You are on page 1of 5

L’innovation [bid’ah] à la

lumière de la perfection de la
Jurisprudence Islamique (2)
SHeikh Muhammad Ibn Sâlih al-’Uthaymîne (rahimahullâh)

mardi 4 février 2003, par Ibn Abd Al-Hâdî, Oummou Souleyman

BismiLLehi ar-Rahmâni ar-Rahîm

[...] Mes frères, je vous demande et vous abjure par Allâh -’Azza wa Djal, et je
voudrais que votre réponse vienne de vos coeurs, non de vos sentiments et
émotions, de ce que votre religion nécessite, et non de votre suivi aveugle : que
dites-vous à propos de ceux qui innovent dans la religion d’Allâh quelque chose qui
ne lui appartient pas, que cela soit lié à l’Essence d’Allah, Ses Noms et Attributs, ou
que cela soit lié au Messager d’Allâh (sallallahu alayhi wa sallam), et qui disent alors :
« Nous exaltons et magnifions Allâh et Son Messager (sallallahu alayhi wa sallam) ».
Sont-ils ceux qui méritent le plus d’être (considérés comme étant ceux) qui exaltent
et magnifient Allâh et Son Messager ?
Ou bien est-ce ces gens qui ne dévient pas même d’une phalange de la Charî’ah
d’Allâh, qui disent en ce qui concerne ce qui est venu de la Charî’ah : « Nous
croyons et considérons comme vrai ce dont nous avons été informés et nous
entendons et nous obéissons quant à ce qui a été ordonné. » Et qui disent à propos
de ce avec quoi la Charî’ah n’est pas venue : « Nous y renonçons et nous en
abstenons, il ne nous appartient pas de nous placer au-devant d’Allâh et de Son
Messager et il ne sied pas à nous de dire à propos de la Religion d’Allâh une chose
qui n’est pas [trouvée] dedans. » Lesquels de ces deux-là méritent le plus d’être ceux
qui aiment le plus Allâh et Son Messager et qui exaltent Allâh et Son Messager ?

Il n’y a aucun doute que c’est ceux qui disent : « Nous croyons et acceptons [comme
vrai] ce dont nous avons été informés et nous entendons et obéissons quant à ce qui
a été ordonné », et qui disent : « Nous nous retenons et nous abstenons de ce qui ne
nous a pas été ordonné » et qui disent : « Nous sommes les moins aptes à placer
quelque chose dans la Charî’ah, quelque chose qui n’y est pas [à l’origine] ». Il n’y a
aucun doute que se sont ceux qui savent et ont pris connaissance de leurs propres
limites et pouvoir, et du pouvoir de leur Créateur. Ce sont ceux qui magnifient Allâh
et Son Messager et ils sont ceux qui font preuve de sincérité dans leur amour envers
Allâh et Son Messager.

Ce n’est certainement pas ceux qui innovent dans la religion d’Allâh quelque chose
qui ne lui appartient pas, en terme de ’Aqîda (croyance), paroles ou actions. Vous
serez surpris à propos de gens qui connaissent la parole du Messager d’Allâh
(sallallâhu alayhi was-sallam) :

« Gardez-vous des choses forgées (inventées) car toute chose forgée est une
innovation, et toute innovation est égarement et tout égarement est au Feu. »

Ils savent que cette parole : « toute innovation » est de portée générale, étendue et
complète, clôturée et entourée par la plus forte particule qui puisse être utilisée pour
opérer une généralisation et une inclusion, et qui est : « koullî » [toutes], et que celui
qui a formulé cette parole englobante (sallallahu alayhi wa sallam) connaît le sens et la
signification de ce mot. Qu’il est le plus éloquent de toute la création, le meilleur
conseilleur, celui qui ne parle pas sauf de ce dont il à l’intention et désire sa
signification (de manière certaine et définitive).

Ainsi, lorsque le Prophète (sallallahu alayhi wa sallam) a dit : « toute innovation est
égarement », il savait ce qu’il disait et il savait la signification de ce qu’il avait dit.
Ces mots ont émané de lui, avec pour origine la perfection de son conseil pour la
Ummah [communauté].

A chaque fois que ces trois points sont rassemblés dans un discours : -la perfection
du conseil et de la « Niyah » [intention], la perfection du discours et de la parole, et la
perfection du savoir et de l’avertissement - cela indique que ce qui est désiré ou
intentionné par le discours est précisément la signification qu’il indique et auquel il se
réfère. Après cette mise au clair, est-il correct pour nous de diviser l’innovation en
trois ou cinq types ? Jamais ! Cela n’est pas correct.
La prétention de certains savants qu’il y a de la « Bid’ah hassana » [bonne
innovation] tombe sous le coup de deux situations [et est expliquée de deux
manières] :

• 1/ Soit ce n’est pas une innovation en réalité, mais la personne la considère


comme étant une innovation.

• 2/ Soit c’est une innovation, ce qui fait d’elle un mal, cependant la personne
ne sait pas que cela représente un mal.

Ainsi, c’est la réponse à tout ce qui est prétendu être une bid’a hassana. En se
basant sur cela, il n’y a aucun moyen pour les gens de l’innovation de faire de leurs
innovations quelque chose qui serait une « bid’ah hassana ». Dans nos mains réside
l’épée aiguisée du Messager d’Allâh (sallallahu alayhi wa sallam) : « Toute innovation
est égarement ».

