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L e Q uo t i d i e n
d es Mu n i c i p al es 2 0 0 8
r é a l i s é p a r l e s é t ud i a n t s
d e l ’ É c o l e s u p é r i e ur e d e
jo u r n al i s m e d e L i l l e
de mars N um é r o 8
S a me d i 1 5 m ar s 2 0 0 8
Photo ESJ
A payé !
Les candidats règlent leurs comptes : locaux, tracts, affiches...
Une campagne électorale a un coût. Entre prêts, dons et système D,
relevé des milles et unes manières d’exister aux yeux des électeurs.
Motivés Contre-courant
À Roubaix, les militants Delannoy élu facilement
PS collent les dernières à Tourcoing ne cède pas aux
affiches sous la pluie. sirènes de la communication.
Photo KL
page 4 page 15
Le blé de
ÉDITO L’ É V É N E M E N T
Fauchés !
L
Fa u t e d e g r i v e s , o n m a n g e
de s me rl es. Ou p lutô t,
f aute de mo ye ns , o n i mpr o -
v i s e . L’ a r g e n t d e m e u r e l e
ner f de la guer re en pé-
ri ode él e cto rale . E n p ol i -
tique, le fri c ne f ait pas le
b o n h e u r, m a i s i l y c o n t r i -
bue gra ndem ent s ans po ur La course aux voix touche à sa fin. Si pour les
a uta nt g ara nti r la vi cto ire
dans l e s ur ne s. Autref o is imprimeurs ou les traiteurs c’est un moteur
l ’un de s p ar ti s f rançais le s économique qui s’arrête, les candidats, surtout les
p l u s r i c h e s , l e Fr o n t N a t i o - petits, doivent payer l’addition.
nal prend aujourd’hui
Par Hélène Bekmezian, Méla-
l ’e au. À tel p o int qu’ il a é té
nie Carnot, Jean Décotte et Be-
o bli gé de ve n dre so n si èg e
noist Pasteau
h i s t o r i q u e , l e Pa q u e b o t ,
p our tro uv er de s f onds.
Dans de nomb reuse s c om-
uc Doublet plus », explique-t-il. Il déplore cepen-
mune s, l e FN a dû re non-
gagne toujours dant qu’internet fasse perdre de son
c er à p ré sente r des candi -
un scrutin. « Une importance au papier.
d a t s , c e q u i n’ a p a s
élection, c’est un Pouvoir d’achat. Un tract, c’est effi-
e mpê c hé Ste ev e B ri oi s e t
business », dit-il. cace, mais il le dit lui-même : « Rien ne
M a r i n e L e Pe n d e s ’ o f f r i r
Cette année, son vaut le contact humain ». Ce qui profite
un clip d e campagne à
entreprise a fourni 3000 communes à la restauration puisque, surtout pour
10 0 00 eur os po ur co nqué -
françaises en panneaux, isoloirs, urnes les municipales, les candidats vont de
ri r l a m ai rie d’H é nin-Be a u-
ou écharpes de maires, la combinaison réunions publiques en petits déjeuners,
mont. Quentin Sénéchal,
municipales - cantonales faisant de de bars en restaurants. Mais les trai-
c andi da t à Ch â tea u-l ’A b-
l’année 2008 un très bon crû. Si cette teurs comme le lillois Lecocq préfèrent
ba ye , v il l age de 80 0 ha bi -
entreprise du Nord qui a perdu le mar- les plus grosses élections. « Les munici-
t a n t s p rè s d e S a in t -A m a n d -
ché de Lille ne communique pas sur les pales n’augmenent que légèrement notre ac-
l es-Eaux , a i nve sti :
chiffres, un petit calcul permet de se tivité, ça n’a pas énormément d’incidence
a f fi
ficch e s A 3 en p ap ie r gl ac é
faire une idée de l’argent généré rien sur notre chiffre d’affaires », explique Jé-
e t c ou le urs. Mais rése au
qu’avec les isoloirs (entre 220 et rôme Platteau, du service commercial.
o bli ge , il a ré us si à li mite r
600 euros l’unité pour un isoloirs « Pour la présidentielle, nous avions beau-
ses frai s de c ampagne à
adapté aux handicapés) et les urnes coup plus travaillé, il y avait plus de récep-
3 9 6 e u r o s . E t , i l n’ y a p a s
(environ 250 euros). tions et plus de moyens ». Quant aux
q ue dans l e s pe ti ts vi ll age s
En général, les mairies renouvellent un grands traiteurs parisiens, ils refusent
q ue l ’o n s’ ar range co mme
o n p e ut. Dans l e VI e ar ron-
peu moins de la moitié du matériel par de communiquer sur le sujet.
élection. En sachant que le nombre Allô. La communication, justement,
d i s s e m e n t d e Pa r i s , J e a n -
moyen d’électeurs d’une commune est est la clé d’une campagne réussie et,
Marc R esto ux est de ve nu
de 1 300, qu’il faut environ un isoloir pendant les élections, les ondes des té-
c él èb re grâc e à tro is bo uts
pour 1 000 personnes et qu’une urne léphones portables fusent. Sur ce sujet,
d e fi fic
ce l le s . C e « c on c ie rg e
peut contenir jusqu’à 2 000 bulletins, les opérateurs de téléphonie mobile
de tr otto ir » c omme il ai me
le chiffre d’affaire de Doublet pour ces sont catégoriquement muets et ne com-
à s e f a i r e n o m m e r, e s t u n
deux produits devrait se situer entre muniquent des noms « que sur commis-
SDF q ui sur vi t av ec
700 000 et un million d’euros pour les sion rogatoire ». Mais chez Bouygues Té-
38 0 euro s d e RMI p ar
3 000 communes. Sans compter les lécom on reconnaît que « le trafic réseau
mois ! Une bon ne tête, un
panneaux publicitaires (100 euros), ta- du week-end dernier a été un peu plus im- 120 %. Au final, la plus belle histoire
v e r b e fl fle
e uri e t d es rev e ndi-
bles (70 euros) et bustes de Marianne portant que d’habitude ». d’amour des élections reste la presse.
c ati ons da ns l es po ch e s
(740 euros mais 850 euros pour un Conte de campagne. Autre moyen En 2007, année déjà dopée par la Pré-
p e u v e n t e n c o r e s u f fi
firr e a u -
buste Deneuve ou Bardot). Il est clair de communication efficace : le livre. sidentielle, le tirage moyen du quoti-
jourd’hui pour convai ncre.
que Doublet aimerait pouvoir voter Après une présidentielle déjà riche en dien national Libération a été d’un peu
Lo i n de la po li tiq ue s pe c ta-
plus souvent. D’autant plus que les publications, plus de vingt ouvrages sur plus de 140 000 exemplaires par jour.
c le e t des pa i ll ette s n ati o -
maires ont l’orgueilleuse mais fruc- les municipales sont parus entre janvier Le lendemain du premier tour des
nal es, l es él e cti ons munic i-
tueuse habitude de quitter l’hôtel de et février 2008. Ils traitent des villes (La élections municipales, ce sont
p al e s s on t l ’o cc a si o n p our
ville avec leur écharpe ! bataille de Paris (L’Archipel), des candi- 308 492 exemplaires qui se sont vus
be auco up de f aire ente n-
Pression. Entre les isoloirs et les dats (Jean-Claude Gaudin : Une vie pour diffusés, soit une augmentation de près
dre le urs vo ix . Mêm e s’i l
urnes, le marché est pour les impri- Marseille (Rocher) ou sont écrits par les de 120 % des ventes. Idem pour Au-
n’ a p a s d é p a s s é l e s 4 % ,
meurs. Henri Roué, à la tête d’une im- prétendants eux-mêmes (Féminin sin- jourd’hui en France, avec 82 % de bonus.
Je a n-Mar c Re sto ux a réu ss i
primerie de 16 salariés à Jeumont gulier : journal par Marielle de Sarnez Le quotidien régional La Voix du Nord,
son c oup m édi atiq ue…
Clémence Lambard
(Nord), produit les bulletins mais aussi (Plon). Les éditeurs refusent souvent qui devrait logiquement profiter da-
les professions de foi et les dépliants de donner les chiffres de vente de ces vantage de ces élections locales, a éga-
d’une cinquantaine de candidats de sa livres toujours sur le marché mais pour lement augmenté son tirage, quoique
région. Il dope ainsi son chiffre d’af- Élections municipales 2008 : mode d’em- dans des proportions moindres, avec
faire de 30 % sur la période. « C’est pra- ploi, Sara Korenbajzer, des éditions un “petit” bond de 34 %. Qui a dit que
LA PRESSION de mars
tiquement les seules fois où l’on travaille Nathan, concède qu’« il y a eu un gros ces élections ne se jouaient pas à
réellement à plein temps. Pendant les élec- pic des ventes deux semaines avant le pre- l’échelle nationale ?
tions, c’est le travailler plus pour gagner mier tour jusqu’à maintenant ». H.B.
