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VÉRITÉS FONDAMENTALES

DE LA

RELIGION CHRÉTIENNE

kr 7

LA FOI ET LA VIE

(EKLE SWEDENSOK
14, SENTIER DES THEUX
1:3 ELL E (S.-ET-O.)
AVIS AU LECTEUR

Cette petite brochure forme partie d'une série de douze,


composée d'extraits des ouvrages théologiques d'Emmanuel Swe-
denborg.
La vérité spirituelle n'admet pas le genre de preuve qui s'ap-
plique aux vérités naturelles. Elle se vérifie par son accord avec
l'Ecriture Sainte, avec la raison et l'expérience, car c'est ainsi
que tc l'Esprit de Dieu Lui-Même rend témoignage à notre
esprit », et sans ce témoignage, la démonstration la plus claire
est sans profit. Dans un système compréhensif de doctrine réelle,
chaque vérité est en harmonie avec toutes les autres, et devient
encore plus évidente quand on la considère dans sa relation avec
ces dernières. C'est pourquoi le lecteur est invité non seulement à
examiner ces brochures avec un esprit ouvert, mais encore à sus-
pendre son jugement jusqu'à ce qu'il les ait toutes lues attenti-
vement.

La série complète est la suivante :

Dieu.
L'Incarnation.
La Rédemption.
L'Ecriture Sainte.
La Divine Providence.
La Charité, au l'Amour à l'égard du Prochain.
La Foi et la Vie.
La Mort et la Résurrection.
L'État Intermédiaire et le Jugement.
Le Ciel.
L'Enfer.
Le Second Avènement du Seigneur.
LA FOI ET LA VIE
CE QU'EST LA FOI

Par la foi, aujourd'hui, il n'est pas entendu autre chose que


là pensée qu'une chose est ainsi parce que c'est ce qu'enseigne
l'Église, et parce que ce n'est pas évident à l'entendement. On
dit, en effet, communément: U Croyez, et ne doutez point. .» Si
vous répondez : u Je ne comprends pas cela n, on vous dit que
c'est précisément pour cette raison ,que vous devez croire. Il s'en
suit que la foi d'aujourd'hui est une foi dans l'inconnu, et peut
être appelée une foi aveugle.
La vraie foi, n'est rien d'autre, que la reconnaissance qu'une
chose est ainsi, parce que cela est vrai. En effet, celui qui est
dans la vraie foi pense ainsi Cela est vrai; c'est pourquoi je
:

le crois. » Car la foi dans son essence est la vérité; et la vérité


est l'objet de la foi. Celui qui est dans la vraie foi dira aussi,
s'il ne voit pas qu'une chose est vraie : Je ne sais si cela est
vrai ; de sorte que je ne le crois pas encore. Comment puis-je croire
ce que je ne saisis pas par l'entendement Il se peut que ce soit
!

faux.
Cependant, on dit couramment que personne ne peut compren-
dre les choses spirituelles ou théologiques, parce qu'elles sont
surnaturelles. Toutefois, les vérités spirituelles peuvent être com-
prises tout aussi bien que les vérités naturelles; et quand même
la compréhension ne serait pas claire, toujours est-il que lorsqu'on
les entend énoncer, celui qui écoute peut discerner si elles sont
vraies ou non. Il m'a été accordé de savoir cela par de nombreu-
ses expériences. Je me suis entretenu avec des ignorants, des gens
linirds d'esprit et même stupides, aussi bien qu'avec quelques-uns
qui étaient imprégnés d'idées fausses, et "avec d'autres qui étaient
plongés dans des maux, et qui pourtant étaient nés dans l'Fglise,
et avaient appris quelque chose au sujet du Seigneur, de la foi
et de la charité; et il me fut accordé de leur parler d'arcanes de
la sagesse; et ils les comprenaient tous, et les reconnaissaient;
mais ils étaient dans cette lumière de l'entendement, que tout hom-
me possède, et en même temps dans le faste de leur propre intelli-
gence. Plusieurs personnes présentes furent convaincues par ces
expériences, que les vérités spirituelles peuvent être comprises
aussi bien que les vérités naturelles, quand on les entend énoncer
ou qu'on les lit; mais qu'elles sont comprises avec une plus ou
moins grande difficulté par l'homme lorsqu'il pense ensuite d'après
lui-même. La raison pour laquelles les vérités spirituelles peu-
vent être comprises est, que l'homme peut être élevé, quant à son
entendement dans la lumière dû ciel, dans laquelle seules les
vérités spirituelles, qui sont les vérités de la foi apparaissent :

car la lumière du ciel est la lumière spirituelle,


« Il s'en suit donc, que ceux gui sont dans l'affection spiri-
tuelle de la vérité la reconnaissent intérieurement. Comme les
anges sont dans cette affection, ils rejettent complètement le
dogme selon lequel l'entendement doit être assujetti à la foi;
car, disent-ils « Qu'est-ce. que croire une choy lorsqu'on ne
:

voit pas qu'elle est vraie / » Et si quelqu'un dit qu'on doit néan-
moins croire, ils répondent : Penses-tu que je sois assez fou
pour croire une affirmation oè je ne vois aucune vérité T Si elle
est vraie, montre-le moi » Sur quoi le dogmatisant se retire.
La sagesse angélique consiste uniquement en ceci, qu'ils voient
et comprennent ce qu'ils pensent.
Il y a une idée spirituelle qui influe chez ceux qui sont dans
l'affection de la vérité, et dicte 'intérieurement que ce qu'ils
entendent ou lisent est vrai ou ne l'est pas. Dans cette idée sont
ceux qui sont éclairés par le Seigneur lorsqu'ils lisent la Parole.
Etre éclairé, ce n'est pas ,autre chose qu'avoir une perception, et
par conséquent une reconnaissance intérieure, que telle ou telle
chose est vraie. Ceux qui sont ainsi éclairés sont dits être « en-
seignés par le Seignedr » (Esaïe, LIV. 13, Jean VI. 4); et
c'est d'eux qu'il est dit :

Voici les jours viennent, dit le Seigneur, où je traiterai une alliance . nou-
velle avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda-. Voici l'alliance.: je
mettrai ma loi au dedans d'eux, et je l'écrirai dans leur coeur; et je serai
leur Dieu, et ils seront mon peuple. Chacun d'eux n'enseignera plus son pro-
a
chain, ni chacun son frère, en disant : Connaissez le Seigneur ! car ils me
connaîtront tous, depuis le plus petit d'entre eux jusqu'au plus grand, dit le
Seigneur. — Jér., XXXL, 31, 33, 34.

D'après ces considérations il est manifeste que la foi et la


vérité font un.. C'est aussi la raison pour laquelle les Anciens,
qui pensaient aux vérités d'après l'affection bien plus que les
hommes de notre époque, ne parlaient pas de la foi mais'de la
vérité. Et c'est pour la même raison que, dans la langue hébraï-
que, là vérité et la foi sont exprimées par le même terme, à
savoir, Amuna ou Amen.
J'ai choisi la voie de la vérité '(amuna). — Ps., CXlX, 3°.
Le juste vivra par la foi (amuna). -- Hab., II, 4.

Le Seigneur dit à Thomas: « Parce que tu m'as vu, Thomas,


tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru ! »
(Jean XX. 29); par quoi il est entendu, non pai une foi séparée
d'une reconnaissance interne de la vérité, mais que ceux-là sont
bénis qui ne voient pas, le Seigneur de leurs yeux, comme Tho-
mas, et néanmoins croient en Lui, car cela apparaît clairement
dans la lumière de la véritz de, la Parole,
'Puisque la reconnaissance interne de la vérité est la foi, et que
la foi et la vérité sont un, il s'en suit qu'une reconnaissance
externe sans une reconnaissance interne n'est pas la foi. Une re-
connaissance externe sans une reconnaissance interne est une foi
dans l'inconnu; et une foi dans ce qui est inconnu n'est qu'une
•chose de la mémoire, quiP devient une persuasion lorsqu'elle est
confirmée. Ceux qui sont dans une telle foi et dans une telle
persuasion, croient qu'une chose est vraie parce qu'un autre •l'a
dit; et cependant une fausseté peut être confirmée aussi facile-
ment qu'une vérité, et parfois encore davantage. •

Si quelqu'un pense en lui-même, ou dit à un autre : « Oui


peut avoir cette reconnaissance interne de la vérité, qu'on appelle
la foi t Pour ma part, je ne le puis »: je lui enseignerai comment
il y parviendra: Fuis les maux comme péchés, et adresse-toi au
Seigneur, et tu auras autant de foi que tu le désires. Car celui
qui fuit Ies maux comme péchés est dans le Seigneur; et il aime
la vérité et la voit; et il a la foi. » — Doctrine dé la Foi, 1-6,
m-12.
4

LA PROGRESSION DE LA FOI

« Il a été dit ci-dessus ce que c'est que la foi; il sera main-


tenant dit ce que c est que la charité. La charité, dans sa première
'

origine, est l'affection du bien. Or comme le bien aime le vrai,


l'affection du bien produit l'affection du vrai et par l'affection
;

du vrai, la reconnaissance du vrai, qui est la foi.


