XVII : au fil de l’âme

Livre de base

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 Crédits

Écriture
Bastien Lyonnet, Marc Aubert

Relectures
Annick, Isabelle-Sophie, Jeanne

Mise en page
Marc Aubert

Illustration de couverture
Pierrick Martinez

Remerciements
Merci à Hadrien R. pour ses bonnes idees et la réflexion qu’il nous a apportée. Merci à Chaodisiaque et à ses
membres pour leur soutien.

Un très grand merci à ceux qui ont testé XVII en tant que MJ, leurs retours ont été très précieux : Nico,
Aurore, Cyrille.

Merci à tous ceux qui nous ont aidé à tester ce jeu durant plusieurs années : Gaëtan, Édouard, Cyrille,
Luiz, JM, Raphaël, Franck, Jeanne, Matthieu, Jonathan, Fabien, Thibault, Mathieu M., Mathieu A.,
Isabelle-Sophie, François, Sander, Martijn, Sabine, Inge, Maud, Léo.

Licence
L’intégralité du texte de cet ouvrage est la propriété de ses auteurs. Toute reproduction intégrale ou partielle,
faite par quelque procédé que ce soit sans autorisation est illicite, à l’exclusion de courtes citations dans des
articles présentant le jeu, est illicite.

Jeu édité par La Plume de Cyrano © octobre 2015

ISBN 978-2-9553155-0-7
Imprimé par Les Grandes Imprimeries www.lesgrandesimprimeries.com

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 Table des matières
Journal du professeur 5 L’évolution103
Compétences, attributs et panache 103
Incarner un possédé en plein XVII siècle ème
Avantages et Désavantages 104
11 Écoles et Techniques 104

Bienvenue au XVIIème siècle ! 11

Rimes et escrime 121
Les thèmes du jeu 12
Types de personnages de XVII : au fil de l’âme 12
Et les races fantastiques ? 13 L’Europe au XVIIème siècle 125
Le système de Jeu : le système FAST  13
Chronologie125
Contenu du livre de base 13
Société européenne 131
L’ancien régime 133
Le système 15 Le costume 139
Les bases de XVII15 Armement et combat 141
Le combat 17 La nouvelle administration «extraordinaire» 142
Les attaques ciblées et l’escrime 20 Justice144
Les dangers de l’aventure 24 Comment devenir noble ? 146
Contacts29 Croyances populaires et liens avec le surnaturel 146
Les compétences 31 États et Nations du XVII ème
siècle 149
Description des compétences 31
Armes, armures, biens et services 38 Paris 1648  161

Création d’un possédé 49 Dans le monde des esprits 169

Classe Sociale 49
Abominations169
Nation49
La fusion 170
Religion51
Caractère des esprits 170
Métiers52
Comportement des esprits 173
Personnification57
Les actes de mémoire 178
Création pour joueur expérimenté 58
Et les esprits ? 58
Les clans et les esprits influents au XVIIème
Personnages pré-tirés 58
siècle181
Avantages & Désavantages 67 Les clans 181
Esprits majeurs 186
Avantages67
Les chasseurs de possédés 186
Désavantages70
Sortilèges : Purification 189

L’équarrisseur de la Guillotière 73 Les Rituels 191

Les esprits 77 Aux côtés du créateur 199

Nature de l’esprit 77
Préparer un scénario de XVII : au fil de l’âme 199
Le lien entre le possédé et l’esprit 78
Pendant la séance 204
Pouvoir et Contrôle de soi 79
Conseils pour les combats 208
Création d’un esprit 82
PNJs et Adversaires 212
Synopsis214
Domaines de pouvoir & Sortilèges 93
Connaître les Sortilèges 93 Campagne : l ’assassin des rois 219
Les Maîtres de la matière 94
Introduction219
Les Maîtres des sens 96
Partie 1 : Mentors et Exploration 220
Les Maîtres de l’âme 98
Partie 2 : Vengeance 225
Les Maîtres du surnaturel 100
Partie 3 : Paris et ses mystères 227
Partie 4 : Sauvetage 230