2e année (presse écrite et agence) et de PHR.
Refermentation et maturation - Directeur
de la publication :
Pierre Savary
Fermentation - Directeurs adjoints de la
publication :
Sylvie Larrière, Cyril Petit,
Yves Sécher, Jacky Durand
Houblonnage - Rédacteurs en chef :
Marc-Antoine Barreau, Flore Thomasset
Nicolas Kienast, Clémence Lambard
Embouteillage - Rédacteurs en chef
techniques :
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Séverine Rouby, Guillaume Willecoq
Sur le blog des municipales de l’ESJ,
lire, écouter et regarder
les reportages des deuxièmes années :
http://chroniquesdemars.blogspot.com
F
aire campagne sans un sou ? Pas si voix : il avait créé la polémique avec sa
insensé : SDF pendant trente ans, proposition d’offrir 300 euros de “pou-
Jean-Marc Restoux briguait di- voir d’achat” à tous les électeurs, soit
manche dernier la mairie du VIe arron- une aide totale de 3,3 M d’euros sur
dissement de Paris. Aucune fortune per- fonds municipaux. « Je n’ai jamais voulu
sonnelle, relogé depuis un an grâce à faire parler de moi, se défend-il. On m’a
Emmaüs, ce barbu débonnaire est par- classé parmi les dirigeants de républiques ba-
venu sans gros moyens à tutoyer 4 % des nanières, mais mon idée avait été mal for-
suffrages. « Quand tu fais campagne, tu es mulée. Il y a eu une incompréhension. »
forcé de payer les affiches, les bulletins, les pro- À Lille, l’inventivité d’Etienne Forest ne
fessions de foi, détaille-t-il. Ça coûte lui a valu que 642 voix, soit 1,09 % des
1 800 euros en tout. Une colistière m’a avancé suffrages. Speed-dating politique, web
l’argent, et je vais lui rembourser petit à petit. TV, apéro-rap, soirée slam, et même
C’est un prêt énorme pour moi ! », lance le l’organisation d’une grande “chenille
quinquagénaire, évoquant ses 380 euros démocratique” orange et verte sur une
de RMI. Ni QG, ni meeting : à la tête de place lilloise… Le parfait arsenal pour
sa liste Un autre son de cloche, Jean- attirer les médias. Sauf que les
Marc a fait campagne avec sa gouaille, 25 000 euros investis dans sa campagne
le soutien de bénévoles et de célébrités ne lui seront pas remboursés. « Je suis un
comme Frédéric Beigbeder, et un joli peu plus léger sur mon portefeuille d’ac-
sens de la provocation. En proposant à tions », confie le candidat, philosophe.
David Martinon, débouté de Neuilly, de Même les grands partis la jouent éco-
rejoindre sa liste, l’ex-SDF a fait nome. Les réunions d’appartement, par
mouche. France 2, LCI, M6… Son his- exemple, coûtent peu et convainquent
toire séduit les journalistes. Un bel es- beaucoup, comme l’explique Stéphane
pace médiatique pour pas un rond. Baly, 15e sur la liste des Verts à Lille :
Certains petits candidats rivalisent d’in- « Ça se passe chez un sympathisant ou un mi-
géniosité pour exister face à l’armada litant, sur le principe d’une auberge espagnole
des partis nationaux. Tel Hamza El : chacun amène ce qu’il veut. Financièrement,
Kostiti, candidat de Génération écolo- c’est neutre. » Pas de location de salle, pas
gique à Halluin, qui a parcouru à pied de frais de bouche. Et une efficacité
Il faut une légende
117 km entre sa ville frontalière et maximum : « À la fin d’une réunion, cer-
Bruxelles à trois jours du premier tour. tains invités étaient convaincus au point de
Résultat : 7,27 % et fusion avec la liste vouloir tracter dans leur voisinage. » Preuve
du maire sortant Jean-Luc Deroo (PS). qu’à l’heure du dépouillement, une cam-
Djemi Drici, lui, a enregistré 3,57 % des pagne dépouillée peut aussi payer.
J.D.
À
les réunions. Un plafond de 50 % (par rapport au budget tants. De l’argent gratuit qui met du beurre dans les épi-
global) est prévu pour ce type de dépenses. nards. Parfois même des mécènes de la politique,
Pour Les Gens d’Hellemmes, la note est salée. Même si comme pour Bagdad Ghézal qui a reçu ainsi 950 euros
la veille du second tour, les candidats commen- elle a obtenu plus de 24 % au premier tour, la liste pour- dont « 300 venaient d’un sympathisant dunkerquois du MRC
çent à faire leurs comptes, avant de les déposer rait ne pas se faire rembourser les 6 000 euros de frais (Mouvement Républicain et Citoyen) ».
d’ici deux mois, leurs budgets à la commission personnels. Raison : une association n’a pas la recon- Pour rentrer dans ses frais, le candidat a donc tout inté-
des comptes. Le code électoral prévoit un rembourse- naissance politique dans une élection. rêt à jouer de ses relations. Un “ami” imprimeur est in-
ment partiel de la campagne pour les candidats ayant D’autres ont recours au prêt bancaire pour se lancer dispensable. À Château-l’Abbaye, Quentin Sénéchal a
obtenu plus de 5 %. dans la course à la mairie. Bagdad Ghézal, le tête de profité d’une remise grâce à ses connaissances. Au total,
Dominique Slabolepszy, candidat sans étiquette à Va- liste et trublion de la gauche à Etaples, a emprunté sa campagne aura coûté 33 euros par colistier au lieu
lenciennes, n’a pas dépassé ce seuil. « J’assume seul les 5 000 euros. Il garde soigneusement les factures pour de 100 euros pour faire imprimer 10 affiches, 350 dé-
6 000 euros dépensés ». 593 euros de tracts plus 5000 d’im- bénéficier des remboursements puisqu’il a récolté pliants, 350 professions de foi, et 1500 bulletins de vote.
pression de professions de foi et bulletins de vote qui sont 9,97 % des suffrages. Le candidat connaît les montants Quoi qu’il en soit, une gestion stricte du budget est né-
à sa charge. « Je m’engage par conviction politique et non pas par cœur. « Ce qui m’a coûté le plus cher c’est l’impression cessaire, ce qui n’empêche pas quelques écarts de bud-
par calcul financier ». Sans compter les dépenses person- des tracts, des affiches officielles et des professions de foi. En get. Pour 200 euros, Les Gens d’Hellemmes se sont
nelles, comme le téléphone et les enveloppes timbrées. tout, 1 682,26 euros qui seront remboursés par la Commission payés une caravane équipée d’un mégaphone pour rou-
Heureusement que le candidat compte sur sa liste un res- des comptes de campagne ». Mener une campagne, c’est ler en campagne … électorale bien sûr.
M.C. et B.P.
J
chauffeur. « Mais bon, maintenant on connaît les moindres recoins de Roubaix »,
raconte Brédé.
22 h 15. Ça colle encore ! Cette fois-ci, en lisière d’un quartier populaire
de la ville. Des jeunes déboulent : « Ouais René, c’est trop bien », s’excla-
Brédé est un ancien Roubaisien. Aujourd’hui, il vit
ment-ils. Maurice interpelle l’un d’entre eux : « Avant de crier comme ça, il
faut que tu ailles poser ton bulletin dans l’urne. Tu vas voter, au moins ? » Si-
à Lille mais milite toujours dans sa ville d’origine. Photo : G.A
lence. L’adolescent ne répond pas. Et Maurice lui explique l’importance
du vote. Les soirées de vadrouille ne se résument pas à la simple pose d’af-
eudi 13 mars. 21 h 30. Il pleut des cordes sur Roubaix. Dans la fiche. Les militants socialistes en profitent également pour sensibiliser la
Grand Rue, au siège local du PS, des militants socialistes s’acti- population roubaisienne.
vent. Ce soir, c’est collage ! Pinceaux, affiches, colle, ils embar- Des trombes d’eau continuent de s’abattre sur la ville. La tournée des pan-
quent tout le matériel nécessaire. Quatre équipes sillonneront la neaux s’achève. Avant de rentrer au bercail, petit tour rapide pour voir si
Photo : G.A
ville. « On se sépare, une équipe à l’Est, une à les affiches de Vandierendonck n’ont pas été recou-
l’Ouest, une au Nord et l’autre au Sud de la
ville, explique Maurice, d’origine camerounaise et
22 H 15 : ÇA COLLE vertes. « On a gagné la bataille de la soirée, raconte Mau-
rice, tout sourire. C’est un jeu énervant par moment. Avec
chef de file de cette joyeuse bande. Tout est prévu. ENCORE ! nos adversaires, c’est la guerre des nerfs. Une guerre psy-
On est une vraie armée déployée sur le terrain », plai- chologique. Le but, c’est que nos affiches restent jusqu’au
sante le membre du bureau de section. petit matin pour que les gens les voient. » Ce soir, c’est le cas. Les militants so-
Première étape : le centre hospitalier de Roubaix. Tous descendent rapi- cialistes n’auront croisé aucun « adversaire ».
dement de voiture. Pas question de perdre une seconde pour les partisans Retour au siège du PS. Petit café entre amis militants. Maurice ne paraît
de René Vandierendonck (PS), maire sortant et candidat à sa propre suc- pas épuisé. Les collages, il en a l’habitude : « Aux élections présidentielles, on
cession. Ouverture du coffre. Sortie de l’équipement. Le moteur de l’au- finissait à 4 heures du matin. Là, c’est un peu plus tranquille. On peut nous pren-
tomobile continue de tourner. Ça va très vite. Maurice distille ses ordres. dre pour des dingues mais, c’est comme ça… la passion. »
L
Par Camille Janik
ille, dans les locaux de France 3 Nord-Pas moins habituée à l’œil des caméras que son rival.
de Calais. Sur le plateau, on attend les 5, 4, 3, 2, 1, ça tourne. Le débat commence. En-
deux candidats à la lutte pour la mairie de registré dans la journée, un magnéto lance les
Calais. Il est 20 h 30. À l’écart de l’agitation, Vé- hostilités : Mathieu Pagura, journaliste au quoti-
ronique Marchand, la présentatrice, est au ma- dien Métro a une question à leur poser. Les can-
quillage. Les techniciens, eux, sont sur le qui- didats y répondent chacun leur tour calmement.
vive. On règle les caméras, les lumières, le Jusqu’à ce que les choses prennent une autre
plateau « spécial second tour » est bientôt prêt. On tournure. Il suffit d’évoquer le FN pour que les
y est presque. Juste le temps pour Anne Brucy, la esprits s’échauffent. Jacky Hénin digère mal le
directrice de France 3 Lille, de serrer la main des fait que le parti frontiste se soit retiré et va jusqu’à
personnes déjà présentes : le directeur de cabinet parler de « magouille » orchestrée par l’UMP et
Véronique Marchand a accueilli
sortant (PC), les deux politologues qui clôture- Véronique Marchand calme le jeu et passe à une sans ironie : « Vous n’aurez qu’à présenter vos décla-
ront la soirée… autre question. Différents thèmes sont abordés : rations à la presse écrite. »
Pendant ce temps, Natacha Bouchart, candidate emplois, immigrés… Par moments, le ton monte 21 h 30, le débat est clos. Sans un regard, les deux
UMP s’installe sur le plateau et profite du peu de à nouveau. « Vous n’êtes pas le seul à faire la pluie et protagonistes quittent le plateau, direction les
temps qui lui reste pour relire ses notes. De son le beau temps à Calais M. Hénin. Les Calaisiens en ont loges pour le démaquillage. Suivront ensuite
côté, Jacky Hénin essaie de se détendre en faisant marre ! », déclare la candidate UMP. « Mme Bou- quelques réactions. « Un débat intéressant » pour les
les cent pas dans l’Atrium, l’espace de décom- chart représente M. Sarkozy. Ce que vous voulez c’est deux partis. Natacha Bouchart est « très sereine
pression. 20h50, il est temps pour lui, le maire des places pour vous enrichir ! », fustige le maire sor- pour dimanche ». Jacky Hénin est « sûr que les Ca-
sortant, de rejoindre son adversaire. Du bleu, du tant. Porté par deux personnalités qui visiblement laisiens ne pas sont dupes et maintiendront leur vote à
blanc, du rouge, la Marianne qui observe tout son en ont à découdre, le débat s’éloigne quelque peu gauche ». Retour à l’Atrium, place à la détente et
petit monde, le ton est donné. « Tout va bien se pas- du sujet. Allant même jusqu’à leurs propres dé- au cocktail gracieusement offert par la chaîne
ser, c’est parfait », Véronique Marchand rassure les clarations d’impôts. Sauf que Véronique Mar- télé. Un peu de répit avant dimanche où tout se
deux candidats, surtout Natacha Bouchart, chand veille et met un terme à la discussion, non jouera à Calais.
duel
été remise en cause au pre-
mier tour des élections mu-
nicipales. Certes, cette année, il a ré- Le
colté 49,75 % des suffrages et seules
33 voix lui ont manqué pour être élu
directement. Une première depuis son
premier mandat en 1983, puisque
jusque là, il était systématiquement
exempté de second tour. Faut-il voir là
un simple accident ou un vote sanc-
tion révélateur ? Pour lui, l’explication
se trouve dans le fort taux d’abstention
(près de 50 %).
Dimanche, il sera opposé à Frédéric
Chéreau (PS), à la tête d’une liste
d’union de la gauche. À 33 ans, il suc-
cède à Marc Dolez, candidat en 2001
et aujourd’hui député de la 17e cir-
conscription du Nord. C’est le parle-
mentaire lui-même qui l’a fait venir à
Douai. Arrivé dans la cité de Gayant
voilà quatre ans, celui qui se définit
comme un « enfant du 21 avril 2002 » a
obtenu 33,40 % des voix au premier
tour des élections municipales.
Recalés à l’issue du premier tour, Franz
Quatrebœufs (MoDem), avec 8,80 %,
et Léopold Pons (SE), avec 8,04 %,
n’ont souhaité s’allier à aucun des deux
candidats. Le report des votes de leurs
électeurs pourrait s’avérer déterminant
dans la journée de dimanche [voir ci-
dessous]. Jacques Vernier possède tou-
Photos DR
34
de vote.
Le chiffre La phrase
du jour du jour
« Il y a un malaise au sein du conseil
général, un malaise lié à de vrais
problèmes de choix politiques. »
C’est le nombre de villes que l’UMP
pourrait perdre dimanche, selon une note
Isabelle Balkany, épouse du député-maire de Levallois, Patrick Balkany,
au programme
Photo JM
devance le candidat UMP Max-André Pick, qui a toute façon, on ne nous écoute pas, on n’en a rien à fou-
recueilli 19,01 % des voix et Slimane Tir, crédité de tre de nous. »
R O U B A I X . Dimanche dernier,
la gagnante des élections 13,67 % pour les Verts. On pourrait facilement Un second tour à l’image du premier ? Il faudra
conclure que les électeurs socialistes se sont dé- attendre dimanche pour le savoir, mais celui-ci ne
placés en masse, pendant que les autres regar- devrait pas échapper à la mode roubaisienne. Mi-
a sans nul doute été l’abstention.
L
Et le second tour a toutes les chances daient Téléfoot. Une opinion partagée par le chef chelle, une commerçante d’une galerie mar-
d’être à l’image du premier... de file UMP Max-André Pick : « Je pense que nous chande, confie qu’elle n’ira « pas voter dimanche. Les
avons subi de manière forte la gigantesque abstention élections étaient déjà jouées avant le premier tour. À quoi
roubaisienne. Notre électorat ne s’est pas mobilisé pour se ça sert d’aller voter quand on sait que le maire va être
Par Jeffrey Martin rendre jusqu’aux urnes et on le voit dans les bureaux de réélu ? Il n’y avait pas d’enjeux ici. » Pour Bertrand,
vote qui nous sont habituellement acquis. » c’est « l’abus de pouvoir » qui le fera rester chez lui
Une démobilisation générale qui ne démoralise demain. « Les candidats nous font croire qu’ils sont
pas pour autant Rémy, le plus jeune militant proches de nous pendant la campagne et puis lorsqu’ils
UMP : « Il faut continuer la campagne de terrain et sen- sont élus, ils prennent leurs décisions sans nous consulter.
e taux d'abstention (60,48 %) a volé la ve- sibiliser encore les Roubaisiens. J’ai pris une journée de Ils usent et abusent du pouvoir, ça me dégoûte ! »
dette aux candidats roubaisiens. On est congé pour venir distribuer ces tracts. » Chez d’autres, c’est le manque d’implication qui
malheureusement habitué à une faible Quoi qu’il en soit, tous les militants des trois der- prévaut. Xavier n’a de roubaisien que son domi-
participation dans la deuxième commune du niers candidats présents au second tour à Roubaix cile. « J’habite à Roubaix, mais je travaille à Lille. Je
Nord. Mais cette fois, alors que la participation restent sur le qui-vive et espèrent conquérir de nou- me sens davantage concerné par les élections lilloises. Je
augmente au niveau national par rapport à 2001, velles voix. Mais la tâche s’avère délicate, surtout ne suis à Roubaix que pour dormir et courir le di-
elle baisse encore à Roubaix, passant de 45 % à chez les jeunes, qui pour la plupart, n’iront pas manche. » Ce sera donc footing pour monsieur.
