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Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
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Texte de support pour l’intervention orale lors du Forum « Innover en français » 2009, non aménagé pour
une communication écrite.
Permettez-moi un rappel, pour situer l’ancrage de mon propos. Le français est
aujourd’hui une langue minorisée, comme toutes les langues du monde qui subissent
l’hégémonie de l’anglais. Cette situation est la conséquence d’une progressive perte
d’influence du monde francophone – et singulièrement de la France – sur d’autres
terrains, qu’ils soient politiques, économiques et culturels.
Récemment, l’UNESCO a publié une étude sur l’état de santé des langues du monde et
n’a pas inclus le français dans la liste des langues vulnérables. Pourtant, tout observateur
lucide constate des signes avant-coureurs d’une marginalisation progressive du français.
Qu’il s’agisse de ces conférences internationales qui se tiennent exclusivement en
anglais ; ou du monde de la technologie et des sciences les plus avancées qui ignore
superbement la diversité linguistique de ses propres contributeurs ; ou encore de ces
forums économiques où il est plus sérieux de faire du business en anglais… Sans
compter la présence massive de l’anglais dans les médias, sur le net et dans les canaux
culturels mondialisés.
Ce n’est pas à vous qu’il faut rappeler la disparition progressive des périodiques et des
journaux en français, à l’exception du Bucarest Hebdo, ni l’écrasante suprématie des
chaînes TV en anglais. Ce n’est pas vous qu’il faut convaincre de ce que le français en
Roumanie est une langue vulnérable. Et bien d’autres pays présentent une situation
comparable.
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Vous me direz sans doute que le poids démographique des pays francophones reste
suffisant pour garantir à long terme l’avenir du français. Que peut craindre une langue
parlée par plus de cent millions de francophones natifs (ou assimilés), chiffre qui monte à
quelque 200 millions lorsqu’on y ajoute les francophones « occasionnels » (chiffres
fournis par l’OIF, La Francophonie dans le monde 2006-2007) ?
Sans doute, mais l’on observe aujourd’hui une autre vulnérabilité, liée à la
marginalisation du français, et dont l’impact pourrait être plus ravageur encore. Il s’agit
de la perte de confiance progressive des francophones eux-mêmes en l’avenir de leur
langue. De petites lâchetés en démission pure et simple, nombre de francophones – en
particulier parmi les plus influents – ont cessé de revendiquer l’usage de leur langue
comme un droit dans certaines circonstances de communication.
Le droit de travailler dans sa langue, le droit d’être enseigné dans sa langue : même dans
des pays francophones « de souche », ces droits sont menacés.
Vous l’aurez compris, il est sans doute préoccupant de constater que le poids
démographique du français diminue, mais l’enjeu n’est pas d’être la langue la plus parlée
au monde (ce que n’est pas l’anglais… dépassé par le mandarin). Il est par contre plus
préoccupant de constater le changement de statut du français, progressivement exclu de
certains domaines, moins soutenu par ses propres locuteurs : ce n’est pas le français qui
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meurt, ce sont les francophones qui choisissent de l’abandonner au profit d’une autre
langue, jugée plus valuable, plus trendy ou plus bankable – bancable, si vous préférez.
Ces constats ne sont pas neufs, même s’ils acquièrent aujourd’hui une dimension jamais
atteinte et posent crûment la question de l’avenir du français comme langue de grande
diffusion. Est-il possible de réagir, avant qu’il ne soit trop tard ?
Mais je voudrais plaider ici pour une politique à destination d’un autre public, celui des
francophones « adoptifs » (comme on parle de parents adoptifs), francophones
« adoptifs » qui ont fait le choix - ou qui pourraient le faire - d’adopter le français pour
mieux communiquer avec leurs contemporains.