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 Chapitre I
Journal du professeur
Journal de notes, 13 juin 1648
Je l’ai échappé belle ! Ces maudits huguenots et
les travaux de leur hôtel particulier, ça a failli me coû-
ter la vie ! Un ouvrier a laissé échapper la corde qui
retenait une poutre. Elle est tombée sur ma tête alors
que je passais dans la rue. Ils auraient voulu me tuer
qu’ils n’auraient pas agi autrement. J’ai beaucoup de
chance d’être encore en vie.
Le médecin vient de partir. J’ai perdu du sang
et mon crâne est fracturé mais je suis vivant et lucide.
D’après lui, c’est un miracle. Mais quoi qu’il en dise,
je suis fatigué. Je reprendrai mes notes demain.
Journal de notes, 15 juin 1648
Je crois que je deviens fou. Depuis hier, j’en-
tends une personne qui me parle même quand je suis
seul. À chaque fois, je crois qu’il y a quelqu’un der-
rière moi mais je ne vois que mon vieux chien qui
ronfle. Je dois appeler le médecin, ce sont peut-être
les herbes médicinales pour mon mal de crâne. Diem
Perdidi, j’ai perdu ma journée. Je suis toujours inca-
pable de reprendre le travail et je pense rester alité
un moment.
Journal de notes, 16 juin 1648
La voix continue à me parler. Il prétend s’ap-
peler Lucius. Il dit qu’il sera toujours avec moi main-
tenant. J’ai du mal à comprendre mais la voix est
apaisante, elle dit vouloir m’aider.
J’ai parlé au médecin de mes maux de tête,
d’après lui c’est peut-être dû au choc de la poutre.
Je me parlerais à moi-même comme pour me prouver
que je suis vivant. Il a préconisé une saignée pour pu-
rifier mon sang. Je l’ai laissé faire malgré les paroles
de Lucius qui vilipendaient une médecine archaïque.
Curieux.
Journal de notes, 21 juin 1648
J’ai moins mal à la tête. Mes forces physiques
me reviennent. Je ne sais pas si c’est vraiment lié mais
Lucius dit qu’il est responsable de moi, qu’il a pris
soin de mon corps.
Fait curieux, je peux lui poser des questions et
il me répond, il répond sur des sujets sur lesquels je
n’ai aucune connaissance. Il connait des régions où
je ne suis jamais allé. C’est étonnant, je croyais que
Lucius était une part de moi-même alors comment
cela se fait-il ?
Journal de notes, 25 juin 1648
C’était évident. Comment n’y ai-je pas pensé
plus tôt. Je suis possédé. Lucius n’est pas une partie
de moi mais bien un esprit vagabond qui s’est emparé
de mon corps. C’est le sermon du prêtre ce dimanche
qui m’a éclairé. Quand j’ai interrogé l’esprit, il n’a
pas essayé de se cacher. Il confirme que je suis pos-
sédé. Mais il ne se dit pas maléfique. Il est vrai que
mon crâne est maintenant parfaitement rétabli, je n’ai
même pas de cicatrice. Et ce serait l’œuvre de Lu-
cius ? Je devrais peut être en parler à l’abbé demain.
Journal de notes, 26 juin 1648
Lucius a de vrais pouvoirs sur moi. Il m’a em-
pêché d’aller quérir l’abbé. Il criait dans ma tête que
tout ce que je gagnerais serait une trépanation. Je
n’ai jamais pu monter dans le coche, cet esprit contrô-
lait mon corps  ! Une telle sensation est répugnante,
un vrai sentiment d’impuissance totale. Je me sentais
comme spectateur de mes propres actions. Lucius est
démoniaque. Il m’a sans doute permis de survivre à
cet accident mais ce n’est que pour s’emparer de mon
corps, je le sais maintenant. Je dois l’en empêcher.
Journal de notes, 2 juillet 1648
Les choses vont mieux. Je suis retourné à l’université
donner mes cours. Je vois avec plaisir que j’ai toutes mes
capacités intellectuelles.
Concernant Lucius, j’ai décidé d’en apprendre plus
à son sujet. Je m’intéresse à lui, je lui parle dans ma tête
pour qu’il me donne plus d’informations sur son être. J’es-
père qu’il se trahira sur ses motivations ou que je trouverai
un moyen de le chasser. Mais il est fourbe. Il connaît bien

