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13
Chapitre
Outils d'aide aux programmes
et aux projets
Sommaire
1 Analyse des parties prenantes 229
2 Renforcement des capacités 232
4 Partenariats des secteurs public et privé 241
5 Indicateurs de suivi 247
6 Evaluation par la participation (rurale) (EPR) 251
7 Gestion participative de l'irrigation (GPI) 253
8 Etude d'impact social (EIS) 255
9 Analyse selon le genre 258
10 Etudes sur la disposition à payer 261
11 Analyse financière et économique 263
12 Evaluation des bénéfices des investissements dans les ressources en eau
13 Procédures environnementales
14 Estimation économique environnementale
consistent
principalement
Outils d'aide aux
programmes et aux projets
Introduction
Les aides à la programmation et au développement de projets suivantes sont
fournies comme complément aux listes de questions clés. Elles consistent
principalement en différents types d'études et de méthodologies qui doivent être
utilisées pour développer l'information et les connaissances de base à différentes
étapes du cycle de projet. De courtes définitions de ces aides sont données dans le
chapitre 12, glossaire des concepts clés.
Le but de ce chapitre est de fournir une description raisonnablement complète
de l'aide en question. Cependant si par exemple une analyse des parties prenantes
paraît souhaitable, il sera probablement nécessaire de faire appel à des consultants
faisant partie d'une organisation ou d'une institution locale, possédant le savoir-
faire pour effectuer cette analyse. L'information fournie ici n'est pas aussi
complète qu'elle le serait dans un manuel et n'est généralement pas suffisante par
elle-même. Elle vise à donner aux directeurs et aux administrateurs de programme
l'indication qu'un exercice particulier peut être entrepris, et en quoi consistent les
paramètres généraux, ainsi que ce qu'ils produiront.
1. Analyse des parties prenantes
L'objectif d'une analyse des parties prenantes est d'identifier les différentes parties
prenantes qui peuvent avoir un intérêt dans un projet potentiel, soit parce qu'elles
vivent à proximité et pourraient être affectées par sa construction, soit parce
qu'elles sont d'une manière ou d'une autre impliquées dans ce projet (organismes
gouvernementaux, sociétés de construction, autorités administratives locales,
groupes de citoyens et ONG, actionnaires, propriétaires fonciers, etc.)
L'analyse des parties prenantes est utilisée non seulement pour identifier tous
les acteurs se trouvant dans l'environnement du projet, mais aussi pour évaluer les
relations entre le projet et ces acteurs. Elle peut alors être utilisée comme point de
départ pour définir les approches pour prendre base sur ces rapports lorsqu'ils sont
positifs, ou les améliorer lorsqu'ils sont négatifs. Par exemple, des actions de
complément ou de soutien peuvent être décrites, et des zones de conflits
potentiels entre le projet et les parties prenantes peuvent être examinées.
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L'analyse des parties prenantes est particulièrement utile au développement
des approches participatives d'un projet, puisqu'elle facilite l'identification de
celles qui pourraient y participer. Cependant, toutes n'auront pas une relation «
participative » avec le projet.
Le résultat de l'analyse des parties prenantes fournira des informations sur les
risques et les hypothèses du projet.
Les différents types de parties prenantes
Les parties prenantes peuvent être différenciées de plusieurs manières. Une
méthode simple est de faire la distinction entre :
Les parties prenantes de premier rang
Cette catégorie comprend celles dont le revenu ou l'intérêt principal se rapporte
d'une quelconque manière au projet. Elle inclut, sans se limiter à eux, les
bénéficiaires supposés du projet.
Les parties prenantes de second rang
Ce sont celles dont les intérêts se rapportent au projet mais d'une façon moins
immédiate ou directe que pour les parties prenantes de premier rang, par exemple
les bailleurs de fonds du projet.
Les parties prenantes clés
Les parties prenantes clés sont celles qui ont la capacité d'influencer les résultats
du projet, mais qui ne sont pas elles-mêmes directement affectées par celui-ci, par
exemple les législateurs et les fonctionnaires.
Etapes d'une analyse des parties prenantes
L'analyse des parties prenantes n'est pas une méthodologie formelle, et on peut
utiliser avec succès une variété d'approches non officielles. Cependant beaucoup
d'auteurs s'accordent généralement sur un processus qui contient les étapes
principales suivantes :
Première étape
Etablir un tableau des parties prenantes, listant toutes celles impliquées dans le
projet, et qui définit :
G si elles sont des parties prenantes de premier rang, de second rang, ou clés ;
G la nature de leur motivation ou leur intérêt ;
G la base sur laquelle elles fondent cet intérêt (droits coutumiers, propriété,
responsabilités administratives ou juridiques, droits intellectuels, obligations
sociales, etc.) ;
G si leur relation avec le projet est positive ou négative.
Il faut se rappeler qu'un partenaire peut posséder plus d'un intérêt en jeu dans un
projet particulier.
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Deuxième étape
Etablir la relation entre chaque partie prenante et le projet, sur la base de leur
influence et de leur importance.
L'influence définit la portée avec laquelle des actions potentielles d'une partie
prenante affectent la mise en oeuvre du projet. Par exemple, les propriétaires
fonciers ont une grande influence sur un projet qui exige des emprises foncières.
L'importance définit combien une partie prenante compte pour le succès du
projet. Les bénéficiaires supposés du projet forment un groupe de parties
prenantes très important, mais il peut y en avoir d'autres.
L'évaluation peut être faite sur une échelle ordinale de 1 (influence et
importance très faibles) à 5 (très forte importance ou influence). L'influence et
l'importance relatives de toutes les parties prenantes peuvent alors être exposées
sur une matrice à deux dimensions.
Troisième Etape
Evaluer des actions appropriées en rapport avec toutes les parties prenantes.
Certains auteurs suggèrent un éventail d'actions allant du contrôle (le projet est en
position de s'imposer aux parties prenantes), en passant par l'information (le
projet fournit des informations aux parties prenantes), la consultation (un
dialogue qui va dans les deux sens entre le projet et les parties prenantes), au
partenariat (basé sur la participation réelle des parties prenantes au projet).
Qui devrait effectuer l'analyse des parties prenantes,
et à quel moment ?
Différentes approches sont possibles. Initialement, l'équipe du projet sera
responsable de l'analyse des parties prenantes mais dans certaines circonstances
particulières, il peut être approprié que quelques-unes des parties prenantes elles-
mêmes soient impliquées dans le processus. L'analyse des parties prenantes devrait
en premier lieu être entreprise à la phase d'identification du projet. Si un cadre
logique est mis en place, l'analyse en fournira les informations nécessaires.
L'analyse devrait être répétée et affinée au cours du déroulement du projet.
Informations complémentaires
:
Note technique sur l'amélioration de la
participation des parties prenantes dans les opérations d'aide
(incluant des
conseils sur la façon de faire l'analyse des parties prenantes). Département pour le
Développement International, Royaume-Uni, 1995.
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232
2. Le renforcement des capacités
Introduction
Le renforcement des capacités est un processus continu et à long terme, qui
implique l'application de plusieurs techniques très spécifiques pour renforcer la
performance du secteur en question ainsi que les organisations qui le soutiennent.
Le renforcement des capacités doit inclure l'utilisation des aptitudes existantes,
puisque les organisations sous-exploitent fréquemment celles dont elles disposent.
Le concept du renforcement des capacités est courant depuis la Conférence des
Nations Unies sur l'eau, qui s'est tenue à Mar del Plata en 1977, et son importance
a été rappelée par la suite dans plusieurs forums internationaux. Le renforcement
des capacités compte parmi les sept domaines d'actions dans les stratégies sur l'eau
nationale identifiées par le Secrétaire général de l'ONU pour les années 90, avec les
objectifs suivants :
G
Accroître la capacité de développement et la gestion des programmes liés à l'eau, et
renforcer les institutions et développer les ressources humaines à tous les niveaux
;
G
Prévoir les ressources humaines adéquates, avec des qualifications adaptées aux
multiples fonctions, scientifiques, techniques, de gestion et administratives,
nécessaires à l'évaluation, à la mise en valeur, à la conservation et à la gestion des
ressources d'eau
.
Une Conférence de l'après décennie internationale de l'eau à New Delhi en 1990
identifia quatre principes directeurs dont deux sont en rapport avec le
renforcement des capacités :
G
Des institutions fortes sont essentielles pour un développement durable ;
G
Le renforcement des capacités est nécessaire pour rendre efficace la gestion des
collectivités.
Plus récemment, en 1996, à Rome, le Sommet Mondial de l'Alimentation a abordé
les aspects du renforcement des capacités dans ses conclusions :
G
Les conséquences d'une négligence de la sécurité alimentaire peuvent être graves, et un
investissement dans les infrastructures pour l'eau, une réforme continue des
institutions de soutien, et un environnement propice sont nécessaires à l'amélioration
de la production alimentaire.
G
Dans de nombreux pays africains, la sécurité et la stabilité alimentaires au cours du
siècle prochain seront étroitement liées au succès de l'irrigation et de la gestion des
bassins hydrographiques, y compris ceux qui traversent les frontières nationales.
Page 7
233
La Déclaration de Delft (IHE/UNDP, 1991) a suggéré que le renforcement des
capacités devrait améliorer la qualité de la prise de décision, de l'efficacité du
secteur et de la performance de gestion dans la planification et la mise en oeuvre
des programmes et projets, et qu'il devrait viser trois niveaux : sectoriel,
institutionnel et individuel. Elle a identifié les trois éléments de base du
développement des capacités ainsi :
G Création d'un environnement propice avec une politique et un cadre juridique
appropriés ;
G Renforcement institutionnel, y compris la participation de la collectivité ;
G Mise en valeur des ressources humaines et renforcement des systèmes de
gestion.
Les outils du développement des capacités communément mentionnés
comprennent :
G
Le développement des outils de contrôle, d'analyse et de gestion de données ;
G
La mise en valeur des ressources humaines, l'accroissement des qualifications et la
mise à niveau des connaissances ;
G
La réforme des structures et des systèmes ;
G
L'amélioration des connaissances de base ;
G
Le renforcement des capacités est nécessaire à tous les niveaux dans les pays en voie
de développement, mais devient de plus en plus important au niveau du
gouvernement et de la collectivité locaux, car la responsabilité est déléguée au niveau
approprié le plus bas.
Les méthodes
Il existe de nombreuses méthodes de développement des capacités, qui
conviennent à des pays et à des circonstances différents. Par conséquent un
prérequis essentiel au renforcement des capacités dans n'importe quelle zone est
une évaluation exacte de la situation existante, qui peut être obtenue en
entreprenant des études sociales dans les régions concernées et une évaluation des
besoins de formation.
Le développement institutionnel
Le renforcement des capacités peut également être défini comme le
développement des institutions, de leurs systèmes de gestion et de leurs ressources
humaines. Des études doivent par conséquent être entreprises pour identifier où se
trouvent les faiblesses et comment écarter les contraintes institutionnelles,
juridiques, réglementaires ou autres, mais également comment les collectivités
peuvent bénéficier du renforcement institutionnel. Les méthodes comprennent :
G L'examen des procédures de travail, des niveaux de participation de la
communauté, et des faiblesses et forces des institutions ;
G Le jumelage entre les institutions d'un pays en voie de développement et celles
d'un pays développé, des organisations sectorielles et universités similaires, ce
qui favorisera la fourniture de matériel moderne et d'information ;
G L'introduction de barèmes de salaires raisonnables, de motivations et de
possibilités de développement de carrière. Les incitations professionnelles et
financières sont importantes pour stimuler la motivation du personnel et par
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conséquent, dans les institutions, le déroulement des carrières devrait être pris
en compte et les promotions encouragées ;
G La segmentation des responsabilités entre les organisations pour éviter les
interférences et la démoralisation.
Formation
Les programmes de formation doivent être considérés comme un
investissement sur les individus. Il est important d'entreprendre une
évaluation des besoins de formation préalablement à la formation elle-
même. La formation peut soit être assurée sur le lieu de travail soit en
utilisant certaines techniques telles que : des activités de transfert de
technologie, des ateliers, des jeux de rôles, le travail en réseau, des
séminaires et des cours brefs. La formation devrait identifier et promouvoir
les aptitudes sous-exploitées, autant qu'apporter de nouvelles compétences.
Education
L'éducation devrait viser à augmenter la compréhension de la communauté locale
par le développement des qualifications utiles, conjointement avec l'apprentissage
en classe. Elle ne devrait pas se limiter aux méthodes traditionnelles puisque des
situations différentes appellent des types d'éducation différents. Par exemple, la
santé et l'éducation à l'hygiène (
voir chapitre 12
) sont des éléments importants
dans l'éducation sur les ressources en eau. La capacité des systèmes pédagogiques
locaux à le faire est essentielle, et il y a grand besoin de développer des
qualifications utiles aussi bien qu'une connaissance pratique.
Développement de la prise de conscience et gestion de l'information
La diffusion et l'accès à l'information sont une partie intégrante du renforcement
des capacités ; cela implique l'amélioration des moyens de communication et
l'augmentation de la prise de conscience. Des plans pilotes peuvent être utilisés
pour montrer aux communautés locales ce qu'est une bonne pratique et
augmenter leur conscience des nouvelles technologies. Cela ne doit pas,
cependant, être considéré comme un processus à sens unique ; les communautés
devraient rendre aussi les preneurs de décisions conscients de leurs problèmes et
des contraintes empêchant une gestion efficace de l'eau. La gestion de
l'information fait partie intégrante de tout programme de renforcement des
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capacités et des systèmes que l'on doit mettre à jour afin de permettre une
diffusion plus facile et plus efficace du savoir. Un regard particulier est nécessaire
pour s'assurer de la participation de la communauté entière (
voir chapitre 12
) avec
une attention spéciale à l'implication des femmes.
Mise en valeur des ressources humaines
Un personnel bien formé, éduqué et conscient aura besoin de ressources adéquates
pour faire face à ses responsabilités. Le concept de subsidiarité (
voir chapitre 12
) ne
peut pas être rendu opérationnel sans que les ressources adéquates soient
disponibles. Les manques de ressources typiques concernent les moyens de
transport, des budgets inadéquats par rapport aux dépenses courantes, des
ordinateurs, des logiciels et du matériel de communication. Le renforcement des
capacités sans mise en place de ressources restera inefficace.
De nombreux modèles ont été créés afin de développer les capacités à la fois au
niveau institutionnel et au niveau individuel. Cependant, comme tous les pays et
les besoins sont différents, il est évident qu'un modèle générique qui réussirait
dans tous les cas ne peut pas être recommandé.
Des études seront nécessaires pour décider sous quelle forme et avec quelle
composition le renforcement des capacités et la mise en valeur des ressources
seront les plus efficaces dans des pays et des circonstances différents. Une
information est nécessaire sur la situation existante, au moyen d'études et d'une
évaluation des besoins futurs, pour déterminer les meilleures interventions.
Par exemple, la participation de la communauté dans le développement et le
fonctionnement des plans d'irrigation ou l'approvisionnement en eau compte
beaucoup pour un fonctionnement et une maintenance efficaces des services.
Cependant, des problèmes peuvent survenir du fait que dans de nombreux pays
en voie de développement, les parties prenantes en position d'autorité n'ont pas la
capacité pour travailler avec les populations locales. Des changements sont donc
nécessaires pour améliorer leur approche de terrain. La nature de tels changements
dépendra de divers facteurs, y compris les normes comportementales en usage et
les structures de l'autorité, la nature du projet et les croyances et les
comportements des utilisateurs.
Informations complémentaires
:
Une stratégie pour le renforcement des capacités
dans le secteur de l'eau,
IHE/UNDP, 1991.
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3. Lois nationales et internationales sur l'eau
Les lois sur l'eau qui relient la politique de l'eau aux droits sur l'eau existent
depuis de nombreuses années. Elles sont nécessaires à la mise en oeuvre et
l'application de politiques, et fournissent des mécanismes administratifs et
régulateurs efficaces aux niveaux appropriés. L'importance des lois sur l'eau a été
soulignée dans l'Agenda 21.