L'homme, dès sa tendre enfance, a l'affection de savoir. Par
elle il apprend beaucoup de choses qui lui seront par la suite
utiles, et beaucoup d'autres qui ne lui seront d'aucune utilité. En
s'appliquant plus tard à quelque métier, il apprend les détails qui
se rapportent à cette occupation: celle-ci devient alors son usage,
dont il est affecté, Ainsi l'affection de l'usage forme le commen-
cement et produit l'affection des inoy.es par lesquels il devient
compétent dans son travail, lequel constitue son usage. Cette pro-
gression a lieu chez toute personne dans le monde; parce que
chacun a une occupation quelconque, dans laquelle il procède de
l'usage qu'il a en vue, par les moyens nécessaires, à l'usage lui-
même, qui est l'effet. Toutefois, 1 comme cet usage, de même que
les moyens de l'atteindre, est pour la vie dans le monde, l'affec-
tion qui I'a produit est une affection naturelle.
« Mais puisque\tout homme doit considérer non seulement les
usages qui lui permettront de vivre dans le monde, mais aussi
ceux qui le rendront apte lu la vie dans le ciel (puisqu'il doit
entrer dans l'autre vie après sa vie dans le monde, et y vivre
éternellement), chacun acquiert dès son enfance des connaissances
du vrai et du bien d'après la Parole, ou d'après la doctrine de
l'Eglise, ou encore d'après les prédications, car ces connaissances
ont pour but de conduire à la vie du ciel. Elles sont déposées
dans sa mémoire naturelle, en plus ou moins grande abondance,
selon l'affection naturelle de savoir et selon que cette affection
est stimulée par diverses causes.
« Toutefois, la totalité de ces connaissances, quelles qu'en
soient la quantité et la qualité, ne constitue qu'un amas de maté-
riaux qui peuvent servir pour la formation de la foi de la cha-
rité. Or, cette foi n'est formée que dans la mesure où l'homme
fuit les maux comme péchés, S'il fuit les maux comme péchés,
5

alors ces connaissances deviennent les connaissances d'une foi


dans laquelle il y a la vie spirituelle; mais s'il ne fuit pas les
maux comme péchés, ces connaissances ne sont que de simples
connaissances, et ne deviennent pas les connaissances d'une foi
vivante, ou d'une foi qui ait un degré quelconque de vie spiri-
tuelle.
Cependant, cette provision de connaissances sur la vie du ciel
est absolument nécessaire, parce que sans elles la foi ne peut être
formée. Car Ies connaissances du vrai et du bien entrent dans
la foi et la constituent. Si elles font défaut, la foi ne peut com-
commencer d'exiSter, puisqu'une foi complètement vide n'a point
d'existence. Si Ies connaissances sont 'en petit nombre, une foi
insuffisante et débile est formée. Si elles sont en grand nombre,
la foi qui peut en être formée est riche et vigoureuse en propor-
tion de leur abondance.
« Mais on. doit se rappeler que les connaissances qui servent
à la formation de la foi, sont les connaissances du vrai réel et
du bien réel, et nullement les connaissances du vrai falsifié. Car
la foi est essentiellement la vérité; or ce qui est faux, étant dia-
métralement opposé à la vérité,' détruit la foi. »
« Il y a aussi un grand nombre de gens qui n'ont point une
reconnaissance interne des vérités de la foi et qui néanmoins
ont la foi de la charité. Ce sont ceux' qui dans ,leur vie ont eu

égard au Seignéur, et ont évité les maux d'après leur religion;


mais ils ont été empêchés de penser aux vérités de la foi par
les soucis et leur travail dans le monde, aussi en raison du manque
de vérités chez ceux qui les instruisaient. Toujours est-il qu'inté-
rieurement ils sont dans la reconnaissance de la vérité parce qu'ils
sont affectés par elle; c'est pourquoi, après la mort, lorsqu'ils
deviennent des esprits, et sont instruits par les anges ils recon-
naissent aussitôt les vérités. Mais il en est tout autrement chez
ceux qui dans leur vie n'ont pas eu égard au Seigneur et n'ont
point évité les maux d'après leur religion. Ceux-ci ne sont inté-
rieurement dans aucune affection de la vérité, et en conséquence
ils ne sont dans aucune reconnaissance de la vérité; c'est pour-
quoi, après la mort, lorsqu'ils deviennent des esprits et sont
' instruits par Ies anges, ils ne reçoivent pas les vérités de la foi
fi

parce qu'ils ne veulent pas les reconnaître. Car le mal de la vie


a en aversion les vérités spirituelles; mais le bien de la vie aime
intérieurement ces vérités.
Ces connaissances du vrai et du bien qui précèdent la foi,
paraissent à certaines personnes être des choses de la foi ; et ce-
pendant elles ne le sont pas. Penser et dire que l'on croit n'est
pas une preuve que l'on croit vraiment. Le fait est que ces
connaissances n'appartiennent pas à la foi ; car elles consistent
seulement dans la pensée qu'une chose est ainsi, mais non pas
dans une reconnaissance interne que ce sont des vérités; or le
seul fait de croire que ce sont des vérités, alors qu'on ne sait pas
qu'elles le sont, est une sorte de persuasion très éloignée de la
reconnaissance interne. Mais dès,que la charité est implantée, ces
connaissances deviennent des choses de la foi. Dans le premier
état, avant que la charité soit perçue, la foi paraît être dans la
première place, et la charité dans la seconde; mais dans le deuxiè-
me état, lorsque la charité est perçue, la foi occupe la seconde
place et la charité la première. Le premier état est celui de la
réformation ; le second état celui de la régénération. Lorsqu'un
homme est dans ce second état, la sagesse s'accroît en lui chaque
jour, et le bien multiplie chaque jour les vrais et les fait fructi-
fier. L'homme est alors comme un arbre qui porte ses fruits, et
dépose dans ces fruits des semences, qui produiront de nouveaux
arbres, et enfin un jardin. Alors il devient vraiment un homme,
et après la mort, un ange, dont la vie est la charité, et dont la
forme est celle de la foi, forme dont la beauté est selon sa qua-
lité; mais sa foi n'est plus appelée foi alors, mais elle est appelée
intelligence. D'aprè:s ces considérations, on peut voir que le tout
de la foi provient de la charité, et aussi que c'est la charité qui
produit la foi, et qu'elle n'est pas produite par la foi. Les connais-
sances du vrai qui précèdent peuvent être comparées aux provi-
sions de blé dans une grange, qui ne nourrissent pas l'homme,
à Moins, qu'ayant faim, il n'aille chercher le blé pour en faire
du pain. » — Doctrine de la Foi, n'" 25-31.
LA CHARITÉ EST CAME OU L'ESSENCE DE LA FOI

Il faut qu'on sache que la charité et la foi font un, comme


la volonté "et l'entendement, puisque la charité appartient à la
volonté et la foi à l'entendement. Il faut qu'on sache également
que la charité et la foi font un comme l'affection. et la pensée,
puisque l'affection appartient à la volonté, et la pensée à l'en-
tendement. De même, la charité et la foi font un comme le bien
et le vrai, parce que le bien se rapporte à l'affection, qui appar-
tient à la volonté, et le vrai se rapporte à la pensée qui appartient
à l'entendement.
En bref, la charité et la foi font un, comme l'essence et la
la forme, puisque l'essence de la foi est la charité, et que la
forme de la charité est la foi; d'où il est évident que la foi sans
la charité est comme une forme sans une essence, ce qui n'est
pas quelque chose; et que la charité sans la foi est comme une
essence sans forme, ce qui de même n'est pas quelque chose.
'Il en est de la charité et de la foi chez l'homme précisément
comme du mouvement du coeur, qu'on appelle le systole et le
diastole, et du mouvement des poumons, qu'on appelle la respi-
ration. I/ y a aussi une correspondance parfaite entre la volonté
et l'entendement d'Une part et le coeur et les poumons, d'autre
part; c'est pour cette raison, du reste, que par le coeur dans la
Parole, il est entendu la volonté et son affection, et par l'âme,
ainsi que par l'esprit (ou le souffle) il est entendu l'entendement
et sa pensée. D'après ces considérations on peut voir qu'il ne
peut y avoir de foi sans charité, ni de charité sans foi; et que la
foi sans la charité serait comme la respiration des poumons sans
un coeur, ce qui est impossible chez toute créature vivante, mais
seulement dans un automate; et que la charité sans la foi serait
comme un coeur sans poumons, d'où ne procède nulle vie cons-
ciente. Il s'en suit que la charité opère les usages au moyen de la
foi, comme le coeur opère ses fonctions dans le corps au moyen
des poumons. — Doctrine de la Foi, n" 18, 19.
8

COMMENT LA FOI EST VORàIÉE D'APRI!".S LA CHARITÉ.

