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Après les spectacles de l'été 2007, retour sur le pourquoi et le comment

Le Pourquoi avec Michel Sallandre

Pourquoi faire un spectacle pendant l’été ?


Michel : La première raison pour faire un spectacle l’été c’est d’abord l’extérieur : on
s’assure un élément qui est le beau temps…a priori…La deuxième raison, c’est que
les Gâs du Berry ont intérêt à se placer dans l’espace de George Sand et à utiliser
l’espace scénique du château ou des jardins. Le troisième élément, c’est que cela
donne un côté romantique et naturel, dans l’état d’esprit de ce que font les Gâs du
Berry en relation à l’œuvre de George Sand.
Les Gâs du Berry ont la volonté de faire innover la société (en invitant des groupes de
jazz à participer au spectacle d’été par exemple) tout en maintenant leurs traditions,
comment voyez-vous son évolution en tant que Président ?
La musique traditionnelle est d’abord orale tout comme le jazz ou le blues. Il s’agit
après de mettre en relation des musiques qui n’ont rien à voir les unes avec les autres.
Le fait de mettre en communication le jazz, le rock et la musique traditionnelle, ne
veut pas dire que l’on oublie sa propre mémoire et sa propre terre. Si on veut garder
la richesse d’un monde qui se nourrit de la mondialisation, il faut savoir préserver son
patrimoine, le nourrir lui-même et rester en communication avec les autres. C’est un
travail qui est quelque fois compliqué et qui n’est pas toujours compris, le fait de dire
« je suis un mainteneur » au sens du musée de cire, et d’un autre côté « j’ouvre mes
bras aux cultures des autres ». Quand les colporteurs allaient du Morvan jusqu’en
Auvergne, en Bretagne ou en Berry, ils apportaient des partitions et quelques fois les
musiques se mélangeaient sans qu’on le sache ! J’ai de grosses racines en Berry mais
aussi ailleurs, et ma vie m’a d’ailleurs fait découvrir d’autres cultures…le monde est
tellement magnifique quand il est différent, et la différence, c’est ça qui m’intéresse.

Si vous aviez un bilan à tirer de ces premiers mois de présidence des Gâs du Berry ?
Les Gâs du Berry, les Thiaulins, les Cabrétaires, les Touaregs, les Pigmés, chacun
collabore à la diversité d’un monde qui est magnifique et unique dans l’espace connu.
Je souhaite que les Gâs du Berry contribuent à défendre la diversité culturelle en se
nourrissant de la modernité et que les jeunes s’approprient la culture de leur terre.
Un petit mot pour les visiteurs du site ?

Nourrir la différence !