39,52 %. voter dimanche. Malik, qui avait soutenu Ségolène Entre fatalisme, répulsion et manque d’implica-
Malgré ce faible taux de participation, le maire PS Royal pendant la Présidentielle commente : « Le tion, certains habitants roubaisiens ne sont pas à
sortant, René Vandierendonck, était à deux doigts, 9 mars, je ne suis pas allé voter et je n’irai pas non plus court d’arguments pour rester bien au chaud chez
ou plutôt à deux pour cent d’être réélu dès le pre- dimanche [demain, ndlr]. Ici, les candidats se foutent eux dimanche. À Roubaix comme ailleurs, le fossé
mier tour. Avec 48,06 % des suffrages obtenus, il de certains quartiers. Y en a que pour le centre-ville. De entre politiques et citoyens se creuse.
Coup de com’ du PS
À vouloir fédérer les jeunes (plus de
80 % d’abstention au premier tour à Lille
« C’est un jeu d’échecs »
chez les 18-25 ans), le PS s’est pris les
pieds dans le tapis, jeudi, lors d’un point Propos recueillis par Hélène Bekmezian
presse suivie d’une opération de trac-
tage. De nombreux artistes et sportifs lo-
caux, parmi lesquels Axiom (chanteur de
La participation au second tour sera-t-elle
plus forte ?
Pierre Mathiot est directeur de l’Institut
rap), Alexandre Lenoir (chanteur des
Il y a un risque que l’abstention soit encore plus
d’études politiques (IEP) de Lille.
Blaireaux) ou encore Saïd Rachidi
(5e mondial de boxe amateur et qualifié Pourquoi une telle abstention ? élevée au second tour, surtout à Lille où les élec-
pour les JO) s’étaient donné rendez-vous
pour évoquer l’abstention des jeunes de-
L’abstention est croissante, surtout dans les zones teurs se disent que tout est joué d’avance. Mais cela
vant un parterre de journalistes ! urbaines et dans les zones populaires. Cela illustre dépend des enjeux, les gens iront moins voter à
Après une demi-heure de banalités l’éloignement traditionnel de la politique d’une Roubaix ou à Lille qu’à Villeneuve-d’Ascq ou à Ca-
– « les jeunes doivent faire entendre leur partie de la population, notamment des classes lais.
voix » – les militants socialistes se sont populaires. Cela est d’autant plus vrai que les
rendus devant le lycée Faidherbe, dans
le quartier de Moulins. Seules quatre élections, comme les figures publiques, sont de Roubaix a battu des records d’abstention…
“stars” sur la dizaine présente ont dai- plus en plus complexes. Les alliances et la poli- D’autant plus qu’il y a toute une partie de popula-
gné venir. Les militants se sont jetés sur tique d’ouverture compliquent la donne, les gens tion d’origine étrangère qui se désintéresse de la
les lycéens, disant simplement : « Votez n’y comprennent plus rien. C’est un jeu d’échecs vie politique. L’abstention est importante dans les
Martine dimanche. » Le tract choisi pour
les démarcher était plutôt tendance. Des
qui n’amuse que les journalistes et les polito- couches aisées (environ 40 %) mais encore plus
couleurs attirantes, type flyers qui annon- logues. (70-75 %) dans les couches populaires.
cent une soirée étudiante, des mots ac-
crocheurs : « Ensemble à Lille, envoyons Les électeurs se désintéressent-ils des en- Une particularité dans l’abstention lilloise ?
un carton jaune à Sarkozy »… Mais les ly- jeux locaux ? L’importante abstention à Lille est à mettre en par-
céens – encore fallait-il qu’ils soient en
âge de voter – ne sont pas dupes. « Ce C’est dû au profil socioculturel, ça vaut pour Lille, tie sur le compte de l’important turn-over dans la
n’est pas une opération médiatique par pour la région et la France. Il y a toujours eu, par ville et de tous les étudiants qui ne viennent passer
hasard », se demande Yann, 18 ans,de- tradition, une part de la population qui ne vote pas, que deux ou trois ans dans la ville.
vant les quatre caméras et la demi-dou- notamment dans les couches les moins aisées. On a
zaine d’appareils photos… Une opéra-
tion de com’ sarkozienne à la sauce
l’impression qu’il y a eu plus de participation pour Et les abstentionnistes chroniques ?
socialiste en somme. la présidentielle mais c’est que les courbes se sont Il est difficile de mesurer cette abstention-là. Ce qui
Benoist Pasteau croisées. Avant on votait plus pour les municipales est sûr c’est qu’il y a de moins en moins d’absten-
et moins pour la présidentielle. tion idéologique, de gens qui ne votent jamais.
en tenaille
MARLY. Alors que le sort de sa voisine
valenciennoise est scellé depuis une semaine,
celui de Marly est loin d’être réglé.
Engagé dans une triangulaire,
Philippe Duée, le maire sortant, est en difficulté.
Par Florian Pottiez
C’
Pour le second tour, Philippe Duée (au centre) devra batailler ferme pour conserver son fauteuil de maire
«
face à Fabien Thiémé (à gauche) et Jérôme Léman (à droite).
est une grande surprise. En nous plaçant en démissionné au cours du mandat, en désaccord avec de Marly à gauche redistribuerait-il les cartes au sein
tête avec 44 % des suffrages exprimés, les Mar- la politique menée par Philippe Duée, notamment de la communauté de communes du Valenciennois,
lysiens ont manifesté une volonté claire de dans les quartiers. « Il met de côté cette partie de la po- majoritairement à droite ? « Non, ça ne changera rien.
changement. C’est la conclusion d’un travail de terrain de pulation. Sur les 400 millions d’euros consacrés à la réno- La majorité est bien implantée dans le Valenciennois »,
dix-neuf années », se réjouit Fabien Thiémé. La vic- vation urbaine, Marly n’a rien eu. On est passé à côté de rétorque l’élu communiste.
toire est encore loin d’être acquise mais le candidat l’ANRU [Agence nationale pour la rénovation ur- Une présence toutefois non négligeable, d’autant
communiste est bien parti pour accéder à la mairie baine] », s’énerve Jérôme Léman avant de pointer du plus qu’Anzin pourrait subir le même sort. Géry
de Marly, ville limitrophe de Valenciennes. doigt l’endettement important de la ville à hauteur Duval, le maire sortant (DVD), est en ballottage dé-
Une consécration qu’il recherche pour la troisième de 12,5 millions d’euros. favorable face à Pierre-Michel Bernard, candidat ra-
fois face à son « véritable adversaire », Philippe Duée. « Quand on regarde autour de soi, on s’aperçoit que Marly dical de gauche. D’où la perte pour la majorité pré-
Ce dernier, maire sortant en poste depuis 1989, est se dégrade au fil des ans. Mais on n’a pas les moyens d’in- sidentielle de deux des plus grosses communes de
pour le moment distancé puisqu’il n’a obtenu que vestir. » En début de semaine, il a refusé les appels du Valenciennes Métropole (11 800 habitants pour
30,11 % au premier tour. « Nous considérons que la par- pied de son ancien chef de file. Malgré sa place de Marly et 14 100 pour Anzin). Pour Jérôme Léman,
tie n’est pas perdue. Nous avons la confiance de 30 % d’élec- troisième homme, il ne veut pas se sentir dans la la non-réélection de Philippe Duée permettrait à
teurs et il y a eu un bon nombre d’abstentionnistes », as- peau d’un « arbitre ». Reste à savoir à qui profitera Marly de regagner une place digne à Valenciennes
surait-il hier dans les colonnes de l’Observateur du cette triangulaire. « Ça va se jouer dans un mouchoir de Métropole. « Il est clair que l’Agglo préférera travailler
Valenciennois. La perte de son électorat peut s’expli- poche », pronostique Fabien Thiémé. avec Fabien ou moi », conclut le challenger avouant au
quer par le bon score réalisé par Jérôme Léman avec Autre enjeu de ce scrutin, Valenciennes Métropole. passage avoir du respect pour son concurrent de
19,02 %. Adjoint de 2001 à 2003, ce centriste avait En cas de victoire de Fabien Thiémé, le basculement gauche mais pas pour son ancien leader.
