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CALCULS ET ANALYSE DU CHAMP ELECTRIQUE A

PROXIMITE D’UNE LIGNE ELECTRIQUE HAUTE TENSION


Jean-François Affolter(1), Fabrizio Conti(2), François Gaille(1)

Résumé
Le logiciel FLUX3D a été utilisé pour simuler une ligne électrique haute tension (220 kV)
existante et pour calculer le champ électrique produit par celle-ci. De plus, l’influence
d’une structure métallique à proximité de la ligne a également été déterminée. Les
résultats de cette simulation ont été comparés aux mesures in-situ du champ électrique et
aux résultats obtenus par les logiciels FLUX2D et ″CHAMP″ appliqués à une situation
géométrique particulière à deux dimensions. Les valeurs simulées par les différents
logiciels sont comprises dans les incertitudes des mesures et sont inférieures aux valeurs
limites prescrites par les recommandations.

1. Introduction
Les entreprises électriques telles que "Energie Ouest Suisse (EOS)" se préoccupent depuis de
nombreuses années des champs électriques et magnétiques créés par les courants circulant dans les
lignes aériennes haute tension[1]. Des recommandations et normes concernant les valeurs limites de
ces champs électromagnétiques (EM) apparaissent peu à peu dans ce domaine[2], [3]. On se propose
d'étudier la faisabilité d'études et de prévision du champ électrique en trois dimensions. Pour ce faire,
on utilisera le logiciel de calcul par éléments finis FLUX3D.
Les installations électriques citées ci-dessus sont dans la plupart des cas "entourées" d'objets
physiques tels que bâtiments, arbres, véhicules, etc., qui doivent être pris en considération lors de la
simulation et du calcul des champs électromagnétiques. Il s’avère donc indispensable d’utiliser un
programme à trois dimensions basé sur les éléments finis. En effet, à l’aide d'un tel logiciel, il est
possible de modéliser tout objet, contrairement aux programmes spécifiques de calcul du champ
électrique sous les lignes haute tension HT[4], [6].

2. Description du cas d'étude


Afin d’étudier le type de problème décrit plus haut, il a fallu trouver un site caractéristique de
mesures. Celui-ci devait comporter un bâtiment, une structure, ou tout autre objet qui puisse
influencer le champ électrique. Le site retenu est une gravière, à Aclens, sur lequel se trouve une
structure métallique en dessous de la ligne électrique. De plus, le terrain est relativement plat et bien
espacé comme le montre la figure 1.

(1)
Professeurs à l’EIVd
(2)
Ingénieur ETS en énergie électrique, EIVd 1997
Titre éventuellement raccourci p. 2

La géométrie choisie comporte une ligne électrique haute tension EOS dimensionnée pour du 380
kV. De plus, deux conducteurs CFF de 132 kV / 162/3 Hz et un fil de garde s'ajoutent aux deux ternes.
Actuellement, ce tronçon de ligne est exploité sous 220 kV et le lacet CFF est mis à terre.

Fig. 1: Photo du site à Aclens (cas d'étude choisi)

La figure 2 montre la géométrie de la ligne HT ainsi que la structure métallique simulées.

Fig. 2: Géométrie de la ligne HT et de la structure métallique

3. Mesures effectuées
Les mesures ont été effectuées de part et d'autre de la structure métallique, à l'aide de l'appareil EFA-
3, BN2245 de Wandel&Goltermann.
Mesures à 10 m du centre Mesures au niveau de la Mesures à 10 m du centre
de la structure métallique structure métallique de la structure métallique
(côté Genève) (⊥ à la ligne) (côté Lausanne)

B A C
Genève Lausanne
D
Mesures au niveau de la
structure métallique
(// à la ligne) Structure métallique

Fig. 3: Emplacement des 4 séries de mesures


Titre éventuellement raccourci p. 3

Pour la mesure du champ électrique, on utilise une sonde cubique montée sur un trépied à un
mètre du sol. La sonde est reliée à l'appareil par un câble optique afin de ne pas perturber le champ
électrique par notre présence. L'incertitude sur les mesures effectuées par l'appareil est d'environ 5%.
La figure 3 représente l'emplacement des 4 séries de mesures relativement à la structure métallique.