« Il sera Maintenant expliqué comment la foi est formée


d'après la charité: Tout homme a un esprit naturel et un esprit
spirituel; son esprit naturel est pour le monde, et son esprit
spirituel pour le ciel. L'homme quant à son entendement peut être
élevé dans la lumière du ciel et voir des vrais spirituels, même
s'il est dans le mal; mais quant à sa volonté, il ne peut être
élevé dans la chaleur du ciel, qui est l'amour on la charité armant
qu'il ne fuie les maux et ne les ait en aversion, comme péchés.
Lorsqu'il fai,t cela, son esprit spirituel est ouvert quant à la vo-
lonté aussi, Et quand il a été ouvert il reçoit la chaleur spirituelle
du ciel qui influe par son intermédiaire dans l'esprit naturel.
Cette chaleur spirituelle, qui, comme il vient d'être dit, est dans
son essence la charité, vivifie les connaissances du bien et du
vrai qui résident dans l'esprit naturel, et forme au moyen d'elles
la foi. Cela peut être comparé à nu arbre, qui ne reçoit pas la
vie végétatiVe avant que la chaleur influe du sOleil et se conjoi-
gne à la lumière, comme cela arrive dans la saison du printemps.
Il y a aussi un parallélisme parfait entre la vivification d'un
homme et la v&gétation d'un arbre, avec cette seule différence
que celle-ci est affectée par la chaleur naturelle de ce monde-ci,
tandis que celle-là a lieu par la réception de l'influx de la cha-
leur spirituelle. C'est aussi pour cette raison que, dans la Parole,
l'homme est si souvent comparé à un arbre, Doctrine de
la Foi, n ° 32.

LA QUESTION DE LA PRIOHITg DE LA FOI


OU DE LA CHARITÙ,

« De la sagesse des Anciens a dédoulé ce dogme que l'univers,


et toutes et chacune des choses qui le composent, se réfèrent au
bien et au vrai, et qu'ainsi toutes les choses de l'Eglise se réfèrent
à l'amour ou à la charité, et à la foi, puisque tout ce qui découle
de l'amour ou de la charité est appelé bien, et que tout ce qui
découle de la foi est appelé vrai; or, comme la charité et la foi
sont distinctement deux, mais néanmoins font un chez l'homme
polir qu'il soit homme de l'Eglise, c'est-à-dire, pour que l'Eglise
soit dans l'homme, c'est pour cela que chez les Anciens il y avait
controverse et discussion sur lequel des deux devait être le pre-
mier, et ainsi être nommé avec droit le premier-né: quelques-uns
disaient que ce devait être le vrai, par conséquent la foi; et d'au-
tres, que ce devait être le bien, par conséquent la charité; ils
voyaient, en effet, que l'homme, dès sa tendre enfance, apprend
à parler, et à penser, et par là à perfectionner son entendement;
ce qui a lieu par les sciences, et ainsi à apprendre et à compren-
dre ce que c'est que le vrai et qu'ensuite par ces moyens il apprend
et comprend ce que c'est que te bien, par conséquent d'abord ce
que c'est que la foi, et ensuite ce que c'est que la charité. Ceux
qui saisissent ainsi la chose crurent que le vrai de la, foi était le
premier-né, et que le bien de la charité était né après; aussi
attribuèrent-ils h la foi les prérogatives de la primogéniture;
niais ils étouffèrent leur entendement sous une quantité d'argu-
ments pour la foi, au point qu'ils ne virent pas qu'e la foi n'est
pas la •foi si elle n'est pas conjointe à la charité, et que la cha-
rité aussi n'est pas la charité si elle n'est conjointe à la foi, et
qu'ainsi elles foin un.
Comme il est important que le sujet soit en quelque lumière,
je dévoilerai ici comment ou par quelles raisons la charité et la
fui font un : La foi, par laquelle est, entendu le vrai, est le pre-
mier dans le temps; mais la charité, par laquelle est aussi entendu
le bien, est le premier par là fin, ou . le but; or ce,qui est le pre,
nier par la fin est en actualité le premier, parce que c'est le:
principal, par conséquent, c'est aussi le premier-né; et ce qui est
le premier dans le temps n'est pas le premier en actualité, ruais:
il l'est en apparence; pour que cela soit saisi, je vais l'illustrer
par des comparaisons faites avec la construction d'un temple, la
construction d'une maison et la disposition d'un jardin. Pour un
temple, le premier dans le temps,• c'est de poser le fondement,
d'élever Ies murs, d'établir le toit, et ensuite de dresser un autel,
et de placer une chaire; mais le premier par la fin, c'est le culte
de Dieu dans ce temple, culte pour lequel il a été consti'uit.
IO

Pour une maison, le premier dans le temps, c'est d'en bâtir les
dehors, et 'd'en arranger les dedans pour tout ce qui est néces-
saire; niais le premier par la fin, c'est une habitation commode
pour soi et pour tous ceux qui doivent loger dans cette maison. ,

Pour la disposition d'un jardin, 'le premier dans le temps, c'est


d'aplanir le sol, de préparer l'humus, de planter des arbres, et
de semer ce qui doit servir à l'usage; mais le premier par la fin,
c'est l'usage des fruits qu'on en retire. D'après ces correspondan-
ces, chacun peut conclure ce qui en soi est le premier. Est-ce que
tout homme lorsqu'il veut construire un temple, ou une maison,
disposer un jardin et préparer un champ, n'a pas pour première
intention l'usage Est-ce que cet usage ne tient pas et n'agite
pas son mental, pendant qu'il se procure les moyens pour l'obte-
nir Nous concluons donc que le vrai de la foi est le premier
dans le temps, mais que le bien de la charité est le premier par
la fin, et que ce bien, par cela manie qu'il est le principal, devient
en actualité dans le mental le premier né. — Vraie Religion
Chrétienne, n 9 336.

LA Foi ET LA CHARITÉ
MANIFESTÉES DANS I,ES BONNES ŒUVRES

Jusqu'à présent•personne n'a su que dans les oeuvres il y a


toutes les choses de la vie de l'homme; car elles apparaissent seu-


lement comme des mouvements, qui Sont appelés actions, et qui
deviennent discours par les mouvements de la bouche, de la lan-
gue et du larynx, mais néanmoins ce sont elles qui non seule-
ment manifestent la charité et la foi chez l'homme, mais encore
les . .complètent et les perfectionnent; et cela, par la raison que
ni la foi ni la charité ne sont chez l'homme avant d'exister en
actualité, et elles existent en actualité dans les oeuvres.
Si dans les oeuvres il y a toutes les choses de la foi et de la
charité qui sont chez l'homme, c'est parce que les oeuvres sont
des activités qui ont leur origine dans sa volonté et dans sa pen-
sée, et que toutes les choses de la volonté et de la pensée se ré-
pandent dans les œuvres, absolument comme toutes les choses de
11

la cause dans les effets, et toutes celles de. la semence et de l'arbre


dans les fruits, car les oeuvres en sont les compléments.
C'est donc la raison pour laquelle tant de fois dans la Parole
les oeuvres sont commandées par le Seigneur, et qu'il est dit que
l'homme sera jugé selon ses oeuvres. D'après ces considérations,
un voit clairement quel est l'homme qui sépare la foi d'avec les
oeuvres, h savoir, qu'il est sans la foi, et que ses oeuvrés sont des
maux qui j•illissent de l'amour de soi et du monde. C'est pour-
quoi quand un tel homme est mis - Jans ses intérieurs,. ce qui
arrive après la mort, lorsqu'il devient esprit, toutes les, choses
qui ont apartenu à sa foi sont jetées cte côté et sont dissipées.
Apocalypse Expliquée, n' 822.

• CONi7ERNANT I„A For Sr I'AitiW. DE LA Crimo -re

L'homme n'est pas clans le• Ciel, ni par conséquent auprès


du Seigneur avant d'être dans le bien, c'est-à-dire dans l'affec-
..tion de la charité.
Ceux qui placent le salut dans la foi seule, et non en même
temps dans la vie de la foi, c'est-à-dire dans la vie de la cha-
rité,. croient que tout homme peut venir dans le ciel et vers le
Seigneur, quelle qu'ait été sa vie; car ils ne savent pas ce que
c'est que la vie de l'homme, et parce qu'ils ne le savent pas, ils
s'imaginent que la vie n'est rien ; c'est pourquoi quand on leur
demande si le méchant peut être parmi les bons, ils disent qu'il
peut y être par la miséricorde de Dieu, parce que c'est là une
oeuvre de la Toute-Puissance; bien plus, quand on leur demande
si un diable peut devenir un ange du ciel, ils affirment qu'il le
peut pourvu qu'il veuille recevoir la foi, et ils ne doutent pas
qu'il ne puisse la recevoir; mais si on leur dit que le maI ne
peut être changé en bien, ni par conséquent l'enfer en ciel chez
l'homme, et que cela est impossible, parce que cela est contre
l'ordre, par conséquent contre le Vrai Divin, ainsi contre Dieu
Lui-Même, qui est l'Ordre, ils répondent que ce sont là des rai-
sonnements sur là salvation dont ils ne` s'occupent pas; par ces
exemples et un grand nombre d'autres, on peut voir dans quel
12

aveuglement sur le salut et sur la vie éternelle on est conduit


par la doctrine de la foi seule. — Arcanes Célestes, n" 8765.

L'ÉTAT DE CELUI QUI EST DANS LA FOI SEULE

« L'homme dont le rationnel est tel, qu'il est seulement dans


k vrai de la' foi, sans être en même .temps dans le bien de la
charité,. est absolument comme un onagre; c'est un 'homme mo-
rose, n'endurant rien, opposé à tout le monde, voyant chacun
comme étant dans. le faux; il réprimande, châtie et punit cons-
tamment; il est sans pitié, il ne s'applique ni ne stétudie à conci-
lier les esprits, car il examine tout d'après le vrai et ne considère
rien d'après le bien, )) Arcanes Célestés, n 0 1949.