J
qu’elle n’a pas l’intention de renouveler de sitôt.
badine
Par Gaël Cogné
pas avec
la mairie
À
HALLENNES-LEZ-HAUBOURDIN. Quatre
listes au premier tour. Quatre au second.
Dans ce village à 10 km de Lille, les
Municipales sont mouvementées...
Hallennes-lez-Haubourdin,
3 810 habitants, se joue une
tragi-comédie en deux
actes, deux tours et quatre personnages princi-
paux. À droite : André Pau (le maire actuel) et
Véronique Genelle (avec son ex-maire de mari,
aujourd’hui inéligible). À gauche : Monique Her-
duin (liste PS-PCF-Verts) et Suzanne Heusdens
(divers gauche). Les figurants : une population
qui se demande s’il faut rire ou pleurer des
frasques de leurs élus. Rien ne change entre le
premier et le second tour (les quatre listes restent
dans la course), personne ne meurt à la fin (pour-
tant les échanges sont parfois verts), mais on ne
s’ennuie pas.
Ce qui manque à la pièce, peut-être, c’est un élé-
ment perturbateur. Mais des éléments perturba-
teurs, il n’y en a pas beaucoup à Hallennes, à part
les dealers qui boivent des bières dans leurs voi-
tures allemandes au bout du quartier du Fort.
L’ancien maire, Patrick Genelle,
« Les gens ont peur », estime Jean-Pierre Baert, ha-
a réussi à lever contre lui les inimitiés
bitant du quartier du Fort et membre de l’oppo-
de tout le village. En 2001,
sition (communiste). Vingt-cinq pour cent de vote
l’un de ses anciens colistiers, blessé
Front national dans ledit quartier. Pourtant, les
Photo : GC
Le Louvre 2
divise
les candidats
«
O
ne sommes pas anti-Louvre, mais il faut des ment ces quartiers, délaissés par la mairie. » seront sûrement pas Lensois, alors
projets d’accompagnement. » Et les cri- D’un côté, un musée qui n’intéresse même que ces offres d’emploi étaient
n a peur que les Len- tiques fusent. pas les habitants. De l’autre, un parc un argument de la région en faveur de
sois aient un musée et Déconnecté de leurs préoccupations hôtelier incapable d’accueillir le sur- la venue du musée dans le bassin mi-
n’en profitent pas. On quotidiennes, le Louvre 2 apparaît plus de visiteurs, du personnel non nier. Naceira Vincent renchérit : « Le
essaie de leur montrer que c’est une comme trop ambitieux. « C’est trop bien qualifié. parcours touristique passera par Béthune,
chance », revendique Grégory Galvaire. pour nous », c’est ce qu’a entendu Annie « C’est un projet qu’il faut préparer en Lille ou Arras. Des villes qui ont la possibi-
Plus facile à dire qu’à faire pour ce St Arnoult, la candidate Pôle de re- amont, constate Naceira Vincent. Or, lité d’héberger les visiteurs. Lens n’en profi-
chargé de communication à la com- naissance communiste en tera pas ». Pourtant, les touristes
munauté d’agglomérations Lens-Lié- France (PCRF)-écologiste, dorment, mangent, consom-
vin. En 2004, la ville de Lens a été
choisie pour l’implantation du Louvre
lors de sa campagne. Si
l’événement est sans aucun « LES GRANDS OUBLIÉS ment… de quoi donner confiance
à certains. Béatrice Permuy, tête
2, destiné à exposer les collections du
musée parisien qui dorment dans les
doute majeur dans le
monde culturel, les Lensois DU LOUVRE, CE SONT de liste UMP, est de ceux-là : « Les
Lensois s’adapteront, j’ai confiance en
LES LENSOIS »
sous-sols. Ouverture prévue : prin- semblent dans l’immédiat eux. La ville bénéficiera de l’aura du
temps 2010. Mais déjà, le projet sème dépassés et peu concernés. Louvre 2 ». Et pour ne pas mettre
la discorde du côté de la population et Pourtant, la ville se prépare la périphérie de la ville de côté,
des politiques. Jusqu’à devenir un doucement. Les rénova- « les parcs de stationnement pourront
thème de campagne. À la mairie, Guy tions en centre-ville ont débuté, mais aucune formation pour l’apprentissage de être aménagés là-bas ».
Delcourt, candidat socialiste à sa pro- les cités minières en périphérie restent l’anglais n’est mise en place. » Le projet est Lens s’est battu pour remporter l’appel
pre succession, accuse ses adversaires délaissées. Chez les Verts, Naceira Vin- acté, mais les créations d’emplois sont d’offres. Pourtant, la ville peine à se dy-
de ne pas soutenir le projet. Alors que cent est catégorique : « Les grands oubliés encore au point mort. Cent cinquante namiser. Un retard que le futur maire
deux rues plus loin, au siège du Parti du Louvre, ce sont les Lensois. » Jean-Mi- emplois directs sont prévus, mais prin- devra combler d’ici 2010, sous peine de
communiste (PCF), Jean-Michel chel Humez va plus loin : « Le parcours cipalement des spécialistes de l’art, des voir “l’effet Louvre” bien plus faible
Humez, tête de liste, se défend : « Nous touristique prévu dans la ville évitera forcé- conférenciers. Dans tous les cas, ils ne qu’escompté.
H
Ensemble
dans la désunion
Photo : J.D.
istorique. À Lens, pour personne, car du côté des “petites listes”, per- « M. Humez voulait absolument la tête de liste, sans
la première fois depuis sonne ne s’entend pour tenter un front commun, discuter. Ce qui n’est pas logique, car nous avions fait
plus de cinquante ans, alors que tous affirment vouloir jouer un rôle tout le travail durant le mandat, justifie la conseil-
Photo : J.D.
un maire socialiste d’opposition. lère municipale. De plus, il ne cache pas l’éventua-
n’est pas réélu dès le Jean-Michel Humez (PCF-Lutte ouvrière), lité d’accepter un poste dans l’exécutif si M. Delcourt
premier tour des muni- Annie Saint-Arnoult (PRCF*-Groupe écolo- le lui proposait. Ce que nous refusons. » Au PCF, l’in-
cipales. Guy Delcourt, l’édile sortant, ne comp- giste lensois) et Naceira Vincent (Verts- téressé se dit ouvert à toute proposition d’al-
tait au soir du 9 mars “que” 47,22 % des liance, mais avoue avoir été refroidi par
« ON VA SE RETROUVER CHA-
suffrages. Soit 12 points de moins qu’en l’appétit d’Annie Saint-Arnoult, qui elle
2001. Une invitation à revenir voter le aussi « réclamait la tête de liste fusionnée ».
16 mars qui s’explique en partie par la dé-
mobilisation des électeurs lensois. L’absten- CUN AVEC UN OU DEUX ÉLUS De son côté, Naceira Vincent n’a rien es-
sayé, parce que « c’est à ceux qui ont réalisé le
tion plafonnait en effet à plus de 47 % di-
manche. Une situation inédite dans la ville
MAXIMUM. NOUS NE plus gros score de venir l’approcher ». Elle dé-
plore toutefois cette absence d’entente
artésienne, à laquelle vient s’ajouter un
autre record, régional celui-ci : le nombre de
FERONS PAS LE POIDS. » entre les candidats : « Avec une seule liste
nous aurions pu peser plus lourd durant les
listes présentes au second tour, avec pas conseils municipaux face à Delcourt. Là on va
moins de cinq candidats encore en lice. Et parmi MoDem) ne sont pas parvenus à trouver un ac- se retrouver chacun avec un ou deux représentants
eux trois listes… de gauche. Car si Guy Delcourt cord lors de l’entre-deux tours. Pire, seuls les maximum. Nous ne ferons pas le poids. » Une dés-
est assuré de l’emporter dimanche soir, il n’aura deux premiers auront essayé de discuter. Annie union à gauche qui pourrait bien faire les affaires
pas pour autant réussi à unifier son camp. Une Saint-Arnoult confiait qu’un rapprochement de Béatrice Permuy, la prétendante UMP.
désunion qui lui aura sans doute coûté le premier avec les communistes, tenté mardi soir, s’avérait
tour. Un morcellement qui ne profite d’ailleurs à finalement « impossible ». *Pole de renaissance communiste en France
Photo : D.L.
Photo : D.L.
■ S’appuyer davantage sur la cellule ■ Création d’une police municipale : ■ Sécurité routière d’abord. Aménage-
médiation de rue pour mieux lutter sécurisation à la sortie des écoles, ment de pistes cyclables sécurisées dans
Sécurité contre la délinquance. lutte contre les incivilités, bruits, sta- les grandes artères et le centre-ville. As-
tionnements gênants, dépôts sau- surer la sécurité des enfants à la sortie
vages. des écoles.
