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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

INTRODUCTION

D epuis quelques décennies, on a assisté à des recherches


foisonnantes portant sur la culture amazighe dans toutes ses
dimensions, que ce soit en linguistique ou en littérature.

La littérature d’expression amazighe joluit actuellement d’un intérêt


éprouvé par plusieurs chercheurs qui ont cerné l’originalité de certaines
formes littéraires. Le présent travail porte sur les devinettes comme genre
littéraire qui est jusqu’à présent presque inexploré.

Le travail de Bentollila (1986) est avant lui celui de Baynon


(1967), comme seules études réalisées à notre connaissance, nous ont
servi de point de départ même si ces derniers n’ont entamé ni la
structuration ni l’environnement de la devinette.

Quant à notre modeste travail, il porte sur les devinette du Sud-Est,


qui sont dans la plupart des cas identiques à celles de Souss, ou à celles
des Ait Hdiddou, telle qu’elles sont présentées par B entollila (1986),
malgré la différence des versions. Il nous appartient à notre tour, et à la
manière des genres déjà explorés, de tenter une analyse syntaxique ,
rhétorique, et thématique des devinettes, afin de montrer une certaine
harmonie, s’il y en a lieu, en mariant le fond à la forme.

Nous allons organiser notre travail en deux chapitre essentiels.

Le premier, théorique, comprend quelques éléments préliminaires


jugés nécessaires pour comprendre le milieu socio-culturel qui nourrit la
devinette. Quant au deuxième chapitre, il est centré sur l’analyse du
corpus suivant une approche structurelle où nous allons montrer comment

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la devinette est structurée au niveau de la distribution des classes


grammaticales de la phrase, ou encore comment elle est structurée au
niveau stylistique s’agissant des figures de rhétorique auxquelles recourt
la devinette. Une seconde approche traitera des thèmes que véhicule la
devinette et qui sont relatifs à l’imaginaire et au réel. Le corpus est classé
selon que la devinette se rapporte aux rites et à la religion, à l’homme et à
son environnement, au monde végétal, ou au monde de l’animal.

N’étant pas déplacé sur place, nous nous sommes limité à recueillir
93 devinettes apurés des étudiants provenant des régions à l’étude.

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I-Cadre socioculturel

1) situation géographique:

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C et aperçu géographique a pour objectif de situer le domaine où


circulent des formes littéraires variées, y compris le répertoire des
devinettes collectées. En fait, ce terrain constitue un champ vaste qui
comprend tout le Sud-Est, de OUARZAZATE à ERRACHIDIA. La
langue Amazighe est la seule langue utilisée, à l’exception de quelques
groupes Arabophones installés à ZAGORA et à SKOURA.

On peut, alors, schématiser cette immense surface par trois traits


essentiels qui représentent des caractéristiques géographiques différents
s’agissant des paysages et reliefs et le type d’agriculture dominante.

De OUARZAZATE à BOUMALNE en passant par KLÂA


MGOUNA s’étendent plusieurs régions regroupées sous l’appellation
« DADES », parce qu’elle longent la vallée de Dadès. Ces régions se
distinguent par l’arboriculture, essentiellement les figuiers et les roses de
parfum et la céréaliculture du blé et du maïs. De BOULMANE, la vallée
étire sur 90Km et remonte à Ait Sedrat, puis M’SSEMRIR pour prendre
sa source à « imdghas » dans le territoire des Ait HADIDDOU. De
nouveau, et plus au Nord Ouest les terres deviennent vaste et on assiste à
une agriculture multiple: les pommiers, les noyers, les haricots, des
pommes de terre, du blé et du maïs. Il faut signaler que BOUMALNE se
situe au centre du domaine pour déterminer l’autre trajet.

Au Nord-Est, Ce troisième parcours s’étire sur 250Km, et longe


IMIDER, Saghro, Ait Aissa OUBRAHIM, GOULMIMA et
ERRACHIDIA qui clôt le domaine. Cette étendue présente des oasis et
de palmeraies. « Ghellil », à la sortie de Tinghir, reste le seul endroit
riche en agriculture, en dehors de quelques rares endroits cultivés en blé,
des pommiers et des amandiers comme à saghro.

Il ne semble pas inutile de compléter ce survol géographique par


une présentation des reliefs où dominent les montagnes. Les chaînes

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montagneuses se manifestent dans le JBEL « Saghro », le JBEL


« BADDOU » à AIT HADIDDOU. Ces derniers atteignent jusqu’à
2000m. A côté de ces reliefs, nous relevons également quelques plaines,
notamment la plaine de Dades, et celle de ANBED à Boumalne.

2) Organisation sociale:

Depuis la nuit des temps, l’homme combattait pour vive. il devait


constituer des groupes pour s’entraider et faciliter la survie de l’espèce,
mais ces groupes s’affrontent, éclatent, et s’associent de nouveau en
fonction de leur intérêts. Qu’en est-il de la communauté à l’étude qui
compte en tant que partie intégrante des plus anciennes cultures du
monde?

Les amazighes ce sont installés en Afrique du Nord depuis des


millénaires sous forme de tribus « tiqbilin », qui ont conservé des
structures politiques et administratives rigoureuses jusqu’au début du
Xxème siècle avant l’avènement du protectorat français..

Dans la zone qui nous intéresse, on assiste encore de nos jours à


une organisation et une réglementation des liens entre groupe et tribus. La
confédération est le premier élément de la structure tribale, c’est une
alliance où s’unissent des tribus de la structure tribale, c’ est une alliance
où s’unissent des tribus de même origines ayant réellement les mêmes
intérêts. Le Sud-Est regroupe deux grandes confédérations: Ait Atta et Ait
Yafelmane. A propos des Ait Atta, G. spillman dans son livre: « les Ait
Aha du Sahara et la pacification du Haut Drâa » parle de cinq tribus
(Khems Khmas): Ait Ouallal, Ait Ouahlim, Ait Isfoul, Ait Iazza, Ait
Ounbgi.

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Ces cinq tribus engendrent plusieurs autres fractions, celles-ci à


leur tour gèrent l’ensemble des fractions, puis des os (ighsan) qui
semblent être l’unité patriarcale d’un groupe.

L’ « ighs » (l’os) est le plus petit élément tribal et une petite unité d’un
« gigantesque squelette » (A. BERTRAND, 1977, p18). La deuxième
grande confédération est formé des Ait Yafelmane ( ceux qui ont trouvé
la paix). Si Ait Atta ont comme ancêtre « DADDA ATTA », les Ait
Yafelmane se rattachent à un ancêtre dit « Baibi ». S’agissant de cette
confédération, G.Spillman évoque quatre tribus: Ait Mrghad, Ait
Hdiddou, Ait Izdeg, Ait yahia, d’où émanant trois fractions notamment:
Ait Mesri, Ait Youb et Irbiben qui se subdivisent en fractions et finissent
par des noms de grands familles. Si on interroge les relations entre ces
deux confédérations, on constate qu’elles ont connu une succession des
batailles et d’affrontement pour protéger leurs pâturages, leurs systèmes
d’irrigations, ou même parfois l’honneur de leurs tribus. Actuellement
tout se régle en paix, Le chef élu par « Jmaâa » de chaque tribus, appelé
« Amghar » se charge de pâturage « agwdal » et de l’application de
système d’irrigation.

Loin de l’autorité du cheikh et du Caïd, amghar doit rendre compte du


déroulement de ses tâches à « jmaΣ a »’ comme il doit renseigner et se
renseigner apurés des chefs des autres tribus à propos des perspectives ou
encore les procédures de punition envers quelqu’un qui n’a pas respecté
l’ordre établi, à savoir le système d’irrigation ou le respect des droits aux
pâturages. Ce n’est qu’en cas d’insoumission aux règlements qu’on
recourt au « caid ». Celui-ci s’informe apurés des personnes agées chez
les Ait Atta, ou les Ait Hdiddou, ou encore chez les Ait Mrrghad. Le
Caid en tant qu’administrateur étant incapable d’identifier les terres et les
frontières des propriétés, ne s’empêche pas de consulter ces personne lors
des conflits autour d’une terre inconnue ou problématique. « Izmaz »

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reste l’une des punitions qu’on doit payer en cas de transgression des lois
imposées par l’assemblée, surtout quand on n’a pas honoré une tâche
communautaire impartie comme ne pas nettoyer sa part dans la rigole
(afrad n trggin), ou laisser son troupeau dans des pâturages défendus.
Etymologiquement ’Izmaz’ est le pluriel du terme « azmz » qui signifie le
temps, c’est à dire le temps, ou à chaque saison, une telle sorte de fruit ou
de légume est presque mûre. C’est la période où chacun a peur de perdre
ses fruits soit par les oiseaux, où par le vol des petits enfants. Pour
protéger ses biens, on a pensé à une punition. Cette punition a pris le
terme »izmaz » qui représente le vestige d’un droit coutumier complet
« az rf » qui a disparu, mais il est rapporté dans les écrits de David Hart
et de G spillman.

Mais nous assistons encore à la rigueur de certaines coutumes


comme le mariage, dans la mesure où un homme ou une femme ne peut
pas se marier d’une autre personne étrangère à la tribu. les tâches
communautaires d’ordre associatif sont aussi contrôlées sans que
l’administration centrale (makhzen) soit impliquée.

Toutefois, il faut signaler que ces confédérations et ces tribus se sont


dispersées lorsqu’on a suspendu le tribunal des coutumes à Saghro. Pour
les Ait Atta, ils se sont installés a ZAGORA (Nqqoub), Saghro,
Mssemrir, Ait Aissa Oubrahim, quant aux tribus des Ait Mrghad, on
distingue ceux de GOULMIMA, TINJDAD et ceux de
M’SSEMRIR. En fin les tribus des Ait Hdiddou se trouvent à Imd ghas, à
Imilchil et à Tilmi. Les tribus des Ait SEDDRAT occupent actuellement
le centre de ce domaine et sont désignées par la plaine de « Dadès ».

3- Eléments Anthropologiques ou spécificités locales:

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L’étude Anthropologique est l’une des sciences qui s’intéresse à


l’étude de l’homme en relation avec son environnement et sa fonction
dans la société, et des mutations qu’il subit. Mais rares sont les ouvrages
qui ont été consacrés à cet aspect, si l’on excepte celui de TASSADITE
yacine en Algérie et Ali Amahan au Maroc. s’inspirant des travaux de
David Hart, G. spillman, Gabriel carmps. Hamanoudi;..., nous présentons
quelques éléments Anthropologiques jugés nécessaires pour mieux cerner
l’environnement de notre corpus, principalement l’analyse de ce corpus,
au niveau thématique où nous référons à la nourriture, les habits et les
parures, le mariage et le statut de la femme, les fêtes rituelles et agraires...

3.1 La nourriture:

La production agricole et animalière est la base fondamentale de


toute sorte d’alimentation dans les zones rurales. La qualité des mets est
diversifiée et varie aux rythmes des heures et des saisons, et selon la
richesse des familles. A ce propos, Ali Amahan(1998:224) avance
que » L’hiver est la saison de pénurie alimentaire et de parcimonie », il
est qualifié de «saison de sous- alimentation », tandis que l’été en tant
que saison des récoltes céréalières, légumineuses et fruitières et saison
des festivités et du retour des émigrés, est une période de »Sur-
alimentation ».

En outre, la diversité des mets se manifeste dans la nature de la


matière première utilisée comme la farine. Ainsi peut- on distinguer par

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exemple différents types du pain et du couscous selon qu ’ils sont


préparés à base d’orge, de mais ou de blé. Le pain est servi aux trois
repas de la journée; il accompagne le café au lait ou le thé à la menthe
pendant le petit déjeuner, et complète « douaz » au déjeuner qui est formé
des légumes où domine les pommes de terre garni de sauce et de viande.

Pour les goûters où les collations dans les champs, on prépare des
dattes et du petit lait, ou du beurre à la demande des personnes âgées, ou
encore on leur réchauffe le reste de la soupe du matin. Le soir, ou se
réunit autour d’un plat de couscous aux navets accompagné du petit lait »
aghou ».

Ce repas de nuit est remplacé parfois par la bouillie à base de farine


de mais ou de blé

Ces derniers temps, on a assisté à un écoulement des produits


manufacturés sur les souks hebdomadaires, notamment le riz, les lentilles,
les petits pois. Dans cette mouvance socioculturelle, « askkif » devient
« tahrirte », la soupe du ramadan. En dépit de toutes ces mutations,
l’aliment reste un élément de cohésion sociale, puisqu’on partage des
repas au moment des fêtes et des invitations.

De ce fait, la nourriture conserve encore ses valeurs culturelles et


symboliques(A..amahan:1998.228). Les repas sont consommés en
groupes en vue de consolider la fraternité et l’amitié, pallier les
malentendus. Ne dit on pas « nssar tisent », nous avons partagé le sel, qui
veut dire qu’il n’est pas tolérable de faire du mal à quelqu’un quand on à
partagé avec lui un repas.

