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Recension

Publié dans :
De l’anarchisme aux courants alternatifs (XIX-XXIe siècles), Marie-Claude Chaput (éd.), Regards, n°
9, 2006, Paris X-Nanterre-Publidix, p. 443-444.

GURUCHARRI, Salvador : Bibliografía del anarquismo español, 1869-1975. Anotaciones


para una bibliografía razonada, Barcelona, La Rosa de Foc, 2004, 380 p. [14x18 cm ; ISBN :
84-86685-33-8]

Depuis que les bases de données se multiplient et sont accessibles par l’Internet, les
approches bibliographiques sont devenues trop rares et c’est bien dommage. Saluons donc
sans hésiter cette œuvre individuelle ambitieuse, quelles que soient ses limitations. En ce
domaine, l’exhaustivité est, de toute façon, impossible et l’instrument toujours utile. Précisons
que l’auteur est un fin connaisseur et un acteur du mouvement anarchiste espagnol de la
seconde moitié du XXe siècle. Dans les années soixante, il milita dans les Juventudes
Libertarias en France et dirigea le journal Solidaridad Obrera de Barcelone de 1996 à 1999.
Comme le sous-titre l’indique, il s’agit d’une bibliographie raisonnée et commentée,
ordonnée en treize chapitres, une liste des principaux pseudonymes, trois appendices et un
index onomastique. Les premières références sont elles-mêmes bibliographiques et
historiographiques. Celles des trois chapitres suivants abordent l’anarchisme de manière
chronologique, des origines à 1939. Viennent ensuite six chapitres thématiques. Le onzième
relève à la fois de la chronologie et du thématique puisqu’il porte sur « Résistance et exil
(1939-1975) ». Le douzième présente un classement géographique par communauté
autonome. Le treizième intègre des références issues du marxisme et plus spécialement du
trotskisme : un chapitre distinct était-t-il bien nécessaire ? Le premier appendice concerne
l’histoire du symbole A cerclé ; le second, qui porte sur une polémique à laquelle participa
l’auteur, est intitulé « Sobre las cartas del agente C y los papeles de Londres » ; et le
troisième, sur la pression exercée par le mouvement libertaire sur le Vatican, a pour titre « El
DI, la operación Iglesia 1962-1966 y algo sobre sus fundamentos ».
De nombreux titres sont commentés, parfois brièvement (deux ou trois lignes) et
d’autres fois assez longuement (plus d’une page), le sommaire et les annexes pouvant être
détaillés. S. Gurucharri met en garde le lecteur dans son avant-propos sur la nature de ces
« annotations » : « Seguramente se tendrían que haber desarrollado y afinado mejor los
comentarios que en esta primera versión han salido muchas veces a borbotones, poco
trabajados y mal resueltos, por precipitados y repetitivos y, con frecuencia, demasiado
broncos. Y, por supuesto, pecan en algunos casos de excesiva subjetividad » (p. 11-12). En
tout cas, c’est toujours un point de départ et une incitation à la lecture critique.
Disons-le d’emblée, le lecteur ne doit pas se fier aux limites chronologiques fixées
dans le titre : on trouve des références à des ouvrages édités en 1843 (Étienne Cabet, p. 42),
en 1850 (Fernando Garrido, p. 49) ou encore en 1852 (Francisco Pi i Margall, p. 66) et dans
l’autre sens jusqu’en 2004 (À contretemps n° 17, p. 23). Les références postérieures à 1975
sont même majoritaires dans le premier chapitre ! Quant aux classifications, elles semblent
cohérentes et assez pratiques dans l’ensemble. Cependant, elles gagneraient à être subdivisées
dans une édition plus aboutie, en particulier le chapitre III, qui couvre une période trop longue
et diversifiée (1910-1936). Une césure en 1930 s’impose. Pour le reste, nous nous limiterons à
signaler que certaines références auraient également trouvé leur place logique dans le chapitre
consacré aux biographies et aux mémoires. C’est le cas, par exemple, de Casimiro Comas (p.
44), de Pere Coromines (p. 45), de Joaquim Ferrer et Simó Piera (p. 89), de Manuel
Lladonosa (p. 92), de José Negre (p. 96), de A. Pérez Baró (p. 98) ou encore de José Leiva ( p.
273). Manquent aussi dans cette section, le numéro 18 de Suplementos Anthropos (1990)
consacré à José Peirats, les mémoires d’Ángel Pestaña et plusieurs livres d’Abel Paz, pour ne
citer que les personnalités les plus connues.
Avec cette bibliographie de S. Gurucharri et l’ouvrage remarquable de Miguel Íñiguez
Esbozo de una enciclopedia histórica del anarquismo español (Madrid, FAL, 2001, 645 p.),
dont une seconde édition devrait prochainement voir le jour, les chercheurs et toute personne
intéressée par l’anarchisme espagnol disposent désormais de deux outils de travail
indispensables.

Joël DELHOM

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