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Deux mois après la parution du texte, Rachilde lui consacre une notule en forme de
réquisitoire dans la rubrique « Romans » du Mercure de France :
Voilà le futur lecteur prévenu. La stupeur provoquée par la construction du récit est
indéniable. André Beaunier, pourtant bien disposé à l’égard de Mirbeau et dont le compte
rendu est globalement élogieux, voit un pauvre « stratagème »5 dans l’assemblage de textes
qui constitue l’œuvre. Jarry répond à ce type d’objections en évoquant le compendium social
que veut figurer le roman6. Or, il y a loin, dans son esprit, de l’évocation du réel au réalisme.
En effet, s’il s’attaque aux travers de son époque, Mirbeau a choisi, de longue date, l’outrance
et l’humour noir pour miner les fondements d’une société dont il n’a de cesse de dénoncer la
bassesse, l’hypocrisie et l’injustice. Quoi de plus souple alors - et de plus subversif - qu’une
structure à géométrie variable, dont la malléabilité permet toutes les excentricités et qui,
transposant certains textes de la presse à la littérature, en augmente la portée critique et met en
cause la rhétorique des genres ?
La forme du roman se justifierait d’abord par son thème. Ne traduit-elle pas l’état
d’esprit d’un neurasthénique ? Dès le titre, l’ouvrage se ressent de l’impression laissée par le
séjour à Luchon. Mirbeau est, il est vrai, souvent en proie à un abattement symptomatique
d’une neurasthénie profonde. Or, la maladie se porte bien durant l’entre-deux siècles. Elle ne
produit pas encore de métamorphoses spectaculaires, telle celle qui transformera Proust, le
reclus asthmatique, en l’auteur génial de La Recherche, ni celle qui verra un Louis de Robert
passer du roman léger à la dimension poignante du Roman d’un malade (1911), après sa
victoire sur la tuberculose. Mirbeau touchera, en 1913, à la gravité de ce dernier avec la
publication de Dingo, récit dans lequel la déchéance physique s’ajoutera aux souffrances
psychiques. Pour l’heure, il est en 1901, assez maître de lui-même pour surmonter ses crises
de dépression et s’en servir de levain pour son œuvre. La neurasthénie est alors une épice dont
certains auteurs saupoudrent abondamment leurs textes afin de leur donner un peu plus de
saveur et de piquant. Version masculine de l’hystérie, elle appartient en plein à l’époque et à
4 Rachilde, Mercure de France, octobre 1901, p. 197.
5 Revue Bleue, 31 août 1901.
6 Compte rendu des Vingt-et-un jours d’un neurasthénique paru dans la Revue Blanche, 1er septembre
1901, pp. 77-78.
une certaine esthétique caractérisée par la langueur, l’hyper-sensitivité et leur cortège de
mœurs étranges. Le roman de Mirbeau use de cet effet de mode pour capter le lectorat tout en
déjouant son horizon d’attente. Ainsi, Les Vingt-et-un Jours d’un neurasthénique,
démarquent-ils les « Manuscrits d’un neurasthénique », troisième partie du recueil Histoires
de masques, que Jean Lorrain vient de faire paraître chez Ollendorff en 1900. Trois récits y
étaient regroupés ; les deux premiers avaient comme sous-titre « Heures de ville d’eau » et se
déroulaient dans le pays bigourdan. Mirbeau semble avoir, comme à plaisir, multiplié les
coïncidences entre son texte et l’œuvre de son ancien ami avec lequel la rupture est
consommée depuis la fin 1899, suite à leurs divergences de point de vue dans l’Affaire
Dreyfus et à certaines indélicatesses de Lorrain. Deux esthétiques se répondent à un an
d’intervalle, et deux statuts différents accordés à la maladie. Tandis que le masque sera
prétexte, pour l’auteur de Monsieur de Bougrelon, à l’évocation de situations inquiétantes ou
scabreuses, propres à l’éréthisme du romancier et à son inspiration décadente, il sera pour
Mirbeau l’occasion de mettre en procès la société. Quant à la neurasthénie, elle servira moins
au pamphlétaire d’outil d’introspection pour exorciser des angoisses personnelles ou les
exposer complaisamment, que d’instrument de dévoilement des mœurs collectives. On peut
donc en faire un véritable écran, au sens que Zola donne à cette notion dans sa lettre à
Valabrègue7. À ceux classique, romantique et réaliste de la nomenclature zolienne, Mirbeau
ajoute celui pathologique, qui tout en conservant l’ancrage historique du dernier lui adjoint un
subjectivisme exacerbé. Le romancier s’en sert comme d’un filtre lui permettant, dans un
premier temps, de laisser libre cours à son pessimisme foncier, et de se débarrasser, par la
suite, de toute illusion référentielle. Ce verre déformant justifie à la fois une forme
monstrueuse et des propos aberrants, reflets d’une conscience malade qui grossit les traits et
les distord en une anamorphose généralisée.
