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ET QUALITÉ DU PORTEFEUILLE
: DES IMF
QUELLE LOGIQUE
PRUDENTIELLE POUR EN
? ASSURER LA VIABILITÉ
Directeur de recherche:
Léonard AGBOTON Auditeur-Contrôleur de
Risque , provisionnement et qualité du portefeuille de IMF
3/116
Gestion
Professeur de Techniques Comptables et
Financières
DÉDICACES :
REMERCIEMENTS :
SIGLES ET ABREVIATIONS :
RISQUE,
PROVISIONNEMENT ET QUALITÉ DU
: PORTEFEUILLE DES IMF
QUELLE LOGIQUE PRUDENTTIELLE POUR EN ASSURER LA
? VIABILITÉ
Introduction
Problématique du mémoire
l’étude
spécifiques
Contexte de recherche
général et spécifique de
Définition et analyse
Objectifs du et
général problème
Méthodologie de l’étude
mémoire
méthodologie de l’étude
retenues
Questions dedu
Délimitation recherche
sujet et et intérêt du
Solutions possibles et solutions
Présentation du thème
Les problèmes des Institutions de Micro finance est de pouvoir pérenniser l’octroi des crédits.Le
non remboursement menace ainsi leur viabilité et leur fiabilité. Aussi doivent- elles faire preuve
en permanence de prudence pour pouvoir assurer la continuité de leur exploitation.
Le présent mémoire de recherches appliquées étudie de façon spécifique, comment une Institution
de Micro finance peut se prévenir le risque en interne.
Première partie
Ces innovations méthodologiques peuvent toutefois être sources de problèmes pour des auditeurs
habitués à l'examen de banques traditionnelles. Certaines techniques qui fonctionnent bien pour
l'audit de banques classiques se révèlent inadaptées aux institutions de microfinance, surtout en ce
qui concerne l'analyse du portefeuille.
La méthodologie de crédit des banques traditionnelles, surtout dans les pays pauvres, se fonde en
général sur les actifs, et repose largement sur le gage et autres garanties matérielles pour assurer le
remboursement. À l'opposé, en microfinance, les méthodologies de crédit qui fonctionnent
reposent, pour leur part, davantage sur le profil individuel : l'évaluation des crédits est centrée sur
la volonté et la capacité des clients à rembourser, plus que sur les actifs pouvant être saisis en cas
de non-remboursement. Même si certaines institutions de microfinance prennent des garanties
matérielles en dépôt, ces dernières constituent rarement le fondement de leurs décisions d'octroi de
prêt.
Cette approche centrée sur le profil individuel peut se mettre en pratique de plusieurs manières.
Presque toutes les institutions de microfinance font des crédits de montants progressifs. Le premier
crédit accordé est de faible montant, afin de minimiser le risque. Le remboursement régulier par le
client des premiers crédits est aux yeux de l'institution une garantie suffisante pour augmenter le
montant des crédits suivants. La motivation des clients à rembourser correctement repose
essentiellement sur un contrat implicite d'accès à des services futurs : autrement dit, les clients
prévoient une relation durable avec l'institution, qui leur donne non seulement l'assurance d'un
accès aux crédits futurs, mais aussi celle de délais rapides (à cet égard, la microfinance présente
des similitudes avec le système des cartes de crédit).
Pour renforcer la motivation à rembourser, les meilleures institutions adoptent une attitude très
stricte à l'égard des impayés ; elles font passer un messag e fort aux clients, indiquant que le non-
remboursement entraînera non seulement l'interdiction d'accéder à des crédits ultérieurs, mais aussi
de multiples embarras et difficultés liés à des mesures de recouvrement énergiques. Pour ceux qui
ne sont pas familiers de la microfinance, les mesures de recouvrement appliquées par les
meilleures institutions de microfinance peuvent paraître extrêmes, dans la mesure où elles peuvent
aller jusqu'au harcèlement des clients en retard. Mais dans la plupart des pays, cette extrême
rigueur s'est avérée nécessaire pour maintenir le respect des engagements contractuels et
pérenniser des services à un type de clientèle risquée. Les institutions de microfinance en bonne
santé communiquent ce message avant même que leurs clients présentent des problèmes de
remboursement.
Cette motivation forte à rembourser permet aux institutions de microfinance en bonne santé de
maintenir de faibles taux de non-remboursement. Dans le même temps, la nature de cette
motivation, de même que l'absence de garanties matérielles, rendent les institutions de
microfinance particulièrement sensibles à des crises de non-remboursement, lorsque la confiance
des clients dans le renouvellement des crédits est remise en cause. Par exemple, un retard non
prévu dans l'accès aux fonds des bailleurs, peut retarder l'octroi de crédits par une institution
de microfinance, et entraîner de ce fait des problèmes de non-remboursement.
Dans de nombreux programmes, la motivation à rembourser dépend aussi en partie de la pression
sociale. Quand les clients découvrent que d'autres n'ont pas remboursé leurs prêts, ils sont moins
disposés à rembourser le leur. Non seulement ils ressentent moins de pression sociale pour
rembourser, mais les problèmes de recouvrement de l'institution réduisent également leur
confiance dans la possibilité d'accéder à de nouveaux prêts, qu'ils remboursent ou non celui en
cours.
En l'absence d'une réponse immédiate et très stricte de la part de l'institution de micro finance, les
problèmes d'impayés peuvent très vite devenir incontrôlables, et ce beaucoup plus rapidement dans
le cas d'une institution de microfinance que dans celui d'une banque commerciale normale.
Tous ces facteurs rendent cruciales pour la viabilité d'une institution de micro finance, une
information et une gestion rapides et fiables des retards. Toutes les institutions de micro finance ne
sont pas compétentes dans ce domaine. En réalité, les impayés sont de loin la première cause de
faillite des institutions. L'information sur les impayés destinée aux personnes extérieures est
souvent erronée, parfois par mégarde et parfois délibérément. Plus important, les systèmes
d'information internes peuvent laisser les dirigeants des institutions dans l'ignorance, jusqu'à ce que
le problème des impayés devienne incontrôlable. C'est pourquoi les auditeurs d'institutions de
microfinance doivent accorder une attention particulière aux politiques, aux pratiques, et aux
systèmes de gestion et d'information sur les impayés.
La plupart des institutions de microfinance pratiquent, sous une forme ou sous une autre, le crédit
aux groupes. Le modèle le plus répandu exige des clients qu'ils forment eux-mêmes de petits
groupes solidaires, constitués généralement de quatre à six membres, qui sont voisins, ou qui
exercent des métiers dans le même quartier ou dans le même secteur d'activité. Puisque les
membres du groupe doi vent se porter garants les uns des autres, ce système de sélection mutuelle
Ici encore, le groupe peut aider à détecter les risques d'impayés, et à renforcer la discipline de
remboursement. Il existe de nombreux modèles de groupes de crédit solidaire. La plupart de ces
modèles impliquent des relations moins étroites entre les emprunteurs et les agents de crédit que
dans les programmes individuels, ce qui permet d'ailleurs aux agents de gérer un nombre plus
important de clients. Dans la méthodologie de crédit aux groupes, et plus particulièrement dans le
cas de groupes de grande taille, les agents de crédit ont tendance à mener une analyse minimale des
caractéristiques individuelles du client ou de son activité. Cette analyse est plutôt implici-
tement déléguée aux autres membres du groupe, qui ont une connaissance les uns des autres plus
complète que ne peut l'être celle des agents de crédit.
Certaines institutions de microfinance combinent des modèles de crédit aux groupes et des
modèles de crédits individuels. Ils offrent des crédits de groupe aux clients nouveaux et ayant
besoin de faibles sommes, et des crédits individuels aux anciens clients ayant besoin de prêts plus
importants.
Tous les modèles de microcrédit modernes reposent sur l'évaluation du risque individuel. Tous les
modèles à succès ont développé des procédures simples et décentralisées pour maintenir de faibles
coûts, aspect essentiel pour des institutions qui doivent gérer de nombreux crédits de très faible
montant. Lorsque les auditeurs examinent les techniques de microcrédit pour la première fois, ils
sont souvent surpris par l'apparence informelle des procédures de contrôle interne. La do-
cumentation sur les prêts est extrêmement simple. Les documents sur les garanties matérielles et
autres garanties ont souvent une valeur plus symbolique que réelle.
L'analyse financière de l'activité du client est souvent rudimentaire, peu documentée, voire
inexistante. Les décisions d'octroi de crédits sont prises aux niveaux inférieurs de la hiérarchie, et
c'est souvent le même agent de crédit qui accorde les crédits et qui a la responsabilité de collecter
les remboursements. Ces pratiques sont essentielles pour garantir l'efficacité d'une institution de
microfinance, même si certaines d'entre elles créent des risques potentiels. Les procédures d'octroi
de crédits des institutions de microfinance sont ainsi très différentes de celles des banques. Si les
procédures et les contrôles des banques classiques étaient imposés sans distinction aux institutions
de microfinance, les coûts induits atteindraient un niveau inconciliable avec leur activité. La
qualité du portefeuille des crédits diminuerait au lieu de s'améliorer, car une procédure d'octroi de
crédit trop lourde rend le service beaucoup moins attrayant aux yeux des clients, réduisant leur
motivation à rembourser.
Les ONG non financières qui ajoutent le microcrédit à leur activité réalisent souvent que, en raison
de la demande et d'autres facteurs, le service financier tend à prendre le dessus sur les autres
services. Ces ONG peuvent alors décider d'abandonner leurs services non financiers, ou
d'organiser leurs activités financières au sein d'une entité distincte.
Ces dernières années, certaines ONG de microfinance ont atteint un niveau d'efficacité et de
rentabilité suffisant pour regrouper toutes ou partie de leurs activités dans une institution financière
agréée et spécialisée en microfinance. Cette institution agréée prend souvent la forme d'une société
commerciale à but lucratif. Malgré cela, cette société commerciale agréée conserve sa motivation
sociale, et il est rare que des investisseurs privés engagent une partie importante de leurs ressources
personnelles dans ses fonds propres. Cette absence de proportion sgnificative de capitaux privés à
but lucratif a des conséquences sur la gouvernance d'une institution de microfinance, qui seront
abordées plus loin.
Certaines coopératives d'épargne et de crédit offrent aussi des services de microfinance. Comme
les autres institutions de microfinance, de nombreuses coopératives ont été établies par des groupes
avec des visées sociales, pour servir des individus ayant un accès limité au secteur financier
formel. Dans les pays pauvres, les clients des coopératives de crédit appartiennent généralement à
la petite classe moyenne, mais certains sont plus pauvres. Certaines coopératives financent leurs
activités par un capital provenant de leurs propres ressources : les crédits sont financés par
l'épargne des membres plutôt que par des sources extérieures. D'autres coopératives empruntent
des fonds à des prêteurs de second rang ou à des bailleurs, afin d'augmenter leurs fonds d'épargne
mobilisée. Elles sont, à la différence des
ONG, la propriété de leurs membres. Chaque membre dispose d'une voix pour l'élection des
membres du conseil d'administration. Les coopératives d'épargne et de crédit sont généralement
agréées par un organisme gouvernemental. Dans les pays pauvres, cet organisme est généralement
responsable de toutes les coopératives, la plupart étant des coopératives de production ou de
commercialisation.
Cet organe de supervision n'a pratiquement jamais de capacité réelle de contrôle financier.
Toutefois, plusieurs pays ont placé les coopératives d'épargne et de cré dit sous l'autorité de
l'organe de contrôle bancaire.
Certaines mutuelles d'épargne et de crédit comptent aussi des clients de la microfinance parmi
leurs membres. Ces mutuelles sont la propriété de leurs épargnants, et sont souvent supervisées par
des autorités financières gouvernementales ; mais cette supervision n'est pas toujours efficace.
La majorité des institutions de microfinance ont en commun le fait que leur structure de
gouvernance n'est pas dominée par des investisseurs ayant engagé des montants importants de
capital privé à risque. Le conseil d'administration des institutions de microfinance peut comprendre
des entrepreneurs expérimentés, mais leur motivation est généralement plus philanthropique que
commerciale.
Contrairement à ceux des entreprises privées, motivés par la maximisation du profit, les conseils
d'administration des institutions de microfinance sont moins attentifs à la rigueur des procédures de
contrôle interne, à l'efficacité des systèmes d'information de gestion, et aux performances
financières. Dans la pratique, de nombreux conseils d'administration d'institutions de microfinance
délèguent la plupart de leurs responsabilités à la direction. Les auditeurs doivent donc considé-
rer cette éventualité et ses conséquences, lorsqu'ils sont amenés à évaluer le risque d'engagement.
Parce qu'elles ne possèdent pas de capital à risque, et comptent peu d'actionnaires à la recherche
d'une maximisation du profit, la plupart des institutions de microfinance ne produisent pas le type
d'états financiers qui est habituel dans le secteur commercial. Dans la majorité des cas, elles
produisent des états financiers audités uniquement pour satisfaire aux exigences des
gouvernements et bailleurs de fonds. Trop de bailleurs se préoccupent du contrôle de l'affectation
de leurs fonds et du respect des termes du contrat passé avec l'institution, au lieu de s'intéresser à la
pérennité et aux performances financières de l'institution. Généralement, les institutions de
microfinance considèrent les états financiers audités comme une exigence formelle à satisfaire le
plus rapidement et avec le moins d'effort possible, au lieu de les considérer comme de véritables
outils de gestion et de contrôle interne.
En conséquence, les principes comptables et les états financiers des institutions de microfinance ne
sont fréquemment pas conformes aux normes généralement reconnues. En fait, beaucoup
d'institutions de microfinance ne produisent même pas d'états financiers annuels. D'autres font
appel à un auditeur pour produire ces états destinés à une utilisation externe. Un des premiers défis
posés à la plupart des auditeurs d'institutions de microfinance est de comprendre les méthodes et
principes comptables appliqués aux différents comptes. Ceux-ci ne sont généralement pas
appliqués de façon uniforme d'un compte à l'autre. Les institutions de microfinance enregistrent
souvent les produits selon les principes De comptabilité de caisse et les charges selon les principes
de comptabilité d'enga gement
. Ils passent des crédits en perte de manière sporadique. Leur politique de provisionnement pour
créances douteuses, lorsqu'elle existe, n'est pas toujours fondée sur une analyse raisonnée du profil
de risque de leur portefeuille.
Les charges sont souvent classées en fonction des accords avec le bailleur, plutôt que d'être
Dans une agence décentralisée, le nombre généralement réduit d'employés peut limiter le degré de
séparation des tâches. Par ailleurs, il n'est pas toujours facile d'équiper ces agences en ordinateurs
et de les connecter au siège. Les employés des agences n'ont, par conséquent, pas accès aux
systèmes informatiques de gestion comptable et de suivi du portefeuille, et sont obligés d'effectuer
les opérations manuellement. De telles limitations compliquent l'élaboration de contrôles internes.
Plusieurs autres facteurs ont un impact sur les contrôles internes :
afin de pouvoir gérer de petites opérations de manière efficace, les institutions de microfinance
subissent d'énormes pressions pour réduire leurs coûts, et ce parfois au détriment de contrôles
internes efficaces, de systèmes d'information de gestion appropriés, et d'une supervision générale
suffisante de l'institution ;
la plupart des dirigeants des institutions de microfinance ont été davantage formés en sciences
sociales qu'en gestion de l'entreprise. Avant qu'ils ne s'engagent dans la microfinance, ces
dirigeants ont le plus souvent accumulé une expérience dans des projets à caractère social, plus que
dans des institutions financières. Leur passé professionnel ne les a donc pas toujours sensibilisés à
la nécessité des contrôles internes, ou de la gestion financière et de suivi de l'information
financière ;
beaucoup d'institutions de microfinance ont connu une croissance rapide, de telle sorte que les
systèmes et les contrôles ont rapidement atteint leurs limites.
Les auditeurs doivent être conscients de cette dynamique lorsqu'ils auditent des institutions de
microfinance se développant rapidement.
Mais la non-conformité aux normes utilisées par l'auditeur pour son évaluation n'est pas la
principale source de fraude et de risque de portefeuille dans les activités de microfinance. Même
lorsque les auditeurs se sont dûment assurés que les emprunteurs ont signé leur contrat de prêt, que
les remboursements ont été enregistrés, et que tous les documents sont en ordre, la fraude peut
rester indétectée.
Les sources principales de fraude dans les activités de microcrédit sont les prêts fantômes, les pots
de vin et autres manœuvres de corruption, et le non-enregistrement des remboursements effectués
par les clients. Ces risques sont accrus dans le cas de politiques de refinancement inappropriées.
L'examen des documents ne permet pas toujours de détecter ce type de manœuvres frauduleuses.
Pour illustrer ce point, prenons l'exemple des prêts fantômes. Un agent de crédit corrompu peut
accorder des prêts à une entreprise fictive, à une entreprise qui sert de « couverture » ou à des
emprunteurs qui offrent des pots de vin substantiels (sans doute dans l'espoir que le recouvrement
ne sera pas rigoureusement appliqué). Dans tous ces cas, l'agent de crédit détourne à son profit une
part importante du flux de trésorerie. Cette pratique peut continuer ainsi, au fur et à mesure que les
agents de crédit génèrent une pyramide de nouveaux prêts fantômes afin de rembourser les
anciens, et aboutir finalement à un château de cartes. Les dettes accumulées peuvent, au bout du
compte, devenir tellement importantes qu'il devient impossible pour l'agent de crédit de manipuler
les remboursements, et la fraude finit par être détectée à cause des impayés.
Il est difficile de détecter la fraude car l'agent de crédit est le seul responsable de la mise en place
et du suivi des crédits, tant que les retards des remboursements n'atteignent pas une proportion telle
qu'une autre personne prenne le relais. Ceci peut prendre des semaines, voire des mois si
l'organisation est laxiste sur les conditions de remboursement. Le seul moyen de distinguer un
retard ordinaire d'un retard frauduleux est d'envoyer une personne autre que l'agent de crédit chez
le client. À ce stade, la pression exercée sur le client pour le remboursement peut permettre de
révéler la véritable nature frauduleuse du prêt. La personne qui effectue cette démarche doit avoir
les mêmes compétences que l'agent de crédit en matière de gestion de la clientèle.
