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LA SEMIOLOGIE
I- QU’EST-CE QUE LA SEMIOLOGIE ?
1/ Généralité
La sémiotique est l'étude des signes et de leur signification. En français, le terme sémiologie
est souvent utilisé, avec la même signification. (voir l'article sémiologie). A tort puisque le
principe sémiotique se différencie de la sémiologie à partir de harles Sanders Peirce. En effet
celui-ci élabore un principe sémiotique fonctionnant sur un système triadique, quand la
sémiologie fonctionne, elle, selon un système binaire. La sémiotique étudie le processus de
signification c'est-à-dire la production, la codification et la communication de signes.Elle
concerne tous les types de signes ou de symboles, et non seulement les mots, contrairement à
la sémantique. Même un geste ou un son sont considérés comme des signes. Même des
images, des concepts, des idées ou des pensées peuvent être des symboles. La sémiotique
fournit les outils nécessaires à l'examen critique des symboles et des informations, dans des
domaines divers. La faculté de manipuler des symboles est une caractéristique de l'être
humain et permet à celui-ci d'utiliser bien mieux les relations entre idées, choses, concepts et
qualités que les autres espèces vivantes. Actuellement, depuis Charles W. Morris[1], on
distingue trois "dimensions" de la sémiotique :
La sémiotique, qui plonge ses racines dans l'épistémologie, la philosophie des sciences, la
logique formelle, et, pour Saussure, dans la psychologie, prend de plus en plus d'importance
au regard des sciences et de la technologie.
Toute pensée s'effectue à l'aide de signes. Un signe est une triade: un représentamen (signe
matériel) dénote un objet (un objet de pensée) grâce à un interprétant (une représentation
mentale de la relation entre le représentamen et l'objet). Le représentamen est premier (une
pure possibilité de signifier), l'objet est second (ce qui existe et dont on parle), mais ce
processus s'effectue en vertu d'un interprétant (un troisième qui dynamise la relation de
signification). L'interprétant est aussi un signe susceptible d'être à nouveau interprété, ainsi
indéfiniment. Je vous parle d'un chien. Le mot « chien » est le représentamen, l'objet est ce
qui est désigné par ce mot, et le premier interprétant est la définition que nous partageons de
ce mot: le concept de chien. Ce premier rapport, Peirce le nomme le fondement (ground) du
signe. Mais le processus sémiotique continue, car à partir de ce signe il est possible que je me
représente mentalement un certain chien, dont je vous parle ensuite, faisant naître en votre
esprit d'autres interprétants et ce jusqu’à l'épuisement réel du processus d'échange (ou de la
pensée, qui est un dialogue avec soi-même). Penser et signifier sont donc le même processus
vu sous deux angles différents. Ce processus se nomme la sémiosis.
Les signes se distinguent d'abord en qualisigne (la pure possibilité du signe), sinsigne (ce
signe-là) et légisigne (la loi qui régit la grammaire du signe). Puis, au plan de la signification
on aura l'icône (un signe par ressemblance avec l'objet), l'indice (un signe relié comme un
symptôme à son objet) et le symbole (un signe doté d'une signification abstraite). Enfin, au
plan pratique, on aura le rhème (un nom, un verbe, un adjectif), le dicisigne (une proposition
verbale ou visuelle, par exemple) et l'argument (une règle d'inférence). Toute pensée ou
signification aboutit donc à une inférence, à un raisonnement élémentaire.
Revenant à la théorie logique, Peirce distingue les abductions (abduction: inférence qui mène
à la découverte d'une hypothèse plausible), les inductions (induction: raisonnement
statistique) et les déductions (déduction: raisonnement parfaitement logique où de prémisses
vraies on tire une conclusion certaine). Les trois formes de l'inférence jouent un rôle
important dans la découverte et la justification scientifique. C'est par l'inférence que le
symbole acquiert sa pleine force en menant à un jugement.
