La Grande Époque

EpochTimes.com
ÉDITION 159
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 JUILLET 2009 • BIMENSUEL

► P. 15 Art de vivre ► P. 9 Nouveau regard ► P. 16 Culture

Y a-t-il une voiture L’immigration « Le dépôt des
du futur ? dans le cinéma Dieux » au
américain Musée Guimet

Les voix d’Iran Chine

Dix ans de
P. 5

Une radio juive et des informaticiens d’origine chinoise dissidents contre le blocus
brutalité pour
la « Gestapo
chinoise »

Économie P. 7
La mutation verte
de l’immobilier
tertiaire
AFP

Internet joue un rôle majeur dans la mobilisation anti-gouvernementale en Iran. Pour briser le blocus, les Iraniens sont de plus en plus
nombreux à utiliser un logiciel informatique créé par des dissidents chinois et une radio juive.
Page 2

Atmosphère électrique entre Géorgie et Russie

Les observateurs internationaux chassés par la Russie

D
ans le Caucase, près de 11 mois
après la guerre entre Géorgie et
Russie, les incidents se multi-
plient dans les zones sensibles d’Abkha-
zie et d'Ossétie du Sud. En refusant par
son véto sonore au Conseil de Sécurité
de l'ONU l'extension de la mission d'ob-
servation des Nations unies en Géorgie
et Abkhazie et en laissant poindre une
expulsion des personnes de l'Organisa-
tion pour la Sécurité et la Coopération en
Europe (OSCE), la Russie fait un pas de
plus dans le non-respect de l'accord de
paix négocié avec le président français
Nicolas Sarkozy en septembre 2008.
Le 21 juin, une explosion judicieuse-
ment placée dans le calendrier diploma-
tique a tué un conducteur et blessé un
BIRMANIE
Aung San Suu Kyi en prison
pour son 64e anniversaire.
Page 3
Page 2 ................ International
Page 3 ................ International
Page 4 ................. International
médecin en patrouille avec des observa-
teurs de l'Union européenne près de la
« frontière » avec l'Abkhazie
« Les données préliminaires montrent
que c'était une attaque délibérée con-
tre notre patrouille », déclare Hansbörg
Habel, chef de la mission Européenne en
Géorgie, cité par le site EurasiaNet.
Les incidents se multiplient dans la
zone, les bombes explosant à une fré-
quence accélérée depuis le printemps.
Pour l'International Crisis Group (OCG),
un thinktank européen qui publiait un rap-
port sur le sujet le 22 juin, la situation est
instable au point que les combats avec
la Géorgie pourraient reprendre : « Les
pressions diplomatiques russes déman-
tèlent la machinerie de résolution du
ROUMANIE
Les « magasins de rêve » au
coeur d’une polémique.
Page 4
Page 5 .............................. Chine
Page 6 .............................. Chine
Page 7 ....................... Économie
conflit en Géorgie, ce qui place la région
dans une situation explosive », indique le
rapport.
Depuis la fin du conflit, les troupes rus-
ses stationnées en Ossétie du Sud et
Abkhasie n'ont pas permis aux Géorgiens
chassés des deux régions séparatistes
de regagner leur domicile. L'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe n'a
pas hésité à parler de nettoyage ethnique
pour évoquer la façon dont les Géorgiens
ont été traités dans les deux régions
séparatistes, devant les troupes russes
qui ont laissé faire.
Depuis une dizaine de mois, constate
l'ICG, la Russie n'a fait que renforcer sa
présence militaire en Abkhazie et Ossé-
tie du Sud au lieu de suivre le plan qui
ÉCONOMIE
Les chômeurs français pris en
tenaille.
Page 7
Page 8 ................... Droits humains
Page 9 .................. Nouveau regard
Page 10 .................. Environnement
devait la faire revenir au niveau de pré-
sence d'avant le conflit d'août 2008.
Dans ce cadre, provoquer des inci-
dents sur le parcours des observateurs
européens peut être compris comme une
façon d'empêcher leur présence dans la
zone des tensions et ainsi d'avoir moyen
de créer en toute tranquillité l'instabi-
lité nécessaire à la justification du main-
tien d'une forte présence russe sur des
territoires toujours considérés comme
géorgiens par la communauté internatio-
nale. Ce sont là les « nouvelles réalités
Outre-mer P. 12
du terrain » mentionnées par le minis-
tre des Affaires étrangères russe Ser-
guei Lavrov.
La Martinique
Lire la suite page 2 va-t-elle choisir
ENVIRONNEMENT
l’autonomie ?
Le criquet nomade, une Le chef de l’Etat s’est rendu aux
Antilles pour pacifier le climat
catastrophe évitée en Afrique de
social à la suite des évènements
l’Est. qui ont secoué les deux îles de la
Page 10 Martinique et de la Guadeloupe.
Page 11 ................................. Petites annonces Page 14 ...... Santé et bien-être
Page 12 .............................................. Outre-mer Page 15 ................. Art de vivre
Page 13 ................................................... Société Page 16 ......................... Culture

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2 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JUILLET 2009 ● La Grande Époque

Les voix d’Iran

Une radio juive et des informaticiens d’origine
chinoise dissidents contre le blocus
Le rôle de canaux d'informa-
tions comme Twitter et You-
tube a largement été souligné
dans la crise du « printemps de
Téhéran ». Avec des logiciels
anticensure du même type que
ceux utilisés par les internau-
tes chinois, les Iraniens brisent
le blocage des informations. Et,
utilisant le téléphone, ils com-
muniquent avec des stations de
radio… jusqu'en Israël.
recevons beaucoup, beaucoup d'appels.
Nous voulons aider l'Iran et d'autres pays
autant que nous le pouvons ».
Les appels à la radio israé-
lienne
Coup de pied dans le cliché d'un Iran
fondamentalement antisémite, des Ira-
niens s'expriment depuis plus de 20 ans à
la radio publique Kol Israel (« la Voix d'Is-
raël »). Ces dernières semaines, ils ont
été encore plus nombreux à appeler et
à parler de leurs difficultés. Certains par-
lent de la répression ou appellent les gou-
vernements occidentaux à agir contre le
régime des mollahs.

L
e consortium Global Internet Free-
dom, spécialisé dans la concep-
tion de « briseurs de murs » (des
logiciels spécialement conçus pour con-
tourner la censure de l’internet chinois), a
ouvert son logiciel Freegate aux Iraniens
en langue farsi. « Le trafic a doublé, puis
doublé encore », explique Shiyu Zhou,
un informaticien membre du consortium.
« En quelques jours, nous avons eu 200
millions de clics par jour ».
Les Iraniens utilisent Freegate pour
avoir accès aux sites comme Facebook,
Twitter, YouTube, Google, les sites d'in-
formation et les sites en langue farsi, indi-
que Shiyu Zhou.
« Le week-end dernier les compteurs
ont explosé. Samedi dernier, nous avons
eu 390 millions de clics, ce qui corres-
pond à environ un million d'utilisateurs ».
Zhou indique que les logiciels dévelop-
pés par le consortium, initialement créés
pour briser le blocus des informations en
Chine, sont maintenant utilisés dans de
nombreux pays et ont gagné une réputa-
tion de Gold standard dans la lutte con-
tre la censure. Zhou indique ainsi avoir
reçu des appels d'Iraniens qui appellent
Freegate une « ligne de vie ». « Nous
« Nous recevons tellement d'appels
d'Iran ces jours-ci », explique Menashe
Amir, un des responsables du départe- AFP
ment farsi de Kol Israël, pour qui il tra- L’internet joue un rôle majeur dans la mobilisation en Iran.
vaille depuis cinquante ans : « Un des
auditeurs a commencé à pleurer. Il a dit d'une heure et demie, et d'une heure le
qu'il connaissait ma voix depuis deux week-end. Ses programmes arrivent en
générations. Il pleurait en disant que les Iran par ondes courtes ainsi que par Inter-
Iraniens traversent une période triste, net et satellite.
et ont besoin du soutien d'Israël et du Depuis les résultats des élections en
monde. » Iran, l'antenne est ouverte chaque jour
Amir dit avoir servi l'Iran pendant les aux appels d'auditeurs iraniens, con-
50 dernières années : « J'essaie de leur tre une fois par semaine auparavant.
apprendre la démocratie et la liberté de Les auditeurs iraniens témoignent de ce
parole. Ce que l'on voit aujourd'hui, c'est qu'ils ont vu dans les rues de leur ville.
ce peuple excédé de ce qui se passe « La situation est si dure, si tragique », dit
dans le pays. Ils veulent être une nation Amir, « ils n'ont aucune raison de men-
comme les autres, avoir de bonnes rela- tir ».
tions avec l'Occident, coopérer avec Au-delà des logiques belliqueuses de
Israël. Ils respectent les juifs du fait de leurs gouvernements, les peuples sem-
l'Holocauste et n'appellent pas à la des- blent commencer à trouver les moyens
truction d'Israël. Il y a beaucoup d'Ira- de dépasser les blocus et de communi-
niens qui se souviennent de la période de quer à peu près librement. Une mauvaise
bonne coopération entre Israël et l'Iran, et nouvelle pour Téhéran, Pékin et consorts
ils voudraient que cela reprenne. » dont le fonctionnement est semblable au
Amir Menashe estime avoir une mécanisme de fermentation de certai-
audience de deux à six millions de per- nes bactéries : il ne peut se faire qu'en
sonnes. Le département farsi de Kol La Grande Époque absence d'air.
Israël diffuse en semaine un programme Shiyu Zhou, membre du consortium Global Internet Freedom. NTDTV ET LA GRANDE ÉPOQUE

IBRAGIM CHKADUA/AFP/Getty Images

Saar/GPO/Getty Images
La « frontière » entre Russie et Abkhazie.
A droite, Efraim Halevy en 2002 lors de la passation de pouvoir au sein du Mossad Yaakov.

Les scénarios iraniens vus d’Israël Atmosphère électrique

Efraim Halevy, ancien patron du Mossad, les ser-
vices secrets israéliens, voit différents scénarios
possibles dans ce qu’il appelle la « révolution ira-
nienne ». Expert des questions iraniennes, il est
aujourd’hui directeur du centre des études stratégi-
ques à l'université hébraïque de Jérusalem.
dit Halevy. « C'est pourquoi la survie de Mousavi est une question
clé. S'il disparaît, peut-être que d'autres pires encore le remplace-
ront ». D'un autre côté, sa « disparition » pourrait conduire à la fin
entre Géorgie et Russie
des manifestations d'opposition. Suite de la première page S'adressant à un auditoire choisi dans
« Comme Mousavi n'agit pas dans la logique habituelle, per- l'Académie militaire russe à Moscou,
sonne ne peut prédire ce qu'il va faire ensuite, et s'il va ou pas L'inquiétude croît au moment où com- l'Amiral Mullen a ainsi déclaré, cité par
réussir sa révolution », ajoute l'expert. mencent les grands exercices militaires Voice of America : « Dans cette pièce
Une attention particulière, pense-t-il, doit être portée aux Gar- russes dans le Caucase, qui dureront sont assis les futurs chefs militaires qui

A
la différence de nombreux experts, Efraim Halevy pense
que les troubles actuels en Iran sont une révolution réelle
menée par Hossein Mousavi, le candidat réformiste à l'élec-
tion présidentielle. La seule question, pense l'analyste, est le résul-
tat de cette tentative de révolution.
Celui-ci est d'après lui difficile à prédire du fait que tout ce qui
s'est déjà passé en Iran dépassait les prédictions : personne ne
s'attendait par exemple à ce qu'une résistance au régime émerge
de l'intérieur du régime lui-même, par la voix de certains ayatol-
lahs.
« Le 20 juin, Moussavi a dit que les résultats des élections
avaient été pré-arrangés », dit Halevy. « Il doit savoir, parce que
lui-même est devenu Premier ministre de cette façon – un rôle
qui n'existait pas avant lui – et parce qu'il est tellement lié aux diri-
geants actuels. Moussavi est en train de prendre un rôle qu'il n'a
jamais joué auparavant : résister au système depuis l'intérieur ».
Malgré cela, le régime iranien ne veut pas forcément se déba-
rasser de Mousavi car « il n'y a pas de révolution sans leader »,
diens de la Révolution : « Ils ont un pouvoir immense en Iran, jusqu'au 6 juillet et mobiliseront près de
comme une armée dans l'armée. Chaque force de l'armée a 9.000 hommes. L'OSCE a averti du ris-
son miroir chez les Gardiens de la Révolution. Ils contrôlent de que de reprise du conflit le 26 juin alors
nombreuses choses et ils sont aussi en charge du programme que ses observateurs sont censés avoir
nucléaire, et très liés à la politique ». quitté la région à la fin du mois de juin.
Si la révolution échouait, il est d'après lui probable que les Gar- Cité par Reuters, l'ambassadeur de la
diens de la Révolution seraient renforcés et impliqués dans abso- mission de l'OSCE Terhi Hakala rejoint
lument tout en Iran. « Car ils pourraient penser : 'à quoi nous sert les hypothèses de l'ICG : « Malheureu-
le clergé ?' et leur appétit grandirait. » sement je pense que c'est possible. Je
Dans tous les cas, une période d'instabilité est prévisible quelle partage leur analyse, la situation est ins-
que soit l'évolution de la situation. Elle sera, craint l'ancien espion, table. »
associée à une plus grande hostilité vis-à-vis d'Israël dans le lea- Ceci n'a pas empêché l'OTAN de
dership iranien car « quoi qu'il arrive, Israël doit être accusé de renouer ses liens avec la Russie le 27
tout. » juin, de façon à construire une coopé-
Pour cette raison et afin d'éviter une déstabilisation régionale ration sur le sujet de l'Afghanistan. En
supplémentaire, Halevy conseille aux dirigeants israéliens de ne parallèle, le chef d'Etat-major de l'armée
pas s'impliquer en Iran. américaine, Mike Mullen, a annoncé la
DOR LEVINTER signature prochaine d'un nouvel accord
de coopération militaire avec la Russie.
verront le chemin devant nous. C'est
maintenant le moment, et c'est ici l'en-
droit, pour que les forces armées russes
et américaines s'engagent à une relation
nouvelle et meilleure. »
Le bouton Reset qu'avait montré le
secrétaire d'Etat américain Hillary Clin-
ton à son homologue russe Serguei
Lavrov lors de la première rencon-
tre traduit la volonté de l'administration
Obama, ici comme ailleurs, de remettre
les choses à plat. La visite du président
américain en Russie au mois de juillet
sera l'occasion de signer l'accord mili-
taire évoqué par l'amiral Mullen… et de
voir quelle place est laissée aux inquiétu-
des des Géorgiens dans le nouvel équili-
bre russo-américain.
AURÉLIEN GIRARD
La Grande Époque ● 1 – 15 JUILLET 2009
Aung San Suu Kyi en prison pour son 64e anniversaire
Aung San Suu Kyi a peut-être
célébré son 64e anniversaire en
prison le 19 juin, mais l’espoir
et le combat pour la liberté que
représente la leader du mouve-
ment démocratique birman ont
été soulignés par des veillées de
solidarité tenues au Canada et
partout dans le monde.
D
es veillées à la chandelle ont été
tenues à Ottawa et à Toronto, de
même que dans une vingtaine
d’autres grandes villes du monde, afin de
célébrer l’anniversaire de la lauréate du
prix Nobel de la paix 1991 et chef du parti
politique birman de la Ligue nationale pour
la démocratie.
Après avoir remporté par un raz-de-
marée l’élection de 1990, Suu Kyi a passé
plus de 13 des 19 dernières années en
détention.
Dernièrement, elle a été incarcérée
après avoir été accusée d’avoir brisé les
règles de sa détention en résidence sur-
veillée lorsqu’un homme, non invité, a
nagé jusqu’à son domicile situé sur le bord
de l’eau et y a passé deux nuitées.
Au début du mois de mai, l’Américain
John William Yettaw, 53 ans, aurait tra-
versé à la nage le lac Inya pour se rendre
à la résidence d’Aung San Suu Kyi, et ce,
malgré la haute surveillance qui l’entourait.
On rapporte que l’homme souhaitait inter-
viewer Suu Kyi pour un livre qu’il écrivait.
Certains observateurs estiment que la
junte militaire et le personnel de sécurité
sont impliqués dans l’incident qui est sur-
venu peu de temps avant la date prévue de
libération de la prisonnière politique la plus
célèbre. Aung San Suu Kyi devait être relâ-
chée après six ans de résidence surveillée
et avant les élections générales de 2010
proposées par la junte.
Si elle est reconnue coupable, Suu Kyi
pourrait recevoir une peine de prison de
cinq ans.
Les participants aux vigiles ont aussi
souligné le sort des réfugiés de l’eth-
nie karen qui ont été forcés de fuir leurs
domiciles au début du mois de juin et qui
subissent les attaques de la junte militaire.
Cette dernière est actuellement en train de
mener une offensive contre l’armée rebelle
karen, soit l’Union nationale karen.
« La situation en Birmanie est très grave
en ce moment », indique Tin Maung Htoo,
directeur exécutif des Amis canadiens de
la Birmanie, par la voie d’un communiqué.
« Toute la Birmanie souffre en raison de la
brutalité et de l’incompétence des géné-
raux birmans. »
« Il y a un nombre très élevé de pri-
sonniers politiques qui languissent dans
des conditions horribles. En ce moment
même, de nombreux réfugiés karen sont
tués par des raids militaires menés en Bir-
manie orientale. Dans l’État de Chin, plu-
sieurs souffrent encore d’une famine et,
dans le delta de l’Irrawaddy affecté par le
cyclone Nargis, des milliers sont encore
sans abri. »
Selon l’ONG, basée en Thaïlande,
Assistance Association for Political Priso-
ners (Birmanie), il y avait, en date du 6 juin,
2.155 prisonniers politiques en Birmanie.
Plus de 350 parmi eux ont écopé de pei-
nes de plusieurs dizaines d’années depuis
octobre 2008. La sentence la plus longue
est de 104 ans, elle a été infligée à un mili-
tant étudiant en janvier 2009.
Le 16 juin, une délégation d’ex-prison-
niers politiques birmans et de militants
des droits de l’homme a remis une péti-
tion à New York au Secrétaire général des
Nations unies, Ban Ki-moon, lui deman-
dant de faire pression pour la libération de
tous les prisonniers politiques lors de sa
prochaine visite dans ce pays.
La pétition à l’échelle de la planète a été
signée par 660.000 personnes, dont plus
de 32.000 Canadiens.
Dans une autre campagne mondiale,
plus de 100 ex-prisonniers politiques du
monde entier ont signé une déclaration
demandant au Conseil de sécurité des
Nations unies d’exhorter les autorités bir-
manes à libérer tous les prisonniers politi-
ques et à imposer un embargo international
sur la vente d’armes à la Birmanie.
La campagne 64 mots pour Aung San
Suu Kyi a été lancée pour marquer le
64e anniversaire de la figure de proue
A Kuala Lumpur, 64e anniversaire de la naissance d’Aung San Suu
Kyi, prisonnière politique birmane.
du mouvement démocratique birman.
Des gens partout dans le monde peuvent
laisser un message sur le site Internet
[www.64forsuu.org] pour afficher leur sou-
tien à cette cause.
Les organisateurs de cette campa-
gne sont Amnesty International, Human
Rights Watch, la US Campaign for Burma,
le Bureau International de la Paix et plu-
sieurs autres.
« Je crois que la démocratie sera un jour
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SAEED KHAN/AFP/Getty Images
rétablie en Birmanie aussi longtemps que
le peuple birman continue sa lutte contre
le régime militaire et aussi longtemps que
la communauté internationale appuie ses
efforts », a écrit pour sa part Kim Dae-
Jung, lauréat du prix Nobel de la paix et
ex-président de la Corée du Sud de 1997
à 2003.
De nombreuses vedettes de la chanson
et du cinéma y participent également.
« Aung San Suu Kyi donne beaucoup
International 3
« Il y a un nombre très
élevé de prisonniers
politiques qui
languissent dans des
conditions horribles.
En ce moment même,
de nombreux réfugiés
karen sont tués par
des raids militaires
menés en Birmanie
orientale. Dans l'État
de Chin, plusieurs
souffrent encore d'une
famine et, dans le delta
de l'Irrawaddy affecté
par le cyclone Nargis,
des milliers sont
encore sans abri. »
Tin Maung Htoo
d’inspiration à son pays et au reste du
monde. J’admire sincèrement sa détermi-
nation infaillible à se battre pour ce en quoi
elle croit. Il est vital qu’Aung San Suu Kyi
soit libérée afin qu’elle puisse gouverner
les gens qui l’ont élue et redonner à la Bir-
manie la liberté que nous tenons tous pour
acquise », écrit l’ex-Beatles Paul McCar-
tney.
« Nous ne pouvons rester immobiles
alors qu’elle est forcée à se taire à nou-
veau. C’est maintenant le moment pour la
communauté internationale de parler d’une
seule voix : libérez Aung San Suu Kyi »,
affirme l’actrice Julia Roberts.
George Clooney, Brad Pitt, Madonna,
Robert De Niro et David Beckham sont
parmi les stars qui appuient cette cam-
pagne.
CINDY CHAN

BANGLADESH

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PARTHAJIT DATTA/AFP/Getty Images

Une mère Jumma et des enfants.