Les droits d'eau tendent à être considérés différemment par des sociétés
différentes, ce qui conduit à une grande variété de lois sur l'eau. Elles peuvent être
nécessaires pour protéger les droits sur l'eau des individus par exemple, l'accès à
un approvisionnement adéquat et propre d'eau pour les besoins de base mais
peuvent aussi être utilisées pour restreindre l'utilisation de l'eau ou le contrôle des
propriétaires et pour introduire de nouvelles initiatives politiques jugées bonnes
pour le public. Le droit d'utiliser l'eau est un concept distinct de la propriété de
l'eau, et cette distinction doit être prise en compte dans le développement des lois
sur l'eau et la gestion des ressources d'eau.
Les lois sur l'eau doivent également refléter les évolutions de situation.
Souvent, la protection permanente des droits historiques ne permettra pas une
allocation équitable et effective de l'eau. Les priorités peuvent aussi varier avec le
temps dans les Etats et les régions, ou dépendre du niveau de développement
économique.
Les lois sur l'eau peuvent prendre deux formes : écrite et non-écrite.
La loi non-écrite est une «
loi coutumière
» qui a évolué au long des siècles de
coutumes sociales et de traditions conçues pour gouverner les rapports entre
individus. La loi non écrite peut prendre aussi la forme d'un «
droit coutumier
»
où la jurisprudence oriente la décision judiciaire sur un différend donné. Une telle
loi n'est pas passée ou décrétée par un corps législatif, mais forme un groupe de
principes légaux généraux sur lesquels les juges se basent pour prendre leurs
décisions. La loi ou la « législation » écrite « statutaire » est promulguée par un
corps législatif dûment autorisé.
Dans de nombreux pays, plusieurs organismes ont le pouvoir de légiférer sur
l'eau. Une loi sur l'eau détermine les principes fondamentaux et distribue des
pouvoirs concernant la gestion de l'eau. En règle générale, les sujets qui ne sont
pas en rapport avec la politique, les principes ou les droits fondamentaux mais qui
doivent être gouvernés par des règlements particuliers ne sont pas inclus dans la
loi principale sur l'eau mais forment une législation ou des règlements
subsidiaires.
La tâche principale de tout gouvernement révisant ou rédigeant une nouvelle
législation est de s'assurer qu'elle est acceptable sur le plan social et réalisable sur
le plan administratif. En décidant qui détiendra l'autorité finale de contrôler et de
distribuer l'eau et comment les lois et coutumes existantes devraient être
modifiées, on doit prendre en considération un large éventail d'aspects politiques,
sociaux, économiques et administratifs. Les lois nationales sur l'eau doivent aussi
prendre en compte toutes les Conventions internationales acceptées par le pays
(voir ci-dessous).
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La législation de l'eau devrait résulter, plutôt qu'être imposée, de la situation
qui prédomine dans un pays donné. C'est particulièrement vrai d'une loi qui traite
des questions fondamentales, telles que les droits respectifs des individus et du
gouvernement sur la terre et l'eau, et qui sont donc à la base de la structure d'une
société particulière. La préparation de loi sur l'eau doit impliquer les experts
techniques comme par exemple des hydrologues, des ingénieurs et des experts
économiques, aussi bien que des hommes de loi.
La tâche première d'une loi sur l'eau est de donner à l'Etat ou à ses agences
attitrées un pouvoir suffisant pour entreprendre des tâches variées concernant la
connaissance, l'utilisation, le contrôle, la protection, la gestion et l'administration
de l'eau. En même temps devraient être définis et protégés les droits des
utilisateurs individuels de prendre et d'utiliser l'eau.
Par conséquent une loi concernant l'eau, a deux fonctions de base :
G Elle doit conférer certains pouvoirs de contrôle de l'eau et des terres au
gouvernement, tout en conservant ou en garantissant des droits aux
utilisateurs individuels, qui soient en accord avec les objectifs sociaux,
politiques, économiques et de développement du pays.
G Elle doit établir un cadre administratif de base et les institutions nécessaires
pour exécuter les diverses fonctions assignées par la loi.
Les secteurs qui devraient être couverts par une loi sur l'eau, sont donc les
suivants :
Droits sur les eaux naturelles
Ces dispositions devraient établir les droits relatifs, les pouvoirs et les devoirs des
utilisateurs individuels, des opérateurs privés et du gouvernement sur l'eau
présente naturellement sous diverses formes. Elles devraient définir les sources et
les problèmes sujets à un contrôle administratif et celles qui sont libres
d'intervention administrative. Les responsabilités pour la fourniture de services
devraient être distinctes de celles qui concernent la gestion ou la réglementation
de la ressource.
Pouvoirs nécessaires sur la terre
Certains pouvoirs annexes d'entreprendre ou de diriger des opérations sur les
terres sont essentiels à une gestion efficace de l'eau. Une action peut être
nécessaire pour protéger les lits et les rives des rivières et des lacs, et empêcher
l'érosion ou la pollution des terres adjacentes.
Déclaration et autorisation des droits d'utilisation de l'eau
Des informations sont nécessaires sur la disponibilité de l'eau afin de formuler des
plans réalistes de mise en valeur durable des ressources en eau. Ces informations
doivent couvrir la quantité et la qualité, l'utilisation actuelle, et les besoins futurs.
Il est donc important de se doter pour les divers modes de consommation de l'eau
de leur propre niveau de qualité, de protection et de quantification. Les autres
utilisations comme les rejets des effluents doivent aussi être contrôlées.
237
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Structure administrative
Il est nécessaire de désigner les agences administratives responsables de la mise en
valeur et du contrôle de l'eau, de définir leurs buts et leurs objectifs, de leur
accorder les pouvoirs nécessaires et de pourvoir à leur organisation.
Autres questions
Les lois sur l'eau devraient couvrir beaucoup d'autres questions, en plus des droits
sur l'eau, comprenant : la protection de l'environnement, le gaspillage et le
mauvais emploi de l'eau, le recyclage et le réemploi d'eau, la promotion de la
santé et le contrôle de la pollution.
Exemples de questions sur les nappes phréatiques à inclure dans une loi sur l'eau :
G Désignation des régions où la recherche et l'extraction de l'eau souterraine
sont sujettes à contrôle ;
G Permis de forage ;
G Obligations de recharger les aquifères souterrains ;
G Limitation de la consommation par divers moyens, y compris l'installation de
compteurs d'eau ;
G Procédures et exigences dans le cas de l'eau trouvée incidemment ;
G Interférence avec les réserves minérales et pétrolières.
Dans les zones déclarées protégées, restreintes ou rationnées, l'administration en
charge de l'eau peut choisir d'imposer des limites aux prélèvements ou aux
dérivations de l'eau, la prohibition de certains usages, et autres limitations ou
obligations dictées par l'intérêt public.
Loi internationale sur l'eau
Le besoin d'une réglementation efficace des eaux internationales est devenu de
plus en plus aigu comme l'approvisionnement à partir de sources d'eau partagées
par deux ou par plusieurs pays s'est multiplié et la qualité s'est détériorée. L'eau
peut être une source importante de conflits entre Etats voisins ; comme presque la
moitié de tous les bassins hydrographiques dans le monde est partagée, trouver
des modalités pour le partage et la protection de l'eau entre les Etats riverains est
d'une logique évidente. Bien qu'il y ait un large ensemble de lois sur les cours
d'eau internationaux, aucun principe juridique universel n'a encore été accepté.
Jusqu'à récemment, la base juridique pour la plupart des négociations sur les
fleuves et rivières internationaux était donnée par les règles d'Helsinki sur l'usage
des eaux des fleuves et rivières internationaux. Les règles ont été formulées en
1966 par l'Association du droit international, une ONG, et la Commission du
droit international, un organisme émanant de l'Assemblée Générale des Nations
Unies. Les règles d'Helsinki traitent du concept des cours d'eau internationaux
dont les ressources en eau, selon qu'elles chevauchent des frontières
internationales ou circulent seulement dans un pays, sont traitées comme la
propriété commune à tous les Etats du bassin. Les règles contiennent deux
238
Page 13
principes substantiels : une interdiction de causer un préjudice conséquent par la
privation des droits sur l'eau, la pollution ou d'autres moyens ; et le droit de
chaque Etat du bassin le long d'une voie navigable internationale à une utilisation
raisonnable et équitable de cette voie navigable.
Plus récemment, l'Agenda 21 a énoncé une déclaration générale des principes
pour protéger la qualité et l'approvisionnement d'eau douce. La Commission
économique des Nations Unies pour l'Europe a établi la Convention sur la
protection et l'usage des cours d'eau transfrontaliers et des lacs internationaux qui
est entrée en vigueur en Europe en 1996. En mai 1997, l'Assemblée générale des
Nations Unies a adopté la Convention sur le droit relatif à l'utilisation des Cours
d'eau internationaux à des fins autres que la navigation, calquée sur la
Convention européenne précédente. Cette Convention reste ouverte à sa
signature par les pays jusqu'à l'an 2000 et doit recueillir trente-cinq signatures
pour entrer en vigueur. De plus amples informations sur la Convention peuvent
être obtenue au bureau des Affaires légales de l'ONU, à New York.
Il existe de nombreux accords régionaux pour des bassins de fleuves et rivières
ou de lacs spécifiques, tels que l'Indus, le Niger, le Zambèze et le lac Victoria. Le
Fonds Mondial pour l'Environnement fournit assistance aux projets relatifs aux
eaux transfrontalières dans le but de protéger ces eaux transfrontalières.
Il y a aussi d'autres accords internationaux importants pour la gestion des
ressources en eau. Parmi eux figurent ceux sur le changement de climat, la
diversité biologique, les zones humides (
voir la Convention de Ramsar, chapitre 12
),
et la désertification et / ou les terres arides.
La Convention sur le droit relatif à l'utilisation des cours d'eau internationaux à des fins
autres que la navigation
Alors que la Convention représente un pas important vers un accord international
sur l'usage des eaux transfrontalières, de nombreux Etats, dont les intérêts
particuliers sont considérables, se sont abstenus ou ont voté contre. Le désaccord
principal se fait jour à propos de l'équilibre entre les droits et les obligations des
Etats en amont et en aval. Certains Etats ont jugé que les dispositions prévues
pour le règlement des différends et celles concernant les nappes souterraines
étaient peu satisfaisantes.
La Convention vise à assurer la promotion d'une utilisation optimale et
durable des cours d'eau internationaux. Elle affirme que les pays le long des cours
d'eau internationaux doivent utiliser de telles eaux d'une « manière équitable et
raisonnable ». Il faut pour cela que tous les facteurs et circonstances significatifs
soient pris en compte, qu'ils soient géographiques, hydrographiques,
hydrologiques, climatiques, écologiques, ou qu'ils concernent les besoins sociaux
et économiques des Etats intéressés. Les effets de l'usage dans un Etat devraient
tenir compte de l'utilisation dans un autre, aussi bien que la protection du cours
d'eau entier et les coûts et la disponibilité d'alternatives pour un usage planifié ou
existant. La Convention exige la notification préalable de mesures qui pourraient
altérer le cours d'eau, et un arbitrage si les Etats étaient en désaccord sur la mesure
projetée.
239
Page 14
Pour préparer des accords juridiques entre Etats, il y a un besoin fondamental
d'une connaissance scientifique éprouvée, de la divulgation de l'information et de
la recherche ; dans nombre de pays, on connaît peu de choses des aspects
hydrologiques ou scientifiques des ressources en eau. Les différentes capacités des
Etats riverains en matière de règlements et de surveillance peuvent être une
entrave à un accord efficace. La Convention reconnaît pour l'eau le besoin d'être
traitée comme un bien économique et pour les Etats le fait qu'aucune utilisation
de l'eau n'a une priorité inhérente sur les autres utilisations, à moins qu'il y ait des
accords ou des coutumes affirmant le contraire.
Obtenir un accord international sur les cours d'eau est difficile mais essentiel à
un usage équitable et durable des eaux partagées. Les doctrines telles que la
souveraineté absolue sur l'eau dans un Etat (appropriation prioritaire ou un
système « premier venu premier servi »), ou son contraire (les utilisateurs de
l'aval ont le droit au débit total d'eau de qualité naturelle), sont indéfendables. Les
pays doivent adopter les nouveaux principes soulignés dans la Convention, tels
que la doctrine (sic ultere) qui veut que nul ne devrait utiliser sa propriété pour
nuire aux autres. L'essence de ce principe est que l'Etat A peut exercer ses droits,
mais ne peut pas ignorer les intérêts de l'Etat B. Ce principe a constitué la base
d'un accord entre la France et l'Espagne sur l'usage de l'eau transfrontalière pour la
production d'énergie hydroélectrique.
Informations complémentaires :
Guidelines on water and sustainable development :
principles and policy options,
UNESCAP, 1996.
International Agreements
(Accords Internationaux), World Bank, 1997.
240
Page 15
4. Partenariats des secteurs public et privé
Encourager la participation du secteur privé a récemment été reconnu comme un
moyen de rendre l'alimentation en eau et l'assainissement plus efficaces et plus
rentables, tout en élevant les recettes pour renforcer la durabilité à long terme et
en générant l'investissement destiné à de nouvelles infrastructures. La
privatisation des compagnies d'eau publiques peut libérer des fonds pour les autres
activités du développement et réduire les lourdeurs administratives. Les pays en
voie de développement peuvent aussi bénéficier du savoir-faire des sociétés
commerciales spécialisées dans la gestion des services publics. La participation du
secteur privé commercial peut aider à souligner la valeur de la ressource naturelle
et si les primes sont appropriées peut aussi encourager des mesures de
protection et de conservation de l'approvisionnement en eau douce.
Un partenariat équilibré entre les autorités publiques et le secteur privé
nécessite que leurs rôles respectifs soient clairement définis dans un cadre légal. Le
niveau de développement dans le pays, y compris le niveau de qualification et les
capacités dans le secteur commercial, et la nature des institutions dans les secteurs
relatifs à l'eau influencera énormément la forme des partenariats entre les secteurs
public et privé. Il y a des opportunités pour la participation de petites
manufactures et d'entrepreneurs dans tout le secteur de l'eau, de l'irrigation et de
l'assainissement, mais la participation du secteur commercial privé comme
partenaire majeur dans la mise en place et l'administration des services est
particulièrement importante pour le domaine cible des services municipaux d'eau
et d'assainissement. Cela a été reconnu dans la Déclaration du Cap, adoptée par
vingt ministres africains à la Consultation internationale de l'UNCHS sur les
Associations de l'eau pour les Villes africaines.
Les deux objectifs principaux de la participation du secteur privé sont : (1)
assurer une meilleure gestion et une plus haute efficacité dans la distribution du
service ; (2) encourager la viabilité à long terme ; (3) réunir les fonds nécessaires
aux investissements. Ces deux derniers objectifs agissent l'un sur l'autre. Une
meilleure efficacité résulte en une diminution des coûts qui peut générer des fonds
d'investissement, l'apport de capitaux privés crée une motivation de plus pour
améliorer l'efficacité opérationnelle. Cependant, introduire une économie de
marché dans l'élaboration de la santé publique comporte des implications à
l'origine d'une très grande controverse, surtout après une longue période pendant
laquelle la fourniture d'eau et d'infrastructures d'assainissement a, partout dans le
monde, été principalement considérée comme un service public financé par
l'argent public, ou du moins largement subventionné.
La question clé est de savoir comment aménager des dispositions
institutionnelles qui permettent à la liberté du secteur commercial d'introduire des
modes de marchés efficaces en garantissant l'accès aux services aux communautés
par définition les plus pauvres et les moins capables d'exercer une influence
politique ou sur le marché qui sont déjà mal desservies et sont pour la plupart à
risque au niveau de la santé publique. Dans de nombreuses régions urbaines
pauvres, le pauvre paie déjà des charges relativement élevées pour
l'approvisionnement en eau à des marchands non officiels et pour l'évacuation
des déchets aux vidangeurs. Cependant, il est vraisemblable qu'ils restent hors de
portée de toute forme adéquate de système construit d'alimentation en eau et
d'assainissement, à moins qu'une action positive soit menée par eux. Il est
irréaliste de confier la charge de répondre à leurs besoins au secteur privé
commercial, au moins dans le futur immédiat. Le risque que le secteur privé
241
Page 16
exploite leur besoin de survie est très réel. Donc, tout genre d'arrangement
institutionnel entre les secteurs public et privé doit, en priorité, tenir compte de
cette réalité.
