Professional Documents
Culture Documents
le changement
Tout change tout le temps :
je ne peux donc rien tenir pour acquis
En observant l’alternance du soleil et de la pluie dont dépendaient leurs moissons, les Chinois de
l’Antiquité avaient compris que le changement est l’essence même de la vie.
Le jour succède à la nuit, le printemps à l’hiver, l’adulte à l’enfant. Rien n’est fixe, tout bouge et se
transforme continuellement, dans nos vies personnelles comme dans l’univers tout entier.
Se souvenir de la loi du changement permet de prendre plus de recul face aux évènements : quelle
que soit la situation dans laquelle on se trouve, on peut mettre celle-ci en perspective, entrevoir
son évolution. Savoir que tout change tout le temps évite de se laisse surprendre ou déstabiliser par
les évènements.
Je relative ce qui m’arrive, car tout peut Je ne dis plus « je suis comme ça » ou «
basculer d’un moment à l’autre. c’est comme ça ». Car au moment même
ou je finis ma phrase, ce n’est plus «
Je mets toute mon attention dans mes comme ça » !
relations avec les autres, sachant qu’elles
sont en perpétuelle évolution. Je ne fais pas aveugler par une passion
amoureuse. Je la vis pleinement, sachant
qu’elle est destinée à se transformer.
Pour définir quelque chose, nous sommes habitués à l’opposer à son contraire : le mal est le contraire
du bien, le chaud le contraire du froid, etc. Rien de plus faux pour les Chinois, pour qui il n’y a
pas de séparation, mais un processus, une polarité entre deux éléments qui ne peuvent exister
l’un sans l’autre. « Pile » n’est pas le contraire de « face » : il s’agit d’une seule et même pièce, qui a
évidemment deux côtés. Cette vision non dualiste ne nous est d’ailleurs pas totalement étrangère
: ne disons-nous pas qu’une personne a « les défauts de ses qualités » ? Quant aux cyclistes et aux
montagnards, ils savent bien que « montée » n’est pas le contraire de « descente » : tout dépend
du sens dans lequel on va.
Chacun de nous est relié à tout ce qui existe, car animés par le même « souffle » que les Chinois
appellent le qi (prononcer « tchi »). Fondement de l’existence et de toutes ses manifestations, cette
énergie est le matériau primordial qui se condense en donnant la vie et se dissout lorsqu’elle la
retire. A la naissance, notre qi est à l’état brut, et c’est à nous qu’il incombe de l’affiner. Notre bien-
être physique et psychique, ainsi que notre accomplissement en tant qu’être humain, dépendant
de la qualité du qi qui nous traverse. Cultiver le qi – ce que les Chinois appellent qi gong -, c’est
d’abord apprendre à bien respirer ; la maîtrise du souffle permet de se relier à la terre et de
communiquer avec tout l’univers.
Le qi n’est ni statique ni « à sens unique » : il est formé de deux énergies, le célèbre couple yin et
yang. Le premier symbolise l’obscurité, le froid, le faible, le souple, l’intériorité, donc le principe
féminin. Le second évoque la lumière, la chaleur, la force, la grandeur, la rigidité, l’extériorité, donc
le principe masculin. Que nous soyons homme ou femme, tous deux sont présents en nous. Lorsque
nous nous exprimons haut et fort, nous activons le yang ; lorsque nous écoutons et réfléchissons,
nous laissons la place au yin. En apprenant à reconnaître ces deux principes en soi, on peut
travailler à les équilibrer. En les voyant à l’œuvre dans les phénomènes extérieurs, on se retrouve
à même d’intervenir plus efficacement.
Zhong Guo, littéralement « pays du milieu », c’est ainsi que s’appelle la Chine, et ses grands penseurs
auraient aimé qu’elle soit le pays du milieu juste. Synonyme de modération et de synchronisation
des actions humaines avec les forces de l’univers, le milieu juste n’est pas un point statique entre
deux extrêmes, mais « un pôle attractif qui tire les hommes vers le haut ». Pour le représenter, les
sages chinois recouraient souvent à la métaphore du tir à l’arc : l’archer devait atteindre le cœur de
la cible au moment précis où résonnait le gong, ce qui impliquait une parfaite maîtrise du corps,
mais aussi de l’esprit. Comme lui, nous devons rechercher le milieu juste en toute chose et attendre
le « moment juste » pour passer à l’action.
