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"CRISE CONJONCTURELLE"
OU
"CHANGEMENT DE PARADIGME" ?
Eric Schwarz
Centre interfacultaire d'études systémiques Université de Neuchâtel
1. INTRODUCTION
2. PROGRES" ET PROBLEMES
3. MOUVEMENT SYSTEMIQUE
4. SCIENCE DES SYSTEMES
5. EPISTEMOLOGIES
6. VISION SYSTEMIQUE
7. REVOLTE OU REVOLUTION?
8. REFERENCES
1. INTRODUCTION
Depuis la chute du mur de Berlin, et contrairement à ce que pensaient certains,
l'histoire, loin d'être finie, semble s'accélérer à un rythme qui défie les capacités de
changement des hommes et des institutions. L'espace laissé par la chute des
régimes à économie planifiée en Europe de l'est, est disputé aux gouvernants par
des multinationales et entrepreneurs occidentaux, des maffias locales et des
nostalgiques de l'ordre et de la loi anciens. Les Balkans, le Caucase et d'autres
massifs montagneux sont le théâtre de résurgences des guerres tribales d'antan. Les
pays du tiers-monde, qui bénéficiaient autrefois de la rivalité des deux "Grands",
sont dans un isolement encore renforcé par la baisse du prix des matières premières.
La crise qui sévit dans les pays "développés", Europe, Amérique et Japon, semble
montrer que si l'économie de marché convient pour satisfaire les besoins immédiats
de consommateurs rationnels et bien informés en face de producteurs en réelle
concurrence, elle n'est pas apte à résoudre les problèmes écologiques, sociaux,
culturels et éthiques d'un ensemble de plusieurs milliards d'acteurs répartis sur la
surface de la planète. Les "dragons" du sud-est asiatique se dirigent à pas redoublés
vers les problèmes des pays occidentalisés.
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Derrière ces manifestations extérieures, symptômes concrets qui font la une des
médias, se profilent un certain nombre de processus sous-jacents, de tendances
lourdes incontrôlables et moins médiatisées, tel que la mondialisation du marché, le
remplacement du travail humain par le travail mécanique et le traitement
informatique, ainsi que l'internalisation des coûts sociaux et environnementaux,
autrefois "externes", qui commencent maintenant à émerger sous la forme des
déficits des collectivités publiques, des faillites d'entreprises et de la baisse du
pouvoir d'achat des consommateurs et des contribuables.
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En d'autres termes, une question importante que nous aimerions discuter ici, dans
ce premier numéro des Cahiers du CIES, est de tenter de déterminer si la société
contemporaine est actuellement en train de passer par une simple phase de
récession économique du même type que toutes celles qui l'ont précédé depuis les
débuts de l'ère industrielle, (et qui serait résolue par quelques menus aménagements
conjoncturels et monétaires), ou si, au contraire, elle est en train de vivre une
mutation structurelle, conceptuelle et culturelle profonde. Ce changement de
paradigme serait comparable à la révolution scientifique qui a suivi la Renaissance
et qui fit passer du paradigme scolastique décadent au paradigme empirico-
analytique, fondement de l'approche scientifique expérimentale et quantitative.
Dans cette perspective, la crise actuelle ne serait pas le symptôme d'un ajustement
technico-scientifique, ne touchant que le contenu de nos savoirs et de nos théories,
mais le signe précurseur d'une révolution épistémologique affectant la nature de nos
modèles et de nos mythes, et mettant en cause notre façon de percevoir et
d'interpréter le monde qui nous entoure.
2. "PROGRES" ET PROBLEMES.
Pour essayer d'y voir un peu plus clair, prenons un peu de recul et tentons de
procéder à un rapide bilan de l'histoire de la société occidentale depuis environ trois
siècles, c'est-à-dire depuis les débuts de l'ère du paradigme empirico-analytique.
Suivant leurs idiosyncrasies et leurs présupposés, les uns mettront l'accent sur les
"progrès" dus à la science et à la technique, les autres, comme nous l'avons fait ci-
dessus, insisteront sur les dysfonctionnements de la société moderne. Tentons une
approche plus équilibrée.
Tout d'abord des problèmes écologiques: effet de serre, trou d'ozone, dépérissement
des forêts, pollution atmosphérique, gestion des déchets, baisse de la biodiversité,
érosion des sols, désertification, et bien d'autres encore.
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Une deuxième catégorie de problèmes concerne la sphère politico-économique.
Nous avons déjà mentionné les plus récents ci-dessus. Ajoutons-y, dans le
désordre, les flux migratoires sud-nord, les disparités dans la distribution de la
richesse entre pays du "nord" et du "sud", mais également la disparité observée à
l'intérieur des pays démocratiques, le succès de politiciens populistes flattant les
désirs les plus égoïstes, la propagation cancéreuse des maffias dans tous les
régimes, l'accroissement des charges (impôts, taxes, inflation, etc.) pour maintenir
une activité matérielle croissante dans un monde fini.
