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CHEZ ~ACHËTTE,~
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;1836:
DETAILS
SUR
L'EMANCIPATION
DES ESCLAVES
DANS LES COLONIES ANGLAISES,
PAR
Z MACAULAY~
F. R. S. DE LONDRES.
ia
pR!X,2fr.50c~ c-
PARIS.
CHEZ HACHETTE, LIBRAIRE,
En:PtE)!BE-SARBAZtr),N°t2
1836.
OUVRAGES PAR LE MÊME AUTEUR
CHEZLE MÊM~LIBRAIRE.
SUR
L'ÉMANCIPATION
DES ESCLAVES
ï. JAMAÏQUE.
Dans cette île ainsi que dans les autres Colonies an-
glaises des Indes occidentales, ce fut le ï" août i83~ que
commença d'avoir son effet l'acte mémorable dont nous
allons exposer les résultats. Il fut ce jour-là déclaré « que
tout individu tenu en esclavage, dans une Colonie quel-
conque faisant partie des possessions britanniques, était
et demeurerait libre, et déchargé, à tous égards, et dans
le sens le plus étendu de ce mot, de toute espèce deservi-
JAMAÏQUE.
tude, étant absolument, et à tout jamais, émancipé; que
les enfans qui naîtraient par la suite des individus ainsi
affranchis, et la postérité de ces enfans, seraient de la
même manière libres au moment même de leur nais-
sance et enfin qu'à compter dece premier jour d~août~
l'esclavage était entièrement et à perpétuité aboli et dé-
claré illégal dans toute colonie, plantation ou possession
quelconque, appartenante à la Grande-Bretagne. »
Pour mettre le lecteur en état de juger des effets de
cette émancipation, nous lui donnerons d'abord les ex-
traits suivans de plusieurs lettres du marquis de Sligo,
gouverneur de Jamaïque, au secrétaire d'État des Co-
lonies.
:5 août i854.
« Je suis heureux de pouvoir vous renouveler l'assu-
rance que tous les Rapports qui me sont parvenus de tous
les quartiers de l'île sont des plus satisfâisans. Dans
toutes les paroisses, celle de Sainte-Anne seule exceptée,
la transition de l'esclavage à l'apprentissage s'est effectuée
le plus heureusement du monde; et un des traits les plus
remarquables de ce mémorable changement, c'est que le
vendredi, premier du mois, la journée a été consacrée,
du moins presque partout, à des exercices religieux. Dans
les chapelles des dissidens, le service a été répété plu-
sieurs fois dans le courant du jour, et c'est à peine si Von
a rencontré dans les rues un seul individu ivre. Le sa-
medi a été partagé entre les affaires et les plaisirs. Les
nègres s'attendaient tous à l'abolition du marché du di-
manche, jusqu'ici le seul jour de marché; et on a re-
marqué que ce premier marché du samedi avait attiré
partout un concours de monde extraordinaire. Vers le
soir, les rues étaient remplies de promeneurs, puis les
bais commencèrent. Dans les villes, plusieurs maîtres
JAMAÏQUE. 3
donnèrent des dîners à leurs nouveaux apprentis et sur
beaucoup d'habitations, des bœufs furent abattus et
livrés aux nègres ,en sus des distributions ordinaires
des jours de fête, en sucre, rhum et poisson salé; de
sorte que dans les campagnes aussi bien qu'à la ville,
les apprentis eurent leur part des divertissemens. Le
dimanche suivant, la foule remplit de nouveau tous les
lieux consacrés au culte, et la journée se passa avec
une tranquillité et un ordre parfaits. On m'apprend
que dans toutes les paroisses, sauf toujours celle de
Sainte-Anne les apprentis se présentèrent à leurs tra-
vaux, le lundi matin avec plus de ponctualité que de
coutume; dans quelques endroits avec une joie visible;
et partout avec empressement et bonne humeur. >r
Le marquis ajoute qu'à la date de sa lettre les trou-
bles qui s'étaient manifestés dans la paroisse de Sainte-
Anne étaient déjà apaisés et il les attribue entièrement
à la mauvaise conduite et aux exactions des gérans, et
même des maîtres. « On a poussé la rigueur, dit-il jus-
qu'à refuser aux mères le temps de donner à tetter à leurs
enfans; on a renvoyé les vieilles femmes qui leur ser-
vaient de gardes: on a aussi retiré aux nègres les cuisi-
niers qui leur préparaient leur repas dans les champs et
même on a obstrué les sentiers par lesquels ils se rendaien t
de leurs cases à leurs jardins H mais, excepté dans de pa-
reilles circonstances, qui, du reste, ne se sont présentées
que dans quelques localités, lord Sligo déclare que « rien
ne peut égaler la bonne volonté et la tranquillité qui
règnent sur tous les points. ))
!janvier t835.
