You are on page 1of 20
br BaF REPUBLIQUE FRANCAISE LE MINISTRE Aug oF prawn NOTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Paris, le 31 janvier 2014 COMMENT CREER I MILLION ET DEMI D’EMPLOIS D°ICI A 2018 L’économie francaise est en état d'alerte: le taux de chémage est & un plus haut historique, les défaillances d'entreprises sont proches du pic de 2009, l'investissement et Vemploi reculent successivement depuis 6 trimestres, les taux de marge des entreprises sont au plus bas depuis prés de trente ans et le pouvoir d'achat par ménage a conmu au cours des deux derniéres années une contraction de grande ampleur. L/année 2014 devrait étre marquée par une croissance du PIB de 0,9 % en France mais ce rythme de croissance serait insuffisant pour interrompre les destructions d’emplois marchands et permettre une baisse durable du chomage, malgré les politiques de l'emploi déployées, et enclencher une veritable dynamique de sortie de crise. Il ne devrait done pas y avoir d'inversion de la courbe du chémage en 2014. En raison d'un euro fort et des politiques de désinflation compétitive de grande ampleur ‘menées chez nos principaux concurrents de la zone euro, la France n'a d'autres choix que de mener une politique de compétitivité axée sur une baisse du coiit du travail (CICE, Pacte de Responsabilité), d'autant plus que les entreprises frangaises affichent des marges dégradées. Mais si l'on veut que les entreprises utilisent le redressement de leurs marges a l'investissement et & l'embauche, il est impératif de s‘assurer que a demande tirée par le pouvoir d'achat ne s'affaiblisse davantage, Dans le cas contraire, les carnets de commande resteront en berne et il y a un risque élevé que le redressement de Ia situation financiére des entreprises soit utilisé dla distribution de dividendes plutat qu’a I investissement, ——~, MINISTERE DU REDRESSEMENT PRODUCTIF 130 rue de Bercy - Télédoc 196 - 75572 Pars cedex 12 Pour retrouver de la croissance d court et moyen terme, il est done urgent de modifier la stratégie macroéconomique de la France afin de limiter les effets négatifs sur la demande liés 4a Vaustérité européenne et & la hausse de l’euro. Cette nouvelle stratégie reposerait sur deux axes : 1. S'anerer dans une trajectoire de « séricux budgétaire » afin de sortir de l'impasse de Vexcessive « austérité budgétaire » européenne : chaque économie réalisée sur la dépense publique sur la période 2014-17 pourrait étre redéployée selon une régle des trois tiers : un tiers serait affecté & la réduction du déficit public structurel, un tiers & la baisse des prélévements obligatoires pesant sur les entreprises intégrant notamment le Pacte de Responsabilité et un tiers & la baisse de la pression fiscale sur les ménages. 2, Demander é la BCE & travers I’Eurogroupe, légitime dans un contexte déflationniste, de poursuivre un objectif de baisse de l'Euro de 10 % par rapport aux autres monnaies (soit environ 14 centimes pour la cotation euro/dollar), le ramenant & son niveau du 3 trimestre 2012. Cette nouvelle stratégie macroéconomique permettrait : > un redémarrage rapide de la croissance dés 2014 (1,8 %). En moyenne sur la période 2014-17, la croissance serait de 2,3 %; > 1a création de 1,32 million d’emplois en quatre ans, dont 318 000 dés 2014; > une baisse du taux de chémage sous la barre des 10 % dés 2014. Le taux de chomage atteindrait 7,6 % de la population active en 2017; > une réduction du déficit public & 1,6 point de PIB en 2017 ; > une baisse de la dette publique de 4,8 points de PIB en quatre ans, celle-ci atteignant 88,6 points de PIB en 2017. Dans le cas contraire, le quinquennat risque bien d’étre consacré a chercher une reprise qui ne viendra pas ou trop tardivement, Synthese stratégie macroéconomique Tauxde Nombre Taux de Déficit Ce RNC arr Ca ee rg TTT Ca CA CCA CL SCO CCL TET a PIB) PIB) () pani active) 7,6 % 1,6 pts de 88,6 pts PIB de PIB 12ptsde 91 pts de PIB PIB Ecart (1) ~ (2) 06% sar000 = ie faert oes 23% 1321 000 1,7% 780.000 