3.2 Les habits et parures:

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Plusieurs ouvrages ont abordé le costume traditionnel Marocain en


général et amazighe en particulier, mais ils se limitent à ses aspects
touristiques et folkloriques. Ali AMAHAN (1998) de son côté, souligne
l’importance des habits comme étant l’une des expressions qui
caractérisent une société. En effet, c’est par le biais des vêtements qu’une
société exprime ses particularités, sa personnalité et son identité par
rapport à ses voisines.

Le costume amazighe représente des valeurs esthétiques se


rapportant à la forme et à la couleur préférée qui varie d’une région à
l ’autre, Généralement, le vêtement traditionnel était en laine, le tissage
de ces vêtements compte parmi les activités principales des femmes à
domicile. Les poils de chèvre associés à de la laine servent à
confectionner « aslham » et « aznnar », sortes de burnous pour homme
qui protège du froid, ainsi que « ahndir », sorte de couverture endossée
par les femmes pour les mêmes raisons.

Pour les homes âgés, une Jellaba portée sur un pantalon traditionnel dit
« agwal » ou encore « aΣtawi » et un chemise simple avec de grands cols
sont les habits utilisés. La tête est couverte d’un turban en coton dit
« tarzzite » qui mesure environ deux mètres. Le turban symbolise la
virilité et le pouvoir masculin. Quand aux accessoires, une sacoche
(aqrab) en cuir décorée est portée le jour du souk. Elle représente la
responsabilité. Cette sacoche est remplacée pendant les festivités par un
épée (uzzal) dans certaines région.

Les femmes portent un pantalon et un tricot en laine, au dessus, une


longue chemise en coton dite « aqqidur » qui s’étend jusqu’aux pieds.
Enfin un tissus en Nylon taillé d’une façon à couvrir les mains et une
partie de la poitrine où, sur la partie gauche, les vieilles femmes attachent
une fistibule qu’on appelle « tasghnst », servant également d’élément

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décoratif pour garder l’équilibre du tissu. En ce qui concerne la coiffure,


contrairement au vêtement qui s’est uniformisé, elle donne la meilleure
image d’une valeur ethnique. Dans la plupart des régions du sud- est, le
non général de la coiffure à deux grands tresses est « adlal » plur.
« tidlalin ». La façon de faire et défaire ces tresses diffère d’une tribu à
l’autre dans la même confédération. Chez certains Ait Atta de Retb
(vallée de Ziz), la coiffure consiste en deux grosses tresses épaissies avec
des poils de chêvre « inzadn n taghat » et s’écarte derrière les oreilles
pour prendre une forme finale dite « aqzzaw » (Merielle Morin-
Barde:1990,p30). Chez Ait Bou iknifen ( Ait Atta ) de Ouaklim et de
M’ssemrir, les tresses sont simplement tressées et retournées sur la tête,
avec un accessoire que représente un « épais rembourrage » fait de
chiffon imbibé de henné, prenant la forme du croissant et attaché
solidement sur la crâne, ainsi que le mouchoir qui l’enveloppe et avance
en visière sur le front..

Chez les Ait Bou iknifen (Ait Atta) de 1990,p30) de Ouaklim et de


M’ssemrir, les tresses sont simplement tressées et retournes sur la tête,
avec accessoire que représente un « épais rembourrage » fait de chiffons
imbibé de henné, prenant la forme du croissant et attaché solidement sur
la crâne ainsi que le mouchoir qui l’enveloppe et avance en visière sur le
front.

La coiffure féminine chez les Ait Hadiddou prend une forme


pointue donnée par «aqlluz », fait de cheveux tressées enroulées et
serrées dans un chiffon surtout chez les tribus d’Ait Brahim qui ne
laissent pas apparaître la frange «tawnza ».

Parmi les élément de parure les plus fréquents, nous relevons le


Khôl et les fards rouges. Le Khôl servant’ élément décoratif et
d ’ornement, permet de fortifier et de «laver » les yeux ou

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même« d’arrêter les larmes ». La femme embellit ses yeux avec du Khôl
et ses joues avec des fards rouges « laaΣker » avec lequel on marque
différents parties du visage sous forme des tâches « tiqiffatin » ces deux
éléments de maquillage sont répandus dans toutes les tribus du sud-est, et
sont conservés dans une boite en plastique pour « laaΣker « et de roseau
pour le Khôl « tazult ». La vieille femme persiste de nos jours à porter
ses grands bracelets « izbian », sa ceinture appelée« tasmrt »
confectionné à base de fils de laine rouges et noirs.

3.3 Les fêtes rituelles et agraires :

Il s’agit des phénomènes cycliques reliés aux activités


économiques et culturelles. Ces fêtes diffèrent d’une communauté à une
autre et sont célébrées selon le calendrier agricole dit « lmnazil ». Elles
sont devenues des rituels et marquent le début et la fin des différentes
activités agricoles. « lbarouk » est l ‘une des fêtes qui inaugurent la
nouvelle année agricole. Dans la région de Dadès ce repas collectif
s’effectue au mois d’octobre, avant de semer le blé, et il est précédé par la
collecte des dons auprès des habitants, avant que des femmes volontaires
préparent un grand met auquel goûte tous les membres la communauté, et
ce, dans un lieu sacré(près d’une mosquée ou d’un marabout). Cette
manifestations se termine par des prières adressées à dieu «dduâ », pour
protéger les terres et les rendre fertiles.

« NNayr » ou « ggid sggas », la nuit de l’an, est une fête célébrée


le 13 Janvier partout dans le monde amazighe.

Dans la région, toutes les familles veillent à ce que l’on respecte les
rites, notamment le plat des sept légumes, ou «Ighs » , un os caché dans

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un plat de bouillie ou du couscous, selon les familles le premier membre


de la famille qui trouve cet os est considéré béni « Ambark ».

Pendant cette fête, les familles aspirent à une année pluvieuse et


une vie meilleure.

Il est nécessaire de relever certains rites qui varient selon que la


famille est conservatrice ou non. Lors de la construction d’une maison et
avant de placer le seuil en bois « lΣtbt », il est indispensable que la
maîtresse de la maison fournisse un repas de volaille aux maçons sur leur
demande, si non Ils ne mettront pas le seuil à la nouvelle maison.

Quand à la cérémonie de la quête de la pluie, certaines régions la


fêtent à la manière de « tlaghenja », d’ autres l’on remplacée par une
prière « ragoratoire » (AliAmahan, 1998p230) . « tlaghenja » est un
personnage féminin fictif qu’on fabrique à l’aide d’une longue cane
habillée en femme et décorée à la tête. Les petites filles s’en chargent et
font le tour des maisons en chantant et en collectant les dons. Les chants
de ces jeunes filles consistent à vanter « tlaghenja » » et son pouvoir de
ramener la pluie.

La fête marque un repère dans le temps entre les activités, ainsi elle
intervient pour perturber et interrompre la monotonie et la régularité de la
vie quotidienne. Pour ce qui est des fêtes civils tells que le mariage, la
naissance, la circoncision… elles marquent les étapes intéressants de la
vie humaine.

En dehors de la naissance qu’on ne pas gérer, les fêtes civiles sont


aussi reliées aux activités agricoles, elles sont généralement programmées
après les récoltes de l’été.

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3.4 Le mariage et le statut de la femme :

Comme nous l’avons signalé, ci dessous, les cérémonies du


mariage ont lieu pendant la saison des récoltes. Les préparatifs
commencent un mois avant, et chaque famille attend que les autres soient
prêtes à célébrer cette fête la même semaine.

De ce fait, et pour s’entraider parce que chaque famille retient une


grande foule parmi les membres de la famille et les amis, ont peut
compter jusqu’à une dizaine de famille par semaine dans une seule
région. Mais le plus souvent, plusieurs familles se réunissent dans un
même endroit généralement le plus proche pour toutes ces familles,
autour d’une grande tente noire (taxamt), où sont installées les épouses
voilées et où elles demeurent trois nuits.

Généralement, dans toutes ces régions, le mariage commence le


lundi. Ce jour là, le lundi vers midi, une grande foule accompagne
l’épouse en chantant et en dansant tout au long du trajet jusqu‘à la future
maison. Chez quelques tribus d’Ait Atta (Sahro), l’épouse ne verra sa
future maison qu’après trois nuits passées avec son mari dans une autre
maison. Elle reste voilées dans la tente noir, dans le but de se rassurer de
sa virginité. Et dans le sens contraire, elle sera renvoyée sans outrager la
pudeur de la maison de l’époux.

Dévoilées la troisième nuit, les épouses de la communauté assistent


comme spectatrices, près de la tente, à «Ahidus » et parfois elles peuvent
participer à la danse collective avec les autres femmes.

Le lendemain de la fête appelé «Boutama », les vieilles femmes


soignent la coiffure des nouvelles épouses pour leur attribuer la chevelure
d’une femme responsable ( voir habite et parures) en quittant celle d’une
fille crédule et naïve.

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Une fois le mariage fini, l’épouse «tislit », accompagnée de sa


belle-mère où sa belle sœur, fait le tour de toutes les propriétés foncières
de sa nouvelle famille dont elle serait dorénavant responsable. Les
premiers mois du mariage sont une période d’examens et d’exercices
pour «tislit » qui évite de vexer ou d’irriter sa belle-mère. Celle- ci la
contrôlant minutieusement, peut la renvoyer des les premiers mois. Ainsi
l’épouse n’est bien installée que lorsqu’elle accueille son premier enfant.

En dépit des souffrances de ces premiers mois, des difficultés


d’adaptation au foyer, et des conflits avec la belle-mère (tamghart),
l’épouse acquiert l’intérêt des ses nouveaux parents. Chaque membre de
la famille évite les malentendus et la considère comme une fille ou une
sœur de la famille, puisque celle- ci, après un certain temps, maîtrise le
patrimoine matériel et culturel de sa nouvelle maison.

La belle-mère (tamghart), ayant transmis tout l’héritage culturel,


matériel et symbolique ) «tislit » cède à cette dernière la place de
maîtresse de maison après un certain temps de méfiance. Dans les régions
à l’étude, la femme, quoique analphabète, maîtrise les règles de
bienveillance vis à vis de son entourage. Elle respecte les gens et ne se
mêle pas aux affaires des hommes qu’en l’absence de son mari qu’elle
représente dans les domaines. De ce fait, elle peut s’acquitter des
quelques dettes de sa famille, chercher et payer les ouvriers dans les
champs, se charger de l’achat et de la vente des bétail,…

La femme fait sa prière, écoute le hadit en amazighe et obéit à son


mari qu’elle respecte. Toutefois, elle peut se révolter si elle juge que le
respect n’est pas mutuel et peut se venger elle-même. Bref dans les zones
rurales, la femme est à la fois gentille et douce, si elle est respectée, et
méchante si on outrage sa pudeur.

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L’importance que revêt la femme dans ces régions se révèle dans


les noms que portent certaines familles, (Ali Amahan, 1998 :p27) comme,
Ait Σaicha, Ait louhou, Ait taΣaichat... Elle est le pilier de la famille et de
la communauté, ou encore elle est tout le foyer, on dit pour faire allusion
au mariage « isker takaf ns » il a fait son foyer, pour dire qu’il s’est marié
ou « imand d takat ns », il est venu avec sa femme.

On constate donc, que l’homme seul ne peut pas constituer une


famille, alors que la femme représente tout le foyer «takat ». Dans
certaines région, ou l’appelle « almssi », le petit fossé ou on allume le feu
à la maison et dénote « avoir une femme pour le mariage ». « takat » et
«almssi » sont, alors, deux éléments essentiels qui désignent à la fois la
femme et le feu indispensables pour édifier une famille, et c ‘est ce
qu’avance le proverbe local ; « Titwtmin ayd ittgan takatin », ce sont les
femmes qui font (constituent) les familles.

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II La littérature amazighe :

Une riche tradition orale

Comme tous les peuples à tradition orale qui n’ont pas ou qui ont
perdu leur graphie au fil de l’histoire, le monde amazighe emmagasine un
héritage culturel et possède une littérature orale constituée par des genres
variés : les productions poétiques, les contes, les proverbes, les légendes
et les devinettes.

La littérature d ‘expression amazighe cache un enseignement, une


force énigmatiques des images poétiques par rapport à des réalités vécues
et minutieusement observées.

Boukous (1995,190) écrit à ce propos que «La tradition orale est la


mémoire collective des communautés rurales, elle est le réceptacle qui
recueille et consigne, dans la parole ancestrale, les expériences
accumulées à travers l’histoire, ou par celles ou l’écriture demeure
l’apanage des clercs ».

