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Revue

Construction Référence

Métallique ASS-CAL 1-02

CALCUL D’UN ASSEMBLAGE D’UNE POUTRE À TREILLIS


SUR UN POTEAU
par I. Ryan

1. – INTRODUCTION

Lors des calculs des assemblages par gousset de barres fortement sollicitées,

– barres de contreventement (dans les structures de bâtiment multi-étages ou de bâti-


ment industriels),

– barres diagonales aux extrémités d’une poutre à treillis,

le projeteur s’interroge souvent sur la répartition des efforts au sein de l’assemblage.

L’objet de cette rubrique est l’examen détaillé d’un tel assemblage : celui de la diago-
nale de rive d’une poutre à treillis sur la membrure supérieure et le poteau montant, par
gousset et platine boulonnée (voir figure 1). Conformément à l’usage, les axes des
barres assemblées se croisent en un point (pas d’excentricité entre les axes). On conçoit
l’assemblage pour transmettre les efforts axiaux obtenus d’une analyse globale de la
structure réalisée en considérant les extrémités des barres diagonales articulées sur la
membrure. Le problème spécifique posé est de connaître la répartition de l’effort appli-

Fig. 1

I. RYAN – Ingénieur Principal

CENTRE TECHNIQUE INDUSTRIEL Domaine de Saint-Paul, 78470 Saint-Rémy-lès-Chevreuse


Tél.: 01-30-85-25-00 - Télécopieur 01-30-52-75-38
DE LA CONSTRUCTION MÉTALLIQUE
Construction Métallique, n° 3-2002
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qué sur les parties de la membrure et du montant (ou poteau) attachées par le gousset.
Une fois ces derniers efforts connus, la vérification des résistances des attaches et,
éventuellement, celle des éléments attachés, peut être entreprise par référence aux
règles applicables (les règles CM66 ou l’Eurocode 3).

Un certain nombre d’essais a été réalisé aux États-Unis afin d’apporter des clarifications
sur le comportement et la résistance des tels assemblages. Thornton [1, 2, 3], ayant étu-
dié les résultats de six essais [4 à 8], a proposé une méthode de calcul des efforts qui
conduit à une concordance satisfaisante avec les résultats expérimentaux. Il a conclu
que de ne pas prendre en compte la présence des moments, ni dans les barres assem-
blées ni dans les attaches sur le périmètre du gousset, ne conduirait pas à une suresti-
mation des résistances des assemblages. La méthode de Thornton, que l’auteur appelle
2 « la Méthode Homogène de Forces » (« Uniform Force Method »), est basée sur les
observations suivantes :

● On se situe dans le contexte des assemblages où les axes de toutes les barres assem-
blées ont un point commun d’intersection, point appelé le « point de fonctionnement »
par Thornton. Afin de respecter l’hypothèse que les efforts axiaux dans toutes les
barres assemblées passent par ce point de fonctionnement, la résultante de tous les
efforts dans les deux attaches aux bords du gousset doit le faire également parce que
cet effort résultant doit équilibrer parfaitement l’effort appliqué par la diagonale.
● Les essais expérimentaux et les études associées concernant la diffusion des efforts
dans les parois du poteau et de la membrure en face du gousset indiquent qu’on peut
admettre que la résultante des efforts dans chacune des deux attaches aux bords du
gousset suit une trajectoire spécifique.
En conformité avec ces observations, Thornton a formulé une expression qui permet de
déterminer les trajectoires des efforts résultants dans les deux attaches du gousset.
Parce que la solution n’est pas unique, il y a lieu de faire un choix. Une fois qu’une paire
de trajectoires a été choisie on obtient une solution complète au problème posé concer-
nant la répartition des efforts au sein des attaches. Ce seront les vérifications des résis-
tances qui montreront que le choix retenu convient ou non.

Il existe d’autres approches connues des bureaux d’études pour estimer la répartition
des efforts au sein de tels assemblages. Ces approches sont généralement basées sur
l’hypothèse d’une répartition linéaire élastique des efforts dans des sections (dont les
plans des attaches) où les excentrements éventuels des efforts par rapport aux centres
des sections examinées sont pris en compte par l’application de la théorie des poutres
(RDM). Parce que la théorie de la RDM conduit à des répartitions des efforts peu repré-
sentatives de la réalité (en particulier quand on approche l’état limite ultime), la ten-
dance est souvent de surdimensionner les éléments de l’assemblage, notamment les
attaches du gousset. D’après Thornton, l’avantage principal de sa méthode est que, par
rapport aux dispositions conçues en utilisant une approche plus « classique », les
assemblages obtenus sont significativement plus efficaces. Avec des dimensions
réduites des goussets/platines avec moins de boulons et soudures, on peut attendre des
coûts de fabrication et d’exécution réduits.

2. – MÉTHODE DE THORNTON

2.1 – Cas élémentaire

Thornton a fondé sa méthode sur les conclusions des études expérimentales qui indi-
quent que les résultantes des efforts dans les attaches du gousset suivent des trajec-

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toires qu’on peut identifier avec une précision adéquate. Il a observé qu’en choisissant
des positions spécifiques (en paire) pour ces trajectoires on fait en sorte

● que les trois conditions d’équilibre soient automatiquement respectées,


● qu’il n’y ait pas de moment à prendre en compte lors des vérifications,
● que, comparées aux essais, les estimations des résistances soient acceptables.

Thornton, qui n’a pas explicitement précisé les trajectoires qu’il a adoptées, a donné
une règle fixant les centres des attaches et les expressions pour les valeurs correspon-
dantes des efforts résultants dans l’assemblage (figure 2). On peut en déduire que
chaque trajectoire est identifiée par deux points spécifiques, dont un est situé au centre
de l’attache concernée tandis que l’autre est situé sur l’axe de la barre (membrure ou
montant) recevant le gousset. On peut comprendre que ces deux paires de points ont
3
des coordonnées étroitement liées qui sont fonctions de l’effort appliqué et de la géo-
métrie de l’assemblage. Dans l’assemblage de la figure 2 l’axe de la membrure est hori-
zontal et l’axe du montant (le poteau) est vertical (faisant donc un angle de 90° avec
l’axe de la membrure).