9,6 % es 1. ETAT D’ ALERTE SUR L’ECONOMIE FRANCAISE, 1.1. L’accumulation de mauyais résultats macroéconomiques depuis le 2*™* trimestre 2012 Depuis le 2 trimestre 2012, soit au cours des 6 demniers trimestres, la France a connu : - 4 trimestres de croissance négative du PIB (graphique 1); - 6 trimestres successifs de croissance négative ou quasi-nulle de l'investissement des entreprises (graphique 2) ; = 6 trimestres successif’s de baisse de I’emploi marchand (graphique 3); Graphique 1. Taux de croissance trimestriel du PIB (en %) oxor, 2o10T2 20103 2ox0rs 20171 207112 201373 201174 201271 2 Source : INSEE * Graphique 2, Taux de croissance trimestriel de l'investissement des entreprises non finaneiéres (en %) oxors 201072 201073 201074 203271 2 Source : INSEE Graphique 3. Variation trimestrielle de ’emploi marchand (en milliers) Source : INSEE 1.2. Un nombre de faillites en 2013 comparable au pie de la crise en 2009 Le nombre de défaillances d’entreprises en 2013 montre que les plaies de la crise entamée en 2008 n’ont pas été cicatrisées, bien au contraire. Avec 63 101 défaillances d’entreprises en 2013 (tableau 1), le niveau des défaillances d’entreprises est comparable a celui du pic de la crise en 2009 (63 709), et plusicurs régions et secteurs signent de nouveaux records de sinis- tralité. En 2013, ces défaillances ont directement menacé 268 400 emplois, soit un chiffre su- péricur a celui de 2009 (257 200). Il existe cependant des différences notables entre 2009 et 2013. Il y a4 ans, ce sont les entre- prises industrielles de grande taille qui étaient en difficulté et qui enregistraient le plus fort taux de croissance de faillites. Ein 2013, ce sont les TPE et les PME, dont I’activité est directe- ment lige & la consommation qui connaissent la plus forte augmentation des faillites, Plus de 8500 commergants ont déposé le bilan ’an passé, un chifire supérieur au plus haut de 2009. Tableau 1. Nombre de défaillances d’entreprises Emin 2013/2012 pty eC PO Sauvegardes 1396 | 1261 | 1419] 1498 | 1633 | 90% Redressement judiciaire ou Liquidation Judiciaire] 19614 | 18842 | 18807 | 18475 | 18465 | -0.1% directe Dontri | 19614 | 18842 | 18807 | 18475 | 18465 | -0.1% Dont | 42699 | 40454 | 40211 | 41305 | 43003 41% TOTAL FRANCE 63709 | 60557 | 60437 | 61278 | 63101 3,0% Dont PME > 50 salar | 666 472 515 562 ses] 05% | menacés Source : Altares Ensemble Emplois | 957 209 | 242500 | 247200 | 268400 | 269300 | 0,3% | 1.3. Le niveau historique du taux de chdmage en France et dans la zone euro Le niveau du chémage atteint des niveaux historiques en France et en Europe. En France, en décembre 2013, 3,3 millions de personnes étaient inscrites en catégorie A & Pole Emploi (personnes sans emploi), soit une hausse de 1,3 million depuis mai 2008 (376 000 depuis mai 2012). En décembre 2013 4,9 millions de personnes étaient inscrites en catégories A,B,C (personnes sans emploi et en activité réduite), soit une hausse de 1,84 million depuis mai 2008 (538 000 depuis mai 2012) (graphique 4). 5 Graphique 4. Demandeurs d’emplois en fin de mois (DEFM) inscrits 4 Pole Emploi selon les eatégories (en milliers) LEPPPEPPPEPEPEEEEELELEL PP OPEPE Sources : DARES, Pole Emploi. Le nombre de chémeurs de longue durée (inscrits depuis plus d’un an) a atteint 2,05 millions en décembre 2013, soit une hausse de 1,08 million depuis mai 2008 (377 000 depuis. mai 2012). Les chémeurs de longue durée représentent désormais 41,9 % des chémeurs inscrits 4 Pole Emploi (en catégorie A,B,C) contre 30,6 % fin 2008. La durée moyenne d’inscription 4 Pole Emploi est de 511 jours en décembre 2013, soit 120 jours de plus que fin 2008 (44 jours de plus depuis mai 2012). Selon la demniére prévision de !’OFCE, les sureffectifs seraient encore abondants dans les entreprises, ceux-ci étant évalués A 250000. Cela pourrait conduire & de nouveaux ajustements sur l'emploi dans les trimestres qui viennent, Malgré leurs révisions de croissance & la hausse pour 2014, tous les grands instituts de prévision (FMI, Commission Européenne, OCDE, Insee, OFCE, Coe-Rexecode) prévoient une hausse, méme faible, du taux de chémage en 2014 : comprise entre +0,1 et +0,3 point selon les instituts (tableau 2). FMI 0 ILI +0,1 Insee** 109 11,0 40,1 Commission Européenne 0 11,2 40,2 OCDE uo 112 40,2 OFCE 10,6 10,9 +0,3 Coe-Rexecode 10,5 10,8 +0, * Pour TOFCE et Coe-Rexecode, la mesure du taux de chémage cowre uniquement la France mélropoliaine alors que le chiffre inclut les DOM-TOM dans les prévisions du FMI, de l'OCDE et ta Commission Européenne. ** Les prévisions de I'Insee ne couvrent pas l'ensemble de l'année 2014 mais seulement le I” semestre, La non inversion de la courbe du taux de chémage pour l'année 2014 (graphique 5) est également prévue par les dernidres projections de I'Unedic qui anticipent sur ensemble de année une hausse du nombre de chdmeurs de +63 200 en catégorie A et de +143 500 tégories A,B,C. Graphique 5. Prévisions de demandeurs d’emplois inscrits 4 Péle Emploi ect on bors se a 10 30 Source : Unedic al | Ielel [rte i tel Méme en légére amélioration depuis un trimestre, le chémage reste a des niveaux historiquement élevés dans 'UE 28 et dans la zone euro. Au niveau de I’Union Européenne, 26,2 millions de personnes étaient au chdmage en décembre 2013. ‘Au sein de la zone euro, 19,1 millions de personnes étaient au chomage en décembre 2013, ce qui représente 7,8 millions de chdmeurs supplémentaires depuis mars 2008 (graphique 6). 5,8 millions de personnes sont au chmage en Espagne, plus de 3 millions en Italic et en France, plus de 2 millions si l'on réunit la Grace et le Portugal. Le taux de chémage dans la zone euro représente 12 % de la population active en décembre 2013. Il est de 27,8 % en Grace, 25,8 % en Espagne, 15,4 % au Portugal et 12,7 % en Italie. Graphique 6, Chémeurs dans la zone euro répartis par pays (en millions) So PS Pe Sg oS LOECEEECEELOECECECECECECECE? Source : Eurostat 1.4. La problématique du pouvoir d’achat et de la demande adressée aux entreprises Sur la période 2012-13, Ia perte de pouvoir d’achat serait en moyenne d’environ 1000 euros par ménage. Aprés avoir connu une baisse record en 2012 (-0,9 %), le pouvoir d’achat du revenu au niveau macroéconomique augmente en 2013 (+0,5 %). Mais ramené au nombre de ménages qui croit de 1 % par an, le pouvoir d’achat par ménage a continué de se contracter en 2013 (-0,5 %) aprés avoir baissé de 1,9 % en 2012. En 2014, Ia hausse de Ia pression fiseale pour les ménages (hausse de la TVA pour 5,6 milliards, réforme des retraites pour 2,2 milliards, réforme de la politique familiale pour 1,5 milliard...) et les économies sur la dépense publique (15 milliards) vont continuer a peser fortement sur le pouvoir d’achat des ménages et done sur la demande adressée aux entreprises. Cette insuffisance durable de la demande présente un risque. Comme Vindique la derniére enquéte trimestrielle (de janvier 2014) de PINSEE dans Vindustrie, 49 % des entreprises interrogées affirment avoir uniquement des problémes de demande et 19 % uniquement des problémes d’offre. 2. LA ZONE EURO EST A LA TRAINE DE LA REPRISE MONDIALE ET LA CROISSANCE DE LA FRANCE S’INFLECHIT PAR RAPPORT A CELLE DE LA MOYENNE EUROPEENNE 2.1, La zone euro est déconnectée de la reprise mondiale Aprés deux années de récession en 2012 et 2013, 1a zone euro retrouverait une croissance positive en 2014. Mais avec une croissance de « seulement » 1 % en 2014, le différentiel de croissance entre la zone euro et le reste du monde continue A se ereuser. Selon POCDE, le taux de croissance en 2014 serait de 2,9 % aux Etats-Unis, de 2,4 % au Royaume- Uni et de 1,5 % au Japon (tableau 3). Méme I’Allemagne, qui fait figure d’homme fort de la zone euro, affiche des performances moins favorables que la moyenne des pays de l'OCDE hors zone euro. Sur la période 2012-14, le retard de PIB accumulé dans la zone euro par rapport aux Etats-Unis représente 7,6 points de PIB, ce qui représente un différentiel de production de 740 milliards