'91;71741:Wer,7
LA Foi VIVANTE

« Toutes les choses de la foi qui, dans la Parole, sont signi-


fiées par le premier-né des fils, sont les choses qui proviennent
du•bien de la charité, car la foi existe par ce bien; en effet, les
vérités, qu'elles soient, prises de la Parole, ou de la doctrine de
l'Eglise, •ne peuvent en aucune manière devenir des vérités de
la 'foi, à moins qu'il n'y ait un bien dans lequel elles suent
enracinées. La raison en est que c'est l'entendement qui le pre-
mier reçoit les vérités, puisqu'il les voit et les introduit vers la
volonté; et quand elles sont dans la volonté, elles sont alors dans
l'homme, car la volonté est l'homme lui-même; celui, donc, qui
•s'imagine que la foi est la foi chez l'homme, avant que l'homme
veuille, se conformer aux vérités, et que d'après cette volonté il
s'y conforme, se trompe lourdement. Les vérités de la foi ne
vivent pas chez lui auparavant. Tout ce qui appartient à la vo-
lonté est appelé bien, parce que cela est aimé; c'est ainsi que la
vérité devient le bien, ou la foi devient la charité dans la volonté.
« Il y a deux discussions qui ont infecté l'Eglise dès les pre-
miers temps; l'une, si la foi était le premier-né de l'Eglise, ou
c'était la charité; l'autre, si la foi séparée de la charité sauve.
13

Si ces deux discussions ont existé, ce fut parce que les vérités
qui appartiennent à la foi• sont aperçues par l'homme, tandis que
le bien qui appartiendra à la charité n'est pas perçu avant que
l'homme ait été régénéré, car les vérités de la foi entrent par le
chemin externe, savoir, par l'ouïe, et se reposent dans la mémoire,
et de là se présentent dans l'entendement; mais c'est par le che-
min interne, savoir, par l'homme interne, que le bien de la charité
influe du ciel, c'est-à-dire du Seigneur par le ciel, et pour cette
raison il n'est pas perçu .avant que les vérités, qui sont appelées
vérités de la foi, commencent à être aimées pour un usage bon
et pour la vie, ce qui arrive quand elles deviennent des choses
de la volonté:'c'est donc parce que l'homme commence toujours
par apprendre les vérités de la foi qu'on a appelé la foi le pre-
mier-né, et qu'on lui a attribué le droit de primogéniture, c'est-
à-dire, le droit de priorité et de supériorité sur le bien de la
charité, et cependant le bien de la charité est en réalité antérieur
et supérieur et la vérité de la foi l'est seulement en apparence.
« Si . l'homme de l'Eglise a été dans l'obscurité sur ce sujet,
c'est parce qu'il ne's'était pas rendu compte qu'il y a deux facul-
tés chez l'homme, à savoir l'entendement et la volonté; que le
vrai se rapporte à l'entendement, et le bien à la volonté, et que
s'ils ne se rapportent pas à l'un et à l'autre, ils ne sont pas appro-
priés à l'homme. Comme ces choses. étaient dans l'obscurité et
que cependant c'est sur elles que sont f6ndées les idées de la
pensée de l'homme, voilà pourquoi l'erreur n'a pu être manifestée
devant l'homme naturel, tandis que cependant si elle eût été une
fois manifestée, l'homme de l'Eglise aurait vu clairement,. d'après
la Parole que le Seigneur Lui-Même a prononcée, d'innombrables
choses concernaUt le bien de la charité; entre autres ; que ce bien
est la chose principale de l'Église, et que la foi n'est pas ailleurs
que dans ce ,bien. Le bien de la charité consiste à faire le bien
d'après la volonté du bien. Il aurait' vu aussi les erreurs qu'intro-
duit la doctrine de la foi séparée d'avec la charité; par exemple,
que l'homme peut vouloir le mal et cependant croire la vérité,
ce qui équivaut à dire que la vérité concorde avec le mal; puis
aussi que la foi peut faire la vie du ciel chez l'homme dont la
vie est infernale; et qu'ainsi ceux qui sont dans l'enfer peuvent
14

être élevés (lins le ciel, et vivre parmi les anges une vie diamé-
tralement opposée à leur •ie intérieure Ceux qui pens'ent ainsi
ne considèrent pas que vivre une vie contraire à celle dont on
s'était imbu dans le monde, c'est. être privé de la vie; et que
ceux qui essaient de vivre ainsi sont comme ceux qui sont à
l'agônie. De telles erreurs, et un très grand nombre d'autres, sont
introduites par la doctrine de la foi séparée d'avec la charité.
— Arcanes Céleste- s, n 0 92 24.
r( Toute vérité de la foi t>t semée dans l'homme interne, et
est enracinée dans l'homme externe; c'est pourquoi, à moins que
la vérité semée ne soit enracinée dans l'homme externe, cc qui
s'opère quand l'homme agit selon cette vérité, 'elle est comme
un arbry qui n'aurait pas été planté dans l'humus, mais placé
dessus, de sorte qu'il se dessèche aussitôt que la chaleur.dusoleil
se fait sentir; l'homme- qui a pratiqué les vérités porte cette
racine avec lui après la mort, mais non l'homme qui par la foi
seule les a connues et reconnues. n Apocalypse Révélée,. n ° 17.
tc Les vérités de la foi n'ont jamais aucune vie, à moins que
l'homme rie vive dans la charité; toutes les vérités de la foi
découlènt de la charité et sont dans la charité; et quand elles
sont dans la charité, elles ont la vie; la vie est dans la charité
cle n'est dans les vérités sans la charité.» —J.rcancs
Célestes, n 0 1928.
Quelqu'un dira : Tu as la foi, et moi . j'ai les œuvres : montre-moi donc ta
foi sans tes œuvres, et moi je te montrerai ma foi par mes œuvres. Tu crois
qu'il y o un seul Dieu; tu fais bien : les démons aussi le croient, et ils trem-
blent. Mais., éi homme vain veux-tu savoir que la foi qui est sans les szuvres
est morte.? Comme un corps sans aine est mort, de mêmé la foi sans les œuvres
est morte, — Jacques, II, 18-20, z6.

SALVIFIQUE

(( I a foi salvifique est la foi en le Seigneur Dieu Sauveur


Tésns-Clerist.
Si la foi salvifique est la foi en le Seigneur Dieu Sauveur,
c'est parce qu'Il est ,Dieu et Homme, étant Lui-Même dans le
Père et le Père en Lui, et qu'ainsi ils sont Un; ceux donc qui
15

s'adressent à Lui s'adressent aussi en même •temps au Père, et


ainsi à un seul et unique Dieu, et il n'y a pas de foi salvifique
eu un autre.
« Qu'il faille croire en Jésus-Christ le Fils de Dieu, Rédemp-
teur et Sauveur, conçu de Jéhovah et né de la vierge Marie, on
le voit d'après les commandements si souvent réitérés par Lui-
Même, et plus tard par les apôtres. On voit clairement d'après
les passages suivants que la foi en le Seigneur a été commandée
par Lui :
Jésus dit :' C'est la volonté du Père qui m'a envoyé, que quiconque voit le
Fils, et croit en Lui, ait la vie éternelle, et que je le ressuscite au dernier
jour. — Jean, VI, 40. -

Celui qui croit en le Fils a la Vie éternelle, mais celui qui ne croit point
en le Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. —
Jean, 111, 36.
Afin que quiconque croit en le Fils ne périsse point, mais qu'il ait la vie
éternelle; car Dieu a tellement aimé le monde, qu'Il a donné Son Fils
Unique-Engendré, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il
ait la vie éternelle. — Jean, III, 15, 16.

« La foi des apôtres n'a point été autre que la foi en le Sei-
gneur Jésus-Christ; on le voit dans leurs épîtres par plusieurs
passages dont je ne rapporterai que les suivants :
Je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi, et quant à ce que je vis
maintenant dans la chair, je vis en la foi en le Fils de Dieu. — Gal., I1, 28.
Paul bêcha aux Juifs et aux Grec la repentance envers Dieu, el.la foi en
notre Seigneur Jésus-Christ. — Actes, XX, 21.
Crois en k Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et ta maison. —
Actes, XVI, 3o, 31.
— Vraie Religion Chrétienne, n" 337, 338.

