
de la fantaisie et de la mélancolie. Il a réellement travaillé en tant qu'architecte et œuvré à restaurer
des maisons.
La notion même de Réalisme Imaginaire est tout à fait révélatrice de cette démarche et
caractérise le paradoxe de ses toiles, un univers mêlant des éléments existants, tangibles,
reconnaissables mais aussi totalement imaginaires, nés de son imagination fertile.
Il n'est pas aisé de décrypter ses toiles, d'interpréter les allégories et symboles représentés...
tout comme il est difficile d'interpréter les rêves, même pour le rêveur lui-même... De trouver le
message déguisé...
Sa peinture ne s'inclut pas seulement dans la tradition surréaliste (faisant la part belle aux
rêves) mais le psychologue jungien J. Robert Hanson propose même des rapprochements avec des
peintures du moyen age de Bosch, Brueghel et Mantegna's concernant l'utilisation d'allégories,
d'arbres et de maisons anthropomorphes, de créatures fabuleuses toutes droit sorties du paradis ou
des enfers.
De plus l'aspect "conte médiéval" est assez prévalent dans l'œuvre de Merriam.
Quoi qu'il en soit, Daniel Merriam a tellement d'inspiration qu'il craint que sa vie ne suffise
pas pour coucher sur la toile tous les rêves qu'il a en tête. J'espère avoir de nouveau l'occasion
d'admirer son sublime travail, et qu'il continuera encore longtemps à nous ouvrir des fenêtres sur
son monde merveilleux, peuplé de fées coquines, de gargouilles inquiétantes, d'animaux fabuleux et
majestueux, de nobles dames lascives...
Salem.
At the End of my Rope : 61 x 45,7 cm.
http://www.chateaubelcastel.com/
http://www.animazing.com/
http://www.danielmerriam.com/
Wild Fire : 61 x 91,4 cm.