Modèles de partenariats publicprivé
L'exposé qui suit sur les modèles touche surtout aux activités dans le Domaine
cible de l'alimentation en eau et de l'assainissement, mais la responsabilité des
autorités municipales et du gouvernement de détailler les besoins de tous les
citoyens dans un cadre exhaustif ne doit pas être ignorée. Donc, même quand un
projet ou un programme n'est pas conçu pour une région pauvre dans laquelle un
plan SBAA est plus approprié, le besoin de générer des fonds pour de tels plans par
une tarification prenant en compte le besoin de subventions par ailleurs ne devrait
pas être ignoré. Autrement dit, la forme de partenariat public privé doit
reconnaître la totalité des besoins et des exigences, même si ce qui suit est
principalement en rapport avec la participation du secteur privé commercial dans
des plans de technologie de niveau moyen ou avancé.
Il existe de nombreux modèles de partenariat entre secteurs public et privé,
ceux employés par d'autres services publics inclus, par exemple l'électricité. Les
modèles vont de la sous-traitance de gestion de certaines grosses installations, à la
délégation complète des responsabilités d'investissement, d'exploitation, et de
risque commercial à des compagnies d'eau autonomes. Quand on cherche quel
modèle utiliser, il faut prendre une décision au sujet de la propriété des
immobilisations existantes et futures : c'est-à-dire propriété publique ou propriété
privée. Sous le régime de la propriété publique, les actifs publics seront soumis à
bail ou loués au secteur privé contre un loyer périodique. Sous le régime de la
propriété privée, les actifs publics sont vendus à une société de services du secteur
privé pour une somme globale. Le modèle de participation du secteur privé variera
selon l'infrastructure et la capacité institutionnelle. Cependant, la privatisation
complète de tous les actifs n'est pas adaptée à la plupart des pays en voie de
développement puisqu'un cadre légal et réglementaire extrêmement rigoureux,
avec application pratique, est nécessaire pour qu'elle travaille dans l'intérêt public.
Divers modèles de partenariat entre secteurs public et privé sont abordés ci-
dessous ; ceux-ci peuvent être divisés en modèles dans lesquels les actifs sont
retenus dans la propriété publique (1 à 4) et ceux dans lesquels les actifs sont en
propriété privée (5 à 7). Les modèles appropriés devraient être sélectionnés pour
convenir à des conditions locales.
1 Concession
Un entrepreneur privé ou « concessionnaire » est responsable de la réalisation de
tous nouveaux travaux en capital, y compris leur fonctionnement, leur entretien
et leur gestion, ainsi que des investissements en capital pour le développement des
services. Les immobilisations restent la propriété du gouvernement ou de l'autorité
publique et doivent être transférées à l'autorité publique en fin de concession, sauf
exceptions spécifiées dans le contrat. Le concessionnaire est entièrement
responsable de l'entretien et de l'exploitation de toutes les immobilisations et
autres équipements. Les concessions ont un long terme (1030 années) et les tarifs
sont fixés par le concessionnaire sur la base de la couverture de la totalité des
dépenses et peuvent inclure une contribution reversée au gouvernement (par
exemple : pour couvrir la dette historique). Le financement et la mise en oeuvre
des travaux en capital sont entrepris aux risques du concessionnaire.
242
Page 17
2 Bail (Affermage)
Les actifs sont placés à la disposition de l'opérateur pour une période déterminée
par l'intermédiaire d'une location-vente ou un contrat de location par l'autorité
publique propriétaire. L'opérateur n'est pas responsable de l'investissement en
capital pour les travaux neufs ou de réfection, ce qui reste de la responsabilité de
l'autorité publique, qui conserve aussi la responsabilité du règlement de la dette,
des politiques tarifaires de l'eau et de recouvrement des coûts. L'opérateur est
entièrement responsable de la maintenance et de l'exploitation de toutes les
immobilisations et autres équipements. Les baux sont à moyen ou à long terme
d'au moins sept ans. Les tarifs sont fixés par l'opérateur et incluent normalement
sa rémunération pour couvrir les coûts de gestion, plus une contribution due à
l'autorité publique pour la dépréciation des actifs. Les risques commerciaux
associés à l'exploitation du service d'eau sont supportés par l'opérateur et les
risques en capital par l'autorité publique.
3 Contrat de gestion des prestations
Les actifs sont placés à la disposition de l'opérateur, mais l'opérateur n'est pas
responsable de l'investissement et ne supporte aucun risque en actions. La société
de gestion est payée en honoraires pour gérer l'exploitation et pour l'entretien
courant de l'équipement. L'efficacité de ces mesures peut être améliorée si des
garanties de financement et de subvention sont prévues pour la mise en oeuvre des
recommandations du gestionnaire ou du consultant technique. La durée du
contrat est habituellement de deux à cinq années. Les honoraires de gestion
comprennent un élément d'intéressement basé sur les résultats et les tarifs sont
établis en accord entre l'opérateur et l'autorité publique. Le contrat de gestion est
une variante de ce type d'accord qui se déroule sur un terme plus court (une à
trois années) sans intéressement basé sur les résultats ni participation de
l'opérateur dans l'établissement des tarifs.
4 Prestation de service (Assistance technique)
Les actifs et les responsabilités restent du ressort de l'autorité publique tandis que
la fourniture d'une assistance technique est confiée au secteur privé pour donner
des conseils sur la gestion programmée des actifs et du capital du comptage, de
l'entretien, des réparations d'urgence, de l'amélioration ou de la construction de
nouvelles installations. Le titulaire du contrat fournit le conseil technique ou en
gestion à la direction en place du secteur public, mais n'a aucune responsabilité de
gestion ni aucun intérêt financier. Ces dispositions sont plus efficaces si des
garanties de financement et de subventions sont données pour la mise en oeuvre
des recommandations du consultant technique ou en gestion. Les contrats sont
habituellement à court terme (une à trois années).
Les modèles suivants sont ceux dans lesquels les actifs appartiennent au secteur
privé :
5 Société d'économie mixte (« joint ownership »)
Dans une société d'économie mixte, une société privée et l'autorité publique
s'associent en une entreprise conformément au code du commerce normal du
pays. Un accord d'entreprise nécessaire explicite les objectifs de la société
d'économie mixte, les droits et les obligations de chaque partenaire, et comment
les profits seront partagés entre eux. Le partenaire privé a généralement une
représentation majoritaire dans un comité de direction de l'entreprise mixte, et
243
Page 18
prédomine dans sa gestion quotidienne. Les compétences publiques et privées
sont réunies dans l'intérêt de tous.
6 Privatisation totale
Dans ce modèle, le gouvernement vend tous les actifs à une société de services
privée. Le produit de la vente aide le secteur public à augmenter ses ressources.
Pour les acheteurs privés, l'attrait dépend principalement des tarifs qu'ils seront
autorisés à demander, puisque les installations elles-mêmes n'ont pratiquement
aucune valeur d'échange. Cela nécessite une bonne communication et un cadre
légal et réglementaire très fort. C'est le modèle qui a été adopté au Royaume-Uni.
7 Modèle « constructionexploitationtransfertformation » (BOOT)
Sous un contrat de type BOOT, le partenaire privé finance, construit, exploite et
est propriétaire d'un nouvel équipement ou système spécifique. Après une période
prédéterminée, la propriété de l'équipement est transférée à l'autorité publique. Il
existe de nombreuses variantes de ce système, notamment le modèle inverse, dans
lequel le secteur public finance la nouvelle installation et en confie ensuite
l'exploitation sur une longue période, avec transfert éventuel de propriété à une
entreprise privée. Ce système encourage l'opérateur privé à bien entretenir les
équipements parce qu'il en deviendra le propriétaire à un moment ou à un autre.
Les autres variantes sont celles de « Constructionexploitationtransfert » dans
lesquelles la propriété est transférée au secteur public aussitôt que l'équipement est
achevé.
Le tableau ci-dessous est un résumé des options diverses exposées plus haut.
Option
Propriété
Financement
Gestion
Concession
publique
privé
privée
Bail (affermage)
publique
public
privée
Contrat de gestion
publique
public
privée
Prestation de Service
(assistance technique)
publique
public
privée et publique
Société d'économie mixte
privée et publique
privé et public
privée et publique
Privatisation totale
privée
privé
privée
BOOT
Privée puis publique privé
privée
Risques implicites dans tous les modèles
La participation du secteur privé dans les services publics des pays en voie de
développement présente des contraintes du point de vue à la fois du
gouvernement et de la société privée en rapport avec l'environnement politique,
économique et réglementaire. Celles-ci se combinent pour rendre incertain un
programme à long terme. Dans toute activité de secteur privé, les investisseurs
doivent être préparés à prendre des risques ; mais il y a aussi des risques pour le
gouvernement et les utilisateurs et ils se sont multiplié dans les pays ayant des
structures institutionnelles faibles ou sous-développées. Quelques-uns d'entre eux
ont déjà été exposés ci-dessus, et sont en relation avec l'accès aux services des
244
Page 19
pauvres ; il y a aussi des questions qui concernent la capacité du secteur privé à
satisfaire les standards de qualité, la sauvegarde de la santé publique et le soutien à
long terme de la protection de la ressource.
Quelques risques communs aux investisseurs sont abordés ci-dessous :
Risque de monopole
L'approvisionnement en eau est un monopole naturel et il est peu économique de
dupliquer un réseau d'eau et d'égouts. En conséquence, la concurrence s'instaure
difficilement. Un règlement est donc nécessaire pour protéger les consommateurs
d'une possible attitude de monopole de l'entrepreneur privé.
Risques commerciaux
Les sociétés et / ou les contractants peuvent ne pas tout le temps être rémunérés
ou ne pas être capables de couvrir les dépenses à long terme, voire incapables de
faire des profits raisonnables. Les risques financiers tels que la dévaluation de la
monnaie ou la convertibilité de la monnaie locale en monnaies étrangères doivent
être pris en considération. Les revenus sont habituellement en monnaie locale et
certains investissements sont en monnaie étrangère.
Risques techniques
Il peut y avoir un manque de connaissances suffisantes sur l'état des installations
existantes, sur le besoin de remplacement ou de remise en état, et sur les besoins
et les priorités d'extension. Cela crée des risques d'exploitation tels que les
installations ne donneraient pas le résultat attendu.
Risques politiques
Ceux-ci sont associés à la fiabilité des paiements des factures d'eau par le
gouvernement ou du paiement des subventions ; ils pourraient être liés aussi à
l'attente publique que les services soient fournis à bas prix et par conséquent les
activités de la société peuvent provoquer de la résistance et même du sabotage.
Risques d'orientation politique
Ceux-ci sont en rapport avec les conditions défavorables qui peuvent survenir et
qui sont dues à des changements arbitraires ou ad hoc du cadre de la politique
réglementaire, légale et économique.
Il est important que tous les risques soient évalués et atténués. Les risques
devraient être partagés entre les secteurs privé et public et celui qui peut le mieux
contrôler le risque devrait l'assumer et recevoir une compensation adéquate pour
ce faire.
Mesures pour protéger les groupes vulnérables
Des mesures afin de protéger les groupes vulnérables doivent clairement apparaître
dans tout contrat entre le gouvernement et les opérateurs privés. On peut
instaurer une tarification permettant de compenser les facilités de prix aux zones à
faibles revenus par la facturation aux groupes plus riches pour les utilisations de
moindre valeur de l'eau ; ou le gouvernement peut prévoir des subventions au
245
Page 20
profit des bas revenus. Il peut y avoir aussi des occasions de coordonner les
services de base fournis et / ou gérés par des ONG et des groupes communautaires
avec ceux fournis par les opérateurs commerciaux.
Le contrôle des contrats
L'un des facteurs les plus importants pour déterminer le succès ou l'échec de la
privatisation est un contrat bien rédigé. Celui-ci devrait préciser les relations entre,
par exemple, le concessionnaire et l'organisme de contrôle et définir les rôles, les
fonctions et les responsabilités de tous les acteurs y compris les consommateurs.
Un partenariat public privé réussi maximisera les avantages en faveur des
consommateurs. Il est important que les consommateurs soient informés et
instruits sur les raisons d'impliquer des opérateurs privés dans ce qui est
généralement perçu comme un monopole public naturel.
Un système de contrôle efficace est nécessaire pour faciliter la viabilité
financière des projets et des services et pour surveiller la conformité avec le
contrat. L'organisme de contrôle devrait être transparent et indépendant et devrait
avoir accès au recours légal, chaque fois que cela devient nécessaire. Dans
quelques cas, une agence de contrôle nouvellement établie aura besoin d'être
renforcée institutionnellement pour être capable de négocier avec les opérateurs
privés expérimentés.
Les objectifs principaux d'un organisme de contrôle sont : (1) d'assurer la
conformité avec les normes de service acceptable comme il est prévu dans le
contrat ; (2) de protéger le consommateur des possibles comportements
monopolistiques de l'entrepreneur privé ; et (3) de créer un environnement
économique qui promeuve la viabilité commerciale et qui soit attrayant pour le
secteur privé. Il est aussi important qu'il y ait des modes contractuels
d'intéressement qui comprennent des systèmes d'évaluation de performance, sous
disposition contractuelle. Ces dispositions devraient mettre en application un
usage plus efficace des investissements. Les caractéristiques principales d'un
régime réglementaire sont : assurer une séparation claire entre les fonctions
d'exploitation et de contrôle, établir les responsabilités pour l'investissement et
l'entretien, établir une structure tarifaire basée sur des critères de rendement,
incorporer un système d'aides directes pour les consommateurs à faibles revenus et
mettre en oeuvre le concept de l'amortissement à long terme du coût des
investissements.
246
Page 21
5. Indicateurs de suivi
Le suivi, c'est-à-dire l'observation systématique et continue d'événements réels et
la comparaison avec la situation prévue fournit des informations sur les
performances du projet aux responsables de sa gestion.
Pour que le suivi soit un succès, des objectifs clairs, précis et pertinents sont
nécessaires pour pouvoir mesurer les résultats. Il est aussi nécessaire que le suivi
soit effectué à intervalles réguliers sous la responsabilité de l'équipe de gestion du
projet.
Une révision intermédiaire peut être nécessaire pendant la mise en oeuvre,
habituellement quand cette dernière ne se déroule pas comme prévu. Cela permet
un diagnostic plus précis de l'avancement du projet. La logique d'intervention
continue selon le cadre logique peut être vérifiée et le projet peut être réorienté si
nécessaire.
Une réception des travaux, pour confirmer que les résultats prévus ont été
atteints, et pour retenir les leçons de la phase de mise en oeuvre devrait marquer
l'achèvement de celle-ci.
Les indicateurs de suivi sont les composants essentiels du système contrôle. Ils
constituent la base du système de mesure utilisé pour évaluer la situation réelle et
la comparer avec les objectifs spécifiés. Les indicateurs sont utilisés pour mesurer
périodiquement l'avancement du projet vers ses objectifs à court terme aussi bien
qu'à long terme. Ils fournissent un retour d'informations aux décideurs qui
peuvent l'utiliser pour améliorer le déroulement du projet. Les indicateurs aident
par conséquent à l'évaluation de l'avancement vers la réalisation des objectifs.
Comme chaque projet a des objectifs particuliers, les indicateurs de
performance devraient être fondés sur le cadre logique du projet. Ce cadre devrait
relier les objectifs du projet avec ses composantes, leurs apports respectifs, leurs
actions et leurs résultats, à différents moments, pendant la mise en oeuvre et au-
delà. La définition des indicateurs appropriés commence dès la phase
d'identification et doit être complètement développée pendant l'instruction, et
présentée dans la demande de financement. La sélection d'indicateurs de suivi
appropriés sera déterminée selon les objectifs de réalisation du projet. Un
ensemble convenu d'indicateurs est donc établi pour être utilisé pendant la mise
en oeuvre.