En effet, malgré l’absence d’une tradition scripturale, la parole


participe à maintenir la mémoire d’une société ; elle est la principale
source qui retrace l’histoire de cette société pour reconstituer son passé et
ses expériences vécues.

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1-La poésie :

Au Maroc, et dans les régions à l’étude, la poésie est le genre littéraire le


plus vivant et vivace, apprécié par tous les âges et toutes les couches
sociales.

La poésie est sous- catégorisée selon qu’elle est chantée ou non,


accompagnée ou non d’un support musical. Deux types essentiellement
importants sont à distinguer : Les poésies non chantée composée par les
poètes amateurs (tanddamt- tamdyazt), et ce, dans les souks
hebdomadaires ou dans les villes traditionnelles sous forme de « hlqa »
où « amdyaz » promet à ses clients de produire quelque chose de nouveau
chaque fois qu’il vient. « amdyaz » ou « anddam » aborde les thèmes
d’actualité tels que les élections, la guerre de Golf ou du proche orient, la
corruption…et ce dans le respect des règles rhétoriques, de la rime et du
rythme du poème.

La femme compose aussi une forme spécifique dite timnadin ; sing


« tamnat », qui exige un long souffle et un allongement de la rime finale.
Ce genre poétique s’affirme au cours des activités à domicile ou dans les
champs et il est centré sur l’amour conjugal, la mort, l’hypocrisie…

Un autre type poétique composé par les poètes chanteurs


professionnels comporte « l’izli » ou « amarg » et se présente lors des
manifestations publiques ou privées. La poésie chantée à l’aide d’un
instrument musical convenable et conforme au rythme voulu, s’inspire
des valeurs morales, religieuse et sociales.

2-La Prose :

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La prose à un poids non moins important que la poésie. La


littérature en prose comprend des genres riches comme le conte, la
légende, le dicton, le proverbe et la devinette. C’est ce dernier genre qui
fait l’objet de ce travail.

a- Le conte

Le conte d ‘expression amazighe est travaillée avec finesse et


révèle les talons des conteurs qui remontent à des siècles lointains.
Certains ont constaté la similitude du conte amazighe avec les contes
européens du moyen âge, mais surtout avec les fables de la fontaine
(Annick Zennaki, commentaire des contes de l’Atlas de Marrakech de
Leguil Alphonse 1988,225).

Les contes qu’ont reçus les jeunes générations de la bouche de


leurs mères ou des anciens présentent une esthétique pareille au travail
romanesque classique occidental ou arabe. Le conte contient une situation
initiale, un nœud, et un dénouement ; En outre, l’unité d’action, du lieu et
du temps y est présente et les thèmes, les structure, les personnages y sont
refondus(A zennaki, ibid).

Le conte d’expression amazighe, par le biais des êtres humains ou


des animaux, met en scène les rivalités et les conflits imposés à l’homme
depuis sa création, comme si le conte tente d'enseigner à l’homme son
devoir envers la nature et envers Dieu, et ce pour garder l’harmonie de
l’univers. Ainsi on constate le triomphe de la raison, de la justice et de la
paix dans la plupart des contes, du moins ceux récoltés par Alphonse
Leguil (1988).

De ce fait, le conte est un témoignage intéressant sur la littérature


amazighe puisque celui- ci tente de fournir une explication au monde, et
parfois à la déchéance de l’homme, lorsque le conte met en scéne un être

19
DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

humain qui, incapable de rendre la justice, cède sa place à un animal qui


devient le “ cadi ” (juge). Enfin, le conte recèle des leçons de morale et
d ’éducation pour les enfants. Boukous (1995,195) considère que “ le
conte est aussi pour l’enfant une source d’information et de socialisation,
un moyen par lequel la tradition inculque la morale, le savoir et le savoir-
faire.

b- Le proverbe:

Selon le dictionnaire le Robert(1984), le proverbe est une “ vérité


d’expérience ou conseil de sagesse, pratique commun à tout groupe
social, exprimé en une formule généralement imagée ”. Il est aussi une
devinette sans solution et véhicule une vérité générale énoncée à un
moment donné sur un événement qui s’est produit, et se répète comme
leçon de sagesse et de raison pour qu’une faute commise ne se reproduise
pas.

Chaque société, chaque communauté formule des proverbes


suivant ses rites et ses conventions. Ainsi un proverbe traduit ou énoncé
en dehors de la culture et la langue qui lui ont donné naissance, perd une
bonne partie de son sens. Le déchiffrement du proverbe dénote une
maîtrise réelle de la compétence culturelle de la communauté.

Pour saisir le sens et la situation de l’énonciation du proverbe, il


faut cerner le signe linguistique amazighe (signifié/signifiant) et à quoi
renvoie chaque élément des proverbes puisqu’il sont employées
métaphoriquement. Le proverbe amazighe recèle la sagesse collective du
groupe, il énonce en des formules laconiques des valeurs de la
communauté: la fraternité, la solidarité et le travail.

c- La devinette:

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Si la poésie, le conte et le proverbe ont fait l’objet de nombreuses


recherches, collecte de données et études, la devinette qui nous intéresse
dans ce travail n’a pas encore attiré l’attention des chercheurs.
F.Bentollila (1986) était le seul auteur qui a éprouvé un intérêt à cette
forme littéraire en collectant environ 750 devinettes dans tout le territoire
amazighe. L’auteur s’est néanmoins limité à des petits commentaires
insuffisants pour mieux saisir l’originalité des devinettes.

La devinette est une question dont il faut deviner la réponse. Il


s’agit d’un genre littéraire consistant en un jeu de langage ; le locuteur
énonce une énigme que l’interlocuteur doit déchiffrer.

Dans les sociétés traditionnelles, la devinette s’affirme an cours des


veillées familiales où les parents lancent un défit aux petits enfants pour
leur inculquer une morale et les initier à leur culture maternelle. A leur
tour ces enfants se contentent de défier leurs camarades sur ce qu’ils ont
appris de la bouche de leurs parents.

La devinette est parée d’une rhétorique faite de métaphores, de


parallélismes et de rapprochements singuliers des éléments. Elle s’énonce
en un langage simple ordinaire, mais le sens caché est déroutant et
s’éloigne des éléments qui le caractérisent. Autrement dit la solution
demandée est décrite avec finesse qu’il est difficile d’y accéder, même si
la réponse renvoie à un objet qu’on a l’habitude d’utiliser. Le
déchiffrement de la devinette exige, de ce fait, une clair voyance et une
maîtrise parfaite de la culture du groupe, car il ne suffit pas de
comprendre le sens immédiat de l’énonce.

Deux types de devinettes sont à distinguer: la devinette en prose


qui a une audience apurés de toutes les couches sociales. Elle est
annoncée par la formule “ mzrγ ak tn ”, (je te la pose à dernier). En cas
d’échec, c’est à dire l’échec du fourni à la réponse recherchée,

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

l’interlocuteur répond “ qqnγas ”, (j’ai fermé). Dans ce cas le locuteur


donne la réponse γ La devinette en poésie est un genre, non moins
important que celui en prose, il est appelé “ tiγuniwin ”. Ce type s’énonce
entre deux poètes qui, l’un formule des devinettes sous forme de vers
avec une certaine mélodie, l’autre donne la solution ou la réponse dans le
même rythme et la même mélodie en respectant la rime, les assonances et
les rapprochement. Les poètes les plus connus sont “ ouaasta ” “ aamr
oumahfoud ” et “ ouhachm ” qui sont tous de l’Atlas central.

Après cette présentation succincte des différents genres littéraires


qui consistent la littérature amzighe, nous consacrerons un second
chapitre à l’analyse de la structure de la devinette en prose, ainsi que des
éléments mythologiques et anthropologiques qui la nourrissent.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

I Approche structurelle (formelle):

1- Disposition de la phrase:

La devinette est de nature une question qui ne porte pas les


marques de l’interrogation (intonation interrogative, morphème
interrogatif...): “ may gan...? ”, “ is tsnm may igan? ”, qu’est ce que?
(connaissez vous...?).

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Elle se présente le plus souvent sous forme d’une phrase


déclarative, et rarement comme phrase exclamative ou interrogative, aux
quelles s’ajoutent des types facultatifs tels que la négation, le passif et/ ou
l’emphase. Selon le procédé suivi pour décrire une chose, la phrase
verbale peut être simple où dominent les actions successives d’un même
sujet (que représente la chose ou l’objet à dévoiler):

(I1) Il nait le matin, devient adulte à midi,et meurt le soir

Da ditlala sbah, ig aε rrim ammas n wass, immt talggat.

v c ct v adj. cct v cct

Cet énoncé présente un parallélisme syntaxique et rythmique et une


énumération des actions, de même pour l’exemple (I7) auquel s’ajoute un
parallélisme consonantique ou une reprise du même mot “ iqrray ”:

Da ditala s iqrray, ixitr bla iqrray, immt s iqqrray.

s v c, d’accomp suj+v c.d’accomp s+v c.d’accomp

Il nait avec cornes, grandit sans cornes, et meurt avec cornes

Ou encore plusieurs sujets pour plusieurs actions, décrivant l’objet


à dévoiler par sa fonction (ou ses fonctions): (II25)

Ka da ymggr, Ka da ysrwat, lbhr aysmunu

suj v suj v suj v

L’un dépique, l’un brasse, la mer ramasse

Le cas de (III45) présente également la même structure:

ign yan, yawδ yan, i ftu yan

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

v+s v+s v+s

L’un dort l’un mange l’un s’en va

Et (II50) présente toujours une énumération des étapes, un


parallélisme syntaxique et rythmique et un rapprochement de sens:

i kat ε aq iwtbir, ikt utbir iysisawn, kint isisawn i lzmaε t

v +s + c.o.i v + s + c.o.i v+s + c.o.i

Le corbeau l’a donné à la colombe qui l’a donné aux poussins, ces
derniers l’on distribué au groupe de même pour (VI91):

tka rbε a iyignna, tk rbε a i wakal, tk rbε a i babns

s+v c.o.d+c.o.i , s+v+c.o.d+c.o.i , s+v+c.o.d+c.o.i

Elle a donné quatre au ciel, quatre à la terre et quatre à son


propriétaire.

Nous pouvons déceler les mêmes caractéristiques à travers les


exemples:(I4) ,(II14) ,(II22), (VI88).

On peut relever une autre structure courante dans les devinettes


amazighes. La devinette s’énonce en une phrase verbale avec deux
parties; La première est affirmative, la deuxième et négative se
rapprochant parfois de la concession (affirmation/ négation):

ex: (I6)

ittudda ur izzulli

s + v ne pas s+v

affirmation négation

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Il a fait ses ablutions, mais il n’a pas sa prié

ex: (III28)

Da ttawy awal ur da tsawal

s+v c.o.d ne pas s+v

affirmation négation

Elle transmet la parole, mais elle ne parle pas

ex: (III38)

ilulad s tamart, imt bla tamart

s+v sp s + v sp

affirmation négation

il est né barbu et meurt imberbe

La devinette peut aussi être formulée en deux parties avec quatre


segments (aff/ nég, aff/nég).

ex:(III41)

ila iδf ur ili alni, ila ifrawn ur da yttaylal

s+v+subs ne s+v+subs s+v+subs ne s+v

aff pas nég aff nég

Il possède une tête sans cervelle, possède des ailes et ne vole pas

Parfois la négation précède l’affirmation (aff/ nég/ aff)

ex:(III54)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

inderd giδulidn ur tyaδ umya, yaδn aman immt

aff nég aff

nég

Lorsqu’il est tombé sur les rochers il n’a rien, quand il est tombé
sur l’eau il a succombé.

La devinette prend également la forme d’une phrase nominale ou


participiale comme procédé de description:

dét + subst + modificateur{sp (ccl,cct)

det + sub + participe + c.o.d (+adj)

subst + mod (compl de n), subst + mod (c.n)

examinons les exemples suivantes:

(II13)

sbε a n tuna ggan umrdul (g yan) : sept puits dans une


plaine

det+prép+subst+prép+sn (c.c.l)

(III31)

ahaqqar n wammas n umrdul

subst sp (modificateur et comp de n )

Un corbeau au milieu d’une plaine

n wammas > sp complément du non ahaqqar

n umrdul > sp complément du nom ammas

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

(IV73)

asrdun n wammas n iδyal

subst sp (c.n) sp (c.n)

sp(modificateur)

Un mulet au milieu des ânes

(V778)

aldzig n wammas n utfl

subst sp( comp.n) sp(compl.n)

sp(modificateur)

Une fleur au milieu de la neige

La phrase participiale se présent comme suite; Le déterminant est


un élément facultatif selon les devinettes: (det)+subst+ participe+
(c.o.d ;adj)

(II34)

tigdit ittaγ n ayadir amllal

subst(sujet) + participe + c.o.d + adj épithéte

Une chienne aboyant un mur blanc

(III47)

tamttut yallan imttawn imllaln

subst + partisipe + c.o.d + adj épithéte

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Une femme pleurant les larmes blanches

La musicalité de cet énoncé n’est pas à négliger, s’agissant de la


répétition des consonnes t, l, m.