euros, soit plus de 1000 milliards de dollars au taux de change actuel. La faiblesse de la croissance depuis trois ans n’est pas une singularité de la France mais bien de la zone euro. Cela renvoie indéniablement & la problématique de la governance macroéconomique de la zone euro qui, contrairement aux autres zones du monde, est marquée 4 la fois par une austérité « surcalibrée » et une politique monétaire trop orthodoxe au regard de l’activisme marqué des autres banques centrale. Au regard du niveau actuel des multiplicateurs budgétaires' (cf notamment travaux du FMI) et du niveau élevé de I’euro par rapport aux autres monnaies, la politique macroéconomique pratiquée au sein de la zone euro ne peut pas conduire & une véritable reprise de la croissance permettant & la fois de réduire les. déficits publics et de diminuer durablement le taux de chomage, Tableau 3. Taux de croissance annuel du PIB selon l'OCDE. ‘e % i Zone euro 1,0 0,0 France 02 1,0 42 Allemagne Os 47 31 Etats-Unis 17 2,9 7.6 Royaume-Uni 14 24 39 Japon 18 15 53 OCDE hors zone euro 18 2.8 72 Monde 3 27 36 97 Source : prévisions OCDE novembre 2013 En période de bas de cycle, de trappe & liquidité et de synchronisation des politiques de consolidation ‘budgétaire, Je multiplicateur budgétaire est estime & plus de | (contre 0,5 en « temps normal »). es 2.2. La eroissance de la France marque le pas par rapport celle la moyenne de Ja zone euro Méme s'il faut le manier avec prudence, indice PMI-Market affiche, depuis quelques mois, un décrochage de la France par rapport a la moyenne de la zone euro. Alors que cet indice s*était fortement redressé au 1% semestre 2013, atteignant un niveau comparable a celui de la moyenne de la zone euro en juillet 2013, celui-ci se contracte depuis le mois de septembre, décrochant de la moyenne européenne (graphique 7). Depuis le début de la crise en 2008, jamais I’écart observé entre la France et la moyenne de la zone euro n’avait été aussi défavorable qu’en décembre 2013. Méme si Pindice pour la France s’est amélioré en janvier 2014, il se situe encore en zone de contraction de lactivité et reste trés éloigné de la moyenne de la zone euro. Graphique 7. Indice PMI manufacturier en France et dans la zone euro 0 ee s sm cart France-Zone Euro tone ero (éerele de rote) 4 20 6 PELE EEISE EEL EC EF ECE PEC PES Source : PMI-Market, Selon les demiéres prévisions de I’Insee, la France qui, contrairement & la zone euro, a évité la récession en 2012 et 2013, semble désormais perdre du terrain par rapport aux autres pays européens. Alors que le taux de croissance du PIB, en glissement annuel, de la France était supérieur & la moyenne de la zone euro depuis début 2011, celui-ci repasserait en- dessous de cette moyenne au 2 trimestre 2014 (0,7 % en glissement annuel en France contre 1 % pour la zone euro) (graphique 8). Méme I"Espagne, qui affichait une croissance, en glissement annuel, inférieure a celle de la France depuis début 2009, devrait retrouver une croissance comparable a celle de la France & la mi-2014. 210 Graphique 8. Taux de croissance du PIB en glissement annuel (en %) en France, dans la zone euro et aux Etats-Unis Sources : Insee, OCDE. Plusieurs facteurs peuvent étre a Vorigine de ce décrochage : La compétitivité du tissu industriel de la France est prise en étau au sein de la zone euro entre d’un c6té les pays d’Europe du Sud, notamment I’Espagne, entrés dans un processus de déflation salariale alimenté par un chémage de masse, et les pays d'Europe du Nord, et particuliérement I’Allemagne, refusant de renoncer a leurs exeédents commerciaux par la mise en place d’une relance rapide de la demande. En 2014, la politique budgétaire inscrite dans la loi de finances resterait trés restrictive (0,9 point de PIB), comparable en moyenne & celle pratiquée en 2012-13 (1 point de PIB en moyenne par an). A Vinverse, de nombreux pays de la zone euro ont relaiché leur vitesse de réduction des déficits structurels en 2014 (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Finlande...). La