Les procédures d'audit traditionnelles, externes ou internes, parviennent rarement à détecter ce type
de fraude, parce qu'elles ne prévoient pas de visites auxclients. Ces procédures tendent à se
focaliser sur les contrats de prêt et les remboursements en numéraire. Tant que les prêts fantômes
sont remboursés, il n'y a aucune trace de la fraude, alors même que le montant réel de la dette
irrécouvrable augmente. Lorsque les remboursements commencent à prendre du retard,c'est au
même agent de crédit, initiateur de la fraude, qu'il incombe de les réclamer (du moins dans un
premier temps). Ensuite, le dossier est transmis au service de recouvrement, mais rarement à
l'auditeur interne.
Les mesures de contrôle de la fraude mises en place au niveau opérationnel sont souvent plus
efficaces qu'une vérification ex-post par l'auditeur interne. Si les procédures opérationnelles sont
laxistes, les agents de crédit peuvent, par exemple détourner les remboursements qu'ils ont
il n'est pas normal qu'un intermédiaire financier dont le rôle, de par sa nature, est d'exercer des
activités financières, tire parti de son privilège de mobiliser des fonds du public, pour s'impliquer
directement dans des activités commerciales, industrielles, agricoles, ou de service. Outre l'abus
qui résulterait, notamment au plan éthique, d'une telle situation, l'engagement direct dans des
activités autres que financières exposerait l'institution concernée à des risques importants dans des
domaines échappant à son expertise.
mais les mutuelles ou coopératives sont, par essence, des cercles de solidarité et d'épanouissement
qui intègrent souvent, dans leur domaine de compétence, une variété d'activités au profit de leurs
membres, même si celles qui exercent dans le domaine de l'épargne et du crédit, à titre principal,
ont une vocation prioritairement financière. Le législateur, pour concilier ces deux impératifs, a
donc apporté une limite au volume des ressources susceptibles d'être consacrées aux activités non
financières et imposé l'autorisation préalable du ministre de tutelle pour l'engagement d'enveloppes
financières au delà de cette limite.
« l'autorisation du ministre est requise, conformément aux dispositions de l'article 28 de la loi,
lorsque les sommes engagées au titre des opérations prévues à l'alinéa 3 de cet article, atteignent
5% des risques de l'institution. Par risques, il faut entendre essentiellement tous les prêts consentis
et engagements par signature donnés par l'institution. »
A = montant consacré par l'institution aux opérations autres que les activités
d'épargne et de crédit
a - Principe général
Dès lors qu’une perte est probable au titre de risques de crédit, celle-ci doit être prise en compte
par l’établissement par voie de provision. Le mode de provisionnement dépend du caractère avéré
ou non encore avéré de la perte probable. Le provisionnement des pertes probables non encore
avérées ne relève pas du présent avis.
L’existence d’un risque avéré conduit au classement des encours correspondants en encours
douteux ou douteux compromis. Au titre de ces encours, l’établissement constitue les provisions
permettant de couvrir, en valeur actualisée, l’ensemble de ses pertes prévisionnelles.
Les pertes prévisionnelles sont égales à la différence entre les flux contractuels initiaux, déduction
faite des flux déjà encaissés, et les flux prévisionnels. Ces derniers sont eux-mêmes déterminés en
prenant en considération la situation financière de la contrepartie, ses perspectives économiques,
les garanties appelées ou susceptibles de l’être sous déduction des coûts liés à leur réalisation,
l’état des procédures en cours.
Les flux contractuels initiaux, déduction faite des flux déjà encaissés, et les flux prévisionnels sont
actualisés au taux effectif d’origine des encours correspondants pour les prêts à taux fixe ou au
dernier taux effectif déterminé selon les termes contractuels pour les prêts à taux variable. En
pratique, jusqu’au transfert en encours douteux compromis, les flux contractuels initiaux ainsi
actualisés sont par construction équivalents au capital restant dû augmentés des arriérés d’intérêts
et de capital (valeur comptable) ; après le transfert, ce montant ne varie qu’à raison des
encaissements effectifs. En pratique également, les flux prévisionnels ne sont actualisés que si
l’incidence de l’actualisation est significative au regard de leurs montants prudemment estimés
(compte tenu des incertitudes sur les flux eux-mêmes et sur le calendrier de perception).
Pour les encours composés de petites créances présentant des caractéristiques similaires, l’étude,
contrepartie par contrepartie, peut être remplacée par une estimation statistique des pertes
prévisionnelles. Cette estimation repose sur une base statistique permettant de valider les
provisionnements pratiqués. D’une façon générale, cette base tient compte des niveaux de pertes
historiquement constatées ainsi que des évolutions constatées ou anticipées de nature à modifier
les probabilités de pertes effectives.
Pour les encours restructurés se trouvant, du fait d’une nouvelle défaillance, classés en encours
douteux compromis, le taux d’actualisation retenu est le taux de marché en vigueur à la date de la
restructuration, l’éventuelle décote résiduelle étant intégrée dans la valeur comptable.
Le montant des provisions constituées ne saurait être inférieur aux intérêts enregistrés sur les
encours douteux et non encaissés.
Un risque est avéré dès lors qu’il est probable que l’établissement ne percevra pas tout ou partie des
sommes dues au titre des engagements souscrits par la contrepartie conformément aux dispositions
contractuelles initiales, nonobstant l’existence de garantie ou de caution. Les éléments concernés
sont identifiés soit par enregistrement comptable au sein de comptes créés à cet effet, soit au moyen
d’attributs.
Les établissements classent en encours douteux les encours et engagements présentant un risque de
crédit avéré au titre de chacune des situations suivantes :
lorsqu’il existe un ou plusieurs impayés depuis trois mois au moins (six mois pour les créances sur
des acquéreurs de logement et sur des preneurs de crédit-bail immobilier, neuf mois pour les
créances sur des collectivités locales, compte tenu des caractéristiques particulières de ces crédits).
Il ne peut être dérogé à cette règle que lorsque des circonstances particulières démontrent que les
impayés sont dus à des causes non liées à la situation du débiteur ;
lorsque la situation d’une contrepartie, à une opération de crédit ou à un engagement de hors bilan,
présente des caractéristiques telles qu’indépendamment de l’existence de tout impayé, on peut
conclure à l’existence d’un risque avéré. Il en est ainsi notamment lorsque l’établissement a
connaissance de la situation financière dégradée de sa contrepartie, se traduisant par un risque de
non recouvrement (existence de procédures d’alerte, par exemple) ; s’il existe des procédures
contentieuses entre l’établissement et sa contrepartie. Au titre des procédures contentieuses à
prendre en considération, on peut citer les procédures de surendettement, de redressement judiciaire,
règlement judiciaire, liquidation judiciaire, faillite personnelle, liquidation de biens, ainsi que les
assignations devant un tribunal international.
1.1.6 - Comptabilisation des intérêts sur encours douteux et encours douteux compromis
Les intérêts sur encours douteux sont comptabilisés conformément aux termes du contrat. Ils entrent
dans la base du calcul de la provision des pertes probables avérées.
Lors du transfert en encours douteux compromis, toute comptabilisation d’intérêt cesse en raison de
la très faible probabilité de recouvrement.
La répartition par secteurs géographiques s’effectue par pays, groupes de pays ou régions d’un
même pays de façon à donner une information pertinente en fonction de l’implantation
géographique de l’établissement. Les facteurs qui doivent être pris en compte pour identifier les
secteurs géographiques sont notamment :
les risques spécifiques associés aux activités dans une zone donnée,
A titre d’exemple, la répartition par grand type de contrepartie distingue les contreparties
suivantes : Etat, Secteur public, Secteur Interbancaire, Entreprises, Particuliers par durées
résiduelles :
La répartition par durée résiduelle distingue notamment les échéances finales à moins de trois
mois, trois mois à un an , un an à cinq ans, plus de cinq ans.
Une répartition des encours combinant deux ou plusieurs des critères évoqués ci-dessus est
fournie lorsque l’établissement estime que cette information est utile pour une meilleure
information sur son exposition au risque de crédit.
Le caractère significatif d’un segment s’apprécie d’un exercice à l’autre suivant des critères
constants.
Cette première partie qui porte sur la gestion juridique du risque et ses implications a permis
de comprendre le fonctionnement du provisionnement. Il nous a ainsi permis, les bonnes
connaissances du risque inhérent à l’activité de crédit et d’expliquer pourquoi et comment la
banque peut se protéger. La seconde partie s’attachera à l’application du provisionnement du
risque du crédit bancaire dans les institutions de micro finance, s’effectue en deux temps ;
d’abord audité le portefeuille de crédit pour découvrir les irrégularités qui seront
soumises aux approvisionnement,
puis procéder à la couverture de ses risques.
Le premier paragraphe de cette seconde partie développe le provisionnements pour créance
douteuse.
1.3. DÉFINITION ET ÉVALUATION DU CONTRÔLE INTERNE EN MATIÈRE
DE PROVISIONNEMENT DU RISQUE
1.3.1.Définition et fondement du contrôle interne des risque en matière
de provisionnement des risques de provisionnement
Le terme contrôle interne est utilisé par de nombreux groupes. Chacun lui donne une définition en
fonction de ses besoins.
Selon OEC de France (ordre des expert comptables),le contrôle interne est l’ensemble des
sécurités contribuant à la maîtrise de l’entreprise.Il a pour but d’un coté, d’assurer la protection,la
sauvegarde du patrimoine et la qualité de l’information ,de l’autre ,l’application des instructions de
la direction et de favoriser la performances.
Cette définition donne une vision statique plutôt que dynamique du contrôle interne.En réalité les
risques auxquels sont soumis les entreprises prennent diverses formes compte tenu des
changements permanents de l’environnement dans lequel elles évoluent.Il se manifeste par
l’organisation, les méthodes et procédures de chacune des activités de l’entreprise pour maintenir
la pérennité de celle-ci.
Selon la Compagnie Nationale des Commissaires aux comptes (CNCC) relatives à l’appréciation
du contrôle interne :
Le système de contrôle interne est l’ensemble des politiques et procédures (contrôles internes)
mises en œuvre par la direction d’une entité en vue d’assurer ,dans la mesure du possible,la gestion
rigoureuse et efficace de ses activités. Ces procédures impliquent le respect des politiques de
gestion,la sauvegarde des actifs ,la prévention et la détection des irrégularités et inexactitudes
,l’exactitude et l’exhaustivité des enregistrements comptables et l’établissement en temps voulu
d’informations financières ou comptables fiables.
Le système de contrôle interne s’entend au-delà des domaines liés au système comptable.
Il comprend :
l’environnement général de contrôle interne qui est l’ensemble des comportements,
degrés de sensibilisation et action de la direction concernant le système de contrôle
interne et son importance dans l’entité ;
les procédures de contrôle qui désignent les politiques et procédures définies par afin
d’atteindre les objectifs specipiques de l’entité complémentaires à l’environnement
Selon l’institut of Internal Auditors (IIA),le contrôle interne se definit comme toute action
général de contrôle interne.
entreprise par la direction pour augmenter la probabilité de réalisation des objectifs préétablis.
On comprend donc le contrôle interne est un concept large. Hormis les quelques considerations
tendancieuses qui relèvent des appartenances professionnelles qu’on lui donne,les définitions sont
complémentaires.
Face à cette tourmenté des recherches ont été initiées sur le sujet et la connue est certainement
celle initiée par le Sénateur Treadway à travers le Committee of Sponsoring
Organisation (COSO) .IL ressort de cette etude que le contrôle interne ,n’a donc aucun rapport
avec un quelconque systeme d’inspection ou de vérification,c’est la reponse à la question , “
comment faire pour maîtriser aux mieux ses activités “ .
COSO propose un certain ordre dans cet ensemble de moyens et de pratiques que chacun utilise
pour gérer ses activités et atteindre ses objectifs.
Ainsi la définition qui a ete retenue par le COSO en 1992 est la suivante :
Le contrôle interne est un processus mis en œuvre par le conseil d’administration, les dirigeants et
le personnel d’une organisation destiné à fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation
des objectifs suivants :
la réalisation et l’optimisation des opérations ;
la fiabilité des informations financières ;
la conformité aux lois et réglementations en vigueur.
De cette définition on peut retenir un certain nombre de concept qui merite qu’on s’y attarde un
peu :
le contrôle interne est désormais un processus, ce n’est pas un événement isolé ou une
circonstance unique, mais un ensemble d’actions qui se répandent à travers toutes les
activités de l’entreprise ;
le contrôle interne n’est plus une affaire de dirigeant ou seulement un ensemble de
dispositifs, il est assuré par des personnes et à tous les niveaux de la hiérarchie ;
on peut s’attendre du contrôle interne qu’une assurance raisonnable, c’est-à-dire que le
meilleur contrôle interne ne peut garantir de façon absolue l’atteinte des objectifs.
En revanche, il convient que les procédures existantes soient efficaces et garantissent une
couverture raisonnable des risques.
Bien qu’une des définitions précédentes le mentionne le mot risque, celui-ci est sous-jacent dans
chacune d’entre elles.Le risque est la notion centrale qui sert de fil conducteur à l’auditeur dans
son évaluation du contrôle interne :
Son appréciation des procédures est fonction de leur capacité de celles-ci à couvrir les risques
potentiels qui menacent les objectifs.
1.3.2. Méthodologie de contrôle interne des risque en matière de
provisionnement des risques de provisionnement
Les grandes étapes de l’évaluation du contrôle interne sont présentées dans le schéma ci-
contre .Elles comprennent :
- la prise de connaissance des procédures ;
- l’évaluation du contrôle interne ;
- l’exploitation de l’évaluation du contrôle interne.
Un développement spécifique sera consacré à l’appréciation du contrôle interne de la fonction
informatique. La démarche de l’auditeur doit également prendre en compte l’environnement
général de contrôle interne, dont la qualité conditionne directement l’efficacité des procédures
mises en place.
En generale ,la prise de connaissance doit etre formalisée dans une description permettant
d’identifier :
- les acteurs de la procedure et leur role ( services et personnes concernées) ;
- les flux physique ;
- les flux d’informations ;
- les points de contrôles.
L’objectif de l’auditeur n’est pas en soit de decrire exhaustivement la procédure etudiée.Il doit
disposer d’une bonne compréhension du fonctionnement et surtout faire ressortir les éléments clés
qui lui permettront d’en faire l’évaluation.
Les éléments cles de la procédure être définis comme ceux qui concourent à la fiabilité du contrôle
interne, ou sont au contraire constitutifs de points faibles.Ils comprennent des éléments
relativement standards, que l’on retrouve dans la majeure partie des entreprises et des éléments qui
sont la conséquence directe des risques inhérents.
Toutefois, suivant les spécificités de l’activité ou du type d’organisation existant, les
questionnaires types devront être complétés et adaptés pour tenir compte des risques spécifiques.
L’auditeur qui souhaite décrire un systeme doit prendre les précautions suivantes :
- il lui faut tout d’abord disposer d’interlocuteurs fiables ,connaissant les procédures
étudiées .L’identification des bons interlocuteurs revêt une importance cruciale .
- il doit eviter de realiser une description trop detaillée et superflue au regard de ses objectifs
.Une telle description est consommatrice de temps.Elle peut nuire à l’obtention
d’une vision suffisamment synthétique .
Une faiblesse de contrôle interne a pour conséquence un risque possible, résultant de procédures
insuffisantes pour réduire le risque potentiel à un niveau acceptable.
Les faiblesses sont prises en compte par l’auditeur directement dans l’exploitation de l’évaluation
du contrôle interne.
Un point fort correspond à une procédure existante qui, par sa présence couvre complètement ou
partiellement un risque potentiel .Il contribue par son existence à le réduire de manière
significative. Avant de pouvoir prendre en compte l’existence de ce point fort, l’auditeur doit
toutefois vérifier son fonctionnement effectif.
Tests de procédure sur point forts .Les ponts forts correspondent à des procédures sur lesquelles
l’auditeur financier s’appuie pour détenir son programme de travail.
Par définition, un point fort donne à l’auditeur une assurance raisonnable sur la couverture de
risque .Il devient par conséquent inutile pour lui mettre en œuvre certains contrôles visant à
s’assurer que envisagé ne s’est pas concrétisé. Encore faut-il pour cela que le point fort identifié
soit réel et appréhendé à son juste niveau : il en ressort la nécessité la de mettre en œuvre des tests
de permanence.
Les tests de permanence ont pour objectif de valider l’existence de points forts, et d’en mesurer
l’impact réel sur la couverture des risques. Ils permettent d’amender ou de compléter l’appréciation
du risque de non –maîtrise examiné précédemment.
Fraudes et erreurs
Le risque de fraude est un cas particulier du risque de non maîtrise. Lorsque l’auditeur externe
détecte une possibilité de fraude susceptible d’avoir une incidence potentielle sur les comptes,il
doit en tenir compte dans ses procédures d’audit.
L’auditeur légal ne peut présumer qu’une fraude ou une erreur détectée constitue un cas isolé.
Sauf preuve contraire, il doit donc en tirer toutes les conséquences dans son appréciation des
risques possibles.
La détection d’une fraude ou d’une erreur peut ainsi avoir une incidence directe sur l’évaluation
des risques dans la mesure ou elle remet en cause l’efficacité du contrôle interne .
La notion de fraude et erreur a ete introduite dans la norme lors de la mise en conformité des
normes de CNCC avec les normes Institut français de l’audit interne .Cette évolution ne
correspond pas à un changement de doctrine mais à une explicitation des moyens en mettre en
œuvre pour atteindre l’objectif de détection des irrégularités et inexactitude pouvant entraîner des
anomalies significatives dans les comptes .