L’Union européenne demande le retrait des

camps militaires établis sur les terres indigènes

L ’Union européenne a expressément

demandé au Bangladesh de retirer
les camps militaires établis sur le terri-
toire des Jumma et de faciliter la réinstal-
lation de ceux qui ont été expulsés de
leurs terres.
Des représentants officiels de l’Union
européenne, en visite au Bangladesh, ont
demandé au gouvernement d'appliquer
l'Accord de paix signé en 1997 avec les
Jumma des Chittagong Hill Tracts (CHT).
Ils y ont constaté que plus de 11 ans
après la signature du traité, un grand
nombre de membres des communautés
Jumma déplacées par le conflit des Hill
Tracts n’étaient toujours pas retournés sur
leurs terres. Elle a également appelé le
gouvernement à mettre en place la Com-
mission territoriale afin de résoudre les
conflits fonciers et d'organiser des élec-
tions aux conseils régionaux.
Le Premier ministre du Bangladesh,
Sheikh Hasina, a annoncé à la déléga-
tion européenne son intention de mettre
en application le traité de paix. Un comité,
dirigé par Syeda Sajeda Chowdhury, vice-
président du Parlement, a été créé afin
d'en assurer la mise en œuvre.
Des militants locaux ont cependant
déploré qu’aucune amélioration n’ait été
constatée dans la vie des peuples indigè-
nes malgré les promesses d’élections et la
création de comités.
Shirin Lira, coordinateur de la Commis-
sion des Chittagong Hill Tracts, co-prési-
dée par Lord Avebury, a déclaré : « Des
violations de droits de l'homme incluant
la torture, les meurtres, la répression des
moines bouddhistes, les violences sexuel-
les envers les femmes et les enfants et la
dépossession des terres indigènes par les
colons bengalis et les militaires, sont régu-
lièrement rapportées ».
Survival France
4 International
Honduras en crise : les raisons d'un putsch
...et les conséquences : le président vénézuélien Hugo Chavez menace d’une intervention militaire
Depuis plusieurs semaines,
la justice, le Parlement et l’ar-
mée du Honduras s’opposaient
à la prétention jugée « illé-
gale » du président Manuel
Zelaya de réformer la Consti-
tution et d'être éventuellement
réélu. Cette crise institutionnelle
s'est maintenant transformée
en crise internationale avec le
putsch militaire réalisé diman-
che 28 juin au matin à l'en-
contre du président Zelaya. Le
Venezuela de Hugo Chavez et
ses alliés régionaux de la gau-
che radicale, qui soutiennent le
président hondurien, menacent
d'agir pour le rétablir dans ses
fonctions. Les Etats-Unis, accu-
sés par le Venezuela d'être liés
au coup d'Etat, appellent à un
règlement démocratique de la
situation.
G
rand propriétaire terrien, élu en
novembre 2005 comme candi-
dat du Parti Libéral (droite) pour
un mandat présidentiel de quatre ans
constitutionnellement non renouvela-
ble, Manuel Zelaya créait la surprise en
signant en août 2008 l'adhésion de son
pays centraméricain à l'ALBA (Alliance
bolivarienne pour les Amériques), orga-
nisation politico-commerciale internatio-
nale crée en 2004 par Hugo Chavez et
Fidel Castro. Le Congrès national hon-
durien (Parlement) accéda à ratifier cette
adhésion par attrait du pétrole vénézué-
lien, mais en biffant par des réserves
appropriées d'éventuelles implications
idéologiques et militaires.
Le ralliement personnel du président
Vague autour des « magasins de rêve » roumains
L es magasins DreamShop créent la
controverse en Roumanie : connus
pour vendre des herbes à fumer ou en
pilules, une sorte d'alternative légale à la
marijuana et à l'ecstasy, ils rencontrent un
succès croissant auprès des jeunes en
profitant d'un vide juridique.
Les pilules sont marquées du tampon
« ecstasy légale » et vendues comme
des stimulants, des relaxants ou des
euphorisants. Préparés à partir de mélan-
ges de plantes, les produits utilisent des
ingrédients communément accessibles,
comme par exemple des broyats de
sauge, une plante aussi bien médicinale
que curative.
Nouveau centre de gravité des adoles-
cents roumains, les Dreamshop sont cri-
tiqués pour leur positionnement tangent, Dans les Dreamshops, des plantes naturelles pour paradis
à la limite entre l'herboristerie et le cof- artificiels.
www.lagrandeepoque.com
Zelaya au camp antiaméricain aurait dû
demeurer sans lendemain. En effet, aux
élections générales du 29 novembre pro-
chain, la présidence devait à nouveau,
selon les sondages, se jouer au sein de
la droite, c'est-à-dire entre les deux prin-
cipales formations politiques du Hondu-
ras, le Parti National et le Parti Libéral,
qui ne considèrait plus Manuel Zelaya
comme l'un des siens.
Pour exercer un second mandat prési-
dentiel et maintenir le Honduras dans le
giron de la gauche pro-chaviste, Manuel
Zelaya ne pouvait même pas recourir à
la ressource d'une réforme légale de la
Constitution, qui nécessite l'autorisa-
tion des deux tiers des 128 députés du
Congrès national. D'une part, il n'aurait
pas obtenu cette majorité des deux tiers.
D'autre part, la Constitution elle-même
prohibe à l'article 374 une réforme qui
remettrait en question l'interdiction de la
réélection présidentielle.
Les militaires ont cependant choisi
d'intervenir dimanche 28 juin au matin et
d'expulser le président Zelaya ainsi que
les ambassadeurs des pays de la gau-
che radicale sud-américaine.
« Quatrième urne »
La raison tient au fait que Manuel
Zelaya a tenté un passage en force en
empruntant une voie extra-constitution-
nelle, non prévue par la Charte suprême
et donc formellement illégale, quoique
revêtue d'un discours égalitariste et
d'une apparence démocratique pouvant
légitimement séduire des secteurs de la
population dans un pays qui compte plus
de 30% de pauvres.
« Tension » titrait à la une le 26 juin
2009 le quotidien hondurien Tiempo sur
une photo de l'armée canalisant paci-
fiquement des partisans du président
Zelaya qui vont récupérer du matériel
électoral pour le référendum « illégal »
du 28 juin.
Adoptant le schéma suivi successive-
ORLANDO SIERRA/AFP/Getty Images
ment au Venezuela par Hugo Chavez, en
Bolivie par Evo Morales et en Equateur
par Rafael Correa, le président Zelaya
proposait la convocation d'une Assem-
blée constituante qui rédigerait une nou-
velle Constitution. Il s'agissait d'ajouter
aux élections présidentielles, législati-
ves et municipales du 29 novembre une
« quatrième urne » dans laquelle les
électeurs déposeraient leur oui ou leur
non à la convocation d'une Assemblée
constituante.
Et pour légitimer la « quatrième
urne », Manuel Zelaya demandait aux
Honduriens de répondre dès ce diman-
che 28 juin par référendum à la question:
« Approuvez-vous que lors des élections
générales de novembre 2009 soit ins-
tallée une quatrième urne afin de déci-
der de la convocation d'une Assemblée
nationale constituante qui approuve une
nouvelle Constitution politique? »
Cet échafaudage extra-constitution-
nel avait été déclaré « illégal » par la
Cour suprême de Justice, par le Tribu-
nal suprême électoral, par le Parquet de
la République et par le Parlement hon-
duriens. Le président Zelaya prétendant
néanmoins aller de l'avant et ayant récu-
pére de forces les urnes nécessaires à
son référendum, les événements se sont
précipités.
Avant le coup d'Etat, le 24 juin, Manuel
Zelaya destituait le chef d'état-major des
forces armées, Romeo Vasquez, qui se
refusait, en invoquant les décisions de la
justice, à mobiliser la troupe pour organi-
ser le référendum « illégal » du 28 juin.
En désaccord avec le président, dont
il est pourtant l'ami, le ministre de la
Défense, Angel Edmundo Orellana, pré-
sentait sa démission.
Le 25 juin, acceptant un recours
du Parquet de la République, la Cour
suprême de justice annulait la destitution
du général Romeo Vasquez, rétabli de
facto dans ses fonctions. Des militaires
étaient déployés dans la capitale, Tegu-
La Grande Époque
1 – 15 JUILLET 2009 ● La Grande Époque
ORLANDO SIERRA/AFP/Getty Images
Grosse fatigue pour le président Zelaya (au-dessus), expulsé vers le
Costa Rica. A gauche, la population mobilisée contre lui.
Le Honduras
République parlementaire monocamérale d’Amérique Cen-
trale entourée par le Guatemala à l’Est, le Nicaragua et le Sal-
vador au Sud, le Honduras est peuplé d’environ 8 millions
d’habitants. Grand exportateur de café et de bananes, le Hon-
duras a été durement frappé par l'ouragan Mitch qui y a fait
plus de 5.000 morts en 1998. La moitié de sa population vit
aujourd'hui sous le seuil de pauvreté.
►Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré vendredi 26 juin
préoccupé par les tensions institutionnelles et politiques au Honduras, exhortant
à la retenue toutes les parties concernées afin d'empêcher toute escalade.
« Le Secrétaire général estime qu'il est important pour les dirigeants du pays
d'agir dans le plein respect du droit et des institutions démocratiques, et de
rechercher un consensus sur les questions politiques urgentes, par la voie d'une
dialogue pacifique et inclusif », selon une déclaration transmise par sa porte-
parole.
Centre de Nouvelles de l'ONU
cigalpa, pour « éviter des incidents » que Mais à Tegucigalpa, le vice-président
pourraient provoquer, précisait l'armée, du Parlement, Ramon Velasquez Nazar,
des partisans du président Zelaya. renvoyait l'accusation contre Manuel
Le Tribunal suprême électoral ordon- Zelaya, estimant que son mépris de la
nait la réquisition du matériel prévu pour légalité pour obtenir coûte que coûte une
le référendum « illégal » du 28 juin. Le réforme de la Constitution serait en soi
président Zelaya, accompagné de quel- « un coup d'Etat technique ».
ques centaines de sympathisants, réus- Le président vénézuélien Hugo Cha-
sissait néanmoins à obtenir de la force vez avertit que les gouvernements
aérienne la remise de matériel électoral « révolutionnaires » de la région ne vont
arrivé, selon les médias locaux, à l'aéro- pas demeurer « les bras croisés ». A
port de la capitale dans un avion militaire Cuba, l'ex-président Fidel Castro com-
vénézuélien. pare le « courageux » président Zelaya
Au soir du 25 juin, le Parlement débat- au défunt président chilien Salvador
tait d'une éventuelle destitution du prési- Allende, renversé par le général Pino-
dent Zelaya. Manuel Zelaya criait déjà chet en 1973. Le leader historique de la
au « coup d'Etat ». Lui faisant écho, les révolution cubaine croit que la crise hon-
neuf pays de l'ALBA (Venezuela, Cuba, durienne est une épreuve significative
Bolivie, Nicaragua, Equateur, Honduras, pour l'image tant de l'OEA, dont Manuel
Dominique, Antigua-et-Barbuda, Saint- Zelaya réclame l'appui, que de l'adminis-
Vincent-et-les Grenadines) dénonçaien tration américaine du président Barack
au Nations unies une « tentative de coup Obama.
d'Etat » contre le président hondurien. Avec Latin Reporters
fee shop néerlandais. Les clients décri-
vent sur le forum internet de la chaîne de
magasins les substances comme à la fois
actuelle ne permet pas d'empêcher la
vente de ces produits.
Ion Bazac, ministre de la Santé, dit
hardcore et légales, mais décrivent aussi avoir discuté de la question avec la mai-
des lendemains gueule de bois, désorien- son-mère des DreamShops, basée à
tés et malades. Londres. Il en ressort qu'une législation
Si les effets secondaires ne sont pas européenne est à construire pour régle-
mentionnés par des vendeurs tout acquis à menter l'usage de ces produits. « Le man-
la cause, les mentions légales sont claires que de contrôle pour la vente de Sage
sur les risques d'une consommation exces- ne me paraît pas normal », commente
sive : vertiges, spasmes musculaires... le ministre. Incapable de prononcer une
Précaution qu'un des magasins pousse interdiction complète, il a dû se conten-
jusqu'à indiquer sur son site internet que ter d'une opération de contraventions en
les produits ne sont « pas recomman- rafale pour vente de substances eupho-
dés pour une consommation humaine ». risantes et hallucinogènes. Le créneau
Le ministère de la Santé roumain et le des Dreamshops a encore de beaux jours
bureau de protection des consommateurs devant lui.
ont déjà commencé une enquête et une MIHUT SAVU
série d'opérations de contrôle, pour fina- LA GRANDE ÉPOQUE
lement être forcés de conclure que la loi ROUMANIE
La Grande Époque ● 1 – 15 JUILLET 2009
Dix ans de brutalité pour
la « Gestapo chinoise »
Comment une agence semi-
officielle créée pour coor-
donner la répression du
mouvement bouddhiste Falun
Gong est devenue un outil con-
tre les défenseurs des droits
civiques.
L
e Bureau 6-10 a été mis sur pied
le 10 juin 1999 par le dirigeant
communiste de l’époque, Jiang
Zemin. Ce dernier a donné la mission
à l’agence d’« utiliser tous les moyens
nécessaires » pour éradiquer la prati-
que spirituelle Falun Gong.
« Le Bureau 6-10 est tout comme
la Gestapo d’Hitler », affirme au Cen-
tre d’Information du Falun Dafa (CIFD)
Guo Guoting, un avocat chinois défen-
seur des droits de l’homme réfugié à
l’étranger. « Ils sont puissants et ils ont
assez de ressources financières venant
du gouvernement alors... ils contrôlent
secrètement tous les pratiquants de
Falun Gong jusqu’au niveau local. »
Hao Fengjun, ex-policier du Bureau
de la sécurité publique de Tianjin et
ancien membre du Bureau 6-10, s’est
enfui en Australie en 2005. Réfugié
politique, il confirme l’existence de
l’agence, dont les méthodes sont «cel-
les de la Gestapo nazie».
« Une fois, j’ai dû me rendre à un
endroit où des pratiquants de Falun
Gong étaient détenus. Quand nous
sommes arrivés, j’ai vu une dame qui
avait deux grosses ecchymoses et deux
plaies de 20 centimètres sur le dos. Un
policier la frappait avec une barre de
fer d’un demi-mètre de long. Quand j’ai
vu cela, j’ai compris que je ne pouvais
plus continuer à faire ce travail. À ce
moment-là, j’ai eu le cœur brisé. »
L’avocat chinois Gao Zhisheng, après
avoir enquêté sur la persécution du
Falun Gong, a écrit en 2005 : « L’acte
immoral qui m’a traumatisé le plus est
la pratique courante du Bureau 6-10 et
des policiers d’agresser les femmes aux
parties génitales. »
Un avocat shanghaïen harcelé par la police
Menu « anti-Falun Gong » pour le spécialiste de la corruption
Z
heng Enchong, avocat shan-
ghaïen spécialisé dans les droits
de l’homme, est devenu la bête
noire de la police shanghaïenne depuis
qu’il a révélé des affaires de corrup-
tion impliquant de hauts- dignitaires
du parti communiste de Shanghaï.
Il accuse aujourd’hui le Bureau 6-10
de recourir à toutes formes de bruta-
lité à l’encontre des membres du mou-
vement bouddhiste Falun Gong et du
public en général.
La police de Shanghai a cette fois-ci
convoqué l’avocat pour une « enquête
financière ». Zheng Enchong est resté
en détention pendant neuf heures et a
contacté le journal La Grande Époque
la nuit-même de sa libération.
Il a indiqué qu’un fonctionnaire de
la Sécurité d’Etat l’a emmené dans
une salle d’interrogatoire située dans
le poste de police du district de Zha-
bei. Deux policiers ont immédiatement
entamé une violente fouille au corps
qui a duré 20 minutes. « Ils ont voulu
me faire peur », se souvient Zheng.
D’abord giflé au visage, Zheng
Enchong a reçu des coups de poing
à l’arrière de la tête, et a eu les lèvres
et les paupières brûlées avec des ciga-
rettes. Après lui avoir enlevé de force
sa chemise et son pantalon, ils l’ont
obligé à se tenir debout pendant 15
minutes ne portant pour seul vêtement
qu’un slip.
En signe de protestation, Zheng
Enchong dit avoir refusé de signer le
compte rendu écrit de l’interrogatoire.
Dix ans après la création
Le Bureau 6-10 est une agence de police extrajudiciaire ayant pour
tâche de réprimer le Falun Gong et les groupes religieux persécutés
en Chine.
« Parmi ceux qui ont été persécu-
tés », écrit Gao Zhisheng, « presque
tous les hommes et femmes ont été
agressés sexuellement de la manière la
plus abjecte ».
Bien que les autorités chinoises nient
l’existence du Bureau 6-10, ses activités
sont un secret mal gardé en Chine :Des
documents officiels du Parti commu-
niste chinois obtenus par le Centre d’In-
formation sur le Falun Gong rappelaient
en 2008 et en 2009 le «besoin absolu»
Archive de La Grande Époque
L’avocat spécialiste des droits
de l’homme Zheng Enchong a
été convoqué par la police pour
la soixante-deuxième fois, le 18
juin. Il a été l’objet de violences
et d’humiliations de la part de la
police.
du Bureau 6-10
Pour l’avocat, l’auteur principal de son
harcèlement est le Bureau 6-10 —
à l’origine mis en place dans le but
d’éradiquer le Falun Gong. Le jour de
sa dernière arrestation correspond
précisément au dixième anniversaire
de la création du Bureau 6-10, et cette
journée a été « fêtée » par l’arresta-
tion de nombreuses autres personnes
classées comme « protestataires ».
Zheng Enchong est devenu la cible
numéro un du Bureau 6-10 de Shan-
ghai. Le secrétaire adjoint du comité
politico-légal du PCC du district de
Zhabei, Zhang Jianguo, a « person-
nellement mis en marche l’ascenseur
et m’a envoyé au deuxième étage dans
Peter Parks/AFP/Getty Images
de renforcer les opérations du Bureau 6-
10 dans le but de « traiter » et de « se
débarrasser » du Falun Gong.
Pour le porte-parole du mouvement
aux États-Unis, M. Erping Zhang, estime
que le Bureau 6-10 mine tous les efforts
d’instaurer l’État de droit en Chine. « Il
est terrifiant de s’imaginer combien de
vies ont été détruites par cette agence
et combien d’autres le seront chaque
jour qu’elle continue à fonctionner. »
CHARLOTTE CUTHBERTSON
la salle spéciale pour les interrogatoi-
res », a dit Zheng.
« Le PCC réprime les partisans et
les participants du Mouvement du 4
juin avec les mêmes tactiques qu’il uti-
lise pour réprimer le Falun Gong. Cette
manière d’opérer se produit de plus en
plus fréquemment. »
Dévoiler les crimes et
la corruption malgré
l’assignation à résidence
Zheng Enchong a été emprisonné
pendant trois ans après avoir dévoilé
en 2003 la collusion entre l’homme
d’affaires Zhou Zhengyi – en prison
pour corruption et fraudes boursières –
et la « faction de Shanghai » du PCC,
dirigée par l’ancien chef du régime
Jiang Zemin.
Depuis sa libération le 5 juin 2006,
le PCC a posté des dizaines de poli-
ciers en civil autour de la résidence de
Zheng Enchong. Il a été restreint dans
ses déplacements à l’extérieur, dans
ses recherches d’emploi et bloqué
dans toutes les activités qui pouvaient
lui permettre d’assurer ses ressources
financières.
Zheng Enchong continue de dévoiler
les crimes et la corruption du PCC de
Shanghai. Il a publiquement renoncé à
son statut de membre dans toutes les
organisations du PCC auxquelles il
avait adhéré autrefois. Il a également
lancé un appel au peuple chinois pour
qu’il démissionne du Parti communiste
de Chine et de ses organisations affi-
liées.
L I Z HEN
www.lagrandeepoque.com Chine 5
Des actionnaires de la
China Southern Airlines
manifestent à Pékin
T ôt le matin du 22 juin, plus de
20 actionnaires de la compagnie
aérienne China Southern Airlines
ont manifesté devant la commis-
sion règlementaire de China Securi-
ties sur l’avenue financière de Pékin.
Un homme a déployé une banderole
et jeté des dépliants du haut du 15e
étage d’un immeuble de 23 étages
non loin de là. Une dizaine de voitu-
res de police sont vite arrivées pour La Grande Époque
neutraliser les manifestants et pour Des actionnaires de la
emmener cet homme. compagnie aérienne China
Les manifestants, actionnai- Southern Airlines font appel à
res mécontents de la compagnie Pékin.
aérienne China Southern Airlines,
disent avoir subi de lourdes per-
tes suite à des malversations sup-
posées à la bourse de Shanghai et
par différentes sociétés de courtage.
Ils disent avoir déposé plainte à diffé-
rents endroits et prévoir des actions
dans tout le pays si le gouvernement
chinois, responsable d’après eux,
ne répond pas à leurs demandes.
Leur action, la première manifesta-
tion publique du groupe, vient après
des mois de tentatives sans succès
auprès des autorités.
Les banderoles déployées par les
manifestants accusent de façon très
directe les grands acteurs du sys-
tème financier chinois : « La bourse La Grande Époque
de Shanghai a commis des exactions Un homme déploie une
financières », « la commission régle- banderole par la fenêtre
mentaire de China Securities cache d’un immeuble près de la
la corruption et les exactions » et Commission réglementaire de
« rendez-nous notre argent dure- China Securities.
ment gagné ». Le manifestant réfu-
gié en haut de l’immeuble a aussi jeté Ensuite d’autres policiers encore sont
par la fenêtre des dizaines de milliers arrivés. »
de dépliants dans la rue : « Rendez- Ils seraient une centaine d’action-
nous notre argent durement gagné. naires à se battre en vain depuis
Je défends mes droits avec ma vie. » début 2008 pour obtenir le rem-
D’après les manifestants, boursement de leur argent évaporé.
« l’homme de l’immeuble » s’appelle D’après eux, la bourse de Shanghai
Zhang Yunpeng et a été emmené et des sociétés de courtage comme
par les policiers. Sa famille aurait Citic Securities et Haitong Securities
perdu toutes ses économies dans ont produit de « fausses actions » de
des actions de la China Southern la China Southern Airlines, ce qui a
Airlines. provoqué une dilution des titres de
« La plupart d’entre nous venons 1,4 millions de parts à 12,3 millions
de l’extérieur de la ville », explique provoquant une chute vertigineuse
un manifestant. « Les policiers ont
été prompts à réagir. Environ une
de la valeur des actions, qui ont du
jour au lendemain perdu 90 % de leur
dizaine de cars de police sont arri- valeur.
vés dans les minutes qui ont suivi. FANG XIAO
La Grande Époque
Hu Jia à nouveau en lice pour
le prix Nobel de la Paix 2009
Le militant des droits de l’homme Hu Jia, lauréat du prix Nobel
de la paix 2009 ? Condamné le 3 avril 2008 – à la veille des
JO de Pékin – à une peine de trois ans et demi pour « incita-
tion à la subversion du pouvoir de l’État », Hu Jia est à nou-
veau en lice pour le prix Nobel de la Paix, au même titre que
les présidents américain Barack Obama et français Nico-
las Sarkozy, ainsi que l’ex-otage franco-colombienne Ingrid
Bétancourt.
Parmi les favoris 2008, on comptait l’un des premiers « avo-
cats aux pieds nus » Gao Zhisheng, à nouveau arrêté en
février dernier.
6 Chine www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JUILLET 2009 ● La Grande Époque