politique budgétaire de la France en 2014 serait ainsi deux fois plus restrictive que la moyenne des pays de la zone euro (0,5 point de PIB) (graphique 9), avec donc un impact plus négatif sur la croissance en France que dans la plupart des pays européens, Graphique 9. Cumul des politiques budgétaires restrictives en France et dans la zone “ euro (en points de PIB) depuis 2011 Lecture du graphique : Ueffort budgétaire structurel cumulé sur la période 2011-14 représente 4,5 points de PIB ‘en France et dans la zone euro Source : OCDE - Lreuro s’apprécie réguligrement face aux autres monnaies depuis le troisitme trimestre 2012. Entre le 3 trimestre 2012 et le 4*** trimestre 2013, le taux de change effectif nominal de ’euro s’est apprécié de prés de 10%? (graphique 11). Au regard du positionnement de son industrie dans la compétition mondiale, la France serait plus sensible que d’autres pays de la zone euro, notamment I’Allemagne, a une appréciation de l'euro. Avec des effets de change jouant avec un certain décalage sur la structure du commerce extérieur et donc sur Pactivité («courbe en J»), Vappréciation de euro sur Vensemble de Vannée 2013 aurait des effets particuligrement négatifs sur le PIB de la France en 2014, surtout si I’euro reste & un niveau élevé. * Pour rappel, selon la variante de la DG ‘Trésor publiée dans le Rapport Economique Social est Financier du PLE pour 2014, une hausse permanente du taux de change effectif nominal de Ieuro de 10 % conduit & une contraction du PIB de 0,6 % et une perte de 30 000 emplois la 1°* année et une baisse de 1,2 % du PIB et 149 000 emplois au bout de 3 ans. an Graphique 10. Indice du taux de change effectif nominal de euro Source : OCDE 2.3. Le risque d’un déséquilibre entre Voffre et la demande dans un environnement de rigueur budgétaire En raison d’un euro fort et des politiques de désinflation compétitive de grande ampleur menées chez nos principaux concurrents de la zone euro, la France n’a d’autres choix que de mener une politique de compétitivité axée sur une baisse du coiit du travail (CICE, Pacte de Responsabilité), d’autant plus que les entreprises frangaises affichent des marges dégradées. Mais les effets positifs & attendre d’une politique d’offre ne sont pas immédiats et agissent & moyen et long terme. En revanche, le financement des mesures de compétitivité générant des transferts de revenus des ménages vers les entreprises a un effet négatif & court terme sur le pouvoir d’achat et la demande adressée aux entreprises (carnets de commande), Si l'on veut que les entreprises utilisent le redressement de leurs marges, permis par les mesures de baisse du coat du travail (CICE, Pacte de Responsabilité), l’investissement et A embauche, il faut s'assurer que la demande tirée par le pouvoir d’achat ne s’affaiblisse pas davantage. Si le pouvoir dachat continue de se contracter en 2014, les surcapacités de production vont S‘accroitre et la restauration des marges ne s‘orientera pas mécaniquement vers Pinvestissement, avec un risque élevé d’une augmentation de la distribution de dividendes. Ceite situation est particuligrement inquigtante car c’est celle que I’on observe depuis 2011. La chute de Pinvestissement depuis 2011, lige 4 la compression de Ia demande adressée aux entreprises avec la montée en charge des plans de rigueur, a été quasiment symétrique 4 la hausse de la distribution de dividendes par les entreprises. En effet, Vinvestissement a chuté de 0,9 point de VA depuis la fin 2011 alors que les dividendes versés ont augmenté de 0,6 point de VA atteignant un niveau historique équivalent a celui d’avant crise malgré la faiblesse des marges actuelles (graphique 11). “Be Graphique 11. Dividendes versés et investissement réalisé par les sociétés non financiéres (en % de la VA) (enveaetavaes (en tdelo VA deh D) PEGE PEELE EEE EEE EEE EE EE EEE EEEEEEEES Source : Insee 3. POUR UNE NOUVELLE STRATEGIE MACROECONOMIQUE DE LA FRANCE ACCEPTABLE AU NIVEAU EUROPEEN