Chapitre I - Journal du professeur
Johannes Vermeer - L’astronome (1668)
Musée du Louvre, Paris
des ruses et semble très patient. Il prétend avoir déjà vécu
de nombreuses vies dans d’autres corps. C’est pour-
quoi il sait tellement de choses. Il s’est même permis
de critiquer un de mes cours juridiques. Cela blesse
mon orgueil mais je suis bien obligé d’admettre qu’il
avait raison.
Au moins, il ne tente plus de contrôler mon
corps.
Journal de notes, 4 juillet 1648
Lucius vient de me sauver la vie. Encore. Alors
que je revenais de la place de grève, il m’a alerté au
moment où je passais devant la maison de mes voi-
sins. D’un réflexe fortuit, je sautai de côté et évitai
de peu une nouvelle poutre qui tombait. J’étais hé-
bété et fou de rage. Le traître de huguenot est tout
de suite venu se pourfendre en excuses. Je l’ai insulté
avec tout le fiel que j’avais contre ceux de son espèce.
Mais le fait est que Lucius m’a sauvé. Il m’a dit
qu’il tenait à moi, qu’il trouvait la vie de l’université
de Paris amusante. Il m’a dit avoir vu la poutre tom-
ber à travers mes yeux. Mais moi je ne l’ai pas vue ?
Je ne comprends pas.
J’ai demandé à Lucius ce qui se passerait si je
mourais. Il m’a répondu laconiquement que pour lui,
ça ne changeait rien. Il ne mourra pas, ne souffrira
pas. Il sera peut-être un peu triste mais c’est tout. Il
s’en ira vers un autre bougre qu’il possèdera pour ten-
6
ter de l’aider. Je commence à comprendre quelle
a été la vie de cet esprit avant moi.
Journal de notes, 16 juillet 1648
Lucius m’a parlé de ses pouvoirs au-
jourd’hui. C’est assez stupéfiant. Il m’a dit que
plus notre lien serait fort et plus je pourrais en
profiter. En plus de sa connaissance, il m’offre
de décupler ma volonté, de me donner le pouvoir
sur la matière. J’hésite. Je ne sais toujours pas si
je peux lui faire confiance et il renâcle toujours
à aller voir l’abbé. D’après Lucius, l’Église ne
comprendrait pas, elle prônerait l’hérésie et me
livrerait à l’inquisition. Je ne peux que lui donner
raison. Aucun humain ne peut m’aider. Peut-être
si j’arrive à trouver un autre possédé...
Journal de notes, 19 juillet 1648
Lucius m’a donné sa puissance. La pre-
mière fois son pouvoir m’a inondé, je n’ai pas
su le maîtriser. Je me suis retrouvé à terre, les
yeux voilés de sang, la tête endolorie comme
prête à exploser. L’esprit était euphorique mais
patient. Il m’a expliqué toutes les étapes et je
ne peux que reconnaître ses grands pouvoirs.
D’après Lucius, je suis assez sage pour les
utiliser, pour les maîtriser. J’ai l’impression
d’avoir touché un secret du Tout Puissant.
Je partage un secret du monde qui n’était
connu que du Créateur.
Journal de notes, 21 juillet 1648
La dernière semaine a été très instructive. Lu-
cius m’est d’une grande aide dans mon travail. Sa
connaissance des lois dépasse celles des grands sages
de l’université. Mes argumentations sont plus poin-
tues, s’appuyant sur l’approche historique de Lucius
et ma connaissance du monde actuel. Et si l’esprit
continue de m’aider et de me conseiller ainsi, je de-
vrais bientôt faire partie de ces sages. J’impose dé-
sormais le respect à mes collègues. C’est assez plai-
sant je dois avouer.
Mes voisins huguenots se cachent. Dès que j’ar-
rive dans la rue, ils rentrent dans leur maisonnée ou
font mine de ne pas me voir. