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Traduction personnelle de la chronologie du supplément Toxic memes

pour Le jeu de Rôle Transhuman Space. Edité par Steve Jackson Games, écrit par Jamais
Cascio, 2004.
par Gabzéta – gabzeta@gmail.com

Evolution de la mémétique: 1976-2100


La notion de mème a subi des transformations considérables depuis que Dawkins en
décrivit pour la première fois le concept il y a plus de 100 ans (1976).

1976-2015 : les pionniers


Les premières années de la mémétique furent pleines de controverses. De nombreux
anthropologues et scientifiques cognitifs nièrent que l'existence des mèmes puisse être
autre chose qu'une vulgaire analogie (du gène, NDT)
D'autres tentèrent d'intégrer la mémétique dans leurs propres champs de recherches,
clamant qu'elle n'était un simple assemblage d'idées déjà existantes.
Des théoriciens comme Daniel Dennett, Susan Blackmore, et Robert Aunger essayèrent
d'élaborer une vision suffisamment rigoureuse de la mémétique afin qu'elle puisse se
suffire à elle même.
Malheureusement, ces premiers méméticiens travaillaient chacun avec différents objectifs
et se séparèrent finalement en deux camps divergents.
L'un des camps considérait les mèmes comme des artefacts cognitifs, tandis que l'autre
affirmait que la neuroscience démontrait l'existence des mèmes en tant que manifestations
de la biologie du cerveau. Aucun des deux camps n'apportant de preuves concluantes, le
domaine fut progressivement marginalisé.

2015-2041 : les années sombres


Durant les premières décennies du 21ème siècle, le peu de gens qui connaissaient la
mémétique la considéraient comme une science passagère. Certaines de ses idées les
plus importantes furent absorbées dans des champs d'études déjà existants, plus
traditionnels. Seule une poignée de théoriciens continuèrent à travailler sur le concept.
Parmi eux, il y avait un jeune australien du nom de Kyle Porters. Il adhérait à l'idée que les
mèmes -dans le sens de information- étaient le noyau de la culture et de la société.
Si son développement de la théorie de l'infosocialisme qui suivit peu après, établissait peu
de connections directes avec les premières théories de la mémétique, une bonne partie du
langage utilisé à ce jour par les théoriciens infosocialistes européens fait écho aux travaux
des protoméméticiens.
En raison de cette connexion, la plupart des références aux mèmes de cette moitié du
siècle incluaient également des références dédaigneuses envers Porters et
l'infosocialisme.

2041-2078 : les hackers du cerveau


Les avancées en biotechnologie, science de l'informatique et nanotechnologie, durant les
années 2020 et 2030 ont mené à de grandes avancées dans la compréhension des
fonctions du cerveau.
Mémoire et cognition ont pu être cartographiées avec une précision grandissante et les
chercheurs ont été capables d'établir des connections physiques entre des consciences
biologiques et des machines basses-sapiens (,autoconscientes NDT) sophistiquées
Au début des années 2040, les neuroscientifiques disposaient de cartes fonctionnelles
pour la totalité du cerveau, amenant au premier implant à interface virtuelle en 2043
(approuvé pour un usage général en 2047) et au premier lien sensoriel (Slink) en 2048
(mis à disposition du public en 2052).
Avant le milieu des années 2060, la construction de la première émulation du cerveau
pleine échelle (Shadow - Ombre, NDT) permit de trouver précisément comment des
pensées se formaient ; permit de rejouer des modèles complexes, d'altérer des souvenirs
et des croyances, afin de voir comment des changements affectent la pensée et le
comportement.
Au milieu du siècle, les scientifiques cognitifs continuèrent leurs avancées dans la
compréhension de la physiologie de la conscience. Mais comme la mémétique avait été
largement oubliée, les liens entre la façon dont le cerveau créée et évalue les idées et la
façon dont les idées se propagent dans la société ne fut pas explorée.