Les énoncés du premier type n'établissent que l'existence d'un sujet de relation : « x » existe
(priméité). Les énoncés du deuxième type établissent une relation à deux termes: « Claude
aime Louis » ("x" entretient la relation « aimer » avec « y »; secondéité). Mais il faut aussi
considérer les relations à trois termes, comme dans « Julie donne un verre de vin à Claudine »
("x" entretient la relation « donner... » « z » « à... » « y »; tiercéité). Ainsi, Peirce reproche-t-il
à Kant de s'être arrêté aux seules catégories et d'avoir négligé l'élément le plus important de la
pensée: l'établissement du jugement à travers les inférences.
La philosophie de Peirce trouve son plus grand achèvement dans sa sémiotique, car
« l'homme est un signe » écrit-il à la fin de sa vie. Dans la mesure où il n'y a pas de pensée
sans signe, dans la mesure où « l'intelligence est une action finalisée », la théorie sémiotique
permet de répondre à la grande question kantienne, ou du moins d'indiquer une direction pour
la réponse à cette question : « qu'est-ce que l'homme ? » Pour Peirce, avant beaucoup d'autres,
l'être humain est un animal symbolique. Sa caractéristique propre est l'intelligence, c'est-à-dire
l'action réfléchie, où il fait œuvre de lui-même en signifiant. En donnant un sens à sa vie à
travers différents univers symboliques, l'être humain accomplit et dépasse sa forme de sujet en
devenant créateur et interprète de ses signes et des signes qu'il découvre dans le monde. Il ne
peut faire cela que dans la mesure où il est congénitalement un être social et historique. Car la
pensée comme la signification sont des processus communautaires et non des processus que le
prétendu penseur accomplirait seul « dans sa tête ».
2/Sémiotique ou Semiologie
La sémiologie est la science des signes.Le terme sémiologie a été créé par Emile Littré et
pour lui, il se rapportait à la médecine [1]. Il a ensuite été repris et élargi par Ferdinand de
Saussure, pour qui la sémiologie est « la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie
sociale » (Cours de linguistique générale, p. 33). Le terme sémiotique, inventé par Charles
Sanders Peirce quelques années auparavant, recouvre la même idée et est utilisé le plus
fréquemment en dehors de France.Toute science étudiant des signes est une sémiologie. Le
terme est donc utilisé dans plusieurs disciplines.
2) La sémiologie de la Signification n'a pas d'a priori, elle étudie signes et indices, sans se
préoccuper de la distinction. Représentant : Roland Barthes créateur du courant. Elle
s'intéresse à tout ce qui signifie quelque chose sans se préoccuper si cela est volontaire ou pas.
Interprétation de phénomènes de société, elle cherche si les choses n'ont pas un sens caché,
des valeurs symboliques par exemple le combat bien/mal chez les catcheurs. Le combat à un
rôle de catharsis. Elle s'est occupé d'analyse de pubs, des notions impliquées dans le langage. -
Conscient, conventionnel, précis : sémiologie de la communication. Univers du sens caché,
sans rigueur, non conventionnel : sémiologie de la Signification. - D'après le cours de C.
Maury-Rouan, Langage et Communication."
Dès que l'on déborde le domaine du signal , on est dans le champ de la signification qui est à
notre sens le domaine proprement sémiotique. En termes phénoménologiques on se
préoccupera donc plutôt de ce qui se produit dans l'esprit d'un interprète quelconque lorsqu'il
perçoit une chose et que c'est une autre chose qui est présente à son esprit. On retrouve donc
ici la problématique de l 'objet de la sémiotique. Cette question appelle une prise de position
sans équivoque sur les acceptions dans lesquelles sont pris des termes comme sens et
signification et aussi sur le fait de les employer au singulier ou au pluriel. En effet doit-on
parler de sémiologie de la signification ou de sémiologie des significations ?. Dans le premier
cas on postule l'existence d'une signification unique et normative qu'il s'agirait de retrouver
dans chaque acte singulier d'interprétation et qui permettrait d'invalider toutes les
interprétations "déviantes". Dans le second cas les significations sont constatées, elles sont le
fait d'acteurs sociaux particuliers et ne sont rapportées à une signification unique que sous le
rapport de l'individuel au collectif, du psychologique au social. Cette signification prend alors
valeur d'institution sociale c'est-à-dire d'un état précaire, contingent et historiquement daté.
