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C'est Monsieur Ahmed Ould Samba, Porte parole du Président de la République qui lut
le discours.
Une fois l'Armée revenue, à plein temps, à sa place; le choix des Mauritaniens, qui ont
élu un Président et mis en place des institutions en 2006 et 2007, respecté; la
Constitution sanctuarisée, le Président mettra en application les recommandations que
les Mauritaniens lui auraient suggérées y compris des élections législatives et
présidentielles anticipées.
Le Président comptait proposer cette feuille de route aux Mauritaniens et au delà des
Mauritaniens, aux partenaires de notre pays. La Junte en a décidé autrement.
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Chers Compatriotes,
Merci, pour avoir organisé, malgré les obstructions que vous subissez de la part des
autorités putschistes, ce grand rassemblement populaire qui témoigne de votre
attachement à la légalité constitutionnelle et de votre opposition à l’injustice et à
l’arbitraire.
Merci, aux partis politiques, aux syndicats, aux organisations de la Société civile et aux
personnalités nationales pour l’extraordinaire combativité avec laquelle ils ont fait face,
depuis le premier jour, au coup d’Etat du 06 août !
Merci à vous tous, pour la lutte acharnée et persévérante en vue de restaurer la légalité
et de mettre un terme à la souffrance que vit notre peuple, du fait de la persistance du
coup d’état !
Merci, à nos honorables militants qui ont porté au monde extérieur le message de la
Mauritanie engagée à lutter pour la reconquête de sa démocratie et refusant de vivre
sous le joug des régimes autoritaires !
Merci, en votre nom à tous, aux Etats, aux organismes, aux personnalités et à toutes les
entités sous-régionales, régionales, continentales et internationales qui ont fermement
soutenu votre combat pour restaurer la légalité et pour fermer à jamais la porte devant
les complots visant la confiscation du pouvoir par la force des armes et l’usurpation du
droit des peuples à choisir leurs dirigeants par les voies démocratiques !
Chère assistance,
Ayant suivi le bain de sang perpétré à Gaza, durant trois semaines par la machine de
guerre israélienne, au vu et au su du monde entier, je ne peux que partager avec vous
les sentiments de peine et de colère qui vous habitent ces jours-ci.
Les massacres qui se déroulent à Gaza, les destructions et les assassinats barbares des
enfants, des femmes et des vieillards innocents sont indescriptibles et révulsent la
conscience humaine !
J’en appelle, en votre nom, à nos frères arabes, aux dirigeants du monde,
particulièrement ceux des grandes Nations et aux responsables des organisations
internationales à répondre à l’appel de la conscience, à secourir les enfants de Gaza, les
femmes de Gaza et les blessés de Gaza, à œuvrer de concert pour amener Israël à se
retirer de Gaza et pour l’empêcher de reprendre son invasion brutale et ses
bombardements sauvages contre ce territoire héroïque !
Je renouvelle, en votre nom, notre solidarité avec les nôtres à Gaza. Que les âmes de
nos martyrs connaissent la paix ; que leurs familles reçoivent nos condoléances les plus
attristées.
Notre pays s’est engagé, entre 2005 et 2007, et à l’issue d’un processus de négociations
laborieuses entre acteurs nationaux d’une part et la communauté internationale d’autre
part, à édifier un système démocratique considéré par tous comme étant une condition
nécessaire à un développement économique et social durable
Le 6 août 2008, un coup d’état militaire est venu interrompre, au mépris de tous les
engagements pris vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis des autres, cette expérience, en
mettant fin à un pouvoir démocratiquement élu, installé depuis à peine 15 mois.
Une période très courte, certes, mais qui nous a permis, Dieu merci, de donner de la
Mauritanie une image appréciée à travers le monde entier.
Une période courte, certes, mais que nous avons utilisée avec sérieux et persévérance
pour ouvrir de larges perspectives et lancer de grands chantiers d’avenir, dont un
Programme d’Investissement Public d’une enveloppe de plus de quatre milliards de
Dollars, un Programme d’Intervention Spécial que nous avons été le premier pays de la
sous-région à réaliser pour répondre aux défis de la crise alimentaire mondiale, une
campagne nationale de production agricole, à travers la poursuite de laquelle nous
envisagions de parvenir à l’autosuffisance en céréales à l’horizon 2012…
Une période très courte, certes, mais qui a permis de faire de la Mauritanie une
destination privilégiée des investisseurs, qui lui a ouvert les portes du Programme du
Millénium Challenge (MCC) avec en perspective l’obtention sous forme de subventions
de financements américains à concurrence de plusieurs centaines de millions de Dollars
destinés, en priorité, à la santé et à l’éducation.
Une période très courte, certes, mais au cours de laquelle nous avons jeté les bases
d’un changement politique profond. Une plus grande séparation des pouvoirs, une
volonté affirmée pour opérer un changement des mœurs politiques excluant le
clientélisme, l’ouverture à tous et l’implication de forces politiques jusque-là tenues à
distance de la gestion de l’Etat.
Quinze mois que nous avons mis à profit pour raffermir les fondements de notre unité
nationale, par l’adoption de la loi criminalisant l’esclavage et le discours que j’ai adressé
au peuple le 29 juin 2007, avec les mesures d’application mises en œuvre par la suite.