La stratégie macrogconomique de la France actuelle montre ses limites, Il est urgent de la réorienter tout en la maintenant dans un cadre « acceptable » au niveau européen. Seul un nouveau « policy-mix » équilibré permettrait & Ia France un redémarrage rapide de son économie, supérieur & son rythme de croissance potentiel (1,5 %), permettant d’enclencher une véritable dynamique de sortie de crise, Cette nouvelle stratégie macroéconomique repose sur deux pilies 3.1 - S'anerer dans une trajectoire de « sérieux budgétaire » afin de sortir de Pimpasse de I’ « austérité budgétaire » européenne. Comme I'indique le PLF 2014, les économies attendues sur la dépense publique représenteront 3 points de PIB (62 milliards d’euros) sur la période 2014-2017. Elles seront affectées 4 plus de 90 % & la réduction du déficit public structurel et moins de 10 % a la baisse des prélévements obligatoires. Dans la nouvelle stratégie macroéconomique, nous proposons un nouveau redéploiement des économies réalisées sur la dépense publique sur la période 2014-17. Les économies générées seront redéployées selon la régle des trois tiers : © untiers sera affecté A la réduction du déficit structurel (1 point de PIB), © un tiers & la baisse des prélévements obligatoires des entreprises intégrant notamment le Pacte de Responsabilité (1 point de PIB), © untiers a la baisse de la pression fiscale sur les ménages (1 point de PIB). Cette régle de redistribution des économies permettrait & la fois daccroitre la compétitivité de nos entreprises et de redonner du pouvoir d’achat aux ménages, soutenant ainsi I’activité et réduisant le déficit conjoncturel. L’ajustement budgétaire structurel serait de 1 point de PIB sur la période 2014-17 (21 milliards). Au final, le redressement du deficit structurel sur le quinquennat serait de 3,5 points de PIB (plus de 70 milliards d’euros). Au regard des tendances passées, c'est un effort de redressement historique sur 5 ans qui donne un gage de crédibilité et de sérieux financier vis-8-vis des marchés. 1S 3.2 - Demander a la BCE A travers 'Eurogroupe de poursuivre un objectif de baisse de Euro de 10 % afin de ne pas pénaliser l’amorgage de la reprise dans la zone euro. L’euro sest apprécié de 10 % par rapport aux autres monnaies depuis le 3°* trimestre 2012. Notre objectif est de le ramener & ce niveau d’ici la fin de année 2014. La BCE est pleinement chargée de Ia conduite de la politique de change, mais celle-ci est arrétée par le Conseil de l'Union européenne (Conseil Ecofin), réunissant les ministres de l'économie et des finances de l'Union, Les instances politiques ont ainsi la possibilité d’avoir la maitrise de la politique de change si les orientations adoptées ne rentrent pas en contradiction avec Vobjectif de stabilité des prix. En janvier 2013, inflation dans la zone euro se situait & 0,7 %, soit 1,3 point en- dessous de sa cible d’inflation de 2%, ce qui laisse des marges de manoeuvre & la BCE pour agir sans risquer de dérapage inflationniste (graphique 12). La BCE peut agir sur les taux de change par des opérations de « quantitative easing » (politiques monétaires non conventionnelles), par des rachats de dettes privées et publiques sur les marchés, a V’instar des autres banques centrales (Réserve Fédérale Américaine, Banque Centrale d’Angleterre, Banque Centrale du Japon...) La baisse récente des taux directeurs de la BCE (de 0,5 % & 0,25 %) est un bon signal mais cette mesure est insuffisante. L’euro ne baisse pas et reste élevé par rapport autres monnaies. Les demniéres déclarations des dirigeants de la BCE montrent qu’ils sont préts a agir en raison de leur inquiétude concernant le risque déflationniste. Tl faut donc, & travers VEurogroupe, pousser la BCE & agir rapidement en raison de ce risque déflationniste. En effet, I’inflation dans la zone euro est a son plus bas niveau depuis quatre ans et inflation sous-jacente (qui exclut les produits les plus volatils comme T’énergie, certains produits alimentaires, l’alcoo! et