FAIRE LE BIEN

« Si, jusqu'à ce jour, il est à peine quelqu'un qui sache si le


bien qu'il fait vient de lui-même ou de Dieu, c'est perce que
l'Eglise a séparé la foi davec la charité et que le bien appartient
à la charité. L'homme donne aux pauvres, secourt les indigents,
dote des temples et des hôpitaux, sert l'Eglise, la Patrie et son con-
16

citoyen; il fréquente assidlnent le temple, et alors il écoute et


prie avec dévotion; il lit la Parole et les livres de piété, il pense_
au salut, niais il ne' sait pas• s'il fait ses choses d'après lui-même
ou d'après Dieu; il peut les faire d'après Dieu, il peut Ies faire
d'après lui-même; s'ils les fait d'après Dieu, elles sont des biens;
si c'est d'après lui,-même, elles ne sont pas des biens. De plus il
y a de semblables biens d'après soi-même qui en réalité sont des
maux, comme sont les biens hypocrites qui sont des déceptions et
des fraudes.
Les biens d'après Dieu et d'après soi-même peuvent être coin-
parés à l'or; l'or qui dans son intime est or, et qui est appelé or
fin, est le bon or; l'or allié à l'argent est aussi de l'or, mais sa
qualité dépend de son titre; l'or allié au cuivre est moins bon.
Mais "or artificiel, qui imite "or par la couleur, n'est pas bon car
la substance de l'Or n'est pas en lui. Il y a aussi la dorure comme
l'argent doré, le cuivre, le fer, l'étain, le plomb dorés, puis le bois
doré et la pierre dorée, matières qui, par leur extérieur peu -vent
même paraître comme de l'or; mais comme elles ne sont pas 'de.
l'or, elles sont estimées, ou d'après l'art, ou selon le prix de la
chose dorée ou selon le prix de l'or qu'on peut tirer de la dorure.
Ces choses' diffèrent en qualité de l'or même, comme les vête-
mentso diffèrent de l'homme. On peut même couvrir d'or du bois
pourri, de, scories et jusqu'à du fumier; c'est cet.or qui peut être
comparé au bien pharisaïque.
L'homme par la science peut savoir si l'or est pur clans sa subs- -

tance, s'il a de l'alliage, s'il est falsifié, et s'il n'est qu'en dorure;
mais par la Science, il ne sait pas si le bien qu'il fait est un bien
en soi; il sait seulement que le bien qui vient de Dieu est un bien,
et que le bien qui vient de l'homme n'est pas un bien; c'est pour-
quoi, comme il est important pour le salut de savoir si le bien
qu'on fait vient de Dieu, ou •s'il ne vient pas de Dieu. cela doit
être révélé; mais avant que cela soit révélé, il sera dit quelque
chose des biens. •

Il y a le bien .civil, le bien moral et le bien spirituel. Le bien


civil est celui que l'homme fait d'après la loi civile; par ce bien,
• •

il est homme. Le bien spirituel est celui que l'homme fait d'après
la loi spirituelle; par ce bien, l'homme est citoyen•dans.le monde
17

spirituel. Ces biens se suivent dans cet ordre le bien spirituel


est le suprême, le bien moral est le moyen, et le bien civil est le
dernier. L'homme quia le bien spirituel est homme moral et•aussi
homme civil; niais l'homme qui n'a pas le bien spirituel, apparaît
comme s'il était homme moral. et civil, mais néanmoins il ne l'est
pas. Si l'homme qui a le bien spirituel est homme moral et civil,
c'est parce que le bien spirituel a en soi l'essence du bien, et que
de lui procèdent le bien moral et le bien civil ; l'essence du bien
ne peut venir que de Celui qui est le Bien •Même. Donne à ta
pensée le plus vaste champ, médite de toutes tes foi:ces, et recher-
che d'où le bien est bien, et tu verras que' c'est par son Être, et
que ce qui est en soi 'l'Être du bien, cela est le bien; par conséquent
ce qui vient du Bien Même, ainsi de Dieu, cela est le bien; d'oie il
s'ensuit que le, bien qui ne procède pas de Dieu niais qui vient de
l'homme, n'est pas réellement le bien.
Il faut qu'on sache que le Suprême, le moyen et le dernier font
un, comme la fin, la cause et l'effet. Dc là, il sera évident que chez
l'homme qui a le bien spirituel, le moral chez lui est le spirituel
moyen, et le civil, le spirituel dernier. C'est pourquoi il a été (lit
que l'homme, qui a le bien spirituel, est homme moral et civil;
Mais que l'homme qui n'a pas le bien spirituel, n'est ni homme
moral, ni homme civil, mais que seulement ii apparaît comme s'il
l'était. Il apparaît ainsi à lui-même et aussi aux autres.
Si l'homme, qui n'est point spirituel, peut néanmoins penser
rationnellement et par suite parler comme l'homme spirituel, c'est
parce que l'entendement de l'homme peut être élevé dans la lu-
mière du ciel, qui est la vérité, et voir par cette lumière.; mais la
volonté de l'hoMme ne peut pas être élevée de même dans la cha-
leur du éiel, qui est l'amour, ni agir d'après cette chaleur. Il s'en-
•suit que la vérité et l'amour ne font• point un chez l'homme, à
Moins qu'il ne soit spirituel; de là vient aussi que l'homme peut
parler; c'est même ce qui fait la différence entre l'homme et la
bête. Du fait que l'entendement peut être élevé danS le ciel, lors-
que la volonté n'y est pas encore élevée, il .résulte que l'homme
peut être réformé et devenir spirituel ; mais il n'est réformé
et ne devient spirituel que du moment oir sa volonté est élevée
'aussi. C'est en raison de cette prérogative qua. - l'entendement
ti
18

sur la volonté de pouvoir s'élever dans la lumière du ciel


que tout homme, même le méchant, peut, comme l'homme
spirituel, penser rationnellement et par suite parler 'rationnelle-
ment; niais si néanmoins il n'est pas rationnel, c'est parce que
l'entendement ne dirige pas la volonté, mais c'est la volonté qui
dirige l'entendement. L'entendement ne fait qu'enseigner et mon-
trer le chemin; et tant qu la volonté n'est pas en même temps que
l'entendement dans le ciel, l'homme n'est poiFrit spirituel, ni par
conséquent rationnel; car lorsqu'il est abandonné à sa volonté ou
h son amour, il rejette de son entendement les choses rationnelles
qu'il a apprises au sujet de Dieu, du ciel et de la vie éternelle, et
à leur place il admet des choses qui concordent avec l'amour de la
volonté, et il les appelle rationnelles.
Le Seigneur enseigne dans Jean que personne ne peut par
soi-même faire quelque bien qui soit réellement . le bien.
Un homme ne peut rien recevoir, à lupins qu'il ne lui ait été donné du
— III, 27.

Et dans le même :
Celui qui demeure en Moi, et Moi ,çn lui, celui-là porte beaucoup de
fruit; car sans Moi vous ne pouvez rien faire. — XV, 5.
A tous. ceux qui L'ont reçu. ll leur a donné 1c droit d'être faits enfants de
Dieu; savoir, à ceux qui croient en son nom, qui ne sont point nés du sang,
ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais qui sont nés
de Dieu. — 1, 12, 13,

(( Croire -au Nom du Fils de Dieu, c'est croire. à la Parole et


vivre selon Elle; « la volonté de la chair » est le propre de la
volonté de l'homme, qui en soi est le mal, et « la volonté de
l'homme » est le propre de son entendement qui en soi est le faux
d'après le mal; ceux donc qui sont (( nés de la volonté de la
chair et de la volonté de l'homme » sont ceux qui veulent et font,
pensent et parlent d'après le propre. Les « nés de Dieu » sont
ceux qui veulent et font, pensent et parlent d'après le Seigneur.
En somme, ce qui vient de l'homme n'est-pas le bien, mais ce qui
vient du Seigneur est le bien. — Doctrine.- de Vie, 9-17.
19

LA RELIGION ET LA VIE

Toute religion appartient à la vie, et la vie de la religion consiste à faire


le bien ?

• tt Tout homme qui a de la religion sait et reconnaît que celui


.qui vit bien est sauvé, et que celui qui vit mal est condamné; en
effet, il sait et il reconnaît que celui qui vit bien pense bien, non
seulement au sujet de Dieu, mais aussi au sujet du prochain, mais
non celui qui vit mal. La vie de l'homme est son amour, et ce que
l'homme aime, non seulement il le fait avec plaisir, mais même y
pense avec plaisir. Si donc il est dit que la vie de la religion est
de faire le bien, c'est parce que faire le bien fait un avec 'penser
penser le bien; si• ces deux- choses ne font pas un chez l'homme,
elles n'appartiennent point à sa vie.
Tout homme qui lit la Parole voit que la religion appartient
à la vie; et que la vie, c'est de faire le bien. Dans la Parole sont
ces passages :
Quiconque aura violé l'un de ces plus petits 'commandements, et aura
ainsi enseigné les. hommes, sera appelé le plus petit dans le Royaume des
cieux; mais celui qui les aura observés et enseignés, celui-Iii sera appelé grand
dans le Royaume des Cieux. Car je vous dis que`si votre justice ne surpasse
celle des. scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le Royaume des
Cieux. — Mats., V, 19, 20.
Non, pas quiconque Me. dit, Seigneur ! Seigneur I entrera dans le Royaume
des Cieux', mais celui qui fait la volonté de Mon Père qui est dans los Cieux.
Matt., Vil, 21,
'Jésus dit Pourquoi m'appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous
:

point ce que je vous dis Quiconque vient à moi et entend mes paroles et les
fait, je- le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc;
mais quiconque entend mes paroles, et ne les fait point sera comparé à un.
homme insensé qui a bifti sa maison sur le sable. Matt., VII, 24, 26..
Ceux qui auront fait de bonnes œuvres sortiront des sépulcres en résurrec-
tion de vie, mais ceux qui en auront fait de mauvaises, en résurrection de juge-
ment. Jean, V, 29. •

Vous êtes mes amis si vous faites toutes lem choses que je vous commande.
je yous ai choisis, afin que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.
— jean, XV, 14, 16.
Voici, je viens bientôt, et j'ai mon salaire avec moi,...pour rendre à chacun
selon ses oeuvres. Apoc., XXII, 1,2.