Démocratie
■ Bien que la loi ne l’oblige pas pour ■ Création d’un conseil municipal de ■ Droit pour les Lensois d’avoir un
les communes de moins de jeunes ainsi que d’un dispositif de pouvoir de décision et de proposition
participative
80 000 habitants, renforcer la poli- médiation, création d’un groupe d’as- pour l’avenir de leur ville, par le biais
tique des comités de quartiers. sistance jeunesse. Réunions des co- des comités de quartiers. Commission
mités de quartier. mixte avec les commerçants.
■ Avec le parking de 2 000 places à ■ Ne pas démolir le parking de la ■ Stationnement en épi dans les
800 mètres du centre-ville, il ne de- place de la République, ni les par- grandes artères du centre ville, un
Circulation vrait plus y avoir de problèmes, mais kings du centre. Étudier la possibilité partage de la ville entre automobiles,
nous voulons continuer nos efforts. de parkings “extérieurs” avec des na- vélos et piétons, contre le stationne-
vettes aux heures de bureau. ment payant.
prendre votre
prochain maire ?
Photo : D.L.
C’est en tout cas ce que donne à pen- Profession :
Coiffeuse
ser, à la première lecture, le résultat
obtenu par Béatrice Permuy, la candi-
Photo : J.D.
date de droite, au soir du premier tour « J’aimerais qu’il
des élections municipales. En attei- fasse quelque chose
gnant 18,41 % des suffrages, la tête de pour le stationne-
liste de Lens c’est vous a en effet qua- ment des voitures. Je
trouve qu’il y a un réel problème à ce ni-
siment doublé le score qu’elle avait veau-là à Lens. Je suis commerçante, et
réalisé en 2001*. Et se place désor- mes clients doivent faire trois fois le tour
mais comme la seconde force du pay- du centre-ville pour trouver à se garer.
sage politique local. Loin, il est vrai, Même moi j’ai du mal. Je me suis encore
derrière Guy Delcourt, le maire sor- pris trois P.V. rien que cette semaine ! »
tant, à plus de 47 %, mais 6 points de-
vant son premier poursuivant.
« Le travail que nous avons réalisé depuis
sept ans maintenant a porté ses fruits, et
aujourd’hui nous nous implantons tout
doucement à Lens », se réjouit la
conseillère municipale d’opposition.
« On ne peut que se féliciter du score réalisé Prénom : Marie-
par Béatrice Permuy », affirme de son Annick
côté Philippe Rapenau, le secrétaire Âge : 47 ans
départemental de l’UMP dans le Pas- Profession :
Sans emploi
de-Calais, ajoutant que ce résultat
s’inscrit dans « une dynamique pas si
Photo : J.D.
« J’aimerais bien que
mauvaise que ça sur le département, le maire fasse
lorsque l’on considère les victoires à Arras, quelque chose pour
Saint-Pol-sur-Ternoise ou encore Calais ». Béatrice Permuy, UMP, a obtenu 18,41 % des voix au premier tour. les plus démunis. Ici
Alors oui, l’UMP a réalisé un score la précarité est très élevée, plus qu’ail-
leurs. Bien sûr il va y avoir le Louvre,
historique dans la capitale artésienne, mais c’est sans 1 335 il y a sept ans). Une progression donc, mais pas c’est une bonne chose, mais ça ne sera
compter sur l’absence des deux listes de l’extrême- si spectaculaire que l’on veut bien le croire, ou le faire pas pour nous. »
droite, qui avait rassemblé à elles deux 13 % des croire… « Il est vrai qu’il faudra attendre le deuxième tour
votes en 2001. « Les votes extrémistes ne se sont pas re- pour confirmer une réelle percée de l’UMP à Lens », tem-
portés sur notre liste, et c’est tant mieux ! » se défend Béa- père tout de même Philippe Rapeneau. Finalement,
trice Permuy. Soit. la vraie question à Lens est de savoir s’il y a bien une
Mais surtout, comment ne pas mettre ce chiffre en re- place pour l’opposition, car comme le constate Na-
Photo: G.A.
lief avec le taux d’abstention (47 %) enregistré à ceira Vincent, la candidate des Verts alliés au
Lens ? En y regardant de plus près, on constate qu’en- MoDem : « Ici, on vote socialiste, ou on ne vote pas. »
tre l’élection de 2001 et celle de 2008, si la droite a
bien doublé son score, elle n’a en revanche gagné * Béatrice Permuy avait obtenu 9,81 % des suffrages lors des mu-
que… 916 électeurs (2 251 dimanche dernier contre nicipales 2001, au sein d’une liste d’union RPR, UDF et DL. Prénom : Alain
Âge : 27 ans
Profession :
Valet de chambre
Nom : Nom :
Photo : J.D.
Photo : J.D.
rouvrir les CAJ (Commissions contrat de réussite solidaire pour les Pour la première fois
armée-jeunesse). jeunes. depuis cinquante ans, la
gauche n’est pas passée
dès le premier tour.
MUNICIPALES
■ Mise en place de budgets partici- ■ Démocratie délibérative. Élection 2001 : 1er tour Prénom : Pascal
patifs. Redonner le pouvoir aux ci- au suffrage universel pour les com- Âge : 48 ans
Profession :
toyens doit être l’instrument d’une munautés d’agglomération, budgets Agent SNCF
politique publique en faveur des participatifs, référendums locaux et
couches populaires. d’initiative populaire. « La sécurité est ce
Photo : D.L.
qui me préoccupe le
plus. Plus de pa-
trouilles policières,
Liste Delcourt (PS) : 59,35 %
■ Relier les quartiers entre eux et au ■ Développer la mise en réseau des quand je me rends au travail. Je travaille
Liste Permuy (RPR-UDF) : 9,88 %
Un melting-pot
font
politique
Naceira Vincent s’est beaucoup cher-
grise mine
chée. En 2001, elle s’alliait au Parti com-
muniste sous l’étiquette “Écolo alterna-
tif”. En 2004, elle décide de s’engager
politiquement et rejoint les Verts. Au-
jourd’hui à la tête de la liste “Atout Len-
sois”, elle allie Verts et MoDem… et doit
faire face aux critiques : « On me dit que
ma liste n’est pas de gauche, mais c’est un
trop mauvais argument, explique-t-elle,
l’important est de créer un regroupement
politique local. »
Un tramway
nommé désir
Un tramway entre Lens et Hénin-Beau-
mont pour remplacer la ligne “buLLe de
Tadao” ? Il pourrait faire escale au Lou-
vre-Lens, au stade Félix Bollaert et re-
joindre le centre commercial de
Noyelles-Godault. Le projet est en cours,
même si la date de fin reste hypothé-
tique. En 2015, les Lensois pourront peut-
être emprunter ce nouveau moyen de
Les habitants transport, très en vogue dans la région.
En effet, un tramway devrait rejoindre
Béthune et Bruay-La-Buissière à l’avenir.
des cités minières
Le terril écolo
parlent peu,
T
mais ils votent.
L’ancien site minier “11/19” fait l’objet
L
Le bassin minier labellisé
d’un office de tourisme, le recru- puis des années à se valoriser.
photo : JD
Un camping à Lens
Culture et de la communication. nauté d’agglomération Lens-Lié- image et tente de mettre en avant
Une distinction qui vise à pro- vin). La sensibilisation du jeune le tourisme minier. Sur les
mouvoir le patrimoine et l’archi- public à l’architecture et au patri- 127 millions d’euros d’investisse- Annie Saint-Arnoult prend son expé-
tecture. Quelques 95 villes et moine constitue un enjeu impor- ment pour la délocalisation du rience de touriste en exemple et va
36 pays ont déjà reçu le label na- tant de la mise en oeuvre de la musée à Lens, la communaupole jusqu’à en faire une proposition. Elle se
souvient de la tente qu’elle a planté en
tional. La communauté d’agglo- convention. Pour l’heure, un par- participe à hauteur de 10 %. Elle Hollande lors de sa visite des musées.
mération attend donc la signature cours thématique a été initié. pouvait donc bien consacrer une Un camping pour accueillir les touristes
de la convention avec l’État (liée Un nouveau souffle donc pour le part de son budget à la promotion serait pour elle « une bonne idée ».
au label), qui prévoit la création bassin minier lensois qui peine de- du patrimoine local.
L
LILLE. Après la loi anti-tabac, parler politique dans les bars Photo : J.R.
devient un risque, selon les cafetiers.