AUJOURD’HUI EN CHINE
Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir
(Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)

Mise à pied de journalistes pour

« manque de censure »
C inq employés de la télévision câblée de Canton (GCTV) ont été relevés de leurs fonctions
pour « erreur politique ». Ils sont accusés de n’avoir pas suffisamment censuré des scè-
nes de programme évoquant les massacres de la place Tian An Men en 1989 et la répres-
sion du mouvement bouddhiste Falun Gong.
Les programmes en provenance de Hong Kong sont relayés à Canton avec un délai de 5
à 15 secondes permettant la surveillance de la diffusion. Lorsque les informations sont sensi-
bles, les télévisions chinoises doivent remplacer la diffusion par un écran noir ou par d’autres
programmes. Le 22 mai, la GCTV n’a pas bloqué les images diffusées d’un homme empê-
chant le passage d’un char à Pékin en 1989. Puis, le 4 juin, des images mentionnant le Falun
La Grande Époque
Gong ont également été diffusées sans être censurées.
L’ancien cardinal de Hong Kong Joseph Zen. Après enquête du département de propagande du parti communiste de Canton, deux jour-
nalistes et trois assistants de la GCTV ont été mis à pied, en attendant des sanctions qui
devraient également toucher leur hiérarchie.
« Pas de compromis possible avec Trois banques nationales accusées de
Pékin », dit l’ancien cardinal de prêts illégaux

Hong Kong au Vatican L a Commission d’audit du gouvernement chinois a déclaré le 23 juin que la Industrial and
Commerce Bank of China, la China Construction Bank et la China CITIC Bank sont impli-
quées dans des affaires de prêts illégaux. Les trois banques, sur la sellette depuis le mois de
février, reconnaissent du bout des lèvres des « dysfonctionnements » qui auraient conduit à

L
’ancien cardinal de Hong Kong
Joseph Zen a décidé de profi-
ter à plein de la fin de son devoir
de réserve. Pour défendre la liberté
de religion, martèle-t-il dans plu-
sieurs médias, le Vatican doit cesser
de faire des compromis avec le gou-
vernement chinois. Déjà connu pour
son franc-parler, le populaire cardinal
enjoint le Vatican et tous les catho-
liques chinois à défendre pleinement
leur liberté de religion. Le cardi-
nal Zen insiste sur le fait que celle-
ci est pour un chrétien la chose la
plus importante, et qu’elle ne doit être
compromise sous aucun prétexte, fut-
ce la perspective de bonnes relations
diplomatiques avec la Chine.
Lors d’une récente entrevue accor-
dée par le missionnaire affilié au Vati-
can à l’agence de presse AsiaNews,
Zen indique : « Nous sommes arri-
vés à un point où il n’est plus possi-
ble d’accepter de compromettre nos
droits à la liberté religieuse comme
nous l’avons fait auparavant ». Ce
n’est que vis-à-vis du Pape, ajoute-
t-il, que le Vatican,demande fermeté
et loyauté.
Le cardinal Zen, qui a démissionné
de son poste d’évêque du diocèse
de Hong Kong en avril dernier, pré-
cise que « parfois on accorde trop
d’importance aux relations diploma-
tiques, alors qu’à elles seules elles
ne peuvent pas redresser les cho-
ses. En réalité, parfois cela mène
à des incompréhensions parce que
cela donne la fausse impression que
la liberté de religion existe ».
Le cardinal Zen est particulière-
ment inquiet du fait que des églises
catholiques reconnues à la fois par le
Vatican et par le régime communiste
chinois plient cependant sous les
pressions de l’Association patriotique
catholique chinoise, et que cela cons-
titue une « injure au Saint-Père » en
ignorant totalement la lettre envoyée
par le Pape Benoît XVI aux catholi-
ques de Chine il y a deux ans.
Dans un récent article de Asia-
News, le cardinal Zen réitére sa posi-
tion sans compromis contre le régime
communiste chinois, et n’exclue
pas des possibilités extrêmes. « Si
besoin, nous devons être prêts au
martyr, si l’on n’a pas d’autre choix »,
dit Zen. Pour le bouillonnant cardi-
nal, les catholiques devraient suivre
les instructions du Pape pour res-
pecter leurs principes religieux sans
équivoque et de manière déterminée.
« Sinon, c’est que nous abandon-
nons, mais nous n’avons pas le droit
d’abandonner, nous devons être fer-
mes dans notre foi ».
L’opinion populaire de Hong Kong
soutient largement la position du car-
dinal Zen face à Pékin sur la ques-
tion de la liberté religieuse. L’activiste
pro-démocrate Szeto Wah, prési-
dent de l’Alliance de Hong Kong en
soutien des mouvements démocrati-
ques et patriotiques en Chine, trouve
évident que le Vatican respecte et
fasse respecter ses principes sur la
liberté de religion. La tradition catho-
lique veut que seul le Pape ait l’auto-
rité de nommer les évêques, ce que
les autorités chinoises appellent une
« ingérence dans les affaires intérieu-
res chinoises ».
LIN YI
878 millions de dollars de prêts frauduleux à des entreprises ne répondant pas aux critères
normaux d’éligibilité. La Bank of China, également pointée du doigt, indique que les person-
nels impliqués ont été livrés à la police et seront poursuivis.
Manifestation de trois mille enseignants
dans le Henan
L e 18 juin, plus de trois mille enseignants d’écoles privées de 108 cantons et districts de
la province de Henan se sont rendus devant le Département provincial pour l’Educa-
tion dans la ville de Zhengzhou pour demander l’accès à une pension et à une assurance
santé. Les manifestants n’ont pas accepté le délai de 15 jours annoncé par les autorités
pour répondre à leur demande et ont décidé de demeurer sur place. Environ cinq cents
policiers sont alors intervenus et ont dispersé le rassemblement en utilisant la force. Les
« meneurs » du groupe ont été arrêtés.
Les enseignants demandent que leurs années passées d’enseignement dans le public soient
prises en compte et ouvrent droit à une pension et une couverture sociale. La plupart d’entre eux
doivent aujourd’hui pour survivre cumuler enseignement privé avec un second métier.
Cinq mois après l’enlèvement de Gao
D epuis son enlèvement par la police au mois de février, on est sans nouvelle de l’avocat
spécialisé dans les droits de l’homme Gao Zhisheng. Sa femme et ses enfants ont depuis
réussi à se réfugier aux Etats-Unis d’où ils militent pour obtenir sa libération. Le frère aîné de
Gao Zhisheng, un agriculteur de la province de Shaanxi, a abandonné son année de récolte
pour se rendre à Pékin et obtenir des nouvelles de son frère. La police a refusé de répondre,
la position officielle du bureau de la sécurité publique – telle qu’exprimée via l’ambassadeur
de Chine aux Etats-Unis – est que Gao Zhisheng n’a jamais été arrêté.

ÉDITORIAL NEUF COMMENTAIRES Manifestation des ébénistes de Nankang

Suite du septième commentaire
6.455.507 Chinois ont démissionné
P lusieurs milliers d’artisans étaient ras-
semblés le 15 juin devant la mairie et
charge des forêts a augmenté drastique-
ment le prix de la stère de bois noble, aug-

5 les entrepôts de bois de la ville de Nan- mentation à laquelle s’ajoute celle de la

A
près le plénum de Lushan en 1959, le général
Peng Dehuai a été démis de ses fonctions pour
avoir ouvertement pris le parti du peuple. Un
groupe de fonctionnaires et d’employés du gouverne-
ment qui avaient osé dire la vérité ont été licenciés,
arrêtés et soumis à une enquête. Après cela plus per-
sonne n’a osé s’exprimer. A l’époque de la Grande
Famine, au lieu de rapporter la vérité, ils ont caché le
nombre de morts dus à la famine pour protéger leur
poste. La province de Gansu a même refusé une aide
alimentaire de la province de Shaanxi, prétendant
avoir de grands surplus de nourriture à Gansu.
Cette Grande Famine a aussi été un test pour les
cadres du Parti : s’ils résistaient à la tentation de dire
la vérité face à des dizaines de millions de gens mou-
rant de faim, ils atteignaient le critère du PCC. Ce
dernier savait alors que rien d’autre – que ce soit
les émotions humaines ou les principes célestes –
ne pourrait les détourner de la ligne du Parti. Après
la Grande Famine, les fonctionnaires responsables
des provinces ont simplement participé aux formali-
tés de l’autocritique. Li Jingquan, secrétaire du PCC
de la province de Sichuan – où des millions de per-
sonnes étaient mortes de faim – a été promu premier
Secrétaire du département du district du sud-ouest
du PCC.
4. De la révolution culturelle au
massacre de la place de Tienan-
men et au Falun Gong
La Révolution culturelle a été formellement lancée
le 16 mai 1966 et a duré jusqu’en 1976. Cette période
a été appelée les « dix ans de catastrophe » même
par le PCC lui-même. Par la suite, lors d’une interview
donnée par un journaliste yougoslave, l’ancien Secré-
taire général du Parti, Hu Yaobang, a déclaré : « A
l’époque presque 100 millions de personnes étaient www.lagrandeepoque.com
impliquées, ce qui représentait le dixième de la popu-
lation chinoise ».
du Parti après avoir lu les Neuf kang, dans la province de Jiangxi. Les taxe sur les produits finis. Ceci, d’après les
commentaires sur le Parti Commu- artisans ébénistes protestent contre l’aug- manifestants, rend la survie commerciale
niste. Ce mouvement de démissions mentation des taxes sur les produits déri- des ébénistes impossible, leurs marges
reste pour le peuple un moyen d’ex- vés du bois. Plus tôt dans la journée, ils étant déjà au plus bas. Le 16 juin, face à
avaient bloqué l’autoroute 105. L’ébénis- de nouvelles manifestations plus tendues,
pression non violent, apolitique et sans terie est une des principales activités à les autorités locales ont annoncé la sup-
précédent dans la société chinoise. Nankang. Le 1er juin, l’administration en pression des nouvelles taxes.
La Grande Époque publie un extrait
traduit de cette série éditoriale chinoise
dans chacun de ses numéros.
Les faits des campagnes politiques après la fon-
dation de la République Populaire de Chine compi-
lés par le Centre de recherche de l’histoire du PCC,
rapportait : « En mai 1984, après 31 mois d’enquêtes 01 48 94 35 72
intensives, de vérifications et de calculs répétés par le
Comité central, les chiffres relatifs à la Révolution cul-
turelle étaient de 4,2 millions de personnes arrêtées
et soumises à des enquêtes, 1,7 million de personnes
mortes de causes non-naturelles, 135.000 étiquetées
contre-révolutionnaires et exécutées, 237.000 per-
sonnes tuées et 7,03 millions rendues infirmes lors VERANDA, FENÊTRES PVC-ALU, STORES
d’attaques armées ; 71.200 familles éclatées ». Les
statistiques compilées à partir d’archives au niveau Service technique :
du canton montrent que 7,73 millions de gens sont 06 60 72 91 76
morts de causes non naturelles durant la Révolution FAX : 01 48 94 35 72
culturelle.
En plus des gens qui ont été battus à mort, le début
de la Révolution culturelle a provoqué des vagues
de suicides. C’est à cette époque que beaucoup de
grands intellectuels comme Lao She, Fu Lei, Jian
Bozan, Wu Han et Chu Anping ont mis fin à leurs
jours.
Pour en savoir plus : Les neuf commentaires sur
Version audio disponible sur le site de la radio Son
de l’Espoir : www.sondelespoir.org
La Grande Époque ● 1 – 15 JUILLET 2009 www.lagrandeepoque.com Économie 7
La mutation verte de l’immobilier tertiaire
Le Grenelle de l’Environnement
est à l’origine d’une profonde L’écologie et la Lexique
mutation du monde de l’immobi- protection de
HQE – Haute Qualité Environ-
nementale – C’est une certifica-
lier. L’apparition de la certification l’environnement tion donnée à un immeuble neuf ou
de Haute Qualité Environnemen- entièrement rénové et respectant
tale (HQE) et la réglementation deviennent des les 14 cibles HQE.
RT 2005 – réglementation ther-
thermique ont engendré une flo- facteurs de décision mique applicable aux immeubles
raison de labels comme Haute ou
Très Haute Performance Ener-
dans les actes construits ou rénovés à partir de
2005.
gétique (HPE ou THPE), Energie d’achat et de location HPE – Haute Performance éner-
gétique – C’est un label délivré à un
Renouvelable (ENR), Bâtiment immobiliers. immeuble neuf dont la consomma-
à énergie positive applicables tion énergétique est de 10 % infé-
aux immeubles neufs. L’offen- réussite du Grenelle de l’Environnement et rieure à celle imposée par la RT
c’est vers eux que notre principal effort doit 2005.
sive s’oriente à présent sur les se porter ». THPE – Très Haute Performance
immeubles existants, qui repré- Energétique – C’est un label déli-
sentent la majeure partie du parc Le Green Rating, un outil vré à un immeuble neuf dont la con-
immobilier. d’aide à la décision sommation énergétique est de 20 %
L’outil Green Rating consiste à éva- inférieure à celle imposée par la RT
luer un immeuble selon six critères envi- 2005.
Lancement d’une cotation ronnementaux, trois critères quantitatifs ENR – Energie Renouvelable
verte des immeubles tertiai- (consommations d’énergie, émissions de (solaire, éolien, biomasse, hydrau-
res carbone, consommations d’eau) et trois lique, …)
Aussi le lancement récent de la pre- critères qualitatifs (desserte par les trans- BBC – Bâtiment Basse Consom-
mière « cotation verte » pour l’immobilier ports en commun, niveau de confort, mode mation – C’est un label délivré à un
tertiaire est à n’en pas douter un événe- de gestion des déchets). Les évaluations immeuble neuf dont la consomma-
ment majeur. Imaginé par quelques pro- sont faites sur quatre échelles allant de 1 tion énergétique est de 50 % infé-
fessionnels il y a près de deux ans, cet à 9, afin de déterminer les performances rieure à celle imposée par la RT
outil a été mis au point par le Bureau Veri- réelles et potentielles du bâtiment, avec 2005.
tas avec les représentants européens de et sans occupants. Il est ainsi possible Bâtiment à Energie Positive –
quatre des plus grands noms de l’immo- de distinguer les gains de performances C’est un immeuble qui produit plus
bilier : l’américain GE Real Estate (80 environnementales relatives à une amé- d’énergie qu’il n’en consomme.
milliards d’euros d’actifs immobiliers), le lioration de la qualité intrinsèque de l’im-
hollandais ING Real Estate (100 milliards meuble (pour un investissement limité qui sera également assorti d’une garan-
d’euros), et les français AXA Real Estate remboursé en 7 ans maximum), mais éga- tie de performance de l’immeuble. Et
IM (40 milliards d’euros) et AEW Europe lement celles relatives au changement de Patrick C.Callewaert/ La Grande Époque comme l’annonce Patrick Ajoux, directeur
(17 milliards d’euros). comportement de ses occupants. Même si Les immeubles neufs de bureaux économes en énergie se vendront des investissements d’AXA REIM, « au
Plus de 100 personnes invitées par le l’outil comporte encore des lacunes dans bientôt mieux que les immeubles existants mal isolés. moment de revendre, il y aura un double
Bureau Veritas et représentant les plus le recueil des données et ne prend volon- marché, l’un avec les immeubles perfor-
grands gestionnaires d’actifs immobiliers tairement en compte qu’un nombre limité des locataires. A l’heure où l’écologie et la
architecturale et de son taux de remplis- mants et les autres ».
français et européens ainsi que la presse de critères, il a l’avantage de proposer une protection de l’environnement deviennent sage est révolue. Désormais, les perfor- La puissance financière des investis-
professionnelle, étaient présentes ce méthode d’analyse commune et uniforme des facteurs de décision dans les actes mances environnementales sont prises seurs institutionnels joue un rôle moteur
mardi 23 juin au Carré des Champs-Ely- à l’échelle européenne, voire mondiale. d’achat et de location, on comprend vite en compte dans la valeur de l’immeu- dans l’économie, au point qu’ils sont capa-
sées à Paris pour découvrir le lancement Cinquante immeubles pilotes ont déjà été l’intérêt de ce genre d’outil pour les inves-
ble et le comportement des occupants y bles d’impulser un tournant irréversible
du Green Rating, le nouvel outil de mesure évalués et cent vingt autres sont planifiés tisseurs institutionnels et ce n’est pas unjoue un rôle important. Par ailleurs, grâce pour l’ensemble du monde de l’immobilier.
de la qualité environnementale des bâti- pour cette année. hasard si les plus grands noms européens à ce nouvel outil, il sera possible de diffé- Dans un proche avenir, au fur et à mesure
ments existants. Comme l’a rappelé Phi- Pour le Bureau Veritas, le Green Rating ont participé activement à son élaboration.rencier ce qui relève du propriétaire de ce de la mise en service des immeubles réha-
lippe Pelletier, le président du comité est un outil d’aide à la décision pour tout qui relève de celui de l’exploitant de l’im- bilités, nous assisterons à une scission
stratégique « Plan Bâtiment Grenelle », investisseur ou gestionnaire immobilier. Vers une scission en deux meuble. Pour Olivier Landry, Asset Mana- inévitable du marché immobilier en deux
lors de son introduction, « les bâtiments C’est aussi un outil de benchmark, qui per- du marché immobilier ger chez GE Real Estate France, « c’est le composantes, et les immeubles non-per-
neufs ne représentent que 1 à 2 % du parc met de comparer les immeubles existants L’époque où l’évaluation financière d’un point de départ vers la création d’un bail formants au niveau environnemental per-
immobilier national, aussi les immeubles entre eux, ainsi qu’un puissant moyen de immeuble était surtout fonction de son vert, qui intègrera des contraintes d’uti- dront alors rapidement de leur valeur.
existants représentent le facteur clé de la communication vis-à-vis des acquéreurs et implantation géographique, de son allure lisation écologique du bâtiment », mais PATRICK C. CALLEWAERT