« J'ai l'honneur de vous annoncer que le courrier d'au-
jourd'hui a apporté les nouvelles les plus satisfaisantes
to février i855.
6 mars i855.
ay mars i855.
« C'est avec une bien vive satisfaction que je me vois
à même de renouveler à V. S. les assurances favo-
rables qu'il a été jusqu'ici en mon pouvoir de lui trans-
mettre, re~tK~me/!t il la situation générale de cette
île. Généralement parlant, les apprentis travaillent avec
Ces lettres au nombre de 55, appuient et confirment pleine-
ment l'assurance donnée ici par le gouverneur, p. io8-n5.
Documentparlementaire, p. n~.
7M/ p. n6.
JAMAÏQUE. 5
Documentparlementaire, p. 44 et 45'
.M~ p. 45-47.
JAMAÏQUE. 9
/hfo<~<? de r~jpo/'f.
II. LÀ BARBADE.
29juillet i855.
« C'est avec bonheur que je vous annonce que nous
jouissons ici de la plus parfaite tranquillité. Les proprié-
taires, en apprenant que l'emprunt était remplacé par
une indemnité, en sont revenus à des dispositions plus
calmes et plus raisonnables, et j'attends les effets les plus
heureux des mesures qu'ils prennent pour préparer les
esclaves à ce grand changement. » (P. 52.)
i" août i833.
3oaoût i835.
8 janvier i854.
36 août !835.
5o janvier :855.
« Je ne
pouvais voir dans le bill qui mettait la police à
la discrétion et à ta disposition des juges spéciaux, que
l'intention de me créer des difficultés. De deux choses
l'une ou, en consentant au bill, j'admettais que les juges
spéciaux avaient mieux que moi tout ce qu'il fallait pour
diriger et contrôler la police, et je reconnaissais que la
jalousie manifestée contre la disposition qui me confiait
l'exercice de l'autorité de Sa Majesté était fondée, et que
tout ce que V. S. avait dit pour revendiquer et maintenir
les justesdroits du pouvoir exécutif était purement spécu-
latif ou, en repoussant ce bill je courais le risque de
compromettre d'une manière ou de l'autre la tranquillité
de l'île. Je n'ai pas long-temps hésité sur le parti que je
devais prendre. J'avais il est vrai, la plus grande con-
fiance dans mon influence personnelle sur la masse de
la population, et je pouvais me mettre en mesure pour
parer au dernier de ces deux inconvéniens; mais comme
en donnant mon consentement au bill, je compromettais
le principe si juste et si constitutionnel soutenu par V. S.,
je refusai positivement de l'approuver. » (Ibid., p. gi.)
GUYANE ANGLAISE.
56 GHTANË AN&LAtSE.
Camp-House,Demerara, 18décembret854.
« J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre
circulaire du 3o septembre j'ai si longuement et si mû-
rement réfléchi sur tout ce qui en fait le sujet, que je
crois pouvoir répondre sans délai et sans aucune hésita-
tion aux dISerentes questions qui y sont posées.
« Vous désirez savoir quelle influence favorable oa
défavorable le grand changement introduit dans la con-
dition de la population noire a pu ou pourrait avoir sur
les objets suivans:
68 GUYANE AN&LAÏSE.
MEMORANDUM.
j~&.
w.
GUYANE ANGLAISE. 75
IV. MAURICE.
vailler sur ce pied mais un nègre peut employer son temps d'une
manière si lucrative à cultiver des provisions du blé, et à élever
quelques petits bestiaux, qu'il n'a aujourd'hui aucun intérêt à
donner son temps à un maitre. Il n'y a pas un nègre qui ne
convienne qu'il peut gagner 2 sch. sterl. par jour, chaque se-
maine, à la culture de son terrain si on lui laisse la disposition
de son temps ce qui fait environ 3o liv. sterl. par an fort joli
revenu assurément pour un ouvrier, et qui d'ailleurs n'exige
pas de grandes fatigues. Voilà, suivant moi, le meilleur com-
mentaire que je puisse offrir sur la question du travail libre.
<tLa plupart des plaintes qu'on entend sont sans importance;
elles tombent en grande partie sur les nègres domestiques mais
il en arrive autant tous les jours dans l'intérieur des maisons de
l'Europe.
Au-dehors et dans les champs, c'est principalement contre
les femmes que s'élèvent ces plaintes elles parlent Insolemment
aux constables, leur désobéissent et les narguent.
Quant aux apprentis je ne remarque en eux ni tendance à
une résistance passive ni mécontentement à l'égard du nouveau
système de travail.