4. FLUX3D[5]

4.1. Méthode des éléments finis


Le logiciel FLUX3D est un programme basé sur la méthode des éléments finis. Celle-ci consiste à
"découper" le domaine d’étude en une multitude d’éléments volumiques (tétraèdres). Une
approximation quadratique est ensuite faite sur chacun des sommets des tétraèdres et également au
milieu de chacune de leurs arêtes. Cela signifie que plus la taille des éléments est petite, plus la
précision des résultats est élevée (ce jusqu'à une certaine taille). Cependant, on ne peut pas se
permettre d’avoir uniquement des éléments de petites dimensions car le temps de calcul et la
mémoire nécessaire deviennent trop grands. Afin d’optimiser la taille des éléments de simulation, une
excellente connaissance préalable du phénomène physique étudié est indispensable.

4.2. Description sommaire de FLUX3D


FLUX3D est un logiciel de CAO destiné à l’électrotechnique, permettant de modéliser des
phénomènes électromagnétiques tridimensionnels par la méthode des éléments finis. Il comprend :

• un descripteur géométrique
• un descripteur des propriétés physiques
• un mailleur automatique tridimensionnel
• un solveur
• un module d’exploitation des résultats.

FLUX3D permet le calcul en 3 dimensions des grandeurs reliées à la magnétostatique,


l’électrostatique, la magnétodynamique et l’électrocinétique en considérant des milieux physiques
comportant des matériaux à caractéristiques linéaires ou non-linéaires, isotropes ou anisotropes. Ce
logiciel permet l’utilisation de diverses formulations. Le choix entre ces formulations se fait en
fonction des propriétés physiques de l’objet étudié et des résultats que l’on souhaite obtenir. Le
module d’exploitation permet de calculer et de visualiser les grandeurs utiles à l’ingénieur.

4.3. Application à notre cas d'étude

4.3.1. Modélisation de la géométrie


La géométrie introduite dans FLUX3D est montrée en figure 4. Le parallélépipède intérieur entourant
la ligne HT et la structure métallique délimite le domaine d’étude. Le parallélépipède extérieur
modélise l’″infini″, c’est-à-dire tient compte du fait que notre domaine physique d’étude n’est pas
limité spatialement (pratiquement, il s’agit de l’air environnant).
Titre éventuellement raccourci p. 4

Fig. 4: Géométrie introduite dans FLUX3D

4.3.2. Le maillage
Le maillage est une opération très importante pouvant influencer la qualité des résultats de la
simulation. En effet, il s’agit de l'opération qui crée les éléments finis en fonction des noeuds
considérés. Dans notre cas, ces éléments sont des tétraèdres dont la taille est définie par l'utilisateur.
Celui-ci impose le nombre de sommets des pyramides se trouvant sur chaque ligne de la géométrie
introduite. La figure 5 permet de visualiser les éléments surfaciques obtenus dans le cas d’étude
considéré et permet d’apprécier les différentes tailles des éléments ainsi créés.

Fig. 5: Eléments surfaciques obtenus

4.3.3. Conditions aux limites


Afin de pouvoir définir le phénomène physique, il est nécessaire d’imposer des contraintes sur les
différents conducteurs et le plan modélisant le sol. Figure 6 montre la numérotation des phases vue
en direction de Genève. G3
G2 G1
S2 R1
Contraintes imposées : Terne 2 Terne 1
T2
Terne 1 : U ≅ 236 kV T1
R2
Terne 2 : U ≅ 238 kV S1

Terre : U=0V
Terre

(Les tensions sont données en valeur efficace) Fig. 6 : Numérotation des phases

4.3.4. Incertitudes sur la simulation


Les incertitudes relatives à la simulation sont les suivantes :
• Incertitude sur la mesure de la position géométrique des conducteurs (~ 10 %)
• Incertitude sur les relevés de U et I fournis par EOS (~ 2 %).
A ces deux incertitudes s’ajoutent également les incertitudes quant à la position des mesures
effectuées, parallèles et perpendiculaires aux lignes électriques. Une incertitude totale de 10 % est
finalement considérée pour les valeurs expérimentales.
Titre éventuellement raccourci p. 5

5. Résultats et comparaisons
Les résultats obtenus par FLUX3D sont comparés avec les mesures du champ électrique à un mètre
du sol. En effet, les valeurs limites données par les recommandations sont exprimées à cette
hauteur[2], [3].
La comparaison entre les résultats obtenus par FLUX3D et les mesures sont données pour deux
groupes de mesures (figures 7 et 8) correspondant aux situations A et D de la figure 3.