MATIÈRES PREMIÈRES
Les chômeurs
La Chine dans le collimateur des pays occidentaux pris en tenaille
Les nombreuses entorses aux princi- « Les restrictions chinoises
pes d’une libre concurrence mettent en
lumière des pratiques commerciales sur les matières premières A vec la crise économique actuelle, qui a vu for-
tement s’accroître le chômage en France, on
aurait pu croire à une amélioration de la prise
déloyales de la part des autorités chinoi- sont une distorsion à la en charge des chômeurs. C’est malheureuse-
ses concurrence et augmentent ment tout le contraire : la fusion de l’ANPE et de
l’Assedic en un organisme unique appelé Pôle

L
es Etats-Unis et l’Union européenne ont déposé
le 23 juin dernier une plainte devant l’Organisa-
tion mondiale du commerce (OMC) contre la
Chine pour distorsion à la concurrence, notamment
pour « pratiques restrictives » sur l’exportation de cer-
taines matières premières. Il s’agit d’une vingtaine de
minéraux comme le zinc, le cuivre, la bauxite, le phos-
phore, l’étain, le carbonate de magnésium, le manga-
nèse, l’indium, le silicium… Les autorités chinoises
utilisent tout un arsenal de moyens tels que les quo-
tas, les taxes à l’exportation ou encore un prix mini-
mum à l’exportation, pour contrôler et limiter la sortie
de ces minerais du territoire chinois, car jugés indus-
triellement « stratégiques ». En effet, la plupart de ces
minéraux sont importants pour le bon fonctionnement
des industries de l’acier, de la chimie, de l’aluminium,
et plus particulièrement dans la fabrication de semi-
conducteurs et de l’aéronautique.
Les restrictions à l’exportation
Les autorités chinoises sont accusées d’un man-
quement aux règles de l’OMC d’un libre échange.
Ce système de restriction à l’exportation permet aux
entreprises chinoises d’avoir accès à moindre coût à
leurs matières premières et de proposer à l’exportation
des produits finis aux marges plus compétitives. « Les
restrictions chinoises sur les matières premières sont
une distorsion à la concurrence et augmentent les prix
mondiaux, rendant les choses encore plus difficiles
pour nos entreprises face à la crise économique », a
estimé Catherine Ashton, la commissaire européenne
au commerce extérieur. Mais au-delà de la question
du prix et de la compétitivité, les pays occidentaux
craignent avant tout le risque de ruptures d’approvi-
sionnement dans ces matières premières clés à cause
de l’encadrement étatique des exportations. Les Chi-
MARC LE CHELARD/AFP/Getty Images
L’exploitation Goro de nickel construite par
le géant minier canadien Inco au sud de la
Nouvelle Calédonie.
nois ont dans un premier temps éliminé toute produc-
tion occidentale en cassant les prix mondiaux des
matières premières, les pays occidentaux devenant
ainsi dépendant de ressources chinoises. Aujourd’hui
les autorités centrales et locales achètent régulière-
ment ces matières premières non seulement pour
soutenir les prix qui ont chuté, mais aussi pour consti-
tuer des stocks de réserve stratégique. Le pouvoir éta-
tique communiste chinois fait ainsi planer une menace
sur leurs clients occidentaux, la dépendance devenant
les prix mondiaux, rendant les
choses encore plus difficiles
pour nos entreprises face à la
crise économique »,
Catherine Ashton,
commissaire européenne au
commerce extérieur
trop forte. « Je vois l’évolution en Chine avec une
grande inquiétude », a déclaré le ministre allemand de
l’Economie, Karl-Theodor zu Guttenberg.
Le dumping des prix
Une autre allégation envers la Chine provient de
l’Australie et concerne le dumping des prix sur les pro-
duits de l’aluminium. La plainte a été déposée le 25
juin auprès des autorités fédérales australiennes par
des entreprises concurrentes des entreprises chinoi-
ses exportatrices. Une enquête est en cours pour véri-
fier les pratiques douteuses de la Chine qui a accru
significativement ses exportations vers l’Australie. Les
allégations portent sur l’application des prix très bas,
inférieurs à leur valeur normale, et rendus possibles
grâce aux subventions publiques.
Qu’il s’agisse de restrictions à l’exportation ou de
dumping de prix, les pratiques des autorités chinoises
sont peu respectueuses du critère de loyauté dans le
commerce et sont une façon douteuse d’asseoir leur
pouvoir sur le marché des matières premières mon-
diales.
LAUREN SMITH
Emploi et annoncée à la rentrée de septembre
2008, s’avère beaucoup plus difficile que prévu.
L’idée de base, qui consistait à unifier le processus
de déclaration et de recherche en un lieu et un sys-
tème unique, était pourtant louable, mais sa mise
en œuvre début 2009 s’est faite au pire moment.
Normalement, lorsque l’on est au chômage, la
première démarche à effectuer est de déclarer
sa situation en composant le 3949. Cette procé-
dure est maintenant devenue obligatoire et préala-
ble à l’obtention d’un premier rendez-vous avec un
agent de Pôle Emploi. Mais le système est actuel-
lement tellement engorgé (+ 24,6 % d’inscriptions
supplémentaires en un an) qu’il faut attendre long-
temps avant d’obtenir un interlocuteur, et qu’il
devient difficile de se faire enregistrer. Puis passé
cet obstacle, le premier rendez-vous n’est pas plus
rapide à obtenir, car les effectifs n’ont pas été pré-
vus pour faire face à un tel flot de chômeurs et que
la désorganisation règne dans les services. La
situation est telle qu’elle fait cette semaine la une
du site www.cadremploi.fr.
En effet, à l’époque où la fusion a été déci-
dée, début 2008, la crise n’avait pas encore fait
son apparition et la courbe du chômage était en
baisse. Les agents se plaignent d’avoir plus de
300 dossiers chacun à gérer, mais le secrétariat
d’Etat au travail dément la situation. Pour faire face
à une situation qui ne fait qu’empirer, mais où il
est impossible de revenir en arrière, Pôle Emploi
a donc décidé d’embaucher 1.500 personnes de
plus en CDI et 500 en CDD. Ainsi, le second objec-
tif de ce regroupement, qui devait être de faire des
économies de fonctionnement, risque bien de ne
plus être respecté.
PATRICK C. CALLEWAERT
8 Droits humains
Les « réfugiés climatiques »
s’invitent au programme
C
omment protéger les « réfugiés cli-
matiques », soit peut-être quelques
millions de personnes, déplacées
par les caprices de la nature ? Le débat
est de plus en plus chaud.
Lors de la conférence organisée récem-
ment par les Nations unies sur le change-
ment climatique à Bonn, en Allemagne, le
Bangladesh, qui risque de perdre un cin-
quième de sa superficie si le niveau de la
mer s’élève d’un mètre, a appelé à ce que
des dispositions soient prises, au sein des
politiques des pays industrialisés, en vue
d’accueillir les « réfugiés climatiques ».
Au cours des derniers jours de la con-
férence, la question s’est glissée dans le
texte de négociation proposé entre les
pays industrialisés et les pays en dévelop-
pement sur les différentes stratégies de
réduction des émissions de gaz à effet de
serre. Le texte, qui sera débattu au cours
des prochains mois, à l’approche du grand
sommet sur le climat qui
aura lieu à Copenha-
gue, au Danemark, en Les estimations
décembre, comprend
désormais une dispo- du nombre
sition visant à mettre
en place « les moyens
de personnes
nécessaires pour pro-
téger les personnes
déplacées par
déplacées par les con- les catastrophes
séquences du change-
ment climatique ». naturelles ou
Cette mention portée
l’élévation du niveau
dans le texte proposé,
sur lequel reposera
l’accord final sur le cli- de la mer vont de 50
mat, marque l’ouverture
du débat sur les « réfu- millions en 2010, à
giés climatiques » dans
les pourparlers « offi-
plusieurs centaines
ciels », a fait remarquer
Saleemul Huq, directeur
de millions, voire un
du groupe de recherche milliard, d’ici à 2050.
sur le changement cli-
matique, à l’International
Institute for Environment and Develop-
ment (IIED), un organisme londonien.
Jusqu’ici, le débat visait à détermi-
ner si la protection et le soutien apportés
aux « réfugiés climatiques » devaient faire
l’objet d’un régime distinct ou s’ils pou-
vaient être intégrés à l’accord global sur le
climat, a expliqué M. Huq.
L’accord global final qui doit être conclu
à Copenhague entrera en vigueur après
2012, à la fin de la première phase du Pro-
tocole de Kyoto, un traité conclu dans le
cadre de la Convention-cadre des Nations
Pérou : le parlement révoque
des décrets à l’origine des
affrontements
L e parlement du Pérou a abrogé jeudi
deux décrets-lois sur l’exploitation des
ressources d’Amazonie, à l’origine d’une
crise entre l’Etat et les communautés indi-
gènes depuis deux mois, et de violences
qui ont fait 34 morts il y a deux semaines.
Le vote acquis à une large majorité, 82
voix contre 12, ouvre la voie à une proba-
ble sortie de la pire crise politique du gou-
vernement de centre-droit d’Alan Garcia,
au pouvoir depuis 2006.
Daisy Zapata, dirigeante du principal col-
lectif indigène AIDESEP, a appelé après le
vote les communautés indiennes à lever
les blocus routiers ou fluviaux qu’elles
tiennent en plusieurs points de l’Amazo-
nie péruvienne (Nord et Est), pour certains
depuis deux mois.
« C’est un jour historique pour les peu-
ples indigènes, parce que nos demandes
étaient justes et qu’en fin de compte le
gouvernement nous a donné raison », a
déclaré a la presse Zapata, qui a pris la
tête de l’AIDESEP après la fuite d’Alberto
Pizango, en asile politique au Nicaragua.
Les décrets abrogés par le Parlement,
en présence dans la galerie d’apus, chefs
coutumiers d’ethnies amazonienne, sont
deux textes techniques passés en 2007
www.lagrandeepoque.com
Des enfants aident des véhicules dans une rue inondée.
unies sur le chan-
gement climati-
que (CCNUCC) en
vue de réduire les
émissions de gaz à
effet de serre.
Le débat sur
les « réfugiés cli-
matiques » est
controversé tout
simplement en rai-
son du nombre de
personnes suscep-
tibles d’être tou-
chées. A l’heure où
les conséquences
du changement
climatique s’aggra-
vent, les estima-
tions du nombre de
personnes dépla-
cées par les catas-
trophes naturelles
ou l’élévation du
niveau de la mer vont de 50 millions en
2010, à plusieurs centaines de millions,
voire un milliard, d’ici à 2050.
Les conférences mondiales ont été
marquées par les appels émouvants des
Etats insulaires, tels que les Maldives ou
Tuvalu, qui pourraient devenir en grande
partie inhabitables si le niveau de la mer
s’élevait d’un mètre.
Ces 20 dernières années, les Maldives,
un archipel situé dans l’océan Indien, ont
joué un rôle clé dans la sensibilisation à
ces questions.
et 2008, régissant l’exploitation privée de
zones forestières, et le régime de propriété
des terres.
Les représentants de la minorité
indienne moins de 400.000 personnes
éclatées en 65 ethnies - les rejetaient faute
de consultation préalable, et parce qu’il y
voyaient une porte ouverte à la surexploita-
tion de l’Amazonie.
L’abrogation du décret le plus contesté,
le Décret 1090 dit « Loi forestière et de
faune sylvestre » - la « Loi de la Jungle »,
comme l’a surnommé la presse - avait été
proposé par le Premier ministre Yehude
Simon, dans une concession de l’Etat pour
renouer le dialogue avec les Indiens.
La semaine dernière, le Parlement
l’avait simplement « suspendu », sans
aucun impact sur les protestations indigè-
nes sur le terrain.
Simon, sous intense pression depuis
deux semaines, a annoncé mardi qu’il
démissionnerait d’ici quelques semaines,
une fois la crise résolue.
Cette confrontation depuis deux mois
entre Etat et minorité indienne avait dérapé
le 5 juin avec des heurts entre police et
Indiens qui ont fait 34 morts autour d’un
blocus routier indigène à Bagua (1.000
1 – 15 JUILLET 2009 ● La Grande Époque
BRÈVES D’ESPOIR
Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs
Et si la clé d’une voiture
devenait celle de l’emploi !
D evenue indispensable dans la vie de tous les jours (travail, loisirs, vacan-
ces, etc.) la mobilité est aujourd’hui une norme sociale.
En étroite collaboration avec les organismes d’emploi des Bouches-du-
Rhône (ANPE, PLIE, CCAS), l’équipe de Bougez vers l’emploi reçoit toutes
les personnes qui ont des difficultés de transport momentanées ou chroni-
ques, afin de leur proposer des solutions concrètes et adaptées leur permet-
tant de devenir rapidement autonomes.
Depuis sa création en 2007, la plate-forme a accompagné 1.500 person-
nes dans leur recherche de mobilité. En 2008, 800 d’entre elles ont reçu de
l’aide en fonction de leurs besoins.
Pour en savoir plus : www.bougezverslemploi.com
Accéder à la connaissance
du patrimoine : les aveugles
touchent l’art du doigt
L a France compte plus de 77.000 aveugles à la fin de 2006. Leur accès au
AHMAD ZAMRONI/AFP/Getty Images
patrimoine historique et culturel est limité par leur handicap. A l’attention
des aveugles et des déficients visuels, la collection Sensitinéraires propose
« Les réponses politiques à ce pro- une visite sensible de monuments nationaux.
blème émergent n’existent pas encore : Les Monuments nationaux (Monum), à travers leurs Editions du Patrimoine,
ont entrepris de leur rendre accessibles les arts visuels par le toucher en
il est bien trop controversé, et le dis-
cours académique vient à peine de com- lançant la collection « Sensitinéraire ». Les éditions du Patrimoine éditent
mencer », a déclaré Frank Biermann, qui
dirige le Département d’analyse des poli-
également une collection destinée aux sourds et aux malentendants : Lex’si-
gnes.
tiques environnementales de l’Institut des
études environnementales de la VU Uni-
Pour en savoir plus : www.monuments-nationaux.fr
versity.
Cette nouvelle initiative, le Climate refu- A Madagascar, les pêcheurs
gee policy forum [Forum sur les politiques
relatives aux réfugiés climatiques], ser- créent leur réseau d’aires marines
vira de « bureau central en ligne, ouvert à
tous, qui permettra de consulter des infor-
mations actualisées sur les réfugiés clima-
protégées
tiques et les migrations liées au climat, et
notamment des études académiques, des U n petit village de pêcheurs au sud-ouest de Madagascar que rien ne
prédestinait à devenir connu. Rien, si ce n’est la volonté d’un biologiste
documents directifs et des avis de confé-
rence, et d’obtenir des liens vers les prin-
anglais et de la population locale, bien décidés à venir au secours de la bar-
rière corallienne en bordure de côte. Pionnières dans la mise en place d’aires
cipaux organismes actifs sur le terrain »,
a-t-il expliqué.
marines protégées en faveur du poulpe, la principale ressource locale, les
communautés du village sont à l’origine d’un vaste réseau de conservation
du littoral qui inspire, depuis 2004, le gouvernement malgache dans la ges-
Les chances à Copenhague tion des ressources halieutiques.
Selon MM. Huq et Biermann, le débat Pour en savoir plus : www.blueventures.org
en est « encore à ses balbutiements ».
« Les besoins des populations sus-
ceptibles d’être déplacées, à l’avenir, par
l’impact du changement climatique sont
considérés comme une ‘adaptation de
second ordre’ », a expliqué M. Huq, à
l’heure où les pays vulnérables s’efforcent
essentiellement de lutter pour obtenir des
ressources et des fonds afin de pouvoir
s’adapter aux conséquences immédiates
du changement climatique, telles que l’in-
tensification des périodes de sécheresse.
Irin News
HASSAN AMMAR/AFP/Getty Images
Si les récifs coralliens sont en danger dans le monde, des
pêcheurs à Madagascar ont créé des aires marines protégées !
kilomètres de Lima), violences qui ont
attiré sur le Pérou le regard des organisa-
tions internationales de droits de l’Homme.
Le rapporteur spécial de l’ONU sur
les peuples indigènes, James Anaya, se
trouve depuis mercredi au Pérou, où il a
visité jeudi à Bagua le site des violences.
Dans un message à la nation mercredi
soir, le président Garcia a fait l’autocritique
du pouvoir dans la gestion de la question 8 5 2 4 6
amazonienne. Il a promis de « repartir du
début » et d’ « entamer un nouveau dialo- 9
gue (avec les indigènes) en vue d’approu-
ver de nouvelles normes pour protéger
l’Amazonie ». « Il est vrai que le décret 2 4 3 7
législatif original n’a pas été fait en con-
sultation avec les communautés autochto- 1 3 8
nes », avait déclaré Garcia, admettant ainsi
que le Pérou a manqué à ses obligations 5 4
aux terme de la Convention de l’Organisa-
tion internationale du Travail (OIT) sur les 8 6 1
peuples indigènes.
Certaines revendications indigènes res- 3 1 6 2
taient pendantes jeudi, comme la levée de
l’état de siège à Bagua, et l’abandon des
poursuites contre quatre dirigeants pas- 7
sés à la clandestinité en même temps que Solution
Pizango. page 11 2 7 9 8 1
Icra International