Je définis mes objectifs aussi clairement Je n’exhibe pas mes biens, je ne me vante
que possible, puis me tiens prêt à décocher pas de mes succès. Ainsi j’éviterai de
ma flèche. Sans hâte ni impatience. faire des envieux.
Je sais apprécier un bon repas, mais je ne Je ne m’éparpille pas entre mille projets. Je
ma gave pas. Je ne dédaigne pas un bon me fixe sur un seul but, et ne l’abandonne
verre, mais je ne me saoule pas. pas avant de l’avoir porté à terme.
Eduquer, c’est savoir se tenir dans le Je ne hurle pas, mais sais me faire
milieu juste : je sais punir mes enfants, entendre. Je ne m’enthousiasme pas, mais
sais apprécier ce que j’ai.
et aussi les récompenser.
Pour Confucius, le grand sage sans lequel « la Chine ne serait pas ce qu’elle est », l’homme n’est
ni bon ni mauvais, il est perfectible. Ce qui distingue l’être de qualité de l’être ordinaire, c’est le
ren (prononcer « jen ») ou vertu d’humanité, cette étincelle grâce à laquelle l’homme prend
conscience de lui-même et de sa différence par rapport aux autres créatures, et s’interroge sur
la valeur morale de ses actes. Travailler à devenir pleinement humain, c’est se construire soi-
même, en partant de ses potentiels et en s’appliquant inlassablement à les développer : c’est ce que
Confucius appelle « l’étude », et qui n’est autre que le travail sur soi.
Nous savons tous que les succès de nos entreprises ne dépend pas seulement de nous, et que le
meilleur projet peut tomber à l’eau si nous le présentons au mauvais moment ou de la mauvaise
façon. Pour bien conduire son existence, il faut savoir harmoniser ses actions avec le contexte
dans lequel elles s’insérent, en comprenant la nature des énergies en présence. Le moment est-il
plutôt yin ou plutôt yang ? Faut-il agir ou attendre ? C’est là tout l’objet du Yi King ou « Livre des
changements », véritable socle de la pensée chinoise : un livre unique au monde, qui répond aux
questions que nous lui posons, en nous informant sur la qualité énergétique du moment et sur la
meilleur façon de l’utiliser.
Les chinois ne connaissent pas de Dieu créateur. Le principe supérieur est représenté par le ciel,
qui représente l’élan créatif ; sa contrepartie est la terre, symbole de réceptivité. Entre les deux se
trouve l’homme, pivot entre ciel et terre, au sommet de la pyramide du monde créé. La relation
homme-ciel est un va-et-vient constant de bas en haut et haut en bas : l’homme s’adresse au ciel
en éxecutant des rites et le ciel lui répond. Pour que tout fonctionne harmonieusement, il faut
savoir distinguer ce qui est du ressort de l’homme – et que nous appelons le libre-arbitre – et ce
qui relève de la volonté du ciel, c’est-à-dire le destin.
Mon destin est fixé à la naissance, ma Je ne me mets pas en tête de changer les
misson consiste à l’utiliser au mieux. autres. Le seul que je peux – et que je
dois – changer, c’est moi.
Chaque soir, je m’interroge : « Suis-je sûr
d’avoir fait tout ce qu’il était en mon Ma généalogie fait partie de mon destin.
pouvoir de faire ? » Pourquoi alors m’en prendre à ma famille
?
J’accepte mon vieillissement avec
sérénité. Ce qui n’empêche pas de Je ne cache pas mon âge. Parce que c’est
mettre tout en œuvre pour en freiner le inutile, et aussi parce que je sais en
apprécier les aspects positifs.
processus.
Je sais que ma perception des choses est Je ne me fais pas contaminer par
souvent erronée, je ne lui donne pas une l’agitation des autres. Quand on me
importance excessive. mets la pression, je reste courtois et
imperturbable.
Je remercie de ce que j’ai, au lieu de me
plaindre de ce que je n’ai pas. Je ne me laisse pas envahir par la peur :
c’est la pire conseillère qui soit.