Certes, cette épée aiguisée a été conçue (fabriquée) dans les usines de la prophétie
et des messagers. Elle n’a pas été fabriquée dans les fragiles et faibles usines des
gens, mais bien plutôt elles ont été conçues dans les usines des prophètes. Le
Prophète (sallallahou alayhi wa sallam) l’a conçue [dessinée] selon cet art remarquable
[excellent] et efficace. Il est impossible pour quiconque de défier celui dans les main
duquel est cette épée aiguisée avec quelque innovation que ce soit, en disant que
c’est une bid’ah hassana, tandis que le Messager d’Allâh (sallallahu alayhi wa sallam)
dit :

« Toute innovation est égarement »... C’est comme si je sentais là dans vos esprits
un murmure qui dit : « qu’en est-il de la parole de « al-Amîr al Mou-minîn » ’Oumar
Ibn il-Khattâb (radhiallâhu ’anhu), celui qui était toujours en accord avec la vérité,
lorsqu’il ordonna à ’Oubay Ibn Ka’ab et Tamim ad-Dârî de diriger les gens pour la
prière durant le Ramadhân puis, lorsqu’il sortit de la mosquée tandis que les gens
étaient tous unis derrière un seul imâm dit :

« Quelle bonne innovation que cela. Mais la prière qu’il n’accomplisse pas et pendant
laquelle ils dorment serait meilleure que celle qu’il font maintenant ».

La réponse à cela revêt deux aspects :

• Le premier :

Il n’est pas permis à quiconque de contredire et s’opposer aux paroles du Messager


d’Allâh (sallallahu alayhi wa sallam) avec une autre parole. Ni avec les paroles d’Abû
Bakr qui est la personne la meilleure de cette communauté après son Prophète, ni
avec les mots de ’Umar qui est le second meilleur de cette communauté après son
Prophète, ni avec les paroles de ’Uthmân, qui est le troisième meilleur de cette
Ummah après son Prophète et ni avec les paroles de ’Alî qui est le quatrième
meilleur de cette Oumma après son Prophète et ni avec les mots de quiconque en
dehors d’eux, car Allâh - Ta’âla - à dit :
« Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde
qu’une épreuve ne les atteigne, ou que ne les atteigne un
châtiment douloureux. »

[1]

L’Imam Ahmad (rahimahullâh) a dit :

« Savez-vous ce qu’est cette épreuve ? Cette épreuve est le Chirk [association].


Peut-être que s’il rejette certaines paroles du Prophète (sallallahu alayhi wa sallam), la
déviance et la corruption tomberont dans son coeur et il sera alors détruit. »

Et Ibn ’Abbâs (radhiallâhu ’anhu) a dit :

« C’est tout juste si une pierre venant du ciel ne vous tombe pas dessus, je vous dit
le Messager d’Allâh (sallalllahou alayhi wa sallam) a dit ceci, et vous me dites Abû Bakr
et ’Oumar ont dit cela ».

• Le second :

Nous savons d’une science certaine que al-Amir al-Mou-minîn ’Oumar Ibn il-Khattâb
(radhiallâhu ’anhu) était parmi les meilleurs gens dans le fait de respecter et de purifier
les paroles d’Allâh - l’Exalté - de Son Messager (sallallahu alayhi wa sallam). Il était
connu pour respecter les limites d’Allâh (hudûd-Allâh) l’Exalté à un tel point qu’il fut
décrit comme étant le gardien de la Parole d’Allâh - Ta’âla. ’Oumar n’a jamais
transgressé les limites d’Allâh et ainsi il ne lui convient pas (radhiallâhu ’anhu) de
s’opposer et de diverger des paroles du leader de cette humanité, Muhammad
(sallallahu alayhi wa sallam), ni qu’il dise à propos d’une innovation : « quelle bonne
innovation que cela ! », Cette innovation étant la même dont le Messager d’Allâh
(sallallahu alayhi wa sallam) désignait dans son propos : « toute innovation est
égarement ». Plutôt, il est nécessaire que cette innovation à propos de
laquelle ’Omar a dit : « Quelle excellent innovation que cela » soit placé avec le type
d’innovation qui ne tombe pas sous ce que désignait le Prophète (sallallahu alayhi wa
sallam) dans sa parole : « toute innovation est égarement ».

’Oumar, par sa parole, faisait référence au regroupement des gens derrière un seul
imam après qu’ils se soient séparés et dispersés. La base pour la prière (en
congrégation) durant le Ramadhân fut érigée par le Messager d’Allâh (sallallahu alayhi
wa sallam). Il est établit dans les deux sahih d’après le hadith de ’Aisha
(radhiallahu ’anha) que le Prophète (sallallahu alayhi wa sallam) guida les gens durant la
prière pendant trois nuits puis resta à l’écart des gens la quatrième nuit et leur dit :

« Certes j’ai craint que cela vous soit rendu obligatoire et que vous ne soyez
pas capables de l’accomplir [à cause de l’effort que cela demande] » [...] [2]
Notes

[1] Coran, 24/63

[2] Fin de la deuxième partie

You might also like