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Ces francophones adoptifs – qui sont largement majoritaires dans cette salle – sont
l’avenir du français, à plusieurs titres. D’un point de vue quantitatif d’abord. Si le
nombre de locuteurs francophones natifs décroît dans le monde, celui des autres
francophones augmente, en raison notamment d’un taux de natalité supérieur. D’un point
de vue qualitatif également. Si les francophones natifs rechignent parfois à promouvoir
leur propre langue, les autres francophones – dont vous êtes – en sont souvent de
remarquables ambassadeurs.
Si le nombre des francophones adoptifs augmente, on le doit pour une bonne part aux
enseignants qui promeuvent le français sur les cinq continents, une diffusion dont seul
l’anglais peut aussi se targuer aujourd’hui. Ces enseignants – dont vous êtes – font face à
des situations très différentes suivant l’environnement.
On songe sans doute d’abord à celles et ceux qui permettent à des non-francophones
d’accéder au français par la formation en « français langue étrangère » (FLE). Il s’agit
d’un défi de taille, à l’échelle de l’ensemble de la francophonie.
Toutefois la question de l’accès au français concerne une population bien plus large, pour
laquelle cette langue n’est nullement « étrangère », mais pose des problèmes spécifiques
parce qu’elle n’est pas en totale osmose avec leur milieu. Aujourd’hui, dans bien des
villes francophones (que l’on songe à Paris, à Montréal, à Bruxelles), une partie
importante des jeunes en âge d’obligation scolaire sont issus des immigrations et sont
confrontés à des repères culturels et identitaires non francophones. On parle alors parfois
de « français langue seconde » (FLS).
La jeune vietnamienne issue d’une classe bilingue qui choisit le français pour trouver un
emploi, la jeune Roumaine éveillée au français dès son milieu familial et qui vibre à
l’idée de mieux connaître le « grand » Paris, le jeune Maghrébin inscrit dans des classes
passerelles à Bruxelles, tous ont en commun de partir à la découverte d’une langue dont
le choix s’impose à eux, guidés par des enseignants dont l’engagement et la générosité
sont très souvent remarquables.
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Quels que soient le profil et les motivations de ces francophones adoptifs, qu’il s’agisse
de français langue étrangère ou de français langue seconde, un certain nombre d’enjeux
communs sont à rencontrer.
Un premier enjeu me semble de bien prendre la mesure des difficultés concrètes que pose
le français pour les francophones adoptifs. Je voudrais profiter de la chance qui m’est
offerte aujourd’hui de dialoguer avec des enseignants qui, en raison des situations de
nécessité dans lesquelles ils ou elles se trouvent, parent au plus pressé et se concentrent
sur l’essentiel.
Et je crois que cet essentiel que vous poursuivez a peu de choses en commun avec
certaines questions qui agitent quelques bien-nantis de la francophonie– pardonnez-moi
cette formule un peu provocante –, qu’il s’agisse par exemple de l’orthographe de
nénufar ou de la forme féminine d’homme-grenouille. Il s’agit, bien plus
fondamentalement, de faire pratiquer une langue qui se justifie par sa valeur ajoutée dans
une société donnée, que ce soit en termes d’emploi, d’intégration ou de socialisation.
Une langue réputée difficile d’accès – ce qui constitue un réel handicap vis-à-vis de
l’anglais, qui ne souffre pas de cette représentation –, une langue parfois desservie par
des méthodologies ou des supports didactiques surannés.
Dans ce contexte, il est des questions auxquelles les francophones ne pourront pas se
dérober très longtemps. J’en cite une, particulièrement sensible, mais importante pour
l’avenir du français : la réforme de l’orthographe.
Je ne parle pas ici des aménagements ponctuels2, proposés en France dès le 6 décembre
1990 dans le Journal officiel de la République française (rapport du Conseil supérieur de
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Ces « rectifications orthographiques » ont toutefois dû attendre avril 2007 pour bénéficier d’une
reconnaissance officielle en France (Bulletin officiel de l’Éducation nationale, 12 avril 2007).