NOUVEAU REGARD
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM
►Chronique d’un observateur du 7
L’immigration dans le cinéma américain : de l’établissement
à la reconnaissance
L’Amérique terre d’accueil
L’Amérique est un pays d’immigration.
Les WASP (White Anglo-Saxon Protes-
tant) ont été les premiers à s’établir dans ce
grand pays, puis un peu plus tard, d’autres
grandes communautés comme les Irlan-
dais, touchés par la famine. Dès le début
de l’apparition du cinéma en Amérique, il
est influencé par la thématique de l’immi-
gration. Dans L’Émigrant (1917), Charlie
Chaplin analyse les comportements d’un
immigrant qui quitte l’Europe pour rejoindre
le Nouveau Monde et pour apprécier le bon-
heur de trouver d’autres visages, une patrie,
un amour, en même temps qu’une perspec-
tive de carrière.
L’Amérique grâce à ses intellectuels et
ses cinéastes, réfléchit sur son histoire, sur
ce destin qu’elle ne veut surtout pas lais-
ser immobile. L’Amérique est faite du pire et
du meilleur. Le mal affronte le bien comme
Georges Lucas le montre en 1977 dans La
Guerre des étoiles. La même année, Ste-
ven Spielberg avait enfoui ses origines dans
une intégration spatiale, dans un pacifisme
humaniste dans Rencontres du Troisième
Type (1978).
La Liste de Schindler
Avec La Liste de Schindler (1993),
Spielberg ravive son judaïsme. Il filme des
témoignages et crée une fondation char-
gée d’enregistrer les derniers témoignages
dans le monde des survivants de la Shoah.
Une version moderne de l’immigration,
c’est peut-être violent comme formulation,
mais la Shoah est une immigration forcée
vers la mort. Il y a l’intégration des peuples
mais il y a aussi la désintégration des peu-
ples, une variante tragique de l’immigration.
Les créateurs imaginent assez longtemps à
l’avance ce que pourrait devenir une situa-
tion tragique.
Le Dictateur
Charlie Chaplin l’avait conçu en 1936,
avant les événements de la Nuit de Cris-
tal (du 9 au 10 novembre 1938). Ce film ne
sortira qu’en octobre1940 aux États-Unis,
au moment où les Allemands descendent
les Champs-Élysées. L’une des scènes clé
Instant terrestre www.instanterrestre.com
La Grande Époque EpochTimes.com
UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION
e
du film est celle où le barbier qui ressem- Cheyennes (1964). Fabuleux pardon du
ble à Hynkel, le personnage à peine paro- cinéaste qui, sa vie durant, avait représenté
dié d’Hitler, fait un discours que personne les Indiens comme des bêtes féroces non
n’attendait : il s’adresse à Anna qui a immi- civilisées qu’il fallait abattre. Sa mythologie
gré d’Allemagne vers l’Autriche pour éviter la construite avec génie avait été exportée vers
répression et qui ne peut échapper aux bour- plus d’un pays... Il revenait bouleversé sur
reaux nazis. Elle est molestée dans un jar- ce qu’il avait écrit et tourné sur les Indiens
din, une sorte de paradis désormais occupé pour en faire des chefs-d’œuvre qui devai-
par des barbares. Elle entend la voix de son ent, pendant des décennies, le mal étant
aimé. Film inoubliable, ce sont des images déjà fait, désintégrer tout un peuple molesté,
qui font partie de notre for intérieur, tout pillé, assassiné, violé. Marlon Brando a pris
près du cœur. Cette œuvre, interdite pen- la défense de ce peuple et a demandé une
dant la guerre, prône l’humanisme et prescrit somme astronomique pour tourner dans Le
un baume pour calmer la douleur des fem- Parrain (1972) de Francis Ford Coppola.
mes et des hommes qui doivent quitter leur
pays natal pour continuer à vivre. Le Dicta- derrière lui une liste de films passionnants où Lucien Khalfa, créateur du
teur ne sera visionné qu’à la fin de la guerre la critique du système hollywoodien, avec en festival
(en mars 1945 en France). particulier le maccarthysme. Le Grand Cou- Dans le festival des cultures juives où tous
teau (1955) est par exemple un témoignage les aspects du cinéma américain avaient été
Un rabbin au Far West exaltant sur les milieux hollywoodiens infes- montrés grâce à la collaboration des Mairies
(1979) tés par cette maladie contagieuse et malfai- des IIIe et IVe arrondissements de Paris,
Ce film de Robert Aldrich est une œuvre sante qu’était le maccarthysme. Les juifs ne du cinéma Le Latina, de la Maison de la
pleine d’humour réalisée par un vieux rou- pourront plus travailler. Ils seront sur la liste Photo, notons que Lucien Khalfa, vrai fonda-
tier d’Hollywood plein de talent. Il a tenté noire, les communistes et les humanistes teur de la manifestation, donne son énergie
de suivre un courant comique fait d’hu- également, tous soupçonnés d’espionnage depuis de nombreuses années : cinq festi-
mour juif d’après le chemin de Mel brooks, pour « l’ennemi ». vals brillants, bien organisés avec l’appui du
Jerry Lewis et Woody Allen. Il réussit admi- maire de Paris particulièrement ouvert aux
rablement à concilier l’aventure avec les L’imaginaire pour sauver composantes culturelles qui fondent l’esprit
particularismes de toutes les communau- l’Amérique de Paris.
tés rencontrées. Notons la scène où le rab- Le cinéma, en dehors des films d’imagina- Toutes les communautés arrivées à New
bin fait connaissance avec les Mormons et tion, conte avec un décalage la réalité sym- York ont été rackettées. La communauté
pense que ce sont des juifs comme lui, puis- bolisée. Nous avons vu, dans un numéro juive n’a pas échappé au banditisme dans
qu’ils portent des chapeaux noirs et des précédent, que Superman (1979) est une Les Indomptés (1991), film de Michael Kar-
blouses noires. Il leur parle en yiddish. Cette histoire vraie sublimée et dont le fondement belnikoff. La scène se déroule dans la Petite
partie du film est un morceau d’anthologie. est l’histoire reproduite dans une bande des- Italie et dans le quartier juif où s’affrontent les
Le cinéaste analyse qu’une ressemblance sinée (1938), les fameux comics, que les Italiens, les juifs et les Irlandais. Les Siciliens,
peut être trompeuse. enfants et les adultes s’arrachaient toutes cruels, protégés par une police corrompue,
Jusque-là, Hollywood n’était pas cons- les semaines. Ces aventures ont fait l’objet tabassent ceux qui leur résistent. Deux juifs
ciente du talent de ce cinéaste qui n’avait de films, de livres et ont donné naissance à et deux Italiens s’associent pour faire cesser
réalisé quasiment que des chefs d’œuvres : d’autres super héros. leurs malheurs. Ils vont réfléchir pour abat-
en premier lieu Bronco Apache (1954), avec La particularité du cinéma américain – les tre l’autre gang sur le modèle de Le Par-
Burt Lancaster, qui traite de l’injustice des séries B en particulier – est d’utiliser l’histoire rain de Coppola ou Les Affranchis (1990)
Blancs vis-à-vis des Indiens. Tourné après quotidienne vécue pour écrire des scénarios de Martin Scorsese. Les Italiens ne veulent
La flèche brisée (1950) de Delmer Daves, et servir de miroir à une société parfois aveu- pas entendre parler de concurrents. Ils veu-
c’est un bijou d’intelligence artistique et de glée par l’histoire immédiate. lent assassiner ce groupe de gangsters liés
réflexion. Il tournera également Vera Cruz par l’amitié et la solidarité, une morale que
(1955) avec Gary Cooper, En Quatrième Le pardon de l’Amérique Karbelnikoff parvient à faire admettre.
Vitesse (1955) et Le Démon des Fem- aux minorités opprimées
mes (1968). Il avait commencé sa carrière Il a fallu attendre longtemps avant que Le racisme et la ségrégation
d’assistant avec Jean Renoir sur Le Fleuve John Ford ne prononce son mea culpa dans le cinéma américain
(1951). Aldrich disparaîtra en 1983, laissant devant le destin des Indiens dans Les La Différence (1993) de Robert Mandel
montre que les fameux WASP veulent res-
ter entre eux et garder leur pouvoir exclu-
sivement. L’élite du milieu riche ne partage
pas ses origines avec n’importe qui. Telle
est leur loi, inscrite dans leur esprit pour
toujours. Julien Green tente de s’intégrer à
Vol de nuit
l’école pour étudier. C’est un sportif recruté
pour jouer dans l’équipe de l’université. Il
dissimule sa judaïté de peur d’être rejeté par
ses camarades. Le mérite semble placé der-
rière la puissance de l’argent, cette valeur
Au Botswana, quand la saison qui anime le monde matérialiste... Remar-
des pluies en a fini de gorger les quable analyse qui reprend les thèmes
développés en 1947 par le réalisateur d’ori-
terres arides du Kalahari, le delta gine constantinopolitaine Elia Kazan dans
de l’Okavango gonfle ses méan- Le Mur Invisible (1947). Son film America
America (1964) est un film inoubliable d’une
dres et peut ainsi voir migrer la grande beauté esthétique et thématique. Le
faune sauvage qui côtoient les tri- sujet qu’il devait traiter était bien proche de
bus implantées sur les rives en y ses préoccupations : un journaliste doit faire
une enquête sur l’antisémitisme. Pour cela,
pratiquant la pêche, la chasse et il se fait passer pour un juif. Il est victime de
l’agriculture. C’est dans cet équili- ségrégation, d’insultes et de vexations pro-
bre fragile des forces que l’homme fessionnelles. Ce film qui reproduit des situa-
tions réelles fait froid dans le dos.
et l’animal ont trouvé un compro-
mis pour évoluer dans un même Le Jazzman du Goulag
milieu. En témoigne ce vol « de (1963)
Ce film de Pierre-Henry Salfati et Nata-
nuit » où les cigognes, au prix lia Sazonova, récompensé par un Emmy
d’un long voyage, reviennent tou- Award, retrace la vie tourmentée de Eddie
jours dans cet écrin où les codes Rosner, surnommé « l’Armstrong blanc ».
En effet, dans un concours international de
de vie sont restés immuables. jazz, il avait obtenu le deuxième prix der-
rière Amstrong. Rosner était un grand chef
d’orchestre qui dirigeait plusieurs forma-
Texte et photo tions de jazz. Il composait et faisait aussi des
de Stéphane Cabaret arrangements. Il est né à Berlin, il a suivi sa
femme en Pologne et lorsque le pacte ger-
mano-soviétique a été scellé, Rosner a été
ÉDITION 159
1 – 15 JUILLET 2009 • BIMENSUEL
fait prisonnier pour jouer du jazz devant Sta-
line et les dignitaires du régime. Il a mis sur
pied de nombreuses formations, a été arrêté
parce que juif et nanti de trop de talents. Les
mordus du jazz ne pouvaient pas laisser un
tel génie en prison, un nommé Gorski l’a pro-
tégé. À la mort de Staline en 1953, Rosner
est reparti en Allemagne en quête de travail.
Il faut signaler la biographie Red Jazz ou la
vie extraordinaire du camarade Rosner de
Natalia Sazonova, aux éditions Parangon.
Les Protocoles de la
Rumeur (2004)
Ce film de Marc Levin est un documen-
taire comme on en fait peu et qui ana-
lyse un phénomène étrange au lendemain
du 11 septembre 2001. Des voix se sont
fait entendre pour accuser les juifs d’avoir
commandité les attentats de New York et
Washington. Cela rappelle la mystification
des Protocoles des Sages de Sion écrit par
Mathieu Golovinski à la fin du XIXe siècle
prêtant aux juifs, depuis plus d’un siècle, l’in-
tention de prendre le contrôle de la planète.
Or nous savons aujourd’hui que l’ouvrage
Protocoles des Sages de Sion est un faux
fabriqué par un ancien membre des services
secrets russes. Pierre Taguieff, qui a consa-
cré son temps à des recherches, grâce à
l’ouverture des archives russes, en a mon-
tré l’origine.
La psychanalyse de l’Améri-
que avec humour
Dans cette thématique sur l’Amérique, il
n’est pas possible d’ignorer Woody Allen,
l’histoire de son enfance et de Radio Days
qui lui a inspiré le film du même nom en
1987, ainsi que Crimes et délits (1990) sur
le rapport entre le religieux et la philosophie
dans le contexte d’un crime. Dans Manhat-
tan (1979) tourné en noir et blanc, Woody
Allen contraste la beauté de la ville avec les
intrigues amoureuses, ses sentiments, sur
une musique de Georges Gershwin, « Rap-
sody in Blue ». Woody Allen semble dire que
lorsque l’on veut partir mais que la ville vous
retient, c’est un peu le cœur qui s’en va avec
l’être aimé.
Les Marx Brothers sont cinq. Ils auraient
pu être six mais un bébé est né et a dis-
paru au bout de six mois. Ce sont de grands
artistes qui écrivaient leurs films. Les textes
sont surréalistes. Les Marx sont les produits
réussis de l’immigration de leurs parents. Le
père est né en France à Strasbourg, la mère
en Prusse. Le mélange des langues va sti-
muler les Marx Brothers qui vont faire des
jeux de mots une sorte de tricotage verbal
assez subtil mais hélas pas toujours com-
pris de tous.
Rappelons les noms des Marx Brothers :
Chico qui joue du piano et qui est un spé-
cialiste du doigt révolver, Harpo le frère frisé
talentueux joueur de harpe, Grucho qui joue
le pouvoir à l’aide d’un gros cigare et Zeppo
qui est le jeune premier à la voix d’or dans
Une Nuit à l’Opéra.
Une Nuit à l’Opéra (1935) est un film hila-
rant, bourré de gags où l’on entend la voix
sublime de Zeppo. La mission des Marx
dans ce film est de sauver l’amour d’un cou-
ple charmant. Quant à Duck Soup (1933) le
film traite du pouvoir dans un tout petit pays
où il n’y a pas assez de sujets pour faire la
guerre. Une Nuit à Casablanca (1946) est
une parodie du film de Michaël Curtiz Casa-
blanca (1942).
Tous les films soulignent que l’immigra-
tion n’est pas seulement une affaire d’es-
pace, le cœur et l’âme se rejoignent pour
tenter de se construire un havre de paix
où l’amour pourra faire souche au milieu
de multiples conflits à résoudre. Il en ressort
cette extraordinaire adaptation de l’homme
aux situations les plus difficiles, les plus sin-
gulières, dans un empire ou l’étranger doit
oublier sa condition différente pour pouvoir
survivre.
ALAIN PENSO
10 Environnement
Des blocs de glace après une inondation causée par le débordement d’un lac. Les scientifiques pensent que le Groenland, avec sa fonte des calottes glaciaires et les glaciers qui
disparaissent, est un thermomètre précis du réchauffement de la planète.
Le changement climatique serait lié à une ancienne
extinction de masse
S
elon une nouvelle recherche, un
évènement d’extinction de masse
qui a eu lieu il y a 200 millions d’an-
nées pourrait être à l’origine du change-
ment climatique. Ces résultats ont apporté
de nouvelles informations sur le rythme de
l’extinction de masse, et impliquent que
des changements relativement peu impor-
tants dans les niveaux de dioxyde de car-
bone atmosphérique pourraient suffire à
déclencher une extinction.
L’étude, en partie financée par une
bourse Marie Curie de mobilité au titre
du sixième programme, est publiée dans
la dernière édition de la revue Science.
L’extinction de la période Trias Jurassique
est l’un des cinq évènements d’extinction
de masse dans l’histoire de la planète. À
cette époque, de nombreuses espèces
marines avaient disparu et les premiers
dinosaures étaient apparus.
Un changement environne-
Le criquet nomade, une catastrophe écologique et
humanitaire évitée en Afrique de l’Est
U
n foisonnement de criquets noma-
des est survenu subitement en
Afrique de l’Est, surtout en Tanza-
nie. Ces insectes sont aussi appelés cri-
quets rouges. L’intervention de la FAO a
été rapide, et grâce à une action interna-
tionale d’urgence, des bios pesticides ont
été utilisés sur une grande échelle. Cette
opération a stoppé l’invasion des insectes
dévoreurs, qui sans cela, auraient détruit
la nourriture d’au moins 15 millions de per-
sonnes.
La production agricole et
vivrière de millions de pay-
sans pauvres
Afin que toutes les menaces soient
écartées, la FAO organise des diffusions
d’insecticides par des moyens aériens
et terrestres. Ces diffusions se prolon-
geront au cours des semaines à venir :
au Malawi, en Mozambique, en Tanza-
nie et en Zambie. Un communiqué de
presse affirme que ce traitement fait sur
un si vaste territoire serait une première.
Modibo Traoré, sous-directeur général
de la FAO, indique : « Sans cette inter-
vention-éclair, impliquant les pays tou-
chés et la communauté internationale, la
région d’Afrique centrale et méridionale
aurait pu se retrouver confrontée à une
situation catastrophique due aux criquets
nomades. Ceci aurait mis en péril la pro-
duction agricole et vivrière de millions de
paysans pauvres. »
La dernière grande invasion générali-
sée s’est déroulée de 1930 à 1944. Pres-
que tout le sud du continent africain avait
été touché. Les cultures en milieu humide
sont les plus souvent attaquées : maïs,
riz, canne à sucre, arbres fruitiers ou des
ligneux comme les acacias, les eucalyp-
tus, les pins et les espèces herbacées
sauvages.
www.lagrandeepoque.com
mental rapide à l’origine du plantes concorde avec les réponses communautés de plantes a coïncidé avec de méthane.
déclin abrupt de la diver- attendues des plantes face à un chan- une augmentation des niveaux de dioxyde
sité des plantes gement environnemental catastrophique de carbone et le réchauffement planétaire. Une extinction des espèces
À l’origine, les scientifiques pensaient rapide plutôt que progressif », écrivent les Toutefois, les scientifiques font remarquer soudaine
que les extinctions de masse avaient lieu
plutôt lentement, s’étendant sur des mil-
lions d’années. Dans cette étude, des
scientifiques d’Irlande, du Royaume-Uni
et des États-Unis ont étudié six groupes
de plantes fossilisées découvertes sur
le site de Kap Stewart Group à l’Est du
Groenland. Ils ont appliqué une nouvelle
technique d’analyse sur les roches afin
d’observer ce qui se passait avant et pen-
dant l’évènement d’extinction de masse.
Leurs recherches ont révélé que des
signaux d’alarme avertissaient du déclin
des écosystèmes bien avant que les
espèces ne commencent à disparaître.
Au cours de la période étudiée, le nombre
de communautés de plantes et de plantes
individuelles avait baissé.
« Le déclin abrupt de la diversité des
Les criquets nomades sont friands des récoltes de maïs. Ils peuvent dévaster de grandes étendues en peu
de temps. La prévention est majeure.
Un biopesticide non toxi-
que pour l’homme et les
animaux
En Tanzanie les trois zones les plus
touchées sont le parc national Iku-Katavi,
les plaines du lac Rukwa et le bassin de la
rivière Malagarasi. L’utilisation du biopes-
ticide Green Muscle®, utilisé sur 10.000
hectares, a permis de traiter des terres
humides, tout en protégeant la faune sau-
chercheurs.
Les niveaux de dioxyde
de soufre auraient joué un
rôle important
« Les différences constatées au niveau
de l’abondance des espèces dans les 20
premiers mètres de falaises où les fossi-
les ont été collectés étaient prévisibles »,
a commenté Peter Wagner du Muséum
national d’histoire naturelle aux États-
Unis. « Mais les dix derniers mètres pré-
sentaient des pertes importantes de
diversité qui excèdent considérablement
ce que nous pouvons attribuer à une
erreur d’échantillonnage : les écosystè-
mes supportaient de moins en moins d’es-
pèces. »
De plus, le déclin dans les anciennes
vage - éléphants, hippopotames et girafes.
Ce biopesticide, non toxique pour l’homme
et les animaux, détruit uniquement les cri-
quets et les sauterelles et n’a pas d’effets
nuisibles pour l’environnement.
La PAM (Programme Alimentaire Mon-
dial) a organisé le transport par avion de
pesticides, en réserve au Mali, vers la
Tanzanie. 4.500 hectares ont été traités
dans la région de Rukwa et Malagrassi.
1 – 15 JUILLET 2009 ●
que les niveaux plus élevés de dioxyde
de soufre provenant des éruptions vol-
caniques pourraient également avoir joué
un rôle important dans l’évènement d’ex-
tinction.
Peut-être une météorite ?
« Nous ne disposons d’aucun moyen
actuellement pour détecter les change-
ments dans les taux de dioxyde de sou-
fre qui ont eu lieu dans le passé ; aussi
il est difficile de déterminer si le dioxyde
de soufre, en plus d’une augmentation
de dioxyde de carbone, a influencé l’ex-
tinction », a déclaré Jennifer McElwain
de l’University Collège de Dublin, en
Irlande. Parmi les autres causes possi-
bles de l’évènement d’extinction figurent
une météorite et une libération massive
Michelly Rall/Getty Images
Ces pesticides en surplus n’avaient pas
été utilisés lors des infestations précé-
dentes.
L’importance de la rapidité
d’action
L’expert en lutte acridienne de la FAO
Christian Pantenius indique : « La cam-
pagne de cette année contre le criquet
nomade a rassemblé à temps tous les
La Grande Époque
Uriel Sinai/Getty Images
Il nous faut cependant tirer des ensei-
gnements des évènements passés, aver-
tissent les scientifiques. « Nous devons
tenir compte des premiers signes d’aver-
tissement de détérioration au sein des
écosystèmes modernes », a déclaré le Dr
McElwain. « Le passé nous a montré que
les extinctions à grande échelle des espè-
ces (à hauteur de 80 %) peuvent survenir
de façon très soudaine, mais qu’ils sont
précédés de longs intervalles de change-
ment écologique. »
Les scientifiques ont désormais besoin
de résultats solides concernant les taux
de dioxyde de carbone et de dioxyde de
soufre afin de déterminer plus précisé-
ment ce qui s’est passé il y a 200 millions
d’années.
Cordis Nouvelles
principaux partenaires concernés afin de
prévenir une situation potentiellement très
dangereuse. Le Fonds central d’interven-
tion d’urgence des Nations unies a contri-
bué à hauteur de près de deux millions de
dollars dans le cadre de son premier pro-
jet régional qui a permis de lancer rapide-
ment et efficacement les opérations de
lutte aérienne et terrestre. La FAO a fourni
environ 1 million de dollars sur ses propres
fonds d’urgence. »
Il est en effet nécessaire d’agir avec
rapidité. Les criquets nomades peuvent
parcourir 20 à 30 kilomètres par jour,
dévastant des champs de céréales, des
vergers d’agrumes et de fruits plantés. En
24 heures, l’insecte consomme la valeur
de son propre poids, soit environ deux
grammes. Un essaim moyen mange en
un jour la même nourriture que celle con-
sommée par 2.500 personnes environ (et
un essaim moyen correspond à une tonne
de criquets).
Le criquet nomade est appelé ainsi à
cause de ses déplacements en saison
sèche. Il affectionne particulièrement les
zones humides, les grandes étendues
herbeuses et les plaines inondées. Son
régime alimentaire est à base de grami-
nées.
Impliquer les habitants
Selon M. Pantenius, l’intervention rapide
est essentielle et doit être organisée, d’où
la nécessité d’impliquer les habitants :
« La mise en place d’un système d’alerte
précoce s’appuyant sur les communautés
locales et impliquant les gardes-champê-
tres et les paysans à proximité des zones
où des foyers de criquets peuvent se for-
mer et ce, afin de mieux observer le ter-
rain et d’intervenir en temps opportun sera
le défi des prochaines années. »
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12 Outre-mer www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JUILLET 2009 ● La Grande Époque