2
Ecrête [kV/m]

1,5
FLUX3D
1
Mesures
0,5

0
0 5 10 15
Dist. de A [m ]

Fig. 7 : Comparaison, groupe A

1,5
Ecrête [kV/m]

Mesures
1
FLUX3D
0,5

0
0 5 10 15
Dist. de D [m ]

Fig. 8 : Comparaison, groupe D

Les courbes obtenues par simulation avec FLUX3D sont, comme on peut l’observer, contenues dans
les incertitudes de mesures.
Du fait de la symétrie qui existe au niveau de la structure métallique, nous pouvons ramener le
problème 3D en un problème plan. Ceci va permettre de comparer les résultats fournis par FLUX3D
avec deux autres logiociels plans, tels que ″CHAMP″[4] et FLUX2D[6]. Ce dernier, comme son nom
l’indique, est l’équivalent de FLUX3D mais ce en 2 dimensions. ″CHAMP″ est un programme
spécialisé dans le calcul des champs électromagnétiques générés par une ligne électrique et
travaillant avec la méthode des charges équivalentes. Seule la position des conducteurs peut être
introduite. C’est la raison pour laquelle la structure métallique sera modélisée par plusieurs
conducteurs situés sur le pourtour de celle-ci et reliés à un potentiel de 0 Volt. La figure 9 montre la
comparaison faite entre la série de mesures A et les trois simulations (″CHAMP″, FLUX2D et
FLUX3D).
On constate sur cette figure 9 que les trois simulations se superposent presque parfaitement et
sont comprises dans les incertitudes de mesures.
Titre éventuellement raccourci p. 6

2
1,8
1,6
1,4 FLUX3D
Ecrête [kV/m]

1,2
Mesures
1
CHAMP
0,8
0,6 FLUX2D
0,4
0,2
0
0 5 10 15 20
Dist. de A [m ]

Fig. 9 : Comparaison, groupe A

A noter que les valeurs de crête maximum du champ électrique sont d’environ 1.8 [kV/m], et
donc inférieures aux valeurs de 5.0 et 10.0 [kV/m] prescrites par les recommandations IRPA[3] et
CENELEC[2] respectivement. Lors d’une exploitation de la ligne à 380 kV, nous pouvons nous
attendre à obtenir une valeur de crête maximum de 18 . ⋅ 3 ≅ 31
. [kV / m] , valeur toujours inférieure
aux valeurs limites prescrites par les recommandations.

6. Conclusion
Comme le montrent les résultats précédents, FLUX3D est un logiciel qui peut être utilisé
adéquatement pour simuler et calculer le champ électrique généré par des lignes électriques haute
tension. Néanmoins, lors de son application pour le cas d’étude considéré, différents problèmes ont
été rencontrés tels que : modélisation de conducteurs à trois dimensions, description du phénomène
physique et de ses symétries. Ces problèmes ont été signalés aux concepteurs (CEDRAT) de
FLUX3D et permettront ainsi à l’avenir une utilisation plus simple et conviviale de ce logiciel à de
tels cas d’études.

7. Bibliographie
[1] : Y. Rollier, EOS, "Les effets des champs électriques et magnétiques dans le voisinage
des lignes et postes à hautes tensions", Rapport d'étude d'impact sur l'environnement (11 décembre 1996).
[2] : CENELEC, ″Exposition humaine aux champs électromagnétiques basses fréquences (0-10kHz)″. Prénorme
européenne ENV 50166-1 reconnue comme Norme Suisse SN ENV 50166-1, norme technique de l’ASE
(octobre 1995).
[3] : IRPA, ″Interim Guidelines on Limits of Exposer to 50/60Hz Electric and Magnetic Field″.
Health physics 58 nr 1, p. 113-122 (janvier 1990).
[4] : Pierre-André Chamorel, Dr ingénieur EPFL-SIA. Documentation du programme ″CHAMP″.
[5] : CEDRAT, "Notice d'utilisation de FLUX3D", version 2.01 (novembre 1993).
[6] : Conti Fabrizio ″Calculs et analyse des champs électromagnétiques sous une ligne haute tension, à l’aide de
FLUX2D″. Travail de semestre (été 1997).

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