Les indicateurs de performance doivent, là où c'est possible, être quantitatifs,
mais des mesures qualitatives peuvent être nécessaires dans certains cas. Des
mesures qualitatives sont utilisées si les résultats et les impacts d'un projet ne sont
pas mesurables directement. Dans ce cas, des techniques comme « l'évaluation
rurale rapide », l'estimation des bénéfices ou les interviews de groupes de travail
avec des questions structurées, peuvent être utilisées pour en tirer des
informations sur les attitudes des bénéficiaires. Ces informations peuvent alors
être utilisées pour calculer des valeurs nominales, classer par ordre les catégories,
et la fréquence des comptages.
Les indicateurs des résultats
La réalisation est efficacement mesurée en utilisant des indicateurs de résultats qui
mesurent les écarts entre le résultat réel et les objectifs ciblés. Ils sont de trois
types :
Les indicateurs de moyens mesurent la quantité de ressources fournies pour les
247
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activités du projet : par exemple, la formation, les ressources humaines, le
matériel.
Les indicateurs de production
mesurent la quantité de biens ou de services fournie
par la mise en oeuvre des moyens : par exemple, l'installation de mesures de
contrôle de la pollution dans un projet sur la qualité de l'eau. Ils peuvent aussi
indiquer combien de personnes impliquées dans le projet progressent de leur état
initial vers le but final envisagé.
Les indicateurs d'impact
mesurent à un plus haut niveau, c'est-à-dire national ou
sectoriel, les tendances dans lesquelles on pense que les impacts du projet auront
une influence : par exemple, une santé nationale améliorée telle que mesurée par
des indicateurs de santé. Ils peuvent aussi mesurer l'impact sur les populations qui
tirent des avantages du projet. Par exemple, une croissance de la productivité
agricole ou une baisse de la malnutrition, ou combien de familles en plus sont
alimentées en eau propre.
Un autre type d'indicateur les indicateurs de risques mesure l'état des
facteurs identifiés comme critiques pendant les analyses de risque et de sensibilité
effectuées dans l'analyse économique du projet. On pense que ce seront ces
facteurs qui auront le plus vraisemblablement une influence directe sur les
résultats des divers aspects du projet. Les indicateurs de risques peuvent donner
une mesure des transformations qui peuvent ne pas avoir été envisagées à l'origine
du projet.
Le suivi devrait se prolonger après l'achèvement du projet. Il est important
d'utiliser des indicateurs simples et facilement mesurables. Des indicateurs
différents devraient être identifiés à chaque niveau du cadre logique :
Objectifs généraux
A ce niveau, les indicateurs mesurent la réalisation des objectifs sectoriels
généraux, tels que l'amélioration de la santé, l'élévation du niveau de vie, la
réduction des inégalités entre les sexes, la stimulation des exportations, la
conservation de la qualité de l'eau dans les captages régionaux. Des indicateurs
précis pour ces objectifs peuvent être difficiles à définir et l'information peut
coûter cher à rassembler. Par conséquent des mesures de substitution sont souvent
utilisées, telles que la qualité des logements comme mesure représentative des
niveaux de vie. De plus le projet peut être simplement une contribution à
l'objectif général par exemple, les réseaux de transport peuvent avoir besoin
d'être améliorés pour desservir un système d'irrigation si des récoltes doivent être
encouragées pour l'exportation ainsi, des indicateurs pour les objectifs généraux
peuvent être établis comme faisant partie intégrante du suivi de l'évolution du
développement national ou régional.
Buts du projet
Au niveau du but du projet, les indicateurs doivent aider à répondre à la question
suivante : les équipements créés par le projet ont-ils été bénéfiques pour la
réalisation des objectifs de développement du projet, par exemple, la réduction de
la pauvreté rurale, l'amélioration de la santé humaine ? Ces indicateurs seront
spécifiques au projet et varieront considérablement entre les différents Domaines
cibles de mise en valeur de l'eau.
248
Page 23
Résultats
A ce niveau, les indicateurs mesurent la quantité et la qualité des équipements
créés par le projet, par exemple de meilleurs systèmes de gestion de données, le
nombre de points d'eau construits, les usines de traitement achevées, les
kilomètres de canaux.
Activités
A ce niveau, les indicateurs mesurent généralement la quantité et se concentrent
donc sur l'efficacité de la mise en oeuvre du projet, sans nécessairement fournir
d'information au sujet de la qualité des activités. Les indicateurs mesurent le
progrès vers l'achèvement de l'activité, et sont tirés des comptes rendus internes
du projet.
Des exemples de domaines dans lesquels les indicateurs peuvent être
nécessaires dans le secteur de l'eau sont présentés ci-dessous. Dans tous les cas, les
indicateurs devraient présenter le rapport entre les résultats visés et les résultats
réels.
1 Les indicateurs de moyens :
Les coûts : dépenses par rapport au budget
Nombre d'unités construites ou achetées
Nombre de personnes formées / instruites (total, hommes, femmes, pauvres, par ethnies)
Superficie de terrain agricole desservie (ha)
Superficie de terrain drainée ou dessalée (absolue et à disposition)
2 Les indicateurs de production :
Coût du mètre cube d'eau extraite
Nombre de nouveaux points d'alimentation en eau (couverture des services)
Nombre de personnes par point d'alimentation en eau
Nombre de nouvelles latrines (ou d'équipements sanitaires)
Nombre de personnes par latrines (ou par équipement sanitaire)
Degré d'utilisation des équipements sanitaires
Fiabilité de l'alimentation en eau
Changements de la qualité de l'eau
Qualité des rejets d'effluents (comparée aux limites légales)
Evacuation des déchets humains et industriels (par exemple DBO, comptage des coliformes
fécaux)
Alimentation en eau relative (total approvisionné / demande)
Alimentation en eau d'irrigation relative (total approvisionné / demande)
Livraison moyenne d'eau d'irrigation par hectare
Efficacité du transport
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3. Les indicateurs d'impact :
Changements pour la santé (total, enfants, hommes, femmes, pauvres, par ethnies)
Taux d'emploi (total, hommes, femmes, pauvres, par ethnies)
Viabilité économique et financière (projet, organisation)
Durabilité technique des résultats du projet ou des équipements
Rendement par hectare
Rendement par unité d'alimentation en eau d'irrigation
Changements dans les revenus (pour toutes les parties prenantes)
Prix moyens comparés aux coûts progressifs
Nombre de bénéficiaires du projet (total, hommes, femmes, pauvres, par ethnies)
Redevances collectées (recouvrement des dépenses) comparées aux redevances dues
Etablissements d'associations d'utilisateurs d'eau (rapport de zone reporté sur la zone totale)
Concentration en polluants par volume d'eau
250
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6. Evaluation par la Participation (rurale) EPR
L'objectif de l'EPR est de rassembler des informations de manière non-extractive.
Cela va signifier que l'information est détenue par les populations locales et que
son analyse leur appartient également. La fonction de l'assistant participatif est de
les aider à analyser et à comprendre leur situation afin qu'ils puissent établir des
plans pour le futur.
La question la plus importante pour les parties prenantes est l'information.
Plus il y en a et meilleure est la qualité de l'information disponible, à l'étape la
plus avancée possible, plus le processus de participation sera efficace. Les
planificateurs et les concepteurs devraient par conséquent s'assurer que des
informations précises sont à la disposition de toutes les parties prenantes au tout
début du projet.
Les lignes directrices suivantes sont utiles pour fournir de l'information :
G Diffuser l'information au sujet du projet proposé aux parties prenantes et aux
groupes d'utilisateurs à la première occasion et avant que toute décision
importante soit prise.
G Utiliser les médias nationaux et locaux journaux, radio, télévision pour
publier de l'information.
G Mettre en place des comités consultatifs avant que toute décision soit prise.
G Impliquer les groupes existants aussi bien qu'en installer des nouveaux.
G Etre certain qu'à la fois les femmes et les hommes sont impliqués à part égale.
L'idéal serait que chaque comité et chaque groupe comporte un nombre égal
d'hommes et de femmes.
G S'assurer qu'il y a des femmes conscientes des questions liées au genre dans
l'équipe de l'organisation, et que cette équipe d'organisation et de conception
a reçu une formation sur questions liées aux genres.
G Utiliser des méthodes d'Evaluation par la Participation pour rassembler des
informations.
L'EPR se fonde sur le choix suivant de sources et d'actions :
G utilisation de données, cartes et rapports secondaires pour l'information sur le
contexte ;
G observation directe ;
G études de cas et comptes rendus des experts locaux ;
G interviews semi-structurées utilisant des questions clés de fond ;
G visites de terrain : tournées systématiques dans la zone avec des guides locaux
pour observer, questionner, écouter, argumenter, découvrir les différents sols,
les utilisations du terrain, les couvertures végétales, les cultures, l'élevage, les
technologies ;
G discussions de groupes sous diverses formes (informelles, aléatoires, ciblées,
avec des représentants, avec la communauté) ;
251
Page 26
G cartographie et modélisation : les populations tracent des cartes avec des
bâtonnets, des cailloux, des feuilles de couleur, pour traduire comment ils
voient leur monde ;
G analyse des faits historiques, des tendances et changements : chronologie des
événements, récits du passé, pour analyser les causes des changements et des
tendances locales ;
G calendriers des saisons : pour illustrer la répartition des données climatiques,
des cycles de récoltes, et des modes de travail ;
G analyse de l'emploi du temps journalier : mise en évidence de la durée et de
l'importance des corvées ;
G bien-être (ou santé) et organisation en groupe (ou hiérarchie) : critères locaux
de sélection des plus pauvres, des plus défavorisés, des plus démunis ;
G utilisation des matrices de notation et de classement : utilisation de matrices et
compteurs pour comparer les préférences et les conditions.
Références complémentaires :
Evaluation Rapide de la Participation pour le
Développement de la Communauté,
IIED et SFC, 1991.
Introduction à
l'Evaluation Rapide Rurale pour le Développement de l'Agriculture
, IIED, 1988.
252
Page 27
7. Gestion participative de l'irrigation (GPI)
Le concept de la Gestion participative de l'irrigation (GPI) a gagné en crédibilité
ces dernières années. Les motivations pour les gouvernements et les bailleurs de
fonds d'encourager la participation des utilisateurs sont à la fois philosophiques et
pragmatiques. Vers la fin des années 70, les premiers travaux ont été guidés par la
constatation que la conception et le fonctionnement de projets ne tenaient pas
assez compte des conditions et des besoins locaux. Parmi les motivations plus
pragmatiques se trouvent le faible rendement de nombre de services publics et
l'incitation à réduire des dépenses gouvernementales de fonctionnement et
d'entretien.
Bien qu'il y ait un consensus général parmi les gouvernements et bailleurs de
fonds selon lequel la GPI est un objectif à atteindre, il existe une grande variété
d'approches et de développements dans les différents programmes nationaux.
Alors que les programmes de Gestion participative de l'irrigation varient en
intensité et en forme entre les pays, la participation efficace de l'utilisateur dans la
gestion de l'irrigation implique que les parties prenantes clés détiennent et
influencent les appréciations sur les projets de remplacement, les décisions
d'investissement, la politique de gestion et les décisions opérationnelles.
Dans quelques approches de GPI, la participation des fermiers est encouragée
mais le service public conserve la responsabilité de la propriété et de la gestion.
Dans d'autres cas, la responsabilité de la gestion est reportée sur les utilisateurs,
mais elle se trouve entre les mains de quelques membres influents de la
communauté et la participation de la majorité des parties prenantes clés reste à un
très faible niveau.
Les avantages potentiels de la Gestion participative de l'irrigation incluent :
G Une dépense nationale réduite pour les frais de fonctionnement et
d'entretien ;
G Une amélioration de la productivité du système par unité de terre et d'eau ;
G Une réduction de la détérioration de l'infrastructure causée par un entretien
inapproprié ;
G Une équité et une durabilité du système améliorées grâce à la participation
dans l'organisation, l'élaboration et la construction du projet.
Alors que ces points sont attendus ou espérés comme avantages, il y a encore trop
peu de données quantitatives qui peuvent justifier des preuves anecdotiques ou
des évaluations non-quantifiées. Quantifier les avantages réels de la GPI est
également compliqué quand elle est introduite comme un simple élément d'une
réforme d'envergure beaucoup plus large du secteur agricole.
Les coûts de la Gestion participative de l'irrigation (GPI) :
Lorsque la GPI est introduite dans un plan d'irrigation après la construction, les
principales dépenses proviennent de la mobilisation du personnel de terrain pour
procéder aux études nécessaires et faire partager les idées de participation à la
gestion aux parties prenantes clés, plus les coûts de leur formation, afin qu'elles
sachent s'organiser et établir une gestion efficace. Lorsqu'une approche
participative est adoptée dès le début d'une nouvelle construction ou d'un projet
de réhabilitation, en plus des coûts de mobilisation du personnel, de prise de
conscience et de formation, le facteur le plus important à prendre en compte est le
besoin de temps supplémentaire pour permettre l'identification et l'instruction du
253
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projet. Ce temps supplémentaire est essentiel pour permettre aux agriculteurs et
autres parties prenantes intéressées de prendre part aux étapes de programmation
et de conception du projet.
Les approches de mise en oeuvre de la GPI :
Fondés sur l'expérience de nombreuses initiatives pour établir la GPI, les éléments
suivants proposent une classification des approches qui fonctionnent le mieux, et
de celles qui s'avèrent sans effet :
Les approches qui marchent le mieux :
G Le gouvernement doit s'engager vigoureusement en faveur de la GPI ;
G Les occasions de redéploiement du personnel gouvernemental déplacé par la
GPI doivent exister ;
G Des incitations fortes existent pour que les fermiers acceptent la responsabilité,
par exemple, du fait que la alimentation en eau est faible, de charges élevées
d'alimentation en eau, que l'infrastructure se détériore ;
G Les projets doivent être financièrement viables ;
G Des associations existent et peuvent être renforcées ;
G Créer des larges associations d'utilisateurs qui permettent des économies
d'échelle, l'embauche de personnel technique et l'achat de matériel et de
matériaux ;
G Transférer des projets achevés.
G Encourager le partenariat plutôt que le paternalisme.
Les approches qui sont improductives :
G La création d'associations d'utilisateurs qui n'ont pas de responsabilité ou de
contrôle sur le fonctionnement ou l'entretien ;
G Entreprendre la GPI principalement comme un moyen de réduire les dépenses
publiques ;
G Le transfert de projets qui ne sont financièrement ou techniquement pas
viables ;
G Le transfert face à une forte opposition du personnel de service public ;
G L'extension d'une approche de la GPI à partir de petits projets vers de grands
projets ;
G Encourager une GPI à partir de projets techniquement compliqués ;
G Considérer les associations d'utilisateurs d'eau comme des extensions d'un
organisme gouvernemental ;
G Adopter une approche progressive ;
G Etendre des projets GPI pilotes.
Informations complémentaires :
Irrigation Management Transfer
, FAO, 1995. INPIM
International Network on Participatory Irrigation Management
.
Network
established by the Economic Development Institute of the World Bank. Network
Co-ordinator (coordonnateur du réseau) : EDIEN, Rm. M-5041, Banque Mondiale.
Irrigation Management Transfer : A review of the Evidence
. IIMI, 1997.
254
Page 29
8. Etude de l'impact social (EIS)
Les actions en faveur du développement n'ont pas lieu isolément, mais doivent
être placées dans le contexte des vies des personnes qui seront affectées ou
influencées par ces actions. Toutes les interventions pour le développement ont
des contextes sociaux significatifs, mais le contexte social des projets liés à l'eau
demande une attention particulière dans l'analyse.
Il est particulièrement important de comprendre comment les communautés
et groupes différents gèrent leur vie sociale, et d'être capable d'évaluer l'impact
que tout changement pourrait avoir sur leur mode de vie.
Les objectifs principaux d'une analyse de l'impact social sont de déterminer :
G quels projets ont besoin d'une considération supplémentaire à propos des
questions sociales ;
G quels projets devraient être éliminés parce que la possibilité d'un impact social
négatif est trop importante.
L'EIS est basée sur un ensemble des questions clés :
1. Quelles populations sont supposées bénéficier du soutien apporté à une action
de développement donnée ?