Les significations particulières observées sont alors les moments, au sens philosophique,
d'une dynamique sociale. Il ne s'agit plus alors de déviance, qui est une catégorie
complémentaire de la norme, mais d'articulation à saisir. Le danger est donc à notre sens de
faire de la sémiologie une science normative qui prescrive les significations au lieu de les
décrire.
Pour certains les deux processus sont totalement réversibles. Pour d'autres, il y a une
dissymétrie fondamentale. On peut cependant montrer qu'il y a une certaine dualité
résultant de l'anticipation de l'interprétation au moment de la production.
"Je modifie les mots en fonction de l'idée que j'ai de lui (le public), c'est à dire de moi
recevant ce que je veux écrire. (Obliques 18/19, entretien avec M. Sicard). En d'autres termes
la production est un processus d'incorporation d'une pensée dans une configuration d'existants
qui se passe tout entier sous la dépendance d'une interprétation anticipée par rapport à laquelle
le producteur redevient un interprète comme un autre et à ce titre, participe à un processus
collectif d'interprétation que nous décrivons comme une institution sociale. Il y a donc du côté
du producteur un processus qui va du particulier à l'universel, de l'individuel au collectif
tandis que du côté de l'interprète on va de l'universel au particulier et du collectif à
l'individuel. Donc plutôt que de réversibilité qui ne différencie pas les deux démarches on doit
parler de dualité afin de mettre l'accent sur l'opposition des "sens de parcours" qui différencie
production et interprétation selon le schéma :
Quel rapport y-a-t-il entre sémiotique et communication ?
Tout acte de communication peut être décrit comme un couple constitué par un signe produit
par un émetteur puis interprété par un récepteur. Son étude combinera donc
production et interprétation d'un même signe.
Il est clair que pour avancer dans la connaissance des signes il convient de prendre en
considération ce à quoi ils servent lorsqu'ils sont plus ou moins intentionnels, à savoir à
communiquer. Dans un sens plus large, on peut même considérer que dans tout phénomène
sémiotique il y a passage, au moyen du signe, d'une certaine forme de relations qui est dans
l'esprit d'un producteur à l'esprit d'un interprète. Cette forme de relations ne ferait alors que
transiter par le signe qui devient, selon les termes de Peirce, "un medium pour la
communication d'une forme (ou figure)" (le cas des signes naturels, qui n'ont pas de
producteur humain doit être considéré à part).
Il est à remarquer que dans l'acte de communication défini comme un couple (signe
produit/signe interprété), le producteur aussi bien que l'interprète font référence à la même
relation de nature institutionnelle qui lie le signe et son objet. Le producteur l'utilise comme
un déjà-là (un "comens" dit Peirce, c'est à dire un "être commun") qui lui permet de choisir
une chose (le signe) et de la présenter comme le substitut d'une autre chose absente (l'objet du
signe) avec la garantie ( à l'intérieur de sa communauté) qu'un l'interprète éventuel partageant
sa culture aura la possibilité de faire fonctionner dans l'autre sens (dualité).
Etudier la communication du point de vue sémiotique c'est donc étudier un couple de signes
duaux l'un de l'autre et concaténés selon le schéma :
On voit que la communication est réussie lorsque objet du producteur et objet de l'interprète
coïncident
Ce sont des signes qui n'ont pas de producteur humain. Leur reconnaissance est étroitement
dépendante de l'état de la science au moment où on le considère. Sa qualification sera
donc fixée par le degré d'information scientifique de son interprète.
Les signes naturels puisqu'ils sont des signes, présupposent une connexion entre le signe qui
représente et un certain objet qui est représenté. Cependant cette connexion est établie par la
nature sans la moindre intervention humaine; elle se situe donc dans le monde physique,
exclusivement et l'interprète ne fait que constater ce fait. Or dans notre conception du signe
nous avons donné à cette connexion valeur d'institution. Il faut donc , afin de justifier notre
prétention à édifier une sémiotique générale, que les signes naturels puissent être incorporés
dans la conception générale énoncée et pour celà il faut les analyser de façon plus précise.
Pour commencer il ne faut pas se laisser aveugler par les exemples d'école (fumée/feu,
nuage/pluie) dont le caractère d'évidence masque la complexité des rapports réels entre les
deux termes, le savoir empirique de chacun permettant de faire l'économie du savoir
scientifique. Le problème est tout autre si l'on considère le couple marée/lune, car voir dans la
marée un signe de la lune présuppose une connaissance des lois de la gravitation qui n'est pas
donnée dans l'expérience ordinaire. Pourtant la connexion entre la marée et la lune vaut bien
celle qui existe entre un nuage noir et l'imminence de la pluie. Or pour ce qui est des marées,
il est bien connu qu'elles n'ont pas toujours été attribuées à l'influence de la lune, ce qui
signifie que la notion de signe naturel est étroitement liée à l'état de la science au moment de
l'interprétation et donc au rapport que l'interprète entretient avec la science de son temps. On
peut donc considérer que, au delà de la généralisation spontanée effectuée par les acteurs
sociaux dans les domaines les plus prosaïques de leur expérience quotidienne, c'est en fait la
communauté scientifique d'une époque déterminé qui garantit la réalité de connexions qui
caractérisent les signes naturels. A ce titre, cette communauté peut être considérée comme
productrice de ces signes, ce qui permet de les réintegrer dans le droit commun avec la
particularité qu'une communauté est substituée à une personne dans le signe dual. Cela
reviendra à considérer le savoir scientifique comme un faisceau d'institutions reliant les
phénomènes naturels à certains objets par un rapport de causalité au sein de théories ayant
pour fonction de décrire les phénoménologies observées. Dès lors, rien n'interdit plus de
définir les phénomènes sémiotiques dans le champ de la communication puisque dans tous les
cas nous aurons à évaluer et à formaliser la position d'un interprète vis à vis d'une institution
sociale connectant représentant et représenté, signe et objet. Le cas des signes naturels se
distinguera alors seulement par le fait que le producteur virtuel est l'institution elle-même
http://robert.marty.perso.cegetel.net/semiotique/s040.htm
Le pragmatisme [modifier]
La maxime pragmatiste se formule ainsi: « Considérer quels sont les effets pratiques que
nous pensons pouvoir être produits par l'objet de notre conception. La conception de tous ces
effets est la conception complète de l'objet ». ("Comment rendre nos idées claires", #15) Le
pragmatisme est d'abord une philosophie de la signification. Une conception quelconque se
définit par l'ensemble de ses effets pratiques. Si deux conceptions aux noms différents
comportent les mêmes effets pratiques, alors elles ne forment qu'une seule et même
conception. Par contre, si deux conceptions partagent un même nom, mais impliquent des
effets différents, nous avons deux conceptions différentes.Une conception découle d'une
croyance. Une croyance est une habitude mentale qui guide l'action. Il explicite cette position
dans son texte « Comment se fixe la croyance ».Si je crois qu'une chose est dure, je crois que
dans un certain arrangement de faits, cette chose se comportera de telle et telle manière. Une
conception est une croyance qui indique à propos d'un certain objet, quel sera son
comportement dans toutes les circonstances possibles. C'est la même règle qui s'applique pour
définir des termes abstraits ou métaphysiques. Toutes les significations se ramènent à des
effets pratiques dans telles ou telles circonstances. Il considère cette maxime comme une part
essentielle de sa méthodologie philosophique.On voit clairement l'influence de la formation
scientifique de Peirce sur sa philosophie. Ce dernier est toujours empreint de l'esprit de
laboratoire. Il refuse les distinctions byzantines de la métaphysique traditionnelle et croit
pouvoir montrer que de nombreux problèmes philosophiques sont en fait de faux problèmes,
en les analysant en termes de conséquences pratiques. On remarque aussi l'influence des
philosophes du sens commun. Peirce nomme quelquefois sa position philosophique un « sens
commun critique ».Par ailleurs, la maxime pragmatiste peut servir à définir la vérité d'une
proposition. Pour Peirce, la vérité est une affaire de convergence à long terme des recherches
scientifiques. L'opinion qui survit aux tests et qui rejoint l'accord de la communauté des
chercheurs après avoir été discutée largement et passée au crible de la critique, cette opinion
peut être considérée comme vraie et réelle.Lorsque William James popularisera sa propre
philosophie pragmatiste, pour bien s'en distinguer Peirce renommera sa conception le
« pragmaticisme ».