La Martinique va-t-elle choisir l’autonomie ?

Le chef de l’Etat s’est rendu de ‘région ultrapériphérique’ d’Europe et
les avantages qui lui sont associés… En
aux Antilles pour pacifier le cli- revanche, je le dis avec la même clarté
mat social à la suite des évène- et la même franchise : plus une collecti-
ments qui ont secoué les deux vité devient autonome, moins l’État a de
îles de la Martinique et de la prise sur les affaires qui la concernent.
Plus une collectivité est autonome, plus
Guadeloupe. elle doit s’assumer. Plus les élus ont de
compétence, plus ils doivent répondre,

L
e président français a débuté à Fort-
de-France sa visite de deux jours
pour la Martinique et la Guadeloupe
en rendant hommage aux dissidents
antillais. Il s’est rendu au monument
aux morts du Front de Mer pour déco-
rer des hommes de courage et rappeler
qu’il n’était pas question que la Républi-
que oublie ces héros. Nicolas Sakorzy a
évoqué l’idée d’une stèle sur la Savane,
en mémoire des dissidents antillais qui
avaient risqué leur vie pour rejoindre la
France libre pendant la Seconde Guerre
mondiale.
Dans l’après-midi, les états généraux
ont eu lieu à l’aéroport face aux élus et
aux socio-professionnels, venus très
nombreux pour avoir des réponses aux
questions du changement de statut, de
la baisse des prix, des barrières doua-
nières, du pôle des métiers, des rapports
avec les îles voisines et de la santé. Le
chef de l’État a fait ressortir la nécessité
de travailler pour obtenir une transpa-
rence à tous les niveaux de responsa-
bilité.
La confiance
Nicolas Sarkozy a mis l’accent sur la
notion de confiance, en déclarant : « Si
j’avais une chose à vous demander,
c’est d’avoir confiance en vous. Je vou-
drais que vous ayez aussi confiance en
l’État, même si l’histoire de la Martinique
et de l’Etat est jalonnée de beaucoup de
déceptions. Enfin, je veux que vous ayez
confiance dans mon implication person-
nelle. Je veux réussir. Je serai au ren-
dez-vous. »
Le lendemain le 26 juin, date anniver- La responsabilité
Fort-de-France : Le président Nicolas Sarkozy et le maire de Fort-de-France Serge Letchimy lors de
l’inauguration de l’aéroport Aimé Césaire.
saire de la naissance du poète et huma-
niste, Aimé Césaire, a été inauguré
l’aéroport Aimé Césaire. C’était l’un des
moments les plus attendus de la visite
présidentielle, circonstance chargée
d’émotion, où le chef de l’État a rappelé
qu’ « en donnant à l’aéroport de Fort-de-
France, le nom d’Aimé Césaire, la Répu-
blique rend hommage à l’une de ses plus
grandes figures. […] Nous rendons hom-
mage à l’homme qui a changé le regard
des Antillais sur eux-mêmes, le regard
des Noirs sur eux-mêmes ». Cette décla-
ration a été acclamée par la population.
A cette inauguration, le président s’est
prononcé sur sa vision de l’évolution ins-
titutionnelle à la Martinique : « Je suis
venu vous annoncer clairement que j’ai
l’intention de consulter les Martiniquais
sur l’évolution institutionnelle de leur ter-
ritoire comme la Constitution m’y auto-
rise (…) Les Martiniquais seront libres de
choisir en leur âme et conscience le che-
min qu’ils souhaitent emprunter. Il faut
qu’un large débat se poursuive et que
chacun puisse y participer ».
Le chef de l’État a précisé avoir tou-
jours été ouvert à la question de l’évolu-
tion institutionnelle. Toutefois, il indique
que « le débat dont nous parlons n’est
POOL/AFP PHOTO
pas celui de l’indépendance. Il ne s’agit
pas d’organiser subrepticement, je ne
sais quel largage de la République. La
Martinique est française, elle le restera,
d’abord parce qu’elle le veut et aussi
parce que la France le souhaite ».
Il a rajouté que « le débat qui est ouvert
est celui du juste degré d’autonomie, celui
de la responsabilité, celui de l’équation
unité-singularité ». « Le statut de région
ultrapériphérique vis-à-vis de l’Europe ne
serait pas menacé ». Il tient également
à rassurer la population en déclarant : «
Il est aussi inexact de prétendre qu’une
collectivité qui ferait le choix de l’article
74 de la Constitution perdrait sa qualité
devant leurs électeurs, des choix qu’ils
ont fait en leur nom ».
Ainsi, le peuple sera consulté et c’est
lui seul qui aura le dernier mot. Toutefois,
le président de la République affirme que
le statut quo ne sera pas possible.
Les réactions des parlementaires
Serge Letchimy, député du centre, a
déclaré : « Maintenant les choses sont
claires. Le président de la République a
clairement parlé de processus et c’est
exactement ce que nous demandons.
Dois-je préciser que nous n’avons jamais
dit que l’article 74 était une porte de sor-
tie de la République. Un processus sera
engagé et il a parlé de quatre à six ans.
Si cela est retenu, cela donnera le temps
de modifier ce qui doit l’être, y compris
dans la Constitution. Cela devra être via-
ble. Maintenant, il faudra passer par une
première consultation de la population et
une deuxième sur la finalité du cadre juri-
dique. Mais c’est le peuple qui choisira et
nous en prendrons acte ».
Pour Serge Larcher, sénateur, « il y a
tout dans son discours. Il dit qu’il n’est
pas question d’indépendance ni de sor-
tie de l’Europe, mais tout de suite après,
il prévient qu’avec l’article 74, la nouvelle
collectivité devra assurer sur ses propres
fonds les compétences octroyées. Il ras-
sure d’un côté et dit de l’autre des cho-
ses qui peuvent être inquiétantes. C’est
à nous Martiniquais de trancher et de
savoir ce que nous voulons, toutes ten-
dances confondues. »
CHRISTINE MODOCK
LA GRANDE EPOQUE
MARTINIQUE