Le texte doit donc se lire comme une vaste allégorie sociale, comme une fable à
opposer à la fiction des romanciers contemporains, toujours tentés par le mimétisme réaliste8.
Car tout y invite à une lecture distanciée, à commencer par son fameux titre. Bien qu’il
évoque la cure suivie par l’auteur quatre ans auparavant, les analogies entre la biographie et le
récit s’arrêtent là. Mirbeau a séjourné trente-et-un jours à Luchon9 ; le roman comporte vingt-
trois chapitres. Le nombre vingt-et-un ne trouve donc aucune véritable justification, même
dans la chronologie du roman, sinon celle du choix arbitraire de l’auteur 10. Le cadre de
l’action est, lui-même, sujet à caution puisque le narrateur le présente, dès le chapitre I,
comme un simulacre de ville, un décor de carton-pâte ; Georges Vasseur va jusqu’à supposer
que les montagnes elles-mêmes n’existent pas et ne sont qu’un leurre destiné à drainer la
7 Écrite en 1864.
8 Voir au sujet de cette distinction entre fable et fiction chez les écrivains anarchistes, la remarquable
étude, très documentée de Caroline Granier, Les briseurs de formules. Les écrivains anarchistes en France à la
fin du dix-neuvième siècle, Editions Ressouvenances, 2008.
9 Ainsi qu’il le précise à Rodin dans la lettre précitée.
10 Le nombre fait peut-être allusion à son premier recueil de contes, Les Lettres de ma chaumière (1885),
qui en contient justement vingt-et-un et qui est le seul véritable du genre (si l’on excepte les Contes de la
chaumière (1894) qui reprennent certains textes de 1885). En effet, Mirbeau n’a pas recueilli systématiquement
ses écrits destinés à la presse comme l’ont fait nombre de ses contemporains. Le choix du titre est-il alors pour
lui une manière supplémentaire d’affirmer son indépendance quant aux règles génériques en vigueur ? On ne
peut l’exclure.
clientèle sur la foi des guides de voyage. Un tel espace, cerné par les reliefs abrupts, imite le
vivarium expérimental du naturaliste. Il s’agit bien, avec l’observation d’un échantillon
représentatif de l’humanité, d’un travail empirique dont tout le protocole scientifique, mis en
place par l’incipit, laisse percer la critique des recettes romanesques figées qui, du
Naturalisme au roman de l’énergie nationale, soumettent l’imagination à des règles,
théoriques ou formelles, mortifères pour la création. Avec des personnages à l’état civil aussi
fantaisiste que Clara Fistule, le docteur Triceps, ou aussi évocateur que la marquise de
Parabole, l’onomastique est au diapason d’une inspiration qui entend recourir aux diverses
dimensions de la caricature et de l’invention pour rendre compte de tous les types d’une
époque.