Seconde partie
Application du
provisionnement du risque
du crédit dans les IMF
Un certain nombre de ces particularités sont traitées dans les volumes 1 et 2, mais les principales
peuvent être résumées ainsi : Les institutions de micro finance octroient de nombreux petits crédits
et reçoivent un nombre encore plus important de remboursements de faible montant.
De plus, les activités des institutions de micro finance sont souvent largement dispersées
géographiquement. C'est pourquoi, pour être efficaces, les institutions de micro finance ont besoin
de structures opérationnelles légères et décentralisées. Ces facteurs rendent plus délicat le maintien
de systèmes efficaces d'information et de gestion du portefeuille. La décentralisation implique qu'un
petit nombre de personnes participe au processus d'approbation, de décaissement, de suivi et de
recouvrement des crédits. Ceci peut augmenter les opportunités de fraude ou de dérives par rap-
port aux politiques fixées. La décentralisation peut également accroître le risque d'erreur ou de
manipulations frauduleuses lors du transfert de l'information des agences au siège. Pour traiter
efficacement de petites opérations, les institutions de micro finance sont obligées de réduire
fortement leurs coûts, parfois au détriment de contrôles et d'informations adéquats sur le portefeuille,
ou au détriment de la supervision des clients et agents de crédit. Les portefeuilles des institutions de
micro finance sont souvent en croissance rapide. Cette croissance exerce une pression sur les
systèmes et peut masquer des problèmes de remboursement. Un portefeuille en croissance rapide
comprend un pourcentage important de crédits en début de remboursement. Or
les problèmes d'impayés sont plus fréquents en fin de cycle de remboursement. Généralement, les
institutions de microfinance n'aiment pas faire de provisions pour créances douteuses ou passer ces
dernières en perte. Ils veulent maintenir une bonne image de l'institution aux yeux des observateurs
exté rieurs, notamment des bailleurs de fonds. Les institutions de micro finance peuvent considérer,
souvent à tort, qu'elles ne peuvent pas passer un crédit en perte sans envoyer au client et à l'agent de
crédit un message indiquant au premier qu'il peut cesser ses efforts de remboursement, et au second
qu'il peut cesser les tentatives de recouvrement. Par ailleurs, la plupart des institutions de micro
finance ne paient pas d'impôts, de sorte que le provisionnement ne
représente pas pour elles un allégement d'impôt par la réduction du revenu imposable. Pour des
raisons que l'on verra plus loin, les systèmes d'information des institutions de micro finance destinés
au suivi opérationnel des crédits sont rarement intégrés dans leurs systèmes comptables.
pas toujours très nette. L'essentiel est d'identifier les procédures appropriées à chaque institution de
microfinance, et de s'assurer qu'elles sont bien mises en œuvre, soit dans le cadre de l'audit des états
financiers, soit en tant que procédures additionnelles.
Concernant l'examen du portefeuille, il est impossible de définir un ensemble de procédures qui
convienne à toutes les institutions de microfinance. L'examen du portefeuille, plus encore que tout
autre domaine audité d'une institution de microfinance, doit être adapté aux particularités de chaque
institution de microfinance.
Dans une certaine mesure, le choix des procédures dépend des systèmes de suivi du portefeuille et
des
Parcontrôles
ailleurs, internes
l'étenduededel'institution
l'examen du deportefeuille
microfinance.Lorsque ces derniers
dépend du niveau s'avèrent
de garantie fiables,
requis par leilclient
n'est
de l'audit, niveau lui-même lié au degré de développement de l'institution de microfinance. Pour une
institution ayant une activité récente, les auditeurs peuvent tester le portefeuille avec un petit nombre
de procédures de base, prévues par les normes d'audit. À l'inverse, un investisseur privé envisageant
d'investir plusieurs millions de dollars dans une institution de microfinance importante peut engager
un cabinet d'audit externe pour « certifier » ou « attester » la qualité du portefeuille, c'est-à-dire
fournir une assurance catégorique qui s'appuie sur un examen extrêmement rigoureux et détaillé. Il
en est de même pour une institution de microfinance qui souhaite sécuriser son portefeuille pour se
refinancer sur les marchés financiers. Cependant, quasiment aucune des institutions de microfinance
existant à l'heure actuelle ne possède de systèmes de comptabilité, de suivi et de gestion des crédits
permettant à un réviseur externe de conduire les tests nécessaires à l'expression d'une telle
certification. Cela ne signifie pas que les institutions de microfinance n'ont pas de portefeuilles sains,
mais plutôt qu'elles n'ont pas les systèmes d'information et de contrôle permettant une certification
indépendante et incontestable de la qualité de leurs portefeuilles pour des investisseurs extérieurs.
Pour déterminer l'étendue de l'examen des soldes du portefeuille de crédits, les clients et les
auditeurs doivent donc prendre en compte le degré de développement de l'institution de
microfinance auditée. La typologie proposée ci-dessous peut les y aider. Cette typologie n'est que
conceptuelle : de nombreuses institutions de microfinance présentent des caractéristiques qui ne
correspondent pas exactement aux trois étapes décrites. Cependant, cette typologie fournit un cadre
d'analyse qui correspond globalement à la situation de la plupart des institutions de microfinance.
A- Phase de démarrage
À ce stade, l'institution de micro finance est de petite taille, disons moins de 3 000 clients. Elle peut
avoir trois ans d'existence, ou moins, bien que certaines institutions demeurent petites plus
longtemps. L'attention de la direction se concentre davantage sur le développement d'une
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 44/116
méthodologie de crédit adéquate que sur les systèmes d'information et de contrôle. L'institution
emploie une à deux douzaines de personnes et possède peu d'agences. Elle est suffisamment petite
pour que les dirigeants puissent s'impliquer dans ses activités et rester proches du personnel. Ainsi,
ils sont souvent en mesure d'identifier et de résoudre les problèmes sans recourir à des systèmes
formels complexes. La mise en place de systèmes élaborés peut détourner la direction de la tâche
plus fondamentale d'amélioration de la méthodologie de crédit, et entraîner des coûts
disproportionnés par rapport à la taille du portefeuille. Alors que la plupart des institutions de micro
finance de cette taille souhaite se développer, en réalité nombre d'entre elles ne sont pas fortement
engagées dans un processus de croissance massive.
À ce stade, il n'est pas nécessaire d'aller au-delà des procédures élémentaires d'examen du
portefeuille mises en oeuvre dans le cadre d'un audit des états financiers, à moins que l'institution
n'envisage de se développer considérablement, et ne souhaite l'aide des auditeurs pour mettre en
place les systèmes adaptés à l'accroissement du volume d'activité.
B- Phase de transition
Certaines institutions de micro finance se trouvent en phase de transition trois à cinq ans après avoir
débuté leur activité. Elles sont à un stade de développement massif de leur activité. Elles ont
tendance à maintenir un rythme élevé de croissance, accroissant leur clientèle de 50 à 100 % par an.
Tandis que la gestion peut encore être personnelle et informelle, les problèmes commencent à surgir
du fait que les systèmes d'origine ne sont plus adaptés. L'institution de micro finance en phase de
transition réalise qu'elle ne peut continuer à se développer sans mettre en place des systèmes plus
élaborés.
À ce stade, la partie de l'audit des états financiers concernant l'examen du portefeuille doit être plus
approfondie et il peut être nécessaire de recourir à des procédures convenues en plus de l'audit des
états financiers. Il est nécessaire de procéder à des tests plus détaillés du portefeuille car les risques
augmentent du fait que le volume d'activité ne permet plus un contrôle des dirigeants aussi
approfondi qu'auparavant. En outre, l'ampleur de l'activité de l'institution justifie un processus
d'audit plus important. Cet examen plus détaillé peut avoir des résultats déconcertants. Il révèle
souvent de nombreux défauts, mais peut constituer une aide précieuse pour la direction en ce qui
concerne la conception et la mise en place de systèmes plus élaborés, nécessaires à la poursuite de la
croissance.
C - Phase d’institutionnalisation
À ce stade, l'institution de micro finance compte plus de 15 000 clients, une centaine d'employés et
une douzaine d'agences. Le taux de croissance du nombre de clients se ralentit pour atteindre 25 à 35
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 45/116
% par an. Les membres de la direction ne peuvent plus s'impliquer dans les niveaux les plus bas de
l'activité. Les risques de mauvaise gestion des crédits, de camouflage des retards et de fraude sont de
plus en plus importants. À ce niveau, il est nécessaire de consolider les systèmes d'information et de
contrôle interne, ainsi que les procédures et politiques de gestion des crédits. C'est souvent le
moment de mettre en place un véritable service d'audit interne.
À ce stade, l'institution de microfinance peut souhaiter être agréée et devenir une institution
financière réglementée. Ce changement nécessite des systèmes d'information et de contrôle interne
sophistiqués, car une institution de microfinance agréée est soumise à un contrôle régulier des
autorités de supervision. Bien que ce contrôle concerne principalement la qualité du portefeuille, il
est peu réaliste de s'attendre, dans la plupart des pays pauvres, à un examen très efficace. Les
inspecteurs ne maîtrisent généralement pas le fonctionnement du micro crédit et, en outre, l'autorité
deIlsupervision
est nécessaire
est qu'une institution
habituellement trèsdeoccupée
microfinance en phase
à remplir d'institutionnalisation
sa fonction effectue des
principale de contrôle un
examen externe approfondi de son système de suivi de portefeuille, débordant du simple cadre des
travaux d'audit des états financiers. Cet examen détaillé doit être effectué chaque année, jusqu'à ce
que l'institution soit Certaine du bon fonctionnement de ses systèmes. Par la suite, des tests
approfondis doivent également être réalisés chaque fois qu'un changement majeur survient dans les
systèmes
Lorsqu'une institution de microfinance souhaite un examen de son système de suivi de portefeuille
qui déborde du cadre de l'audit annuel, son choix ne se limite pas à un examen sur la base de
procédures convenues. Elle peut aussi envisager de faire appel à un consultant expert en
microfinance bien que les consultants ayant l'expérience recherchée en matière de systèmes de
gestion et de suivi du portefeuille ne soient pas faciles à trouver. Une autre institution de
microfinance, appliquant une méthodologie de crédit similaire, réputée pour la fiabilité de son
système de suivi de portefeuille, et ayant derrière elle de longues années d'activité réussie, peut se
substituer à l'expert recherché.
Tout au long du processus de développement d'une institution de microfinance, il existe une
relation étroite entre systèmes internes et contrôles d'audit externe. D'une part, une institution de
microfinance, même au stade de démarrage, peut prendre l'initiative de demander un examen externe
plus étendu du portefeuille, afin d'orienter ses efforts pour le développement de systèmes. D'autre
part, des personnes extérieures telles que des bailleurs de fonds, des banques commerciales ou des
investisseurs, peuvent exiger un niveau d'assurance supérieur. Quand tel est le cas, le coût de ces
garanties supplémentaires peut être très élevé si les systèmes internes n'ont pas été développés en
conséquence. Lorsque l'on demande à l'auditeur de fournir une assurance sur un élément que les
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 46/116
systèmes internes ne couvrent pas, ou pas complètement, alors l'auditeur n'a pas d'autre choix que de
mettre en œuvre un ensemble de tests directs nécessitant une somme importante de travail.
Les différents domaines liés au portefeuille qui peuvent être examinés dans le cadre d'un audit. Pour
sélectionner les domaines à examiner et les procédures à mettre en oeuvre, clients et auditeurs
doivent prendre en considération les éléments énumérés ci-dessus, dont plus généralement :
la taille de l'institution de micro finance et son niveau de développement ;
les ambitions de l'institution en termes de croissance, d'accès aux sources de
financement commerciales, et d'agrément ;
la volonté de l'institution de recourir à un examen externe pour aider à la
conception et à la consolidation de ses systèmes interne
2.1.1.3 Aperçu de l'ensemble des systèmes
Afin de clarifier l'exposé complexe de ce chapitre, il importe de distinguer trois systèmes au sein de
l'institution. Dans la pratique, il est possible que ces systèmes se recoupent, mais en théorie ils sont
distincts. Le système comptable et le système de suivi des crédits produisent de l'information. Le
système de gestion des crédits correspond aux politiques et procédures qui régissent les activités de
crédit.
A- Le système comptable
Le système comptable reçoit des informations sur chaque opération de crédit mais son but est de
produire une information globale qui alimente les états financiers.
B- LE SYSTÈME D’INFORMATION DE GESTION DE SUIVI DES CRÉDITS
Le système de suivi des crédits est centré sur l'information afférente aux crédits par individu, dont:
l'identité du client ;
le montant décaissé ;
les conditions du crédit, comme le taux d'intérêt, les commissions, la date d'échéance,
etc. ;
le calendrier de remboursement (montants et dates) ;
le montant et la date des remboursements perçus ;
le montant et la balance âgée des crédits en retard ;
L’encours de crédits.
Idéalement, le système de suivi des crédits doit contenir ces informations non seulement pour les
crédits en cours, mais aussi pour les anciens crédits. En pratique, la plupart des institutions de micro
finance ne conservent pas cette information, du moins sous une forme exploitable, pour les crédits
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 47/116
L'objet principal du système de suivi des crédits est de fournir des informations pertinentes pour
l'administration du portefeuille, indépendamment du fait que cette information alimente ou non les
états financiers. Certaines des données retenues par le système de suivi des crédits sont également
retenues directement par le système comptable par exemple, les décaissements, les remboursements
ou les intérêts échus (à noter que le système comptable et le système de suivi des crédits peuvent
retenir des données relatives aux crédits à des moments différents et à partir de sources différentes,
ce qui peut mener à des divergences entre les deux systèmes). Certaines données du système de suivi
des crédits n'alimentent qu'indirectement le système comptable et les états financiers comme
l'information sur les impayés qui est utilisée pour estimer les dotations aux provisions dans le
système comptable. D'autres données du système de suivi des crédits n'entrent jamais dans le
système comptable par exemple l'identité des clients ou les calendriers de remboursements.
Idéalement, le système de suivi des crédits doit être parfaitement intégré au système comptable. En
pratique, c'est rarement le cas. Les institutions de microfinance ne peuvent pas utiliser les logiciels
intégrés conçus pour les banques parce que leurs systèmes de crédit sont trop différents de ceux des
banques. Plusieurs logiciels intégrés ont été conçus pour les institutions de microfinance, mais ils
offrent rarement l'appui technique local immédiat qui est indispensable lors de modifications ou de
pannes inévitables du système. En conséquence, de nombreuses institutions pensent qu'un système
comptable standard (informatisé ou manuel) peut être adapté à leurs besoins spécifiques mais qu'en
ce qui concerne le système de suivi des crédits, elles doivent concevoir sur mesure leur propre
système (encore une fois, informatisé ou manuel)1.
C- Le système de gestion des crédits
Le système de gestion des crédits n'est pas un système d'information, mais concerne plutôt
l'ensemble des politiques et procédures, écrites ou non écrites, qui régissent les opérations de crédit
de l'institution, à savoir :
le marketing du crédit ;
l'évaluation des clients et des crédits ;
la taille et les conditions du crédit ;
l'approbation du crédit ;
le traitement des décaissements et des remboursements par les agents de crédit et les
caissiers ;
l'enregistrement des décaissements et des remboursements dans le service
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 48/116
d'enregistrement ;
la supervision des clients ;
les politiques de recouvrement des impayés ;
le rééchelonnement des crédits en retard ;
les contrôles internes, à la fois opérationnels.
applicables, des politiques internes au cabinet d'audit, de la fiabilité des contrôles internes et du
service d'audit interne de l'institution, et du niveau d'assurance demandé par le client de l'audit.
L'auditeur externe doit d'abord déterminer si l'institution de micro finance possède un système
d'audit interne qui contrôle régulièrement le système de suivi des crédits, y compris par confirmation
directe auprès du client. Si ce n'est pas le cas, ou si ce système ne fonctionne pas correctement, ou
encore si l'auditeur découvre des faiblesses importantes dans le système de suivi des crédits, alors le
nombre d'opérations à tester et de clients à visiter doit être plus élevé, afin de s'assurer que le
portefeuille et le montant des provisions indiqués dans les états financiers ne comportent pas
d'anomalie significative.
Ces procédures peuvent être longues et coûteuses. Dans le cadre d'un audit annuel classique,
l'application des normes couramment pratiquées par l'auditeur aboutit généralement à une mise en
oeuvre relativement superficielle de ces tests. Une institution de micro finance en phase de transition
(telle qu'elle est décrite plus haut), ou même en phase de démarrage, qui souhaite mettre en place des
systèmes de suivi des crédits adaptés à une forte croissance, peut souhaiter négocier un niveau de
contrôle des opérations (y compris le nombre de visites aux clients) qui soit supérieur aux normes
minimales d'audit.
Pour une institution de micro finance qui envisage sérieusement une forte expansion, la crédibilité
du système d'information de gestion de suivi des crédits auprès du personnel de l'institution est
fondamentale. Si dans l'organisation personne ne s’attend à ce que le système de suivi des crédits soit
fiable à 99 %, le personnel aura tendance à être moins consciencieux.
Les situations et les tendances qui devraient être interprétées comme des signaux d'alarme sont
parfois ignorées parce qu'elles sont considérées comme des problèmes techniques internes au système
d'information, plutôt que comme de véritables problèmes relatifs à la qualité du portefeuille. Et
lorsque les gens pensent que la plupart des anomalies résultent de problèmes inhérents au système
d'information de gestion, la fraude est plus tentante parce qu'elle est moins susceptible d'être détectée
rapidement.
2.1.2.2 Sécurité et efficacité des systèmes d'information de gestion liés au portefeuille
Les systèmes comptables et de suivi des crédits sont-ils physiquement sûrs ? Leurs informations
Sont-elles produites, et exploitées, sans délai ?