Le comment, avec Erick Fradet et Alain Barrault

Le point de départ du spectacle 2007 des Gâs du Berry est le livre de Martine
Cadière, Sang pour Sand, comment avez-vous découvert ce roman ?
Erick : Alors voilà, nous avions trois idées : François le Champi, un spectacle sur les
marionnettes, et en rapport au Moulin de la Vieille Morte (Jean-Louis Boncoeur) que
nous avons fait il y a trois-quatre ans, un roman policier. Nous avons soumis ces idées
et il a été retenu de faire un roman policier. Après c’est Alain qui a travaillé…
Alain : Non j’ai pas travaillé, j’ai cherché sur internet…internet c’est un truc
vachement bien, j’ai tapé « polar berrichon » et je suis tombé sur une référence, Sang
pour Sand ; et c’est comme ça que de fil en aiguilles, on a lu le bouquin et on s’est
rendu compte avec Erick que c’était un livre qui était drôlement bien adapté car il
mêlait à la fois intrigue policière contemporaine et puis George Sand. On s’est même
dit un moment que le livre avait été écrit pour nous !
Donc après il y a le travail d’adaptation : comment avez-vous fait pour passer d’un
roman à un spectacle vivant ?
Alain : Ben ça déjà tu demandes à Erick !
Erick : Je lis une première fois le roman, je le relis en soulignant les parties qui
paraissent importantes, et c’est quand je le relis une deuxième fois que je commence
à concevoir un petit peu le spectacle. Ensuite je n’extrais que ce que j’ai souligné et
j’essaye de voir les différents tableaux du futur spectacle. Alors évidemment, la
première fois ce n’est pas les 23 tableaux que l’on présente aujourd’hui au public.
Après j’envoie mon ébauche de scénario à Alain qui réfléchit et on avance comme ça
petit à petit. Le plus dur c’est d’essayer de faire 23 tableaux, il faut que les gens
comprennent l’histoire.
Alain : C’est sûr que le plus dur c’est le format. On travaille beaucoup par liaison
grâce à internet et par téléphone, donc en fait c’est un travail d’aller-retour,
d’échanges, de problèmes, « comment faire ceci, cela ? », etc…
Erick : Le synopsis a été fait en février, et puis après nous avons détaillé petit à petit,
nous nous demandions si ce n’était pas trop long, si les gens allaient comprendre, on
se disait que cette scène n’apportait rien…Et puis il y a l’échange l’idée, il y a de la
censure d’un côté et de l’autre et on avance comme ça.
Est-ce que vous vous imposez des règles ?
Alain : Oui car il faut tout de même un format qui soit carré, et par exemple 23
tableaux c’est le format de la majorité des spectacles.
Erick : Cette année nous avons donc fait 23 tableaux ce qui est un peu long et je me
demande si nous n’avons pas mis trop de texte mais pour la compréhension ça nous
paraissait nécessaire. Quand t’es dans ton truc, que tu l’as monté, tout s’explique ; et
quand on te dit « oui tout s’explique mais ça dure trois heures, il faut que tu en
enlèves un tiers » ça n’est pas si simple. Il vaut mieux à la limite que ça soit un autre
qui le fasse que toi-même car toi, tu es sur le scénario depuis pas mal de temps et tu
n’arrives plus à prendre de la distance par rapport à lui.
Comme la plus part des spectacles des Gâs du Berry, Sang pour Sand ne déroge pas à
la règle et se déroule en plein air. Pouvez-vous nous expliquer les avantages et les
inconvénients de cette mise en scène ?
Erick : L’avantage du plein air, c’est que nous avons beaucoup plus de possibilités en
termes d’espace. L’inconvénient, c’est l’intimité, le rapprochement du public, car tu
peux faire une scène à 300 mètres des spectateurs mais tu ne fais plus rien passer
comme émotion. Il faut arriver à trouver le juste milieu entre l’espace dont tu
disposes et ce que tu veux faire passer, et quand tu commences à trouver le lieu, ton
puzzle commence à se construire. Et puis bien sûr l’inconvénient du plein air, c’est
qu’aujourd’hui il fait beau mais demain…
Alain : Le plein air c’est aussi un problème de sonorisation, de problèmes techniques
qu’il faut résoudre, etc…
Si un jour vous découvrez un roman ou une pièce de théâtre qui correspond tout à fait
à ce que vous et les Gâs du Berry voulez faire mais que la mise en scène nécessite un
espace clos (un théâtre par exemple), vous seriez tenté par cette mise en scène ?
Erick : Nous l’avons déjà fait l’hiver, mais honnêtement je suis plus pour chercher
des idées proches de la nature, avec tous les problèmes que ça pose : les problèmes de
sécurité, des problèmes qu’on ne connaissait pas il y a 20 ans.
Concernant les spectateurs, comment faîtes vous pour ne pas tomber dans une
certaine monotonie, pour surprendre le public chaque année ?
Alain : C’est un peu la surenchère, la course à l’idée qui va faire innover le spectacle.
Cette année, c’est la vidéo, la participation d’un groupe de jazz, etc…L’intérêt c’est
d’essayer de se creuser la tête pour trouver quelque chose qui va faire dire aux
gens « cette année, ça n’est pas comme l’an dernier ».
Erick : Mais il y a les spectateurs et les acteurs. Je pense que nous avons la même
démarche vis-à-vis des deux, on a envie que le plaisir soit partagé. Il faut innover car
si tu fais tous les ans la même chose, tu vas user les gens qui font le spectacle. De
plus concernant l’innovation, les Gâs du Berry sont quand même une société de
musique traditionnelle, de coutumes, mais on se doit d’innover petit à petit, de ne pas
stagner.
Vous n’avez pas peur de perdre des spectateurs à trop vouloir innover ? Il y a trois ans
vous avez intégré au spectacle un groupe de jazz manouche, cette année vous avez
fait appel à un groupe de jazz, vous n’avez pas peur de rebuter votre public qui
souhaite voir quelque chose de plus traditionnel ?
Erick : Une boîte doit avoir des clients, ça fait très mercantile ce que je dis mais c’est
tout de même un peu ça. Des gens seront forcément déçus mais j’espère qu’on en
accrochera d’autre.
Alain : On cherche à trouver des nouveaux publics.
Une idée pour le spectacle de l’année prochaine ?
Erick : Non c’est trop tôt, et puis je pense que nous allons avoir une petite imposition
de la part de la société car l’année prochaine les Gâs du Berry ont 120 ans.
Innover tout en gardant une certaine tradition, c’est le mot d’ordre des Gâs du Berry ?

Erick : Un peu oui…

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