(IV71)

sin iglman zuytnin

det+ subst + adj (modif)

Deux surfaces égales

(III37)

yan yird iε mrn ahanu

det(art)+ subst+ participe + c.o.d (subst)

Un grain de blé remplissant la chambre

(II19)

snat lixibiat isdrn iδfawn

det(art) + subst + participe + c.o.d (subst)

deux jarres inclinant les tête

(IV63)

tamttut isslan aryaz

subst(suj) + participe +subst(c.o.d)

femme faisant pleurer un homme

(IV69)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Bis Bis irddln iε rrimn

subst(suj) + particip + subst(c.o.d)

Bis Bis faisant tomber les adultes

amksa i*rin xmsa n tiδ tn

subst(suj) +participe + det (art) + prép+sn

berger conduisant cinq chevres

(II53,V74) subst+ mod (sp), subst+ mod (sp)

subst + mod(sp), subst+ mod(sp),subst+mod(sp)

(III53)

aqmu ns win xizzu, atig ns win usrdun

subst+ sp(mod), subst+ sp (mod)

son visage ressemble aux carottes, son prix vaut un mulet

(V74)

abud win wakal, ammas win lbhaym , iδf win bnadm

subst+ sp(mod), subst+ sp(mod), subst+ sp(mod)

Le bas revient à la terre, le milieu aux animaux, le haut aux


humains.

Les exemples examinés jusqu’ici se présentent tous, si l’on excepte


quelques uns, comme des phrases simples. Toutefois la devinette recourt

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

aussi à la phrase complexe, celle- ci comprend les propositions relatives,


hypothétiques et peut parfois nuancer des propositions concessives.

a-La phrase relative

(II12)

taγ balut nγ mi durm iγ animn

subst+ dét pr.rel v subst

Principale subordonnée: compl de N (mod)

Notre source entourée par les roseaux

(II18)

tiqblin mi yxxa wudi

subst(suj) pr. rel (c.o.i) v+ subst(c.o.i)

Principale subordonnée:c.N (mod)

tribus dont le beurre est mauvais

b- La phrase hypothétique:

La condition ou la supposition permet de décrire la situation ou


l’état d’un objet dans des situations différentes. En amazighe la condition
suppose aussi une principale et une subordonnée:

(III51)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

mŠ illa uryaz tass tilbit , ur illi tks

affirmation négation

Quand l’homme est présent, elle noue un foulard, quand il est


absent elle l’enlève.

(III 60)

ms ddan slqqblt, rarin imawn s azaδar, isddan s azaγ ar, rarin i mawn s
lqblt

conj+vsujet+sp v+suj+c.o.d+sp coj + v+s sp v+s c.o.d sp

conj+v+suj+sp v+suj+c.o.d+sp, conj+v+suj+sp v+s+c.o.d+sp

subordonnée principale subordonnée principale

S’ils vont vers le levant, ils dirigent leur ouverture vers le couchant,
et s’ils vont vers le couchant, ils dirigent leur ouverture vers le levant.

(V75)

mš issard irku, ur issard isfu

conj+s+v s+v conj suj+v suj+v

subordonnée principale subordonnée principale

Quand il se lave, il se salit et quand il ne se lave pas il devient propre.

c- Phrases concessives:

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

La concession consiste en deux parties, l’une est affirmative la


deuxième est négative. Cette dernière va à l’encontre de la première.

Les exemples I, III28, III54, déjà présentés(v, ci-dessus)


s’inscrivent dans ce sens.

Puisque la conjonction indiquant la concession est effacée la phrase


peut se lire:

(mqqar) ittudd ur izzulli

conj suj v ne pas s+ v

subordonnée principale

même si il a fait ses ablutions, il n’a pas prié (bien que)

mqqar da ttawy awal ur da tsawal

conj s+v c.o.d ne pas s+v

subordonnée principale

Même si elle transmet la parole, elle ne parle pas ou (elle


transmet la parole, pourtant elle ne parle pas)

(II10)

snat taytmatin ur da tmyinniynt

La conjonction effacée est exprimée dans le parler local toujours


par “ mqqar ” De ce fait, la devinette se lit également:

mqqard snat taytmatin, ur da tmyinniynt

conj det(art) subst ne pas suj v suj (réciprocité)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

subordonnée principale

affirmation négation

Quoique sœurs, elle ne se voient pas.

(III27)

tllid diks ur tγ iyd ad zars tksmd

suj+v c.c.l(sp) mais suj+v sp(cc.l) s+v

• ur se traduit en “ walaynni ” qui devient “ mqqar ” (quoique, même


si...) et se déplace en tête de la subordonnée. La phrase d’origine est la
suivante:

mqqar diks tllid ur tγ iyd ad zars tksmd

conj sp(c.c.l) suj+v ne pas s+v sp(c.c.l) s+v

subordonnée principale

ou encore, peut se lire de cette manière ( principale/ subordonnée):

ur tγ iyd ad zars tksmd mqqar diks tllid

ne pas suj+v sp(c.c.l) s+v conj sp(c.c.l) s+v

principale subordonnée

Tu ne peux pas y entrer même si tu y es.

même si tu y es, tu ne peux pas y entrer

(IV70)

indw iwaman ur immiγ

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

suj+v sp ne pas suj+v

(ur) joue toujours le rôle de “ walaynni ” (mais) ou “ mqqar ” effacé, qui


exprime la concession, la devinette peut être formulée comme suite:

mqqar indw iwaman ur immiδ

conj suj+v sp suj+v

subordonnée princpale

bien qu’il ait traversé l’eau, il ne s’est pas mouillé

La même opération s’applique également aux exemples:

(II11, III42, III44, III54)

La phrase exclamative

L’exclamation est un autre procédé de la devinette. CE procédé est


moins fréquent.

L’énonciateur s’exclame en décrivant ce qui peut frapper l’ésprit


dans un objet: par exemple la manière dont l’objet est composé, ou
l’élément à la base du quel, il est construit.

(III57)

ag yiγ iz ag talat a rbbi llutf(!)

que de rigole que de ravins o Dieu ta miséricorde!

pr subst pr subst pr dét subst

(IV66)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

a tazuγ ns a tamlli ns mr da ytwatŠa(!)

ô rougeur de lui ô blancheur de lui si seulement il se mange!

pr sub sp pr sub sp conj v

(VI85)

ag tγ rust ag tδrust walu mas iwwt bba mma

que de bâtons que de bâtons rien de quoi papa peut frapper maman

pr subst pr subst adv pr rel suj v subs

Cette analyse nous permet ainsi de retenir que la devinette est


structurée au niveau de la distribution des classes grammaticales, et que
ces dernières acquirent les fonctions particulières dans des contextes
différents. Ainsi convient- il de récapituler certaines règles:

• Dans la plupart des cas le sujet est inclus dans le verbe, indiquant la
3éme personne “ i ” (il) sing: ittudda, izzulla, ixitr, immt...

“ t ” feminin (sing/ plur), “ n ” 1ére pers du pluriel (nous).

• Sp est construit à la l’aide de la prép (s) qui signifie:

(avec) indiquant le complement d’accompagnement

(à, ou) indiquant le complement d’objet indirect

(à, ou) indiquant le complement c.c. lieu

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

• Le c.o.d également est indiqué par “ i ” qui devient prés (à quelqu’un)


par exemple: i wtbir

• Le sp construit à l’aide de la prép “ n ”(de) indiquant complément du


N

Dans ce qui suit, nous verrons la structuration des devinettes au


niveau du style, de registre du langage dans lesquels elle est énoncée

2) stratégies d’identification de l’individu faisant l’objet


de la devinette:

L’examen de quelques exemples de corpus nous a montré que la


forme de l’énoncé (la phrase) est simple et ordinaire mais
sémantiquement déroutante. La devinette est parée d’une esthétique et
d’une rhétorique exigeant de l’interlocuteur une clairvoyance et une
maîtrise de la culture locale. La réthoricisation des indices est faites pour
tester l’intelligence de l’interlocuteur à déchiffrer les jeux de mots et les
images culturelles que présente la devinette.

Naturellement la devinette est une allusion, elle nous fournit des


indices décrivant une chose pour exprimer une autre. Toute fois d’autre
figures s ‘y superposent et y coexistent : l’allusion, la personnification, la
métaphore, la comparaison, l’ hyperbole, la chosification.

La personnification est le procédé le plus fréquent. Les objets et les


choses acquirent les attribues et les qualités de l’être humain. Dans (I1) le
souk hebdomadaire est comparé à l’homme; en lui a attribué la naissance,

37
DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

le développement, et la mort; des qualités employées métaphoriquement


de même pour (I3, I5) : les trois fêtes musulmanes (voir corpus) sont
personnifiées en devenant trois frères dont l’un est assassin “ Bu
larwah ” celui de “ âme ” employé métaphoriquement pour dire “ au
cours duquel on égorge un mouton ”.

Dans (I5) “ tnΣ nayt matn ur diksn xs yut trbart ”, les mois lunaires
sont également décrits comme des être humains, talyurt (chaâbane ” étant
“féminin représente métaphoriquement une fille parmi plusieurs garçons
masculins. La personnification et la métaphore coexistent et se
superposent dans plusieurs exemples(I7, II22, III33 38 3947 49 50 51,56,
IV60,69). dans (II22) les dents de part leur petitesse, leur fragilité par
apport aux molaires, symbolisent la femme par apport à l’homme. mais
nous pouvons déceler une certaine ironie dans cette devinette: les femmes
sont couchée à l’entrée où doivent dormir les hommes alors que
normalement il revient à ces derniers de se mettre à l’entrée pour protéger
les femmes qui devraient dormir à l’intérieur de la maison. La même
chose pour (III 47) où la bougie “ ta tt ” évoque la femme sensible à la
douleur, elle pleurniche tout le temps; la bougie pleurniche aussi et fend
en larmes.

“ anzar ” (masc) (la pluie) et “ tafukt ” (le soleil) sont aussi


représentés dans (IV60) par l’homme et la femme. Cette devinette marque
également l’ironie: tamttut isslan aryaz ” (la femme faisant pleurer
l’homme). La devinette contredit, en quelque sorte la réalité, mais elle
explique que quand “ tafukt ” (le soleil) disparaît (couvert par les nuages)
anzar (la pluie) pleure et regrette ce départ, ce qui arrive chez l’homme
est la femme.

En outre, la comparaison et la métaphore se superposent dans


plusieurs exemples: (II12, 15, 18, 19, 20, 34, III56, IV63, 64, 69, 71, 73,

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

V77, 76, VI90). La source (taγbalut) est comparée à l’œil qui est une
source de larmes .une source d ’eau est entourée des roseaux, de l’herbe
comme l’œil est entouré des cils et des sourcils(III12).

De même, les narines dans la devinette (II18) sont désignées


par ”deux jarres inclinant les têtes ”,et l’ œuf est comparée à un château
sans portières(V77), ou encore la lune et les étoiles représentées par un
mulet et des ânes. La lune est immense par rapport aux étoiles, elle est un
mulet gros au milieu des ânes plus petits que lui(V75).

D’autre part on peut considérer l’exclamation marquée dans


quelques devinettes, comme une sorte d’hyperbole.. le locuteur s’exclame
en décrivant un objet pour produire une impression, et de là détourner l’
interlocuteur des exemples marquant la paronomase sont à relever:

( II21) kud ittγzif ittgzil

( III28) dattawy awal ur da tsawal

( V75) MŠ issard irku ur issard isfu

La devinette peut recourir également à la chosification au lieu de la


personnification; mais les exemples illustrant ce cas ne figurent pas dans
notre corpus. Elle marque également l’euphémisme quand il s’agit de
tabous culturels, ou de conduite qu’on évite en public(II24,26).

Ces interdits pèsent moins chez les jeunes adolescents dont le


compromit présente une attitude libérale vis à vis de l’orthodoxie
culturelle entretenue par les plus âgés. Néanmoins, pour des raisons
stylistique, un certains degrés d’euphémisme est observé.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

II- approche thematique

Il est certain que le fond de tout genre littéraire d’expression


amazighe est constitué par les représentations que les amazighes font de
la nature, de la vie, et qu’il se fond d’eux-mêmes à travers leurs
expériences accumulées depuis des siècles lointains.

La littérature d’expression Amazighe s’inspire du sacré et du


profane, se nourrit du réel et de l’imaginaire ; et il n’est pas du genre du
moins dans la littérature en prose qui est dépourvu de ces éléments. Il en
est de même pour la devinette qui véhicule des images réelles de la vie
quotidienne, des images se rapportant à la vie quotidienne d’autres à la
religion et d’autres au mythe qui s’affirment dans certaines pratiques
rituelles. Nous nous proposons ici de montrer comment les éléments cités
ci-dessous cohabitent dans la devinette.