Ces questions s'appliquent au système d'information de gestion dans son ensemble et pas seulement
aux éléments relatifs au portefeuille. Elles sont traitées ici car les problèmes survenant dans ce
domaine peuvent avoir des conséquences particulièrement importantes sur la gestion du portefeuille.
A- Sécurité
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 50/116
L'auditeur doit contrôler la sécurité des systèmes informatisés de comptabilité et de suivi des crédits,
notamment les éléments suivants :
environnement externe de sécurité du matériel informatique, dont la sécurité
d'accès et la climatisation ;
caractéristiques internes de sécurité du logiciel informatique ;
mesures de contrôle d'accès (qui peut entrer, modifier, ou lire les données) ;
procédures de sauvegarde et vérification d'intégrité de la sauvegarde, y compris
mesures de sécurité concernant les fichiers de sauvegarde.
Lorsque le système de suivi des crédits est manuel, l'auditeur doit examiner les procédures de
contrôle interne relatives à la préparation et à la vérification des registres d'opérations, la sécurité
physique des registres comptables et autres documents, et les contrôles d'accès aux données.
B- Efficacité du système d’information de gestion
Même si les données sont exactes et sûres, elles présentent peu d'intérêt tant que le personnel, à tous
les niveaux de l'organisation, ne les reçoit pas en temps utile sous forme de rapports intelligibles et
n'utilise pas cette information.
Le problème potentiel le plus courant et le plus dangereux est que les agents de crédit et les
Un audit annuel prête généralement attention à ces éléments, particulièrement à la sécurité du
système d'information de gestion. Toutefois, y prêter attention n'équivaut pas à un examen approfondi
du système. Les institutions de micro finance doivent demander que ces éléments fassent l'objet de
commentaires dans la note à la direction. Un examen approfondi nécessiterait de mettre en oeuvre des
2.1.2.3 Importance des postes d'ajustement
Il n'est pas rare de trouver de telles divergences dans les institutions de micro finance, du fait du
volume important de leurs opérations, et parce que les systèmes comptables et de suivi des crédits ne
sont pas parfaitement intégrés. Ces différences peuvent ou non être inquiétantes.
Par exemple, de nombreux programmes de microfinance prévoient que les remboursements des
clients soient déposés dans des banques, pour des raisons de sécurité. Comme les banques attendent
généralement plusieurs jours avant d'envoyer les documents relatifs aux remboursements perçus, les
institutions peuvent demande aux clients une copie de l'attestation de dépôt de remboursement. Une
fois reçue cette copie de l'attestation, le système de suivi des crédits enregistre le remboursement. Il
en résulte un décalage temporaire avec le système comptable, qui n'enregistre l'opération
qu'ultérieurement, quand la banque envoie sa copie de l'attestation de dépôt. Cependant, lorsque cette
attestation de la banque arrive, elle peut être incomplète ou affectée à un compte incorrect, de sorte
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 51/116
que certains remboursements restent dans des comptes d'attente jusqu'à ce qu'ils soient complètement
soldés. Si, au bout d'un certain temps, un grand nombre d'opérations s'accumulent dans des comptes
d'attente qui ne sont pas rigoureusement contrôlés, des distorsions majeures peuvent survenir, révélant
une faiblesse du système de gestion des crédits à laquelle il faut remédier. Si le montant est
important, cela peut empêcher l'auditeur d'émettre une opinion sans réserve. Si le montant n'est pas
significatif, mais que les divergences révèlent un sérieux décalage entre les deux systèmes, le
problème doit être soulevé dans la note à la direction.
2.1.2.4. Représentation inexacte des crédits soldés
Les agents de crédit ou les dirigeants d'institutions de microfinance ont souvent recours à des
pratiques qui permettent de faire apparaître un crédit comme soldé dans le système de suivi des
crédits, même si le client n'a en réalité pas eu la volonté ou la capacité de s'acquitter de sa dette. Ce
type de pratiques courantes peut prendre quatre formes :
Refinancement. Supposons qu'un client ait des difficultés pour rembourser son prêt. L'agent
de crédit s'inquiète de l'incapacité du client à maintenir son crédit à jour, mais veut dissimuler
le problème. Il propose simplement un nouveau crédit à son client, qui utilise le montant de ce
nouveau crédit pour rembourser l'ancien. En fin de compte, le client se trouvera probablement
dans l'incapacité de faire face aux remboursements de ce nouveau crédit, et le cycle se
répètera. Le problème du « crédit permanent » n'est pas particulier à la microfinance. Dans
certains pays, les banques commerciales le pratiquent régulièrement. Le refinancement peut
masquer un problème tout en le laissant s'aggraver au fil du temps. Lorsque le système
s'effondre, le prêteur a perdu une somme bien plus importante que si le problème avait été
traité à son apparition (le rééchelonnement est similaire au refinancement, à ceci près qu'aucun
nouveau crédit n'est consenti. L'ancien crédit est renégocié avec un délai supplémentaire et les
intérêts impayés sont ajoutés au montant du principal.
Crédits parallèles. Lorsque l'institution de microfinance propose plusieurs types de crédits,
un agent de crédit peut consentir un second prêt à un client défaillant. Mais les deux crédits
restent en cours. Pendant un certain temps, le client utilise l'argent du nouveau prêt pour
s'acquitter du remboursement du premier prêt, mais il sera en fin de compte probablement
incapable d'honorer le remboursement des deux prêts.
Remboursement par chèque. Le client est autorisé à solder son prêt en remettant un chèque à
l'institution, mais celui-ci est généralement postdaté, et ne peut donc être honoré. Le système
de suivi des crédits indique que le crédit est remboursé, tandis que le chèque est imputé au
compte créances diverses, et n'apparaît pas dans les rapports de suivi des retards de l'agent de
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 52/116
Idéalement, le système de suivi des crédits doit constituer un premier moyen de défense contre de
telles pratiques, et faciliter le travail de détection de l'auditeur. Par exemple, le système d'information
peut être conçu pour signaler automatiquement les cas de renouvellement de crédit (y compris un
crédit parallèle) à un client qui a eu de sérieuses difficultés de remboursement sur son prêt précédent,
ou les cas de remboursement par chèque ou par dépôt de garantie matérielle. Rares sont les
institutions de microfinance qui possèdent un système de suivi des crédits permettant cette détection
évidentes, comme l'annulation de crédits au moyen de chèques post-datés, sont susceptibles d'être
décelées. En l'absence d'un système de suivi des crédits efficace, le seul moyen pour le client d'obtenir
une pleine assurance sur ces points est de contracter une mission d'examen sur la base de procédures
convenues.
2.1.2.5. Rééchelonnement
Lorsqu'un client a des difficultés de remboursement, les institutions de micro finance rééchelonnent
(on dit aussi restructurent ou renégocient) souvent le crédit. En général, l'échéance du crédit est
reportée, les intérêts en retard sont ajoutés au montant du principal, et un nouveau calendrier de
remboursement est établi. L'ancien crédit « à problème » disparaît, remplacé par un nouveau contrat
de prêt qui apparaît comme étant à jour, au moins jusqu'à l'échéance du premier remboursement.
Parfois, un tel rééchelonnement occulte d'importants problèmes de portefeuille, en qualifiant de
crédits à jour des prêts qui sont en réalité peu susceptibles d'être remboursés intégralement. En fait, le
rééchelonnement est souvent le moyen le plus facile de « corriger » un portefeuille peu performant.
C'est pourquoi les auditeurs doivent prêter particulièrement attention aux crédits rééchelonnés. La
politique et la pratique de rééchelonnement sont-elles appropriées ? Les crédits rééchelonnés sont-ils
distingués des autres crédits dans le système de suivi des crédits ? Les provisions pour créances
douteuses appliquées aux crédits rééchelonnés sont-elles adaptées ?
L'institution de microfinance doit établir des politiques et procédures détaillées relatives au
rééchelonnement de crédits, qui répondent aux questions suivantes :
Quelles conditions doivent être réunies pour justifier le rééchelonnement ?
(Certaines institutions interdisent le rééchelonnement. La plupart l'autorisent.
L'idéal est de mettre en place des procédures suffisamment souples pour soutenir
occasionnellement un client dans une situation réellement difficile, mais
aussi suffisamment strictes pour prévenir les abus.)
Combien de fois un client peut-il obtenir un rééchelonnement de son crédit ?
Qui a le pouvoir d'approuver un rééchelonnement ?
Comment un crédit qui a été rééchelonné est-il comptabilisé ?
La comptabilisation du produit des intérêts est-elle stoppée jusqu'au versement
des remboursements consécutifs au rééchelonnement ?
Un crédit rééchelonné est-il automatiquement classé dans la catégorie « crédit à jour » ou
existe-t-il une catégorie distincte ?
Qu'il existe ou non des politiques appropriées, la question reste posée : qu'en est-il dans la pratique ?
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 54/116
Pour le savoir, il faut examiner un échantillon de crédits rééchelonnés. Le système de suivi des crédits
doit produire des rapports réguliers identifiant automatiquement tous les crédits rééchelonnés, ou
contenant au moins les informations nécessaires pour produire une liste des crédits rééchelonnés.
Lorsqu'une telle liste est disponible, l'auditeur peut sélectionner un échantillon de crédits afin de
déterminer si les politiques de l'institution sont mises en pratique. Il est plus compliqué de déterminer
si le rééchelonnement se fonde sur une prévision réaliste de la capacité du client à rembourser son
crédit, ou s'il a pour but de camoufler des prêts qui ne seront probablement jamais recouvrés. On peut
pour cela examiner l'historique des remboursements sur un échantillon de crédits rééchelonnés.
Lorsque l'institution peut produire une liste complète des crédits rééchelonnés, elle est en mesure de
négocier avec l'auditeur l'ajout des tests mentionnés plus haut dans l'audit annuel. La plupart des
institutions de micro finance, cependant, ne distinguent pas les crédits rééchelonnés dans leur système
de suivi. Cela constitue une sérieuse faiblesse du système, qui doit être mentionnée dans la note à la
direction. S'il n'existe pas de liste des crédits rééchelonnés, le seul recours de l'auditeur est d'examiner
l'historique d'un échantillon du portefeuille de crédits actuel. Si le système de suivi des crédits ne
conserve pas les données historiques de remboursement des anciens crédits, l'auditeur est obligé
d'examiner les documents papier relatifs aux enregistrements des opérations antérieures (en supposant
que l'institution les conserve). Ce type de travail nécessite dans la plupart des cas la mise en oeuvre de
procédures convenues dépassant le cadre courant de l'audit annuel.
Comme on le verra ultérieurement dans ce chapitre, les crédits rééchelonnés doivent être signalés
dans la balance âgée des retards du portefeuille, particulièrement lorsque le provisionnement pour
créances douteuses se fonde sur cette balance âgée. Un crédit qui a été rééchelonné présente un risque
de pertes plus important qu'un crédit remboursé à chaque échéance selon l'échéancier prévu. Présenter
ces deux crédits comme « à jour » masque la grande différence entre les deux.
2.1.2.6. Produit des intérêts : écart de rendement et politique de comptabilisation des intérêts
à recevoir
En analysant les conditions des contrats de prêts de l'institution, l'auditeur peut déduire une valeur
théorique du rendement des intérêts correspondants au montant des revenus que le portefeuille devrait
produire si tous les intérêts étaient payés à temps et conformément au contrat. Ce rendement théorique
doit être comparé au montant du produit réel des intérêts à chaque période. Cette analyse révèle
souvent un large écart entre le produit que devrait normalement générer l'institution et le produit réel.
Par exemple, une institution qui recouvre ses crédits par des remboursements mensuels devrait avoir
un taux contractuel effectif de 2,5 % du portefeuille moyen par mois, alors que les intérêts qu'elle
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 55/116
Cette analyse de l'écart de rendement doit normalement s'inscrire dans le cadre de l'évaluation des
comptes de revenus. Elle est mentionnée ici car la principale cause d'un écart de rendement étant les
impayés, ce test permet un recoupement des données sur la qualité du portefeuille.
D'autres situations peuvent également contribuer à générer un écart de rendement. Si une institution
se développe très rapidement, et adopte une comptabilité de caisse, le produit des intérêts peut être
inférieur au rendement théorique parce qu'un large pourcentage de son portefeuille est composé de
nouveaux crédits dont le premier remboursement n'est pas encore arrivé à échéance. Parfois, un écart
de rendement s'explique par une indication erronée du montant du solde du portefeuille de crédits
dans le système comptable.
Si le solde du portefeuille de crédits est actualisé en ajoutant les décaissements et en soustrayant les
remboursements et abandons de créances sans vérification indépendante, les erreurs commises au
cours des années précédentes peuvent se reporter d'année en année.
Si les contrôles font apparaître un écart de rendement important, l'auditeur doit en rechercher la cause
Cette analyse
et l'inscrire dansde
sonl'écart deS'ilrendement
rapport. ne parvientpeut
pas às'avérer encore
identifier plus compliquée
cette cause, si l'institution
il doit l'indiquer clairement
comptabilise le produit des intérêts échus mais non versés. Lorsqu'une institution de microfinance
comptabilise des montants importants d'intérêts à recevoir, l'auditeur doit s'efforcer de comprendre
cette politique de comptabilisation et doit évaluer sa pertinence. Il doit en particulier déterminer si
l'institution stoppe la comptabilisation des intérêts futurs, et annule les intérêts échus mais non payés,
pour les crédits dont le remboursement a un retard tel que le recouvrement des sommes dues est
fortement improbable. Si la politique de l'institution de micro finance manque de rigueur sur ce point,
cela peut conduire à une surestimation importante du produit. En supposant que la politique de
l'institution est satisfaisante, l'auditeur doit malgré tout vérifier qu'elle est méthodiquement appliquée
dans la pratique.
On constate souvent un décalage méthodologique, du fait que le personnel n'est pas suffisamment
formé et que la supervision est insuffisante. Avec le temps, dans une structure décentralisée, les
agents de crédit commencent à prendre des décisions qui vont à l'encontre des principes de crédit de
l'institution. Par exemple, la taille du prêt initial peut fortement augmenter ou le montant des crédits
successifs accordés à un client peut croître trop rapidement. Cela engendre des risques de crédit en
permettant aux clients d'atteindre trop rapidement les limites de leur capacité de remboursement. Il est
également courant que les comités de crédit soient réduits à une pure formalité, de sorte que les
crédits ne font plus l'objet de réelles discussions. Cette absence de contrôle effectif par les pairs
augmente les risques de crédit.
Les auditeurs externes ne sont pas et n'ont pas pour vocation de devenir des experts en micro finance.
C'est pourquoi leurs tests doivent se limiter aux éléments fondamentaux de la méthodologie de crédit
la comparaison
et auxprincipales des de
procédures critères d'attribution
gestion des crédits,des crédits
dont : figurant dans le manuel de crédit avec
les pratiques réelles, en ce qui concerne la taille, les termes et les conditions des crédits
initiaux ; les plafonds des crédits renouvelés ; les garanties exigées ; et le calcul des ratios
financiers de base utilisés pour déterminer la capacité de remboursement dans les dossiers de
demande de crédit ;
la vérification du respect des procédures élémentaires de gestion des crédits, telles que la
transmission rapide des informations sur les impayés aux agents de crédit et les visites
immédiates à tous les emprunteurs défaillants.
Dans un audit annuel régulier des états financiers, ce type d'examen est effectué de façon sommaire,
et éventuellement commenté dans la note à la direction. Cette tâche est accomplie plus efficacement
par une unité d'audit opérationnelle interne à l'institution, comme il est suggéré à la fin : l'information
produite est traitée plus rapidement, et est directement intégrée dans les activités quotidiennes et dans
le processus de conception des produits. Lorsqu'un tel service interne fonctionne, les auditeurs
externes peuvent se contenter d'examiner et de commenter la qualité du travail effectué par ce service.
Les autorités de supervision des banques, chargées du contrôle des institutions de micro finance
agréées, doivent comprendre que ce type d'examen est essentiel pour détecter rapidement les risques
de contrepartie. Pour effectuer ce type d'examen, l'autorité délivrant l'agrément doit faire appel à des
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 57/116
doivent normalement correspondre à la périodicité de remboursement des crédits. Par exemple, pour
les crédits remboursés sur une base hebdomadaire, le retard doit être comptabilisé en semaines (7
jours de retard, 14, 21, 28, etc.), alors que pour les crédits dont le remboursement est mensuel, le
retard doit être comptabilisé en mois (30 jours de retard, 60, 90, 120, etc.).
Souvent, les catégories de la balance âgée des crédits en retard ne correspondent pas aux intervalles
de remboursement. Par exemple, dans une institution de micro finance importante, un crédit dont le
remboursement est normalement hebdomadaire et qui présente des impayés, n'est pas considéré
comme crédit « en retard » avant 50 semaines. De même, dans une autre grande institution de micro
finance, bien que les crédits soient remboursés chaque semaine, les provisions sont fondées sur une
balance âgée dont les catégories sont de 30, 60, 90 et 120 jours. Les catégories de la balance âgée
doivent autant que possible prendre en compte l'augmentation du risque de non-remboursement. Pour
cette raison, il est important que les crédits rééchelonnés soient clairement distingués dans la balance
âgée, plutôt que d'être classés dans la même catégorie que les autres crédits.
Les retards de remboursement de crédits indiquent qu'il existe un risque accru non seulement pour ces
remboursements précis, mais aussi pour l'encours de crédits total. C'est pourquoi la balance âgée doit
faire apparaître le total de l'encours de crédits en retard, et pas seulement le montant des
remboursements en retard.
Si les rapports de suivi des retards de l'institution de micro finance n'établissent pas la balance âgée
des crédits en retard, l'auditeur doit le mentionner comme une faiblesse majeure du système. S'il
existe une balance âgée, mais que les catégories définies sont inappropriées, un commentaire doit être
inclus dans les annexes ou dans la note à la direction.