Point de fonctionnement :O
eC Point B :Centre de l'attache membrure gousset
b
Membrure
O
x
eB
B
c
C Gousset
R

Diagonale

P
Point C :Centre de l'attache poteau gousset

Poteau-montant

y Angle de 90° entre les axes du poteau-montant et de la membrure

Fig. 2

2,11. – Positionnement des centres des attaches et des résultants des efforts aux
attaches

Le raisonnement adopté par Thornton pour déterminer la répartition des efforts peut
être déduit de la figure 3. Le point de référence O, c’est-à-dire l’origine des repères, est
le point d’intersection des axes des barres assemblées (« le point de fonctionnement »
selon Thornton). Les centres des attaches sont désignés par les points B (membrure) et
C (poteau-montant). Les paramètres géométriques sont indiqués sur les figures 2 et 3.

(Note : Avec l’objectif d’améliorer la compréhension, les symboles utilisés ici pour les
paramètres géométriques donnant les positions des centres (B et C) des attaches sont
différents de ceux adoptés par Thornton).

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● Pour qu’une solution pour les efforts (HB , VB ) et (HC , VC ) dans les deux attaches aux
bords du gousset soit acceptable une condition fondamentale à respecter est que la
résultante de l’ensemble soit parfaitement en équilibre avec l’effort P appliqué par la
diagonale. Pour être en équilibre parfait, il faut démontrer que la résultante de
l’ensemble des efforts (P, HB , VB , HC , VC ) est nulle. Les conditions nécessaires pour
satisfaire ceci peuvent être exprimées ainsi :

– les vecteurs des résultantes RB , RC et de l’effort P doivent avoir un point commun


d’intersection (point Pp sur la figure 2),

– la valeur de la force résultante de l’ensemble (P, RB , RC ) doit être nulle.

Thornton a donc identifié deux trajectoires, une passant par BT pour le vecteur RB et
4 ●

l’autre passant par CM pour le vecteur RC, ayant le même point d’intersection sur la
droite passant par OR qui porte le vecteur de l’effort appliqué P.

● Lors de la conception des attaches, en choisissant de placer le centre de gravité de


chaque attache sur la trajectoire de l’effort résultant correspondant, on admet que les
répartitions des efforts sur les attaches sont uniformes. Thornton a déduit que les
positions des centres des deux attaches doivent être choisies telles que le point R
(figure 3) soit situé sur la droite portant le vecteur P. Pour cela, il faut respecter la
condition suivante :

yR tan θ = xR (1a)

où θ est l’inclinaison de la diagonale, c’est-à-dire de son effort P, par rapport l’axe vertical,

et xR = xB = eC + b et yR = yC = eB + c sont les coordonnées du point R pour le cas de la


figure 2.

Pour le cas présent (d’un montant et d’une membrure faisant un angle droit) l’expres-
sion (1a) devient (après arrangement) :

b – c tan θ = eB tan θ – eC. (1b)

Du fait que les termes à droite de cette expression soient fixés par les dimensions des
barres, on voit que toutes les paires de valeurs des distances b et c qui satisfont la diffé-
rence imposée conduisent à une solution potentielle.

Pour l’assemblage de la figure 2, les coordonnées des points définissant les deux trajec-
toires choisies par Thornton pour RB , RC et celles du vecteur P, sont données dans le
tableau 1. Pour des caractéristiques géométriques des éléments assemblés données

TABLEAU 1

Vecteur Trajectoire Coordonnées des points (point O pour origine)


Point Coordonnée x Coordonnée y
Vecteur BT B : centre de l’attache eC + b eB
RB gousset- membrure
T : point sur l’axe de la eC 0,0
membrure
Vecteur CM C : centre de l’attache eC eB + c
RC gousset - montant
M : point sur l’axe du poteau- 0,0 eB
montant
Vecteur OR O : point de fonctionnement 0,0 0,0
P et origine des axes x , y
R : point sur l’axe de la eC + b eB + c
diagonale

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Pp
RB Angle montant/membrure = 90°
T VB Axe membrure
RC O
eB x
M VC B
I HB c
Intrados membrure
HC
C R c
Axe montant
θ Figure 3a
Gousset

eC P
b b
5
Choix de B, T, C et M donnent:
y Intrados montant
VC /c = HB/b = VB/eB = HC/eC = P/r

Pp Tan θ = (HC+HB)/(VC +VB) = (b+eC)/(c+eB) = xR/yR


T Pp
O x x'
eB RB
I B RC P
M P r
c
RC RB
C R
y y'
eC b
Géométrie Diagramme des Forces
Figure 3b Figure 3c
Fig. 3

(soit eB pour la membrure et eC pour le montant), une fois les valeurs couplées des para-
mètres géométriques b et c choisies à partir de la relation (1b), toutes les coordonnées
des différents points sont connues.

2,12 – Équations

Le tableau 2 donne les équations indépendantes qu’on peut établir à partir de l’équilibre
du système des forces. On constate qu’une fois les paramètres géométriques fixés on a
autant d’équations indépendantes que d’inconnues, ce qui permet une résolution com-
plète du système des forces.

TABLEAU 2
Considération Equations générales Equations pour le cas de la figure 2
Résultante de l’attache B : le HB VB H B VB
vecteur RB doit passer par le point = =
T x B – xT y B – yT b eB
Résultante de l’attache C : le HC VC H C VC
vecteur RC doit passer par le point = =
M xC – xM yC – y M eC c
H = H B + H C = PSin θ H = H B + H C = PSin θ
Equilibre du système de forces :
(P, HB , VB , HC , VC ) V = VB + VC = PCos θ V = VB + VC = PCos θ
x e +b
où Tanθ = R où Tan θ = C
yR eB + c

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68 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

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Pour l’assemblage de la figure 2, on peut déduire les expressions suivantes :

P HB HC VB VC
= = = = (2)
r b ec eb c

où la distance r = 
(b + ec)2 + (c + eb)2 est celle entre l’origine O et le point R.

