1. (Philopold : ) « Mais quand, il y a quelques semaines, j'eus l'insigne bonheur de
rencontrer ce divin Maître, tous les obscurs nuages se sont évanouis d'un seul coup, et le soleil de la vie divine s'est mis à rayonner dans mon âme ! C'est dans cette sainte lumière que j'ai reconnu pour la première fois mon essence et celle de Dieu : mais c'est alors aussi que j'ai vu ce que je dois à Dieu, notre unique saint Père, Lui qui est l'amour le plus pur de toute éternité. 2. Je me suis connu tout à fait, et j'ai connu qu'avant mon incarnation sur cette terre, seule dans tout l'infini à être destinée à porter les enfants de Dieu, conçus et élevés selon l'ordonnance éternelle de Son amour, j'avais passé avec l'Esprit divin, pour devenir l'un de ces enfants de Dieu, un contrat fort singulier. 3. Regarde ces étoiles innombrables ce sont toutes des mondes, bien plus grands et plus magnifiques que cette terre, et sur chacun de ces mondes, l'on trouve des hommes tout pareils à nous par la forme : partout, l'on voit chez eux une grande sagesse, et ils ne sont pas entièrement dépourvus d'amour : mais, presque comme les animaux de cette terre, ils viennent au monde déjà parfaits et n'ont pas à apprendre depuis le commencement tout ce qu'ils veulent et doivent savoir. La langue est presque partout la même, et leur science a des limites fort précises : mais partout, cette science va jusqu'à la connaissance de l'esprit suprême de Dieu. Connaissance qui, toutefois, est davantage un sentiment confus qu'une véritable connaissance. 4. En somme, l'on trouve sur tous ces innombrables mondes des hommes qui sont presque semblables aux meilleurs des païens de cette terre, à la différence que les hommes de ces mondes ne découvrent au fond rien de nouveau : mais ce qui existe, existe dans son état d'accomplissement le plus élevé, tandis que les païens peuvent sans cesse inventer quelque chose de neuf et que la voie d'un perfectionnement et d'un progrès sans fin ne leur est pas fermée. 5. Mais sur ces grands mondes, il se trouve également des sages qui, à certains moments, rencontrent, pourrait-on dire, des esprits supérieurs par qui ils apprennent à mieux connaître Dieu. Il arrive alors parfois que certains de ces êtres plus éveillés soient pris du désir de devenir eux aussi des enfants de Dieu °. 6. Car dans tous ces mondes, les sages savent par les esprits supérieurs qui se révèlent à eux qu'il existe dans le vaste espace de la Création un monde où les hommes sont les enfants de Dieu, et que c'est là aussi qu'une âme de leur monde, une fois qu'elle a perdu son corps, peut entrer à nouveau dans un corps de chair, cependant tout à fait grossier. Et, dès l'instant où quelqu'un en manifeste sérieusement le désir, on lui représente par le menu tout ce qu'il aura à subir dans ce monde-là. 7. Tout d'abord, l'âme est privée de tout souvenir de son précédent état de bien-être, de sorte que, lorsqu'elle naît au nouveau monde, d'une femme et avec un corps imparfait, elle se trouve dans un état d'infériorité quasi animal et dépourvu de conscience, et n'a pas la moindre notion de sa nouvelle existence. Ce n'est que peu à peu, au bout d'un an peut-être, qu'une toute nouvelle conscience commence à se développer à partir des images, des événements et des impressions perçus par les sens : la mémoire et le souvenir récent des impressions reçues sont donc les seuls indicateurs et les seuls secours sur le nouveau chemin qu'est la vie sur cette terre. Nul esprit supérieur envoyé par Dieu ne vient guider l'enfant vers une connaissance supérieure et plus profonde, et seuls les parents doivent s'efforcer de mettre l'enfant sur la bonne voie à partir de leur propre expérience. Ensuite, l'enfant doit beaucoup apprendre, commencer à se déterminer par lui-même, chercher, demander, il doit connaître la peur, la faim, la soif. les douleurs et les privations de toute sorte, il sera humilié jusqu'au dernier moment, et à la fin d'une telle vie, c'est ordinairement une maladie longue et douloureuse qui ôtera la vie à cet homme de chair. 8. Si l'homme a rempli dans sa vie toutes les conditions nécessaires prescrites, s'il a aimé Dieu par-dessus tout et son prochain, même lorsque celui-ci l'a persécuté comme son pire ennemi, plus que lui-même, alors, il a animé et fait croître en lui l'étincelle d'esprit divin déposée au cœur de son âme. 9. De ce moment, Dieu commence à grandir dans l'homme. Il imprègne son âme et la fait Son égale, et c'est ainsi que l'ancien homme de nature quitte le profond bourbier de son inanité pour devenir un enfant de Dieu, jouissant dans cet état accompli de toutes les perfections présentes en Dieu Lui-même. 10. C'est ainsi, ami Murel, que tout ce que je viens de te décrire aussi brièvement que possible est représenté à cet homme du monde des étoiles : et s'il le demande alors avec la plus grande détermination, il est débarrassé en un instant de son léger corps et, tout à fait inconscient, transporté aussitôt sur cette terre pour y être procréé, et cela donne ensuite un homme comme toi et moi. 11. Diras-tu maintenant que nous n'avons pas conclu librement un contrat avec le Seigneur avant de venir sur cette terre ? 12. Et Dieu tient immuablement la parole issue de Son ordre éternel, rien ne peut Le faire changer d'avis : quant à savoir si nous en avons toujours fait autant et si nous avons suivi la loi qu'il a donnée à tous les hommes à travers Moïse et les patriarches et qu'Il a de plus inscrite au cœur de tout homme, c'est une autre question ! 13. Nous l'observerons sans doute désormais, je n'en doute point ; mais il ne faut pas attribuer cela à nos efforts, mais uniquement à la miséricorde divine. - Dis-moi maintenant ce que tu penses de ma petite leçon de sagesse ! »