B -Historique des crédits
Comme on l'a vu précédemment, le système de suivi des crédits doit fournir un résumé des
informations concernant l'historique des crédits et des performances de remboursement de chaque
client. Cette information est primordiale pour prendre des décisions motivées dans le cas de demandes
de renouvellement de crédit. Si les renouvellements de crédit sont consentis sans une prise en
compteeffective des informations sur les performances de remboursement passées du client, ceci
constitue un risque majeur pour le portefeuille qui doit être mentionné dans l'audit annuel des états
financiers. En outre, conserver les informations sur les crédits antérieurs dans le système
d'information de gestion est également important pour divers travaux d’analyse.
Idéalement, le système de suivi des crédits doit automatiquement détecter la présence de certaines
situations risquées. Dans la pratique, il doit au moins permettre d'identifier des situations telles que :
l'attribution d'un nouveau crédit à un client ayant des difficultés de remboursement
sur un crédit déjà existant ;
le remboursement d'un crédit en retard par refinancement, c'est-à-dire par l'émission
d'un nouveau crédit dont le montant est utilisé pour solder le premier ;
les rééchelonnements répétés ou inappropriés ;
le remboursement de crédits au moyen de chèques post-datés ou du dépôt
d'une garantie matérielle.
D- Segmentation
Dans le cas d'institutions de micro finance en phase de « transition » ou « d'institutionnalisation», le
système de suivi des crédits doit permettre la segmentation du portefeuille, en particulier des crédits
en retard du portefeuille. Une segmentation appropriée peut se faire par région, par agence, par agent
de crédit, par type de crédit, et éventuellement en fonction d'autres catégories relatives aux principaux
domaines de risque. Cette segmentation peut contribuer à déterminer avec précision les provisions
pour créances douteuses. Plus important encore, elle permet une meilleure gestion quotidienne du
portefeuille.
2.1.2.10. Abandons de créances
La plupart des institutions de microfinance n'ont pas de politique d'abandon de créances définie. Les
abandons de créances sont souvent faits de façon non volontariste et arbitraire. Une institution peut
avoir le sentiment, souvent à tort, que reconnaître ouvertement un crédit comme une créance douteuse
revient à envoyer aux agents de crédit et aux clients un message indiquant que l'institution ne
s'intéresse plus au recouvrement de cet encours de crédits. C'est pourquoi l'institution préfère
conserver le crédit en retard dans ses comptes. Comme la plupart des institutions de microfinance sont
des organisations à but non lucratif, et ne paient pas d'impôts sur le revenu, elles ne sont pas
concernées par les mesures fiscales incitatives qui pourraient les encourager à l'abandon de créances.
Par exemple, au Guatemala, une institution de microfinance a reporté pendant des années toutes ses
créances douteuses sur ses registres, faisant grimper l'indicateur de risque du portefeuille à près de 15
%. Ce qui signifie que 15 % de ses encours de crédits étaient considérés comme des crédits à
problèmes, parmi lesquels 9 sur 10 avaient un retard de plus de 180 jours, donc étaient peu
susceptibles d'être recouvrés. Si l'institution avait passé en perte chaque année tous les crédits ayant
un retard supérieur à 180 jours, son taux de risque de portefeuille n'aurait été que de 1,5 %.
Cependant, l'institution ne voulait pas corriger cette distorsion parce que cela aurait entraîné, d'un seul
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 60/116
coup, une perte énorme dans son compte de résultat. Au lieu de cela, l'institution a continué d'éviter
de passer ses créances douteuses en perte, surestimant ainsi ses produits et ses actifs, et faisant
apparaître son portefeuille courant plus mauvais qu'il ne l'était réellement.
Lorsqu'une politique d'abandon de créances a été définie dans une institution de micro finance,
l'auditeur doit déterminer si elle est appropriée. S'il n'existe en revanche aucune politique dans ce
domaine, l'auditeur doit en proposer une. Cette politique doit tenir compte du fait que, dans la plupart
des pays pauvres, le recouvrement par voie juridique de crédits de petite taille n'est pas rentable. Les
institutions de micro finance peuvent engager une procédure judiciaire à l'encontre de leurs clients
défaillants pour l'exemple, mais les frais de justice dépassent généralement le montant à recouvrer, ce
qui entraîne un recouvrement net négatif. Les crédits doivent être passés en perte lorsque la
probabilité de recouvrement devient très faible, ce qui arrive souvent bien avant que les recours
légaux n'aient été épuisés.
En supposant que l'institution ait une politique d'abandon de créances rationnelle, la question suivante
est de savoir si celle-ci est appliquée de façon méthodique. Dans le cas d'une banque commerciale
normale, l'auditeur externe effectue un examen détaillé de chaque abandon de créances, le confrontant
à la politique et aux réglementations en vigueur. Une telle approche ne serait probablement pas
Tout dans
rentable audit ledes étatsd'un
cadre financiers d'une institution
audit d'institution de finance
de micro micro finance doit incluredonc
; on se contentera un examen
de testerdes
un
pratiques d'abandon de créances. Cependant le caractère significatif de cette question, ainsi que la
somme d'efforts à y consacrer, dépendra de la qualité du portefeuille de l'institution. Dans les cas où
les impayés sont réellement faibles, la question de l'abandon de créances est moins significative pour
les états financiers dans leur ensemble.
L'auditeur doit, au minimum, se faire expliquer la politique et les pratiques d'abandon de créances de
l'institution, et les décrire dans une annexe aux états financiers. Lorsque aucune politique n'a été
définie, ou que l'auditeur a des doutes quant à sa pertinence, cela doit être notifié à l'endroit approprié
dans la note à la direction, les états financiers, ou même dans l'opinion écrite émise par l'auditeur,
suivant la gravité et le caractère significatif du problème.
une balance âgée du portefeuille en cours et une analyse de la performance historique des données du
portefeuille des années précédentes. Les petites institutions de micro finance ont intérêt à préférer un
système moins élaboré. Quelle que soit l'approche, l'essentiel est que la politique de provisionnement
dépende à la fois de l'historique des pertes et de la situation actuelle du portefeuille.
Une petite institution peut simplement provisionner un pourcentage fixe de son portefeuille, fondé
sur l'expérience globale des pertes des années précédentes. Parfois, un certain pourcentage de chaque
crédit est provisionné au moment du décaissement. Dans ce cas, l'institution doit faire des
vérifications occasionnelles pour s'assurer que le montant cumulé des provisions reste adapté au total
du portefeuille. Dans d'autres cas, les crédits ne sont pas provisionnés individuellement au moment
où ils sont octroyés, mais les provisions sur l'ensemble du portefeuille sont régulièrement ajustées de
façon à être maintenues à un pourcentage adéquat.
Lorsque ces méthodes simples sont utilisées, le pourcentage provisionné doit être fondé sur les taux
historiques de pertes (du moins dans les cas où l'institution est suffisamment ancienne pour avoir des
données historiques). C'est pourquoi l'auditeur doit examiner la façon dont ces taux de pertes ont été
déterminés. Le pourcentage de provisionnement doit se fonder sur les montants passés en perte
chaque année, par rapport à l'encours de crédits moyen sur l'année. Cependant, comme on l'a vu plus
Une
haut, fois le taux historique
de nombreuses de pertes
institutions approximativement
de microfinance n'ont pasestimé, il faut aussi
une pratique prendre
d'abandon de en comptetrès
créances la
situation courante du portefeuille pour déterminer le provisionnement. Si le niveau d'impayés actuel
est supérieur à ce qu'il a été dans le passé, le provisionnement doit être fixé à un niveau plus élevé que
le taux historique de pertes. Cela est également vrai si l'institution de microfinance estime qu'un autre
facteur (comme une crise économique) est susceptible de réduire la probabilité de recouvrement des
crédits en cours.
La pertinence des méthodes de provisionnement dépend de la qualité du portefeuille de l'institution.
Si les auditeurs externes estiment que les niveaux d'impayés et de créances douteuses sont réellement
très bas, il est moins important de procéder à des évaluations approfondies et à l'ajustement minutieux
du pourcentage de provisionnement de l'institution.
Les grandes institutions de micro finance, ou celles qui se préparent à une forte croissance, doivent
prendre en compte une approche plus scientifique du provisionnement, qui est habituelle dans le
secteur bancaire. Cette approche nécessite de segmenter le portefeuille de crédits en classes
d'ancienneté c'est à dire par catégorie, en fonction du nombre de jours de retard depuis le dernier
remboursement et de définir ensuite un pourcentage de provisionnement différent pour chaque
catégorie, en fonction du niveau de risque estimé.
Les catégories retenues doivent être définies en fonction de la fréquence de remboursement des
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 62/116
crédits (disons hebdomadaire ou mensuelle) et des données clés du processus de suivi des crédits en
retard. Par exemple, si le directeur d'agence intervient dans le suivi après 90 jours, cela peut constituer
un point de repère dans la balance âgée. Les crédits qui sont en retard, ne serait-ce que d'un jour,
doivent être impérativement distingués des crédits sains. Un exemple de balance âgée, avec les
pourcentages de provisionnement pour chaque classe d'ancienneté, est donné dans le tableau 5.1.
Dans cet exemple, le pourcentage de provisionnement est appliqué à l'encours total des crédits de
chaque catégorie et pas seulement au montant des remboursements en retard.
Le pourcentage de provisionnement fixé pour chaque classe d'ancienneté détermine le total des
provisions pour créances douteuses.
Dans une institution de micro finance agréée, la balance âgée et les pourcentages de provisionnement
sont habituellement imposés par l'autorité réglementaire, de sorte que l'auditeur n'a qu'à vérifier si le
provisionnement de l'institution est conforme à la réglementation.
Dans les institutions de micro finance non agréées, la méthode la plus courante consiste à fonder les
pourcentages de provisionnement sur une analyse historique des performances du portefeuille. Selon
cette méthode, l'institution sélectionne une série de crédits d'une période antérieure, suffisamment
reculée dans le temps, pour que le résultat final sur la majorité des crédits soit connu. Cette série de
crédits est segmentée selon la même balance âgée que celle utilisée pour le portefeuille actuel.
Ensuite, l'institution détermine, pour chaque catégorie de cette série historique, quel pourcentage des
crédits n'a pas été recouvré. Ces pourcentages sont alors appliqués, dans les mêmes catégories, pour le
provisionnement du portefeuille actuel, à moins qu'un changement important survenu dans le
portefeuille n'implique des pourcentages différents.
La plupart des institutions de micro finance ne sont pas en mesure de produire ce type d'analyse
historique. Les pourcentages de provisionnement pour chaque catégorie se fondent sur les estimations
de la direction. Dans ce cas, l'auditeur peut tester ces pourcentages de provisionnement en
sélectionnant un échantillon d'anciens crédits, afin de vérifier si les montants effectivement recouvrés
sur ces crédits correspondent aux estimations réalisées par l'institution. Il appartient au client et à
l'auditeur de déterminer ensemble si ces tests doivent être inclus dans la cadre de l'audit annuel des
états financiers, ou s'ils doivent faire l'objet d'un examen sur la base de procédures convenues.
Lorsque les données historiques de pertes ne sont pas disponibles, les institutions de micro finance
font parfois une estimation du provisionnement pour créances douteuses en se fondant sur l'indicateur
de « taux de recouvrement » qui divise les montants effectivement perçus pendant une période donnée
par les montants qui arrivent à échéance selon les conditions du contrat de prêt durant la même
période. Il est tentant de supposer qu'un taux de recouvrement de 97 %, par exemple, équivaut à un
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 63/116
Mais il s'agit d'une grave erreur, car c'est oublier : 1) que le taux de recouvrement est fondé sur les
montants décaissés, qui peuvent être pratiquement deux fois supérieurs à la valeur du portefeuille
apparaissant dans les comptes de l'institution, et 2) que le montant des pertes indiqué par le taux de
recouvrement est produit à chaque cycle de prêt et non chaque année. Pour une institution proposant
des crédits à trois mois remboursés sur une base hebdomadaire, un taux de recouvrement courant de
97 % équivaut à une perte de 22 % du portefeuille moyen chaque année.
Même lorsque les auditeurs estiment que la politique de provisionnement d'une institution de
microfinance est pertinente, ils doivent vérifier qu'elle est correctement mise en pratique.
Plus important encore, même la meilleure politique de provisionnement au monde ne saurait produire
des résultats fiables si elle est appliquée à une information erronée sur le portefeuille.La première
démarche de l'auditeur doit consister à vérifier l'exactitude de l'information du système de suivi des
crédits concernant les montants et les situations d'impayés. Tant que cela n'implique que la
vérification de la concordance des données chiffrées sur les retards avec les autres données et
documents du système, cette tâche ne pose normalement pas problème aux auditeurs. Cependant,
nous avons vu dans les paragraphes précédents que, dans certains domaines, les défauts du système
d'information de gestion peuvent masquer les informations nécessaires à l'évaluation du portefeuille.
En outre, dans certaines situations, telles que le détournement de fonds par un agent de crédit, même
un système d'information sans défaut ne peut être d'aucune d'utilité, car le problème se situe en amont
de l'entrée des documents dans le système. Les tests de détail et les visites aux clients effectués par les
auditeurs peuvent résoudre certains de ces problèmes, mais le coût de ces procédures peut être élevé
et leur degré de fiabilité est parfois discutable.
Pour les clients qui accordent beaucoup d'importance à la qualité du portefeuille et à la pertinence des
provisions pour créances douteuses, certaines conclusions pratiques peuvent être répétées ici :
On surestime trop facilement le degré d'assurance fourni par l'audit annuel classique sur la
qualité du portefeuille et sur la pertinence des provisions pour créances douteuses.
Plutôt que d'accepter un programme d'audit standard, les clients doivent avoir des discussions
approfondies avec les auditeurs sur le type d'approche et de Procédures à mettre en oeuvre
pour tester le portefeuille.
Pour certains domaines importants de risque de portefeuille, des garanties opérationnelles
internes sont plus appropriées qu'un audit traditionnel.
2.1.2.12. Autres risques d'exploitation associés au portefeuille
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 64/116
Les institutions de microfinance traitent généralement des crédits à court terme de petite taille, en
utilisant des méthodes de prêt fondées sur l'analyse du profil individuel du client. Celles-ci reposent
essentiellement sur des procédures de sélection effectuées par les pairs, sur les performances de
remboursement du client sur les crédits précédents, et sur une analyse de sa capacité de
remboursement, qui se fonde souvent davantage sur la situation de trésorerie actuelle du client que sur
une projection des flux de trésorerie qui seront générés par l'investissement prévu.
Il arrive qu'une institution qui a géré avec succès des crédits de 100 à 1 000dollars selon cette
méthode, entreprenne d'offrir des crédits de 10 000 dollars ou plus, en employant la même méthode.
L'expérience montre que cette situation est dangereuse. Les crédits plus importants requièrent en effet
la plupart du temps une méthode différente, qui comprend une analyse plus complète des flux de
trésorerie du client, et éventuellement des conditions plus strictes en matière de garantie. En présence
d'une telle situation, en particulier si un petit nombre de gros crédits constitue un pourcentage élevé
du portefeuille, l'auditeur doit procéder à des commentaires.
Parfois, les institutions de microfinance sont exposées au risque de change lorsqu'elles sont financées
par des emprunts en devises fortes, mais que leurs crédits sont libellés en monnaie locale. Une forte
dévaluation de la devise locale peut avoir des conséquences catastrophiques pour une telle institution.
L'institution peut également être exposée à un risque de taux important si elle a défini un taux d'intérêt
fixe sur les crédits à long terme de ses clients, alors que les intérêts qu'elle paye sur ses propres
ressources sont soumis à des fluctuations à court terme.
Le risque d'illiquidité est particulièrement présent dans les institutions de microfinance, pour deux
raisons. Premièrement, nombre d'entre elles sont dépendantes des ressources des bailleurs de fonds,
dont la régularité de versement n'est pas toujours fiable. Deuxièmement, et plus important encore, les
conséquences d'une crise d'illiquidité sont particulièrement dangereuses pour une institution de
microfinance.Lorsqu'une banque commerciale classique manque de liquidités pour octroyer des
crédits, elle peut cesser d'émettre de nouveaux prêts, sans conséquence désastreuse pour le
remboursement de son portefeuille existant. Il n'en va pas de même pour les institutions de
microfinance, à cause de la nature des motivations à rembourser. Généralement, les clients d'une
institution de microfinance remboursent parce qu'ils ont confiance dans le contrat implicite selon
lequel tout remboursement versé aujourd'hui leur garantit l'accès aux services financiers pour demain.
Si un problème de liquidité empêche le décaissement rapide de crédits renouvelés, la nouvelle se
répand vite. La clientèle constate que l'institution a rompu le contrat implicite, et le remboursement
des crédits en cours peut chuter précipitamment. Le secteur de la microfinance n'a pas encore assez
d'années d'expérience pour définir des ratios de liquidités normalisés. En attendant, l'auditeur doit
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 65/116
vérifier que l'institution réalise des projections sur ses besoins en trésorerie, et gère ses emplois et
ressources de fonds de manière à conserver une réserve prudente pour parer à toute éventualité.
Ces analyses entrent dans le cadre d'un audit annuel des états financiers. Lorsque des risques
significatifs sont observés, cela doit être mentionné dans les annexes qui accompagnent les états
financiers ou dans la note à la direction.
manière suffisamment détaillée pour se forger une opinion indépendante sur la pertinence de ces
procédures.
D'un autre côté, un examen sur la base de procédures convenues donne lieu à un rapport sur les
résultats mais pas à une opinion. Finalement, ces produits sont conçus d'une manière qui n'aide pas
beaucoup le client. Cependant, certains auditeurs sont prêts à faire preuve de souplesse en discutant
des procédures avec le client, à la fois avant et après l'audit.