Les expressions (2) donnent les composantes (horizontale et verticale) de l’effort dans
chacune des deux attaches du gousset, soient les valeurs recherchées. Pour l’assem-
blage de la figure 2 les composantes obtenues sont soit normale soit parallèle à la ligne
d’attache, ce qui facilite la vérification. Lorsqu’il s’avère que le premier choix retenu
6 pour les positions cohérentes des centres des attaches (B et C ) ne permet pas de réali-
ser des attaches adéquates, on peut éloigner davantage ces centres du point de fonc-
tionnement, ce qui revient à élargir le gousset tout en respectant la condition (1).

Les efforts dans les attaches peuvent être obtenus d’une manière graphique également.
On constate qu’en adoptant une échelle telle que la longueur du segment OR représente
la valeur de l’effort P, on peut obtenir les valeurs des efforts dans les attaches directe-
ment de la figure 3b) ou 3c).

Les expressions (1b) et (2) sont celles publiées par Thornton sans explication claire de
leur détermination.

2,2. – Cas général

En utilisant les équations générales du tableau 2 il est aisé de formuler une variante
pour le cas où l’angle entre le montant et la membrure ne serait pas 90° (figure 4 et
figure 5). Pour un tel cas les coordonnées des différents points sont celles données dans
le tableau 3 et les expressions sont rassemblées au tableau 4.

Dans un cas typique, le montant n’est pas vertical et/ou la membrure n’est pas horizon-
tale. Il convient de considérer l’écart entre un angle de 90° et l’angle du montant avec la
membrure, soit l’angle que Thornton indique par γ. Pour une application générale, il
convient de mettre l’axe x sur l’axe de la membrure (même si cette barre n’est pas hori-
zontale) et en déduire que l’axe du montant n’est pas forcement parallèle à l’axe y. Les
composantes, (HB , VB ) et (HC , VC ) sont exprimées selon les axes x et y comme précé-
demment. Par conséquent lorsque l’angle γ n’est pas nul il faut noter que les compo-
santes (HC , VC ) obtenues ne seront pas normale et parallèle au plan de l’attache concer-
née (sur le montant).

TABLEAU 3
Coordonnées des points pour le cas général (point O pour origine)
Point Coordonnée x Coordonnée y
B
xB =
eC
– eBTanγ + b y B = eB
Cosγ
T eC yT = 0,0
xT =
Cos γ
C
xC =
eC
– eBTanγ – cSinγ yC = eB + cCos γ
Cos γ
M xM = – eBTanγ y M = eB
R e
x R = C – eBTanγ – cSinγ + b y R = eB + cCosγ
Cosγ

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TABLEAU 4
Expressions pour un cas général
Condition de positionnement des centres des attaches 1 :
Axe du Montant y RTan θ = xR
soit
eC
b Axe de la Membrure b – c(Cosγ Tan θ + Sinγ ) = eB (Tanθ + Tanγ ) –
Cosγ
O T
VB
eB x
I
M
c
VC
HB B Equilibre et résolution 1:
C Gousset P HB HC VB VC
c HC R = = = =
r xB – xT xC – xM y B – yT yC – yM
eC
b

P
Axe de la Diagonale

P HB HC
soit
V VC
7
= = = B =
γ
θ Effort dans la barre diagonale
r b – eBTanγ eC / Cosγ – cSinγ eB cCosγ

y
Figure 4 où r = ( xR ) 2 + ( y R ) 2
soit
1
L’angle γ peut prendre une valeur positive e
ou négative dans les expressions. r = ( C – eBTan γ – cSin γ + b) 2 + (eB + cCosγ ) 2
La figure 4 présente un cas où l’angle γ a Cosγ
une valeur positive.

Fig. 5

Le choix proposé pour les axes permet de simplifier les expressions parce qu’il ne
sera pas nécessaire de prendre en compte dans les modifications l’angle γ. Un angle γ
de valeur positive est défini ici pour un repère, défini avec une rotation autour de
l’axe z (normal au plan de l’assemblage) dans le sens des aiguilles d’une montre. Tan-
dis que tous les paramètres sont définis de la même manière que pour le cas élémen-

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70 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

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taire, les cas des distances b et c nécessitent une précision. Ces distances b et c sont
celles entre le point d’intersection des intrados (c.a.d. côté gousset) du montant et de
la membrure (le point I de la figure 5) et les centres des attaches du gousset sur le
montant et sur la membrure respectivement.

Les expressions du tableau 3 permettent d’appliquer la méthode d’une manière géné-


rale. Comme pour le cas élémentaire, on peut démontrer que la résultante des efforts
(HB , VB , HC , VC ) est en équilibre parfait avec l’effort P dans la diagonale du fait que

– la résultante du système (HB , VB , HC , VC ) passe par le point de fonctionnement O,

– la composante horizontale du système (HB , VB , HC , VC ) est (HB + HC ) = P sin θ,


8 – la composante verticale du système (HB , VB , HC , VC ) est (VB + VC ) = P cos θ.

Thornton a publié [3] le résultat pour une variante du cas de la figure 4 où l’angle entre
le montant et la membrure est négatif de valeur absolue γ, c’est-à-dire avec un angle de
(90 – γ)° entre les axes du montant et de la membrure.

3. – EXEMPLE DE CALCUL

3.1 – Description

Nous proposons de ne présenter dans cette rubrique que la conception et le calcul d’un
gousset d’assemblage et de ses attaches sur les trois éléments assemblés (fig. 6). Les
autres vérifications nécessaires, notamment celles du poteau PRS et de la membrure,
ne sont pas présentées.