Nous venons de voir que l'évolution de la société industrielle depuis environ deux
siècles se caractérisait d'une part par des améliorations remarquables des conditions
de vie matérielles, et d'autre part par l'émergence de problèmes écologiques,
politico-économiques et socio-psychologiques toujours plus pressants. Pour tenter
de faire un diagnostic de cette dichotomie, demandons-nous s'il existe des traits
communs que partageraient les progrès et d'autres traits communs que partageraient
les problèmes.
Un examen attentif des "progrès" technologiques fait ressortir qu'ils sont le plus
souvent liés à la maîtrise d'objets du monde physique: énergie et matière
inorganique, donc objets simples, et séparables, éventuellement compliqués mais
pas complexes. Ordinateurs et centrales nucléaires sont des agrégats compliqués
obtenus par l'addition de mécanismes plus simples. Toutefois leur complexité
relationnelle, l'imbrication de leurs niveaux fonctionnels, l'émergence de caractères
holistiques, n'a rien à voir avec les propriétés correspondantes d'un organisme
vivant comme une "simple" bactérie. Ce type de machines construites,
fragmentables, est donc accessible par une approche réductionniste et intelligible,
par des méthodes analytiques. Ces systèmes sont largement déterministes et
linéaires, donc prédictibles, donc contrôlables.
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On l'a vu, les "problèmes" sont liés à des systèmes biologiques, écologiques,
sociaux, économiques, psychologiques, cognitifs, c'est-à-dire à des organismes
complexes, dynamiques, loin de l'équilibre thermodynamique, très organisés et
fortement interactifs. On se convaincra facilement que de tels systèmes, dont
l'organisation est faite d'hypercycles, (multiples boucles de rétroaction emboîtées
les unes dans les autres), se prêteront mal à une analyse qui consiste à les réduire en
petites unités isolées. De plus, la présence de boucles de rétroaction positives et
négatives leur confère tantôt une grande sensibilité aux conditions extérieures,
voire aux fluctuations, tantôt un certain degré d'autonomie, qui les rend non-
prédictibles donc non-contrôlables. Le seul trait prédictible est qu'ils sont non-
prédictibles...
Nous conclurons cette brève introduction en remarquant que, pour gérer l'incertain
et pour comprendre les systèmes complexes, fortement relationnels, sensibles aux
aléas et partiellement autonomes, comme par exemple les écosystèmes, les
systèmes socio-économiques ou les systèmes culturels, il est indispensable de
disposer d'une autre grille de lecture que celle qui a si bien convenu pour faire des
machines à vapeur, des automobiles ou même des centrales nucléaires.
3. MOUVEMENT SYSTEMIQUE.
Sous l'appellation de "mouvement systémique", on regroupe un ensemble
d'activités de recherche scientifique et d'interventions pratiques dans la gestion de
systèmes institutionnels, économiques, sociaux ou écologiques qui partagent un
certain nombre de présupposés (1). Parmi les plus importants, on peut citer les
suivants:
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2. Ces lois, bien que respectant les principes fondamentaux de la physique
(concernant les transformations de l'énergie et de l'entropie), sont de nature
relationnelle ou cybernétique. Elles ne sont pas liées tant à la matière
constituant les systèmes, qu'au réseau de leurs interactions internes et
externes. Par exemple, le comportement stable (homéostasie) d'un système
possédant dans son organisation interne une boucle de rétroaction négative
est une propriété de nature cybernétique, relationnelle, qui ne dépend pas de
la constitution matérielle du système.
3. Certaines lois ou certaines propriétés sont de
caractère systémique ou holistique, dans le sens qu'elles concernent
l'ensemble du système; elles ne peuvent pas être réduites à un composant ou
à un événement isolé, ni même à une relation entre quelques éléments.
Certaines interdépendances impliquent tous les composants. Il est des
propriétés émergentes qui n'ont d'existence qu'au niveau du système comme
totalité indivisible. L'opinion publique est un exemple de propriété holistique
et existentielle d'un système social. De même les propriétés téléonomiques,
c'est-à-dire les propriétés donnant une direction à l'état présent d'un système
(but, tendance, propension, etc.). La vie, la conscience, ou plus généralement
le degré d'autonomie (la faculté de se donner sa propre loi), sont des
propriétés émergentes de certains systèmes, qui dépendent de leur degré de
complexité.