Selon Peirce, trois catégories sont nécessaires et suffisantes pour rendre compte de toute
l'expérience humaine. Ces catégories correspondent aux nombres UN, DEUX, TROIS. Elles
sont désignées comme « priméité », « secondéité », « tiercéité » (« firstness », « secondness »,
« thirdness »).
LA PRIMÉITÉ
La priméité est une conception de l'être indépendamment de toute autre chose. Ce serait, par
exemple, le mode d'être d’une « rougéité » avant que quelque chose dans l'univers fût rouge ;
ou une impression générale de peine, avant qu'on ne se demande si cette impression provient
d'un mal à la tête, d'une brûlure ou d'une douleur morale. Il faut bien comprendre que, dans la
priméité, il n'y a que du UN. Il s'agit donc d'une conception de l'être dans sa globalité, sa
totalité, sans limites ni parties, sans cause ni effet. Une qualité est une pure potentialité
abstraite. La priméité est de l'ordre du possible ; elle est vécue dans une sorte d'instant
intemporel. Elle correspond à la vie émotionnelle.
LA SECONDÉITÉ
La secondéité est la conception de l'être relatif à quelque chose d'autre. C'est la catégorie de
l'individuel, de l'expérience, du fait, de l'existence, de l'action-réaction. Par exemple, la pierre
qu’on lâche tombe sur le sol ; la girouette s'oriente en fonction de la direction du vent ; vous
éprouvez une douleur, maintenant, à cause d'un mal de dents. La secondéité s'inscrit dans un
temps discontinu, où s'impose la dimension du passé : tel fait a lieu à tel moment, avant tel
autre, qui en est la conséquence. La secondéité correspond à la vie pratique.
LA TIERCÉITÉ
La tiercéité est la médiation par laquelle un premier et un second sont mis en relation. La
tiercéité est le régime de la règle, de la loi ; mais une loi ne se manifeste qu'à travers
des faits qui l'appliquent, donc dans la secondéité ; et ces faits eux-mêmes actualisent
des qualités, donc de la priméité. Tandis que la secondéité est une catégorie de
l'individuel, la tiercéité et la priméité sont des catégories du général ; mais la
généralité de la priméité est de l'ordre du possible, et celle de la tiercéité est de
l'ordre du nécessaire et, par conséquent, de la prédiction. La loi de la pesanteur, par
exemple, nous permet de prédire que chaque fois que nous lâcherons une pierre, elle
tombera sur le sol. La tiercéité est la catégorie de la pensée, du langage, de la
représentation, du processus sémiotique ; elle permet la communication sociale ; elle
correspond à la vie intellectuelle.
Jacques Derrida (Algérie, 1930 - Paris, 2004) est probablement le philosophe français
contemporain le plus connu aux États-Unis. Ses réflexions philosophiques sur la
phénoménologie et sur le structuralisme ont provoqué une rupture dans la tradition
occidentale logocentriste. Derrida s’inscrit dans le courant post-structuraliste. La théorie de la
déconstruction (L’écriture et la différence, 1967) est sans aucun doute le plus grand apport de
Derrida aux études littéraires. Les thèses de l’auteur sont devenues populaires aux États-Unis
à la fin des années soixante, à la suite d’une conférence du philosophe qui a suscité un intérêt
sans précédent dans la communauté universitaire. La pensée structuraliste fonde son système
sur un binarisme que Derrida s’efforce de déconstruire. Ainsi, les oppositions strictes entre,
par exemple, nature / culture et autre / même ne tiennent plus. Les études féministes se sont
appropriées les thèses déconstructionnistes de Derrida dans le but d’abolir les apriorismes du
patriarcat.