L'annexe donne l'exemple d'un ensemble de procédures servant à tester deux domaines clés du
portefeuille : la fiabilité de l'information relative aux remboursements et aux impayés dans le
système de suivi des crédits, et la cohérence avec laquelle sont appliquées les politiques et
procédures de crédit définies par l'institution. Les circonstances détermineront les procédures qui
peuvent s'intégrer à l'audit classique et celles qui doivent faire l'objet de procédures convenues. Cette
annexe n'a pas pour objectif de fournir un modèle applicable à toutes les institutions de micro
finance ; elle a pour but d'aider les institutions et leurs auditeurs à réfléchir aux procédures qui seront
les mieux adaptées à leur propre cas.
Les tests de procédures appliqués aux soldes des comptes de crédits sont habituellement effectués au
siège, dans les bureaux de distribution (y compris les agences mais aussi parfois les antennes
régionales et le siège), et par l'intermédiaire de visites aux clients. Les paragraphes suivants donnent
des détails sur les tests à ces trois niveaux. Les suggestions émises ne sont pas exhaustives et n'ont pas
non plus pour but de se substituer au développement d'un programme d'audit détaillé pour une
institution spécifique. Suivant la structure de l'institution, une procédure décrite dans le paragraphe
concernant le bureau de distribution devra sans doute plutôt être mise en oeuvre au niveau du siège, et
vice versa .
Si les tests effectués sur les contrôles internes révèlent que l'auditeur ne peut pas se fier à ces
contrôles, celui-ci devra immédiatement en informer les dirigeants de l'institution ainsi que le conseil
d'administration. Les faiblesses importantes devront faire l'objet de discussions, de même que les
ajustements du programme d'audit qui s'avèreront nécessaires si l'auditeur doit continuer l'audit et
émettre une opinion.
B- Systèmes d’information
Comme on l'a vu, les institutions de micro finance ont en théorie et généralement en pratique dieux
systèmes d'information : un système comptable et un système de suivi des crédits. Les deux ne sont
généralement pas parfaitement intégrés.
Les tests de procédures mis en oeuvre pour le système comptable d'une institution de micro finance sont
à peu près similaires à ceux qui sont réalisés dans les autres établissements financiers. Le système de
suivi des crédits d'une institution requiert en revanche une attention particulière. Parce que les
contrôles substantifs portant sur le détail des portefeuilles des institutions de micro finance sont
lourds, il est nécessaire que les auditeurs et les dirigeants puissent s'appuyer en toute confiance sur le
système de suivi des crédits.
Le système de suivi des crédits doit être crédible aux yeux des dirigeants et du personnel de
l'institution. Si dans l'organisation personne ne s'attend à ce que le système de suivi des crédits soit
fiable à 99 %, le personnel aura tendance à être moins consciencieux. Les situations et les tendances
qui devraient être interprétées comme des signaux d'alarme sont parfois ignorées parce qu'elles sont
considérées comme des problèmes techniques internes au système d'information plutôt que comme de
véritables problèmes relatifs à la qualité du portefeuille. Et lorsque le personnel pense que la plupart
des anomalies résultent de problèmes inhérents au système d'information, la fraude est plus tentante
parce qu'elle est moins susceptible d'être détectée rapidement. C'est pourquoi le système de suivi des
crédits doit être testé à trois niveaux : exactitude, sécurité et efficacité.
Capacité de remboursement
Méthode d’établissement de la capacité de remboursement
Niveaux minimums de la capacité de remboursement
Fluctuations de la capacité de remboursement
Type d’activité à financer
Historique du crédit
Historique du remboursement avec le programme
Historique du remboursement avec d’autres programmes
Historique du remboursement avec des services de base tels que
eau ou électricité
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 72/116
Tester l'exactitude signifie vérifier si le système de suivi des crédits reflète correctement les
décaissements de crédits, les remboursements perçus et l'état des remboursements à jour dans les
encours de crédits. La plus grande partie de ces tests peut être effectuée au niveau des bureaux de
distribution.
L'auditeur doit également tester la sécurité du système de suivi des crédits.Dans le cas où le système
est informatisé, l'auditeur doit examiner des éléments tels que : les caractéristiques internes de sécurité
du logiciel informatique, l'environnement externe de sécurité du matériel informatique, les mesures de
sécurité pour l'accès aux systèmes de suivi de portefeuille, les procédures de correction des données
sur les opérations, les procédures de sauvegarde et vérification d'intégrité de la sauvegarde, et les
mesures de sécurité concernant les fichiers de sauvegarde. Lorsque le système de suivi des crédits est
manuel, l'auditeur doit examiner les procédures de contrôle interne relatives à la préparation et à la
vérification des registres d'opérations, la sécurité physique des registres comptables, et les conditions
dans lesquelles les opérations peuvent être modifiées.
Même si l'information est exacte et sûre, elle présente peu d'intérêt tant que le personnel, à tous les
niveaux de l'organisation, ne la reçoit pas en temps utile sous forme de rapports intelligibles et n'utilise
pas les données que contiennent ces rapports. C'est pourquoi l'auditeur doit aussi évaluer l'efficacité
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 73/116
du système de suivi des crédits, à la fois au siège et dans les bureaux de distribution. Les employés et
les clients de l'institution de micro finance obtiennent-ils l'information dont ils ont besoin, au moment
où ils en ont besoin, sous une forme appropriée à leur besoin spécifique, sans les noyer dans des
détails inutiles ? Utilisent-ils les rapports qui sont produits ? Le problème le plus courant et le plus
dangereux pouvant arriver avec le système de suivi des crédits est que les agents de crédit et les
dirigeants n'obtiennent pas les informations relatives aux retards de remboursement sous une forme
qui facilite leur suivi immédiat.
Lors d'un audit annuel, les auditeurs devront donc prêter attention à l'exactitude, la sécurité et
l'efficacité du système de suivi des crédits. à la direction. Cependant y prêter attention à un examen
approfondi du système de suivi des crédits, notamment en ce qui concerne la sécurité et l'efficacité.
Un examen approfondi exigerait de mettre en oeuvre des procédures convenues ou une étude du
système d'information menée séparément par l'auditeur ou un autre consultant.
Lors de l'évaluation du système de suivi des crédits, l'auditeur doit considérer plusieurs autres
questions spécifiques aux institutions de micro finance. Lorsqu'il met en lumière des déficiences, il
doit en faire part dans la note à la direction.
Le système de suivi des crédits donne-t-il des informations sur les crédits en retard dont la
balance âgée qui soutiennent de façon adéquate les décisions de provisionnement et
d'abandon de créances ?
Le système de suivi des crédits conserve-t-il une synthèse des informations relatives aux
remboursements des clients dont le crédit a été recouvré ? Cette mesure est souhaitable pour
plusieurs raisons. Cela permet l'analyse historique des impayés sur le portefeuille qui sert à
l'analyse du provisionnement. Cela peut influencer les décisions de renouvellement de prêt à
un client. Cela peut également contribuer à déceler des pratiques de refinancement
inappropriées.
Si l'institution rééchelonne des crédits c'est-à-dire reporte leurs échéances lorsque des clients
ont des difficultés de remboursement, ces crédits sont-ils signalés et classés dans une
catégorie distincte ? Ceci doit être fait car les crédits rééchelonnés sont ceux qui présentent le
plus grand risque (ce point ainsi que les deux suivants ne s'appliquent pas si l'auditeur a
constaté que l'institution ne pratique jamais de rééchelonnement ou n'octroie jamais de
nouveaux crédit à des emprunteurs défaillants)
Le système de suivi des crédits signale-t-il clairement les cas de refinancement c'est-à-dire
lorsque les crédits en retard sont acquittés par l'émission de nouveaux prêts ?
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 74/116
Le système de suivi des crédits signale-t-il les cas de prêts parallèles octroyés à des clients
qui ont des difficultés de remboursement sur d'autres prêts ?
Si un crédit a été remis à jour, ou remboursé par un chèque, par le reçu d'un équipement ou
par toute autre garantie matérielle, est-il toujours signalé comme crédit en retard jusqu'à ce
que le montant dû ait été effectivement perçu ? Le système de suivi des crédits signale-t-il ce
type d'évènements ?
C -Audit interne
L'auditeur doit évaluer le département d'audit interne de l'institution, si elle en a un, et effectuer des
tests pour déterminer sa fiabilité. Il doit en particulier juger si l'institution de micro finance ou doit
avoir un département d'audit opérationnel du type de celui décrit tout en gardant à l'esprit les limites
de l'application des procédures traditionnelles d'audit interne aux portefeuilles de micro finance.
D – Politique d’intéressement
L'auditeur doit également évaluer la façon dont l'institution de micro finance mesure les performances
des agents de crédit, ou des agences, en matière de gestion du portefeuille de crédits, en particulier si
des primes incitatives ou des promotions y sont associées. Par exemple, si l'on donne une grande
importance à l'accroissement du volume des crédits particulièrement si l'on n'exige pas en
contrepartie des taux de remboursement élevés les mesures incitatives peuvent pousser les agents de
crédit à accorder trop de crédits risqués.
finance au cours de l'exercice comptable. Celles-ci sont en outre choisies plutôt pour des raisons de
commodité logistique que par souci d'obtenir un échantillon représentatif. Souvent, ce sont toujours
les mêmes agences qui sont visitées année après année. Même en supposant que les auditeurs
effectuent réellement la rotation de leurs visites, à raison de 10 % des agences chaque année, la
couverture de l'ensemble des agences ne serait assurée qu'au bout de dix ans ce qui est à peine
suffisant pour satisfaire aux conditions D’échantillonnage.
Pour les institutions de micro finance ayant peu d'agences, les auditeurs doivent s'efforcer de les
visiter toutes chaque année. Pour celles qui en ont beaucoup, les auditeurs doivent les visiter toutes
dans un délai de deux à trois ans. S'il existe un département d'audit interne, toutes les agences devront
être visitées, soit par l'auditeur externe, soit par l'auditeur interne, à chaque exercice.
Dans la mesure du possible, les visites ne devront pas être annoncées. Cet effet de surprise rend plus
difficile pour les dirigeants d'agences ou de bureaux régionaux la dissimulation de difficultés
éventuelles.
Au niveau des bureaux de distribution, les contrôles internes doivent être testés en utilisant un
échantillon de crédits . L'auditeur doit sélectionner l'échantillon à partir d'une liste complète des
crédits dont le total s'accorde avec les chiffres du grand livre. Encore une fois, c'est à l'auditeur plutôt
qu'à la direction de réaliser cette sélection.
Les auditeurs doivent examiner un nombre statistiquement significatif de crédits pour réconcilier les
montants décaissés, les sommes perçues, les dates de remboursement et l'état de remboursement des
crédits. Ils doivent déterminer si les opérations ont été correctement enregistrées aux dates où elles ont
été effectuées, si le système de portefeuille répartit correctement les remboursements dans les comptes
Correspondants, et si le capital restant dû indiqué pour les crédits dans le système de suivi est correct à
la lumière des termes des documents de prêts et des politiques de crédit de l'institution de micro
finance.
Généralement, l'auditeur doit examiner les enregistrements d'opérations et les comparer aux comptes
spécifiques du registre, aux échéanciers de remboursement fixés, aux grandes lignes de la politique de
crédit et aux rapports actualisés de suivi des impayés produits par le système de suivi des crédits.
L'auditeur doit évaluer la pertinence des approbations, examiner les niveaux anormalement élevés
d'impayés ou d'abandon de créances dans certains groupes d'agents de crédit, les rééchelonnements, et
les augmentations excessives de la taille des crédits renouvelés.
procédures de l'institution.
Lors de son évaluation au niveau des bureaux locaux, l'auditeur doit particulièrement vérifier que les
pratiques de crédit de l'institution de microfinance sont conformes aux politiques et procédures qu'elle
a définies. Il n'est pas rare d'observer un « décalage méthodologique » dans les institutions de
microfinance, notamment lorsque la formation et la supervision du personnel n'ont pas suivi
l'expansion rapide de l'institution. Dans une structure décentralisée, les agents de crédit commencent
souvent à prendre des décisions qui vont à l'encontre des principes et des techniques de crédits
fondamentaux de l'institution. Par exemple, les montants de crédits octroyés à de nouveaux
emprunteurs, ou encore les augmentations de la taille des crédits renouvelés à un même emprunteur,
peuvent atteindre des niveaux dangereux en particulier si les agents de crédit sont poussés à présenter
un portefeuille en croissance régulière. Cette situation engendre un risque de crédit car elle autorise les
clients à atteindre très rapidement les limites de leur capacité de remboursement.
Il est également courant que le comité de crédit soit réduit à une pure formalité, si bien que les crédits
ne sont pas réellement discutés. Lorsque l'examen par les pairs n'est plus efficace, des décisions de
crédit hasardeuses peuvent augmenter le risque de contrepartie.
La conformité à certains éléments de la méthodologie de crédit, tels que la constitution et la taille des
groupes, ou la nature des relations entre les membres de chaque groupe, doit également faire l'objet
d'une évaluation. En outre, les auditeurs doivent prêter une attention toute particulière aux mesures
réellement mises en oeuvre pour le suivi des crédits en retard, pour vérifier notamment que
l'information sur les impayés est rapidement délivrée aux agents de crédit, et que des visites
immédiates sont faites aux emprunteurs défaillants. Les institutions de microfinance qui ne prennent
pas de mesures agressives pour lutter contre les impayés ne survivent généralement pas longtemps.
mensuelle, ou alors, si elle est effectuée sur une base annuelle, se fonder sur une moyenne mensuelle
de l'encours de crédits). Cette analyse révèle souvent un large écart entre le produit que devrait
normalement générer l'institution et le produit réel. Par exemple, une institution qui recouvre ses
crédits par des remboursements mensuels peut avoir un taux contractuel effectif de 2,5 % de l'encours
moyen par mois, alors que les intérêts qu'elle perçoit réellement ne se montent qu'à 1,5 % par mois.
Dans l'idéal, l'analyse des écarts de rendement doit être effectuée pour chaque type de crédit.
Cependant les systèmes d'information des institutions de micro finance permettent rarement une
classification analytique du produit des intérêts en fonction des types de crédits. Lorsqu'une analyse
par type de crédit est souhaitable, il est plus pratique de la réaliser grâce à des contrôles de détail.
Cette analyse de l'écart de rendement doit normalement s'inscrire dans le cadre de l'évaluation des
comptes de revenus. Elle est mentionnée ici car la principale cause d'un écart de rendement étant les
impayés, ce test permet un recoupement des données sur la qualité du portefeuille.
D'autres situations peuvent également contribuer à générer un écart de rendement. Si une institution de
microfinance se développe très rapidement, le produit des intérêts peut être inférieur au rendement
théorique parce qu'un large pourcentage de son portefeuille est composé de nouveaux crédits dont le
premier remboursement n'est pas encore à échéance. Parfois, un écart de rendement s'explique par une
indication erronée du montant du solde de l'encours de crédits dans le système comptable. Les erreurs
commises au cours des années précédentes peuvent se reporter d'année en année, si le solde de
l'encours de crédits est actualisé en ajoutant des décaissements et en soustrayant des remboursements
et abandons de créances, sans vérification indépendante.
Si l'auditeur n'est pas en mesure de réaliser une estimation analytique globale du produit escompté, il
est possible de résoudre la question de l'écart de rendement au moyen de contrôles de détail. Dans ce
cas, on sélectionne un échantillon de prêts et on recalcule le produit des intérêts escompté pour la
période sur la base des termes des contrats de prêt. Le montant du produit escompté est ensuite
recherché dans le système afin de vérifier la concordance avec la balance générale. Lorsqu'un écart de
rendement substantiel a été identifié, de tels contrôles de détail permettent parfois de révéler sa cause.
Si l'auditeur choisit d'effectuer des contrôles de détail, ces contrôles doivent couvrir la totalité de la
période auditée.
Si ces contrôles font apparaître un écart de rendement important, l'auditeur devra en rechercher la
cause et rédiger un rapport. S'il ne parvient pas à identifier cette cause, il devra l'indiquer clairement
dans son rapport d'audit ou dans une annexe aux états financiers.
L'annexe D fournit des exemples de procédures pour l'évaluation de deux éléments clés de la gestion
de portefeuille : le rapport sur les impayés et la conformité aux politiques et procédures de crédit de
l'institution de micro finance. Certaines des procédures présentées dans cette annexe peuvent coïncider
avec celles qui sont normalement conduites dans le cadre d'un audit annuel d'états financiers.
Les clients peuvent discuter avec l'auditeur pour déterminer quelles procédures sont pertinentes pour
une institution de micro finance, et dans quelle mesure celles qui sont pertinentes doivent être inclues
dans le cadre courant de l'audit d'états financiers.
Une fois ces points clarifiés, le client doit décider s'il souhaite inclure dans le contrat des procédures
convenues qui dépassent l'étendue des travaux d'audit d'états financiers. De telles procédures peuvent
être requises pour trois raisons :
elles sont souhaitées par le client bien qu'elles ne s'inscrivent pas dans le cadre normal de
travaux d'audit ;
elles sont réalisées dans le cadre normal des travaux d'audit, mais le client souhaite qu'elles
soient effectuées de manière plus approfondie par exemple, en utilisant un échantillon plus
large que celui que l'auditeur aurait normalement sélectionné ;
elles ne diffèrent pas de celles réalisées dans le cadre normal des travaux d'audit, mais le
client souhaite une documentation écrite sur les contrôles spécifiques effectués et les résultats
obtenus, qui n'est normalement pas fournie dans le rapport d'audit d'états financiers
Les provisions pour créances douteuses inscrites dans les états financiers des institutions de
micro finance sont souvent très inadaptées. Pourtant, les auditeurs externes émettent souvent des
opinions sans réserve sur les états financiers de ces institutions, sans avoir suffisamment
approfondi − et encore moins évalué , leur politique de provisionnement. En 1996, Corposol, la
plus grande institution de micro finance colombienne, s'est retrouvée au bord de la faillite à cause
d'une détérioration de la qualité de son portefeuille qui avait été fortement sous-estimée lors
de l'audit annuel, effectué pourtant par la filiale d'un cabinet d'audit appartenant aux « Big Six ».