Je me souviens que la vie suit la loi
de l’alternance : bonheur et malheur, Je ne crains pas la solitude mais au
maladie et santé, frustration et contraire la recherche, car c’est le seul
moyen pour me connaître moi-même.
satisfaction, rien n’ai jamais définitif.
Pour devenir un être accompli, il faut développer sa patience. Savoir attendre est une vertu très
prisée par les grands sages de la Chine ancienne, tout comme par le Yi-King, qui ne se lasse pas de
la célébrer. Lorsque l’on a accompli tout ce qu’il était en son pouvoir pour mener à bien un projet,
la seule chose qu’il reste à faire est d’attendre patiemment que la situation mûrisse. Rien ne sert
de s’agiter, de vouloir précipiter les choses, de harceler les gens. Les paysans de la Chine ancienne
savaient que le ciel finirait par leur envoyer la pluie, mais ils ne savaient pas quand : une fois
terminées les semailles, ils rentraient chez eux et se reposaient. Comme eux, il faut apprendre à
attendre, et à se détendre.
Quand les choses traînent, j’en déduis que Si une chose à laquelle je tiens ardemment
le tao m’invite à aller plus doucement. est différée, je ne me fais pas prendre
par l’anxiété. Je me concentre sur autre
Je donne du temps au temps, et profite de chose.
l’attente pour mettre de l’ordre dans ma
vie et régler les affaires en suspens. Si un coup de téléphone important tarde
à venir, je mets le répondeur, j’éteins
Je pratique le « non-agir » en m’adaptant mon portable… et je vais me promener.
au rythme naturel des choses, à la
cadence du tao. Je ne me laisse pas prendre par
l’accélération généralisée. Les autres
courent ? Je vais ralentir.
Vertu cardinale de la pensée chinoise, la modestie se calque sur une loi universelle : celle qui tend
à remplir ce qui est vide et diminuer ce qui est en excès. On est modeste quand on prend conscience
de son infinie petitesse par rapport au tout : « Je ne mes sens être qu’un caillou dans l’univers…
Comment oserais-je m’en orgueillir ? disait Tchouang Tseu. Etre modeste, c’est occuper sa juste
place, et savoir se tenir à l’intérieur d’un cadre qui s’agrandit ou se rétrécit selon les circonstances.
La modestie implique d’être sûr de soi : à quoi sert d’en rajouter si l’on a une idée précise de ses
qualités ? Elle implique aussi de savoir reconnaître ses lacunes et travailler à les combler. En toute
modestie…
Je suis toujours prêt à reconnaître mes Je ne souligne pas mes talents pour ne
défauts. Ainsi je me rends sympathique pas susciter d’hostilité.
et suis mieux accepté. Je ne me vante pas de mes succés, car je
Lorsque les circonstances le requièrent, je sais qu’ils sont relatifs et transitoires.
garde profil bas. Sans me sentir frustré Je ne confonds pas modestie et servilité
ni diminué. : rester à sa place n’est pas synonyme de
Je sais me faire entendre chaque fois que ramper.
c’est nécessaire. Mais je veille toujours à
y mettre les formes.
Lao Tseu disait que « celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas ». Confucius n’était
pas en reste et se méfiait comme de la peste de langage et de ses pièges. A la séduction des beaux
discours, il préfèrait l’harmonie du geste ; aux bavardages de ses contemporains, le son céleste de
la musique. Le maître pesait ses mots et ne supportait pas ceux qui en faisant mauvais usage.
A son image, il faut don prêter plus d’attention à ce que l’on dit, car le langage est un outil
difficile à maîtrise : on regrette plus souvent d’avoir parlé que d’avoir tenu sa langue, une phrase
malheureuse peut suffire à gâter une amitié ou compromettre une carrière.
Je ne parle que si j’ai quelque chose à dire Je me garde des expressions toutes faites :
et je ne m’exprime que sur ce que je sais. elles banalisent mon discours et enlèvent
toute force à mon propos.
Ma façon de parler révèle qui je suis
: je soigne mon vocabulaire et ma Je ne tourne pas autour du pot et exprime
grammaire, mais aussi ma diction et le mes requêtes de façon aussi directe
ton de ma voix. que possible : mes interlocuteurs m’en
sauront gré.