Algirdas Julien Greimas (Lituanie, 1917 - Paris, 1992) est, avec Roland Barthes, le
sémioticien français le plus célèbre. Il a développé l'analyse formelle des productions
sémiotiques, en particulier des récits.On lui doit, entre autres, les concepts suivants : isotopie
(répétition d'un même élément de sens), carré sémiotique (structure élémentaire de la
signification, construite sur la base d'une opposition), modèle actantiel (décomposition d'une
action en six actants), programme narratif (représentation d'une action en tant que succession
de deux états opposés), sémiotique du monde naturelle (le monde est un signe et, à ce titre,
constitué de signifiants et de signifiés).L'hypothèse greimassienne du parcours génératif de la
signification permet de fondre en un tout cohérent plusieurs de ces concepts. Pour se
constituer, la signification passe par les niveaux suivants : (1) les structures sémio-narratives
profondes (où se trouve le carré sémiotique); (2) les structures sémio-narratives de surface (où
se trouvent les dispositifs pour décrire les actions : modèle actantiel, programme narratif,
schéma narratif canonique); (3) les structures discursives (où se place, entre autres éléments,
l'analyse figurative/thématique/axiologique); (4) la manifestation (c'est-à-dire le phénomène
plus ou moins empirique manifesté, par exemple un texte).
Louis Hjelmslev (Copenhague, 1899-1965) est l’auteur d’une théorie du langage, dite
glossématique, qui a inspiré un grand nombre de sémioticiens européens. Linguiste, il a
contribué dans les années 1930 au sein du Cercle Linguistique de Copenhague à l’essor du
structuralisme scientifique.La sémiotique lui a emprunté un très grand nombre de concepts,
dont certains sont déjà des reprises de concepts théorisés par Ferdinand de Saussure. Il en est
ainsi des concepts de sémiotique, expression, contenu, forme, substance, usage ; à quoi
s’ajoutent des concepts propres à la glossématique, tels que (terme) neutre, (terme) complexe,
(sémiotique) connotative, métasémiotique, norme, matière ou texte.Son œuvre reste d’un
accès difficile, tant en raison de conditions éditoriales et philologiques précaires qu’à cause du
caractère hautement abstrait de la réflexion ainsi que de l’aspect formalisé des textes. Elle
n’en est pas moins essentielle à qui cherche à se frotter à la dimension théorique de la
sémiotique.
Roman Jakobson (1896-1982) a été un des plus grands maîtres de la linguistique du XXe
siècle. Né en Russie, membre, dès 1915 de l’école des formalistes russes, Jakobson enseigna
entre les deux guerres en Tchécoslovaquie et fut, avec N. Troubetzkoy, un des chefs de file du
fameux Cercle linguistique de Prague. Lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les nazis,
il est contraint de fuir en Scandinavie, d’où il gagne les États-Unis en 1941. De 1942 à 1946,
Jakobson enseigne à l’École libre des hautes études de New York, où il collabore avec C.
Lévi-Strauss.En 1943, il apparaît parmi les fondateurs du cercle linguistique de New York,
dont il assumera la vice-présidence jusqu’en 1949. À partir de 1943, il enseigne dans de
nombreuses institutions, entres autres à l’Université Harvard et au MIT. Jakobson a, par son
enseignement aux Etats-Unis, contribué à abolir les frontières entre la linguistique européenne
et la linguistique américaine. Il a exercé une profonde influence sur la linguistique générale
(notamment dans les travaux de N. Chomsky et M. Halle), les études slaves, mais aussi la
sémiotique, l’anthropologie, la psychanalyse, l’ethnologie, la mythologie, la théorie de la
communication, les études littéraires. En sémiotique, son célèbre modèle des fonctions du
langage fait partie du patrimoine intellectuel de la discipline.
Dans la première orientation, il a fait sa marque en rénovant la rhétorique, dès la fin des
années 1960, au sein de l’équipe interdisciplinaire connue sous le nom de Groupe µ (se
prononce « Groupe mu »), et, plus récemment, en contribuant à orienter la sémiotique dans
une direction sociale et cognitiviste. Ses travaux de sémiotique et de rhétorique ont été
traduits en une quinzaine de langues.Dans la seconde orientation, il a renouvelé l'approche des
lettres belges, en envisageant celles-ci dans une optique sociale et institutionnelle — aisément
transposable aux autres cultures francophones qu’il a étudiées, comme la québécoise — et en
lançant des programmes interuniversitaires de recherches. Il a ainsi fondé et préside un Centre
d’études des lettres francophone de Belgique.
Jean-Marie Klinkenberg est président de l'Association internationale de sémiotique visuelle
(International Association for Visual Semiotics