Histoire du droit des obligations

Yves Lassard 2007/08

LOI POETELIA PAPIRIA

RFORMANT LE NEXUM
( 326 av. J.-C. )

( J. Imbert in Histoire des Institutions.., Paris, 1957, p. 152, n. 86 ).

Cette anne le peuple romain recommena, pour ainsi dire, une libert nouvelle : l'asservissement des
dbiteurs fut aboli ; le droit changea, grce tout ensemble et la luxure et l'insigne cruaut d'un
usurier, L. Papirius. Il retenait chez lui C. Publilius, qui s'tait livr pour rpondre des dettes de son
pre : l'ge, la beaut du jeune homme, qui pouvaient mouvoir sa piti, n'enflammrent que son
penchant au vice et l'outrage. Prenant cette fleur de jeunesse pour un supplment d'intrt de sa
crance, il essaya d'abord de le sduire par d'impudiques paroles ; puis, comme Publilius fermait
l'oreille ses instances, il cherche l'effrayer, le menace, affecte de lui rappeler sa misre. Voyant
enfin qu'il avait plus de souci de l'honneur de sa naissance que de sa fortune prsente, il ordonne qu'on
le mette nu, et qu'on apporte les verges. Dchir sous les coups, le jeune homme s'chappe par la ville,
se plaignant tous de l'infamie et de la cruaut de l'usurier : les citoyens viennent en foule, mus de
compassion pour sa jeunesse, indigns de son outrage ; on s'chauffe, on craint pour soi, pour ses
enfants un pareil sort ; du Forum, o l'on se rassemble, on court la Curie. Et comme les consuls,
surpris et entrans dans ce mouvement, avaient convoqu le snat, mesure que les snateurs entrent
dans la Curie, on se prcipite leurs pieds, on leur montre le corps dchir du jeune homme. Ce jourl, la violence et l'attentat d'un seul brisrent le lien norme de la Fides : les consuls eurent ordre de
proposer au peuple que jamais, sinon pour crime, et en attendant le supplice mrit, un citoyen ne pt
tre tenu dans les chanes ou les entraves : les biens du dbiteur, non son corps, rpondraient de sa
dette. Ainsi tous les nexi furent librs, et on dfendit pour toujours de remettre aux fers un dbiteur.

Source : Tite-Live, VIII, 28.