Par Jonathan faire fuir le client. « Déjà que nous qui influent sur leurs manières de
avons perdu de la fréquentation avec travailler. « Comme la décision de ré-
Roux la loi anti-tabac, ce serait idiot d’en duire la durée de la Braderie année
perdre davantage », ajoute Gérald. après année, tempête Gérald, avant,
Parlons-en de la cigarette. « Même c’était sur trois jours et pas deux
’orientation
si cette loi est une décision d’ordre gé- comme maintenant. C’est un manque
politique néral, la gestion se à gagner énorme pour
des cafetiers lillois est
un mystère. À deux
fait essentiellement
au niveau munici- « IL SERAIT tous les cafetiers du centre
ville. » D’autre part, dé-
jours du second tour des élections pal, assure David, IDIOT DE ménager le lancement
municipales, ils préfèrent conti- gérant du Legend du Ch’ti de la
nuer de se tenir à l’écart des dé- près de la PERDRE Grand’place n’a pas
bats pour éviter les barrières avec
la clientèle. « Dans la profession, la
Grand’place, je
parle ici de la loca- ENCORE vraiment été une
bonne idée selon les
loi des trois singes (pas vu, pas en- tion des terrasses que DES débiteurs de boisson :
tendu, pas dit) est très présente, ex- nous devons chaque « Tout ça pour justifier la
plique Gérald, responsable de année à la ville et CLIENTS » rénovation de la place de
salle du Rihour, même si nos éta- que Martine Aubry la République alors qu’il
blissements sont très propices aux dis- a augmenté a l’occasion de son man- n’y a presque aucun café autour ! »
cussions politiques, et en l’occurrence dat. Nous aimerions vraiment déve- Pas plus en faveur d’un candi-
aux élections municipales en ce mo- lopper ces espaces, mais c’est trop dif- dat qu’un autre, les cafetiers
ment, nous préférons ne pas intervenir ficile car on nous rappelle à l’ordre pensent essentiellement à leur
dans le débat et préserver ainsi une pour la moindre chaise qui dépasse. quotidien. « On souhaite seule-
certaine neutralité. Nous voulons ac- C’est vraiment handicapant. » ment travailler tranquillement,
cueillir tout le monde, tout le temps. » Bien que peu sensibles aux discus- conclut le gérant du Legend, car
En clair, cette absence d’engage- sions politiques, les cafetiers sont depuis quelque temps, c’est beau-
ment pour tel ou tel candidat est en revanche assez attentifs aux dé- coup de contraintes pour peu
Discuter politique autour
uniquement un moyen de ne pas cisions concrètes. À savoir, celles d’avantages. »
d’une petite mousse,
Combats
une époque révolue ?
permanents
E
lle est arrivée à Villeneuve-d’Ascq lioration des conditions de vie des per-
au début des années 1980. Laha- sonnes à mobilité réduite. « Quand je
nissa Madi n’a pas choisi cette m’investis, c’est pour aller au bout des
destination par hasard. « À l’époque, la choses », affirme la quadragénaire. Per-
ville faisait partie des deux communes de fectionniste, exigeante « avec moi-même
France où les personnes handicapées pou- mais autant avec les autres », Lahanissa
vaient faire des études et se loger », se sou- Madi vit cette expérience « comme un en-
vient-elle. Tétraplégique, elle ne peut se richissement personnel. Ce n’est pas la muni-
déplacer qu’à l’aide d’un fauteuil rou- cipalité qui a fait de moi ce que je suis au-
lant. « C’est un combat de tous les jours », jourd’hui ».
Lahanissa Madi
souligne l’élue. « Elle a un caractère très fort et gère ses dos-
est prête pour
Lahanissa Madi a toujours été une siers merveilleusement bien », avoue Mar-
femme épanouie, coquette, souriante. jolaine Pierrat-Ferraille, collaboratrice
un second mandat.
Maman d’une jeune adolescente de du cabinet de Jean-Michel Stievenard.
Elle vit cela comme
15 ans, elle ne se considère pas comme Ses missions, « m’occuper de toutes les per-
« un enrichissement
une personne handicapée. « On est handi- sonnes souffrant d’un handicap qu’il soit au-
personnel ».
capé quand l’ascenseur est en panne ou ditif, visuel, moteur… » Elle a fait de l’ac-
lorsqu’il n’y a pas de rampe à l’escalier. Le cessibilité aux bâtiments publics son
Photo : Guillaume Carré
bien discret
C’
TOURCOING. Élu avec 53 % des voix dès le premier tour,
Par Imanol Corcostegui
le socialiste Michel-François Delannoy est le nouveau maire
de Tourcoing. Un sacré coup de projecteur pour un homme
qui n’aime pas parler de lui.
moment du choix
du candidat PS à la présidentielle. Balduyck, lui,
avait choisi DSK. La différence de point de vue n’a
pas créé de tension entre les deux hommes, ni de
Delannoy a été pendant
conséquence à l’échelle tourquennoise. De toute
sept ans l’adjoint de Balduyck.
façon, sur sa position au sein du parti, Delannoy a
Michel-François
déjà répondu : « Je suis à Tourcoing d’abord ! Car la re-
connaissance viendra par les élus locaux. Des personnes et améliorée. « Un saut générationnel qualitatif », souf-
comme Martine Aubry ou Bertrand Delanoë nous sont très fle le Vert Bernard Despierre qui n’a accepté de faire Delannoy en dates
utiles : ils ramènent les sujets aux valeurs. » liste commune avec le PS que parce que Delannoy a
Balduyck dit de lui qu’il a « le virus et le charisme des fait de l’écologie une priorité de campagne. « Il n’a 1963 : Il naît à Tourcoing (Nord).
1988 : Il rencontre le député Balduyck,
politiques ». Hubert Ledoux, auteur d’un ouvrage sur que 44 ans et il est particulièrement ouvert aux problèmes ami de son père, qui lui propose un
le désormais ancien maire de Tourcoing, explique : modernes. La lutte contre la pollution est une valeur im- poste d’attaché parlementaire.
« Tous deux viennent des mêmes bases : même origine ru- portante pour lui, ce qui était nettement moins le cas pour 1998 : Il est élu conseiller général du
rale, même culture politique. Ils ont en commun leur dis- Balduyck. » canton de Tourcoing Nord-Est.
2001 : Il devient premier adjoint de
crétion et un vrai respect des gens. Si Delannoy n’avait pas À son âge, Delannoy a tout son temps pour mettre Balduyck, alors maire de Tourcoing. Il
été compétent, Balduyck aurait fait un mandat supplé- en place un projet sur le long terme. De là à lui pré- est également nommé vice-président
mentaire. Là, le flambeau est transmis. » dire une longévité à la Balduyck et ses 19 années de du conseil général du Nord.
Balduyck et Delannoy, le modèle et la copie. Enfin, mandat... En tout cas, si Delannoy a cette ambition- 2008 : Il est élu dès le premier tour
en plus moderne. Delannoy est à Balduyck ce que là, il ne faudra pas compter sur lui pour qu’il l’an- maire de Tourcoing avec 53,58 % des
voix. Sa liste comprend des membres
l’Iphone® est au téléphone. Une version rafraîchie nonce aux médias. du PS, du PCF et des Verts.
tente
La requête de Chantal
Sébire est « irrecevable »
le relooking
EUTHANASIE. Le procureur de la République
de Dijon a requis, vendredi, « l’irrecevabilité
de la requête » de Chantal Sébire, qui deman-
dait à la justice le droit d’être euthanasiée.
Etienne Daures, procureur général à le cour
d’appel de Dijon a expliqué « qu’en l’état ac-
tuel de la loi » la demande de Madame Sébire
ne pouvait être accordée. La loi sur la fin de
vie datant de 2005 ne permet pas aux méde-
cins de pratiquer l’euthanasie active, mais
tend à instaurer un « droit au laisser mourir ».
Chantal Sébire est atteinte d’une tumeur évo-
lutive et mortelle des sinus et de la cavité na-
sale qui déforme son visage. Le conseiller
santé du chef de l’Etat lui a proposé un nouvel
avis sur son cas par « un collège de profession-
T R A N S F O R M A T I O N . Après avoir nels de la santé du plus haut niveau ». De son
côté Christine Boutin, la ministre de la Ville et
du Logement s’est exprimé sur cette affaire
longtemps songé à tout bouleverser
après les municipales, Nicolas Sarkozy sur l’antenne de RMC : « Mais pourquoi ne
peut-elle plus vivre ? Parce qu'elle dit qu'elle
temporise et annonce que rien n’est souffre mais il y a les médicaments qui peuvent
empêcher cette souffrance, parce qu'elle est
difforme mais la dignité d'une personne va au-
encore décidé. Un revirement qui
pourrait annoncer un changement de delà de l'esthétique de cette personne. »
L
Photo : D.R
Airbus jugé
style à la présidence.
non responsable
Par Gaël Cogné ( avec agences)
Le Président suit la ligne prônée par François Fillon.