le tabac) n’a jamais été aussi faible depuis la eréation de euro. Dans un contexte d’insuffisance de demande, la poursuite d’une politique @austérité dans un environnement d’euro fort risque de conduire économie vers la déflation avec des conséquences potentiellement ravageuses, notamment : - pour la soutenabilité de la dette publique et privée: comme les agents économiques sont endettés majoritairement & taux fixe, la baisse des revenus nominaux augmente mécaniquement le poids des charges d’intéréts dans les revenus publics et privés. Cet effet « boule de neige » sur la dette lié au fait que les taux d’intéréts nominaux sont supérieurs a la croissance nominale conduit & une hausse du ratio Dette / PIB, augmentant les risques de défaut sur les dettes publiques et privés. - pour le financement de léconomie : avec des taux d’intéréts directeurs de la BCE proches de 0%, 1a baisse des prix ne pourrait pas conduire la BCE & baisser & nouveau ses taux d’intéréts, augmentant les taux d’intéréts réels et le coat du capital pour les entreprises et les ménages. Avec des taux d’intéréis nominaux au plancher, la politique monétaire conventionnelle devient alors inefficace en situation déflationniste. 16 Graphique 12. Inflation dans la zone curo et en France (en %, sur 12 mois glissants) 3s = 30 rane = Infonet st2.3 ‘deinace 20 1s 20 Jame man mak hap ow me uma wpe maw enw ma mah sb ph nar ar " SO Ma a eM ee ee OY Source : Eurostat 3.3 - Impact macroéconomique de cette nouvelle stratégie® si ces deux conditions sont réunies Afin @évaluer cette nouvelle trajectoire de l'économie, nous comparons cette nouvelle stratégie a celle retenue dans le programme pluriannuel du PLF 2014 (tableau 4), ‘Tableau 4. Comparaison des évolutions macroéconomiques entre la nouvelle stratégie économique et celle du VER Cer CM CPt e Taux de croissance du PIB PLF 2014 W 8 LT wo 3p (en %) Nouvelle stratégic 0.1 18 27 26 22 Variation de? Emploi PLF 2014 “30153175 228_225 (en milliers) Nouvelle stratégie -30__318 350353300 Taux de chémage PLF 2014 10,6103 104 10,0 9,6 (en % de la pop, active) Nouvelle stratégic 10,6 9.9 941-83 7,6 Solde public PLF 2014 41 26 28 it a2 (on % du PIB) Nouvelle stratégic-4,1_-3.8 30-20-16 Dette publique PLF 2014 93,4 95,1 94,7 93,1 91 (en % du PIB) Nouvelle stratégic 93.4 _94,1_ 92.7 90.6 88,6 Inflation PLF 2014 ei we Gt uw (en %) Nouvelle stratégie 0,8 19 2.2 21 20 Variation solde public PLF 2014 1309 09 06 03 SO VaETD) Nouvelle stratégie 1,3 03 03 02 Of Taux de PO PLF 2014 40 461 461 461 458 (en % du PIB) Nouvelle stratégie 46,0 45.5 45.0_44,5 44,0 Dépenses publiques PLF 2014 S71 56,7 559 54,9 34 (en % du PIB) Nouvelle straté S71 56,4 55,2 54,0 53,0 ‘Ourpurgap* PLF 2014 29 35 39 29 25 (en % du PIB potentiel) Nouvelle stratégie 2.9 26-15-05 Od * Louputgap mesure I'écart de production entre le PIB potentiel de économie (cest-é-dire au plein emploi des facteurs de production sans tensions inflationnistes) et le PIB effectf. Cet indicateur permet de mesurer les cycles économiques et de suivre I’évolution de I'équilibre entre 'offe et la demande. Lorsque louputgap est fortement négatif (en bas de cycle comme actuellement), cela signifie que les cepecités de production de économie (offre) sont supérieures a la demande effective. Dans ce cas, l'économie présente des sureapacités de production (travail, équipements) qui conduise & des effets désinflatiomnistes, voir déflationniste si ce déséquilibre se prolonge. A T'inverse, un oupuigap positif (haut de cycle) indique une insuffisance des eapacités de production par rapport la demande effective avec des risques de tens lationnistes. 