À ce projet démesuré, qui allait tenir dans les 435 pages de l’édition Fasquelle, devait
nécessairement répondre une forme extra-ordinaire. Celle-ci prend néanmoins sa source dans
le contexte de sa rédaction et plonge ses racines au cœur de son époque. Dès lors qu’on le met
en perspective avec l’esprit du temps – auquel Mirbeau ne fut jamais indifférent, toujours
attentif à en lire les moindres nuances pour mieux ensuite en dresser le portrait-charge –, il
semble bien que le parti pris de l’auteur se trouve au confluent du grotesque et de la
littérature, du dérisoire et du sérieux, de l’imaginaire et du réel, réconciliant ainsi les
détracteurs du roman, arguant de la facilité à laquelle aurait eu recours Mirbeau pour masquer
son manque d’inspiration, et les tenants de son avant-gardisme. Dès 1895, avec la verve
polémique qui le caractérise, l’écrivain s’en prenait aux Expositions universelles et
pourfendait, dans un article de commande, celle annoncée pour 190011. Il reviendra sur
l’événement dans sa correspondance, pour en dénoncer les « hideuses laideurs »12, de même
que dans divers articles au moment où triompheront « [c]e mélange imprévu de kermesse
cosmopolite et de pèlerinage religieux […], ce déséquilibre architectural, cette folie ambiante
[…] »13. La monstruosité de l’Exposition aiguillonne l’éloquence du contempteur de la
décadence bourgeoise et l’article, sérieux sur le fond pour complaire au commanditaire, est
entrecoupé de passages où fulgure le verbe mirbellien :
C’est à qui inventera les spectacles les plus licencieux, des déshabillages qu’on
n’avait pas encore tentés ; à qui mettra en œuvre toute la série des excitations
interdites, et en action les paraphrases de la lubricité ; à qui enfin, arrivera
premier, en cette course acharnée, dont le but va du stupéfiant à l’immonde. Rien
à craindre. Libre carrière est donnée à tous les délires de l’imagination14.
11 Rédigé à la demande de Brunetière pour La Revue des Deux Mondes, le texte intitulé « Pourquoi des
Expositions ? » paraîtra dans le numéro du 15 décembre 1895. Pierre Michel et Jean-François Nivet l’ont publié
dans les Combats esthétiques, t. II, Séguier, 1993, pp. 107-126.
12 Voir sa lettre à Claude Monet de mars 1900, parue dans la Correspondance générale de Mirbeau, op.
cit., p. 599.
13 Octave Mirbeau, « Pourquoi des Expositions », op. cit., p. 123.
14 Ibidem, p. 122.
nouvelle satire de la société. La « fièvre d’exposition »15 qu’il dénonce, pourrait bien trouver
son équivalent dans la « fièvre de cure » qu’expose le récit. Comment ne pas relever les
nombreuses analogies entre la ville artificielle, devenue cité du vice, qu’érigent les bâtisseurs
de l’Exposition, et celle de X, où l’auteur situe l’action des Vingt-et-un jours d’un
neurasthénique, qui n’a « ni rues, ni maisons, ni habitants indigènes » mais n’est constituée
« que [d’]hôtels » ? Le roman semble conçu sur le canevas des propos que tient, dans l’article
de 1895, un ami philosophe. Déplorant que « l’Exposition [soit] la fin de tout », il avoue
pourtant prendre un véritable plaisir à se mêler à la foule bigarrée, à s’étourdir du spectacle
offert ou de l’atmosphère licencieuse qui règne. Et d’ajouter dans un soupir, où rivalisent la
curiosité légitime du penseur et celle, plus perverse, du voyeur, qu’il voudrait « soulever ces
boîtes crâniennes et connaître le rêve abominable qui y naît, s’y développe, y flamboie ! ».
N’est-ce pas là, en même temps qu’une belle illustration du complexe d’Asmodée propre à
Mirbeau, tout l’argument du roman de 1901 ? Georges Vasseur n’est pas un révolté mais l’un
des protagonistes de ce grand jeu de dupes qu’est la saison dans les villes d’eau. Plongé dans
ce milieu, il en éprouve l’ivresse jusqu’à l’écœurement. Loin d’être le témoin qui, à distance,
observe et juge ses prochains, il est pris dans la mêlée comme le souligne le système
énonciatif du roman, entièrement placé sous le signe de l’immédiateté. Nombreux sont les
chapitres qui s’ouvrent sur l’adverbe « aujourd’hui » et qui entraînent le lecteur à la suite du
narrateur. Au lieu de dépasser son objet, ce dernier s’y enfonce : il est un homme de son
temps.