C
par la cour d’assises de Tours.
Par Gaël Cogné (avec AFP)
’est fini. Les recherches
n’ont plus lieu d’être au-
premier jeune, le procureur de
Tulle, Etienne Manteaux, évo-
renversement de l’embarcation.
Pourtant, les adolescents connais- Delanoë sans trop
tour de l’étang corrézien quait deux hypothèses : « Soit lui saient bien les dangers du lac. Ils de Verts
où Kevin et Vincent avaient dis- aussi s’est noyé sachant que, lui, sa- avaient l’habitude de venir pêcher
PARIS. Bertrand Delanoë, maire sortant de
paru depuis mercredi. Un premier vait nager, ou alors il est choqué et il la carpe dans ce bassin à 200 mè- Paris et quasiment assuré de sa réélection, a
corps est remonté à la surface, est dans les bois. » tres de chez eux. Mais cette fois- annoncé vendredi sur RTL que sa nouvelle
hier matin. L’autre a été décou- Un temps, les enquêteurs ont cru ci, ils n’avaient pas pris leur équi- équipe municipale serait « très renouvelée » et
vert au fond du lac quelques qu’ils retrouveraient en vie le se- pement. comprendrait « beaucoup de jeunes ». Il a éga-
heures après. C’est l’hélicoptère cond jeune. Mais l’eau à 6 degrés Devant ces nouveaux éléments, la lement prévenu que l’influence des Verts y se-
rait « moins grande ». Bertrand Delanoë tra-
qui tournait autour du plan d’eau a eu raison des deux adolescents piste de l’enlèvement ou celle de vaille depuis 2001 avec les écologistes, dont
qui l’a repéré, la vidange partielle âgés de 13 et 15 ans. Leurs vête- la fugue semblent écartées. Kévin Denis Baupin qu’il a choisi comme premier
du lac des Bariousses ayant per- ments « relativement amples » les et Vincent étaient décrits par leurs adjoint. Le sort du candidat des Verts, malheu-
mis de voir le fond. auraient empêchés de nager proches comme des jeunes sans reux au premier tour, n’est pas encore fixé.
Le canoë qu’ils avaient dérobé jusqu’à la rive et les auraient fait histoires et bien dans leur peau.
dans le jardin d’une voisine avait couler. Une centaine de pompiers, na-
été retrouvé plus tôt dans la mati- Pour les gendarmes « la thèse acci- geurs, gendarmes et une brigade
née. Il flottait près du barrage. dentelle est privilégiée ». Un lâché cynophile étaient mobilisés de-
Après avoir découvert le corps du d’eau pourrait être à l’origine du puis mercredi soir.
MARSEILLE. L’implantation
d’un incinérateur à Fos-sur-Mer,
afin de traiter les déchets
de l’agglomération phocéenne,
T
est un enjeu majeur de la campagne.
Malgré l’indifférence des Marseillais.
Photo : DR
Gaudin (UMP) se situe à 60 km de la cité pho- Marseille, 80 000 habitants,
céenne. Et également parce que Jean-Noël Gué- croule sous les déchets. Chaque
Les habitants de Fos-sur-Mer s’inquiétent
rini est le président du riche Conseil général des année, 450 000 tonnes d’ordures
Bouches-du-Rhône, et qu’il compte sur les fonds sont déversées dans les campagnes alentour. Pas question pour Guérini de se les mettre à dos
du département pour financer son projet munici- « Depuis 1910, Marseille se débarrasse de sa merde à cause d’un incinérateur à déchets très impopu-
pal, « sans augmenter d’un dans tout le département », laire dans leur commune. Quitte à ce que les sacs
« MARSEILLE
centime les impôts locaux des confie une journaliste du plastiques continuent à s’envoler dans les bour-
Marseillais », a-t-il promis quotidien régional La Pro- rasques du mistral.
lors du débat qui l’opposait
au maire sortant sur Eu- SE DÉBARASSE vence. Cette situation ne Dans un sondage TNS-Sofres-Logica pour Le Fi-
gêne pas vraiment les élec- garo, publié vendredi, Jean-Claude Gaudin serait
rope 1 mercredi soir. Jean-
Claude Gaudin mise de son
DE SA MERDE » teurs marseillais. Le projet reconduit avec 51 % des voix. Mais le troisième
d’incinérateur, thème essen- secteur de la ville, s’il votait pour la liste com-
côté sur l’argent promis par tiel de la campagne des mu- mune MoDem-divers Gauche, pourrait faire
Nicolas Sarkozy, dans une lettre adressée à « mon nicipales, ne semble pas les affecter, ni même les tomber la mairie marseillaise. Les indécis aussi :
cher Jean-Claude ». concerner. Alors pourquoi est-il si important à trois jours du second tour, 14 % des électeurs
Le candidat socialiste, soutenu par les écolo- dans la campagne ? Parce que la Communauté de droite disent qu’ils « pourraient changer d’avis »,
gistes, veut abandonner ce projet d’incinérateur urbaine de Marseille est très endettée (3 milliards contre 9 % des électeurs de gauche. Comme di-
« parce qu’il est dangereux pour la santé ». Jean- d’euros) et qu’elle a cruellement besoin des fonds rait Jean-Claude Gaudin lui-même : « Les jeux ne
Claude Gaudin, lui, estime qu’il est « obligatoire du département, et donc du soutien des maires. sont pas faits. C’est serré. »
La campagne
n’est pas toute rose
TOULOUSE. Une lutte féroce met
Par Alexandra
aux prises le sortant Jean-Luc Moudenc
À
Nawawi (avec AFP)
et son challenger Pierre Cohen.
mesure que le second tour approche, bliée le 12 mars dans Paris Match, qui don-
les langues se délient à Toulouse. Pas nait Pierre Cohen gagnant avec une avance
un jour sans petites phrases assassines confortable (53 % contre 47 % pour le maire
entre Pierre Cohen, le candidat PS, et Jean- sortant), le candidat socialiste n’est plus cré-
Luc Moudenc, maire sortant UMP. Mercredi dité que de 50 % des voix par un sondage
dernier, lors d’un meeting à Ramonville- TNS-Sofres pour Le Figaro publié ce ven-
Saint-Anne, Pierre Cohen a ainsi pris un dredi.
malin plaisir à dénigrer Dominique Baudis, Ce léger fléchissement s’explique en partie par
ancien maire de Toulouse et soutien de Jean- la stratégie d’alliances de Pierre Cohen. Après
Luc Moudenc. « Depuis une semaine, on a res- avoir refusé la main tendue du MoDem, le
sorti l’icône usée : Dominique Baudis, qui ne figure candidat socialiste a tourné le dos à plusieurs
pas sur la liste, mène la campagne, accorde des in- listes alternatives et d’extrême gauche. Non à
terviews, distille des conseils et profère des menaces. Toulouse debout !, non également à la Ligue
Il est parisien, il est en vacances dans notre ville. » communiste révolutionnaire (LCR). Le PS a
Et ses colistiers ne sont pas en reste. Magyd choisi la tactique de feu l’union de la gauche
Cherfi, ancien chanteur du groupe Zebda et en s’alliant avec les Verts, le Parti radical de
numéro 67 sur la liste de Pierre Cohen, a dé- gauche (PRG), le Parti communiste (PC) et le
claré lors d’un meeting public que la première Mouvement républicain et citoyen (MRC).
adjointe sortante Françoise de Veyrinas « se Un choix tactique qu’il payera peut-être di-
rendait naguère au Mirail [NDLR : grand quar- manche prochain car le candidat centriste,
tier sensible de Toulouse] en servant des sand- Jean-Luc Forget, a finalement rejoint la liste
wichs au jambon. À une population largement mu- de Jean-Luc Moudenc. Ce dernier a appelé
sulmane. » quant à lui ses électeurs à « déposer un bulletin
Jean-Luc Moudenc
La dernière ligne droite de la campagne mu- de vote dans l’urne » dimanche prochain, et à ne
pourrait perdre
Photo : DR
nicipale déchaîne donc les passions. Et les pas adresser un « chèque en blanc » à son adver-
son écharpe
sondages. Après une première étude Ifop, pu- saire socialiste Pierre Cohen.
ce dimanche
tranquille
mollesse Par Joël Bronner
À
Photo : DR
«
Durant la campagne, les slogans des différents
partis se ressemblent tous. Seul change le nom
de la ville. Le marketing électoral a toujours
recours aux mêmes arguments.