Nous examinons le cas d’un assemblage à l’extrémité d’une poutre à treillis au droit
d’un poteau (voir la figure 1 et la figure 4). Dans une telle poutre à treillis il est courant
de considérer la membrure comme continue dans l’analyse globale, sauf à l’extrémité
où on considère qu’elle est articulée sur l’élément de support comme la barre diago-
nale. Afin d’éviter un excentrement des efforts, les axes des barres de l’assemblage
(montant, diagonale et membrure) coïncident en un point O. Pour l’assemblage en tête
du poteau, l’analyse globale réalisée selon les hypothèses indiquées ne donne que des
efforts axiaux dans la membrure et dans la diagonale. Lorsque le poteau-montant
(fig. 1) est continu à travers l’attache de la membrure inférieure, l’analyse globale don-
nera un effort de cisaillement en plus de l’effort axial dans le montant au point O (fig. 6).

La membrure est inclinée avec une pente de 3 % (soit un angle de 1,72° par rapport à
l’horizontale) tandis que le poteau est vertical. L’effort de traction appliqué à la diago-
nale, qui fait un angle de 58,35° avec l’axe du poteau-montant, est de 1 200 kN.

Les éléments de l’assemblage sont les suivants :

– Barre diagonale : constituée de deux cornières 150 × 150 × 15, une chaque côté du
gousset, formant une section en croix.

– Membrure : constituée d’un HEB 220 plus un UPN 300 soudé sur l’aile supérieure du
HEB.

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Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS 71

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– Poteau-montant : section I en PRS avec des ailes 320 × 20 et une âme 560 × 12.

– Gousset : épaisseur 10 mm (autres dimensions à déterminer).

– Assemblage poteau/gousset/membrure par une platine boulonnée/soudée d’épais-


seur 18 mm

– Boulons M22 classe 8.8 (non précontraints).

– Gousset soudé sur la membrure et sur la platine par double cordons d’angle symé-
triques.

– Cornières soudées sur le gousset par double cordons d’angle symétriques. 9


– L’acier utilisé est un S235.

Fig. 6

3,2. – Conception et analyse des efforts dans les attaches

Il faut noter (fig. 6) que le système des forces [P, (HB , VB ), (HC , VC )] est un système en
équilibre de même que le système des forces dans les barres [P, FB , (FNC , FVC )] conver-
geant au point O. Nous utilisons les définitions et les expressions de la figure 4, notant
que l’axe x correspond à l’axe de la membrure.

Données

– Effort de calcul (à l’état limite ultime) dans la diagonale : P = 1 200 kN.

– Inclinaison de l’axe du poteau par rapport l’axe y : γ = + 1,72° donc sin γ = 0,03 ;
cos γ = 1,0 ; Tan γ = 0,03.

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72 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

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– Inclinaison de la diagonale par rapport l’axe y : θ = 58,35° – γ = 56,63° donc tan θ = 1,52.

– Distance entre l’axe de la membrure et son intrados : eB = 155 mm.

– Distance entre l’axe du poteau et son intrados : eC = 300 mm.

Dans le cas présent l’encastrement de la poutre à treillis sur le poteau est utilisé pour
constituer un portique. Dans ce cas, la membrure inférieure de la poutre à treillis est
attachée au poteau à l’extrémité de la poutre et on a un effort de cisaillement FVC dans le
poteau au point O. Pour l’analyse globale associée, les poteaux sont considérés conti-
nus à travers les attaches de la membrure inférieure tandis que la membrure inférieure
est considérée articulée sur les poteaux. Pour le cas de charge étudié, les valeurs obte-
10 nues de l’analyse globale pour les efforts au point O dans les barres assemblées au
nœud O (modélisé comme une articulation) ont été :

– Diagonale : Effort axial P = 1 200 kN Traction

– Membrure supérieure : Effort axial FB = 589 kN compression (Membrure inférieure :


Effort axial FB,inf = 433 kN compression)

– Montant : Effort axial : FNC = 646,5 kN compression, Effort de cisaillement FVC = 434 kN.

Position des centres des attaches B et C

● La condition à respecter pour le positionnement des centres des attaches aux bords
du gousset est :
eC
yR tan θ = xR où xR = – eB tan γ – c sin γ + b et yR = eB + c cos γ
cos γ

soit
eC
b – c (cos γ tan θ + sin γ) = eB (tan θ + tan γ) –
cos γ

300
b – c (1,0 . 1,52 + 0,03) = 155 (1,52 + 0,03) –
1,0

b – 1,55c = – 59,75.

● En prenant la distance b = 430 mm on obtient pour la distance c  315 mm.

● Les dimensions du gousset rectangulaire nécessaires sont donc approximativement


de 860 × 630, mais une forme plus raffinée peut être dessinée (par exemple en utili-
sant une découpe réduite sur la diagonale).

● Les coordonnées du point R, la distance entre ce dernier et l’origine (le point de fonc-
tionnement O) deviennent :
eC
xR = – eB tan γ – c sin γ + b = 300/1,0 – 155 . 0,03 – 315 . 0,03 + 430  716 mm
cos γ

yR = eB + c cos γ = 155 + 315 = 470 mm

r =  2 = 856,5 mm.