Que ce soient les oeuvres qui font l'homme de l'Église et que ce


20

soit par elles qu'il est sauvé, le Seigneur l'enseigne aussi dans
les paraboles, dont plusieurs indiquent clairement que ceux qui
font de bonnes oeuvres sont acceptés et que ceux qui en font de
mauvaises sont. rejetés, par exemple la Parabole sur les vignerons.
— Matt. XXI 33-44; sur le Figuier qui ne donne pas dé fruit.
— Luc XIII .6 et suite; sur les Talents et les Mines à faire valoir,
— Matt. XXV. 14-31 ; Luc XIX. 13-25; sur le Samaritain qui
banda les plaies de l'homme blessé par les voleurs, — Luc, X,
30-37; sur le Riche et Lazare, — Luc XVI. .19-31, sur les dix
Vierges, — Matt. :XXV. 1.I2 - Doctrine de Vie, fl , 2.

• IL N'Y A POINT DE FOI SANS UNE VIE DE BIEN

(( lin homme peut savoir, penser et comprendre beaucoup de


choses, et cependant ne pas être sage; et comme il. appartient à la
foi de savoir et de penser, et plus encore de comprendre qu'une
chose est de telle ou telle manière, l'hornme.peut ainsi croire .qu'il
a la foi, alors qu'il ne l'a pas; ce qu'il fait qu'il ne l'a pas, c'est
qu'il est dans le mal de la vie, et que le mal de la vie et le vrai. de
la foi ne peuvent jamais agir ensemble. Le mal de la vie détruit
le vrai de la foi, parce que le mal de la vie appartient à la volonté
et le vrai de la foi à l'entendement, et que la volonté conduit -l'en-
tendemcnt et fait qu'il agit conjointement avec elle; c'est pourquoi . ,
si dans l'entendement il y a quelque chose qui ne concorde pas
avec la volonté, alors quand l'homme est abandonné à lui-même,,
et qu'il pense d'après son mal et d'après l'amour de ce mal,"soit
il chasse le vrai qui est dans l'entendement, soit il le falsifie.
Il en est autrement chez ceux qui sont dans le bien de la vie :
ceux-ci, abandonés à eux-mêmes, pensent d'après le bien et ils
aiment le vrai qui est dans l'entendement, parce qu'il concorde;
ainsi la conjonction de la foi et de la vie se fait comme celle
du bien et du vrai, et chacune d'elles est comme la conjonction de
l'entendement et de la yofonté.
Il s'ensuit que dans la mesure où l'homme fuit les maux comme
péChés, il a la foi, parce qu'ainsi il est dans le bien. Cela est aussi
confirmé par son contraire, en ce que celui qui ne fuit . pas les
maux comme péchés n'a pas la foi, parce qu'il est dans le mal, et

n
21

que le mal déteste intérieurement le vrai; extérieurement, il peut,


en•vérité, .le traiter en ami, le supporter, et même aimer qu'il soit
dans l'entendement; mais quand l'extérieur est enlevé, — ce qui
arrive après la mort, — il rejette d'abord le vrai qui était son ami
dans le monde, puis il nie que cela était le vrai, et enfin le 'prend
en aversion.
La soi-disante foi de l'homme méchant est une foi intellectuelle,
qui n'a rien du bien procédant de la volonté; ainsi c'est une foi
morte, qui est comme la respiration pulmonaire sans son âme pro-
venant du coeur; l'entendement aussi correspond au poumon et la
volonté au coeur. Elle est aussi comme une belle prostituée parée
de pourpre et d'or, qui intérieurement est infectée: la prostituée
aussi corre s pond à la falsification du vrai, et par suite, dans la -
Parole elle signifie cette falsification. Elle est encore comme un
arbre fruitier couvert de feuilles, mais qui ne porte point de fruits,
et que le jardinier arrache; l'arbre aussi signifie l'homme,.ses •
feuilles et ses fleurs, les vrais de la foi, et son fruit le bien de
l'amour. Mais tout autre est la foi dans un entendement où est
le bien d'après la volonté; cette foi est vivante; et elle est comme
la respiration pulmonaire dont l'âme pro'ient du coeur, ou encore
comme une belle épouse que la chasteté rend aimable pour son
mari et comme un arbre chargé de fruits.
Il y a plusieurs choses qui paraissent .appartenir seulement à
la foi; Par exemple, qu'il a un Dieu, que le Seigneur, qui est
ce Dieu, est le Rédempteur et le Sauveur, qu'il y a un Ciel et un
Enfer; qu'il y a une vie après la mort, et beaucoup d'autres choses
dont il n'est pas dit qu'il faut les faire, mais qu'il faut les croire.
Ces choses de la foi sont mortes aussi chez l'homme qui est dans
le mal, niais vivantes chez celui qui est dans le bien. S'il en est
ainsi, c'est parce que l'homme qui ,est dans le bien, non seulement
agit bien d'après la volonté, niais même pense bien d'après l'en-
tendement, quand il est seul, Or la pensée de l'entendement tire
son exister de l'amour de la volonté qui est l'être même de la
pensée dans l'entendement. Qu'on ajoute ii cela que, quand
l'homme fuit le mal nomme péché, il est dans le Seigneur, et que
le Seigneur opère toutes choses en lui : c'est pourquoi le Seigneur
22

dit à ceux qui lui demandaient ce qu'ils devaient faire pour faire
!es oeuvres de Dieu :
Ceci CF,t l'oeuvre de Dieu, cm: vow 'croyiez en Celui qu'Il a entulvé. ---
jean, .VI, /8, 19.

Croire en le Seigneur, ce n'est pas penser seulement .qu'il est


le Seigneur, c'est aussi garder Ies commandements, comme Il en- •

----•seigne ailleurs. n Darlrine di' la F 4=1-4 8 •

LA NÈ:CESSITÙ 11E FUIR LES MAUX CONINIE

u Qui ne sait et ne peut savoir que les maux empêchent que


le Seigneur ne puisse entrer chez l'homme l• En effet, le mal est
l'enfer et le Seigneur est le Ciel ;.or, l'enfer et le ciel sont opposés;
autant donc l'homme est dans l'un, autant il ne peut être dans
l'autre; car . l'un agit contre l'autre et le détruit.
Tant que l'homme est dans le inonde, il est dans un milieu.
entre le ciel et l'enfer; au-dessous est l'enfer et au-dessus le ciel,
et alors il est tenu dans la liberté de se tourner ou vers l'enfer ou
vers lé ciel. S'il se tourné vers l'enfer, il se détourne du ciel; mais
s'il se tourne vers le ciel, il se détourne de l'enfer. Ou, ce qui est
la même chose, tant que l'homme est dans le monde, il est dans
un milieu entre le Seigneur et le diable, et il est tenu dans la
liberté de se tourner ou vers l'un ou vers l'autre; s'il se tourne vers
le diable, il se détourne du Seigneur, mais s'il se tourne vers le
Seigneur, il se détourne du diable. Ou, ce qui est encore la• même
cflose, tant que l'homme est dans le monde, il est dans un milieu
entre le mal et le bien, et il est tenu dans la 'liberté de se tourner
vers l'un ou vers l'autre; s'il se tourne vers le mal, il se détourne
du bien; mais s'il se tourne vers le bien, il se détourne du mal.
Il est dit que l'homme est tenu dans la liberté de se tourner d'un
enté ou d'un autre; chaque homme a cette liberté, non d'après
lui-même, mais d'après le Seigneur; c'est pourquoi il est dit qu'il
y est tenu.
Il résulte évidemment de là que,•autant l'homme fuit !es maux,
autant. il est chez le Seigneur et dans le Seigneur; et que, autant
il est dans le Seigneur, - autant il fait les biens, non d'après lui-
même mais d'après le Seigneur. De là cette loi commune :
AUTANT QUELQU'UN FUIT LES. MAUX, AUTANT CI.
FAIT LES BIENS. Mais deux choses sont requises : La pre-
mière, que l'hou-une doit fuir les maux, parce qu'ils sont des péchés,
c'est-à-dire, parce qu'ils sont infernaux et diaboliques, ainsi conj..
tre le Seigneur et contre les lois divines; la seconde que l'homme
doit, comme) de lui-même, fuir les maux parce qu'ils sont des .

péchés, mais savoir et croire que c'est par le Seigneur.


