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20° Session Méditerranéenne des Hautes Etudes Stratégiques et de l’Armement

Conférence N° 25 « Quelle crise de l’eau en Méditerranée ?»


Date : 13/03/2010
Conférencier : M. Jean Margat – Vice-président de l’association du Plan Bleu pour la Méditerranée et de
l’Institut Méditerranéen de l’eau.
1-Points forts de la conférence à retenir

La crise de l’eau, formule très médiatisée, repose sur 2 ruptures majeures récentes:
- l’expansion démographique
- le changement climatique

1.1- rupture démographique :


Les demandes en eau sont étroitement liées à la population. Depuis l’empire romain, sur le pourtour
méditerranéen qui comptait 50 millions d’habitants, elles étaient stables et les ressources étaient largement
suffisantes.
La population a explosé au 20ème siècle, pour atteindre 400 millions d’habitants aujourd’hui ; les besoins en
eau ont suivi.
Les ressources en eau par habitant sont très disparates d’un pays à l’autre : de 100m3/hab à Gaza à
25000m3/hab au Monténégro. Un paradoxe aggrave ce déséquilibre, c’est dans les pays ayant le moins de
ressources, que la population augmente le plus.
On considère qu’un pays est pauvre en eau en dessous de 1700 m3/hab: en 2025 ce sera le cas pour 250
millions de Méditerranéens, soit la moitié de la population.

Les 3 principaux facteurs qui expliquent la forte croissance de la demande sont :


- l’urbanisation : qui augmente le réseau de distribution,
- l’irrigation : qui a été multipliée par 3 au 20ème siècle,
- la nouvelle utilisation de l’eau : refroidissement centrale nucléaire, centrale hydroélectrique…

La situation devient très critique, les modes traditionnels d’approvisionnement ne suffisent plus, on multiplie
les barrages (en 50 ans on est passé de 25km3 de stockage à 250 km3), ce qui a créé un nouveau mode de
consommation ou de gaspillage: l’évaporation des barrages (24 milliards m3/an).

Les éléments suivants contribuent à la baisse des ressources et aggravent la situation de pénurie :
- l’envasement des réservoirs de stockage par apport de sédiments (estimé de 1 à 2% par an : en 50 ans
les barrages non entretenus perdent 50 à 100% de leur capacité !),
- la surexploitation des eaux souterraines essentiellement à des fins d’irrigation,
- l’exploitation des eaux fossiles (qui ne se renouvellent pas),
- les diverses pollutions qui mettent hors d’usage les réserves.

1.2- rupture climatique :


Elle est difficile à prévoir, nous n’avons que des tendances.
La région méditerranéenne est néanmoins un point chaud des changements climatiques.
Dans les régions du sud les plus arides, on prévoit une baisse des précipitations, plus d’irrégularité de celles-
ci, ce qui se traduira par une chute de 20 à 30% des ressources moyennes vers 2050.
On constate déjà une diminution de l’écoulement naturel dans certains pays d’Afrique du nord (Maroc,
Algérie) où le débit des cours d’eau a nettement chuté.

Fondation Méditerranéenne d’Etudes Stratégiques


Association de préfiguration

04 94 05 55 55

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2-Intérêts pour le thème de la session « La sécurisation de l’espace maritime méditerranéen »

Une meilleure gestion des demandes et ressources est nécessaire.


Quelques pistes sont à explorer :
- améliorer l’efficience de l’irrigation, augmenter le rendement du réseau de distribution en réduisant
fortement les fuites (60% de perte d’eau à Alexandrie)
- connecter une grande partie du réseau sur des eaux non classiques, en irrigant avec des eaux usées
retraitées, en développant le dessalement (qui entraîne cependant des problèmes financiers, de source
d’énergie)
- augmenter l’eau virtuelle (chaque pays importe des produits qui ont nécessité de l’eau dans leur
élaboration, élevage ou culture, ce qui représente autant d’eau non directement consommée par le
pays : il faut donc développer ces importations dans les pays pauvres en eau).

3-Remarques

La pénurie croissante entraîne des conflits d’usage (choix entre consommation et irrigation), entre régions et
augmente la charge financière.

Si une des principales « exportations » des pays du sud est l’émigration, le déficit en eau, dégradant les
conditions de vie quotidienne et entraînant un bouleversement de l’activité économique, n’y est pas
forcément étranger.

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Rédacteur : Alain Ponsaillé,


SIAé/AIA Cuers-Pierrefeu

Fondation Méditerranéenne d’Etudes Stratégiques


Association de préfiguration

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