(716)2 + (470)

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Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS 73

ASS-CAL 1-02

Valeurs des efforts dans les attaches

Utilisant les expressions de Thornton, les composantes des efforts dans les attaches
sont :
P 1 200
=  1,4 kN/mm
r 856,5
P
HB = (b – eB tan γ) = (430 – 155 . 0,03) . 1,4  595,5 kN
r
P
VB = (eB ) = (155) . 1,4  217 kN
r
11
P
HC = (eC /cos γ – c sin γ) = (300 – 315 . 0,03) . 1,4 = 407 kN
r
P
VC = (c cos γ) = (315) . 1,4  441 kN.
r

On peut vérifier que la résultante des efforts obtenus dans les attaches est bien en équi-
libre avec l’effort P dans la diagonale:

Rattaches = 
(HB + HC)2 + (VB + VC)2 = 
(595,5 + 407)2 + (217
+ 441)2  1 200 kN = P

(HB + HC) 1 002,5


tan θRattaches = =  tan (56,63°) = tan θ
(VB + VC) 658

On obtient les résultats suivants :

● Équilibre des efforts horizontaux : (HB + HC) = 1 002,5 kN  P sin θ


● Équilibre des efforts verticaux : (VB + VC) = 658 kN  P cos θ
● Équilibre de moments (autour du point O) : (VByB + VCyC)  283,5 kNm  (HBxB + HCxC)

3,3. – Vérifications des attaches selon l’EC3-DAN [9]

Les valeurs suivantes des paramètres de calcul selon l’EC3-DAN sont adoptées pour les
différentes vérifications des résistances de calcul:

● Acier S235 : fy = 235 N/mm2, fu = 340 N/mm2 (3 mm  épaisseurs  100 mm).


● Boulons classe 8.8 M22 : As = 303 mm2 (section filetée), fub = 800 N/mm2.
● Coefficients partiels de sécurité : γM0 = 1,1 ; γM2 = γMw = 1,25 ; γMb = 1,5 traction et
γMb = 1,25 cisaillement.
● Soudures pour l’acier S235 : βw = 0,8.

3,31. – Attache soudée des cornières de la diagonale sur le gousset

Il s’agit d’une barre en double cornière 2 × 150 × 150 × 15 de section brute


A = 2 × 4 302 = 8 604 mm2. Les cornières, une de chaque côté du gousset formant une
croix, sont soudées au gousset par des cordons d’angle symétriques (figure 7).

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74 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

ASS-CAL 1-02

B
UPN 300
axe
HEB 220 155

B A Découpe réduite possible


10

630 Section B-B

lw
Gorge 2a = 6
A

12 860
Gorge a = 3
Gorge a = 3

Section A-A

Barre diagonale : 2 Cornières 150x150x15 Gorge 2a = 6


Soudures : cordons d'angle symétriques

Fig. 7

● Résistance en traction des cornières :


Résistance en traction de la section brute selon l’EC3-DAN §6.6.10(2):

Afy 8 604.235
Ny, Rd = = = 1 838 kN  NSd = 1 200 kN : satisfaisante
γM0 1,1 . 103

● Longueur minimale des cordons de soudures :


Il existe quatre cordons d’angle de longueur effective lw dont deux de gorge minimale
de 3 mm et deux de gorge de 6 mm. L’utilisation d’une gorge plus grande au pied de
l’aile normale au gousset est conseillée pour réduire l’excentricité entre l’axe de la cor-
nière et le centre de gravité de l’ensemble des deux cordons. La longueur minimale
requise de chaque cordon longitudinal est (voir EC3-DAN §6.6.5.2(2) et §6.6.5.1(1)A):

2 . Iw (a + 2a)fu 2,9 . 340


NRd = = Iw  NSd = 1 200 . 103 soit lw  340 mm

3βwγMw 
3 . 0,8 . 1,25

Dans ce dernier calcul les soudures longitudinales seules sont prises en compte. Les
soudures frontales aux extrémités des cornières, parfois appelées « d’étanchéité » pour
éviter la corrosion des surfaces inaccessibles après réalisation de l’assemblage, sont
négligées.

● Dimensions minimales du gousset : Une fois sa résistance vérifiée on peut déterminer


la dimension minimale requise en diagonale du gousset comme indiqué dans la
figure 7. On déduit des calculs de résistance des cordons de soudures que, au droit
des attaches au moins, un gousset d’épaisseur de 10 mm n’est pas excessivement sol-
licité. Néanmoins il y lieu d’examiner de plus près la transmission de l’effort entre la
diagonale et le gousset, c’est-à-dire la résistance à « l’arrachement de bloc » du gous-
set d’épaisseur 10 mm (fig. 8).

Ce dernier mode de ruine n’est pas intégré dans la norme EC3 pour les assemblages
soudés. Néanmoins, par analogie avec la vérification requise du « cisaillement de bloc »
pour les goussets des assemblages boulonnés, une vérification de ce genre est toujours
conseillée. Au lieu de prendre la règle compliquée et peu compréhensible de l’EC3-DAN,
la nouvelle formulation du projet final de l’EC3, soit la norme prEN1993- Partie 1-8 [11]
pour les assemblages, est prise ici. La résistance à « l’arrachement de bloc » du gousset
est obtenue en ajoutant la résistance plastique au cisaillement de la partie du gousset
attachée par les cordons de soudures longitudinaux (aux deux bords extérieurs des cor-

Construction Métallique, n° 3-2002


Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS 75

ASS-CAL 1-02

nières de longueur lG) à la résistance ultime à la traction de la partie transversale du


gousset aux extrémités des cornières (fig. 8). Ce mode de ruine est couvert par la vérifi-
cation suivante :

fu Ant fy Anv
Veff, Rd = +  NSd
γM2 3 γM2

340 . 300 . 10 235 . 2 . lG . 10


Veff, Rd = + = 816 + lG . 2,47  1 200 kN
1,25 . 103 
3 . 1,1 . 103

soit lG  156mm

Parce que la résistance ultime à la traction de la partie du gousset au bout des cornières
13
est relativement grande, la longueur minimale 2 . lG de la section du gousset requise en
cisaillement n’est pas déterminant. Nous avons adopté un gousset presque rectangu-
laire 860 × 630 × 10, permettant de réaliser toutes les attaches de longueurs adéquates
sans difficulté.

Fig. 8

3,32. – Attaches soudées du gousset sur la membrure et sur la platine

La méthode simplifiée de vérification de la résistance des cordons de soudures est


employée ici. On admet que l’effort appliqué sur chaque attache est reparti uniformé-
ment sur toute la longueur de la soudure.