Il ne s’agit pas pour moi de dresser un bilan des quinze mois qui ont précédé le coup
d’état ; la liste aurait été plus longue, nonobstant la brièveté de la période. Il s’agit plutôt
de rappeler quelques uns des objectifs que nous avons pu réaliser au cours de cette
période.
Je ne peux cependant passer sous silence les difficultés, les obstacles rencontrés et les
erreurs auxquels aucune œuvre humaine ne saurait prétendre échapper, surtout quand il
s’agit d’une expérience qui s’est voulue fondatrice d’une ère nouvelle.
Nous avons fait face, tout le monde le sait, à un contexte mondial contraignant,
matérialisé en particulier par une hausse astronomique des prix des produits
alimentaires importés et la propagation d’actes relevant de l’extrémisme et du crime
organisé auxquels notre pays n’a pu échapper.
Nous devions, en plus, faire face à des problèmes intérieurs résultants d’une longue
accumulation de mauvaises pratiques, et l’absence d’une vision stratégique. Nous
devions surtout mettre en place un nouveau système de gouvernance, avec des
habitudes administratives et des comportements politiques nouveaux.
Nous avions besoin de temps et d’efforts pour dissiper le doute et l’inquiétude avec
lesquels la classe politique et les centres de décision traditionnels appréhendaient un
style d’exercice du pouvoir auquel ils n’étaient pas habitués.
Six mois au cours desquels la Constitution a été suspendue, les lois ont été violées, les
acquis démocratiques bafoués, les libertés publiques confisquées, les médias publics
instrumentalisés pour la propagande mensongère et l’intoxication délibérée et la classe
politique divisée sur des bases conjoncturelles, offrant un paysage méconnaissable,
insolite !
Six mois de pratique administrative fondée sur l’utilisation des ressources de l’Etat pour
l’achat des consciences et les règlements de comptes à des adversaires politiques !
Ainsi, le Premier ministre légitime Monsieur Yahya O. Ahmed El Waghf et d’autres
ministres et hautes personnalités sont toujours en prison, du fait de leurs prises de
positions courageuses contre le coup d’état. La justice a été instrumentalisée pour leur
forger, de façon sélective et sans aucune pudeur, des chefs d’accusation créés de toutes
pièces.
Six mois, au cours desquels les ambitieux programmes de développement que nous
avons lancés se sont arrêtés, la situation économique du pays s’est détériorée malgré la
conjoncture internationale qui, ces derniers mois, a été marquée par la chute
vertigineuse des prix de l’énergie et celle des produits alimentaires !
Six mois au cours desquels les putschistes n’ont trouvé comme promesse de remède
aux problèmes du pays que la mascarade des journées de concertation, qui ont été un
échec, lorsqu’il est apparu que leur objectif était de légitimer le coup d’état par
l’organisation d’élections présidentielles avec des résultats connus d’avance ;
exactement comme l’avaient prédit les forces nationales qui ont refusé d’y participer!
L’appréciation que je fais de l’intérêt supérieur du pays et des responsabilités qui sont les
miennes, m’impose la fermeté vis-à-vis du coup d’état militaire ; il n’y a pas de salut pour
notre pays, ni de développement, ni de stabilité si nous capitulons devant la fatalité du
retour anachronique aux dictatures armées !
En revanche, mon souci de conjurer ces dangers me pousse à ouvrir largement la voie à
un processus national rassembleur, qui ne peut aboutir tant que l’institution militaire reste
impliquée dans le jeu politique.
Je voudrais ici exprimer mon appréciation pour l’initiative de sortie de crise présentée par
le Président de l‘Assemblée Nationale, Monsieur Messaoud Ould Boulkheir, initiative qui
prend en compte les mêmes préoccupations et vise les mêmes objectifs.
Dans ce cadre, j’invite tous les acteurs politiques nationaux à entamer des concertations
sérieuses pour faire échouer le coup d’état et ramener le pays à la démocratie et au
développement. Pour cela il nous faut faire preuve de responsabilité et de sagesse.
2- La restauration des institutions légitimes issues des élections de 2006 et 2007 dans
leurs missions constitutionnelles, à travers le rétablissement du Président de la
République dans la plénitude de ses prérogatives et l’exercice par lui de ses fonctions,
conformément à la Constitution ;
3- Le recours à la Constitution comme référence dans le traitement des différentes
questions nationales ;
J’appelle toutes les forces politiques nationales à contribuer à préparer les esprits à ce
processus et à le suivre, et je demande aux organisations continentales, régionales et
internationales concernées de nous appuyer dans notre démarche visant à sortir le pays
de l’impasse où il se trouve.
Je ne saurai terminer cette allocution, sans vous renouveler mes remerciements, Chers
combattants pour la Démocratie et sans vous inviter à poursuivre votre noble combat. Le
processus démocratique que nous nous engageons à reprendre et à approfondir, exige
patience, persévérance, sacrifice, détermination et refus de toute compromission. Il
exige également l’acceptation de l’autre par l’ouverture à tous les patriotes sincères,
quelque soient leurs opinions politiques.