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L’Afghanistan est actuellement plus que jamais dans le focus de la politique internationale. La
croissance de l’insurrection armée contre le gouvernement afghan et les troupes de l’OTAN porte de
plus en plus en avant le fait que l’intervention amorcée depuis 2001 en Afghanistan a oblitéré la
complexité sociale du pays. Effectivement, beaucoup d’activités politiques et économiques se sont
excessivement concentrées sur les espaces urbains, et les stratégies de sécurité et de développement
ont privilégié le versant national. Au contraire, le versant local resta dans l’obscurité. Ainsi, les
structures politiques locales ont fréquemment été considérées comme des anachronismes qui, tôt ou
tard, disparaîtraient. En premier lieu, l’accroissement de la violence, dans les dernières années, a rendu
clair aux yeux de la communauté internationale le fait qu’il fallait accorder une signification
considérable aux structures politiques locales.
Le constat scientifique que les structures politiques locales acquièrent une haute signification
constitua une thématique centrale pour un symposium scientifique qui se déroula du 26 au 28 février
2009 au CDR (/Centre pour la Recherche en matière de développement /ZEF *) de l’université de
Bonn. Contrairement à l’ensemble des conférences orientées vers les recommandations politiques
tenues jusqu’à présent, qui se sont occupées, durant les années passées, des questions afghanes,
l’échange scientifique était cette fois au premier plan lors du symposium "Beyond the State – Local
Politics in Afghanistan". Cette manifestation a rassemblé des scientifiques (hommes et femmes) issus
de différentes disciplines (entre autres géographie, sciences politiques, ethnologie, recherche sur la
résolution des conflits, recherche en matière de développement, linguistique) afin de se pencher sur la
définition de la recherche appliquée à la politique locale. Au total, environ 50 scientifiques ont pris
part au congrès. Le profil des participant-e-s allait des pionniers de la recherche ethnologique en
Afghanistan comme Thomas Barfield, Micheline Centlivres-Demont et Pierre Centlivres, Bernt
Glatzer et Nazif Shahrani à des chercheurs (et chercheuses) qui se consacrent aux situations actuelles
de conflit comme Antonio Giustozzi, Gilles Dorronsoro, Jonathan Goodhand ou Kristian Berg
Harpviken. Le symposium était notamment encouragé par la Fondation germanique pour la recherche
sur la paix (FGP/DSF - Deutsche Stiftung Friedenforschung), la Société pour la coopération technique
(ECT/GTZ - Gesellschaft fûr teknische Zusammenarbeit) et le Ministère des Affaires Étrangères.
En raison de la spécialisation pointue et de l’expérience confirmée, concernant l’Afghanistan,
de la plupart des participants, les débats furent menés à un très haut niveau. Unanime, le point de
départ des discussions formula le consensus que des structures politiques locales sont apparues
historiquement en Afghanistan et qu’elles ont perduré pendant la guerre. Bien que conditionnées par la
dynamique des aléas de la guerre et l’influence de courants transnationaux, la dominance de nouveaux
acteurs (par exemple les Commandants) et de nouvelles formes d’organisation (par exemple la shura),
ainsi que l’intrusion de représentations et de technologies, etc., les structures locales ne se sont
cependant jamais effondrées tout à fait, mais ont plutôt vécu une constante modification. Cet état des
lieux contrecarre l’idée, déjà communément admise dans les cercles s’occupant du développement,
selon laquelle un vide institutionnel ou des situations illégitimes prédominent sur le versant local. A
donc été considérée centrale par le symposium la constatation de la persistance des structures sociales
de nature locale, en dépit du caractère pérenne et épuisant de la guerre. Par là, il devient évident qu’il
ne suffit pas de s’occuper des processus techniques à employer pour la construction de l’État (state-
building) et l’usage d’une autorité centralisée [des pleins pouvoirs de l’État], mais que ce processus
implique les élites locales qui, en fin de compte, entrent dans le jeu du contrôle et de l’accès au
pouvoir [à l’autorité].
Pareillement, il a été mis en lumière lors du symposium que les structures politiques locales en
Afghanistan sont extrêmement diversifiées : ainsi les disparités culturelles et socio-économiques ne
sont-elles pas seulement nombreuses entre les régions mais aussi à l’intérieur d’une même région. La
question qui fut abordée de savoir s’il existait une quelconque "culture de la violence" [Gewaltkultur]
permet d’élucider cette hétérogénéité : ainsi l’empreinte d’une culture de la violence est forte du fait
de structures de pouvoir déterminantes et dépendant de modèles de légitimité qui, à chaque fois, sont
*
Zentrum für Entwicklungsforschung. [Note du traducteur]
*
1
Ou du politique. Note du traducteur.
2
Lit. : dans le secteur local. Note du traducteur.
*
Zentrum für Entwicklungsforschung. Note du traducteur.