Les dérives de langage sont très
contagieuses. Si autour de moi les gens Je ne colporte pas de ragots, car je tiens
à l’estime et à la confiance de mon
s’expriment n’importe comment, je vais
entourage.
devoir redoubler d’attention.
C’est dans la piété filiale, le système relationnel initial institué par Confucius, encore en vigueur
aujourd’hui, que le très grand respect porté par les Chinois aux plus âgés puisent ses origines. La
famille est le modèle sur lequel l’individu réglera, tout au long de sa vie, sa façon de se comporter
avec les autres. Avec les plus âgés, il se conduit comme avec son père et mère : si la différence
d’âge est moindre, il se calque sur la relation aîné-cadet. Ce système permet de toujours se sentir
à sa place et de ne jamais commettre d’impairs vis-à-vis de personnes que l’on ne connaît pas. Ce
serait une bonne idée de s’en inspirer, en commençant par faire preuve de plus de considération
et d’affection envers les personnes âgées.
Je sais que les anciens souffrent de leur invisibilité. Aider qui est plus vieux que moi n’est
Je les regarde et les écoute avec intérêt, car ils ont pas « faire une BA ». C’est simplement
toujours quelque chose à m’apprendre. me conduire en être humain.
Aimer et respecter les plus âgés est affaire de bon Mépriser les « vieux », c’est faire preuve
sens : je les traite comme je voudrais être traité à d’ignorance. Et se condamner à mal
leur âge. vieillir.
Tout comme l’amour, l’amitié ne vas pas de soi et mérite les plus grands égards. Confucius ne
s’intéressait guère au premier, mais beaucoup à la seconde, et ses conseils en matière d’amitié sont
d’une étonnante actualité. Sa première recommandation concerne les critères de choix : si les valeurs
de l’autre sont trop différentes des miennes, il ne pourra jamais y avoir de véritable échange. Vient
ensuite l’honnêteté : il faut toujours dire ce que l’on pense, même si ce n’est pas plaisant. La loyauté
est un autre ingrédient fondamental : on se doit d’être fidèle à ses amis en toutes circonstances et
de ne jamais déroger à ses engagements. Pour finir, il faut savoir reconnaître leurs talents et les
encourager à les développer.
Je suis sincère avec mes amis et n’hésite Je ne choisis pas mes amis pour les avantages
pas à les mettre en garde lorsque je pense que je pourrais en retirer : l’amitié n’a rien
qu’ils se trompent. Mais je le fais avec à voir avec l’opportunisme.
tact. Je me méfie des solutions de facilité : le
Je me montre tel que je suis : les masques voisinage n’est pas un critère suffisant,
n’ont pas leur place en amitié. seules comptent les réelles affinités.
Au début d’une relation, je maîtrise mon Je n’encourage pas les défauts de mes amis.
enthousiasme : une amitié se construit Je n’offre pas d’alcool à quelqu’un qui boit
trop, ni de cigarettes à qui veut arrêter de
pas à pas.
fumer.
Le bambou représente la limitation, symbolisée par les nœuds de sa tige. Tout comme les
bouddhistes, les grands sages taoïstes ne cessent de nous mettre en garde sur l’attachement excessif
aux biens matériels. L’argent et les possessions ne sont pas de mauvaises choses, mais l’être de
qualité les mets à leur juste place, qui n’est pas la première, mais vient après sa vie intérieure et
son accomplissement spirituel. « Sur cent projets d’un riche, il y en a quatre-vingt-dix-neuf pour
le devenir d’avantage », dit un proverbe chinois. Le problème n’est pas l’argent lui-même, mais
la dépendance qu’il tend à créer : plus on en a, plus on voudrait en avoir. S’efforcer de limiter son
avidité est essentiel, car celle-ci éloigne de soi et fait oublier le tao.
Je sais que le but d’une existence humaine est Je cesse de me comparer à ceux qui ont
de s’enrichir. Mais cet enrichissement n’a plus que moi, j’essaie de me comparer à
rien à voir avec les possessions matérielles. ceux qui ont moins.