2. Ont-elles vraiment besoin du projet ? Quels avantages leur apportera-t-il ?
3. D'autres populations peut-être plus nécessiteuses seront-elles écartées des
avantages, ou en bénéficieront-elles seulement indirectement ? Pourraient-elles
être incorporées ?
4. Est-ce qu'un groupe sera affecté d'une façon négative ? Est-ce que quelque
chose pourrait être fait pour atténuer les impacts négatifs ?
5. Les femmes en bénéficieront-elles aussi bien que les hommes ?
6. Quel niveau de participation de la population cible, dans l'organisation et la
mise en oeuvre, est possible et approprié pour ce projet ?
7. Le projet est-il techniquement et culturellement approprié ?
8. Est-il essentiel que les populations cibles changent leurs habitudes pour
bénéficier de ce projet ; si c'est le cas comment l'obtenir ?
9. Le projet est-il financièrement accessible par les groupes d'utilisateurs ?
10. Les questions sociales sont-elles suffisamment reflétées dans les jugements sur
la viabilité du projet ?
11. Les arrangements pour la gestion du projet sont-ils convenables ?
Il y a cinq éléments principaux de
développement social
à considérer dans les
projets liés à l'eau. Ce sont :
G les caractéristiques culturelles et les implications de l'usage de l'eau ;
G les besoins perçus de tous ceux affectés par des changements de politique et
par de nouveaux projets ;
G l'inclusion de tous les membres de la société, en particulier ceux qui peuvent
être désavantagés par la pauvreté, ou par leur statut dans la société ;
G la reconnaissance que les rôles et les besoins des femmes et des hommes
peuvent être différents, mais qu'ils et elles devraient avoir un statut égal dans
la société, et qu'une participation et un bénéfice égaux pour les femmes et les
hommes sont indispensables pour un projet réussi ;
G l'encouragement de la participation de toutes les parties prenantes dans le
processus de développement et l'éventuelle attribution des pouvoirs aux
communautés.
255
Page 30
Les questions sociales générales qui se réfèrent en particulier à l'intervention sur
l'eau se classent en trois catégories principales : l'utilisation de l'eau et du sol, l'eau
pour la production alimentaire, l'eau et la santé.
Dans ces catégories il y a plusieurs autres questions clés telles que : l'eau et la
nutrition, l'eau d'irrigation et les cultures non-irriguées, l'eau pour les potagers, les
maladies transmises par l'eau ou liées à l'eau, l'eau pour les animaux, l'eau et la
culture.
Les questions culturelles en rapport avec l'eau sont particulièrement délicates.
Il peut y avoir des croyances et des comportements associés à l'utilisation de l'eau
à laquelle des valeurs religieuses ou coutumières fortes sont attachées. Il peut aussi
y avoir des différences dans les attitudes entre les femmes, les enfants et les
hommes. Ces différences sont plus facilement mises en évidence par des méthodes
participatives d'enquête, et tout d'abord en discutant séparément avec les femmes
et les hommes.
L'identification et l'analyse des utilisateurs clés de l'eau sont un point
important de l'étude d'impact social. Celle-ci devrait incorporer des données sur
les modes de collecte, de transport et d'utilisation, ainsi que les buts d'utilisation,
s'assurant que ces données sont triées par genre.
L'EIS devrait explorer l'idée traditionnelle que l'eau est un bien « gratuit ». Là
où l'eau était traditionnellement considérée comme une ressource naturelle
gratuite, l'introduction de l'idée d'une valeur économique de l'eau et d'éventuelles
taxes affectera la gestion domestique et agricole et nécessitera de nouvelles
dispositions sociales pour la collecte des cotisations. Les foyers plus pauvres
n'auront peut-être pas les moyens de payer des charges sur l'eau, ou dans le cas
d'approvisionnement en eau, les coûts du branchement.
L'impact sur les vendeurs d'eau traditionnels, ou les propriétaires traditionnels
de puits et sources d'eau, est une préoccupation importante dans une EIS. Les
propriétaires et vendeurs traditionnels peuvent perdre leur statut dans la société,
ainsi que leurs revenus, et peuvent chercher à dominer les groupes et les comités
communautaires.
L'exploration de la perception du rapport entre l'eau et le bien-être est une
question essentielle de l'étude d'impact social, et tout avantage ou désavantage
devrait être mis en lumière. Des preuves considérables montrent que
l'introduction de l'eau propre ne mène pas nécessairement à une amélioration de
la santé de la communauté à moins que l'attention ne soit portée sur certaines
questions de l'EIS ; cela vaut aussi pour l'introduction de l'irrigation, qui peut
mener à une aggravation des problèmes de santé.
Par conséquent l'EIS devrait prendre en considération :
G La perception des qualités pour la santé de l'eau de puits traditionnelle, surtout
son goût, son odeur et ses propriétés bienfaisantes pour la santé ;
G La perception des avantages de l'irrigation, des niveaux de mise en culture, de
la saisonnalité, etc. ;
G Le sentiment que les excrétions des enfants sont « propres », et par conséquent
qu'elles sont traitées différemment et sans tenir compte de l'hygiène ;
G La croyance selon laquelle les animaux, surtout les chiens et les cochons,
nettoient les excrétions ;
G Le niveau de compréhension du concept d'une eau propre / grise / sale ;
G La possibilité que le projet sur l'eau soit utilisé pour le développement des
petites entreprises, et que les puits et ruisseaux traditionnels continuent à
servir aux besoins des familles ;
256
Page 31
G L'analyse des risques de santé éventuels à la suite de la création de lagunes, et
autres réserves d'eau, autant que des effets des travaux d'assainissement et
d'évacuation des boues ;
G La probabilité qu'une plus grande disponibilité de l'eau augmente la fréquence
de maladies transmises par l'eau si l'alimentation en eau n'est pas assurée à
l'abri des pathogènes.
L'étude d'impact social devrait aussi prendre en considération les coutumes
sociales concernant l'usage de l'eau telles que :
G Les méthodes coutumières de collecte / stockage et les pratiques hygiéniques ;
G L'importance des groupements sociaux qui se développent autour des puits
traditionnels et autres sources d'eau ;
G Les méthodes coutumières d'arrosage des récoltes, et autres activités agricoles ;
G Les usages coutumiers des sources d'eau pour les activités religieuses et autres
activités rituelles ;
G La signification traditionnelle des expressions « eau propre » et « eau sale » ;
G Les emplacements coutumiers pour la lessive et la baignade ;
G Les intervalles traditionnels de baignade pour les femmes, les hommes et les
enfants ;
G L'usage de l'eau provenant de sources différentes pour les différentes activités
de traitement de la nourriture par cuisson, préparation ou autres ;
G L'usage de sources différentes pour l'arrosage et le lavage des animaux.
L'analyse des normes et des coutumes sociales permettra la mise en place de
propositions pour l'emplacement de nouvelles installations d'eau qui seront gérées
de manière raisonnable en coopération avec les parties prenantes et les
utilisateurs.
Les préférences d'utilisation des options technologiques devraient aussi être
explorées dans une EIS (par exemple : latrines en fosses, toilettes communautaires
et différentes méthodes d'irrigation).
L'EIS devrait chercher à identifier les groupes communautaires qui ont un
rapport particulier avec les sources d'eau traditionnelles, et si possible à utiliser ces
groupes comme base pour la gestion et l'entretien des « nouveaux » projets sur
l'eau. L'identification de chefs de communauté, femmes ou hommes, à l'intérieur
aussi bien qu'à l'extérieur des groupes, est une des clés d'une gestion efficace.
Les groupes de femmes ont souvent la responsabilité de la gestion de l'eau et
de l'entretien des installations au sein de la communauté et l'EIS devrait s'assurer
qu'elles seront prises en compte. Ce n'est pas nécessairement le cas avec les projets
d'irrigation et il faut consacrer une attention supplémentaire pour s'assurer que les
femmes feront partie des groupes d'utilisateurs de l'eau pour l'irrigation.
L'identification de niveaux de compréhension des avantages qu'apporte l'eau
pour les usages humains et pour l'agriculture est un point d'analyse important
pour une EIS. Celle-ci devrait établir les manques de compréhension, ainsi que des
sujets possibles pour l'instruction de la communauté. Les écoles aussi bien que les
organisations de vulgarisation devraient être disponibles pour effectuer la mise en
place de programmes de sensibilisation de l'eau. (Voir aussi l'analyse selon le
genre, qui devrait être incorporée dans l'EIS).
Informations complémentaires :
A guide to Social Analysis for Projects in
Developing Countries
, ODA, 1995.
257
Page 32
9. Analyse selon le genre
La reconnaissance des femmes comme agents importants de développement a
nécessité un terme spécial, qui pouvait prendre en compte tous les aspects de
développement issus des différences sociales entre femmes et hommes. D'où
l'utilisation du terme « Genre », utilisé pour dénoter les rôles sociaux des femmes
et des hommes par contraste avec leur différence biologique. (Le sexe ne change
pas ; les rôles et les rapports sociaux le peuvent et le font.)
L'évolution de l'approche « Les Femmes dans le Développement » vers « Genre
et Développement » a représenté un pas important vers la reconnaissance des
femmes comme agents de développement essentiels. Cette dernière approche
reconnaît que l'accès aux ressources précieuses et aux ressources socialement
estimées est inégal, et généralement en faveur des hommes. Les femmes accèdent
généralement moins aux formations, à la terre, aux emplois sûrs et aux loisirs,
ainsi qu'aux processus politiques. Sans souligner de telles disparités, il n'est pas
possible d'imaginer des politiques qui satisfassent les besoins spécifiques des
femmes et des hommes et qui s'attaquent aux inégalités existantes.
Le développement de techniques d'organisation par genres telles que
l'utilisation de statistiques distinctes pour les hommes et les femmes et l'analyse
des tâches dans lesquelles les tâches féminines et masculines sont définies,
répondent au besoin de maintenir des différences de genre dans l'organisation et
la mise en oeuvre des programmes et des projets. L'analyse des différences entre les
genres entraîne l'identification de la distribution des tâches, des activités et des
récompenses associées à la division par genres du travail, ainsi que les positions
relatives des femmes et des hommes.
La méthodologie d'organisation par genres identifie les nombreux rôles des
femmes : elles sont gestionnaires domestiques et ménagères ; productrices
économiques (par exemple dans l'agriculture) ; chefs de communauté. De plus en
plus, on reconnaît le rôle des femmes non seulement dans le transport d'eau pour
la famille, mais aussi dans la gestion et l'entretien des approvisionnements en eau
de la collectivité.
La méthodologie d'organisation par genres établit aussi deux distinctions
cruciales dans les interventions par genre : les projets qui répondent aux besoins
des femmes, en améliorant les méthodes de travail existantes et en soulageant
leurs charges domestiques et agricoles ; et les projets qui répondent aux besoins
stratégiques des deux Genres tels que l'égalité avec les hommes, un statut et un
accès aux ressources améliorés.
Une liste de questions clés pour la planification selon le genre
est proposée
dans le Manuel Genre et Développement de la Commission européenne, et il y a
de nombreux ouvrages de référence et listes de contrôle disponibles sur les
problèmes de Genre et la méthodologie de planification selon le genre.
Une série de termes clairement définis et liés décrivent le niveau de
compréhension des concepts de genres à l'intérieur d'une organisation ou d'une
institution. Ce sont : conscience du genre, sensibilisation au genre, intégration des
genres. Une organisation qui pourrait être décrite comme disposant de
l'intégration des genres serait celle qui aurait enraciné, à tous les niveaux dans la
culture et dans les méthodes d'organisation, les questions, les analyses et les
activités liées aux genres.
Les questions en rapport avec les genres dans le cadre de la gestion et de
258
Page 33
l'utilisation des ressources en eau
Beaucoup de questions concernant la gestion des ressources en eau,
particulièrement l'alimentation en eau et l'assainissement de base et l'usage
agricole de l'eau, ont des implications spéciales du point de vue des genres.
L'analyse selon le genre aidera à les identifier.
Les questions générales comprennent :
G Le temps passé à aller chercher de l'eau et autres tâches liées à l'eau ; les projets
qui demandent du temps supplémentaire aux femmes, sans leur économiser de
temps sur leur travail quotidien déjà existant seront impopulaires chez les
femmes.
G L'effort, l'énergie, les obligations : aller chercher de l'eau est un travail long et
difficile. Pour les femmes, l'allégement de ce fardeau est souvent d'une
importance primordiale.
Les questions spécifiques comprennent :
G La distance parcourue pour aller chercher et porter de l'eau ;
G L'alimentation en eau en quantité suffisante et à proximité pour toutes les
tâches ménagères ;
G La disposition de dalles ou de plateformes pour la lessive ;
G La fourniture d'eau de boisson aux animaux et le lavage des animaux ;
G La fourniture et l'utilisation d'eau pour les petites entreprises surtout dans la
fabrication alimentaire.
G La fourniture d'eau pour l'irrigation à petite échelle (potagers et champs de
culture) ;
G Rester debout dans l'eau pour les activités agricoles telles que la plantation du
riz, et les activités de production telles que le rouissage du jute ;
G Les activités d'irrigation qui augmentent le travail des femmes en ce qui
concerne la plantation, le binage, le désherbage et la moisson.
Les Femmes et l'irrigation
Les avantages de l'irrigation pour les femmes peuvent êtres limités si leur rôle dans
les activités agricoles n'est pas compris. Augmenter la surface de terre pour la
production peut tout simplement augmenter le volume de travail pour les femmes
lorsque le travail des femmes est considéré comme étant la plantation, le binage,
le désherbage, la moisson et le traitement des récoltes. Augmenter la production,
sans faire attention au volume de travail des femmes, à leur temps disponible et
aux fardeaux qu'elles supportent signifiera qu'une productivité maximale ne
pourra pas être atteinte.
L'irrigation peut aussi provoquer un déclin dans l'agriculture de subsistance ou
dans la production de nourriture pour la famille (l'activité traditionnelle des
femmes) si les soins apportés à l'agriculture irriguée prennent tout le temps libre.
Cela affectera ensuite les niveaux d'alimentation. Les technologies d'irrigation qui
ne conviennent peut-être pas à une utilisation par les femmes peuvent mener à la
marginalisation des femmes dans les comités d'utilisateurs et autres forums de
décisions et donc à un manque de contrôle sur les bénéfices et les ressources.
L'analyse selon le genre et l'étude de l'impact social (voir ci-dessus) devraient
259
Page 34
chercher à identifier la répartition des tâches entre les femmes et les hommes, à
mesurer le temps et les charges par rapport aux activités des femmes et des
hommes, et à calculer les avantages et désavantages vraisemblables pour les
femmes et les hommes.
Femmes, eau et santé
C'est une relation importante que l'organisation d'un projet sur l'eau a besoin
d'approfondir. Basé sur le concept du triple rôle des femmes, il s'ensuit que :
G Toute augmentation dans les maladies transmises par l'eau aura un impact sur
le rôle maternel et soignant des femmes.
G Toute augmentation dans la production aura un impact sur leur rôle productif,
en particulier si les méthodes de production impliquent qu'il faut rester
debout dans l'eau, ce qui peut mener à une augmentation des maladies
transmises par des vecteurs qui pénètrent dans la peau.
G Toute augmentation dans la productivité peut aussi bien mener à une situation
alimentaire améliorée, ou provoquer un déclin dans la situation alimentaire si
la production de la nourriture pour la famille est négligée pour une agriculture
destinée au marché.
G Une augmentation du transport d'eau mènera à une augmentation de la
fréquence de problèmes de dos et de douleurs musculaires, et des accidents
dans les descentes glissantes vers les puits et vers les sources d'eau.
G Les nouveaux systèmes d'approvisionnement en eau auront un impact sur le
rôle communautaire des femmes en ce qui concerne le temps supplémentaire
nécessité pour la participation dans les activités d'organisation, de gestion et
d'entretien. Celles-ci seront accompagnées de facteurs liés au stress.
Informations complémentaires :
Manuel de la Commission européenne :
L'intégration des femmes dans le développement, CE 1991
.
Participation of
Women in Water Supply and Sanitation
,
IRC, 1995.