« J'ai d'ailleurs toute sorte de motifs pour croire qu'ils voient
d'un œil favorable la manière dont la justice est administrée
sous l'acte d'abolition. Et ici je sens qu'il est de mon devoir
d'exprimer mon humble approbation du zèle, de la droiture et
du désintéressement avec lesquets M. Calebrooke a prononcé sur
toutes les affaires soumises à sa décision et qui semblent égale-
ment appréciés par l'apprenti et par le planteur. II est impos-
sible, tout le monde le sent, que dans une réunion d'hommes
si nombreuse, il n'y ait pas quelques mauvais sujets, dont la
colonie gagnerait beaucoup à être débarrassée. (/W., p. 2?.. )
.SM7:CARTHUR ~VALSCH ~a'g'~ra< ~OCCM/
non seulement dans la paroisse sur laquelle j'ai passe les premiers
mois ..de mes fonctions, mais aussi dans celle où, sur ma de-
mande, V. E. a bien voulu fixer ma nouvelle résidence, la pre-
mière année de l'apprentissage aura des résultats pécuniaires
plus avantageux que plusieurs des années qui l'ont précédée,
bien loin d'être, comme beaucoup de sens le prophétisaient,
une époque de ruine et de destruction. Je ne dois faire àV. E.
qu'un rapport très court mais, malgré la concision a laquelle je
suis astreint, je croirais oublier un point essentiel, si j'omettais
d'exprimer la persuasion intime où je suis que c'est aux instruc-
tions~ et à l'influence du recteur de cette paroisse et à celle de
deux ou trois ecclésiastiques vraiment exemplaires, secondés
comme Ils l'ont été, pour leut; but commun, par le zèle persé-
vérant et désintéressé des Frères Moraves, qu'il faut attribuer
en grande partie ce qu'offre de satisfaisant l'état actuel des
choses parmi les nègres. (Ibid., p. a3. )
Signé J. D~CGHTREY.
7
APPENDtCE.
9S
par trente-six, il eût été content. A Garbrand Hall, ils ont tra-
vaillé tous les samedis tant qu'a duré la récotte et ils ont creusé
les trous de cannes à raison de cent six trous par jour pour
chaque travailleur, ce qui e~t sans exemple sur un terrain de
cette nature. A Coley, ils ont donné tous leurs samedis pendant
la récolte, et ont fait chacun quatre-vingt-six trous de cannes
par jour. A Serge-IsIand, aucun d'eux n'a refuse de travailler
Ses samedis pendant la récolte. A Mount-Pleasant, la récolte
s'est trouvée faite en beaucoup moins de temps que l'année pré-
cédente, et cela sans qu'on ait eu besoin de louer des nègres
étrangers à l'habitation. J'ai pris une note particulière de ces
exemples d'un travail presque excessif, comme d'autant de dé-
monstrations h'récusaMes de ce que j'ai eu si souvent l'honneur
de dire à V. E., que l'apprenti travaille et que le plus ordinaire-
ment il fait preuve d'activité. Quelques plaintes cependant se
sont élevées de temps à autre on a prétendu que la somme de
travail restait au-dessous de ce qu'elle devrait être mais vérifi-
cation faite, je n'ai jamais manqué de découvrir que ce déncit
provenait de quelque cause d'irritation, et qu'on ne pouvait
l'attribuer a l'indolence.
K Du reste ces dispositions fàcheuses ont fait place à une acti-
vité soutenue et une conduite généralement bonne et ce chan-
gement a commencé à se manifester après les fêtes de Noël; ré-
sultat, je ne puis en douter, de l'observation qui aura été faite
par le nègre que bieu que la nouvelle loi ne soit pas précisé-
ment ce qu'il avait espéré et désiré elle est cependant pour lui
une loi de protection, et qu'en se conduisant bien il y trouve
tout ce dont il a besoin pour se défendre des agressions de la
tyrannie et des persécutions de la vengeance. Généralement par-
tant, un certain degré de bonne intelligence s'est établi entre
le maître et l'ouvrier; et quoique ce sentiment n'en soit pas
encore venu, et peut-être ne doive jamais en venir à cet atta-
chement et à cette affection réciproque qui unissent le plus
souvent, en Europe le maitre et le serviteur il suiEt pour dé-
truire cette aigreur et cette défiance qui se montrèrent immédia-
tement après le août, et pour disposer les deux parties a
io4 APPëNUICË.
t'emplir de. bon cœur leurs obligations respectives pendant la
durée de l'apprentissage.
