Mes Editoriaux

Yves Renaud

Une inexorable révolution.

Ces paroles sont de Richard Feynman (Prix Nobel de physique 1965). Il les a prononcées
lors de son célébre discours intitulé "There’s Plenty of Room at the Bottom"
Il y a 50 ans, cet extraordinaire visionnaire posait les fondements de la technologie moderne.
Le "Great explainer" ("le grand explicateur") introduisait alors les concepts de base de la
nanotechnologie. Pour illustrer les enjeux des nanosciences, celui-ci avance la possibilité de
faire tenir les 24 volumes de l'Encyclopedia Britannica sur une tête d'épingle. Le premier
rapport gouvernemental sur les nanosciences et les nanotechnologies date de 2004 et il est
britannique. L'objectif visait à lancer un débat public sur les nano, leurs opportunités et leurs
incertitudes. A Grenoble le 2 juin 2006 est inauguré Minatec, le plus grand pôle européen
consacré aux applications des micros et nanotechnologies. Pour paraphraser Feynman, je
dirais "il se passe beaucoup de choses tout en bas". Les nanosciences nous conduisent
inexorablement vers une incroyable révolution tant économique que sociétale. Il faudra
savoir raison garder et évaluer constamment le rapport Bénéfice/Risque. Notre Futur doit
être plus souhaitable, qu'acceptable...

Yves Renaud (Contributeur Wikipédia)

Participer à la création du monde.

"Les idées mènent le monde", disait Keynes à la fin de sa Théorie générale. Mais je me
permettrais d'ajouter qu'elles peuvent le mener "dans le mur" si elles sont erronées.
C'est pourquoi, les individus, les groupes, les organisations ou encore les cultures qui tentent
d'avancer vers le futur doivent être "éclairés". Les "grandes" décisions, les stratégies ne
peuvent se déterminer qu'à la lumière de scénarii rationnels et pertinents donc possibles.
La prospective est une science spéculative qui fait partie intégrante des sciences, dites
"normales". Elle respecte les critères de scientificité à la différence des pseudo-sciences. La
prospective désigne un corpus d'hypothèses, de conjectures établies à partir de réelles
connaissances scientifiques que l'état actuel des méthodes expérimentales ne permettent
pas de tester, ou pas encore.

Il serait plus judicieux d'ailleurs de parler d'une démarche prospective car, une prospective
efficace se fonde sur des ajustements et des corrections en boucles rétroactives dans le
temps. La prise en compte de la prospective par les décisionnaires et les différents acteurs
de la société modifie elle-même le futur.

Pour participer à la création du monde, il ne faut pas accepter le fatalisme de ce qui peut
arriver.

Yves Renaud (Contributeur Wikipédia)

Le politique doit impérativement reprendre la main et vite.

Arqueboutées sur des postures tétanisantes, sur des concepts dépassés, ayant le
sentiment d'avoir tout essayé, empêtrées et obnubilées par de pseudo-réformes, subissant
plus que ne proposant, réduit à la gestion du changement, les Gauches, Droites et autres
"Organisations" occidentales sont dans l'incapacité de se transformer, faute d'idées.
L'exponentialité et la convergence des technologies ne fait plus aucun doute maintenant. Les
innovations technologiques s'imposent, déroulant leur propre logique, porteuses de leur
propre destinée, nous emportant inexorablement vers un "Autre chose", vers une autre
Humanité.
Elles engendreront dans les 2 ou 3 décennies à venir, une incroyable et insoupçonnée
mutation économique, environnementale et sociétale dont l'actuelle et trompeuse crise
n'est que les prémices.

Alors une société s'invente, hors du champ politique, car plus anticipative, plus intuitive.
Société dont nous voyons, pour qui veut voir, poindre l'émergence. Civile, contributive,
innovante, imaginative, aux comportements parfois inédits et paradoxaux. Capable de faire
du collectif avec de l'individu, avec de... l'individualisme. Mais une société aussi sans repère,
sans relai et en demande de puissance publique.

Quid du "Politique" ? Quid de la "Perspective"? Quid du "Projet" ? Quid du "Désir"?

Jusqu'au siècle dernier, un homme politique doué d'une bonne intelligence pouvait
appréhender son monde, son environnement (les mécanismes économiques et même les
technologies). Aujourd'hui Le Monde s'est globalisé, complexifié, dématérialisé, virtualisé,
conceptualisé. Les chercheurs côtoient maintenant les infinis, les intelligences deviennent
artificielles, les atomes s'autoassemblent, le clonage ne se pratique pas qu'en labo...et les
questions éthiques restent en suspense.

Alors le politique doit réinventer des possibles sans sacrifier nos valeurs. Il se doit de
reprendre la main, de dessiner le contour d'un horizon souhaitable en proposant des
alternatives aux politiques actuelles de répartition des richesses, de circulation
d’informations et de connaissances, par la mise en place de monnaies plurielles, de
nouvelles formes de fiscalité, d’échanges libres et d’outils coopératifs, afin d’accéder à un
développement véritablement humain...ou l'individu autonome mais pourvu d'un soutien
institutionnel échappe à la précarité et à la souffrance.

Pour mener cette réflexion, il doit impérativement et en toute modestie s’appuyer sur des
regards transversaux et transdisciplinaires.

Yves Renaud (Contributeur Wikipédia)