4. Finalement, il faut insister sur le fait que l'existence de lois générales et
d'invariants transdisciplinaires n'implique pas que les systèmes naturels
soient déterministes et prédictibles. Bien au contraire, le caractère non-
linéaire de certaines lois d'évolution rend les systèmes loin de l'équilibre très
sensibles aux fluctuations et au bruit, donc au contingent. L'évolution des
systèmes est ainsi la résultante d'un jeu entre contingence matérielle et
nécessité relationnelle.
Nous l'avons dit, un des principaux présupposés de la science des systèmes est que
la nature est constituée de systèmes, ensembles organisés de composants en
interaction présentant des propriétés holistiques irréductibles. L'objectif de la
science des systèmes est d'étudier ces systèmes avec un ensemble cohérent
d'outils conceptuels (2), à l'opposé de l'approche fragmentée habituelle où chaque
discipline se forge ses propres outils. Nous aurons, dans les prochaines éditions de
ces Cahiers, maintes occasions de revenir sur certains points particuliers de la
science des systèmes. C'est pourquoi nous nous bornerons ici à résumer la situation
actuelle en matière de science des systèmes naturels en distinguant sept mots-
clefs caractérisant sept types de systèmes (ou sept niveaux d'étude), placés dans
un ordre de complexité croissante. Un système à un niveau donné englobe les
caractéristiques des niveaux précédents. Par exemple un système vivant (système
autopoïétique, niveau 5) respecte les principes de la thermodynamique (niveau 1).
Les structures dissipatives peuvent avoir des dimensions et des durées de vie
extrêmement variées. Des cellules de convection atmosphériques terrestres
peuvent durer de quelques secondes (comme les petits tourbillons emportant
les feuilles mortes) à plusieurs jours (comme un cyclone tropical). Le
tourbillon visible dans l'atmosphère de Jupiter, par exemple, ne s'est pas
déplacé depuis sa découverte il y a de nombreuses années. Si les conditions
générales prévalant au moment où un tourbillon arrive à maturité se
maintiennent, celui-ci peut durer de façon indéfinie, pour autant qu'il soit
alimenté. Nous conclurons que la première condition de pérennité d'un
système dynamique est le recyclage de la matière qui le constitue
(tourbillons, cycles écologiques, pulsations, etc.). De plus, la probabilité
qu'une structure dissipative se complexifie, c'est-à-dire subisse plusieurs
phases de morphogénèse, va également dépendre de sa durée de vie.
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Avec cette quatrième étape, nous passons d'un niveau d'analyse de type
physique (= structurel) à un niveau d'analyse relationnel, c'est-à-dire en
rapport avec le réseau de l'organisation du système. L'outil adéquat pour
étudier ce niveau de pertinence est la cybernétique. On modélisera
l'organisation du système par un schéma représentant (le mieux possible) la
façon dont les divers éléments discrets caractéristiques de l'état du système
(état des composants, variables, paramètres, etc.) sont reliés entre eux. La
"Dynamique des systèmes" de Meadows et Forrester, utilisée pour modéliser
l'économie planétaire et ses relations avec l'environnement, est un exemple
d'outil cybernétique permettant de se livrer à ce genre d'étude (5). Un
système suffisamment simple pour être représenté par une boucle
de rétroaction négative aura un comportement homéostatique,
indépendamment de sa constitution matérielle. Ce genre d'étude est
évidemment applicable à des systèmes plus complexes comportant plusieurs
boucles. Toutefois, vu le caractère nettement non-linéaire des boucles de
rétroaction, on arrivera assez rapidement aux limites de cette méthode, qu'il
faudra plutôt envisager comme un outil d'aide à la décision que comme une
méthode prédictive. Cependant, même à ce titre, l'exercice est souvent
bénéfique car il permet de prendre conscience d'interdépendances
inaccessibles par le bon sens linéaire le plus exercé, ou de révéler des effets
pervers totalement contre-intuitifs.
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Une nouvelle propriété pouvant émerger lors de la complexification et
l'autonomisation des systèmes est celle d'autoréférence. Cette expression, qui
signifie qu'un système est sa propre référence, s'applique aux systèmes très
complexes et opérationnellement clos où la structure physique et le réseau
relationnel, bien que de natures qualitativement différentes, deviennent de
plus en plus similaires. Il a été proposé récemment que le degré
d'autoréférence fût lié au degré d'auto-connaissance du système, c'est-à-dire
à son niveau de conscience. (7). Ce type d'approche permet d'apporter
quelque lumière sur les rôles respectifs du cerveau (niveau physiologique),
du cognitif (niveau relationnel) et de la conscience (niveau holistique).