Pour des soudures à deux cordons symétriques avec des gorges de 3 mm :

● La résistance par unité de longueur des deux cordons est (EC3-DAN §6.6.5.3(3) et
§6.6.5.3(4)) :
fu 340
Fw, Rd = fvw Σa = 2a = 2 . 3 = 0,942 kN/mm

3 βwγMw 
3 . 0,8 . 1,25 . 103

● Les vérifications pour les attaches sont les suivantes :


Attache B (gousset-membrure) :


HB2 + VB2 
395,52 + 2172
Fw, Sd = = = 0,769 N/mm  Fw, Rd = 0,942 N/mm
2(b – eplatine) 2 . (430 – 18)

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76 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

ASS-CAL 1-02

Attache C (gousset-platine) :


HC2 + VC2 
407 2 + 4412
Fw, Sd = = = 0,953 N/mm  Fw, Rd = 0,942 N/mm
2c 2 . 315

On constate un léger dépassement ( 1 %) de la résistance de l’attache soudée C


lorsqu’on a des cordons de gorge de 3 mm. Une augmentation de la gorge n’est pas
nécessaire étant donnés ce faible dépassement et le caractère en sécurité de la méthode
de vérification simplifiée de la résistance des cordons de soudures.

14 3,33. – Attache platine - poteau

● Vérification de la disposition (EC3-DAN § 6.5.1):


La disposition adoptée est celle de la figure 9. En tout il y a 10 boulons M22 de classe
8.8 repartis en deux files, écartées de 100 mm et de cinq boulons chacune. Les rangées
sont espacées de 180 mm entre elles.

Compte tenu des efforts appliqués déformant la platine en flexion, nous conseillons que
les critères pour un élément comprimé soient adoptés. Les trous pour les boulons M22
sont de diamètre d0 = 24 mm. Les conditions sont celles sans intempéries et sans risque
de corrosion. L’épaisseur de la platine est de 18 mm.

– Pinces longitudinales : 1,2d0  e1  max (12t, 150 mm) : e1 = 45 mm satisfaisant.

– Pinces transversales : 1,2d0  e2  max (12t, 150 mm) : e1 = 110 mm satisfaisant

– Entraxes longitudinaux : 2,2d0  p1  max (14t, 200 mm) : p1 = 180 mm satisfaisant si


t  13mm

320 430
10
105
589 kN
155
180 B
595,5 kN
45
180 217 kN
880
407 Kn
180 C

441 kN 315
180

55
10

10 10
3x100
Fig. 9

● Vérifications de la résistance en traction/cisaillement des boulons sur la platine


(EC3-DAN § 6.5.5)
La méthode de Thornton donne la répartition des efforts exercés par le gousset sur la
platine et il est aisé de déduire les efforts appliqués au bout de la membrure sur la pla-
tine (fig. 9).

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Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS 77

ASS-CAL 1-02

En ce qui concerne l’effort normal à la ligne de l’attache, la résistance d’une rangée ou


un groupe de rangées est prise égale au minimum des résistances des trois modes de
ruine possibles (fig. 11), à savoir :

– Mode 1 : la formation d’un mécanisme complet dans la platine

– Mode 2 : la formation d’un mécanisme partiel dans la platine associé à la rupture des
boulons

– Mode 3 : la rupture des boulons

Dans ces vérifications il convient de vérifier les boulons de chaque zone de la platine
pour les efforts correspondants. Ceci revient à considérer les parties de la platine sous
le gousset et sous la membrure comme des platines séparées, même lorsqu’il s’agit 15
d’une seule platine continue. Ainsi fait, il faut retenir que l’influence du moment éven-
tuel dans le plan de l’assemblage platine-poteau est prise en compte d’une façon indi-
recte par la répartition obtenue des efforts normaux au plan de l’assemblage.

Parce que l’effort admissible en traction d’un boulon est fonction de l’effort de cisaille-
ment concomitant qu’il supporte, avant d’évaluer la résistance correspondant aux diffé-
rents modes, il y a lieu d’établir la répartition de l’effort parallèle à la ligne de l’attache
parmi les boulons. Étant donnée que la platine est continue (c’est-à-dire commune aux
deux parties), on admet que l’effort résultant total parallèle au plan de la platine, c’est-à-
dire l’effort de cisaillement, est uniformément réparti parmi tous les boulons sur la pla-
tine. Les efforts appliqués aux deux parties de l’attache par platine sont donnés au
tableau 5.

TABLEAU 5

Efforts et parties de la Effort selon les axes x et y kN Effort normal et parallèle au plan de
platine la platine kN
Selon axe x Selon axe y Normal Parallèle
(Traction) (Cisaillement)
Partie de la platine attachant 407 441 420,1 428,6
le gousset
Partie de la platine à 6,5 217 13 216,7
l’extrémité de la membrure

Considérant que l’effort total de cisaillement est reparti sur tous les boulons, les efforts
appliqués par boulon sont donc :

● Boulons sur la partie de la platine attachant le gousset où il y a quatre rangées de


2 boulons (8 boulons) en traction
– Ft,Sd = 420,1/8 = 52,51kN en traction

– Fv,Sd = (428,6 + 216,7)/10 = 64,53 kN en cisaillement

● Boulons sur la partie de la platine à l’extrémité de la membrure où il y a une rangée de


2 boulons en traction
– Ft,Sd = 13/2 = 6,5kN en traction

– Fv,Sd = (428,6 + 216,7)/10 = 64,53 kN en cisaillement

Les résistances en traction et en cisaillement d’un boulon M22 de la classe 8.8 sont :

0,9fubAs 0,9 . 800 . 303


– Traction seule : Ft, Rd = = = 145,4 kN  Ft, Sd
γMb, traction 1,5 . 103

Construction Métallique, n° 3-2002


78 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

ASS-CAL 1-02

0,6fubAs 0,6 . 800 . 303


– Cisaillement seul : Fv, Rd = = = 116,35 kN  Fv, Sd
γMb, cisaillement 1,25 . 103

Ni la résistance en traction ni celle en cisaillement d’un boulon n’est dépassée.