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la langue française mis en place par le Premier ministre français de l’époque, Michel
Rocard). Je ne parle pas de ces rectifications orthographiques, qui entrent
progressivement dans l’usage (l’édition 2009 du Petit Robert leur a accordé droit de cité),
mais d’une réforme plus radicale des graphies, à l’instar de ce qui a été mené à bien pour
des langues comme le néerlandais ou l’allemand.
Je vise plutôt la simplification des graphies visant à les rendre plus proches de la
prononciation et à les systématiser : réduction de consonnes doubles, suppression de
graphies purement étymologisantes, etc. En d’autres termes, pousser jusqu’au bout
l’application des principes qui ont prévalu pour les premières rectifications
orthographiques, très limitées dans leur application, il faut bien en convenir.
Je n’ignore pas que ces propositions risquent de heurter de front les personnes qui
considèrent que l’orthographe est un patrimoine intangible, qui fait partie intégrante de
l’identité de la langue française. Loin de toute provocation gratuite, je voudrais rappeler
que l’orthographe n’est pas la langue, et que ses formes ont considérablement varié
jusqu’à l’époque moderne.
Plus fondamentalement que cet enjeu symbolique – et vous comprendrez pourquoi j’ai
enfourché ce cheval de bataille –, l’orthographe est un enjeu social : la maîtriser, malgré
sa complexité, pour ne pas dire son anarchie, est un signe de distinction. Elle est donc
aussi signe d’exclusion, pour tous les locuteurs francophones, natifs ou adoptifs, qui ne
réussissent pas à la dominer.
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Face à l’expansion exponentielle de l’anglais, réputé facile d’accès, en concurrence avec
des langues comme l’allemand, qui ont simplifié leur système orthographique, pouvons-
nous continuer de faire payer un droit d’accès exorbitant aux francophones pour
s’approprier une maîtrise satisfaisante de leur langue ? Toutes ces heures consacrées à
des points objectivement limités de l’orthographe grammaticale ou de l’orthographe
d’usage contribuent-elles au rayonnement du français ? Pour quelques locuteurs qui ont
gagné une remarquable expertise dans la transcription du français contemporain, combien
d’autres se sont détournés de cette langue, jugée trop rébarbative ?
Permettez-moi une anecdote personnelle, qui remonte déjà à une vingtaine d’années. Je
me trouvais alors au Nouveau-Brunswick (Canada), dans la mythique Acadie de la région
de Moncton, pour mener une enquête sociolinguistique sur les usages linguistiques des
jeunes francophones de la région. J’ai bien dit « jeunes francophones », vu que le
français était la langue parlée au sein de la famille et dans le lycée ou le collège fréquenté
par ces jeunes. Une partie significative de ces jeunes acadiens m’a déclaré préférer
s’exprimer en anglais, plutôt qu’en français, en raison de la difficulté de cette langue. Et
cela, alors que, de toute évidence, ils étaient mieux à même de s’exprimer en français
qu’en anglais.
Chers Collègues, innover en français, dans notre discipline, c’est s’autoriser à poser la
question de ce qui est essentiel pour l’avenir de cette langue, dans le contexte du marché
mondial des langues où la concurrence est féroce. Une révision des normes de l’écrit ne
me semble plus un sujet tabou pour le français du 21 e siècle.
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Bien sûr, dans ce domaine comme dans d’autres (je songe ici à la féminisation des noms
de métiers et de fonctions), il serait irréaliste de décréter des modifications qui ne
reposent pas sur un consens minimal des francophones. Et c’est là un deuxième enjeu,
tout aussi complexe et difficile à relever que le premier.
