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Une des diffrences que lon peut constater entre les grands rcits mdivaux
de la lgende arthurienne et leurs adaptations modernes et
contemporaines, cest que dans ces dernires, on ne rit finalement pas
beaucoup et on sourit peine : si lon excepte Mark Twain1 (et Walt Disney ?),
les parodies les plus russies Sacr Graal, Kaamelott dvoilent assez vite un
ct grinant, voire lugubre. Pour le reste, la tonalit des films et des sries est
uniformment grave et solennelle : seuls les anachronismes, qui ne manquent
pas, peuvent susciter involontairement lhilarit dun public averti
A loppos, grce ltude dsormais classique de Philippe Mnard2 , amplifie
depuis par les travaux du 19me congrs de la SIA (Toulouse, 1999)3, on sait que
le rire et le sourire constituent une dimension essentielle de la littrature
arthurienne mdivale, au moins jusquau XIIIme sicle. Du badinage la
raillerie et au sarcasme, de lironie lhumour, du burlesque au ridicule : on na
que lembarras du choix. Aucun personnage dArthur Tristan ny chappe,
aucune situation, mme dramatique, non plus. Quant la parodie, elle
accompagne ces rcits comme leur ombre, et ce ds lpoque des Mabinogion
gallois.
Le comique arthurien na cependant rien voir avec celui des fabliaux ou
des pomes goliards. Pas de misogynie ordurire, dpisodes graveleux : il joue
plutt sur lallusion, lquivoque, le clin dil, et se plat au gag et au
calembour. Sa fonction se limite-t-elle au pur divertissement, ou bien y-a-t-il,
au-del, de plus importants enjeux ? Quel rle joue le comique arthurien
dans la critique du monde chevaleresque et courtois, dans le dsamorage, la
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Renseignements-inscriptions : georges.bertin49@gmail.com