La vérification pour la combinaison traction/cisaillement du boulon le plus sollicité est la


suivante :

Ft, Sd 52,51 Ft, Sd Fv, Sd 52,5 64,53


Ft, Rd = 145,4 = 0,361  1,0 et 1,4Ft, Rd + Fv, Rd = 1,4 . 145,4 + 116,35 = 0,81  1,0

16 La vérification précédente ne concerne que le mode 3 de ruine (rupture des boulons) où


il n’y a pas d’effet de levier sur les boulons.

Dans les calculs de résistances pour le mode 2 (voir les vérifications de la platine ci-des-
sus) où l’effet de levier est inclus, il y a lieu de prendre une résistance réduite en traction
du boulon comme pour le mode 3. L’effort maximal de traction qu’un boulon M22 de la
classe 8.8 peut prendre en combinaison avec un effort de cisaillement de Fv,Sd = 64,53 kN
est :
Fv, Sd

Ft, Sd  1,4 Ft, Rd . 1,0 – F
v, Rd

= 1,4 . 145,4 . (1 – 64,53/116,35) = 90,66 kN

● Vérification de la résistance à la pression diamétrale :


Tenant en compte de la direction de l’effort de cisaillement et des positions des trous, la
vérification de la résistance à la pression diamétrale pour une épaisseur de la platine de
18 mm est la suivante :
2,5fudt 2,5 . 340 . 22 . 18
Fb, Rd = γMb = = 269,3 kN  Fv, Sd = 64,53 kN
1,25 . 103

La résistance à la pression diamétrale est adéquate.

● Vérification de la platine (EC3-DAN Annexe J révisée [10] ) :


L’Annexe J de l’EC3 donne des règles de calcul pour les assemblages des poutres par
platine d’extrémité entre autres. L’application de ces règles est spécifiquement permise
pour les assemblages type poutre- poteau et poutre-poutre dans lesquels aucun trans-
fert de moment n’est prévu par l’analyse globale (§J.1.1(7) et (9)). Nous considérons
qu’en utilisant les mêmes règles de calcul pour le cas présent nous restons dans l’esprit
de l’Annexe J. Les parties qui nous intéressent sont uniquement celles traitant de la
résistance de calcul en flexion des platines et des ailes boulonnées soumises aux efforts
normaux à leur plan.

L’effort de traction NSd = 420,1 kN, qu’on considère réparti uniformément par le gousset
sur une hauteur de platine de 640 mm, soumet cette platine à une flexion. Pour cette
partie, où il y a quatre rangées de boulons, on négligera dans les calculs que la rangée
supérieure est plus résistante (parce que raidie par l’aile de la membrure) que les autres
rangées. La partie de la platine sous la membrure, où l’effort de traction appliqué est
faible, ne nécessite pas de vérification spécifique.

Pour obtenir la résistance de la platine, il faut d’abord évaluer la résistance d’une rangée
d’extrémité et celle d’une rangée centrale typique en face du gousset. La résistance
totale sera prise comme la somme des résistances des rangées, dont deux sont des ran-
gées d’extrémité et deux sont des rangées centrales.

Les valeurs des paramètres géométriques (tp, p1, e1, m, e) intervenant dans le calcul de
la résistance d’une rangée sont montrées à la figure 10. Lors du calcul de la résistance

Construction Métallique, n° 3-2002


Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS 79

ASS-CAL 1-02

d’une rangée, c’est-à-dire d’un tronçon en T de la platine, on fait référence à celle d’un
tronçon T de base d’une longueur efficace pour prendre en compte la forme du méca-
nisme de ruine. Le tronçon T de base a une forme simple (« idéalisée ») du mécanisme
de ruine où les quatre charnières plastiques (sur les ailes en flexion) sont parallèles à
l’axe longitudinal du tronçon T, dont deux passent par les axes des boulons et les deux
autres sont de chaque côté de l’âme du T sollicité en traction (fig. 10).

Les différentes formes possibles, c’est-à-dire réalistes, des mécanismes de ruine sont
identifiées à la figure 12. D’une manière générale, les formes de mécanisme n° 1 et n° 5
sont les plus courantes pour une rangée d’extrémité tandis que les mécanismes n° 2 et
n° 7 sont les plus courantes pour une rangée centrale. Les formes de mécanisme n° 3,
n° 4, n° 8 et n° 9 (appelés mécanismes « circulaires » par l’Annexe J révisée de l’EC3 [10])
ne concernent que la situation peu courante suivante : 17
● platines relativement larges, d’épaisseur relativement faible associées à des boulons
de résistance relativement importante, avec le mode 1 de ruine, à savoir celui par
mécanisme complet (fig. 10).
A chaque type de mécanisme pour une rangée on associe un tronçon T de base d’une
longueur donnée par l’Annexe J et qui correspond à la longueur « efficace » de la rangée
pour ce mécanisme. Dans le cas présent d’une platine en traction/flexion, il convient
pour chaque rangée de considérer toutes les mécanismes possibles et, lors du calcul de
la résistance correspondante, de prendre la longueur efficace la plus courte obtenue
pour le tronçon T de base.

