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RENNES 20 Novembre 2009

Syndicat FO du CHU de RENNES


Local FO PONTCHAILLOU
35033 RENNES Cedex Tel : 02 99 28 24 84 Poste : 82 484 E-Mail : fo@chu-rennes.fr
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Lecture faite au colloque des Psychologues.

Aujourd’hui, ce colloque veut s’intéresser à l’expression de la douleur, c’est à dire au


corps qui parle. C’est pourquoi, le personnel soignant, qui se sent au coeur du sujet
depuis longtemps, vient caresser l’espoir d’y avoir une écoute sur ses maux.
Le préambule du colloque est intéressant puisque vous nous dîtes que «à l’hôpital, les
maux du corps sont variés et quotidiens » Depuis plusieurs mois, à l’hôpital, ce sont les
différents corps de métiers qui sont malades au quotidien.

La souffrance des soignants a été maintes fois exprimée mais non entendue.
Pourtant, il paraîtrait que c’est par la parole que l’on pourrait apaiser les conflits
douloureux.
Que faire, alors, lorsque ceux, a qui on s’adresse, sombrent dans un profond mutisme,
disparaissant au nom du sacro-saint principe de la fuite et se réfugient au fin fond d’une
coquille vide pour ne pas affronter la vérité.
La douleur du personnel devient alors «récalcitrante » comme vous le dîtes, chronique et
rebelle malgré les placebos dont on le gave.

Mais, sans doute que votre «énigme » qui se place devant la direction est :
Les soignants sont-ils des êtres humains ? Non, cette question ne peut pas effleurer son
esprit puisque son cerveau ne réagit qu’à un seul mot : ECONOMIES.
Et c’est bien ça la « cause du désordre». C’est bien ça qui dégrade les conditions de
travail et donc, par conséquent, les soins et la vie des patients.

Dans des oreilles et des mémoires résonnent encore des paroles de certains professionnels
de santé. Par exemple, qu’on peut comparer l’hôpital à un corps avec toutes ses petites
cellules qui y travaillent.
Que devient ce corps quand son centre s’emploie à détruire ses propres cellules ?

Lorsqu’il existe une volonté de remplacer des cellules spécifiques par des cellules moins
coûteuses, l’aboutissement va inévitablement à la dégradation des fonctions de l’organe
jusqu’à sa disparition.

Le déni et le mépris de nos compétences, expériences et capacités nous entraînent vers


l’enterrement de nos professions et ce sont les patients qui en font les frais.
Le personnel ressent une injustice par rapport à son investissement au travail.
- Mais, nous direz-vous, cette souffrance est «psychologique» Parlez-nous donc de la
dissociation corps / esprit, ces deux acteurs qui réagissent l’un sur l’autre.
Quand l’un est déséquilibré, c’est l’autre qui dysfonctionne
Vous savez bien que, face à un événement stressant, le corps s’active pour mobiliser ses
ressources

C’est pourquoi la mobilisation du personnel est là pour faire entendre une fois de plus sa
parole, pour dire que nous ne sommes pas loin ni du 10/10 sur une Echelle de Valeur
Analogique douleur, ni de l’explosion de notre énergie négative.
Ces manifestations n’échappent pas à la «rationalité » dont vous parlez.
Elles sont bien fondées sur la raison et la volonté de ne pas sombrer…
L’hôpital puise encore ses ressources dans la conscience professionnelle du personnel,
qui tente de faire survivre par tous les moyens, son activité.

Aujourd’hui, on veut lui enlever des cellules à ce corps soignant, au moins 100 cellules
pour 2010 .La menace de perte d’emplois est source de malaise et de stress et les jeunes
cellules ne veulent plus se développer dans cette structure.
Médicalement, on dit que le corps a besoin de temps de récupération pour être efficient
sachez que 10 minutes par jour ne remplacent pas 5 RTT nécessaires pour se ressourcer.

On a réellement besoin de temps chaque jour pour ne pas prodiguer que du soin
technique, mais du temps aussi au soin humain.
L’hôpital traite des pathologies lourdes et difficiles à gérer et c’est bien de ce temps
dont on a besoin, pour écouter l’angoisse des patients. Oui, nous avons besoin de
besoin ce temps, même entre collègues pour parler entre nous des situations
difficiles.

Le préambule à cette journée affirme que « l’être humain est un être parlant, quel
psychologue peut donner une réponse au mal-être des soignants qui mobilisent toutes
leurs forces depuis le mois de mai ?

Il n’y a aucun dialogue, donc la confrontation se fait inévitablement dans la force.


La méthode employée ici est la domination qui impose sous la contrainte et non l’autorité
qui favorise une relation dans le respect.

A s’épuiser, l’hôpital va devenir grabataire et ne pourra plus se relever puisque, à en


croire certains professionnels de santé, c’est le propre du grabataire que de ne plus se
lever.

Là, on comprendra peut-être la douleur…Mais alors, il sera sans doute trop tard.

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