Le réel:

La devinette décrit les réalités vécues et observées celles


qu’imposent la vie quotidienne: tous les instruments indispensables à
l’homme ont acquis des images suivant les fonctions qu’ils assument: le
miroir, la lettre, l’outre à eau, les allumettes, la tente, l’aiguille, la
lumière, la natte, la brouette... sont des éléments dont se serre l’homme
dans la vie de toujours.

De même l’homme se présente lui-même à travers les parties de


son corps auxquelles il attribue des qualités des objets autour de lui : les
narines sont désignées par deux jarres ou par deux tribus dont le beurre
est mauvais ; les yeux reviennent à plusieurs reprises et sont comparés à
une source entourée de roseau à deux sœurs qui ne se voient pas, enfin
à la balle à fusil que l’œil dépasse en souplesse. Les animaux que la
devinette met en scène sont décrits tel que l’homme les perçoit. Les

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

pratiques religieuses, le monde cosmogonique sont également soulignés


par la devinette: le corant, le ramadan sont décrits à partir des convictions
du bon musulman. Il convient de suligner que si le réel qui compte dans
tous ces exemples. toutefois, il se trouve que l’imaginaire côtoit le réel
dans d’autres devinettes. Le myth sacré tent une place importante dans
l’imaginaire des communautés Amazigh en général. Les cultes et les
religions monothéistes qui ont traversé l’Afrique du Nord depuis des
millénaires ont engendré un sacré théologique et un sacré populaire
permettant de protéger les valeurs sociales.

Dans notre corpus, l’imaginaire n’apparaît pas directement, mais l


devinette s’y rapporte dans la mesure où des éléments mythologiques
aboutissent à formuler une devinette sans être évident. La devinette (I-3)
fait-elle allusion à un mythe théologique ou Sidna Ibrahim aurait voulu
sacrifier son fils si on ne lui a pas fourni un mouton. C’est à partir de
cette époque que les musulmans ont commencé à sacrifier des bêtes, et
cette fête est devenue “ Bularwah ” (celui de âme ). Il est nécessaire,
d’autres part, de relever comment la source “ Taγbalut ” est conçue dans
la mythologie amazighe. Ainsi que le roseau qui l’entourent pour
désigner l’œil (II-12). Tassadit Yacine (1993) explique: “ La source ou
la fontaine est associée à la vie, à l’amour, elle représente le réel et
l’imaginaire, élément ou voisine la culture et la nature.

La source revient sans cesse dans la production fantastique ; c’est


un lieu sacré où l’on doit boire et puiser de l’eau respectueusement et
toute personne qui salit la source risque d’être punie par les esprits
maléfiques et peut même se métamorphoser en un animal.

Le tissage (II-34) est également relié à des mythes populaires vu


la manière dont le métier à tisser est construit. Selon les mythes kabiles
anciens qui sont identiques à ceux du Maroc, les deux ensouple verticale

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

du métier à tisser et représentent l’homme et la femme, les deux autres


horizontales représentent la terre et le ciel “ Tassadit Yacine (1993). Le
métier à tisser est doté au milieu d’un roseau dit “ rruh), l’âme de la vie
qui unit la terre au ciel, l’homme à la femme. Le métier à tisser “ astta ”
résume sur quoi la vie es fondée. Le feu est décrit de plusieurs manières
dans le corpus, il désigne le feu de l’au-delà (l’enfer) comme punition
aux infidèles, ou le feu de la vie quotidienne. Toutefois le feu revêt
également une importance dans la mythologie Amazigh. Les Amazigh
allument les feux pour exprimer leurs joies pendant plusieurs
cérémonies notamment à TΣchourte (E. Laoust, 1921 p6).

L’œuf dans la devinette (V.77) se nourrit croyances anciennes


lorsqu’elle est comparée à un château iγrm war imi.l’œuf comme est
fermé et dure il est intacte si l’on presse ses deux extrémités. A part sa
forme ronde , il est un élément thérapeutique. En parlant de l’importance
de l’œuf dans les cérémonies anciennes amazighes, avec E. Laoust (1921)
P57 affirment que : “ les exemples que nous proposons suffisent à
montrer le rôle magique de l’œuf, rôle qu’explique sa couleur qui est de
bonne augure et sa forme ; il contribue à la fécondation de celle qui le
mange et a même de l’influence sur la virilité du mari ”. Les œufs
figurent aussi parmi les aliments rituels, parmi les cadeaux les plus
fréquemment faits à “ ttalb ” (Fqih). Il convient alors de souligner le rôle
important du mythe dans la construction d’un univers mental ; le réel
s’associe à l’imaginaire pour établir une vision du monde et pour
expliquer son extrême complexité.

Conclusion

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Ce modeste projet constitue un travail élémentaire témoignant de


l’originalité de la devinette en particulier et de la littérature d’expression
amazige en général.

Nous nous étions amené à présenter des modèles syntaxiques,


rhétoriques et thématiques sur la base d’un échantillon représentatif de
notre corpus ; et nous avons montré que ces modèles se sont réunis pour
une combinaison riche de la forme et du continu en témoignant ainsi de
la finesse de la devinette et des talents de personnes qui ont conçus c
genre littéraires.

Dans le premier chapitre nous avons présenté la région et fourni


les informations nécessaires à l’intelligence du continu de la devinette
(monde rural essentiellement agricole, structure sociale traditionnelle,...).
Dans un second lieu, nous avons exposé les différents genres littéraires
afin de mieux situer à devinette dans le champ littéraire d’expression
Amazigh. Le deuxième chapitre quant à lui a été consacré à l’analyse. Sur
le plan syntaxique, la devinette se présente comme une structure marquée
par un parallélisme entre :

* une partie affirmative et une autre négative qui va à l’encontre de la


première

* un parallélisme entre les constituants grammaticaux et un parallélisme


rythmique présentant une énumération parfois montante parfois
descendante

* un parallélisme entre les principales et les subordonnés au niveau des


propositions hypothétiques et concessives. Sur le plan rhétorique,
plusieurs figues de styles coexistent dans la devinette, elle recourt à la
fois à la personnification, la comparaison et à la métaphore et elle n’est
pas des devinettes du moins dans notre corpus, qui dépourvu de ces trois

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

figures qui contribuent parallèlement à la construction de la devinette. Au


niveau thématique, nous avons montré que la devinette se nourrit du réel
vécu et de l’imaginaire constitué par la mythologie conservé par les
anciens, tout en donnant des exemples illustrant ses deux cas.

Sans prétendre avoir dûment sondé toute l’esthétique que cache la


devinette en prose , nous estimons que la structure poétique de la
devinette mérite d’être exploré et qu’elle peut être l’objet de nombreuses
recherches.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

I- Les rites et la religion

1. a/ dad itlala sbah, ig aε rrim ammas n was, immt tatggat- Ass n


ssouq

b/ da/il nait vers ici/le matin/devient/adulte/milieu/de/jour/meurt/le soir

c/ il voit le jour le matin, devient adulte à midi et meurt le soir

d/ cette devinette se rapporte au souk hebdomadaire rural, les


campagnards attendent toute une semaine pour se retrouver au souk un
jour par semaine, ainsi vendre leurs marchandises et acheter d’autres. Or,

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

on étale les marchandises au lever du soleil au moment où les gens sont


encore rares c’est que le souk est né ”. Il faut alors attendre l’arrivée des
autres foules qui viennent de loin, ce qui donnera une activité au Souk
vers midi. Mais de nouveau les gens se quittent peu à peu, les
commerçants ramassent le reste de leurs marchandises et se dispersent à
leur tour avant le coucher du soleil. De ce fait, le souk, aux yeux de cet
homme campagnard, ressemble à la vie humaine : naissance,
développement, mort.

2. a / tafsut dindrn aflla n U γ Ulid Ur da ttit laqqad XS tarwa n


L‍LaL : Lqwran

b/ belle chose/vers ici/tombé/sur/de/montagne/ne pas/da/la


ramasse/que/

enfant/de/Lh‍LaL- Le Coran

c/ La belle chose tombée sur une montagne et n’est pas recueillie que
par les enfants de bonne race.

d/ Pour formuler cette devinette, on fait allusion à un vers et du Coran


qui raconte que le Coran est descendu sur une montagne, et on a ajouté
que seuls les bonnes personnes retiennent le Coran comme messages de
Dieu.

3. a/ Krad ayt matn ig yan bu Lar wa‍h – Lε yad

b/ Trois/frères/il est/ un/ propriétaire/âmes.

c/ trois frères dont l’un est assassin

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

d/ se sont les trois fêtes musulmanes : le jour de la naissance du


prophète, la fête du fin du Ramadan et la fête du sacrifice. Cette dernière
au cours de laquelle on égorge le mouton, est qualifiée d’assassin
(tafaska).

4. a/ ddan’d s tlatin, afn aγd s Uggar n tlatin, nbdutn ku yan stlatin


ns - Ussan n rmdan

b/ Ils sont venus/vers ici/au moyen de/trente, ils ont trouvé/nous/au


moyen de/plus de/trente/nous avons partagés/les/chacun/avec/trente/de
lui. Les jours du Ramadan.

c/ Ils sont arrivés à trente et nous ont trouvé plus de trente, nous les
avons répartis à raison de trente chacun.

d/ “ Ils ” réfère aux trente jours du ramadan, et “ nous ” aux


pratiquants de l’Islam. La devinette joue sur une division impossible,
mais trente jours divisés par le nombre des musulmans cela fait quand
même trente jour chacun à jeûner.

5. a/ tnaε Š nayt matn, Ur diksn Xs yut trbat: taLtyurt

b/ douze/de/frères/ne pas/parmi eux/que/une fille

c/ douze frères qui ne possèdent qu’une seule fille

d/ en amazighe, les douze mois lunaires sont tous masculins sauf


taLtyurt qui est féminin. (en arabe châaban)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

6. a/ ittu dda Ur izzuLLi - amttin

b/ Il a fait ses ablutions/ne pas// il a fait prière – le cadavre

c/ dans la religion musulmane, les ablutions sont suivies de la prière.


Seul le mort échappe à cette règle, car on lui fait ses dernières ablutions
pour l’enterrer.

7. a/ daditlala s iqwrray, i xitr bla qwrray, immt s iqwrray - ayyur

b/ il nait/vers ici/avec/cornes/grandit/sans/cornes/meurt/avec/cornes –
la lune.

c/ il nait avec des cornes, grandit sans cornes, de nouveau meurt avec
des cornes.

d/ généralement, c’est les paysans qui guettent les mois lunaires au


moyen du croissant qui est, à la naissance, trop petit sous forme de cornes
et vers le milieu du mois, il prend la forme d’un cercle, la pleine lune de
nouveau se réduit jusqu’à se voir difficilement et meurt avec des petits
cornes.

8. a/ Datt ittini wanna iε man, yi nnit Wanna isksiwn

b/ il la voit/celui-là/aveugle/il la voit/celui-là/qui regard: (tisbrtit – le


rêve)

c/ elle est vue par l’aveugle et le non aveugle

d/ le rêve est relié à des facteurs psychologique et physiologiques, et il


est une faculté de tout être humain.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

9. a/ iLLa da yiLi din - afa

b/ il existe/ici/il existe/là bas/- le feu

c/ il existe aussi bien ici que là bas.

d/ Selon la croyance musulmane, après la mort, il y a une vie future


au paradis ou à l’enfer. Le premier est conçu pour les fidèles, l’autre pour
les impies. Pour ces derniers, le feu deviendra leur châtiments, à l’instard
du feu utilisé dans la vie quotidienne avant la mort.

II. Le monde de l’homme

10. a/ snat taytmatin Ur da tmyinniynt - taLnin

b/ deux/sœurs/ne pas/ elles se voient – les yeux

c/ deux sœurs qui ne se voient pas.

d/ les yeux sont d’abord sœurs parce qu’elles sont une créature de
dieu, ensuite parce qu’elle sont semblables et ont les mêmes
caractéristiques, chacune est sensible à la maladie de l’autre et elles
peuvent tomber malade toutes les deux, mais ne se voient pas entre elles.

11. a/ taksumt g i iγ isi ur da txmz - ils

b/ Viande/dans/trous/ne pas/da/pourri- langue

c/ Une viande dans un trou, mais n’est pas pourri

d/ La langue dans la bouche (iγisi) ressemble à une viande dans un


trou, mais reste toujours propre.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

12. a/ taγ baLut nγ mi durn iγ animn - tiţţŢ

b/ Source/de nous/à quoi/entouré/roseau – l’œil

c/ notre source entourée de roseau

d/ L’œil, source de larmes est entourée des cils, comme une vraie
source d’eau entourée de roseau.