Handbook for
Mainstreaming : A Gender Perspective in the Water Resources Management
Sector.
SIDA, Suède.
Gender Issues, Water Issues, A Gender Perspective to
Irrigation Management.
IIMI 1994.
260
Page 35
10. Etudes sur la « disposition à payer »
Ces dernières années, l'organisation des services d'eaux a été grandement aidée par
le développement des études de marché des utilisateurs potentiels. Celles-ci visent
à découvrir les préférences des utilisateurs pour le service proposé, et combien ils
seraient disposés à dépenser pour les satisfaire (d'où l'expression d'études sur la
« disposition à payer » ou DAP).
Ces études fournissent diverses informations sur les sources en eau actuelles
des habitants ; le volume d'eau utilisé dans des buts différents ; leurs préférences à
propos du service proposé ; ce qu'ils paient actuellement pour l'eau, et ce qu'ils
seraient prêts à payer pour une amélioration spécifique ; s'ils se raccorderaient à
une nouvelle source d'approvisionnement. Ces études sont également applicables
pour l'assainissement et les égouts.
L'accumulation d'éléments sur la DAP rend possible le tracé des courbes de
demande en eau, permettant aux planificateurs de concevoir des systèmes plus
proches de ce que veulent vraiment les utilisateurs, et d'améliorer les perspectives
de recouvrement adéquat des dépenses.
Les conclusions à tirer
Il est difficile de généraliser au sujet de la valeur réelle de la « disposition à payer »
à partir de celles obtenue d'une variété d'études : les chiffres dépendent de
circonstances particulières. Cependant, les études s'accordent sur les facteurs qui
influencent la demande pour un meilleur approvisionnement en eau, et par
conséquent une DAP. Ceux-ci incluent :
G Les caractéristiques socio-économiques et démographiques : revenus,
occupation, buts de l'utilisation de l'eau, dimension et composition de la
famille, coutumes d'usage de l'eau, etc.
G La qualité, la fiabilité et le coût de l'eau proposée, comparés aux ressources
existantes. Dans ce contexte, la qualité inclut l'apparence, le goût et l'odeur,
aussi bien que la composition microbiologique. Le coût prend en compte le
temps et l'effort investis dans le transport de l'eau depuis une source éloignée,
ou dans la file d'attente pour l'eau, et les sorties d'argent pour payer les
vendeurs privés, etc. Le coût de raccordement au système est un autre facteur.
G Les attitudes face à la politique gouvernementale, et le sentiment de droit. Les
politiques gouvernementales instaurées sur l'approvisionnement en eau et son
prix peuvent définir l'attitude des utilisateurs - par exemple, si les politiciens
ont promis de l'eau gratuite, ou s'il y a une politique claire et efficace de
subventions. Des facteurs variés peuvent mener des gens à penser qu'ils ont
droit à l'eau gratuite ou à bon marché.
L'emploi d'études de « disposition à payer » pour l'eau est controversé, et leurs
résultats peuvent être mis en question, par exemple, pour des gens avec des
revenus très bas, ou dans le cas où les membres masculins et féminins de la famille
auraient des attitudes différentes. En outre, il y a les critiques habituelles faites aux
études d'évaluation relatives (voir ci-dessous), dont la DAP est un type, par
exemple le comportement « stratégique » des sondés souhaitant obtenir le service,
mais qui exagèrent, ou minimisent, le montant qu'ils seraient prêts à payer.
261
Page 36
Tout en admettant ces difficultés, on peut néanmoins conclure que le témoignage
d'une étude de DAP est utile, et procure une base empirique pour l'organisation et
le recouvrement du coût dans ce secteur. Il suggère que l'eau est en effet un
produit économique aux yeux de nombreux consommateurs, et qu'ils sont en
principe prêts à payer pour un meilleur service.
La collecte des données
Les données d'une étude de DAP sont rassemblés au moyen d'Evaluations Relative
(ER), ainsi nommées parce que leurs réponses sont dépendantes de la description
d'un service (habituellement) hypothétique ou d'une amélioration proposée. La
conduite des études ER est un travail hautement spécialisé, et elle devrait être
effectuée par des praticiens expérimentés. La croissance de l'intérêt pour l'ER aux
Etats-Unis a mené à la rédaction dans un rapport à l'U.S. National Oceanic and
Atmospheric Administration de lignes directrices faisant autorité pour la conduite
des études d'ER. Les lignes directrices ont été rédigées principalement pour une
estimation de valeur du non-usage des habitats naturels, pourtant elles
s'appliquent généralement à d'autres questions telles que l'eau. La méthode d'ER
peut être utilisée dans les litiges, et des crédits substantiels sont réservés à la
conduite d'une telle étude. Cela devrait être gardé à l'esprit dans la lecture des
lignes directrices ci-dessous, dont toutes ne sont peut-être pas rigoureusement
appropriées.
Les échantillons
Un statisticien professionnel devrait être impliqué dans le choix du type et de la
dimension de l'échantillon. Celui-ci doit être statistiquement significatif, surtout
si des fractionnements sont utilisés.
Les non-réponses
Un ratio élevé de non-réponses rendrait les résultats de l'étude peu fiables.
Les interviews
Les interviews sont habituellement préférables en direct, et les enquêtes
téléphoniques sont meilleures que celles par courrier. Les grosses études
d'évaluation relatives doivent aussi tester l'influence de celui qui dirige l'entrevue.
Les effets qu'ont des photographies sur les sondés devraient être explorés avec
soin.
Rapport
Le rapport de l'étude devrait contenir des informations sur la population
questionnée, sur la trame d'échantillonnage utilisée, sur la dimension de
l'échantillon, le taux total des non-réponses et l'analyse des non-réponses, une
copie du questionnaire, et toutes les communications avec les sondés. Les données
devraient être archivées et accessibles aux parties intéressées.
Conception du questionnaire
Les questionnaires devraient être éprouvés et pré testés. Il devrait y avoir la preuve
que les sondés comprennent et acceptent les descriptions et questions en soi. En
général, la structure de l'étude devrait exprimer les résultats « a minima », c'est-à-
dire que les options qui sous-estiment la DAP devraient être préférées à celles qui
risquent de la surestimer, afin d'améliorer la crédibilité des résultats. Il devrait y
avoir une place pour les non-réponses, dont les raisons devraient être analysées.
262
Page 37
Les tableaux croisés
L'étude devrait inclure une variété d'autres questions qui aident à interpréter les
réponses à l'interrogation principale de l'évaluation. Elles peuvent concerner le
revenu et d'autres indicateurs socio-économiques, le site, la conscience des
problèmes d'environnement, etc.
Le questionnement
Le recours à une étude de « disposition à payer » est préférable aux questions sur
les compensations exigées, par exemple, dans le cas d'une annulation ou d'un
refus de service. Les questions sur l'estimation devraient être posées comme s'il
s'agissait d'un vote ou d'un référendum (forme « oui / non » plutôt qu'une
question ouverte au sujet de la DAP). Le mode de paiement devrait être clair,
réaliste et acceptable.
Définition exacte de la question
Une information suffisante devrait être fournie sur le changement de service
proposé pour permettre aux sondés de formuler des réponses réalistes.
Les implications des dépenses
Il faut rappeler aux sondés que leur DAP pour le programme en question réduirait
leur pouvoir d'achat.
Informations complémentaires :
The Economic Appraisal of Environmental Projects
and Policies : A Practical Guide
,
OCDE, Paris, 1995.
Values for the Environment.
,
ODI, UK, 1991.
11. Analyse financière et économique
Les projets relatifs à l'eau doivent faire l'objet d'une analyse financière et
économique (AFE). La Commission européenne a publié un manuel de référence
qui résume les principales techniques recommandées pour entreprendre une telle
analyse (« L'analyse financière et économique de projets de développement », CE,
septembre 1997).
La première étape de l'analyse financière et économique (AFE) consiste à
déterminer les agents économiques impliqués dans le projet ou affectés de façon
significative par celui-ci (c'est-à-dire les groupes de parties prenantes qui subissent
des coûts ou bénéficient de biens ou services consécutivement au projet), qui
devraient tous être pris en compte dans l'analyse. La présentation d'une image
partielle devrait être évitée ; par exemple, l'AFE ne doit pas seulement examiner la
partie financée par l'Union Européenne, s'il apparaît que d'autres sources de fonds
devront être demandées au gouvernement ou obtenues des bénéficiaires et / ou
des utilisateurs.
Certains agents économiques importants doivent être analysés séparément. Il
s'agit en général du ministère ou des ministères concernés par le projet, des entités
publiques et / ou privées, telles que les administrations, services, et sociétés liés à
l'eau, ainsi que les bénéficiaires et / ou groupes d'utilisateurs qui sont censés
contribuer au projet et pour qui les coûts semblent devoir être supérieurs aux
avantages. Il est particulièrement important de se concentrer, parmi les
bénéficiaires, sur les groupes à faible revenu, puisque l'amélioration de leur santé,
de leur statut économique et de leur qualité de vie est souvent un objectif
263
Page 38
prioritaire des projets relatifs à l'eau. Si l'un des groupes de parties prenantes ne
bénéficie pas du projet, celui-ci devrait être reformulé pour résoudre ce problème,
sinon le projet risque d'échouer. De façon plus importante, si l'objectif est d'aider
les plus pauvres, l'abordabilité pour les groupes à faibles revenus de
l'approvisionnement en eau ou des autres avantages générés par le projet doit être
clairement démontrée.
La deuxième étape (étroitement liée à la première) est de définir des scénarios «
avec projet » et « sans projet ». Il faut préciser que le scénario « sans projet » est à
distinguer de la situation « avant le projet » ; il doit refléter l'évolution de la
situation dans la zone du projet proposé au cours de la durée de ce projet. La durée
de vie du projet doit être considérée comme la période pendant laquelles les
avantages et les coûts générés par le projet courent et non pas sur la période de
mise en oeuvre de projet ou d'investissement du bailleur de fonds. Les scénarios
« avec » et « sans » projet sont à quantifier sur la durée de vie de projet afin de
pouvoir déterminer le scénario « améliorateur » « avec projet » moins « sans
projet ». Ce scénario constitue la base à la décision de financer ou non le projet.
Ces trois scénarios devraient être résumés sous la forme de trois flux de
monnaie. Un scénario « améliorateur » ne devrait pas être rédigé sans cet exercice
sous peine de risquer l'omission de certains éléments. Les hypothèses devraient
être clairement énoncées et réalistes et des analyses de sensibilité devraient être
utilisées pour déterminer l'importance relative de ces hypothèses. Une analyse de
sensibilité consiste à modifier la valeur de facteurs clés tels que la durée du projet,
les bénéfices et les coûts principaux, le taux d'actualisation, afin d'évaluer leur
impact sur la valeur globale du projet, ce qui permet d'estimer le degré de risque
d'un projet. Le scénario de base « avec projet » devrait être comparé aux autres
alternatives « avec projet » pertinentes, qui devraient être convenablement
quantifiées. Le choix d'une alternative par rapport à une autre devrait être
suffisamment justifiée.
Cette deuxième étape permet la classification du projet comme ayant des
résultats essentiellement tangibles (la majorité des coûts et des bénéfices peut être
quantifiée et évaluée) soit comme ayant des bénéfices essentiellement non-
tangibles(la majorité des coûts et des bénéfices ne peut pas être quantifiée et
valorisée, même si certains d'entre eux peuvent l'être). Cette classification est
importante puisqu'elle détermine le type d'analyse possible. Dans le premier cas,
une analyse coûts / bénéfices peut être menée, tandis que dans le second cas, une
analyse coûtefficacité est requise. Si les composantes du projet ne sont pas liées,
elles devraient être évaluées séparément (c'est à dire qu'une valeur actuelle nette
(VAN), un taux de rentabilité interne (TRI) ou une mesure de coût / efficacité
distincts doivent être calculés).
Le type et l'étendue de l'analyse financière et économique à effectuer doivent
être adaptés aux problèmes principaux de chaque projet. Par exemple, si les
aspects institutionnels sont au centre du projet, l'analyse devra être adaptée en
conséquence.
Les principales questions à résoudre pour des projets relatifs à l'eau sont les
suivantes : (1) déterminer quels bénéfices et quels coûts doivent être quantifiés : la
disposition à payer ou à vendre l'eau ; les frais financiers ; les gains de production ;
l'équipement ; la réduction des maladies et de la mortalité ; les économies de
temps ; le confort ; et coûts et / ou avantages environnementaux (ces quatre
derniers points pouvant s'avérer difficiles à quantifier et encore plus difficiles à
valoriser) ; ainsi que (2) le type de politique de recouvrement des coûts à adopter.
Idéalement, celle-ci devrait permettre de couvrir les frais d'exploitation, les coûts
264
Page 39
d'entretien et les amortissements, et elle devrait appliquer des prix différents pour
les groupes à faibles revenus, les groupes à revenu élevé et les sociétés.
La troisième étape est l'analyse financière, qui se construit sur les deux
premières étapes. L'analyse commence par une analyse financière, jamais
directement avec une analyse économique. L'analyse financière se concentre sur
les différentes entités économiques ou groupes de parties prenantes,tandis que
l'analyse économique se concentre sur le pays ou la région dans son ensemble.
Une analyse financière permet une estimation de la valeur intrinsèque d'un projet
sa valeur avant financement et de la valeur financière d'un projet sa valeur
après financement aux prix de marché constants (c'est-à-dire en excluant
l'inflation et sans correction des distorsions de prix de marché), par l'application
d'un taux d'actualisation approprié (un taux qui reflète la préférence du moment,
sans prendre en compte l'inflation).
Dans le cas d'un projet avec des bénéfices tangibles, l'analyse financière
permet de déterminer la période de remboursement (le nombre d'années
nécessaires pour recouvrir l'investissement initial sans actualisation), la valeur
actuelle nette (VAN, la valeur nette du projet après l'application de taux
d'actualisation tout au long de la durée de vie de ce projet), ou le taux de
rentabilité interne (TRI, le taux d'actualisation qui rend la VAN nulle). La VAN
devrait être le critère principal de décision puisqu'elle permet de classer des projets
(diviser la VAN par l'investissement initial dans le cas de projets alternatifs avec
différents montants d'investissement).
Pour les projets avec des bénéfices non-tangibles, l'analyse financière devrait se
concentrer sur la détermination d'un budget réaliste et le choix d'un indicateur de
bénéfice (par exemple, le coût par litre d'eau potable pour les utilisateurs d'un
point d'eau communal), et sur la comparaison de ces deux éléments pour évaluer
le rapport coût / efficacité. A ce stade, l'évaluation de l'acceptabilité des
hypothèses sous-jacentes et la réalisation des tests de sensibilité correspondants
sont de la plus grande importance.
La quatrième étape est l'analyse économique. Pour passer de l'analyse
financière à l'analyse économique, on réalise un rapprochement des différents
intervenants (parties prenantes) et on opère un certain nombre d'ajustements.
Une analyse économique est seulement requise quand : (1) Le projet est d'une
dimension qui aura un impact significatif sur l'économie nationale, ce qui peut
être le cas de grands projets relatifs à l'eau. Dans ce cas, « l'analyse des effets
économiques » met l'accent sur les effets sur la croissance économique (dans le cas
de projets avec un résultat tangible), les échanges de devises, les finances
publiques, la distribution des revenus (dans tous les cas). Cette analyse est
effectuée aux prix de marché constants et devrait être de préférence effectuée sur
la durée du projet et pas seulement sur une année. Elle consiste à décomposer les
coûts et les avantages pour déterminer leurs composantes respectives (résultat brut
d'exploitation, importations, salaires, taxes et frais financiers). (2) Il existe des
distorsions importantes dans le mécanisme des prix qui justifient une évaluation
basée sur le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre, de la terre, des ressources
naturelles et du change des devises. La méthode de calcul internationale élimine
tous les transferts (tels que les taxes payées par le consommateur et perçues par le
gouvernement) pour donner une image globale du point de vue national et
convertit les prix en leur coût d'opportunité (prix de référence) pour prendre en
compte les distorsions et les externalités. Cette méthode permet de déterminer la
valeur économique du projet. La valeur actuelle nette économique, le taux de
rentabilité interne économique ainsi que le coût de la ressource intérieure
265
Page 40
devraient être les critères principaux de décision.