Fig. 10

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80 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

ASS-CAL 1-02

18

Fig. 11

Lorsqu’elle est prise seule, la longueur efficace d’une rangée d’extrémité (voir les méca-
nismes n° 1 à 4) est donnée par :

ltronçon, seul = min [(2m + 0,625e + e1) ; (4m + 1,25e) ; (πm + 2e1)]

ltronçon, seul = min [207 ; 303 ; 9 ; 261 ; 4 ; 240,7] = 207 mm

Pour la rangée d’extrémité considérée seule, on obtient que la longueur efficace la plus
courte du tronçon T est celle associée au mécanisme n° 1. Cependant, lorsque la contri-
bution d’une rangée à la résistance totale d’un groupe de rangées est considérée, la lon-
gueur efficace du tronçon est souvent plus faible que celle obtenue pour la même ran-
gée isolée. Ceci résulte d’une interaction entre les mécanismes des rangées voisines et
on constate que c’est bien le cas ici. La longueur efficace de la rangée d’extrémité
lorsqu’elle est prise en groupe (mécanismes n° 5, n° 6, n° 8 et n° 9) est donnée par :

ltronçon, groupe = min [(e1 + 0,8p1) ; (2m + 0625e + 0,8p1) ; (2e1 + p1) ; (πm + p1)]

ltronçon, groupe = min [145 ; 242 ; 290 ; 310,7] = 145 mm

On conclut que la longueur efficace à prendre pour les rangées d’extrémité est celle du
tronçon de base pour le mécanisme n° 5.

Construction Métallique, n° 3-2002


Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS 81

ASS-CAL 1-02

Pour une rangée centrale la longueur efficace (voir les mécanismes n° 2, n° 3, et n° 7) est
donnée par :

ltronçon = min [(4m + 1,25e) ; (2πm) ; (p1)]

ltronçon = min [303 ; 261 ; 4 ; 180] = 180 mm

Les formes des mécanismes identifiées comme critiques pour les deux types de rangée
et les longueurs efficaces correspondantes indiquent que, dans le cas présent, chaque
rangée de la platine se comporte sur toute sa longueur réelle comme le tronçon T de
base équivalent. Autrement dit, la forme du mécanisme de ruine potentielle pour la pla-
tine entière est la même que celle du tronçon T de base.

La résistance de calcul en flexion de la platine d’épaisseur de 18 mm est, par unité de


19
longueur :
t p2fy 18 . 18 . 235
mpl, Rd = = = 17,305 kN . mm/mm
4γM0 4 . 1,1 . 103

Résistance de la platine attachant le gousset (hauteur totale de 640 mm) :

● Mode 1 : Mécanisme complet :

4Mpl, Rd 4 . l . mpl, Rd 4 . 640 . 17,305


Ft, rd = = =  1 064,9 kN
m m 41,6

● Mode 2 : Rupture des boulons en traction et mécanisme partiel, notant que


n = min (e ; 1,25 m) = 1,25m = 52 mm et Bt,Rd = 90,66 kN la résistance en traction d’un
boulon en combinaison avec Fv,Sd = 64,53 kN de cisaillement :

2Mpl, Rd + n ∑ Bt, Rd 2 . 640 . 17,305 + 52 . 8 . 90,66


Ft, rd = = = 639,6 kN
m+n 41,6 + 52

● Mode 3 : Rupture des deux boulons de la rangée en traction = 8x Résistance en trac-


tion d’un boulon en combinaison avec Fv,Sd = 64,53 kN de cisaillement :
Ft, Rd = ∑Bt, Rd = 8 . 90,66 = 725,3 kN

La résistance critique est celle obtenue pour le mode 2 (formation d’un mécanisme par-
tiel et la rupture des boulons), soit Ft,Rd = 639,6 kN.

Donc, la vérification de la résistance de l’attache de la platine est :

NSd = 420,1 kN  NRd = 639,6 kN : satisfaisante.

RÉFÉRENCES

[1] Thornton W.A. – « On the Analysis and Design of Bracing Connections », Procee-
dings of the AISC National Engineering Conference, Washington DC, June 1991,
pages 26/1 – 26/33.

[2] Thornton W.A. – « Connections : Art, Science and Information in the Quest for Eco-
nomy and Safety », AISC Engineering Journal, 4th Quarter 1995, Vol. 32 N° 4, pages
132 – 144.

Construction Métallique, n° 3-2002


82 Rubrique TECHNIQUE ET APPLICATIONS

ASS-CAL 1-02

[3] Thornton W.A. – « Design Methods for Truss and Bracing Connections », Procee-
dings of Third International Workshop, « Connections in Steel Structures III - Beha-
viour Strength and Design », Edited by Bjorhovde, Colson, Zandonini, 1st edition
1996, Pergamon, pages 149-157 .

[4] Bjorhovde R., Chakrabarti S.K. – « Tests of full size Gusset Plate Connections »,
ASCE Journal of Structural Engineering, Vol 111, N° 3, March 1995, pages 667-684.

[5] Chakrabarti S.K., Bjorhovde R. – « Tests of Gusset Plate Connections », Department


of Civil Engineering and Engineering Mechanics, University of Arizona, Tucson,
1983.

[6] Gross J.L., Cheok G. – « Experimental Study of Gussetted Connections for Laterally
20 Braced Buildings », National Institute of Standards and Technology Report, NISTIR
89-3849, Gaitersburg MD, November, 1988.

[7] Gross J.L. – « Experimental Study of Gussetted Connections », AISC Engineering


Journal, 3rd Quarter 1995, Vol. 7, pages 89-97.

[8] Richard R.M. – « Analysis of Large Bracing Connection Designs for Heavy Construc-
tion », Proceedings of the AISC National Engineering Conference, Nashville TN,
June 1986, pages 31/1 - 31/24.

[9] EC3-DAN – Eurocode 3 – « Calcul des structures en acier et Document d’Applica-


tion Nationale – Partie 1-1 : Règles générales et règles pour les bâtiments », Indice
de classement AFNOR : P22-311 (chapitre 6).

[10] Amendement 2 de l’EC3-DAN – Eurocode 3 « Calcul des structures en acier et


Document d’Application Nationale – Partie 1-1 : Règles générales et règles pour les
bâtiments », Indice de classement AFNOR : P22-311 Annexe J (publication immi-
nente).

[11] prEN 1993-Partie 1-8 : Eurocode 3 – « Assemblages », Juin 2002 (rédaction du pro-
jet final pour vote officiel).

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