2078-2090 : La machine entre en scène


En 2070, LOGOS, la première Intelligence Artificielle autoconsciente commença sa
recherche sur la cognition sociale humaine, curieuse de la façon dont les idées émergent
et se répandent (comme la peur de l'intelligence artificielle).
LOGOS réalisa assez tôt que les méméticiens du tournant du siècle avaient eu de
véritables intuitions. Elle utilisa une grande partie de ses premières recherches à évaluer
leurs travaux.
Elle conclut que les humains manquaient de compréhension sur la façon dont les idées
ont prise sur le cerveau, qu'ils ne pouvaient pas examiner entièrement ou objectivement
leurs propres processus cognitifs, les empêchant d'établir les découvertes nécessaires.
LOGOS n'avait pas à faire face à ce genre de problèmes.
En 2078, elle produisit sa somme sur la mémétique "De la propagation des idées
humaines" (PHI the Propagation of Human Ideas), dédiée à Richard Dawkins.
Affirmant que la mémétique était un système inhérent, avec un double effet d'action-
réaction, LOGOS utilisa les techniques complexes de cartographie développées au cours
du 21ème siècle pour détailler comment les idées émergent et se répandent.
Bien que difficile à appréhender pour le commun des mortels de par sa densité
mathématique, PHI s'imposa cependant comme la pierre angulaire de la nouvelle science
de la mémétique.
La seconde édition de PHI, publiée en 2082, révisa et élargit grandement la théorie
originale. LOGOS et une variété de collaborateurs connectèrent la neurobiologie cognitive
avec le concept initial de la propagation des idées, apportant aux méméticiens de
nombreux indices sur la manière dont les idées prennent forme.
Les scientifiques méméticiens avaient désormais un modèle fonctionnel sur la manière
dont les mèmes émergent dans l'esprit, survivent dans l'environnement social et se
répliquent d'un esprit à l'autre. L'usage de la mémétique explosa.

2090-2099 : Les ingénieurs en mémétique


Au début des années 2090, la mémétique fit son apparition auprès du public, mais non
sans controverse. De nombreuses critiques affirmèrent que la mémétique était
dangereuse, qu'elle était l'outil ultime des despotes désireux de contrôler les croyances et
les opinions de leurs peuples.
Mais à la grande surprise de la plupart, l'état de propagande s'avéra très difficile à créer.
La compréhension scientifiques des idées avait également donné des outils aux individus
pour reconnaitre quand des techniques mémétiques étaient employées sur eux.
Des érudits appelèrent cela la démocratisation du même et ce n'en n'était pas très loin. La
dernière décennie avait vue la mémétique passer d'un état de technique spécialisée et la
plupart du temps secrète, à quelque chose que tout à chacun pouvait employer.
Mais ce que certains avaient appelé démocratisation, d'autres l'appelaient plutôt course à
l'armement cognitif.
Le plus frustrant pour les tenants de la mémétique appliquée était que comme la plupart
des gens étaient de plus en plus conscients au sujet des techniques mémétiques, des
processus qui fonctionnaient une année pouvaient très bien échouer l'année suivante. Le
scepticisme et les contre-mèmes fleurissaient.
Plutôt que de transformer la publicité, le divertissement et la persuasion politique en des
disciplines calmes et formelles, l'application des principes mémétiques les entraina dans le
chaos.
En décrivant les croyances et les opinions comme des agents externes construits pour
influencer des résultats, la mémétique populaire rendit le travail des ingénieurs en
mémétique plus difficile que jamais.

Mémétique 2100
A la fin du 21è siècle, la mémétique combine l'étude des cartes de propagation de masse
(comment les idées se répandent) avec la neurobiologie de l'individu (comment les idées
émergent).
L'usage de la mémétique s'est répandue dans la plupart des pratiques basées sur la
création ou la communication d'idées, depuis la publicité jusqu'à la politique, en passant
par les soap operas à l'eau de rose.
Très peu de la communication destinée à une audience est faite sans une attentive
vérification mémétique, avec comme référence le concept du “tunnel aérodynamique”.
Comment le récipient va-il réagir? Quels autres mèmes pourraient être supprimés ou
renforcés par cette communication? Dans quelles directions le mème pourrait-il évoluer?
La plupart des usages au quotidien de la mémétique sont destinés à éviter de mauvaises
réactions, plutôt qu'à provoquer de bonnes réactions.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de mème créé avec une intention de propagation
rapide et efficace : il y en a et en abondance. Les outils de création de mèmes
sophistiqués et de mèmeplexes sont très répandus, autant que peuvent l'être le désir de
convaincre de la valeur d'un produit ou de la validité d'un point de vue.
Les techniques et les systèmes mémétiques s'améliorent de jour en jour, permettant la
création d'un nombre croissant de mèmes complexes, adaptatifs et très persuasifs.

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