Pour devenir un être accompli, il faut savoir renoncer à tout ce qui encombre l’existence et éloigne
du tao. Cinq cents ans avant notre ère, les grands sages chinois exhortaient déjà leurs semblables
à simplifier leur vie, à ne pas s’éparpiller ni se laisser contaminer par la frénésie ambiante : qui
sait ce qu’ils diraient s’ils voyaient où nous sommes arrivés… Tel un jardinier qui élague sa haie,
chacun doit peu à peu éliminer les activités superflues pour pouvoir se concentrer sur l’essentiel.
Gaspiller son temps libre revient à se gaspiller soi-même : il faut donc cesser de perdre son temps
dans des occupations qui n’apportent rien et n’ont rien à voir avec ses vrais intérêts.
J’oublie la frénésie du « faire » et m’exerce à Je ne lis pas un livre parce que tout le
pratiquer le « non-faire » ; je retrouve mon monde en parle ou parce qu’il a plu au
rythme naturel et découvre les bienfaits de la voisin. Mes lectures doivent suivre un fil
lenteur. conducteur.
Dans mes loisirs, je mise sur l’enrichissement Je ne donne pas de rendez-vous dans des
plutôt que sur le divertissement, j’apprends endroits bruyants : comment écouter mes
à dire non aux invitations qui ne m’intéresse amis si je ne m’entends pas penser ?
pas. Je ne force personne à me suivre dans
mes loisirs. Chacun doit utiliser son
Je tente une journée sans télévision ni téléphone
temps libre comme il l’entend.
portable. Et j’en tire les conclusions.
Confucius a évoqué à maintes reprises la primauté du geste sur la parole. Pour évaluer un
interlocuteur, il ne se contentait pas de l’écouter : il le regardait avec attention. Lorsque le maître
nous conseille d’observer les autres, ce n’est pas dans le but de les critiquer mais de mieux les
connaître. La chose la plus difficile étant de se voir tel que l’on est, les défauts des autres doivent
être vus comme des avertissements : si nous les remarquons, c’est probablement parce qu’ils nous
concernent de très près. Il faut donc s’habituer à mieux observer tout ce qui se trouve autour de
soi, ce qui oblige à moins parler. Car dès que l’on ouvre sa bouche, la perception diminue.
Chaque fois que je note un défaut chez Je me garde du regard superficiel, qui
une personne, je me demande si je n’ai balaie sans se fixer et regarde sans voir.
pas le même. Observer ne veut pas dire juger. Mon
J’observe avec attention les maisons des regard doit être attentif, mais sans a
autres : elles en disent long sur leurs priori ni malveillance.
occupants. Je ne me fixe pas sur ma petite personne
Chez une personne, je note l’habillement, : c’est le meilleur moyen pour ne rien
le type de voiture, le sport et les loisirs voir de ce qui passe autour de moi.
qu’elle pratique : tout est message, tout
est langage.
Pour la sagesse chinoise, entretenir son corps est avant tout un acte moral. Notre corps ne nous
appartiens pas, c’est « une forme qui nous est fournie par le ciel et la terre », disant Tchouang Tseu,
une manifestation du qi sous sa forme la plus condensée : notre santé dépend de la circulation
harmonieuse de cette énergie le long de canaux appelés méridiens. Maintenir son corps tel qu’il
nous a été « confié » n’est pas suffisant, nous devons travailler à en optimiser toutes les potentialités.
Corps et esprit sont intimement liés : en agissant sur le premier, nous perfectionnons le second.
Il faut avoir conscience de cette unité profonde et sentir combien l’exercice physique régulier est
capital pour l’équilibre intérieur.
Pour savoir dans quel état d’esprit je Aller au-delà de ces forces est contre nature,
me trouve, j’écoute mon corps : c’est aussi le sage ne se fatigue t’il jamais. En
le meilleur baromètre de mon état respectant son corps, il se conforme à son tao.
intérieur. Je ne saute pas le déjeuner, je ne mange
Je fais du sport « pour » mon corps et pas devant mon ordinateur. Je prends mes
non pas « contre » lui : j’oublie le culte repas dans le calme et fais attention à bien
de la performance et progresse à mon mâcher.
rythme. Les excès alimentaires dénotent une
mauvaise écoute de notre corps : celui-ci sait
En soignant l’harmonie de mes gestes, je
très bien nous dire quant il est rassasié.
renforce mon harmonie intérieure.
Le TAO
Lawrence
Janvier 2005