Ces divergences étalées sur la place publique sapent, non seulement la cohésion, mais
également le rayonnement et l’attractivité de la francophonie auprès des non-
francophones. Il n’y aura donc de révision fondamentale des normes de l’écrit qu’avec
l’adhésion d’une large majorité des instances officielles, de France et d’ailleurs. Dans cet
ailleurs, les communautés de francophones adoptifs doivent faire entendre leur voix, car
elles sont aux premières loges du combat quotidien pour la diffusion du français, et donc
pour son avenir.
Chers Collègues, innover en français, dans notre discipline, c’est s’autoriser à prendre la
parole dans tous les débats de fond sur cette langue que nous avons en partage, et donc
aucune nation, aucune institution, n’est propriétaire.
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autre problématique, celle des normes de référence, autre enjeu pour la francophonie de
demain.
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La plupart des linguistes aujourd’hui sont convaincus de ce que cette variation
géographique et, plus généralement, toute forme de variation validée socialement, fait
partie de la langue et, à ce titre, mérite d’être enseignée dès que l’apprentissage de la
langue standard est acquis.
Cette ouverture à la variation, caractéristique de toute langue qui vit, est encore loin
d’être admise par tous les enseignants, mais elle est pourtant essentielle dans une stratégie
qui vise à réconcilier les francophones – tous les francophones, surtout périphériques –
avec leur langue maternelle.
Chers Collègues, innover en français, dans notre discipline, c’est s’autoriser à intégrer la
variation linguistique au cœur même de notre dispositif d’enseignement du français. La
prise en compte de l’hétérogénéité linguistique n’est pas une préoccupation réservée à des
francophones natifs : parce qu’elle exprime la diversité culturelle et sociale, la variation
linguistique bien maîtrisée est un passeport d’intégration pour des francophones adoptifs.
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S’interroger sur ce qui est essentiel pour l’avenir du français, intervenir dans les débats de
fond sur cette langue que nous avons en partage, intégrer la variation linguistique au cœur
même de notre dispositif d’enseignement du français, voilà trois défis, parmi d’autres, qui
réunissent tous les francophones préoccupés de l’avenir du français, mais dont la prise en
compte est capitale pour les francophones adoptifs.
Face à de tels enjeux, quels enseignants pour les relever ? Quels enseignants de français
langue étrangère ou langue seconde (FLES) ?
Vous êtes bien mieux placés que moi pour répondre à cette question. Je souhaite
simplement partager avec vous quelques éléments de réponse, pour alimenter le débat qui
suivra cet exposé.
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Dès mes premières rencontres avec des Roumains enseignant la langue française, j’ai été
frappé par deux qualités : la compétence linguistique effective de mes interlocuteurs, tant
à l’oral qu’à l’écrit, et la qualité de la formation linguistique de base : bien peu de mes
étudiants seraient en mesure de rivaliser avec vous sur les aspects diachroniques et sur
certaines connaissances normatives. Deux autres différences m’ont également frappé, de
nature plus culturelle : une pédagogie plus directive et la quasi-absence de cours de
sociolinguistique dans la formation de base. En ce qui concerne la sociolinguistique,
j’espère que les considérations qui ont précédé vous en ont montré l’intérêt. Quant à la
pédagogie, chacun sait qu’il s’agit d’une matière trop importante pour être confiée aux
seuls pédagogues.
Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de plaider pour une rupture entre
professeurs de français « langue maternelle/première » et professeur de français « langue
étrangère ou seconde ». Au contraire : je plaide pour un dialogue, pour des échanges de
pratiques, pour des confrontations d’expérience. Mais ce dialogue fera mieux apparaître
d’évidentes spécificités, tant dans les objectifs que dans les besoins et les moyens à
mettre en œuvre.
Dans la même optique de concertation avec des collègues et des disciplines proches, il y
aurait lieu également, me semble-t-il, de développer la formation des futurs enseignants
de FLES dans le domaine des sciences sociales (sociologie, psychologie sociale,
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anthropologie), de manière à les familiariser avec les outils d’analyse des situations
parfois très complexes qu’ils auront à rencontrer. Simultanément, ces enseignants
devraient disposer d’un solide bagage pour mieux assumer tout l’investissement
personnel entraîné par leur contact quotidien avec des jeunes qui, parfois, cumulent
handicaps linguistiques et sociaux.