13. a/ Sbε ntuna ggan (g yan) Umrdul – aln, imzyann, Tignzar, imi

b/ Sept puits dans une plaie

c/ La tête de l’homme est désignée par une plaine où sont creusés sept
puits que représentent les yeux, le nez, les oreilles et la bouche.

14. a/ daditlala aritddu XF Rbε a, imih ar itddu XF Sin, tiyira


aritddu XF Krad - bnadm

b/ il nait/vers ici/il marche/sur/quatre/, peu après/il marche/sur


deux/en fin/ il marche/sur/trois - la vie humaine

c/ il naît et marche sur quatre, puis sur deux, vers la fin il marche sur
trois.

d/ cette devinette renvoie à la vie humaine qui passe par trois étapes :
l’enfant marche sur quatre (les deux mains et les deux genoux) , puis sur
ces deux pieds, en fin, en devenant vieux, il s’appuie que sur une cane.

15. a/ amksa ihrin Xmsa n tiγ tn - awrz d tFdnin

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

b/ berger/qui conduit/cinq/chèvres- le talon et les orteils

c/ Un berger qui conduit cinq chèvres

d/ il s’agit d’une image du corps humain, le talon court derrière les


orteils et ne les rattrapera jamais.

16. a/ Utγ is awrz ssiγ tignzar - Urd

b/ J’ai frappé/avec lui/talon/j’ai touché/né – vesse/pet

c/ j’ai frappé le talon et j’ai atteint le nez

d/ Selon la physiologie de l’homme, lorsque celui-ci émet un pet


(consciemment ou inconsciemment), il se dirige du haut en bas (de l’anus
vers les talons) mais le nez peut le sentir.

17. a/ mZrγ d iss - ils

b/ j’ai passé la devinette/vers ici/au moyen de lui- la langue

c/ c’est grâce à elle que je pose la devinette

18. a/ tiqbiLin mi ixxa wudi - tignzar

b/ tribus/à quoi/il est mauvais/beurre

c/ tribus pour qui le beurre est mauvais

d/ la devinette joue sur le nez et son contenu : le nez ou les narrines


représentent les tribus et la morve le mauvais beurre.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

19. a/ snat Lxibiat isdrn iγ fawn - tinzar

b/ deux/jarres/incliant/les têtes – les narines

c/ deux jarres qui inclinent la tête

d/ Vu la profondeur des narines, elles ressemblent à deux jarres.

20. a/ tugr agari g tafssi - tiŢ

b/ elle dépasse/la balle/en/souplesse – l’œil

c/ elle dépasse la balle en vitesse

d/ on ferme les yeux et on les ouvre très vite plus qu’une balle qui
sort d’une arme. (Clin d’œil)

21. a/ kud it γ zif itgziL - Lε mr

b/ Plus/il devient long/il devient court – l’âge

c/ plus il devient long, plus il se raccourcit

d/ On a l’impression que plus qu’on avance dans l’âge, on vit


longtemps, mais au contraire, chaque jour qui passe réduit la chance de
survivre.

23 . a/ ign ULγ m ftun isrman : iγ rm

b/ il dort/le chameau/vont/intestins- le quartier

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

c/ Le chameau s’en dort et les intestins s’en vont

d/ Le chameau parce qu’il est énorme représente tout le quartier,


les intestins désignent les habitants qui bougent et quittent leurs maisons
pour travailler dans les champs et laissent “ aLγm ” s’endormir,
autrement dit les maisons restent à leurs place comme un chameau
allongé par terre.

24. a/ γ Usni idmarn ag gu nsn Ur dhirn - tayri

b/ brûlé/m’ont/poitrines/fumée/d’eux/ne pas/il est vu –

c/ ma poitrine brûle mais la fumée n’apparaît pas.

d/ Se dit à propos de l’amour, quand on veut affirmer à quelqu’un qu’on est


amoureux, parce que la poitrine représente le cœur, le seul refuge des sentiments et
des sensations humaines.

25. a/ ka da ymggr, ka da y srwat, Lbhrar ismunu – tiγ mas, ils, adis

b/plusieurs/da/dépique/plusieurs/da/brasse/la mer/ramasse-
dents, langue, ventre

c/ L’un dépique, l’autre bat et la mer ramasse

d/ C’est l’action de manger chez l’homme, trois de ses organes sont


mises en œuvre par la devinette : les dents, fortes et solides dépiquent et
coupent la nourriture en petites unités que la langue envoie à l’estomac
(ventre)

26. a/ ikwsm Unbgi izri ixrdan brra – abLLu, d iwLdan

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

b/ il est entré/invité/ a laissé/les sacs/dehors – le pénis et les


testicules

c/ L’invité est entré et il a laissé ses affaires dehors.

d/ La devinette évoque les rapports sexuels chez l’homme où le pénis


pénètre mais les testicules restent ailleurs.

III/ Techniques et instruments de la vie quotidienne

27. a/ tllid diks Urt γ iyd ad Zar’s tkŠmd - Lmri

b/ tu es/en lui/ne pas/tu peux/vers lui/tu entres

c/ tu y es mais tu ne peux pas y entrer

d/ Lorsqu’on se regarde dans le miroir on y voit tout notre profil, mais


on ne peut pas entrer dans ce miroir.

28. a/ Dattawy awal ur da tsawal - tabrat

b/ elle emmène/la parole/ne pas/elle parle – la lettre

c/ elle apporte et transmet la parole, mais elle ne parle pas

d/ la lettre permet d’éviter la distance entre les locuteurs elle porte


leurs paroles sans savoir lire ni pouvoir parler.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

29. a/ ira‍h Da ig afqqir iΣ id din amnay - ayddid

b/ il est parti d’ici/il est vieux/il est revenu/de là bas/ cavalier –


l’outre à eau

c/ parti vieux, il revient cavalier

d/ L’outre à eau faite de la peau de la chèvre ressemble à un vieux


lorsqu’elle est vide. Lorsqu’elle revient à la maison pleine d’eau, ces
rides disparaissent et elle est comparée à un cavalier “ amnay ” qui dénote
la jeunesse. L’activité et la virilité.

30. a/ immut Ubiba uzzΣ n ayt Lmu ‫ه‬dΣ - Luqqid

b/ il est mort/moustique/ils se sont partagés/ceux du/ quartier – une


allumette

c/ un moustique est mort, les gens du quartier se le partagent.

d/ L’allumette est comparée à un moustique vu sa petitesse. Jadis,


rare, on l’économisait. Ainsi quand quelqu’un dans le quartier allume son
feu, les voisins et beaucoup d’autres venaient s’en servir en allumant une
lampe ou un tison.

31. a/ ahaqqar n wammas n umrdul - taxamt

b/ corbeau/de/milieu de/plaine – tente des nomades

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

c/ Un corbeau au milieu d’une plaine

d/ Les nomades s’installent là où il y a de l’herbe pour leur troupeau,


et se servent comme, habitation d’une grande tente toujours noire. Vue de
loin celle-ci ressemble à un corbeau.

32. a/ Ur da txddm xs ig as t ‫ه‬ma ti - tissmi

b/ ne pas/fonctionne/que/si/à elle/aveuglé/l’œil – aiguille à coudre

c/ elle ne fonctionne pas que si elle est aveuglée

d/ l’aiguille à coudre est toujours aveuglé par le fil avant de


commencer à coudre.

33. a/ iLuLad ig amLLaL, immt ig azggaγ -Udi

b/ il est naît/il est blanc/il est mort/il est/ rouge/ - beurre

c/ il est né blanc et il est mort rouge

d/ Lorsque le beurre est extraît du lait, il est encore blanc, quand il est
fendu.

34. a/ tigdit ittaγ n ayadir amLLal - taskka d’ustta

b/ chienne/aboyant/le mur/blanc – le peigne et le métier à tisser

c/ Une chienne qui aboie, un mur blanc

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

d/ Le bruit de chaîne, évoque l’aboiement d’un chien lointain.

35. a/ ismx iggzn S anu asansam ad yagm amam isansamm -


Lmrud – tazult - tabż‍a

b/ nègre/descendu/à/puits/noir/pour/puiser/eau/noire

c/ Un nègre descendu dans un puit noir pour puiser. L’eau noire

d/ “ Lmrud ” est l’instrument dont on se sert pour mettre du Khôl


“ tazult ” aux yeux. Anu asansam (puits noir) désigne la petite boîte faite
d’un roseau où l’on conserve le Khôl, maquillage apprécié chez les
femmes de la région. Au fur et à mesure que ces deux instruments sont
utilisés ils devien

nent noirs. L’instrument, (Crayon lui aussi fait de bois, devint nègre qui
descend dans la boîte toute noire pour porter du Khôl (l’eau noir).

36. a/ ka afeLLa n ka lXir sg ufLLa – inyan - taΣ‫ه‬nnut-taggratt

b/ quelques choses/sur/de/quelques chose/fortune/de/haut

c/ Une chose sur une autre et la fortune est en haut

d/ Les trois pierres du foyer (remplacés dernièrement par un triangle


métallique à trois pieds) permettant de soutenir l’ustensile sur le feu.
Celui-ci en haut, ou au sommet.

37.a/ Yan yird i3mmr atranu - assid


b/ un / gain de blé/ il a rempli/ chambre - lumière

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

c/ un grain de blé qui remplit toute la chambre


d/ la source de lumière que ce soit une lampe ou une bougie est petite
comme un grain de blé, mais répond une lumière qui meuble un grand
espace.
38. a/ ilula s tomart, immont bla tamart - agrtil (masc)
b/ il est né / avec / barbe / il est mort / sans / barbe - la natte. (fém)
c/ il naît barbu et meurt imberbe.
d/ lors de la fabrication d’une natte, le tisserand prend soin de laisser
déborder de temps en temps aux extrémités de la natte les éléments du
tissage qui sont condensés et juxtaposés et ressemble alors, par leur
forme, à une sorte de barbe. Au fur et à mesure que la natte s’use. Ces
brins qui débordent disparaissent petit à petit, enfin quand la natte est lors
d’usage (morte) il n’en reste plus aucun.
39. a/ Da isslsa mddn atta ku yass i3rra- izdi
b/ da/ il habille / les gens / lui / tous jours / nu -fuseau
c/ il habille las gens alors que lu il reste toujours déshabillé.
d/ quand la fileuse est occupée à filer, elle remplit le fuseau puis le 9
déshabille » pour tisser les vêtements. pendaant qu’on ne tisse pas, le
fuseau est hors d’usage et reste nu.
40. a/ tla ifasn tla idarn or tddu xf i*f- lbrwita
b/ elle a / la main / elle a / les pieds / elle marche sur / la tête (visage)
- brouette.
c/ elle q brqs et pidsm pourtqnt elle ;qrche sur lq t[ete<
d/ la brouette a des pieds sur lesquels elle s’appuie et des mains pour
qui s’en sert, et sa partie antérieurs et la roue sur laquelle elle roule est
comparée à la tête.
41. a/ il a i*f ur ili alni, ila ifrawn ur da ytaylal-aznnar
b/ il possède / tête / ne pas / possède / le cerveau / il possède / ailes /
ne pas da / il vole - le burnous.
c/ il possède une tête sans cervelle, possède des ailes et ne vole pas.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

d/ la tête est représentée ici par le capuchon (agunun) et les ailes par ces
pans. Le capuchon est vide de l’intérieur, c’est pourquoi il est considéré
sans cervelle.
42. a/ sin irizn ixdmn k tγ zut ur myannayn -Uzlan
b/ deux hommes / travaillant / dans / pré / ne pas / ils se voient
c/ deux hommes travaillent dans un pré sans se voir
d/ les deux hommes sont les deux branches d’une (grandes ciseaux)
même paire des ciseaux que les objet à couper séparent.
43. a/ tagmart nγ ittarun ku sbah -tigwwit.
b/ jument / de nous / mettant bas / chaque / matin - outre à baratter le
lait.
c/ notre jument qui met bas tous las matins.
d/ c’est généralement la peau d’une chèvre qui est utilisée pour
fabriquer la baratte presque tous les jours, la baratte (tigwwit) est
comparée à une mamelle qui accouche tous les matins.

44. a/ idda ar dra ur isbiΣ tiyni - isgni


b/ il est parti / jusqu’à / drâa / ne pas / rassasier/ dattes
c/ il est parti jusqu’a drâa, mais n’est pas rassasié de dattes
d/ « Drâa » est une région qui s’étend entre OUARZAZATE et
ZAGOURA. Elle est connue par son abondante production des dattes.
Les commerçant y achètent et vendent dans d’autres places, or, ils
utilisent la grosse aiguille pour coudre et fermer les sacs pleins. Malgré
elle, la grosse aiguille ne mange pas ses dattes.
45. a/ ign yan yawγ yan iftu yan - afa
b/ il dort / un / il mange / un il s’en va / un - le feu
c/ l’un dort, l’un mange, l’un s’en va.
d/ quand on allume le feu, on remarque qu’il est fait du trois
éléments: iγd (le cendre) qui reste par terre, le feu proprement dit (afa)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

qui dévore les morceaux de bois et le troisième qui ‘est la fumée ( aggu)
s’en va dans l’air.