5 “Ltimpact macroéconomique de cette nouvelle stratégie est évalué partir du cadrage économique du programme pluriannuel des finances publiques contenu dans le PLF 2014. Les effets macroéconomiques de cette nouvelle stratégie reposent notamment sur les effets d'un assouplissement de I’ajustement structurel sur la période 2014-17 avec un multiplicateur budgetaire évoluant en fonction de la position de économie dans le eyele (0,9 en 2014 avee une baisse progressive & 0,5 en 2017 avec la fermeture de I outputgap) et sur ‘Fanalyse variantielle du taux de change de euro. “ Certaines variables, comme l'emploi et le chdmage, n’apparaissent pas dans le programme pluriannuel 2014-2017. Nous les avons recalculées & partir de I'évolution du PIB potentiel, de Moupucagp et des projections de population active fournies par INSEE. “ig. Cette nouvelle stratégie macroéconomique qui s’inscrit dans un « sérieux budgétaire » et un rééquilibrage de la valeur de Peuro par rapport aux autres monnaies permettrait : - un redémarrage rapide de la croissance (1,8 % en 2014 contre 0,9 % dans le PLF 2014). En moyenne sur la période 2014-17, la croissance serait de 2,3 Ye contre 1,7 % prévu dans le PLF ; - la création de 1,32 million d’emplois en quatre ans, dont 318 000 dés 2014 (contre 153 000 inscrits dans le PLF pour 2014 et 780 000 en quatre ans) ; ~ une baisse du taux de chémage sous 1a barre des 10 % dés 2014, Le taux de chomage atteindrait 7,6 % de Ia population active en 2017 (contre un taux qui resterait au-dessus de la barre des 10 % sur la période 2014-16 et qui atteindrait 9,6 % en 2017); - une réduetion du déficit public 4 1,6 point de PIB en 2017 contre 1,2 point de PIB prévu dans le PLF, et ce malgré un ajustement structurel plus faible sur la période 2014-17 que celui inserit dans le PLF. Cette faible différence s’explique par une baisse significative du déficit conjoncturel dans le nouveau cadrage. une baisse de la dette publique de 4,8 points de PIB en quatre ans, celle-ci atteignant 88,6 points de PIB en 2017 contre 91 points de PIB dans la cadre du PLF. En raison d’une inflation plus soutenue (2,1 % sur la période 2014-17) que celle prévue dans le PLF (1,6 % sur la période 2014-17), laquelle il faut ajouter une croissance en volume plus forte (0,6 point de PIB de plus en moyenne par an sur la période 2014-17), le ratio « Dette publique / PIB » diminuerait plus vite avec cette nouvelle stratégie malgré une politique d’ajustement structure! moins forte. 3.4- La France doit, en contrepartie d’un a: monétaires, apporter des gages de crédi Bruxelles uplissement des contraintes budgétaires et é auprés des marchés financiers et de La France doit fournir une feuille de route d'ici 2017 avec des engagements fermes pour améliorer la compétitivité de son économie, Ces engagements, dont certains sont déja en cours, pourraient porter sur plusieurs axes : > Poursuivre Ia mise en place de réformes de structure sur le marché des biens et services dans lesquelles les restrictions excessives pésent sur la concurrence et tendent 4 faire grimper les prix ; > Prendre de nouvelles mesures contre la segmentation du marché du travail, entre les emplois temporaires et les emplois durables, afin de répartir plus équitablement la charge de la flexibilité entre les différentes catégories dactifs, tout en développant un volet « sécurité » efficace. > Poursuivre les efforts de simplification du systéme fiscal et améliorer son efficacité, notamment en s’engageant dans un élargissement des assiettes fiscales de TIS et de PIRPP en continuant a supprimer et rationaliser les dépenses fiscales relatives & ces impéts. Cela permettrait de créer une plus grande équité fiscale au sein des ménages et des entreprises, > Poursuivre, par le biais du Pacte de Responsabilité, la baisse du coiit du travail, en réduisant les cotisations sociales patronales, en priorité familiales permise par la redistribution d’une partie des économies réalisées sur la période 2014-17. ve Continuer 4 améliorer l'environnement des entreprises en poursuivant les mesures de simplification du cadre réglementaire et en améliorant les conditions générales propices a l'innovation et & l'exportation des entreprises, notamment pour les PME et les ETI. Fait 4 Haris, 1f3) janvier 2014 Amaud MONTEBOYRG et Péquipe d’économyftes du ministére du Redressenfent Productif

You might also like