Les délits qui sont venus à ma connaissance sont le plus
ordinairement de peu d'importance le nombre s'en est accru
à la vérité depuis Noël, mais en définitive je ne crois pas que la
liste en soit plus longue qu'autrefois sous le régime de l'escla-
vage l'absence de la terreur et une tranquillité parfaite font que
certains gérans, d'un caractère strict et minutieux, tiennent note
des plus minces peccadilles et les défèrent au juge spécial, lors-
que, dans d'autres circonstances, elles eussent été pardonnées,
et même oubliées aussitôt que commises.
Quant à des crimes on en entend très peu parler; presque
toutes les fautes que commettent les apprentis dans ce district
me sont soumises, et, sur une population de près de sept mille
individus que j'ai à administrer, il ne s'est présenté depuis Noël
qu'un seul délit assez grave pour motiver une condamnation à
cinquante coups de fouet le coupable avait tué un mulet par mé-
chanceté. On trouverait difficilement, suivant moi, une réunion
d'hommes qui offrît si peu d'actions criminelles.
'< Il se manifeste parmi la population noire un désir d'instruc-
tion toujours croissant, et presque tous les hommes au-dessous
de vingt-cinq ans cherchent avec empressement les., moyens
d'apprendre à lire. Je crois qu'on pourrait faire tourner cette
disposition si on savait la guider et l'encourager, au profit de
-la société; mais, malheureusement, les moyens d'instruction
sont extrêmement bornés il n'existe qu'un seul établissement 't
de ce genre, pour les adultes et les enfans de ce district c'est
l'école du dimanche dirigée par des instituteurs gratuits, école
située à douze et quatorze milles d'une nombreuse population de
montagne et entourée de vastes habitations à sucre.
« Je ne doute pas que V. S. ne fasse sentir au gouvernement
la nécessité de donner une attention immédiate à cet objet,
comme au moyen le plus salutaire et le plus efficace d'amener la
population ouvrière à de bons sentimens et à des habitudes
morales.
« V. S., j'en suis sûr, apprendra avec plaisir que sur les habi-
tations eù la récolte de cette année est finie elle n'est pas res-
APPEND!CE. io5
tée au-dessous des espérances qu'on en avait conçues, mais que,
de plus celle de l'année prochaine s'annonce sous les meilleurs
auspices d'après les préparatifs dont je suis témoin, j'ai la cer-
titude qu'après les plantations d'automne, la confiance que
montrent les gérans sur les résultats du mode de travail établi
par le nouveau système se trouvera pleinement confirmée, et par
l'augmentation numérique des cannes plantées sur quelques pro-
priétés, et par leur très faible diminution sur quelques autres.
(/A<6~ p. 2~2.)
~t~ne ËDMUNDB. LYONjuge spécial.
« J'ai l'honneur
d'accuser réception à V. E. de sa circulaire
du ) juin, par laquelle elle me demande un rapport surjetât
présent de mon district, sur le travail et la conduite de la popu-
APPENDICE. 100
iation noire, sur la manière dont elle est traitée par les maîtres,
et sur ia diminution ou l'accroissement des plaintes depuis mon
entrée en fonctions comme juge spécial.
Je ne puis répondre autre chose sinon que le nouveau sys-
tème opère dans mon district aussi bien que pussent le sou-
haiter ses partisans les plus enthousiastes, assertion qui pourrait
être appuyée par plusieurs des plus respectables habitans de la
paroisse.
M Les récoltes sont terminées sur presque toutes les habita-
tions, et, généralement parlant, elles surpassent celles de l'an-
née dernière en quantité et en qualité. Sur toutes les habitations
Lienorganisées, les travaux préparatoires, pour l'année prochaine,
sont aussi avancés que le permet la réduction des heures de
travail. Il y a une diminution décidée dans le nombre deplaintes;
mais j'ai le regret d'ajouter que j'ai été dans la nécessité de punir
quelques employés pour traitemens cruels envers les apprentis.
<' Je puis assurer V. E. que quelques uns des plus respec-
tables gérans qui, à une certaine époque, prétendaient devant
moi qu'on ne pourrait tirer aucun travail des nègres sous le nou-
veau système sont prêts aujourd'hui à déclarer qu'ils n'ont ja-
mais vu à la colonie un air de prospérité plus frappant, et que
jamais ils n'ont vu leurs nègres travailler avec plus d'ardeur,
plus de bonne volonté et dans de meilleurs sentimens. Je n'hé-
site pas un seul instant à déclarer à E. que, tant sur Sugar-
Estate que sur CoSee-Mountain la satisfaction que donnent aux
régisseurs les apprentis de Lower-Clarendon surpasse tout ce
qu'ils auraient pu en attendre. (7X:'<~ p. 2~8.)
DE L'fMPMMERtE DE CRAPELET,
ttOE ne TAn&inAR!) N" g.