5. EPISTEMOLOGIES.
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Comme on peut le pressentir à la lecture de cette typologie des systèmes naturels,
les outils conceptuels pour rendre intelligibles ces divers types de systèmes ne sont
pas les mêmes. Pour les systèmes les plus simples, une épistémologie physicaliste,
centrée sur la substance (énergie-matière) décrite sera suffisante. Dans le cas de
systèmes plus complexes, où le réseau des relations entre les composants est plus
déterminant que la matière dont ils sont constitués, une épistémologie centrée sur la
relation sera nécessaire (niveau de l'information). Pour les systèmes encore plus
complexes, où l'écheveau des interactions est si dense qu'émerge une identité
irréductible à ses composants ou à son organisation relationnelle, c'est-à-dire une
totalité intelligible que par elle-même, une approche d'une autre nature sera
inévitable.
On est ainsi amené à distinguer trois paradigmes dont on a résumé les traits
principaux sur la figure 3. Les premier, qui correspond à l'approche de la
science mécaniste empirico-analytique actuellement dominante, est basé sur le
présupposé de la séparabilité sujet-objet, donc sur l'existence d'une réalité
extérieure dont il est possible de faire une théorie. Son efficacité sera mesurée par
sa capacité prédictive. Cette approche est adéquate dans les cas où l'on peut bien
séparer les objets, par exemple observateur et observé comme en mécanique
classique.
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6. VISION SYSTEMIQUE.
Avant de conclure, nous aimerions souligner quelques traits de la représentation du
monde (Weltanschauung) qui se dégage de la dynamique des systèmes naturels
telle qu'on peut la comprendre aujourd'hui. Nous résumons cette vision sous forme
de six postulats dont le lecteur excusera le manque de nuances.
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1. SYSTEMES.
Le monde (et plus spécialement les domaines complexes loin de l'équilibre thermochimique
comme l'écosphère terrestre (Gaïa)) est envisagé comme un ensemble de systèmes
dynamiques ayant chacun des propriétés holistiques. Holistiques parce que ces propriétés sont
liées au système comme l'entité indivisible qui émerge de la totalité de ses constituants en
interaction.
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2. SURVIE.
AUTONOMIE ET VIABILITE
Parmi les propriétés holistiques des systèmes naturels complexes, la plus notable est
la tendance à la survie, pouvant se manifester par divers processus tels que: expansion,
propagation, régulation, division, réplication, reproduction, participation, cognition,
représentation, anticipation, modélisation, abstraction, identification.
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3. LE MONDE.
INTERDEPENDANCES ET COHERENCE
Les systèmes constituant le monde sont en interaction continuelle et subsistent grâce à ces
relations. Le monde dans sa totalité constitue donc lui aussi un système ayant des
propriétés holistiques. Un changement dans une partie du monde affecte donc les autres.
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4. L'HOMME.
CO-DETERMINATION ET CO-EVOLUTION.
L'être humain est un composant du système humain (espèce, société). Le système humain est
un composant de l'écosphère terrestre (Gaïa). Ces niveaux sont tous en forte interaction
mutuelle: le système terrestre influençant l'être humain et celui ci modifiant le milieu terrestre
(codétermination). De cette boucle de coévolution émergent des propriétés
nouvelles dépassant aussi bien la dynamique de l'homme (besoins, intentions, etc) que celle de
l'écosphère.
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5. CONFLITS.
CONTINGENCE ET NECESSITE.
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6. ISSUES POSSIBLES DES CONFLITS.
METAMORPHOSE OU DESTRUCTION
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7. REVOLTE OU REVOLUTION ?
Il est incontestable que la société technologique contemporaine se trouve
actuellement dans un état d'instabilité de dimensions économiques, écologiques,
culturelles, voire spirituelles. Les divergences d'opinions ne concernent plus cet état
de fait mais plutôt la profondeur de ses racines et la difficulté d'y remédier.
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"Deux crises convergentes affectent l'homme contemporain: la première et la plus
évidente concerne les rapports entre la population et l'environnement; la seconde,
moins visible, mais tout aussi préoccupante, concerne l'homme et la relation qu'il
entretient avec lui-même et avec ses prolongements constitués par ses institutions,
ses idées, son entourage immédiat ou élargi à la communauté humaine, en un mot,
la relation qu'il entretient avec la culture.
Si ces deux crises ne sont pas abordées conjointement, aucune ne sera résolue. La
technique seule ne peut apporter de solutions aux problèmes propres à l'homme et
à ses éternels conflits; et inversement la technique ne sera jamais appliquée de
manière rationnelle aux problèmes de l'environnement tant que l'homme n'aura
pas commencé par dépasser les limites que lui imposent ses institutions, ses
philosophies et ses cultures."
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8. REFERENCES.
(1) de Rosnay, Joël
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Introduction à la dynamique des systèmes. Presses Universitaires de Lyon,
1984.
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