Il s'ensuit que 1 Si l'homme veut et fait le bien, avant de fuir
:

les maux comme péchés, les biens qu'il fait ne sont pas des biens.
: Si l'homme pense et parle avec piété et ne fuit pas les maux
comme péchés, sa piété n'est pas de la piété. III : Si l'homme a
beaucoup de connaissances et de sagesse, et ne fuit pas les maux
comme péchés, il n'est pas réellement sage, car ce sont là des con-
naissances sans vie, parce qu'elles appartiennent seulement à son
entendenient et non en même temps à sa volonté, et de telles con-
naissances périssent avec le temps, parce qu'elles ne concordent
pas avec l'amour de sa volonté.
Toutes les choses qui ont été dites ci-dessus, la Parole les ensei-
gne dans un grand nombre de passages dont voici quelques-uns :

Nul ne peut servir deux Seigneurs : car, ou il haïra l'un et il aimera


l'autre, ou il s'attachera à l'un et ir méprisera l'autre; vous ne pouvez servir
Dieu et Mammon. Matt., VI, 24.
Comment pouvez-vous prononcer de bonnes choses, puisque vous êtes mé-
chants De l'abondance du coeur la bouche parle; l'homme bon du bon tré-
sor de son mur tire de bonnes choses; et- l'homme méchant d'un trésor mau-
vais, tire des choses mauvaises. -- Matt., XII, 34, 35.
Il n'y a point d'arbre bon qui fasse .du fruit pourri, ni d'arbre pourri qui
fasse .du bon fruit; chaque arbre est connu par son propre fruit; car sur des
épines on ne cueille pas des figues, et on ne cueille pas du raisin sur un buis-
son. — Lue., VI, 43, 44.

Un homme méchant peut fuir les maux comme choses nui-


sibles,• mais il n'y a qu'un Chrétien qui puisse les fuir comme
péchés. » Doctrine de Vie, nna. III, 18-24.

J'ai mis devant toi la vie st la mort, la bénédiction et la malédiction. Choi-


sis donc la vie, afin que tu vives, toi et ta.postérité, en aimant le Seigneur ton
24

Dieu, en obéissant à Sa voix, et en demeurant attaché à Lui; car c'est Lui qui
est ta vie et est la longueur de tes }ours. — Dent., XXX, 19, 20.
Cezzsez de ma. fr aire; apprenez à bien faire : recherchez la droiture. ---
Esaïe, I, 16, 17.

COMMENT VAINCRE 1.ES MAUX

Personne ne peut fuir les maux comme péchés insqu'an poilu


((

d• les avoir intérienremeut en aversion, si ce n'est par des combats


contre eux, »
a D'après la -Parole, chacun sait que le propre de l'homme par
Hérédité est le mal, et c'est de là que, par une convoitise innée,
il est porté vers les maux; et s'il ne pense pas que ce sont des
péchés, et que par ce motif. il n'y résiste pas, il les commet toutes
les fois que l'occasion s'en présente, et que sa réputation n'en
souffre pas.
Comme ce propre de ['homme fait la première racine de sa vie,
on voit quel arbre serait l'homme, si cette racine n'était extirpée,
et si une nouvelle racine n'était implantée; ce serait cet arbre
pourri qui doit être coupé et jeté au feu selon ce qui est dit dans
Matthieu — III, ro; VII. 19. Or cette racine n'est point ôtée
et une nouvelle n'est point mise à sa place. si l'homme ne considère
pas les. maux qui forment cette racine comme étant nuisibles pour
son âme; et qu'il ne veuille pour cette raison s'en détourner. Mais
comme ces maux appartiennent à son propre et font par consé-
quent ses délices, il ne peut s'en détourner qu'en luttant contre
eux, ainsi par des combats contre eux.
Tout homme qui croit qu'il. y a un enfer et un ciel, et qui
croit que dans l'enfer viennent ceux qui font les maux, et dans
le ciel ceux qui font les biens, celui-là combat; et celui qui com.-
bat agit d'après l'intérieur et contre la convoitise même qui cons-
titue la racine du mal ;. car celui qui combat contre quelque chose
ne veut pas ce quelque chose, et convoiter, c'est vouloir. De là
il est évident que la racine du mal n'est éloignée que par le
combat.
Autant donc quelqu'un combat et ainsi éloigne le mal, autant
le bien prend la place du maI,•et autant d'après le bien, il voit le
25

mal en face, et voit alors qu'il est infernal et horrible; et parce


qu'il est tel, non seulement il le fuit, niais même l'a en aversion,
et enfin il l'a en abomination.
L'homme qui combat contre les maux ne peut pas ne point com-
battre comme par lui-même; car celui qui ne combat pas comme
par soi-même ne combat pas; il se tient comme un automate, ne
voyant rien, ne faisant rien; et d'après le mal il pense continuel-
lement en faveur du mal; et non contre le mal; mais il faut néan-
moins que l'on sache que•le Seigneur seul combat dans l'homme
contre les maux; qu'il semble seulement à l'homme qu'il combat
par lui-même; et que le Seigneur veut que cela paraisse ainsi à
l'homme; parce que sans cette apparence il n'y a point de combat,
et par conséquent point de réformation.
[c Il est de l'Ordre Divin que l'home agisse d'après le libre
selon la raison parce que, agir d'après le libre selon la raison,
c'est agir d'après soi-même. Mais ces deux facultés, le libre et la
raison, ne sont point les propres facultés de l'homme;'elles ap-
partiennent au Seigneur chez l'homme; et en tant qu'il est homme,
elles ne lui sont point enlevée, puisque, sans el/es, il ne peut être
réformé; car, sans elles, il ne peut pas faire acte de repentance,
il ne peut pas combattre contre les maux ni faire ensuite des fruits
dignes de repentance. Maintenant, comme l'homme a le libre et
la raison par le Seigneur, et que l'homme agit d'après le libre et
la raison, il s'ensuit qu'il agit, non d'après lui-même mais tout à
fait comme de lui-même. » Doctrine de Vie, te 92-96, lot.
Si quelqu'un fuit les maux par tout autre motif que parce qu'ils 'sont ile6
péchés, il ne les fuit pas, niais seulement il fait qu'ils ne se montrent pas
devant le monde.
Celui qui vaincra, héritera toutes choses; Je serai mn Dieu, et il sera
mon fils. — Apoc. XXI, 7.
Le Seigneur votre Dieu est Celui qui marche avec vous, afin de combattre
pour vous contre vos ennemis, afin de vous délivrer. — Dcut. XX, 4.
Le Seigneur votre Dieu est Celui qui combat pour vous, comme l'a dit.
Josué, XXIII, trio.

LEs Lois or, LA VIE DE LA RELIGION


« Quelle est, sur tout ce globe, la nation qui ne sache que c'est
un mal de voler, de commettre adultère, de tuer, de porter faux
26

témoignage Si les nations l'ignoraient et qu'elles ne cher-


chassent pas par des lois à prévenir de tels crimes, c'en serait
fait d'elles, car sans ces lois, sociétés, républiques, royaumes, tout
s'écroulerait. On peut par conséquent être étonné que ces Iois
universellement connues sui toute la terre, aient été promulguées,
avec un appareil si miraculeux, du haut de la montagne de Sinaï,
par Dieu Lui-Même. Mais écoute :)'es lois ont été promulguées,
au milieu de tant de miracles, afin que l'on sût qu'elles étaient
non seulement des lois civiles et morales, mais ausi des lois spi-
rituelles, et que les transgresser, c'était non seulement agir mai
envers le concitoyen et la société, mais encore pécher contre Dieu.
C'est pourquoi ces lois, par la promulgation qu'en fit le Seigneur
du haut de la montagne de Sinaï, ont été faites lois de religion;
car il est évident que tout ce que le Seigneur Dieu commande,
Il le commande pour que ce soit chose de religion, et pour que ce
soit fait en vue de Lui-Même, et pour le salut de l'homme.
Comme ces lois furent les premières de la Parole, et par suite
les premières de l'Église qui allait être instaurée par le Seigneur
chez la nation israélite; et comme elles étaient, dans un court
sommaire, le complexe de toutes les choses de la religion, par
lesquelles il y a conjonction du Seigneur avec l'homme et de
l'homme avec le Seigneur, c'est pour cela qu'elles ont été si saintes
que rien n'a été plus saint.
S'il y avait tant de puissance et tant de sainteté dans cette loi,
c'est aussi parce qu'elle était le complexe de toutes les choses de
la.religion; car elle consistait en deux tables dont l'une contient
les choses qui ont égard à Dieu, et l'autre toutes celles qui regar-
dent l'homme. C'est pour cette raison que les préceptes de cette loi
sont nommés les Dix Paroles; ils sont ainsi nommés, parce que
(( dix signifient toutes choses.
Comme il y a, par cette Loi, conjonction du Seigneur avec
l'homme et de l'homme avec le Seigneur, elle est nommée Alliance
et Témoignage : Alliance parce qu'elle conjoint et Témoignage
parce qu'elle atteste. C'est pour cela qu'il y avait deux Tables,
l'une pour le Seigneur et l'autre pour l'homme; la conjonction est
faite par le Seigneur, mais seulement lorsque l'homme fait ce qui
a été écrit dans sa table; car continuellement le Seigneur est pré-
27

sent et il opère ion habitacle chez l'homme; mais l'homme d'après


son libre qui lui vient du Seigneur, doit ouvrir la porte. En effet,
le Seigneur dit :

Voici, je me tiens à la portc, et je heurte; si quelqu'un entend Ma voix et


ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et .,lui avec moi.
Apoc. III, 20.
Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. — Matt. XIX, 17.
De ees deux commandements dépendent toute la loi et les Prophètes. —

Matt. XXII, 40.