Accueil contrasté du chef de l’Etat en Guadeloupe

A
près sa visite en Martinique, le lieu dans le respect de la démocratie et de ou de largage » comme cela avait été res- « En désignant, pour la première fois dans dont les relations avec la sénatrice
chef de l’Etat Nicolas Sarkozy s’est la république, ceci comme un avertisse- senti par la population lors des mouve- notre histoire, une authentique domienne Michaux-Chevry ont toujours été tendues,
rendu le 26 juin en Guadeloupe ment à Élie Domota, porte-parole du LKP ments de grève du mois de février. « La à la tête de la gestion des affaires de a annoncé sa décision de quitter l’UMP
pour une visite éclair. Il était accompa- (Lyannaj Kont Pwofitasyon). Guadeloupe est française et le restera », l’Outre-mer, c’est une réponse qui doit en avançant qu’elle ne comprenait pas
gné du nouveau ministre de l’Intérieur et a-t-il affirmé. marquer notre volonté à tous de nous ras- le choix du président et déclarant que la
de l’Outre-mer, Brice Hortefeux, ainsi que Réactions aux états généraux de sembler. » nouvelle secrétaire d’État à l’Outre-mer «
de Marie-Luce Penchard, nouvelle secré- l’Outre-mer Une domienne en charge du Victorin Lurel, président socialiste du était pire que sa mère ».
taire d’Etat à l’Outre-mer. Élie Domota, qui boycotte les états secrétariat d’État à l’Outre-mer Conseil général de Guadeloupe, a dit Toutefois, les états généraux se pour-
Nicolas Sarkozy généraux de La nomination de Marie-Luce Penchard, qu’elle aurait une « très lourde charge » suivent jusqu’au 7 juillet, et le chef de
a été accueilli à l’Outre-mer depuis fille de Lucette Michaux-Chevry, sénatrice et qu’il « fallait absolument qu’elle nous l’État présidera à la rentrée un conseil
l’aéroport Pôle le début, tenait au UMP et ancienne ministre de Jacques sorte de la mélasse » au moment où « la interministériel de l’Outre-mer qui déter-
Caraïbes en Gua- même moment Chirac, est un signe fort de la part du chef Guadeloupe est plongée dans une crise minera les suites à donner aux proposi-
deloupe le 26 juin une réunion avec de l’État. Elle est en effet la première per- économique, sociale et sociétale pro- tions qui auront été faites. En octobre, un
au son des tambou- les organisations sonnalité domienne à être en charge du fonde ». comité de suivi de ces états généraux se
yés – joueurs de patriotiques syn- secrétariat d’État à l’Outre-mer. Pourtant, la nomination de Marie-Luce mettra en place.
tambours – et d’une dicales des autres Lucette Michaux-Chevry s’est réjouie Penchard ne fait pas l’unanimité dans MARION CASTELLI
chanson spéciale- départements afin de cette nomination. « Je suis très heu- la classe politique guadeloupéenne. LA GRANDE ÉPOQUE
ment concoctée en de définir ensem- reuse pour l’Outre-mer », a-t-elle affirmé. Gabrielle Louis-Carabin, députée UMP, GUADELOUPE
l’honneur de Marie- ble une stratégie
Luce Penchard, face au patronat.
enfant du pays. Il avait dit plus tôt
Après une ren- qu’il ne participe-
contre à huis clos rait pas aux états
avec les élus dans généraux, affir-
l’enceinte même de mant que « tout est
l’aéroport, le pré- joué d’avance » et
sident s’est rendu proclamant que
au RSMA (Régi- c’est un « échec
ment du Service PATRICK KOVARIK/AFP PHOTO total ». Quant à la
Militaire Adapté) du Marie-Luce Penchard, secrétaire nomination de la
camp de la Jaille. d’État à l’Outre-mer, à son arrivée Guadeloupéenne
Il a félicité le tra- à l’Élysée le 24 juin 2009. Marie-Luce Pen-
vail de formation chard au poste de
réalisé auprès des jeunes au sein de ce secrétaire d’État à l’Outre-mer, il a déclaré
régiment et promis de doubler le nombre y être « indifférent », expliquant : « Ce
de jeunes participants à ce programme n’est pas la personne qui nous incombe,
d’insertion qu’il a qualifié de « deuxième ce sont les réponses aux revendications
chance ». En fin d’après-midi, il a pro- des travailleurs et aux revendications que
noncé un discours d’une heure devant un porte le peuple guadeloupéen. » Nico-
parterre d’invités à la salle Laura Flessel las Sarkozy a cependant invité toutes
à Petit-Bourg. les parties qui n’ont pas encore participé
Lors de ce discours, le président de aux états généraux de l’Outre-mer à venir
la République a appelé au dialogue et donner leur opinion et a confié, face à la
au compromis affirmant qu’« aucune presse, être ouvert à toute proposition et
réflexion ne peut naître du désordre et rencontre.
de la violence. Le droit de grève est légi- À Petit-Bourg, Nicolas Sarkozy a éga-
time, mais ne peut en aucun cas être uti- lement mis l’accent sur l’évolution insti-
lisé comme un instrument de propagande tutionnelle et statutaire de l’île comme
et de déstabilisation ». Nicolas Sarkozy a préambule à davantage d’autonomie tout
formulé le souhait que les débats aient en rejetant toute idée « d’indépendance
La Grande Époque ● 1 – 15 JUILLET 2009
Les minima sociaux permettent-ils de s’insérer
dans la société ?
D
epuis le 1er juin 2009, le revenu de
solidarité active (RSA) est généra-
lisé sur le territoire français. Ce nou-
vel outil de lutte contre la pauvreté a tout
d’abord été expérimenté dans 33 départe-
ments. Il regroupe deux minima sociaux :
le revenu minimum d’insertion (RMI) et l’al-
location parent isolé (API). Il a aussi pour
objectif d’être un complément de revenu
pour les travailleurs pauvres. Aucun bénéfi-
ciaire de prestation ne doit voir son revenu
diminuer lors de la reprise d’une activité
salarié.
Le RSA pour se socialiser dans le
milieu professionnel
Le RSA permet la mise en pratique d’une
logique différente dans l’approche dévelop-
pée par les politiques publiques : celle d’un
encouragement à sortir de l’assistance et
pouvoir ainsi se socialiser dans le milieu
professionnel. Mais dans un contexte de
montée du chômage voire de récession
économique, peut-on affirmer que le RSA
pourra entièrement remplir la mission qui
lui est assignée ?
La France s’est construite depuis la
révolution française, autour de la notion
d’égalité de droit. Jean-Jacques Rousseau
(1712-1778), qui a fortement inspiré la phi-
losophie affichée de la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen, affirmait
que « les hommes naissent libres et égaux
en droits ». De même Alexis de Tocqueville
(1805-1859), dans De la Démocratie en
Amérique, démontrait que l’égalité consti-
tue le principe fondateur de toute démo-
cratie. Mais depuis le XXe siècle, la théorie
de la justice sociale met en avant la notion
d’équité. Ainsi pour John Rawls (1921-
2002), auteur de Théorie de la justice, et
Amartya Sen, prix Nobel d’économie en
2000 et auteur de Repenser l’égalité, il y a
nécessité de tenir compte de la répartition
des ressources, des avantages des uns et
des handicaps des autres.
Contrôler pour mieux gérer
L’énergie la plus propre est celle que l’on n’utilise pas ! Partant de ce constat, Tim Healy et David Brewster, deux étudiants américains, ont eu l’idée de créer, en 2001, un
système de gestion de la consommation d’électricité. Grâce à un boîtier implanté dans les entreprises clientes, la société EnerNOC intervient en cas de pics de demande,
pour finalement réduire le nombre de ce type d’incidents de 5 à 10 %.
A
ux Etats-Unis, la consommation
annuelle d’électricité est en moyenne
supérieure à 12.000 kWh par habi-
tant, contre moins de 8.000 kWh pour un
Français (Observatoire français de l’Ener-
gie en 2006). Une consommation encore
plus importante en été avec l’utilisation mas-
sive de la climatisation, allant jusqu’à créer
des pics de surconsommation. Puisque la
Prendre en charge les plus dému-
nis
Cette logique a orienté l’évolution de la
protection sociale en France. Cette der-
nière, d’abord fondée sur une logique
d’assurance, fruit de la solidarité profes-
sionnelle depuis la création de la sécurité
sociale en 1945, a su développer une logi-
que d’assistance pour répondre aux nou-
veaux besoins de la société française.
C’est ainsi que dès la fin des trente glo-
rieuses et des années 80, la France se
penche sur la prise en charge des plus
démunis. Dès 1988, la machine est lan-
cée. Proposée par Michel Rocard, la loi
sur le RMI est adoptée à l’unanimité, avec
l’accompagnement social de droits sup-
plémentaires aux individus, pour leur per-
mettre de s’insérer dans la société.
En 1990, c’est au tour du droit au loge-
ment avec la loi Besson : selon l’article 1er,
« garantir le droit au logement constitue un
devoir de solidarité pour l’ensemble de la
nation ». La loi d’orientation relative à la
lutte contre l’exclusion affirme la logique
d’accès aux droits avec les volets emploi,
soins, éducation… En 1999, la couverture
maladie universelle (CMU) permet à tous
ceux qui ne sont pas affiliés à la protection
sociale de bénéficier de l’accès aux soins.
De 2000 jusqu’en 2008, l’action publique
continue au nom de la justice sociale. De
nouveaux droits opposables voient le jour,
tel le droit opposable au logement. Ainsi
le RSA est la suite logique d’actions ame-
nant à répondre aux obligations de justice
sociale.
Le RMI, mal adapté à la popula-
tion ciblée
Pour autant, son volet insertion pourrait,
selon les experts, rencontrer quelques dif-
ficultés dans sa mise en application. En
effet, certains mettent en avant les ris-
ques de sa généralisation dans un con-
texte économique, aussi peu productif.
production doit toujours être égale à la con-
sommation pour ne pas créer de saturation
dans le réseau, d’importantes centrales de
substitution sont construites pour faire face
aux pics. Elles représentent environ 1.310 %
des infrastructures électriques alors que les
pics de demande n’apparaissent que très
rarement.
Casque sur les oreilles, des téléopérateurs répondent aux questions
de milliers de Français sur le revenu de solidarité active (RSA), le 27
avril 2009 au Mans. Le RSA, qui remplace le RMI depuis le 1er juin,
concerne les Français les plus pauvres. Chaque jour depuis le 2 avril,
5.000 personnes environ appellent le 3939 pour savoir si elles sont
éligibles au RSA.
Diminuer les pics de demande et
éviter la surconsommation
Afin d’éviter ses surconsommations ponc-
tuelles qui engendrent des coûts très impor-
tants, l’idée de produire moins d’électricité et
d’en optimiser son utilisation est née de la
réflexion de deux étudiants américains. En
2001, ils créent leur entreprise EnerNOC
(Network Operations Center) à Boston et se
spécialisent dans l’ajustement entre l’offre et
la demande d’électricité.
Comment faire, au sein d’une entreprise,
pour ne pas dépasser la ligne rouge des
pics de demande ? EnerNOC a trouvé une
réponse dans la gestion des consommations
d’électricité. En cas de saturation du réseau,
une entreprise cliente peut, par exemple,
choisir de baisser automatiquement la tem-
pérature de ses bureaux d’un degré (de
21 °C à 20 °C par exemple) pendant quel-
ques heures. Un hôpital peut, quant à lui,
décider de décaler les heures de fonction-
nement de sa laverie. Additionnées, toutes
ces petites économies d’énergie, réparties
sur le territoire nord-américain, équivalent à
une importante baisse de la consommation
d’électricité pouvant pallier un problème de
surconsommation.
Tout cela est possible grâce à un disposi-
tif assez simple. EnerNOC surveille en per-
manence la demande d’électricité locale où
se situent ses clientes (à l’échelle d’un État).
Quand le réseau électrique est trop sollicité,
c’est-à-dire en plein hiver lorsqu’il y a besoin
de chauffage ou l’été en cas de grandes
chaleurs, l’idée est de contrôler les consom-
mations des infrastructures énergivores (usi-
nes, bureaux, etc.). EnerNOC hiérarchise
alors, au cas par cas, les besoins en électri-
cité de chacun de ses clients, grâce à un boi-
tier installé au sein des réseaux électriques
de chaque entreprise et sur la base d’un
plan établi en amont avec elle. Après les
avoir alerté, la jeune société intervient direc-
tement sur les consommations gourmandes
en énergie mais non-essentielles (climati-
www.lagrandeepoque.com Société 13
Avec le RMI, il existait déjà la notion d’in-
sertion, mais il semble, 20 ans après, que
le bilan de ce volet ne soit pas entière-
ment atteint.
Diverses hypothèses sont avancées,
l’une des plus développées semble être
sa non-adaptation à la logique de la popu-
lation ciblée. Ainsi certains sont réelle-
ment désocialisés ou n’ont jamais connu
le monde professionnel. De plus, le déve-
loppement des emplois précaires touche
souvent cette population déjà fragilisée.
De la même manière, le regard porté sur
« ces pauvres » n’est pas toujours dénué
de principes subjectifs : contrairement à ce
qu’affirment de nombreux responsables, «
ces pauvres » souhaitent travailler et s’in-
sérer dans la société.
Souvent le problème est beaucoup plus
profond. Du manque de qualifications
adaptées au marché du travail à une non-
connaissance du milieu professionnel, les
divers facteurs obligent à penser le RSA
dans une logique de prévention beaucoup
plus transversale, approchant tous les dif-
férents secteurs concernés car la procé-
dure voudrait que l’on soit plus dans une
démarche de prévention en amont de la
pauvreté. Un développement tant dans les
politiques de l’emploi, de la formation pro-
fessionnelle ou dans la prise en charge de
la petite enfance sont des volets incon-
tournables à traiter en priorité.
Deux siècles ont permis de passer de
la formulation d’une égalité de droits à
la recherche d’une société globalement
juste. Le RSA mis en application dans un
contexte de crise économique aura peut
être du mal à atteindre l’ensemble des
JEAN FRANCOIS MONIER/AFP objectifs fixés, notamment celui du volet
insertion. Mais il a pour lui le bénéfice de
montrer la part qu’une société est capable
de consacrer à l’ensemble des citoyens
la composant, dans un esprit de mise en
application de la justice sociale.
EDWIGE ANSAH
D ans la même logique qu’EnerNOC, la Breta-
gne a mené pendant l’hiver 2008/2009, une
campagne de gestion de l’énergie, mais cette fois
à destination des particuliers. Le dispositif « Eco-
Watt, le bon geste énergie » a pour but d’informer
les citoyens, la veille pour le lendemain, des pics
de consommation dans la région. Prévenus par des
alertes e-mails, SMS ou flux RSS, les bretons volon-
taires sont alors encouragés à adopter, le jour sui-
vant, des gestes citoyens en matière de consommation d’énergie (par exemple,
fermer les volets et se couvrir plus chaudement plutôt que de lever le chauffage,
réduire l’intensité lumineuse et éteindre la veille des appareils) et à relayer l’infor-
mation à leur entourage. Pendant l’hiver 2008-2009, neuf alertes ont été lancées
durant les vagues de froid. Une première évaluation a estimé un gain énergé-
tique équivalent à la consommation d’une ville d’environ 4.000 habitants. Ces
chiffres encourageants vont permettre à l’opération d’être reconduite pour l’hi-
ver 2009/2010.
sation, chauffage, éclairage). Le client peut trait de tirer un trait sur 5 à 10 % des pics de
aussi faire le choix de n’être qu’alerté et de demande. EnerNOC, entreprise publique,
gérer ensuite lui-même l’utilisation de ses est cotée en bourse et a rejoint la Demand
équipements. Response and Smart Grid Coalition, un
Le distributeur d’électricité rémunère regroupement d’autres entreprises améri-
EnerNOC pour le service rendu dans le caines spécialisées dans l’ajustement entre
cadre d’un contrat longue durée. Il rémunère l’offre et la demande ainsi que des produc-
ensuite les entreprises clientes : de 5.000 à teurs de compteurs électriques intelligents,
25.000 dollars (de 3.500 à 18.000 euros) par une autre technologie permettant la gestion
an pour les économies réalisées en fonc- des consommations énergétiques.
tion de la taille de la structure. Ce service Le système EnerNOC est bien implanté
ne s’adresse pour le moment qu’aux pro- aux Etats-Unis et s’étend au Canada. Parmi
fessionnels : commerces, services publics ses clients, on trouve les États de Rhodes
locaux, entreprises et usines. Ils bénéfi- Island, du Vermont, du Nouveau-Mexique,
cient tous, par ailleurs, de conseils de la part l’université du Connecticut, des établisse-
d’EnerNOC sur la gestion optimisée de leurs ments de santé dans plusieurs États amé-
consommations et l’utilisation des énergies ricains ou encore des exploitations agricoles
renouvelables dans leur établissement. et des industries. Et même le Pentagone.
Les derniers clients à se joindre au réseau
Le succès d’EnerNOC EnerNOC en janvier 2009 ont été la ville de
Présents dans 2.000 infrastructures, les Boston, où se situe le siège social de l’entre-
boitiers contrôlent 1.500 MW d’électricité, prise, ainsi que la bibliothèque municipale et
soit l’équivalent de 15 centrales de substitu- le siège local de la police.
tion. Les entreprises ont tout intérêt à utiliser Reporters d’Espoirs
ce système car une surconsommation peut
leur coûter très cher. Ce service permet- Pour en savoir plus : www.enernoc.com
14 Santé et Bien-être www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JUILLET 2009 ● La Grande Époque

Sauver une vie par les premiers secours, un acte anodin ?

Moins de cinq personnes sur
cent survivent à un arrêt cardio-
circulatoire en dehors de l’hô-
pital. Ce résultat pourrait être
sensiblement meilleur si un
plus grand nombre de non spé-
cialistes (adultes et jeunes)
maîtrisaient la réanimation car-
dio-pulmonaire et encore mieux,
s’ils étaient aussi formés à l’utili-
sation d’un défibrillateur automa-
tique. externe.
personne à l’article de la mort. Il serait une personne est disponible, demandez-
donc bienvenu de se remémorer réguliè- lui d’aller à la rencontre des secours qui
rement ces gestes qui sauvent, soit par n’auront pas besoin de chercher l’endroit.
des cours de remise à niveau, soit sim- Pour un infarctus ou une attaque céré-
plement en regardant une vidéo ou un brale, il est recommandé d’allonger la per-
manuel expliquant la marche à suivre. De sonne, de lui surélever la tête, de détendre
cette manière, si l’on se trouve confronté à les vêtements qui serrent (ceinture, cra-
une situation d’urgence, il sera plus facile vate, soutien-gorge, etc.).
de maîtriser la panique et de savoir utiliser Lors d’un arrêt cardio-circulatoire, il
les bons gestes. faut commencer immédiatement la réa-
nimation pendant que quelqu’un cherche
Comment reconnaître un un défibrillateur automatique externe, s’il
infarctus, une attaque céré- y en a un à proximité. Pour réanimer, il
brale et un arrêt cardio-cir- faut insuffler deux fois de l’air dans les
culatoire ? poumons (respirez profondément avant
Les symptômes d’un infarctus sont une pour oxygéner vos poumons) puis faites

L
a première cause de mort subite chez
un adulte est l’arrêt cardiaque. Plus la
réaction est rapide, meilleur sera le
pronostic de survie. C’est pour cette raison
que de plus en plus de lieux publics s’équi-
pent de défibrillateurs semi-automatiques
externes. Destinés à être utilisés par le
grand public, ils impliquent toutefois un
acte médical qui demande un minimum de
savoir-faire. Combien de gens face à une
situation d’urgence ne savent pas ou plus
comment réagir ?
De nombreuses personnes ont suivi
les cours de premiers secours, ne serait-
ce que pour passer le permis de con-
duire. Pourtant, il est rare de rencontrer
une situation d’urgence qui nous demande
de mettre en pratique ces acquis. Lorsque
des années ont passé et que l’on se trouve
pour la première fois confronté à une telle
situation, les gestes peuvent être impré-
cis, avec en plus l’émotion face à une
douleur très violente au milieu de la poi-
trine qui peut irradier dans les bras, surtout
le gauche, les épaules, le cou et/ou l’ab-
domen et qui dure plus de 15 minutes. Un
sentiment d’oppression, d’angoisse, des
difficultés à respirer, des nausées et une
grande faiblesse avec des sueurs froides
et un teint blafard. La personne ne mani-
feste pas forcément tous ces symptômes.
Il est parfois difficile de les reconnaître. La
douleur peut être dans le dos ou à l’ab-
domen. Elle peut même être ressentie
comme une oppression angoissante. S’il
y a un doute, il est important de se faire
examiner, même si tous les symptômes ne
sont pas manifestés.
Les symptômes d’une attaque cérébrale
sont : la personne se sent fatiguée soudai-
nement. Elle commence à parler bizarre-
ment, comme si elle était ivre et semble
ne pas bien comprendre ce qu’on lui dit.
Sa vision peut devenir floue, souvent d’un
30 compressions thoraciques vigoureuses
(au milieu du thorax, partie inférieure du
sternum, au moins 5 cm en-dessous à une
fréquence de 100 pressions par minute
environ, en relâchant complètement après
chaque compression. Puis recommencez
Rama/Wikipedia
sans interruption jusqu’à ce que la victime
Le Defibtech est l’un des défibrillateurs semi-automatiques externes revienne à elle ou que les secours ou le
mis sur le marché depuis 2007. défibrillateur arrivent. Si plusieurs sauve-
teurs sont présents, ils peuvent se relayer.
seul œil. Elle a une paralysie de la moitié Le défibrillateur automatique externe est
du visage, parfois aussi du corps, et peut Comment réagir adapté au grand public, il indique la mar-
avoir de violentes douleurs dans la tête. Lorsque la personne manifeste les che à suivre.*
Là encore, si certains symptômes appa- symptômes d’un infarctus, d’une attaque CATHERINE KELLER
raissent, il ne faut pas attendre pour aller cérébrale ou d’un arrêt cardio-circulatoire,
consulter car plus la prise en charge est il faut appeler les secours d’urgence - au * Une vidéo de démonstration est dis-
rapide, moins il y aura de séquelles. 144 pour la Suisse, au 15 pour la France, ponible sur www.linternaute.com/sante/
Une personne qui a un arrêt cardio-cir- au 100 ou 112 pour la Belgique et au 911 maux-quotidien/reportage/defibrillateur/
culatoire est gisante au sol. Elle ne réagit pour le Canada -, communiquer l’adresse defibrillateur-demonstration.shtml
plus aux stimuli, elle ne respire plus et on détaillée et décrire la personne, son âge
n’entend plus les battements de son cœur et son nom. Pour en savoir plus :
lorsqu’on met son oreille sur le thorax. Il est utile d’éclairer la maison de nuit. Si www.helpbyswissheart.ch

Une relation saine avec l’alimentation

N
ombreux sont ceux qui entretien-
nent une relation malsaine avec
la nourriture. La nourriture signi-
fie souvent beaucoup plus pour nous que
de simplement satisfaire notre faim physi-
que. Par conséquent, essayer de perdre
du poids ou de manger sainement néces-
site habituellement plus que de changer
son régime alimentaire.
Peu de gens savent ce que c’est que
d’avoir une relation saine avec la nourri-
ture car ils n’ont pas de modèles. Autour
de nous, les mauvais exemples sont
transmis par les médias et la publicité
qui nous rappellent chaque jour à nos
anciens amours (biscuits, chips, crèmes
glacées). Ils nous disent que nous serions
plus heureux si nous cédions à la tenta-
tion. Malgré ces défis, il est tout à fait pos-
sible de développer de saines habitudes
alimentaires. Certains comportements
fondamentaux nous aident à améliorer
notre relation avec les aliments.
Il vous sera plus facile d’apprendre les
bons comportements alimentaires en les
visualisant et en les intégrant à votre vie
plutôt que d’imaginer supprimer un com-
portement malsain.
Entretenir une relation
saine avec l’alimentation
• « Connectez-vous » à votre faim.
Ressentez quand votre organisme crie
famine. Vous arrive-t-il de manger par
désir, sans ressentir la faim ? Alors
essayez de ne manger que pour satisfaire
votre faim. Si vous mangez sans la sen-
sation de faim, arrêtez-vous et deman-
dez-vous pourquoi.
• Sachez ressentir lorsque vous êtes
rassasié et arrêtez de manger à ce
moment-là. Pour y arriver, essayez ceci :
ralentissez le rythme avec lequel vous
mangez et branchez-vous sur les indices
qui vous indiquent que vous êtes rassa-
sié. Si vous souhaitez continuer à man-
ger, demandez-vous pourquoi.
• Être capable de rester à côté des des-
serts (ou d’autres aliments) sans trop de
contrainte est une réaction saine difficile
à atteindre. Pour y arriver, essayez ceci :
faites une liste des aliments que vous
adorez mais qui ne correspondent pas au
plan alimentaire que vous vous êtes fixé.
À la fin de la semaine ou du mois, choisis-
sez un aliment « interdit » et mangez-en
pour vous faire plaisir. De cette manière,
vous pouvez en profiter avec modération.
• Comment être capable de rester
dans une salle remplie de bonnes cho-
ses à manger sans se sentir coupable ?
Prenez la pleine jouissance de vos choix
alimentaires. Une relation saine avec les
aliments n’entraîne pas de culpabilité.
Nous sommes des adultes. Lorsque nous
faisons des choix, nous devons assumer
la responsabilité de ces choix. Si vous y
êtes prêt, il n’y a aucune raison de se sen-
tir coupable.
• Être capable de résister à votre ali-
ment favori : en étant à l’écoute de votre
corps, vous pouvez sentir quand vous
n’avez pas besoin ou envie de cet ali-
ment, et ainsi ne pas tomber dans une
alimentation réflexe simplement parce
que la nourriture est disponible. Choisis-
sez donc de manger parce que vous avez
besoin de satisfaire votre faim et de vous
abstenir de manger quand vous n’avez
pas faim.
• Mangez confortablement, que ce soit
en compagnie ou seul. Une relation saine
avec la nourriture vous permettra d’être
à l’aise dans des environnements dif-
férents. Toutefois, pour entretenir cette
relation saine, il faut parfois se retrou-
ver dans des environnements qui déclen-
chent des comportements malsains afin
de les gérer et de trouver des stratégies
efficaces.
• Comment être capable de gérer ses
émotions difficiles sans se tourner vers la
nourriture comme source de réconfort ?
Pour commencer, prenez un journal pour
écrire ces émotions difficiles et ce qu’elles
déclenchent en vous pour pouvoir pren-
dre du recul. Une autre astuce est de fixer
une routine pour l’heure du repas. Par
exemple, l’heure du repas doit être une
activité distincte : vous mangez assis à
la table, peut-être même avec une bougie
pour créer une atmosphère sereine. Fai-
tes-en une règle et ne mangez que durant
ces périodes.
• Comment choisir des aliments sains
la plupart du temps sans se sentir en
manque ? Si vous vous sentez en man-
que, demandez-vous pourquoi. Souvent,
vous pouvez être confus sur ce que vous
voulez pour vous-mêmes.
• Ne pas penser constamment à la
nourriture. Les personnes qui entretien-
nent une relation malsaine avec la nour-
riture y pensent beaucoup et anticipent
la prochaine chose qu’ils vont manger.
Changer ce mode de pensée est diffi-
cile. Vous pouvez essayer de vous con-
centrer sur autre chose qui vous tient à
cœur ou diriger votre énergie vers un pro-
jet créatif.
Vivre en adaptant un comportement ali-
mentaire sain est possible, ou au moins
un comportement meilleur que par le
passé. Pour y arriver, vous pourriez
essayer d’appliquer au moins l’un des
conseils de cette liste.
MELISSA KING
Melissa King est coach de vie et de
bien-être à New York. Elle encadre des
femmes qui travaillent sur la perte de
poids pour connaître plus de succès dans
leurs relations et plus de satisfaction pro-
fessionnelle.
http://www.myheartdances.com/