Le montant de l'encours de crédits établi dans les états financiers de Corposol s'est avéré surestimé
de plusieurs millions de dollars.
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 80/116
Tous les audits d'institution de micro finance doivent prévoir une évaluation consciencieuse des
provisions pour créances douteuses. Sans un provisionnement adéquat pour les pertes probables,
l'encours de crédits du bilan peut être véritablement faussé. En outre, le provisionnement pour
créances douteuses affecte directement la rentabilité d'une institution de microfinance parce qu'il
apparaît sous le poste « dotation aux provisions pour créances douteuses » dans le compte de
résultat. Enfin, un provisionnement adapté pour créances douteuses au bilan donne une bonne
indication initiale sur la capacité de l'institution à gérer l'aspect le plus risqué de son activité : les
impayés.
La majeure partie de l'exposé qui suit est consacrée au provisionnement « scientifique », fondé sur
une balance âgée du portefeuille en cours et une analyse de la performance historique des données
du portefeuille des années précédentes. Les petites institutions de micro finance auront intérêt à
préférer un système moins élaboré. Quelle que soit l'approche, l'essentiel est que la politique de
provisionnement dépende à la fois de l'historique des pertes et de la situation actuelle du
portefeuille.
Une petite institution peut simplement provisionner un pourcentage fixe de son encours, fondé
sur l'expérience globale des pertes des années précédentes. Parfois, un certain pourcentage de
chaque crédit est provisionné au moment du décaissement. Dans ce cas, l'institution doit faire des
vérifications occasionnelles pour s'assurer que le montant cumulé des provisions reste adapté au
total de l'encours. Dans d'autres cas, les crédits ne sont pas provisionnés individuellement au
moment où ils sont octroyés, mais les provisions sur l'ensemble du portefeuille sont régulièrement
ajustées de façon à être maintenues à un pourcentage adéquat.
Lorsque ces méthodes simples sont utilisées, le pourcentage provisionné doit être fondé sur les
taux historiques de pertes (du moins dans les cas où l'institution est suffisamment ancienne pour
avoir des données historiques). C'est pourquoi l'auditeur doit examiner la façon dont ces taux de
pertes ont été déterminés. Le pourcentage de provisionnement doit se fonder sur les montants
passés en perte chaque année, par rapport à l'encours de crédits moyen de l'année. Cependant,
comme on va le voir plus loin, de nombreuses institutions de micro finance n'ont pas une pratique
d'abandon de créances très volontariste ni cohérente. Dans ce cas, le pourcentage de
provisionnement doit être lié, non pas aux abandons de créances enregistrés, mais à la part réelle
des anciens crédits qui se sont avérés irrécouvrables.
Une fois le taux historique de pertes approximativement estimé, il faut aussi prendre en compte
la situation courante du portefeuille pour déterminer le provisionnement. Si le niveau d'impayés
actuel est supérieur à ce qu'il a été dans le passé, le provisionnement doit être fixé à un niveau plus
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 81/116
élevé que le taux historique de pertes. Cela est également vrai si l'institution de micro finance
estime qu'un autre facteur (comme une crise économique) est susceptible de réduire la probabilité
de recouvrement des crédits en cours.
La pertinence des méthodes de provisionnement dépend de la qualité du portefeuille de
l'institution. Si les auditeurs externes estiment que les niveaux de retard et d'impayés sont
réellement très bas, il est moins important de procéder à des évaluations approfondies et à
l'ajustage minutieux du pourcentage de provisionnement de l’institution.
Les grandes institutions de micro finance, ou celles qui se préparent à une forte croissance,
doivent considérer l'approche plus scientifique du provisionnement, qui est habituelle dans le
secteur bancaire. Cette approche nécessite de segmenter le portefeuille de crédits en classes
d'ancienneté, c'est-à-dire en catégories, en fonction du nombre de jours de retard depuis le dernier
remboursement, et de définir ensuite un pourcentage de provisionnement différent pour chaque
catégorie, en fonction du niveau de risque estimé.
Les catégories retenues doivent être définies en fonction de la fréquence de remboursement des
crédits (disons hebdomadaire ou mensuelle) et des données clés du processus de suivi des crédits
en retard. Par exemple, si le directeur d'agence intervient dans le suivi après 90 jours, cela peut
constituer un point de repère dans la balance âgée. Les crédits qui sont en retard, ne serait-ce que
d'un jour, doivent être impérativement distingués des crédits sains. Un exemple de balance âgée,
avec les pourcentages de provisionnement pour chaque classe d'ancienneté, est donné dans la
tableau 7.1. Dans cet exemple, le pourcentage de provisionnement est appliqué à l'encours total des
crédits de chaque catégorie (portefeuille à risque) et pas seulement au montant des
remboursements en retard.
Le pourcentage de provisionnement fixé pour chaque classe d'ancienneté détermine le total des
provisions pour créances douteuses. Dans une institution de micro finance agréée, la balance âgée
et les pourcentages de provisionnement sont habituellement imposés par l'autorité réglementaire,
de sorte que l'auditeur n'a qu'à vérifier si le provisionnement de l'institution est conforme à la
réglementation.
Dans les institutions de micro finance non agréées, la méthode la plus courante consiste à fonder
les pourcentages de provisionnement sur une analyse historique des performances du portefeuille.
Selon cette méthode, l'institution sélectionne une série de crédits d'une période antérieure,
suffisamment reculée dans le temps pour que le résultat final sur la majorité des crédits soit connu.
Cette série de crédits est segmentée selon la même balance âgée que celle utilisée pour le
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 82/116
portefeuille actuel. Ensuite, l'institution détermine, pour chaque catégorie de cette série historique,
quel pourcentage des crédits n'a pas été recouvré. Ces pourcentages sont alors appliqués, dans les
mêmes catégories, pour le provisionnement du portefeuille actuel, à moins qu'un changement
important survenu dans le portefeuille ne requière des pourcentages différents.
La plupart des institutions de micro finance ne sont pas en mesure de produire ce type d'analyse
historique. Les données concernant les anciens crédits n'existent plus, car de nombreuses
institutions ont malheureusement l'habitude d'éliminer les prêts du système d'information de
gestion une fois recouvrés. Quand les données existent encore, il est souvent impossible de les
convertir sous la forme requise pour l'analyse. Dans ce cas, les pourcentages de provisionnement
de l'institution sont généralement laissés à l'appréciation de la direction. L'auditeur peut tester ces
pourcentages de provisionnement en sélectionnant un échantillon d'anciens crédits, afin de vérifier
si les montants effectivement recouvrés sur ces crédits correspondent aux estimations réalisées par
l'institution.
Lorsque les données historiques de pertes ne sont pas disponibles, les institutions de micro
finance font parfois une estimation du provisionnement pour créances douteuses en se fondant sur
l'indicateur de « taux de recouvrement » qui divise les montants effectivement perçus pendant une
période donnée par les montants qui arrivent à échéance selon les conditions du contrat de prêt
durant la même période. Il est tentant de supposer qu'un taux de recouvrement de 97 %, par
exemple, équivaut à un taux de pertes annuel de 3 % de l'encours. Mais il s'agit d'une grave erreur,
car c'est oublier : 1) que le taux de recouvrement est fondé sur les montants décaissés, qui peuvent
être pratiquement deux fois supérieurs à la valeur de l'encours apparaissant dans les comptes de
l'institution, et 2) que le montant des pertes indiqué par le taux de recouvrement est produit à
chaque cycle de crédit et non chaque année. Pour une institution proposant des crédits à trois mois
remboursés sur une base hebdomadaire, un taux de recouvrement courant de 97 % équivaut à une
perte de 22 % de l'encours moyen chaque année.
Même lorsque les auditeurs estiment que la politique de provisionnement d'une institution de
micro finance est pertinente, ils doivent vérifier qu'elle est correctement mise en pratique.
Plus important encore, même la meilleure politique de provisionnement au monde ne saurait
produire des résultats fiables si elle est appliquée à une information erronée sur le portefeuille.
Comme on l'a déjà vu, la première démarche de l'auditeur doit consister à vérifier l'exactitude de
l'information du système de suivi des crédits concernant les montants et les situations d'impayés.
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 83/116
La plupart des institutions de microfinance n'ont pas de politique d'abandon de créances définie.
Les abandons de créances sont souvent faits de façon non volontariste et arbitraire. Une institution
de microfinance peut avoir le sentiment, souvent à tort, que reconnaître ouvertement un crédit
comme une créance douteuse revient à envoyer aux agents de crédit et aux clients un message
indiquant que l'institution ne s'intéresse plus au recouvrement de cet encours de crédits. C'est
pourquoi l'institution préfère conserver le crédit en retard dans ses comptes. Comme la plupart des
institutions de microfinance sont des organisations à but non lucratif, et ne paient pas d'impôts sur
le revenu, elles ne sont pas concernées par les mesures fiscales incitatives qui pourraient les
encourager à l'abandon de créances.
Par exemple, au Guatemala, une institution a reporté toutes ses créances douteuses sur ses registres
pendant des années, faisant grimper l'indicateur de risque du portefeuille à près de 15 %. Ce qui
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 84/116
signifie que 15 % de ses encours de crédits étaient considérés comme des crédits à problèmes
parmi lesquels 9 sur 10 avaient un retard de plus de 180 jours, donc étaient peu susceptibles d'être
recouvrés. Si l'institution avait passé en perte chaque année tous les crédits ayant un retard
supérieur à 180 jours, son taux de portefeuille à risque n'aurait été que de 1,5 %. Cependant,
l'institution ne voulait pas corriger cette distorsion parce que cela aurait entraîné, d'un seul coup,
une perte énorme dans son compte de résultat.
Au lieu de cela, l'institution a continué d'éviter de passer ses créances douteuses en perte,
surestimant ainsi ses produits et ses actifs, et faisant apparaître son portefeuille courant plus
mauvais qu'il ne l'était réellement.
Lorsqu'une politique d'abandon de créances a été définie dans une institution, l'auditeur doit
déterminer si elle est correcte. S'il n'existe en revanche aucune politique dans ce domaine,
l'auditeur doit en proposer une. Cette politique doit tenir compte du fait que, dans la plupart des
pays pauvres, le recouvrement par voie juridique de crédits de petite taille n'est pas rentable. Les
institutions de micro finance peuvent engager une procédure judiciaire à l'encontre de leurs clients
défaillants, mais les frais de justice dépassent généralement le montant à recouvrer, ce qui entraîne
un recouvrement net négatif. Les crédits doivent être passés en perte lorsque la probabilité de
recouvrement devient très faible, ce qui arrive souvent bien avant que les recours légaux n'aient été
épuisés.
En supposant que l'institution de microfinance ait une politique d'abandon de créances rationnelle,
la question suivante est de savoir si celle-ci est correctement appliquée. Dans le cas d'une banque
commerciale normale, l'auditeur externe effectue un examen détaillé de chaque abandon de
créances, le confrontant à la politique et aux réglementations en vigueur. Une telle approche ne
serait probablement pas rentable dans le cadre d'un audit d'institution de microfinance ; on se
contentera donc de tester un échantillon modeste de crédits passés en perte.
Tout audit des états financiers d'une institution de microfinance doit inclure un examen des
pratiques d'abandon de créances. Cependant le caractère significatif de cette question, ainsi que la
somme d'efforts à y consacrer, dépendra de la qualité du portefeuille de l'institution. Dans les cas
où les impayés sont réellement faibles, la question de l'abandon de créances est moins significative
pour les états financiers dans leur ensemble.
Les états financiers audités doivent toujours comporter une explication claire et précise de la
politique et des pratiques d'abandon de créances et de provisionnement. Lorsque aucune politique
n'a été définie, ou que l'auditeur a des doutes quant à sa pertinence, cela doit être notifié à l'endroit
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 85/116
approprié dans la note à la direction, les états financiers, ou même dans l'opinion écrite émise par
l'auditeur, suivant la gravité et le caractère significatif du problème.
Les rapports sur les impayés des institutions de micro finance présentent souvent des crédits comme
sains, ou les traitent comme des crédits recouvrés, alors que les clients n'ont en fait pas versé l'argent
correspondant aux remboursements dus.
Lorsqu'un client est défaillant sur un crédit, la plupart des institutions rééchelonnent (restructurent)
le crédit en ajoutant des intérêts non payés au solde principal et en créant un nouvel échéancier de
remboursement. Le crédit restructuré peut être présenté comme sain dans le rapport sur les impayés,
ce qui donne une mauvaise indication de son niveau de risque réel. De toute évidence, un crédit qui a
été rééchelonné présente plus de risques de non-remboursement qu'un crédit qui est remboursé
régulièrement conformément aux conditions du contrat. L'auditeur doit examiner les politiques et
procédures de l'institution en matière de rééchelonnement des crédits. Celles-ci doivent fournir des
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 86/116
Un autre problème courant de versement calculé est le remboursement d'un crédit en retard par
refinancement, c'est-à-dire qu'un nouveau crédit est accordé au client défaillant pour rembourser son
crédit en retard, ou par émission d'un crédit parallèle dont le montant est utilisé pour mettre à jour le
crédit en retard. Là encore, l'évaluation est relativement simple si, et ce n'est pas souvent le cas, le
système de suivi des crédits de l'institution signale ces faits. Sinon, le seul moyen est de sélectionner
un échantillon de crédits présentés comme sains et de vérifier l'historique des remboursements sur
les crédits antérieurs accordés au client. Lorsqu'il y a eu un problème de remboursement ou même
un remboursement anticipé sur un crédit antérieur, l'auditeur doit chercher à en déterminer les
raisons. Si l'institution ne conserve pas les données concernant les crédits antérieurs dans le système
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 87/116
Les crédits sont parfois remboursés sous forme de chèques (dont des chèques postdatés ou provenant
de tiers) ou par le dépôt de garanties matérielles comme des machines. Dans ce cas, le rapport sur les
impayés peut présenter le crédit comme sain, avant même que le chèque ou la garantie n'aient été
convertis en argent. Le montant en question disparaît du portefeuille de crédits et réapparaît dans un
autre compte, tel que créances diverses ou immobilisations corporelles, où il peut demeurer
longtemps. L'actif peut ne jamais être converti en argent comme le nécessiterait le remboursement
total du crédit, mais les impayés ou la perte sur créances induite ne sont pas signalés dans le système
de suivi des crédits.
Cela pose particulièrement problème dans le cas de garanties matérielles comme les machines, car
elles sont souvent vendues pour un montant inférieur à leur valeur de garantie.
L'auditeur doit clairement identifier les politiques et procédures de l'institution de micro finance en
la matière (ou éventuellement leur absence). Lorsque ces politiques sont claires, il doit déterminer si
elles sont adéquates, sans oublier leur cohérence vis-à-vis de l'historique des performances du
portefeuille de l'institution.
Après avoir évalué la politique de provisionnement de l'institution, l'auditeur doit vérifier qu'elle est
correctement appliquée en examinant un échantillon de crédits, généralement en lien avec l'autre
évaluation portant sur le portefeuille de crédits.
Troisième partie
La délinquance est un phénomène commun à l’activité de crédit. Il est tout à fait usuel qu’une
institution ayant comme principale activité l’octroi du crédit, connaisse quelques fois, des problèmes
de recouvrement qui puissent aboutir en pertes d’exploitation pour l’institution. Comme il est tout à
fait usuel qu’un commerçant de fruits et légumes enregistrent des pertes dues à des marchandises
périmées ou qu’un commerçant de tissus ait à affronter des pertes dues à une désuétude de ses stocks.
Observation
C’est exactement la même chose lorsque l’on parle du crédit puisqu’il s’agit aussi d’une activité
pratiquée sur la base de principes commerciaux.
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 91/116
Observation
De plus dans le contexte et la philosophie d’une mutuelle d’épargne et de crédit, il est de l’obligation
des gestionnaires de prendre et adopter tous les moyens permettant d’offrir les services au plus bas
coût possible tout en assurant la rentabilité et la pérennité de l’institution
Observation
En zone uémoa, la réglementation «parmec» en vigueur tolère jusqu’à un maximum de 5% le total de
l’encours retards à plus de 90 jours.
Il est donc important pour les gestionnaires de connaître l’âge de la délinquance de son portefeuille
de prêt.Cette information permettra de prendre rapidement et adéquatement les mesures de
recouvrement adaptées à la situation.
À titre de suggestion, nous proposons un outil de travail («reporting») qui comporterait les
caractéristiques suivantes :
Tableau du portefeuille
Données du portefeuille
Mois : ____________________ CEC :________________
Retard de 1à 30 jours
Retard de 31à60 jours
Retard de 61 à 90
jours
Retard 90 à 120 jours
Retard > 120 jours
RÉALITÉ MICROFINANCE
Selon les critères de l’industrie micro finance, on constate que les institutions et les réseaux ayant
atteint l’autosuffisance financière et opérationnelle enregistrent des taux de pertes sur prêts
maximaux de 2%. Dans la plupart des cas, ce taux se situe vers 1%.
RECOMMANDATION
Donc, une institution désirant atteindre son autonomie financière et la maintenir par la suite, doit
viser une cible maximale de 2% comme ratio de pertes sur prêts.
Toutes les institutions de microfinance se doivent d’établir une réserve pour pertes sur prêts
qui soit réaliste en fonction des performances historiques. Cette réserve vise à présenter de
façon la plus précise possible tant l’encours brut des crédits que la dépense éventuelle qui peut y
être relié. En effet, la délinquance représente une charge reliée à l’activité de crédit. L’analyse du
niveau de la réserve devrait être faite périodiquement et ajusté au besoin (ex : trimestrielle,
semestrielle, annuelle).
La réserve pour pertes sur prêts est calculée en divisant le montant de la provision pour pertes sur
prêt par l’encours total des prêts.