LA Polere'd.: Du D iCA LOGUE

Si le Décalogue, dans le sens spirituel, et dans le sens céleste,


contient universellement tous les préceptes de Doctrine et de Vie,
ainsi toutes les choses de la foi et de la charité, c'est parce que la
Parole, dans le sens de la lettre, dans toutes et dans chacune de
ses parties cache deux sens intérieurs l'un qui est appelé spiri-
:

tuel, l'autre qui est appelé céleste, et que clans ces sens il y a la
Divine Vérité dans sa lumière, et la Divine Bonté dans sa chaleur.
Personne, ia moins de savoir quelle est la Parole, ne peut con-
cevoir par aucune idée que dans chacune de ces parties il y a,
l'infinité, c'est-à-dire qu'elle contient des choses innombrables que
les anges eux-mêmes ne peuvent jamais épuiser; chaque mot y
peut être comparé à une semence qui, au moyen de l'homme, peut
devenir un grand arbre, et produire en abondance des semences,
d'oh proviennent de nouveau des arbres semblables, qui ensemble
font un jardin, et d'après les semences de celui-ci fait de nouveaux
jardins et ainsi à l'infini. Telle est la Parole du Seigneur dans
chacune de ces parties, et tel est Principalement le Décalogue, car
du fait qu'il enseigne l'amour envers Dieu, et l'amour à l'égard
du prochain, il est le bref complexe de toute la Parole. C'est ce
que le Seigneur enseigne aussi par cette similitude :.
Le Royaume des. Cieux est semblable à un grain de moutarde qu'un homme
ayant reçu sema dans son champ; il est plus petit que toutes les semences, mais
quand il a crû, il est plus grand que les légumes, et il devient arbre, tellement
que les oiseaux du ciel viennent et ils font leurs nids dans ses branches. —

Malt, XIII, 31, 3z; Marc IV, 3i, 32; Luc XIII, 18, 19.
2S

« Qu'il y ait une telle infinité de semences spirituelles ou de


vérités Divines dans la Parole, on peut le voir d'après la sagesse
angélique, qui procède toute de la Parole; elle augmente éter-
nellement chez les anges, et plus ceux-ci sont sages, plus ils voient
clairement que la Sagesse est sans fin,; et ils perçoivent qu'ils ne
sont eux-mêmes qu'à l'entrée, et qu'ils ne peuvent quant à la plus
petite chose atteindre la Sagesse Divine du Seigneur, qu'ils nom-
-ment un Abîme. Maintenant, comme la Parole émane de cet.Alii-
me, puisqu'elle vient du Seigneur, il est évident que dans toutes
ss parties a y a une sorte d'infinité.
« Les lois dé la vie spirituelle, les lois de la vie civile et les
lois de la vie morale sont enseignées aussi dans les dix préceptes
du Décalogue: dans les trois premiers préceptes, les lois de la
vie spirituelle; dans les quatre suivants, les lois de la vie civile,
et dans les trois derniers, les lois de la vie morale )) (i). — Ciel
cl Enfer, n° 531.

L'UNITÙ DE LA VIE SPIRITUELLE

« L'amour, la vie et les oeuvres chez chaque homme font un,


au point que, soit qu'on dise l'amour ou la vie ou les oeuvres,
c'est la même chose; l'amour, en effet, constitue la vie de l'hom-
me, et sa vie est telle qu'est son amour, non-seulement la vie du
mental, mais aussi en même temps la vie du corps; et comme ce
que l'homme aime, il le veut aussi par le mental et le fait par
le corps, il s'ensuit que l'amour et les oeuvres font un. On peut
montrer par plusieurs considérations que les oeuvres procèdent de
la vie tant interne qu'externe de l'homme, qu'elles sont les acti-
vités de la sphère d'affections et de pensées qui l'environne, et

(0 Il faut remarquer que la division des Comm4eleinents faites par


Swedenborg n'est pas celle qui a été généralement adoptée, mai% qu'elle est
basée sur celle de la Bible hébraïque, où le deuxième commandement com-
mence par ces paroles : c Tu ne prendras point le nom de Jéhovah ton Dieu
en vain », et le dixième par celles-ci « Tu ne convoiteras point la femme
de ton prochain ». Ainsi les trois premiers se terminent par la loi du Sabbat,
et les quatre suivants commencent par « Honore ton père et ta marc
que la communication de la vie et de l'amour de l'homme n'est
pas possible à moins que la sphère ambiante, qui appartient à
sa vie, ne devienne action ,par l'acte; c'est pourquoi, telle est la
vie, ou tel est l'amour, ou ,telles sont les oeuvres chez l'homme,
telles sont toutes les choses par lesquelles existe cette sphère, par
conséquent telle aussi est sa foi; si donc les oeuvres sont mau-
vaises, il s'ensuit qu'il n'y a aucune foi du vrai, - mais il y a la
foi du faux, car Je mal et le faux sont cohérents, mais non le
mal et le vrai; si au contraire, les oeuvres sont bonnes, il s'ensuit
qu'il y a la foi du vrai, car le bien et le vrai s'aiment mutuel-
lement et se conjoignent; mais si les oeuvres de l'homme appa-
raissent bonnes dans la forme externe, et que cependant l'homme
soit intérieurement méchant, il s'ensuit qu'il a la foi du faux,
quoique de bouche il puisse prononcer le vrai; mais le vrai qu'il
prononce a été souillé par le mal de l'intérieur; ses oeuvres par
suite sont selon la description qu'en donne le Seigneur
Comme le dehors ettoye de la coupe et du plat, dont le dedans est plein
de rapine et d'intempérance, et comme des sépulcres blanchis, qui en dehors
paraissent beaux, mais en dedans sont ,pleins, d'ossements de morts et de, toute
sorte de powariture. rvlatt. XXIII, 25, 27.

— Apocalypse E n ° 842.

L'AMOUR DOMINANT

(( Le Seigneur ne considère chez l'homme rien d'autre que la


fin qu'il a en vue. cc Quelles que soient ses pensées et ses actions.
qui varient de mille manières différentes, pourvu que la fin soit
bonne, elles sont toutes bonnes; mais si la fin est mauvaise, elles
sont toutes mauvaises; la fin est ce qui règne dans chacune des
choses que l'homme pense et fait. Comme les anges qui sont chez
l'homme appartiennent au Seigneur, ils ne gouvernent chez
l'homme que ses fins; lorsqu'ils les gouvernent, ils gouvernent
aussi ses pensées et ses actions, car elles appartiennent toutes à
la fin. Chez l'homme la fin est sa vie elle-même; toutes les choses
qu'il pense et qu'il fait vivent par la fin, parce que, 'comme il
vient d'être dit, elles appartiennent à la fin; c'est pourquoi telle
30

est la fin, telle est la vie de l'homme. La fin n'est autre chose
que l'amour, car l'homme ne peut avoir pour fin autre chose que
ce qu'il aime. Celui qui pense autrement qu'il n'agit a néanmoins
pour fin ce qu'il aime; dans la dissimulation même ou dans la
fourberie, il y a une fin, qui est l'amour de soi-même ou l'amour
du inonde, et par conséquent le plaisir de la vie de celui qui est
dans ces amours. Chacun peut conclure de là que la vie de l'hom-
me est telle qu'est son amour. — Arcanes Célestes, u" 1317.
L'homme de bien tire de bonnes choses du bnn trésor de son coeur, niais ]c
méchant tire de mauvaise$ choses du mauvais trét;or de' son coeur. Mut.
XII, 35.

PAR QUOI LA VIE EsT Dirl'ERMINeE

Il y a. plusieurs affections de l'homme naturel, mais au-


dessus de toutes excelle l'affection des connaisgances et desa scien-
ces, lorsqu'elle a pour fin que l'homme devienne véritablement
rationnel, car elle a ainsi pour fin le bien et le vrai. La vie même
de l'homme interne influe dans toutes les affections de .l'homme
naturel, mais elle y est variée selon les fins; quand elle influe
dans les affections qui ont pour fin le monde, cette fin est vivi-
fiée par cette vie, et elle devient une vie mondaine; quand elle
influe dans les affections qui ont soi-même pour fin, cette fin
est vivifiée par cette vie; et elle devient une vie corporelle. Il
en est ainsi pour toutes les autres affections; dé là vient que les
cupidités et les fantaisies vivent, mais d'une vie contraire à l'affec-
tion du bien et du vrai. La vie qui influe n'est point appliquée
à un objet autre que la fin poursuivie, parce que la fin pour
chacun est son amour, et que c'est uniquement l'amour qui vit.
Chacun peut voir quelle est sa vie, pourvu qu'il examine quelle
est sa fin; non pas quelles sont ses fins car elles sont innombra-
bles; il y en a autant que d'intentions, et presqu'autant que de
jugements et de conclusions de pensées; ce sont là des fins inter-
médiaires qui dérivent avec variété de la fin principale, ou qui y
tendent; mais qu'il examine la fin qu'il préfère à tbutes les autres
et par rapport à laquelle toutes les autres sont considérées comme
31

rien ; s'il a pour fin soi-même et le monde, qu'il sache que sa vie
est infernale; mais s'il a pour fin le bien du prochain, le bien com-
mun. le Règne du Seigneur et surtout le Seigneur Lui-Même,
qu'il sache que sa vie est céleste ». Arcanes Célestes, n° 1909.
Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et Sa justice et toutes ces choses
vous seront données par surcroît. — Matt. VI, 33.

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