La Grande Époque EpochTimes.com

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La Grande Époque ● 1 – 15 JUILLET 2009
Christophe Dunand, directeur de Réalise.
Réinsertion par le
travail
La pression du chômage aug-
mente : délocalisation mas-
sive des emplois non qualifiés
et concentration de recrute-
ments surqualifiés dans le ter-
tiaire. Pour ceux qui n’arrivent
pas à répondre à ces exigen-
ces, la difficulté de réinser-
tion augmente. Alors qu’il y
a 25 ans, 50 % des person-
nes encadrées par l’entreprise
suisse de réinsertion « Réa-
lise » retrouvaient un poste
fixe, ce pourcentage n’est plus
aujourd’hui que de 30 %.
I
l existe plusieurs structures qui
aident à la réinsertion des person-
nes marginales et des chômeurs de
longue durée. Si chacune a ses parti-
cularités, elles ont toutes le même but
: réinsérer des personnes en difficulté
dans la vie sociale active, dont le tra-
vail est un pilier. Focus sur l’entre-
prise de réinsertion « Réalise » basée
à Genève, en Suisse.
Réalise a souhaité marquer l’an-
niversaire de ses 25 ans d’existence
en proposant une conférence débat
afin de partager et de développer de
nouvelles idées pour être encore plus
performante. Dans ce cadre, Patrick
Schmid, directeur de l’office canto-
nal de l’emploi à Genève s’exprimait
: « Dans notre société si compétitive,
les exigences pour rester parmi les
meilleurs font que de plus en plus de
gens se retrouvent sur la touche. Pour-
tant ces personnes peuvent quand
même apporter une vraie contribution
à la société. Pour les aider, nous avons
remarqué qu’une prise en charge indi-
vidualisée était le plus efficace et le
plus rapide. Réalise agit dans ce sens.
Réalise est une référence dans le
domaine de la réinsertion économi-
que parce qu’elle utilise le travail. Ceci
reste l’objectif de référence. Grâce à
Réalise, les chômeurs de longue durée
retrouvent un travail reconnu par la
société. Le potentiel de la réinsertion
par le travail est vraiment très grand,
il n’est limité que par notre créativité
pour développer des compétences et
trouver des places de travail. »
L’histoire de Réalise
En 1984, des bénévoles compétents
s’associent pour créer Réalise dans
le but de permettre à des personnes
dites marginales, telles que d’anciens
toxicomanes, de se réinsérer dans le
monde du travail à travers une entre-
prise, Rapid Service, qui propose des
travaux de jardinage, de nettoyage et
de transports. De cette manière ce sont
250 personnes qui ont pu sortir du sys-
tème de l’aide sociale et retrouver une
vie indépendante.
En 1989, Réalise développe des Pour en savoir plus : www.realise.ch
« ateliers service » pour des person- 8 rue Viguet - 1227 Les Acacias
La Grande Epoque
nes ayant une santé précaire ainsi
que pour les femmes pour qui le tra-
vail physique proposé par « Rapid Ser-
vice » est trop éprouvant. C’est aussi
à ce moment que l’aide se profession-
nalise.
En 1993, l’entreprise ouvre ses por-
tes aux chômeurs. Réalise travaille
alors en étroite collaboration avec les
services publics pour la réinsertion des
personnes qu’elle accueille. En 1997,
elle crée une charte qui met sur papier
l’esprit de l’entreprise qui se veut soli-
daire, respectueuse et tolérante. C’est
un refus de toute exclusion qui pousse
l’entreprise à motiver plutôt qu’à con-
traindre les personnes qu’elle accueille
pour qu’elles participent activement,
dans la mesure de leurs capacités, aux
développements de leurs compétences
et de leur autonomie.
En 1999, un atelier de recyclage
informatique voit le jour. Il recevra le
prix cantonal du développement dura-
ble en 2003. Puis en 2000 débute un
appel d’offre d’emploi temporaire en
collaboration avec l’office cantonal de
l’emploi. En 2002, l’entreprise reçoit la
certification ISO 9001/2000 et l’année
suivante celui de eduQua. En 2005,
débutent les premières formations, les
valorisations des connaissances et les
aides aux recherches d’emploi.
Aujourd’hui
Actuellement, l’entreprise propose
des stages différenciés qui permettent
une reconnaissance des savoirs-faire
professionnels et un job coaching qui
encadre chaque personne individuel-
lement dans ses démarches de réin-
sertion pour qu’elle puisse réellement
retrouver du travail.
Alain Girardin, ancien directeur
adjoint de Réalise et consultant de
l’entreprise déclare : « Le travail fourni
doit être de qualité car nous travaillons
avec des clients. Notre expérience
montre la pertinence de la formation
articulée avec les tâches à faire. Nos
prestations se sont modifiées au fil des
ans pour répondre aux besoins de la
société. Pour cela, nous avons décloi-
sonné les statuts administratifs pour
que les personnes provenant du chô-
mage, de l’invalidité ou du RMI tra-
vaillent ensemble afin de leur offrir le
plus de choix possible et les prestatai-
res en sont satisfaits. Nous avons éga-
lement multiplié les prestations tout en
supprimant celles qui n’étaient pas ren-
tables. »
L’entreprise a un potentiel d’accueil
de 90 places qui sont encadrées par
40 collaborateurs (y compris l’admi-
nistration). Les activités de l’entreprise
sont autofinancées par les prestations
fournies, entre autre un atelier informa-
tique qui répare et vend des appareils
recyclés garantis un an à des prix très
compétitifs.
CATHERINE KELLER
Que ferons-nous quand il n’y aura plus de pétrole ?
Y a-t-il une voiture du futur ?
À l’occasion du festival mondial
de la Terre, Nicefutur a orga-
nisé le 15 juin à Lausanne un
débat sur la voiture du futur.
Puisque le réchauffement cli-
matique est provoqué par la
pollution, et que plus particuliè-
rement les émanations de CO2
dans les transports sont res-
ponsables d’un quart de cel-
les-ci, il semble important de
réduire cet impact.
A
ctuellement, plusieurs alternatives
de véhicules sont à l’étude : des
voitures à faible consommation,
à moteur hybride, roulant aux biocarbu-
rants ou au gaz sont déjà sur le marché.
Les voitures fonctionnant à l’hydrogène
ou à l’électricité sont, elles, encore au
stade de prototype. Pourtant, aucune de
ces solutions n’est pour l’heure pleine-
ment satisfaisante. Le site autoplus.fr,
après avoir testé les modèles, estime
par exemple que les économies avan-
cées par les constructeurs ne sont pas
aussi importantes qu’annoncées.
Si le gaz naturel (le méthane) pollue
moins que l’essence et n’explose pas, il
n’est ni une énergie entièrement propre,
ni une énergie renouvelable : comme le
pétrole, ses réserves sont appelées à
s’épuiser.
L’hydrogène ne pollue pas et est
quasiment inépuisable. Sa fabrication
est par contre grande consommatrice
www.lagrandeepoque.com Art de vivre 15
d’électricité.
Les biocarburants peuvent être une
alternative s’ils sont issus de déchets
ménagers et agricoles, comme c’est le
cas en Suisse. Malheureusement, cela
ne représente qu’une toute petite par-
tie des besoins : la majorité des bio-
carburants provient de l’agriculture
industrielle, particulièrement du Bré-
sil et des Etats-Unis. Leur produc-
tion implique le défrichement de zones
forestières, la pollution des sols par
les pesticides et engrais chimiques, le
recours aux OGM. Le développement
des biocarburants aggrave de plus la
crise alimentaire que connaissent les
pays les plus pauvres. Parmi les organi-
sations qui dénoncent l’impact des bio-
carburants sur la sécurité alimentaire,
Swissaid a obtenu un moratoire de cinq
ans par le conseil national helvétique.
La voiture électrique, voi-
ture de demain ?
Les voitures électriques existent
depuis longtemps, mais ont été peu
développées car peu compétitives face
au pétrole. Le vent tourne cependant,
et plusieurs marques travaillent ardu-
ment pour proposer cette alternative.
Certains modèles sont déjà sortis et
d’autres arriveront prochainement sur
le marché. La voiture électrique, voiture
de demain ? Silencieuse, elle n’émet
pas de CO2.
Luc Debraine, journaliste, explique
par exemple dans son ouvrage Les voi-
tures électriques, un futur pour l’auto-
mobile que le moteur électrique est plus
performant, plus silencieux, plus réac-
Photos.com
tif, plus simple qu’un moteur à essence.
Son gros problème est l’autonomie des
batteries. Cette compétitivité est con-
firmée par Philippe Méan, directeur de
recherche et du développement chez
ALPIQ Énergie Suisse pour qui la voi-
ture électrique est la voiture de demain.
D’après lui les batteries, point faible de
cette voiture, deviennent de plus en
plus efficaces et l’ère de la compétitivité
commerciale approche donc.
Néanmoins le tableau n’est pas si
rose : Si les voitures électriques deve-
naient courantes, la demande en élec-
tricité exploserait ce qui exigerait la
production de nouvelles centrales élec-
triques, alors que l’électricité « propre »
est encore rare : thermique et nucléaire
sont les géants actuels de la produc-
tion.
Ceci est confirmé par Philippe Vir-
dis, directeur du groupe E (producteur
d’électricité en Suisse), qui regrette qu’il
n’y ait pas plus d’ouverture vers d’autres
modèles. Il explique que des recherches
actives sur la pile à combustion sont en
cours avec de gros moyens financiers
et qu’il n’est pas improbable que d’ici
quelques années, le rapport qualité
prix de celles-ci soit satisfaisant. Dans
ce cas, la voiture consommerait beau-
coup moins d’électricité et son utilisa-
tion se positionnerait vraiment comme
une solution verte.
A titre d’exemple, le concept de
Michelin et PSI qui propose un pro-
totype «Hy-Light» qui roule avec une
pile à combustion et qui ne pèse que
850 kg.
CATHERINE KELLER
La Grande Époque ● 1 – 15 JUILLET 2009
« Le dépôt des Dieux »
au musée Guimet
D Un ensemble contemporain
epuis le 17 juin jusqu’au 19 octobre 2009
le musée Guimet propose un nouvel évé-
pour la première fois installé
nement culturel : « Le dépôt des Dieux ». Il
s’agit de l’œuvre contemporaine de l’artiste d’origine
taïwanaise Hung-Chih Peng, présentée au cœur de
la bibliothèque historique du musée. Cette installa-
tion contemporaine au sein des collections perma-
nentes est suffisamment surprenante et déroutante
pour interroger le visiteur à propos des rapports
entre les hommes et les divinités.
L’œuvre est composée d’environ six cents sta-
tuettes en bois polychrome ou doré qui représen-
tent des divinités du taoïsme, du bouddhisme et du
confucianisme, les trois courants majeurs des reli-
gions d’Asie. Devant cette assemblée de dieux, l’ar-
tiste Hung-Chih Peng a placé un écran plasma sur
lequel est projetée une vidéo où « le moine canin »,
c’est à dire le chien de l’artiste, signe sur un mur
blanc le texte d’une chronique intitulée Supplique
aux Dieux. Ce texte qui se révèle progressivement
fait penser à ce trésor caché dont on parle dans le
bouddhisme tantrique ou lamaïque que l’on décou-
vre ensuite. Quelle est la raison de cette mise en
scène ? Le chien placé au centre de la création
devient le médiateur des textes sacrés et permet le
lien entre le lecteur et les écritures.
Alors pourquoi « Le dépôt des Dieux » ? Dans les
années 80, les jeux de loto étaient très populaires
à Taiwan et beaucoup de joueurs sollicitaient les
dieux pour obtenir des informations sur les numé-
ros gagnants. Les joueurs qui perdaient rejetaient
la responsabilité de leur déception sur les dieux et
condamnaient littéralement les dieux pour leurs divi-
nations inexactes. Les dieux qui avaient failli tom-
baient alors en déshérence et devenaient des dieux
abandonnés en finissant à la décharge, d’où le nom
de l’exposition « Le dépôt des Dieux ». Ce phéno-
mène social a ensuite donné à l’artiste Hung-Chih
Peng l’idée de réaliser une œuvre en rassemblant
les statuettes ayant survécu.
Il s’agit « du geste d’un artiste contemporain qui
ne passe pas par notre compréhension ou notre
choix d’orientaliste, je trouve ça fondamental et
cela va rompre un peu cette monotonie qu’il y a
dans notre musée où tout ce que nous avons là a
été choisi, conditionné par le point de vue que nous
portions sur l’Asie, sur l’Orient », a confié Jacques
Giès, président du musée Guimet, dans une entre-
vue à La Grande Époque. « Il faut prendre l’œuvre
comme un tout et il y a à la fois l’intention de l’ar-
tiste et l’histoire qu’il a vécue. Il est très difficile de
juger les œuvres contemporaines comme on juge
les œuvres du passé. Ces œuvres du passé que
nous avons autour de nous [au musée Guimet], sont
le monde des formes et nous y ajoutons la connais-
sance que nous avons des substratums religieux.
Mais c’est comme si nous injections en fait dans ces
œuvres du passé la raison religieuse, alors que là
nous sommes dans le vivant, dans le vécu, nous
sommes avec un artiste qui donne cette œuvre
qui est aussi complexe par ses intentions que par
sa perception du monde. De plus, dans un geste
comme celui-ci, ce ne sont même plus les dieux
qui sont rejetés, c’est Hung-Chih Peng qui se mon-
tre ».
Cette exposition marque l’ouverture du musée
Guimet à l’art contemporain. « Nous ouvrons la
page de la fabrique contemporaine de l’art de
l’Asie », a expliqué Jacques Giès. « Nous sommes
totalement ouverts, sans avoir d’a priori ni de théo-
ries sur ce que nous voulons faire, nous sommes
dans le présent vivant, tout est possible, tout est à
inventer. En tant que musée d’histoire, nous avons
la responsabilité de montrer à notre public ce qu’est
le monde vivant de l’Asie », a-t’il précisé.
WANG HONG
Rencontre avec l’artiste Hung-
Chih Peng
LGE : Comment vous est venue l’idée de l’œuvre
« Le dépôt des Dieux » ?
H.-C. Peng : Dans les années 80, les jeux de
loto étaient très à la mode à Taïwan, les gens sol-
licitaient les dieux pour la divination des numéros
gagnants. Quand les numéros choisis n’étaient pas
bons, ils punissaient les statuettes en leur coupant
la tête ou en les jetant à la poubelle. Tous les Taïwa-
nais connaissent cette histoire, ils savent bien de
quoi il s’agit. Bien sûr, ce n’est qu’une partie de l’his-
toire, car il y a aussi des gens qui ne vénèrent plus
de dieux pour d’autres raisons, mais de toute façon,
ce sont des dieux abandonnés. C’étaient des dieux
puissants, placés sur un piédestal, mais qui finissent
comme des clochards… J’ai trouvé cette histoire
très intéressante. Donc j’ai décidé de m’y intéres-
ser davantage. Il y des gens qui collectionnent ces
statuettes de dieux, souvent devant l’entrée de leur
habitation, où nous pouvons trouver des statues de
dieux alignées ensemble. Cela m’a d’abord donné
www.lagrandeepoque.com Culture 16
au musée Guimet : « Nous
ouvrons la page de la
fabrique contemporaine de
l’art en Asie », a annoncé
Jacques Giès, président du
musée Guimet.
l’idée d’en prendre une pour décorer, puis l’idée
m’est venue d’en faire cette œuvre, qui a été créée Siaoyong/La Grande Époque
en 2006. M. Lu de XinZhu m’a fourni ses collections, Au-dessus, l’artiste d’origine taïwanaise
au début je lui demandais de me les prêter. L’idée Hung-Chih Peng.
lui a plu, donc il me les a offertes. Ainsi, ces statuet- A gauche, une statue faisant partie de son
tes de dieux sont devenues des œuvres. exposition.
LGE : D’où viennent ces statuettes de dieux ? société ?
H.-C. Peng : Ces statuettes de dieux apparte- H.-C. Peng : Elle devrait avoir une fonction posi-
naient à ceux qui les vénéraient, mais plus tard ils tive et non pas destructive. Mais en réalité, il y a
ne croyaient plus aux dieux, ils les ont donc aban- même pas au niveau du chien… actuellement beaucoup de religions qui mènent
données. Le loto est une des raisons de cet aban- l’homme vers le conflit et pas vers la paix, n’est-
don, mais il y a aussi d’autres raisons comme par LGE : Quel rôle devrait jouer la religion dans la ce pas !
exemple un locataire qui laisse une statuette de
dieu à cause d’un déménagement. Quand les sta-
tues de dieu sont achetées, il faut faire une cérémo-
nie de consécration dans un temple. M. Lu m’a dit
avoir organisé cette cérémonie, mais je ne crois pas
qu’il l’ai faite pour autant de statuettes, l’une après
l’autre. Il est possible qu’il l’ait fait en une fois pour
l’ensemble des statuettes.
LGE : Combien de statuettes font partie de l’œu-
vre ?
H.-C. Peng : Il y a aujourd’hui 606 pièces, mais
l’œuvre s’agrandit, il y aura 700 statuettes en plus,
et après elle sera encore plus grande, deux fois
plus grande. Tous ce qui est écrit sur l’écran expli-
que l’histoire des jeux de loto. Il existe un article sur
cette histoire écrit par le professeur Lin Maoxiena,
que je vais intégrer, car elle fait partie de cette
œuvre.
LGE : Comment avez-vous trouvé le chien qui
vous a permis de réaliser la vidéo vers lequel se
tourne toutes les statuettes ? Est-ce vraiment le
chien qui écrit le texte ?
H.-C. Peng : Il s’agit de mon chien, il connaît son
travail, il sait qu’il travaille pour moi, nous arrivons
bien à communiquer ensemble. Tous les chiens
n’arrivent pas à faire cela, mais le mien est assez
facile à dresser. Honnêtement, je trouve qu’il est
très doué. En réalité, ce n’est pas le chien qui écrit.
Il y a une petite astuce : les mots sont composés
de croquettes pour chien, parce que le chien est
gourmand, son instinct est de les manger donc il
a mangé les mots, ces mots sont simplement de la
nourriture pour lui. Je filmais le chien quand il man-
geait, et ensuite je diffusais le film en mode de rem-
bobinage. Toutes les croquettes étaient mangées
par le chien, donc le mur était vide, ensuite les cro-
quettes apparaissent de la bouche du chien comme
si c’était lui qui écrivait.
LGE : Comment avez-vous eu l’idée de vous
exprimer en mettant le chien comme médiateur des
textes sacrés ?
H.-C. Peng : La religion est supérieure à l’homme,
mais le chien est inférieur à l’homme, donc j’ai fait
une comparaison à différents niveaux, une sorte de
transition. J’ai inversé l’ordre des choses. En effet,
il y a un sens derrière tout ça, je voulais dire sur-
tout qu’en ce qui concerne la religion, il s’agit surtout
d’une croyance, cette croyance contient beaucoup
de facteurs comme par exemple le prétendu lan-
gage des dieux. En réalité, c’est l’homme qui l’avait
écrit, concrètement Dieu est produit par l’état spi-
rituel de l’homme. Cette œuvre « Le dépôt des
Dieux » parle spécialement de diverses religions, il
concerne toutes sortes de religions et les différen-
ces entre elles. Plus particulièrement aujourd’hui les
chocs culturels et religieux sont des facteurs impor-
tants. Ces sujets m’intéressent, car j’écrivais moi-
même les textes religieux.
LGE : Comment voyez-vous ce phénomène
d’abandon des statuettes des dieux par l’homme ?
H.-C. Peng : C’est un phénomène très sarcasti-
que, car la religion est devenue un comportement
de l’échange et du bénéfice. En absence de béné-
fices, les dieux sont punis. Il s’agit d’une relation
entre les hommes et les dieux qui est pervertie par
la cupidité de notre société actuelle. En plus, parfois
même le chien, une créature inférieure à l’homme, a
plus de sagesse que l’homme lui-même, c’est-à-dire
que lorsqu’il est soumis à sa cupidité, l’homme n’est