Il dispose, toutefois, du don particulier de pousser spontanément à la confession ceux
qui l’approchent, accomplissant de la sorte le souhait de son prédécesseur fictif. Rachilde
parlait, à raison, de « fond de tiroir d’un journaliste ». Mirbeau ne clame-t-il pas haut et fort
son admiration pour Jules Huret et le talent avec lequel ce dernier accouche les âmes et fait
ressortir, dans ses interviews, la mesquinerie cachée sous les grands principes des célébrités
qu’il interroge ? Georges Vasseur n’est rien d’autre que cela, semble-t-il, un reporter tenant
ses carnets, pour suivre encore Rachilde, qui, si fielleuse soit-elle, ne pensait pas si bien dire.
Son oreille est la grande vidangeuse de l’époque ; elle favorise le déversement de la sanie
contemporaine. La bonhomie et l’inconscience criminelle de tous ses interlocuteurs ne sont
rien d’autre que l’expression de la bonne conscience que procure la confession. Loin
cependant de donner l’absolution, loin d’étouffer sous le sceau du secret tous ces aveux, le
narrateur les recycle et lève le voile sur l’indicible pour donner corps à son récit. Raison d’être
du roman, la révélation est au cœur de l’écriture mirbellienne ; elle en est la pulsion
primordiale. Mais tandis que les premières œuvres tâchaient de cerner la psychologie
profonde des êtres en un long développement autour d’un caractère, Les Vingt-et-un jours
d’un neurasthénique multiplient les figures et saisissent les obsessions des curistes afin de
ramener à la lumière leurs instincts, dissimulés sous le vernis de civilisation. Il y a de la
l’analyste freudien chez Georges Vasseur et du rituel psychanalytique, le divan en moins,
dans les diverses confidences qui lui sont faites. Au gré des chapitres, les rencontres et les
anecdotes se succèdent pour nous faire pénétrer plus avant dans l’horreur d’un monde que
n’épargne aucune bassesse. La polyphonie du texte lui donne l’apparence de la vie, d’une vie
15 Ibidem, p. 121.
dans laquelle quelques ombres se débattent maladroitement pour échapper à leur condition,
immuable, qui les incite à s’entretuer, à se jalouser ou, plus rarement, à s’aimer, pour finir par
mourir. Cette tragédie existentielle est servie à merveille par le caractère de microcosme
étouffant du roman.
Quand l’Exposition universelle était surtout une affaire de regard, la cure sera donc
une affaire de mots. Mirbeau y est peut-être tellement attentif parce que son séjour à Luchon
était destiné à éradiquer un mal le menaçant de surdité à court terme16. Un passage du chapitre
XV résume toute l’importance accordée à l’écoute :
L’activité journalistique est inepte, tout juste bonne à dévorer de grands esprits et de
belles âmes. En revanche, l’écriture littéraire permet la véritable éclosion d’un caractère
quand elle produit une œuvre digne de ce nom. À ce titre, elle s’inscrit – et ses thèmes avec
elle – dans l’histoire des idées, prend place dans une économie qui lui offre une
reconnaissance et un véritable statut, ce qui la rend bien plus dangereuse. Le second avantage
de la transposition des textes est le brouillage des repères qu’elle occasionne lorsqu’elle fait se
croiser les figures imaginaires jaillies du cerveau de Mirbeau et les Émile Ollivier, Georges
Leygues, Henry Roujon ou autres produits de la société. Fiction et réel s’entremêlent et se
contaminent pour donner naissance à cet entre-deux constitué d’épisodes déjà connus du
lecteur, puisque rencontrés dans la presse, qui l’obligent à en réajuster la portée à présent
qu’ils sont pris dans la marqueterie du récit. De la même manière que le narrateur quitte les
lieux en refusant l’attitude résignée de son alter ego Roger Fresselou, rencontré dans l’ultime
chapitre, le lecteur achève l’œuvre avec un sentiment de dégoût et de colère mêlés qui
alimente, mieux que tous les discours didactiques des « mauvais bergers », une prise de
conscience salvatrice. Car le départ ne s’apparente pas à une fuite hors du microcosme
étouffant de la ville de cure, loin de ses morts en sursis ignorants de leur condition (n’évacue-
t-on pas, à X, les cadavres nuitamment afin de préserver l’atmosphère d’insouciante gaité qui
y règne ?). Mirbeau ne propose pas à son lecteur un retour à la normale qui lui permettrait de
reprendre pied après la découverte des affres de cette mascarade. Il en appelle au
prolongement, dans la réalité, de la distanciation de mise durant la lecture. On peut s’en
convaincre en évoquant la dernière phrase du roman : « Dès l’aube, demain, je partirai… ».