Sans doute certains d’entre vous ont la chance de s’adresser à des publics relativement
privilégiés, ayant fait de l’apprentissage du français un choix personnel et positif.
Toutefois, même en Roumanie, pays éminemment francophile, il existe des classes de
français qui connaissent des situations matérielles précaires ; il existe des classes où le
choix du français est perçu comme moins porteur que celui de l’anglais ; il existe des
classes où seuls des enseignants motivés et compétents réussiront le pari de faire adopter
le français par leurs étudiants.
Cette formation des enseignants de FLES ne pourra être efficace que si elle peut
s’appuyer sur deux atouts essentiels.
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grande émancipation vis-à-vis des manuels classiques : possibilité de tirages ciblés, de
compléments sur supports électroniques, de manuels électroniques, de cours en ligne
(dont il sera également question aujourd’hui), etc. Mais il faudra convaincre les éditeurs
de faire ce pas qui coûte…
Dans les pays où l’enseignement obligatoire relève des pouvoirs publics, tant la
formation des enseignants que les supports didactiques sont pris partiellement en charge
par la collectivité. Bien sûr, il y a tant d’urgences à gérer dans ce domaine qu’il est
compréhensible qu’un pays comme la Roumanie, s’agissant de promotion de
l’enseignement d’une langue comme le français, se tourne vers la Francophonie
institutionnelle ou vers un pays francophone ami pour y trouver de l’aide.
C’est là un autre enjeu, dont je ne vais pas traiter ici, même s’il pèse lourdement sur tous
les autres. Qu’il me soit simplement permis de rappeler que le secrétaire général de la
Francophonie, Abdou DIOUF, estime que la Francophonie se doit d’être le moteur du
combat pour « la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, la diversité
culturelle et linguistique, l’éducation et la formation, ainsi que le développement
économique et social. ».
La Roumanie, comme d’autres pays où le français est une langue vulnérable et dont la
disparition réduirait la diversité cultuelle et linguistique, cette Roumanie me paraît un test
de la solidarité pan-francophone pour ce combat en faveur d’une multiculturalité bien
gérée.
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Ma conviction est aussi, chers Collègues, que votre engagement pour la promotion du
français dans ce pays justifie largement cette solidarité pan-francophone, mais qui suis-je
pour le dire ? À mon modeste niveau, celui d’un responsable des relations internationales
d’une université, même s’il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan, comme
d’autres collègues belges, français, suisses, québécois, je puis favoriser des programmes
de mobilité, encourager les échanges scientifiques et pédagogiques, affronter des défis
communs.
C’est bien peu, mais j’ai appris, durant mon mandat de vice-recteur, que des personnes
convaincues soulèvent les montagnes et transforment le scepticisme en véritables projets
pour leurs collègues et leurs étudiants.
Et pour terminer sur une note moins solennelle, je ne résiste pas au plaisir de vous lire
cette « sortie » de l’écrivain Panait ISTRATI, en postface de son livre L’enfance d’Adrien
Zograffi :
« Occident… Occident… Tu as une grosse, énorme tête, mais tu n’as pas de cœur ! […]
Ce sont les élèves sortis des très hautes écoles, élèves devenus nos maîtres-bourreaux, qui
exterminent à tour de bras nos populations paisibles. […] Et ils sont tous des doctes,
sortis de vos Sorbonnes. »
J’espère que ce texte, écrit en 1926, a perdu son actualité et que les doctes d’aujourd’hui
ont autant de cœur que de tête. La francophonie en a bien besoin !
Michel FRANCARD
Professeur de linguistique française
Centre de recherche VALIBEL
Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique)
Courriel : <Michel.Francard@uclouvain.be>
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