46. a/ tmmγ i ur tzgzaw - tadut


b/ elle a poussé / ne pas / elle est verte.
c/ elle a poussé sans être verte
d/ d’ordinaire tous ce qui pousse de la terre est vert, mais il faut
comprendre ici qu’on fait allusion à quelque chose d’autre du moment
qu’il n’est pas vert. Donc ça peut être la laine chez les animaux, ou des
chevaux chez les être humains qui poussent soit blanc, soit noir.

47. a/ tamttut yallan imttawn imllaln - tasm3tt


b/ la femme / pleurant / les larmes blanches- la bougie
d/ tasmΣ t correspond à la femme parce qu’elles sont féminines, et
parce que leurs sanglots se ressemblent.

48. a/ ar igz yan, ar ittali yan - agiwn


b/ il descend / l’un / il monte / l’un outre à puiser l’eau du puit
c/ l’un descend, l’autre remonte
d/ souvent dans chaque puit on accroche deux seaux pour puiser
l’eau du puit.

49. a/ddan ar tama n waman hššmn.

b- Ils sont allés jusqu’à l’eau et n’ont pas osé le pénétrer

c/L’eau veut dire toujours la rivière qu’ on traverse en ôtant ses


chaussures.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

50. a/ ndund ayt Ugmad dγ , ndund ayt Ugmmdin ad assin


tamγ art
b/ Ils sont arrivés/ceux/de ce côté/ils sont venus/ceux/de l’autre
côté/pour/attacher/la veille. – souliers anciens
c/ Ils sont venus des deux côtés pour attacher la vieille
d/ arksn : est une sorte d’anciens souliers qui ont une semelle en bas,
mais le haut et tout fait des fils de laine entrecroisés qui vont et viennent
et se rencontre à l’extrémité pour attacher arksn (sing. arks).

51. a/ mk illa Uryaz tass tilbt Ur illi tkstt – taqlilt n wudi


b/ Si/il existe/ homme/elle noue/foulard/ne pas/il existe/elle enlève la
jarre à beurre.
c/ quand l’homme est présent, elle est en deuil, quand il est absent
elle ne l’est pas.
d/ Quand il y a du beurre (homme) dans la jarre, celle-ci est couverte
d’un tissu et évoque une femme qui met le foulard devant son mari ou
une veuve en deuil, quand il n’y a pas du beurre (l’homme), la jarre est
découverte.

52. a/ immγ i bla izuran a yadir


b/ il a poussé/sans/racine - mûr
c/ en principe tout ce qui pousse de la terre a des racines qui sont
plantés au fond , mais le mûr croît verticalement sans racine, c’est
pourquoi on dit « YuLLi Uyadir » « Le mur est construit ou est monté »
et non pas « imγi Uyadir » « le mûr a poussé » or, imγi est employé
métaphoriquement.

53. a/ aqmun’s win xizzu, Atig ns win tsrdunt - LLuban

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

b/ son visage/celui de/carottes/son prix/celui de/mulet


c/ Son visage ressemble aux carottes et son prix vaut un mulet
d/ C’est une sorte de bijoux apprécié chez les femmes berbères, et
puisqu’il est indispensable pour la fille le jour de son mariage, on le
cherche chez les vieilles femmes qui pourraient le conserver depuis leurs
jeunesse. Sa richesse consiste donc, d’une part, en sa rareté, et d’autres
part en ce qu’il est demandé par les basaristes ou par les touristes à tous
prix.

52. a/ inderd g i γ Uliden Ur tyaγ Umya, yaγ nn aman immt -


Lkid + atfl
b/ il est tombé/sur/les rochers/ne pas/avoir/rien/il est tombé/dans
l’eau/il est
mort
c/ Lorsqu’il il est tombé de très haut sur les rochers, il n’a rien, mais
lorsqu’il est tombé dans l’eau, il a succombé.
d/ C’est le cas du papier (Lkid), Léger, il ne se brise pas malgré le
vent qui l’emporte et le pose violemment, mais il suffit de le jeter à l’eau
pour l’anéantir. La devinette se rapporte aussi à la neige qui fend dans
l’eau.

53. a/ tkka ignna s tγ uyyit : ttyyara


b/ elle traverse le ciel en criant – l’avion

54. a/ gg udin irruten yan : adudz d iγ san


b/ ils sont nombreux/ils sont battus/ par un seul
c/ ils sont nombreux mais toujours battus par un
d/ « Ils » réfère à « iγsan » les nœuds des dattes dont on se
débarrasse en mangeant les dattes. Mais on les ramasse et on les bat avec
une grosse pierre généralement ronde «adudz » et sont donnés comme

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

nourriture aux vaches, quand une quantité nombreuse ramassée, elle est
battue par un seul objet qui est «adudz » la pierre forte et ronde.

57. a/ aggiγ iz ag talat arbi Llutf : tisist


b/ que de/rigoles/que de ravins/Dieu/ta mésirecorde !
c/ nombreuses sont les rigoles, nombreux sont les ravins que Dieu
nous protège
d/ Panier large et profond fait de palmier nain. On rapproche sa
texture (il s’agit d’une spirale et dont l’articulation laisse voir une fente
en spirale avec bordures.

58. a/ tqs t γ irdmt aγ yutL tk tbarda ignna - afa ; tafant ;


tabadirt
b/ elle apiqué/le scorpion/l’âme/s’envole/le bât/le ciel
c/ Le scorpion a piqué l’âme et le bât traîne le ciel.
d/ le scorpion représente le feu qui pique « tafant » instrument sur
lequel on cuit du pain « tabadirt ». Lorque le pain surtout «tabadirt »
reçoit une forte chaleur, elle commence à trembler, et on y voit des
petites boules qui apparaissent et disparaissent jusqu’à ce qu’elle soit
cuite.
Donc «tabadirt » (une sorte de pain) = le bât
Le scorpion = feu
Tafant = l’âne

59. a/ ikat ε aq i wtbir, ikt Utbir iysisawn, kint isisawn ; L maε t –


Lγ Llay – Lbrrad – Lkways - bnadm
b/ il l’a donné/corbeau/à/colombe/elle l’a
donné/colombe/à/poussins/ ils l’on donné/poussins/à/assemblée (groupe).
c/Le corbeau l’a donné à la colombe, qui l’a donné aux poussins,
ceux-ci l’ont donné au groupe.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

d/ L’ustensile ou l’on fait bouillir l’eau devient tout noire à


l’extérieure, c’est « le corbeau » qui verse l’eau à la théière blanche « la
colombe », celle-ci verse le thé dans les verres (« les poussins »), pour le
servir au groupe.

59. a/ Mk ddan sLqblt rarin imawn s aza γ ar is ddan s azaγ ar


rarin imawn s Lqblt - ikurbin Lblxt
b/ si/ ils sont parties/vers/levant/ils
retournent/bouches/vers/couchant/si ils sont partis/vers/couchant/Ils
retournent/bouches/vers/levant.
c/S’ils vont orientés vers le levant, ils dirigent leurs ouvertures vers le
couchant, et s’ils vont vers le couchant, ils dirigent leurs ouvertures vers
le levant.

61. a/ tkka kuLLu ahanu tamz yat t γ mrt talayt / tastabt


b/ elle a traversé/tout/chambre/prend/un/coin – le balai
c/elle a traversé toute la chambre et a pris un coin
d/ quand on balaye, on prend soin de passer par toute la maison et on
pose le balai dans un coin quand il est hors service.

62. a/ aly a ε icha ks d ayin : Lmzbrt


b/ monte/Ô Aicha/enlève/vers ici/ça – la hache.
c/Aicha monte et enlève ceci !
d/ généralement, quand on coupe les branches d’un arbre ou d’un
palmier, surtout quand les branches sont très hautes, on emploi la hache
et puisqu’on tend la main en haut, c’est comme si on parle à la hache
désignée par Aicha.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

IV- L’homme et son environnement :

63. a/ tamttut issLan aryaz : anzar d tafuyt


b/ femme/faisant pleurer/homme – pluie et soleil
c/une femme qui fait pleurer un homme
d/ en amazighe, la pluie est un non masculin (anzar) et le soleil
féminin (tafuyt). La devinette évoque l’image du soleil qui s’en va et la
pluie qui le remplace représentant le départ de la femme (le soleil –
tafuyt) et le chagrin de son mari ou son amant (la pluie qui pleure).

64. a/ ar iγ zif allig iwhL Ur ilkim agwžim i wγ yuL


b/ il devient long/jusqu’à se fatiguer/ne pas/atteint/queue/à/âne –
abrid (aγaras)
c/Sa longueur est infinie mais il ne peut pas atteindre la queue d’un
âne. La route (chemin).
d/ tout ce qui est long d’ordinaire, l’est verticalement sauf le chemin
qui s’étend à l’infini mais horizontalement, c’est pourquoi il ne peut
même pas toucher la queue d’un tel animal.

65. a/ iγ zzif tagrt tzuknnit : abrid/aγ aras


b/ il est long mais le thym le dépasse en longueur – chemin
c/Le thym (azuknni) pousse parfois des deux côtés du chemin c’est
une plante avec une bonne odeur et a toujours de petite taille
contrairement au chemin qui s’étend à l’infini mais seulement
verticalement.

66. a/ a tazuγ i ns atamLLi ns mr da y twatsa : afa


b/ Ô/ rougeur/de lui/Ô/ blancheur/de lui/si da/il se mange.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

c/Comme il est beau avec sa rougeur et sa blancheur si seulement il


se mange.
d/ quand on allume le feu et qu’il a bien pris, on constate qu’il est
fait d’un mélange de couleurs où dominent le rouge et le blanc. Aussi
cette couleur dorée de ce feu ressemble à celle d’une galette du pain ou à
toute autre chose délicieuse et savoureuse.
67- a / tggufi LΣLu ar Tsγ rut - Tggarit
b/ elle est monté / Couloir / elle pousse des youx-youx- balle.
c/ elle long le couloir en poussant des youxyoux .
d/ Ce couloir est le canon d’un fusil, Ce youxyoux est le bruit et le
sifflement provoqué par la balle quand elle est propulsée en dehors de la
cartouche . La devinette évoque la conception de l’homme pour la guerre
autre fois.

68- a / Kkand a zya kkind azyin mrd i╚dawn n ini - i issan


b / ils sont passés / vers ici / côté / ils sont passés /vers ’autre /
côté /si / ennemis ils tuerait / me - trous
c / Ils sont venus de tous les cotes si c’était de ennemis ils une
tueraient.
d /"Kkand "référent aux trous laissés par les moules à pisé dans les
mûres des habitations anciennes. Parce qu’il sont partout dans les mûres
ils ressemblent aux ennemis.

69-a / Bis bis irddeln iΣrrimn - its


b/ Bis / Bis /qui fait tomber / Jeunes - Sommeil
c/ Bis Bis faisant tomber les jeunes.
d/ Bis Bis fait partie du langage enfantin, c’est tout ce qui est léger, ou
encore interjection pour appeler un chat. Mais ici c’est les cajolement et
les caresses avec lesquels on entoure un petit enfant pour L’endormir.
Alors on lui le caresse doucement et tendrement..

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

70-a / indw i waman ur immiγ - amalu


b/ il a traversé / eau / ne pas / c’est mouillé - l’ombre
c/ il traverse l’eau sans se mouiller.
d / L’ombre est perçu comme phénomène et élément de la nature qui
traverse la terre et l’eau sans se casser ni se mouiller.

71. a/ sin igLman zuytnin : : ignna d wakaL


b/ deux/surfaces/égaux – terre et ciel
d/ en fait « aglim » (plus igLman) est un tapis fait de la peau des
animaux, les familles berbères y conserve la farine quand on prépare le
pain ou quand on fait le moule à main, la farine fait la chute du moule à
« aglim », Alors la devinette y fait allusion pour décrire le ciel et la terre.
72. a/ tisist n tbε usin ur itn aLn - ignna d itran
b/ plateau/de/dattes/ne pas/vidé (se vide)-ciel/étoiles
c/plateau de dattes qui ne se vide pas
d/ le ciel vu son immensité est comparé à un plateau plein de dattes
que représente les étoiles.