Avec cette citation approximative et tronquée des vers de Hugo, Mirbeau lie fortement
l’univers fictif et le monde réel. D’abord parce que le poème, évoquant le futur cheminement
d’un homme vers une tombe, constitue une image emblématique de celui du narrateur – et du
lecteur –, de retour parmi cette société mourante si bien définie par Jean Grave19 ; ensuite,
18 « Rêverie », Le Journal, 11 mars 1894, recueilli dans les Combats littéraires, édition critique établie,
présentée et annotée par Pierre Michel et Jean-François Nivet, Lausanne, L’ Âge d’Homme, 2006, p. 377.
19 Son ouvrage, La Société mourante et l’anarchie, a d’ailleurs été préfacé par Mirbeau en 1893.
parce que le jeu avec la référence, induisant que chaque discours est construit sur des discours
préexistants, est nourri de valeurs préconçues, plaide pour une remise en cause permanente de
tout modèle20. Fermer le livre ne revient pas à en achever l’aventure mais bien à la débuter,
dans sa propre existence. L’excipit invite donc à transposer les éléments du roman de la
fiction à la réalité ; il dénie toute dimension divertissante à la lecture pour en faire un principe
propre à favoriser sinon l’action du moins la pensée critique.
Les Vingt-et-un jours d’un neurasthénique offrent ainsi, au-delà de leur bouffonnerie,
une véritable esthétique de l’œuvre ouverte, d’une écriture à la signification fluctuante,
nécessitant un travail actif de mise en perspective et d’interprétation. En ce sens, ils excèdent
certainement ce que la conscience sociale pouvait alors accepter en matière d’innovation
formelle et de révélations. Mais n’est-ce pas là le propre d’une œuvre dont Gustave Geffroy
écrivait à propos de son auteur : « L’avenir devra lui tenir compte de sa préscience, qui s’est si
souvent exercée avec une force magnifique »21 ?
20 Dans une œuvre entièrement construite sur le réemploi de textes, la parole du narrateur, contaminée par
le verbe hugolien, plaide en faveur de cette interprétation. Néanmoins, compte tenu de l’admiration que Mirbeau
porte à Hugo, respect dont témoigne notamment l’article nécrologique qu’il lui a consacré dans La France, en
mai 1885 (de même que l’enrôlement du poète aux côtés de Georges Vasseur dans Les Vingt-et-un jours d’un
neurasthénique, pour achever de ridiculiser Georges Leygues à la fin du chapitre VI), il faudrait aussi y lire un
trait positif. En citant le texte le plus pathétique de celui qui, selon ses propres mots, « a aimé l’humanité, comme
le Christ l’aima, d’un amour infini », et en endossant son rôle à la fin du roman, Mirbeau laisse entrevoir l’autre
facette de sa personnalité, complémentaire de son pessimisme et de sa virulence : la compassion pour ses
semblables.
21 Les Cahiers d’aujourd’hui, n°9, 1922, p. 103.