La cinquième étape est celle de la synthèse des résultats et des
recommandations. A la fin de l'analyse, il devrait être possible d'évaluer la
pertinence du projet (pour des projets à résultat tangible), son efficacité, son
efficience et sa viabilité, et de recommander ou non de poursuivre ce projet. Cette
évaluation doit correspondre à la politique du gouvernement bénéficiaire et à la
politique de l'Union Européenne. L'une des questions principales est la viabilité :
une bonne analyse économique et financière devrait quantifier les coûts
récurrents générés par le projet pendant sa durée et après la fin du projet, ainsi que
l'adéquation du financement.
Si certaines composantes de projet ne sont pas satisfaisantes, il convient de
refaire une analyse financière et économique en utilisant des alternatives
appropriées. L'analyse financière et économique est un processus itératif, et non
pas séquentiel.
Il est cependant utile de rappeler que bien que l'analyse financière et
économique soit un élément très important de la préparation de projets, elle ne
constitue pas la seule base pour juger si un projet devrait être entrepris ou pas. Les
projets peuvent générer des avantages non tangibles significatifs qui ne peuvent
être inclus dans la valeur actuelle nette ou le taux de rentabilité interne, et certains
aspects d'une évaluation tel que les aspects sociaux et environnementaux sont
très difficiles à intégrer dans l'analyse financière et économique. Cela s'applique
particulièrement aux projets relatifs à l'eau où, par exemple, l'objectif est
d'améliorer la santé et de libérer les femmes de la corvée du transport de l'eau afin
qu'elles puissent se consacrer davantage à des activités économiquement
productives. C'est pourquoi une analyse financière et économique devrait toujours
êtreeffectuée en coordination étroite avec d'autres analyses, telles que les analyses
socioculturelles et les analyses de genre et jamais de façon autonome.
Efficacité :
Comparaison des résultats obtenus avec les moyens mis en oeuvre ;
Efficience :
Comparaison du but du projet avec ses résultats ;
Viabilité (ou durabilité) :
(1) la solvabilité du projet pendant sa durée de vie ; et
(2) le fait que les bénéfices nets continueront à être générés après l'achèvement du
projet ;
Pertinence :
l'étendue avec laquelle le projet correspond et contribue aux objectifs
de réforme économique et structurelle du pays partenaire et de l'Union
Européenne.
12. Evaluation des bénéfices des investissements dans les
ressources en eau
L'approche traditionnelle pour estimer les bénéfices de divers types de projets
d'alimentation en eau et de traitement d'eaux usées est de considérer le revenu
financier provenant de la vente des services comme l'équivalent minimum du
bénéfice. Aujourd'hui ceci est considéré comme peu satisfaisant, car l'eau est
souvent sous-évaluée et est subventionnée, et le revenu financier peut grandement
minimiser le vrai avantage du service. Le problème est complexe dans le cas des
services de traitement des eaux usées à cause de leurs implications pour la santé
publique et la protection de l'environnement. La conséquence est qu'il est souvent
difficile de démontrer les avantages économiques réels des projets liés aux
ressources en eau.
266
Page 41
Le choix principal est soit de demander aux consommateurs d'eau ce qu'ils
seraient disposés à payer (DAP) pour de meilleurs services, soit d'essayer d'évaluer
directement ces avantages par d'autres moyens. En théorie, l'étude de
« disposition à payer » fournit une réponse plus complète, parce que seuls les
consommateurs eux-mêmes connaissent tous les avantages qu'ils peuvent
attendre, ainsi que leur valeur. Cependant, les réponses d'une étude DAP peuvent
ne pas être fiables, pour diverses raisons (voir ci-dessus). De plus, la mise en oeuvre
d'une étude de DAP prend du temps, consomme des crédits, et n'est pas toujours
faisable. Plus fondamentalement, les avantages individuels révélés par une étude
DAP omettront les avantages collectifs (externes) de services améliorés,
notamment la santé publique et le confort.
Pour ces raisons, il est quelquefois préférable de considérer séparément les
différents avantages, et de les évaluer directement. Il convient de faire attention
d'éviter un double comptage, par exemple en incluant l'étude DAP individuelle et
l'économie des ressources et du temps des consommateurs. De la même manière,
il est possible que l'évaluation des bénéfices reposant sur de la plus value foncière
fasse double emploi avec les bénéfices en provenance d'autres sources.
Les principaux types de bénéfices tant pour l'adduction d'eau que pour
l'assainissement sont les suivants :
Les économies financières
Celles-ci surviennent quand les consommateurs font des économies monétaires ou
en nature résultant d'un meilleur service d'eau. Elles peuvent en plus être divisées
en économies de temps, de sorties d'argent, et en des gains de production.
Economies de temps et confort
Celles-ci consistent à réduire le temps passé (surtout par les femmes et les enfants)
à faire la queue pour l'eau aux points d'eau publics, et le transport depuis des
sources éloignées. Dans d'autre cas, elles peuvent provenir de l'usage
d'assainissement individuel plutôt que dans des sites publics. Le confort provient
pour partie de l'économie de temps, et pour partie de la diminution de souci et
d'effort.
Dépenses financières
L'usage d'un service amélioré peut réduire les dépenses privées sur des produits de
substitution, par exemple l'achat chez des vendeurs d'eau, le coût de traitement
d'eau individuel (filtrer, bouillir, etc.) ou l'usage de puits privés. Le raccordement à
un réseau d'égouts supprimera le besoin de fosses septiques. Les bénéfices peuvent
avantager les autorités publiques, comme quand un meilleur traitement des eaux
usées réduit le coût de traitement d'eau douce provenant de la même source.
Les gains de productivité
Une alimentation en plus grand volume et plus fiable de l'eau propre peut réduire
les coûts pour les fermiers et les opérateurs industriels et commerciaux pour qui
l'eau est une consommation majeure. Pour certaines entreprises, l'alimentation en
eau peut être le facteur clé de leur viabilité.
Les avantages pour la santé
Un plus grand volume d'eau peut contribuer à changer les habitudes des foyers,
avec une amélioration potentielle des conditions sanitaires par exemple, une
toilette plus fréquente et de meilleure qualité, une lessive et un nettoyage
267
Page 42
d'ustensiles de cuisine plus efficaces. Un approvisionnement plus fiable peut avoir
des effets similaires, et réduit le problème de stockage, qui occasionne par lui-
même des risques pour la santé. Une meilleure qualité de l'eau peut réduire le
risque d'ingérer un liquide contaminé. Ces avantages sont en partie privés et en
partie publics. Dans ce dernier cas, cela consiste à réduire la fréquence des
maladies transmises d'une personne à l'autre. En pratique, les gains principaux
pour la santé viendront vraisemblablement d'un assainissement et d'une
évacuation des eaux usées améliorés, et particulièrement le fait d'éviter la
contamination fécale.
L'agrément
Un voisinage bénéficiant de services d'adduction d'eau et d'un système de
traitement des eaux usées de bonne qualité aura, toutes choses égales par ailleurs,
une plus haute valeur immobilière que celui qui en est dépourvu. La réduction de
la pollution et des inondations locales par un système d'égouts adéquat améliorera
aussi l'agrément local. L'impact cumulé de tous les avantages individuels et
sociaux de services de l'eau améliorés constituera un meilleur environnement,
dont on tirera tous bénéfices.
Les types d'avantages cités ci-dessus peuvent être transposés en valeurs
économiques de plusieurs façons :
G par une évaluation relative et des études de « disposition à payer », applicables
aux différentes sortes d'avantages privés, et à certains aspects de la santé
publique et de l'agrément ;
G par une méthode patrimoniale (« hédonistique »), dans laquelle
l'augmentation des valeurs du patrimoine est considérée comme l'ensemble
des bénéfices domestiques, pour la santé et pour l'agrément ;
G par un comportement préventif et des dépenses de protection, dans lesquelles
les dépenses des habitants pour des sources alternatives et les mesures de
protection sanitaire sont utilisées pour représenter les économies produites en
utilisant des services améliorés ;
G la méthode des pertes de production, ou l'évaluation de marché des effets
physiques. Cette approche mesure l'impact vraisemblable des services d'eau
améliorés sur la production (par exemple les récoltes irriguées, les pêcheries, les
services de laverie), ou sur l'usage des services et consommations
commercialisés (par exemple les équipements de santé, le coût du traitement
privé de l'eau). La valeur du temps gagné est un cas particulier : quand le
temps en question est productif, il peut être mesuré à l'aide des salaires
moyens pratiqués, mais ceci est plus problématique quand les bénéficiaires ne
font pas partie de la population active (par exemple les enfants, les personnes
âgées, les femmes non salariées).
Informations complémentaires :
Measuring economic benefits for waters
investments and policies
.
Banque Mondiale, 1996.
The Economic Benefits of
Potable Water Supply projects to Households in Developing Countries
,
Banque
Asiatique de Développement, 1994.
268
Page 43
13. Procédures environnementales
Base juridique
L'Union Européenne cherche à intégrer les aspects de l'environnement dans toutes
les activités du développement. Cela est devenu une obligation légale selon le
traité de l'Union européenne (traité de Maastricht). La protection et la mise en
valeur des ressources naturelles sont reconnues comme une dimension importante
de l'aide au développement accordée par l'Union européenne. L'intention est : (1)
d'éviter des effets nuisibles vis-à-vis de l'environnement de tout programme ou de
toute opération (2) de maintenir la viabilité écologique à travers toutes les étapes
du cycle du projet, et (3) de prendre en compte les conséquences directes ou
indirectes d'opérations qui peuvent affecter d'autres secteurs.
De nombreux règlements et résolutions du Conseil et des Etats membres
donnent de l'importance à la protection de l'environnement dans toutes les
régions du monde. Une gestion durable des ressources naturelles compte parmi les
priorités de la politique.
Evaluation de l'environnement
Un manuel de l'Environnement (
Procédures relatives à l'environnement et
méthodologie régissant les projets de coopération au développement dans le cadre de Lomé
IV, DG Développement, CE, juin 1993
) a été élaboré par la Commission européenne.
Son objectif est d'aider les pays partenaires et la Commission à incorporer les
considérations environnementales dans la gestion du cycle de projet (GCP). Les
procédures apportent un système efficace d'évaluation de l'environnement pour
des projets de développement. Le manuel, dans sa rédaction, s'applique au niveau
du projet. Courant 1998, la commission révise et met à jour le manuel de 1993,
qui va alors pouvoir s'appliquer à toutes les activités de coopération pour le
développement.
L'Evaluation de l'environnement des projets proposés peut être découpée en
six composantes de base :
G
Sélection initiale
: elle détermine s'il est probable que les projets causent des
effets considérables sur l'environnement et par conséquent qu'ils aient besoin
d'une attention plus poussée ; à appliquer aux étapes de programmation et
d'identification.
G
Evaluation préliminaire de l'environnement
: elle donne très tôt une
indication par rapport au coût réel du niveau d'étude de l'environnement qui
sera exigée ; à entreprendre à l'étape d'identification.
G
Evaluation de l'environnement
: elle dépend de la sélection initiale.
L'objectif est de déterminer les conséquences sur l'environnement d'un projet,
et quelles mesures de protection de l'environnement devraient être
incorporées à sa conception, sa mise en oeuvre, et son fonctionnement.
L'évaluation peut être effectuée comme partie de l'étude de faisabilité ou
comme une étude d'impact sur l'environnement (EIE) distincte.
G
Examen des résultats concernant l'environnement
: celle-ci utilise le résultat
de l'étude environnementale pour voir quelles mesures sur l'environnement
devraient être incorporées dans la Demande de financement. Cela comprend
des plans de gestion de l'environnement, des systèmes de contrôle de
l'environnement et des audits environnementaux.
G
Suivi
: il indique comment incorporer une composante environnementale
dans le suivi de façon à assurer un contrôle continu de l'environnement et
l'adéquation des mesures d'atténuation des effets sur celui-ci.
269
Page 44
G
Evaluation finale
: elle montre comment inclure une composante
environnementale pour s'assurer que les leçons générales sur l'environnement
seront retenues pour des futurs projets.
Le Manuel montre les liaisons entre les étapes de la GCP, les procédures
environnementales et la responsabilité des diverses institutions impliquées. Il
donne aussi un calendrier des procédures et des actions et / ou décisions sous
forme de liste de questions clés. Il est recommandé que la liste complétée soit
présentée une fois que l'étude de faisabilité est acceptée.
Pour une évaluation de l'environnement les projets peuvent être classés en
trois catégories et le manuel indique clairement la méthodologie pour chacune des
trois catégories. Les exemples de projets entrant dans les différentes catégories,
avec leurs domaines cibles, sont :
A Les projets qui ne nécessitent aucune évaluation de l'environnement
: ce
sont ceux qui n'auront probablement pas d'impact significatif sur
l'environnement tels que l'assistance technique, l'enseignement, la formation
et le renforcement institutionnel, la collecte des données et les études
théoriques.
B Les projets qui nécessiteront une analyse complémentaire de
l'environnement :
ceux dont le type, l'échelle ou autres caractéristiques
pertinentes ont le potentiel d'avoir des effets sur l'environnement. Ils ne
justifient pas forcément une étude d'impact sur l'environnement mais
nécessiteront une étude préliminaire. Dans le cas de l'évaluation et de la
planification des ressources en eau : la création de plans d'eau et les
équipements pour les loisirs, des changements significatifs de l'utilisation des
terres sur (a) les régions de recharges d'aquifères connues ; (b) des plaines
inondables ; et (c) des régions riveraines. Dans le cas des Services de base
d'alimentation en eau et d'assainissement : l'alimentation en eau et
l'assainissement ruraux, le drainage des terres (à petite échelle), les réseaux
d'égouts et l'évacuation des boues d'égout (petite échelle). Dans le cas des
Services municipaux d'eau et d'assainissement : l'alimentation en eau et
l'assainissement urbains, l'évacuation des eaux de pluie, les réseaux d'égouts,
les installations d'évacuation des boues de curage d'égouts. Pour l'Usage et la
gestion agricoles de l'eau : la gestion et la réhabilitation de captage, les projets
d'irrigation par eau de surface compris entre 100 et 500 hectares, les projets
d'irrigation par eau souterraine compris entre 200 et 1 000 hectares,
l'aquaculture (de zone côtière et d'eau douce), le développement agricole sur
des régions sensibles de recharge d'aquifères et les terres riveraines.
Dans le cas
de projets à buts multiples :
les petites centrales hydroélectriques, le tourisme
impliquant des installations utilisant de l'eau et la fourniture en eau potable et
d'assainissement.
C. Les projets qui nécessitent une évaluation des impacts sur
l'environnement :
ceux qui, à cause de leur type et de leur dimension peuvent
très probablement avoir des effets considérables sur l'environnement. Une
évaluation de l'environnement sera nécessaire soit comme partie de l'étude de
faisabilité, soit sous forme d'une étude d'impact distincte. Pour l'Evaluation et
la planification des ressources en eau : les barrages, la régulation des débits des
fleuves et rivières, les transferts d'eau, les endiguements, les systèmes
régionaux de protection contre les crues et la lutte contre les inondations. Pour
les Services de base d'alimentation en eau et d'assainissement : forages,
constructions de puits, systèmes de d'évacuation d'eaux usées (à petite
270
Page 45
échelle), dispositifs de lutte contre les inondations en zones rurales, plans
d'écrêtements de crues, réinstallations d'habitants. Dans le cas des Services
municipaux d'alimentation en eau et d'assainissement : installations de
traitement des eaux usées (grande échelle), stations de traitement de l'eau
(grande échelle), évacuation des eaux pluviales, canalisation des cours d'eau
traversant des zones urbaines, ouvrages de protection contre les crues et de
lutte contre les inondations
,
barrages et réservoirs pour l'alimentation en eau.
Usage et gestion agricoles des eaux : drainage des zones humides, projets
d'irrigation en eau de surface sur plus de 500 hectares, projets d'irrigation en
eau souterraine sur plus de 1 000 hectares, systèmes de transport de l'eau y
compris les ouvrages de captage, les canaux et les canalisations (grande
échelle), conservation du sol et mise en valeur des terres. Dans le cas de projets
à buts multiples : développement côtier dû au tourisme, plans de
réimplantation de population, projets d'hydroélectricité (grande échelle).