Tel que mentionné précédemment, plus un prêt affiche un long retard, plus les chances de
recouvrement diminuent.
RÉALITÉ UÉMOA
En zone UÉMOA, la réglementation PARMEC prévoit une dotation aux provisions pour pertes sur
prêts qui est fonction de l’âge de la délinquance.
Ainsi, la dotation proposée est la suivante :
De plus les prêts affichant plus de 12 mois de retard doivent être radiés.
La radiation s’opère après reprise des provisions pour créances douteuses initialement crée.
Le choix de la politique de dotation reste une décision sous le pouvoirs gestionnaires des
réseaux.
L’intention du CGAP étant seulement de refléter une situation la plus conservatrice possible, ce
qui correspond aux normes et pratiques comptables généralement reconnues.
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 96/116
Cette approche nous semble pertinente dans le contexte d’une gestion prudente.
Réalité microfinance
Une institution pratiquant une politique agressive (rapide) de radiation de ses créances en souffrance,
pourrait présenter un ratio par très acceptable (< 2%, 90 jours et plus).
Toutefois, en regardant de plus près, on pourrait constater un ratio de radiation des prêts très
significatif, qui vient temporiser la performance affichée par le ratio par.
Le ratio des prêts radiés se calcule en divisant le montant en principal des prêts radiés durant la
période par l’encours brut moyen de l’ensemble des prêts durant la même période.
Observation
Ainsi, toute différence significative entre ces deux (2) ratios indiquerait un changement au
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 97/116
niveau des performances de recouvrement et/ou pourrait aussi nous indiquer que la politique de
provisionnement est inadéquate face à la réalité de l’institution.
Les réseaux doivent s’assurer que la dotation aux provisions est correctement effectuée par les
mutuelles d’épargne et de crédit qui leur sont affiliées. En effet, l’application stricte de la
politique de provisionnement a pour effet de stabiliser les critères de qualité du portefeuille. Une
institution qui n’appliquerait pas minutieusement cette politique pourrait se retrouver avec un fort
volume de Pertes sur prêts à un moment donné. De plus, les gestionnaires seraient ainsi privés,
des signaux d’alarme leur permettant de réagir à temps.
Par signaux d’alarme on entend :
(Encours des Crédits ayant des Impayés excédant 30 jours + Encours des Crédits
Rééchelonnés (restructurés) / Encours Total du Portefeuille Brut de Crédits
Le Portefeuille à Risque (PaR) se calcule en divisant l’encours de tous les crédits présentant des
arriérés de paiement excédant 30 jours, plus l’encours des crédits rééchelonnés (restructurés)
, par l’encours total du portefeuille de crédits arrêté à une date. Vu que ce ratio est souvent utilisé
pour mesurer les crédits affectés par des arriérés de paiement de plus de 60, 90, 120 voire 180
jours, le nombre de jours doit alors être clairement mentionné (par exemple PaR30).
Ladistinction entre les crédits rééchelonnés et les crédits normaux n’est pas toujours évidente pour
les IMF. Par conséquent, si la partie des prêts rééchelonnés n’est pas significative (inférieure à
1%), alors le total des crédits affectés par les retards de paiement de plus de 30 jours pourra être
accepté comme la mesure approximative du Portefeuille à Risque. Si les prêts rééchelonnés sont
significatifs,
mais ne peuvent être déterminés avec précision, le ratio Portefeuille à Risque reste toujours une
mesure utile, mais il devra être accompagné d’une mention précisant qu’il n’inclut pas les prêts
rééchelonnés. Le fait de négliger purement et simplement les prêts restructurés reviendrait à sous-
estimer largement le risque.
Qu'indique-t-il ?
Ce ratio représente la mesure de qualité du portefeuille la plus largement acceptée. Il montre la
partie
du portefeuille de crédit « contaminée » par les impayés et présentant donc un risque de ne pas être
remboursé. Plus la durée du retard de paiement est grande, moins le prêt a de chances d’être
remboursé. De manière générale, tout Portefeuille à Risque (PaR30) excédant 10% doit être
préoccupant, car à l’opposé des crédits commerciaux, la plupart des microcrédits ne sont pas
couverts
par des garanties facilement réalisables telles que des titres, du matériel,…). Financiera Vision,
BancoSol, Caja los Andes et FIE sont des exceptions à cette règle. Ces IMF ont pu réduire leur
risque
en acceptant des garanties formées par des actifs commerciaux à un taux plus élevé que celui
couramment pratiqué. Dans ces cas-là, un ratio PaR élevé ne signifie pas nécessairement pour
l’institution des pertes potentielles.
Un autre aspect important dans l’analyse du risque d’un portefeuille réside dans la pratique de
restructuration et de refinancement des prêts. L’IMF colombienne FinAmérica, auparavant
Finansol,
présente un bon exemple du danger lié à ces pratiques. En 1995, Finansol avait pratiquement triplé
son portefeuille, en concentrant ses efforts dans l’octroi de nouveaux prêts. Les impayés
s’envolèrent
et Finansol finit par perdre le contrôle de son portefeuille. Pendant un temps Finansol était capable
de
couvrir les premiers impayés en restructurant à chaque fois les prêts en souffrance, mais finalement
les prêts restructurés ont eux-mêmes présenté des arriérés. Au début de 1996, Finansol était au
seuil
de la faillite. Comme le montre l’exemple de Finansol, les prêts restructurés doivent être analysés
avec attention.
Enfin, la fréquence de remboursement des prêts est un autre facteur important dans l’analyse du
risque du portefeuille. De manière générale, une fréquence élevée des paiements des échéances
d’un
prêt crédibilise d’avantage la mesure du Portefeuille à Risque. Si les paiements sont par exemple
hebdomadaires, un prêt présentant 30 jours de retard signifie qu’il a manqué au moins trois
échéances, ce qui présente un plus grand danger comparé à un retard de paiement d’une seule
échéance mensuelle (également 30 jours de retard). A l’autre extrême, il faut faire attention aux
prêts
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 100/116
ayant un remboursement unique à la fin de la période du prêt, comme c’est le cas dans les prêts
pour
l’agriculture où les paiements sont liés au cycle de la récolte. Dans ces cas, les mesures PaR (30,
60,
90) ont une moins grande signification.
Le ratio de Portefeuille à Risque est une mesure utile mais qui ne montre pas tout sur les risques
encourus. Comme toute mesure de performance, le ratio de PàR peut être manipulé. La forme de
manipulation la plus courante est de passer en perte les prêts en retard. Le portefeuille à risque doit
dès lors toujours être analysé conjointement avec le quatrième indicateur de qualité de portefeuille,
à
savoir le ratio Pertes sur Créances. En outre, un niveau identique de PàR peut résulter de
portefeuilles
représentant des profils de risque bien différent. Un portefeuille de prêts avec une forte
concentration
de prêts sérieusement en retard (prêts affectés par des arriérés de plus de 90 ou 180 jours) sera
nettement plus risqué qu’un portefeuille affecté par des retards limités à 30 ou 60 jours.
Le niveau de dotations aux provisions doit être analysé de concert avec le ratio Couverture de
Risque. Si les réserves pour créances douteuses au bilan sont faibles comparativement au
Portefeuille à Risque, cela signifie que la dotation aux provisions est probablement trop faible.
tout à fait bien compris. Mais des réserves élevées sont également constituées pour tenir compte du
fait que les portefeuilles de microcrédits ne sont généralement pas couverts par des garanties.
Alors qu’il est préférable de manière générale d’avoir un ratio de Couverture de Risque élevé,
certains cas justifient des ratios plus bas. Par exemple, quand la majorité des crédits d’un portefeuille
est couverte par des garanties, un ratio inférieur à 100% est habituel. Aussi, pour les institutions
réglementées, les autorités de contrôle et particulièrement les lois fiscales, imposent des limites aux
provisions.
Pour les institutions ayant des taux de couverture élevés (>200%), ces niveaux apparemment élevés
de réserves seraient une mesure pour se prémunir contre une baisse de la conjoncture économique ou
contre une faible performance du portefeuille. Cali en Colombie, un des leaders en micro finance, a
augmenté en 2001 ses réserves à 262% de son Portefeuille à Risque, alors qu’elles étaient de 207%
en 2000 et de 104% en 1999. Dans ce cas-là, l’institution cherche clairement à se renforcer dans la
perspective d'éventuels chocs économiques dans un pays en crise. Compartamos (Mexique), avec un
ratio de couverture de risque de 364% est, parmi l’échantillon MicroRate 29, l’IMF dont la
croissance est la plus rapide. Un ratio de couverture de risque élevé compense dans ce cas le fait que
la forte croissance a tendance à « diluer » le portefeuille à risque et l’institution se prépare de la sorte
au jour où la croissance diminuera et où le portefeuille à risque augmentera.
Le ratio de Couverture des Risques doit être analysé conjointement avec les indicateurs de
Portefeuille à Risque et de Pertes sur Créances, vu que ces trois mesures sont interdépendantes.
Comme montré dans la section précédente, différents profils de risques peuvent avoir une valeur
même identique pour le ratio de Portefeuille à Risque. Un portefeuille ayant un PaR30 de 5% peut
être un portefeuille très risqué si celui-ci comporte une grande proportion d'arriérés sérieux, ou bien
être un portefeuille sain si les prêts sont quasi-certains d’être remboursés. Quant aux Pertes sur
Créances, elles réduisent le PAR d’un seul trait. Afin de bien appréhender le risque d’un portefeuille,
il est essentiel de vérifier si un bon niveau de Portefeuille à Risque et donc un taux de Couverture de
Risque favorable est le résultat d’une bonne sélection de clients ou bien d’un excès de passages en
perte.
Il est généralement admis que les ratios de Couverture de Risque diminuent au fur et à mesure que
l’industrie de micro finance devient mature. Le MicroRate 29 semblait confirmer cette tendance en
1999 lorsque le taux moyen de Couverture de Risque tomba à 88%. Mais par la suite il remonta pour
osciller à des niveaux plus élevés, atteignant 99% à la fin de 2001. Ceci est sans doute la réponse
aux difficultés économiques persistantes que connaissent les pays comme la Bolivie, le Pérou et la
Colombie, qui sont très représentatifs dans l’échantillon. Il est aussi important de noter que les ONG
sont en train d’améliorer leurs ratios de couverture afin d’être au même niveau que l’ensemble de
l’industrie de microfinance.
3.3.4. Le ratio de Pertes sur créances
RATIO PERTES SUR CREANCES
Créances Passées en Pertes / Encours Moyen du Portefeuille Brut de Crédits
Comment calculer le ratio ?
Le ratio de Pertes sur Créances est calculé en divisant le total des créances passées en pertes sur la
période par l’encours moyen du portefeuille brut de crédits.
Qu'indique-t-il ?
Cet indicateur représente simplement les prêts qu’une institution a décidé de rayer de sa comptabilité
en raison d’un doute important concernant leur remboursement. Le passage de crédits en pertes est
une écriture comptable qui évite que les actifs soient gonflés de manière non représentative par des
prêts qui ne pourront pas être récupérés. La passation en perte affecte de manière identique le
portefeuille brut des crédits et les réserves pour créances douteuses. Ainsi, à moins que les réserves de
provision ne soient insuffisantes, l’écriture n’affectera pas la valeur totale des actifs, ni le portefeuille
net des crédits, ni les charges ou le revenu net. Le passage en perte d’un crédit ne signifie en aucune
manière l’abandon des efforts de l’institution pour récupérer sa créance ou l’obligation de
remboursement du client.
Quels sont les points à surveiller ?
Certaines institutions passent des créances en pertes de manière agressive afin de nettoyer leur
portefeuille. De ce fait, elles montrent un Portefeuille à Risque peu élevé, et c’est grâce au ratio de
Pertes sur Créances que l’analyste détectera que cette amélioration est plus pour l’apparence que
réelle. D’autres IMF, particulièrement les ONG, résistent à rayer de leurs livres les crédits
sérieusement en retard, estimant qu'elles poursuivent les efforts pour récupérer ces crédits.
Les règles de passage en pertes varient largement parmi les IMF. Par exemple, Caja los Andes décide
de passer en perte les crédits lorsque leurs impayés atteignent 90 jours, alors que ADOPEM n’a pas
passé de pertes sur créances depuis des années. Le ratio Pertes sur Créances est dès lors mieux
compris dans le contexte du Portefeuille à Risque d’une institution. En fait, sa fonction principale est
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 105/116
de servir comme indicateur de contrôle pour permettre de mieux comprendre le Portefeuille à Risque.
Par exemple, la légère baisse de la moyenne du Portefeuille à Risque observée en 2001 est moins un
signe d’amélioration de la qualité des portefeuilles que le résultat d’une augmentation des passages en
pertes sur créances.
Où se situent les IMF de MicroRate 29 ?
Les passages en perte ont progressivement augmenté parmi les IMF de MicroRate 29, et la tendance
s’est accentuée en 2001, vu que les grandes institutions boliviennes ont été confrontées à des
problèmes dans leurs portefeuilles. Cependant et de manière surprenante, les passages en pertes sont
restés peu élevés, si l’on considère que beaucoup d’IMF de l’échantillon opèrent dans des pays en
prise avec des problèmes économiques.
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 106/116
Conclusion générale
Rappel des objectifs du
mémoire
problématique
plan d’action du mémoire
Contexte spécifiques
Objectifs de l’étude et
du mémoire et
Synthèse du mémoire
recherche de solutions
Synthèse de la démarche de
Ouverture sur l’avenir
Synthèse du mémoire
Synthèse de la démarche de recherche de solution
Les impayés qui conduisent souvent à l’irrécouvrabilité des créances, constituent, dans la
majorité de cas, la principale cause de faillite des institutions qui accordent des crédits. Même les
Institutions qui réussissent sont sans cesse menacées par le spectre des impayés
Tout Gestionnaire soucieux de la pérennité de son IMF est tenu d avoir une gestion rigoureuse de
toutes les créances dont les paiements sont en retard.
Il doit par conséquent :
• Connaître les causes et coûts des impayés pour l Institution,
• Mesurer les impayés,
• Contrôler les impayés .
1. Causes et Coûts des Impayés
Crédits en impayé sont des crédits sur lesquels au moins un remboursement est en retard et le retard
est mesuré après un jour de remboursement non payé à l’ échéance.
Les Causes des Impayés dans une Institution de microfinance, peuvent être regroupées en 3
Catégories :
- Causes liées à l Institution (retard dans le déblocage des fonds, insuffisance ou manque de
suivi, dossiers de prêts mal étudiés, etc )
- Causes liées à l Emprunteur(mauvaise gestion, mauvaise foi, etc..)
- Causes externes (décisions gouvernementales, fluctuation des prix, etc )
L IMF est le premier responsable des impayés, même si la cause la plus immédiate est externe (l
IMF a toujours la possibilité de faire quelques chose
Il n y a pas de mauvais clients mais des mauvais prêts. La responsabilité des impayés incombe
donc à l Institution qui accorde les crédits
L IMF doit agir pour réduire les retards et les créances irrécouvrables.
Il y a beaucoup de parties prenantes dans l opération de crédit, seule l Institution est responsable des
créances irrécouvrables et non les autres parties prenantes.
Les coûts de créances irrécouvrables ainsi que des impayés sont bien réels pour une
IMF. Ils affectent aussi bien l IMF que les bons Emprunteurs ;
La Balance âgée des impayés est un outil important dans la gestion des impayés. Il permet de
bien apprécier le risque et oriente les gestionnaires de crédits dans les stratégies de
recouvrement des impayés ;
Les provisions pour créance douteuse réduisent la rentabilité de l Institution et les pertes sur
créances irrécouvrables décapitalisent l IMF.
Annexes
Annexe 1 :
Groupe
ressources financières
Matérialiser
Gestion laprevisionnelle
vision financière
desdu
Annexe 2 :
ressources financières
Tenue etde
présentation
Organisation
Tableau et gestion
bord des
descomptes
prospectif
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 113/116
Annexe1 :
Annexe 2 :
Risque, provisionnement et qualité du portefeuille de IMF 114/116
Bibliographie
Ouvrages et articles
Ouvrages
Articles
Mémoires
Sites web
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Ouvrages et articles :
1. Rapport du Séminaire : Pérennité et institutionnalisation du SystèmeFinancier décentralisé,
Groupe français de développement – PRAOC
2. Micro-Finance, Document inédit, BART de Bruyne, TRIAS – Belgique,2001.
3. Exposé sur Rentabilité et Durabilité d'une IMF, 2èmeAtelier du RéseauSolidarité Micro –
finance, Nov. 2003, Kinshasa – R.D. Congo ,Lambert MIMPYA.
4. Rapport du Séminaire – AQUADEV; Louga, Sénégal 1999, Expériencesde micro - finance en
Afrique de l'Ouest.
5. Les défis de la croissance des institutions de microfinancement,Expérience de Bancosol, CGAP
Focus n°6, Mai 1997(hhtp:www,cgap.org)
BCEAO (1998), Instruction n°06 et annexes relatives auxmodalités de détermination des ratios
prudentiels, Dakar.
BENIN(1998),Décret n°98-60 du 09 février 1998 portantmodalités d’application de la loi n°97-027
du 08 août 1997.
BENIN(1997), Loi n°97-027 du 08 août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes
ou coopératives d’épargne et decrédit.
BESSIS J. (1995), Gestion des risques et gestion actif-passif desbanques, Dalloz, Paris.
CHRISTEN R. P. et ROSENBERG R. (2000), La course à la ré-glementation : établissement de
cadres juridiques pour la micro-finance, CGAP, Etudes spéciales n°4.
GURLEY J. & SHAW E. (1960), Money in a theory of finance,Brooking Institute, New York
LELARTM. (1996), La nouvelle loi sur lesmutuelles d’épargne etde crédit dans les pays de
d’Afrique de l’Ouest : la loi PARMECdel’UEMOA,Mondes en Développement, tome 24, n°94,
pp. 57-69.
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