73. a/ asrdun n wammas n γ yaL – ayyur d itran


b/ mulet/de/milieu/de/ânes – la lune et les étoiles.
c/un mulet au milieu des ânes
d/ dans le ciel, la lune paraît immense et grande au milieu d’un
nombre infini des petites étoiles.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

74. a/ abud win wakaL ammas win Lbhaym ixF win bnadm - imndi
b/ fond/celui de/terre/milieu/celui de/bêtes/tête/celui de/être humain
– blé.
c/le bas revient à la terre, le milieu aux animaux et le haut aux
humains.
d/ il s’agit du blé avant la moisson. La racine reste dans le sol, la tige
transformée en paille est donnée aux animaux, et le grain appartient à
l’homme.

76. a/ turu tn tsik Lkttan grasn - tarrmmant


b/ elle a mis au monde/ les /elle a passé/tissu/entre eux/- grenade
c/elle les mit au monde et les isola d’un voile- la grenade.
d/ dans une grenade, il y a une membrane qui sépare les
compartiments des grains.

77. a/ iγ rem war immi - taglayt


b/ château/sans/portières (porte) – l’œuf
c/château (iγrem) est un quartier ancien avec des petites maisons
entrecroisées et entourées d’un mur vaste et long pour se protéger des
ennemis à l’époque de dissidence. Ce château n’a qu’une seule porte
surveillée par un concierge comparé à l’œuf, construite avec soin,
l’homme y voit une sorte de magie mais aussi la grandeur de Dieu
puisque toute une vie est enfermée dedans, le cas de iγrm où habitant
plusieurs familles.

78. a/ aLžig n wammas n utfL - awraγ n tgLayt


b/ fleur/de/milieu/de/neige - jaune de l’œuf
c/une fleur au milieu de la neige
d/ l’œuf et toute blanche à l’extérieur et à un nœud jaune évoquant

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

une fleur jaune dans la neige.

79. a/ taddart nγ ittubnan s wuttub awraγ


b/ maison/de nous/construite/avec/brique/jaune
c/notre maison construite avec brique jaune
d/ les grains de mais en haut de la tige dans les champs ressemblent
à une maison construite soigneusement avec du brique jaune.

80. a/ tkka ignna s T šimmut tafruxt n tiyni


b/ traîne/ciel/avec/affaires - palmier
c/elle traîne le ciel avec ses affaires
d/ Le palmier devient de plus en plus long, les dattes et les branches
à l’extrémité. tišimmut est toutes les affaires rangées et attachées souvent
au dos, ici c’est tout le sommet du palmier.

81. a/ Anus nnig wanu ku anu s tsmdlt nns a anim


b/ puits/sur/puits/chaque/puits/avec/couvercle/de lui - Roseau
c/un puis sur un autre, chacun est fermé sur l’autre.
d/ le roseau est formé des compartiments fermées les un sur les
autres prenant la forme d’un puits parce qu’elles sont vides à l’intérieur et
ressemblent aux tiges, au tubes et aux puits.

VI/ Le monde des animaux :

82. a/ hat manzat - agdid


b/ voici le/où le/ - L’oiseau
c/Le voilà, où est le ?

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d/ Ce segment de phrase (affirmation/négation) décrit la rapidité avec


laquelle apparaît (hat) et disparaît (manzat) l’oiseau d’un endroit à l’autre.

83. a/ tbburda ur tgni - tafuLLust


b/ elle est bourrée/ne pas/elle est/cousue - poule.
c/elle est bourrée mais non cousue
d/ La forme de la poule avec ses plumes est comparée à un cousin
(forme ronde), mais la poule n’est pas cousue à l’intérieur par ce qu’elle
bouge ses plumes.

84. a/ ar ittuddan Ur da ytzaLLa - afuLLus


b/ ar/il appelle à la prière/ne pas/da/fait sa prière
c/il appelle à la prière mas ne prie pas.
d/ Le chant du coq à l’aube évoque l’appel à la prière, car il survient
en même temps que celui de muezzin. Pour se faire, le coq est toujours
présent dans la maison paysanne.

85. a/ ag tγ rušt ag trust waLu mas iwt bba mma- tiskawin n tiγ tn
b/ que/bâtons/que/bâtons/pas /de quoi/frapper/papa/maman
c/que de bâtons ! pourtant il n’y a pas de quoi papa peut frapper
maman
d/ pour faire allusion aux cornes de chèvres nombreuses, on évoque
les conflits de la femme et de l’homme dans le foyer familial.

86. a/ mayd izwarn idd ta mid ta - tafullust tglayt


b/ qui est/premier/est-ce/celle la/ou/celle-ci- la poule et l’œuf
c/qui est la première est-ce celle là ou celle-ci.
d/ devinette sous forme de questions, il s’agit de l’histoire, connue un
peu partout dans le monde, de la poule et l’œuf : qui a mis au monde
l’autre et qui parmi les deux, à été crée la première, mais cela reste

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

toujours une énigme, et il suffit de répondre à la devinette avec les deux.

87. a/ nttša tarukut ngr s trwayt - iLiwy, axdiL


b/ nous avons mangé/marmite/nous avons jeté/avec/tarwayt/ -
estomac ventre de l’animal
c/nous avons mangé la marmite (ustensile) et jeté tarwayt.
d/ généralement, quand on tue une bête (comestible), on l’écorche, le
ventre de la bête et vidé et nettoyé (on jette son contenu) puis on le fait
cuir et on le mange. Le ventre de la bête est comparé à une marmite, ce
contenu à tarwayt qui est une sorte de repas que préparent les familles
berbères, constitué de bouillie de grains de maïs ou de blé écrasé (ibrin)
que l’on mange avec du lait. Alors le ventre (l’estomac) de la bête est une
marmite ou il y a tarwayt, on jette celle-ci et on mange la marmite.

88. a/ turw mm idarn tar idarn , tarw tar idarn mm idarn -


tafuLLst d tgLayt
b/ elle amis bas/celle à/pieds/celle sans/pieds/elle a mis bas/celle
sans/pieds/celle à pied – la poule et l’œuf
c/Celle qui a des pattes a donné naissance à celle qui n’en a pas ; celle
qui n’a pas de pattes a donné naissance à celle qui en a.
d/ la poule possède des pattes, elle met au monde l’œuf qui n’a pas
de pattes, celle-ci à son tour met au monde la poule.

89.a/imman d iyidar ar iznza tiflflt -iγ irdm


b./il traine/avec /mûres/ ar/ vend/ piment -scorpions
c/traînant le long du mûr,ilvend des piments.
d/le scorpion émet des piqûres dangereuses et il est comparé aux
piments qui sont amères

90. a/ i γ rm n Lzir Ur da titkka xs ismaxan bu yrwyayn

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

b/ château/de/plâtre/ne pas/da/le/fréquente/que/nègre
c/un château de plâtre, seuls les nègres le fréquentent – gros intestins
de la bête.
d/ quand on tue la bête, généralement le mouton, et on nettoie ses
intestins on remarque les ordures sous formes de petite boules noires (iγ
yayn) qui circulent dans ce couloir (Lε Lu) blanc quand on y jette de
l’eau pour les en débarrasser

91. a/ tka rbε a i yignna, tk rbε a ibabns - tafunast


a b/
elldonné/quatre/à/ciel/donne/quatre/à/terre/donné/quatre/à/propriétaire
c/ elle a donné quatre à ciel, quatre à la terre et quatre à son
propriétaire
d/ La vache lève les deux cornes et les deux oreilles vers le ciel, ces
quatres pattes posées par terre, et les quatres mamelles données à
l’homme pour en retirer du lait.

92. a/ tkka Luda, tkka ε ari tawid Lxir ibabns - tizwa


b/ elle est passée par /plaine/elle est passée
par/montagne/ramené/fortune/à/ propriétaire. –l’ abeille

93. a/ da imggr ggakaL ar isrwat ggnna aL m


b/ da/il basse/à/terre/ar/il dépique/à/ciel - chameau
c/ il brasse à la terre et dépique au ciel
d/ Le chameau arrache l’herbe à la terre et lève le coup et la tête vers
le ciel ou il le dévore peu à peu, par contre certains autres animaux
arrachent l’herbe et le mangent tout en restant, la tête inclinée.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

BIBLIOGRAPHIE

- AMAHANE Ali, « Les mutations sociales dans le Haut-Atals


Ghoujdama » édition la porte Rabat 1998.
- Bentollila Fernand : « Devinettes berbères » Collection nationale de la
langue Française, Paris, 1986
- BERTRAND. A : « Tribus berbères du Haut Atlas » édita Lazarus
suisse 1977.
- BERYRON. M : « Encyclopédie bérbère » Tome XV, édi Sud Aix-en
province 1995.
- BOUKOUS Ahmed : « Société, langues et cultures populaires au
Maroc : enjeux symboliques » Publication de la faculté des lettres –
Rabat 1995.
- LAOUST. E : « Noms et cérémonies des eux de joie chez les berbères
du Haut et l’Anti-Atlas, ESPERIS V1 EDARAF 1921.
- LEGUIL Alphonse : « Contes berbères de l’Atlas du Marrakech »
HARMATTAN, Paris 1988.
- TASSADIT Yassine : « Les voleurs du feu : éléments d’une
anthropologie culturelle de l’Algérie » édition la découverte awal,
série-anthropologie, Paris 1993.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

PROCTOCOLE DE TRANSCRIPTION

API Symboles exemples


Alphabet phonétique international utilisés

Consonnes
b b Bnadm (l’homme)
f f AFa(le feu)
m m Amalu (l’ombre)
n n TaLnin (les yeux)
t t Tamttut (la femme)
d d Tudrt (la vie)
s s TisLit (l’épouse)
k k Takat (la famille)
z z Azemz(le temps)
s tassmεt(la bougie)
g g ign(il dort)
x x taxamt (la tente)
q q iqqs(il a piqué)
z z aldzig(la fleur)
ε ε aεrrim (adulte)
γ γ a anim (le roseau)
r abrid (le chemin)

Semi-voyelles(glide)
j y Ayyur (la lune)
w w Awal(la parole)
Les voyelles Imi (la bouche)
i i Aman(l’eau)
u U Urti(jardin)
e Fe (sort)

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Remarque :

- La gémination consonantique st marquée par le dédoublement de la


consonne : bb/fft/ww/… pour la consonne d elle devient /tt/ et devient
/qq/.
- Les consonnes emphatiques sont : t, d, s, z, ž
- Les consonnes labiovélaires sont : Kw, gw, qw , Xw

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

LISTE DES ABREVIATIONS

Adj Adjectif
Suj Sujet
N Nom
Subst Substantif
C.N Complément du nom
Compt.d’acc Complément d’accompagnement
V Verbe
C.O.D Complément d’objet direct
Det Déterminant
Sp Syntagme prépositionnel
SN Syntagme nominal
Mod Modificateur

A mes chers parents qui m’ont

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

impliqué la morale, et m’ont enseigné à


aimer ma culture mère.
A mes infatigables frères que j’aime
tant qui m’ont été d’un soutien matériel
et moral pour financer mes études :
Lahcen – Mohamed
A un estimable oncle AOUAM Moha
qui m’a beaucoup motivé et encouragé
depuis le premier jour à l’école.
A tous les camarades et amis avec
qui on a partagé en commun les
meilleures et les pires moments du
parcours universitaires : Lahcen OUDDA,
M’hamed, Khalid, Lhou, Hasan,
Cherkaoui, Brahim ben amar…
A Mon cousin et ami d’enfance
OUARICH Mohamed.
A tout ceux-ci je dédie les fruits de
ce modeste travail.en leur témoignant
de mon humble respect.

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DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

J e tiens à remercier vivement mon professeur et


encadrant Monsieur El Mehdi IAZZI pour ses
conseils et orientations qui m’ont été chers pour la
documentation qu’il a mise à ma disposition pour
mener à bien ce travail et pour ce qu’il nous a initié
à une carrière de recherche scientifique et du
discours scientifique qu’il trouve ici l’expression de
ma reconnaissance, ma gratitude et mon profond
respect.

78
DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

Protocole de transcription
Liste des abréviations
Dédicace
Remerciements
Introduction 1

Premier chapitre : Préliminaires méthodologiques

I-Cadre socioculturel
1.situation géographique 4
2.Organisqation sociale
5
3.Elements anthropologiques 8
3.1.La nourriture
9
3.2.Habits et parures 10
3.3.Les fêtes rituelles et agraires 13
3.4.Le mariage et le statut de la femme
14
II-La littérature Amazighe : une riche traditionnelle orale
1.La poésie 19
2.La prose 20
a-Le conte
20
b-Le proverbe

79
DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002

21
c-La devinette 22

Deuxième chapitre : Analyse du corpus

I-Approche structurelle
1.Disposition de la phrase 25
2.Stratégies d’identification de l’individu
faisant l’objet de la devinette 39

I- approche thématique
1.Le réel 42
2. L’imaginaire 43
Conclusion
45
Corpus 48
Bibliographie 77

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