La Sélection initiale
est importante pendant l'étape d'identification du projet. Il
convient de remarquer que :
G Les listes de sélections supposent que l'amélioration de l'environnement et les
projets de protection peuvent avoir dans certains cas des impacts négatifs sur
l'environnement. L'alimentation en eau pour les êtres humains, les animaux,
et les récoltes est peut-être une amélioration pour l'environnement mais
amène aussi des effets contraires qui pourraient contrebalancer les avantages.
G L'utilisation de l'eau pour des objectifs environnementaux (c'est à dire pour
préserver les zones humides, les piscicultures, la récréation, les loisirs et les
pratiques culturelles) est reconnue aujourd'hui comme important dans les
projets liés à l'eau. L'impact d'un projet proposé sur le débit environnemental
d'eau en quantité et en qualité suffisantes doit être retenu dans le processus de
sélection.
G La protection de l'environnement dans les projets qui ne sont pas prévus dans
les listes de sélection doit être abordée par les autorités du pays partenaire et
les délégations de la Commission Européenne, dans le cadre des procédures de
préparation du projet.
G Les listes de sélections devraient être annexées à la fiche d'identification du
projet.
Les listes de questions clés de l'évaluation préliminaire de l'environnement
sont fournies dans le manuel. L'objectif est de guider l'utilisateur quant au niveau
d'analyse supplémentaire de l'environnement qui pourrait être exigé.
G Les seize listes peuvent être utilisées avec un minimum de données techniques
spécialisées et peuvent être remplies en 30 à 45 minutes. En comparaison avec
une étude d'impact, remplir une liste de contrôle est simple, et peu coûteux.
G Cet outil peut être utilisé pour comparer d'autres options de projets lors de la
phase de pré faisabilité (ou d'identification).
G Les listes de questions consacrées aux projets ruraux et urbains d'eau et
d'assainissement » et à « l'irrigation », sont les plus pertinentes pour des
projets dans le domaine de l'eau. Cependant, il est aussi recommandé que
l'utilisateur examine les autres listes appropriées telles que celles sur «
l'évacuation et traitement des déchets », sur « les ports », sur « l'énergie », «
l'agriculture », « la sylviculture », « les pêches et l'aquaculture ».
G Les listes de questions clés de l'évaluation préliminaire de l'environnement
auront pour résultat : (a) aucune analyse environnementale supplémentaire
271
Page 46
n'est nécessaire ; (b) l'évaluation plus poussée de quelques questions
importantes sur l'environnement dans l'étude de faisabilité ; et (c) une étude
d'impact distincte sur les questions graves concernant l'environnement ou (d)
une étude environnementale stratégique pour les programmes sectoriels.
G Les listes de questions clés significatives devraient être annexées à la
proposition de financement.
La méthodologie pour l'étude environnementale (EE), soit comme évaluation de
l'environnement dans l'étude de faisabilité, soit comme une étude d'impact
distincte est donnée dans le guide de l'utilisateur. Ce processus sera nécessaire
quand le pays partenaire demandera une étude de faisabilité. Dans l'un et l'autre
cas, l'objectif pratique est de prédire les impacts probables du projet sur
l'environnement, de trouver des moyens d'atténuer les impacts inacceptables, et
de présenter aux décideurs des prévisions et des options appropriées de correction.
L'analyse ou l'étude impliquera une consultation publique avec les intéressés et la
population affectée. Les planificateurs de projets pourront alors façonner leur
projet afin d'accomplir et de maintenir les avantages prédits avec un minimum de
conséquences inacceptables sur l'environnement.
Une étude environnementale implique :
G l'identification des variantes (les conséquences sur l'environnement des
différentes options du projet doivent être comparées avec la situation « ne rien
faire ») ;
G l'évaluation de la portée (l'identification et la limitation des impacts potentiels
à ceux qui sont les plus significatifs sur l'environnement) ;
G la prévision des impacts ;
G l'évaluation des impacts ;
G l'identification des mesures de correction (changer les emplacements, les
méthodes, la conception ; introduire des contrôles et des normes ; offrir la
réhabilitation ainsi que des compensations ; renforcer les institutions et
développer les capacités) ;
G la présentation des résultats ;
G un résumé d'une page qui devrait être joint à la proposition de financement.
Des termes de référence (TDR) pour une étude d'impact figurent dans le guide de
l'utilisateur. Cela assure que leur méthodologie pour chaque étude d'impact soit
complète et uniforme.
La vérification de l'étude environnementale (ou de l'étude d'impact) a pour objet
d'intégrer les recommandations de toute étude dans la proposition de
financement. L'importance de l'impact potentiel du projet sur l'environnement
dans le cadre plus large de la planification du projet sera révisée. La vérification
doit incorporer une évaluation économique des impacts potentiels sur
l'environnement et des mesures de correction, des décisions sur des actions
concrètes qui préviendront ou réduiront les impacts négatifs sur l'environnement.
Les mesures de correction seront choisies après une évaluation de la capacité des
institutions du pays à les mettre en oeuvre. Si nécessaire, les conditions exigées en
faveur de l'environnement seront liées à la proposition de financement.
Suivi. Tout projet en cours aura toujours des conséquences sur l'environnement
(contamination des cours d'eau due aux déblais des chantiers de construction, des
272
Page 47
routes d'accès aux constructions, etc.). L'objectif du suivi est d'évaluer les impacts
sur l'environnement pendant le processus habituel de surveillance du projet. Cela
permet (a) une évaluation de l'impact du projet sur l'environnement et de
l'efficacité des mesures de correction ; (b) d'être averti à l'avance des changements
négatifs suite à la mise en oeuvre du projet ; et (c) l'estimation et l'évaluation de
tout impact imprévu sur l'environnement.
Les évaluations sont entreprises pendant la mise en oeuvre du projet en particulier
à moyen-terme, mais également à la fin, ou peu de temps après la fin du projet. Si
les questions sur l'environnement sont particulièrement éminentes, il peut être
approprié de commander un audit de l'environnement.
Sources
Un recueil des textes originaux sur l'évaluation environnementale sectorielle
accompagne le manuel de l'environnement. Pour chacun des 16 principaux
secteurs de développement, ce recueil contient une liste de questions clés détaillée
et des notes générales. Il est disponible sur disquette. Cette compilation des lignes
directrices sur l'environnement est publiée par les organisations en pointe dans la
collectivité des bailleurs de fonds, (par exemple l'OMS, la Banque Mondiale, le
FAO , le PNUE, l'UNESCO, l'AsDB, l'USAID) pour prêter assistance, donner des
explications, et des sources d'information pour :
G préparer les termes de références des études d'impact et le contenu des études
environnementales incluses dans les études de faisabilité ;
G mettre des valeurs monétaires sur les coûts et les avantages des impacts sur
l'environnement ;
G vérifier et évaluer les résultats des études d'impact ou des études
environnementales.
Les sections sur les projets ruraux et urbains d'alimentation en eau et
l'assainissement et sur « l'irrigation » sont directement liées aux questions de
l'environnement dans les projets relatifs à l'eau.
Les sections sur « l'évacuation et le traitement des déchets », les « Ports », «
l'énergie », « l'agriculture » sont également importantes.
Pour de plus amples informations:
Procédures relatives à l'environnement et
méthodologie régissant les projets de coopération au développement dans le
cadre de Lomé 4, DG Développement, CE,
juin 1993,
ICID Environmental
Checklist : to Identify environmental effects of irrigation, drainage and flood
control projects
.
HR Wallingford, UK, 1993.
14. Estimation économique environnementale
Les trois approches principales pour l'évaluation des impacts sur l'environnement
sont :
1. L'utilisation des prix de marché pour mesurer les effets physiques des
transformations de l'environnement sur la production ;
2. L'utilisation des préférences déclarées (ce que les gens estiment être leurs
valeurs de l'environnement) ;
3. L'utilisation de plusieurs sortes de préférences révélées (les conclusions tirées
de l'attitude réelle des personnes).
273
Page 48
L'Evaluation de marché des effets physiques (EMEP).
Cette méthode évalue les transformations de l'environnement en observant les
transformations physiques dans l'environnement et en déterminant quelles
différences ils apporteront à la valeur des marchandises et des services. La
pollution de l'eau peut réduire les prises de pêche, et la pollution de l'air peut
affecter la croissance des récoltes. Dans ces cas, les transformations de
l'environnement réduisent les productions mises sur le marché. Dans les autres
cas, tels que l'extraction du limon des réservoirs et des fossés, une transformation
de l'environnement fait augmenter les prix. Dans les deux cas, la transformation
coûte de l'argent à quelqu'un.
Pour la méthode EMEP, plusieurs techniques sont disponibles. Des mesures de
dose-réponse évaluent l'impact physique d'une transformation de
l'environnement sur un récepteur, tel que la pollution de l'air sur les matériaux, la
corrosion, les pluies acides sur le rendement des récoltes, ou la pollution de l'eau
sur la santé de nageurs. Les courbes d'usures utilisent des données de dose-réponse
pour évaluer le coût économique de transformation de l'environnement. L'impact
physique causé par les transformations de l'environnement est converti en valeurs
économiques utilisant les prix de marché des unités de production.
Avec l'approche des courbes de production, les « apports » de l'environnement
tels que la fertilité du sol et la qualité de l'air et de l'eau peuvent être mis en
rapport avec la production à travers des techniques économétriques, montrant
comment la production varie avec les transformations des différents apports. La
méthode du capital humain évalue le coût d'une mauvaise santé qui résulte des
transformations de l'environnement, d'après son effet sur la productivité de
l'ouvrier.
La méthode du coût de remplacement évalue les coûts des dégâts de
l'environnement en utilisant les dépenses que les blessés encourent en se
soignant, soit en observant ce que les victimes dépensent réellement, soit en ayant
recours à l'avis d'un expert sur ce qu'il coûterait de remédier au problème.
Les méthodes de préférences déclarées
Dans certaines situations, il est approprié de demander directement aux gens leur
propre évaluation de l'environnement. La méthode de l'évaluation relative est le
terme donné pour une forme d'étude de marché, où le « produit » est une
transformation de l'environnement. On demande aux gens ce qu'ils seraient
disposés à payer pour une éventuelle amélioration de l'environnement, ou pour
empêcher une détérioration, ou ce qu'ils seraient disposés à accepter comme
compensation.
La méthode de l'évaluation relative peut également s'appliquer aux
changements dans les biens publics, telles que la qualité de l'air, le paysage, ou la
valeur de la présence d'une faune et d'une flore sauvages, comme aux
marchandises et services vendus aux particuliers, tels que de meilleures
alimentations en eau et assainissement. Il peut s'appliquer aussi bien aux valeurs
d'usage (par exemple la qualité de l'eau, l'observation d'animaux sauvages, le
plaisir manifeste éprouvé en regardant une belle vue) qu'aux valeurs de non-usage
(exemple la valeur de la présence de vie sauvage).
Les méthodes de préférences révélées
Dans ce groupe de techniques, on déduit indirectement les préférences des
personnes pour l'environnement en examinant leurs attitudes sur des marchés qui
274
Page 49
sont liés à l'environnement. Certains biens et services sont complémentaires à la
qualité de l'environnement, d'autres en sont des procurations, des substitutions
ou des succédanés. En examinant les prix qu'elles paient, ou les avantages
apparents qu'elles en tirent, sur ces marchés étroitement liés, on peut découvrir
leurs préférences pour l'environnement.
Il y a trois techniques. La méthode selon le coût du déplacement prend en
compte le temps passé et l'argent dépensé quand on visite un site naturel et qu'on
en profite, dont la valeur serait représentée par le prix d'entrée sur ce site. Un
comportement préventif et une dépense de précaution permettent d'obtenir de
l'information sur ce que les personnes dépensent pour se protéger contre un
déclin réel ou potentiel de la qualité de l'environnement.
La méthode patrimoniale (hédonistique) de fixation du prix est basée sur le
fait que le prix d'une propriété reflète, entre autres, la qualité de l'environnement
dans lequel elle est située. Appliquée à la propriété, la méthode utilise une analyse
économétrique sur de larges bases de données pour distinguer les attraits de
l'environnement parmi d'autres facteurs qui définissent le prix d'une habitation
ou d'une parcelle de terre. La même approche de base peut être utilisée pour
déduire la valeur de divers risques environnementaux de santé des différences
systématiques dans les salaires. Les trois méthodes évaluent les préférences
révélées des personnes grâce aux données des observations sur leurs attitudes sur
le marché.
Les impacts de l'environnement peuvent être résumés comme étant de quatre
types : la productivité, la santé, les valeurs d'agrément et d'existence. Ces dernières
sont les impacts qui menacent l'existence même d'espèces ou de facettes de
l'environnement, indépendamment de leurs valeurs d'utilisation pour l'espèce
humaine. Le tableau suivant illustre la façon dont les différentes méthodes
d'évaluation peuvent être appliquées à ces quatre types d'impacts.
Impacts sur l'environnement et méthodes d'évaluation
Impact
Les méthodes d'évaluation
La productivité
l'évaluation de l'influence des améliorations physiques sur le marché
l'action préventive
les dépenses de précaution
le coût de remplacement
La santé
le capital humain ou les coûts des maladies
l'évaluation relative
l'action préventive
les dépenses de précaution
L'agrément l'évaluation
relative
les dépenses de déplacements
la méthode patrimoniale
Les valeurs d'existence
l'évaluation relative
Pour un impact sur la productivité, la méthode la plus évidente est l'évaluation de
l'influence des améliorations physiques sur le marché (exemple les pertes de
récoltes à cause de pluies acides). Cependant, pour les impacts qui entraînent des
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coûts croissants, l'action préventive, les dépenses de précaution, et le coût de
remplacement pourraient aussi être convenables (exemple : coût d'un
déménagement pour éviter la pollution, du double vitrage pour réduire le bruit
ambiant, le coût des réparations après une inondation).
Pour les impacts sur la santé, y compris la sécurité, le capital humain et les
coûts des maladies fournissent des évaluations minimales, basées sur la perte des
salaires et sur les dépenses médicales directes. Les actions préventives (par exemple
déménagement des personnes souffrant de l'asthme, qui échapperont ainsi à la
pollution de l'air), les dépenses liées à la prévention (installations privées de
traitement de l'eau, qui pourra être conservée à l'abri de la contamination) sont
d'autres indicateurs. L'impact total sur la santé peut être démontré par les études
d'évaluation relative mesurant la disposition à payer pour éviter ou réduire
douleur ou inconfort, ainsi que des pertes d'argent. Ce qui précède se réfère à la
morbidité. Pour les risques de mortalité, il est aujourd'hui habituel de déduire la
valeur d'une vie dans les statistiques en examinant les dépenses pour une
assurance, ou d'autres genres de dépenses de précaution.
Pour mesurer les effets du confort, les méthodes d'évaluation des frais de
déplacement et de valeur patrimoniale fournissent des données basées,
respectivement, sur le coût d'un voyage jusqu'à un site, et sur les différences de
valeurs des propriétés dus à l'environnement. Les évaluations relatives peuvent
aussi être utilisées pour analyser en profondeur les préférences du public.
L'évaluation relative est la seule méthode pratique pour découvrir la valeur de
l'existence (ainsi préserver des espèces rares, la biodiversité dans son propre
intérêt), puisque toutes les autres méthodes concernent plusieurs types
d'avantages et de dépenses directes des utilisateurs. Elle est aussi la seule source des
preuves sur la valeur des transformations futures dans la qualité de
l'environnement.
Evidemment, on ne doit pas recourir à toutes ces méthodes dans chaque cas ;
le choix devrait être fait selon :
G le type des impacts les plus importants ;
G les informations qui sont disponibles et acceptables ;
G les crédits disponibles pour l'analyste.
Informations complémentaires :
L'Estimation économiques des Projets de
l'environnement et les politiques : Un Guide pratique
,
OCDE, Paris, 1995.
Values
for the Environment
, ODI, UK, 1991.
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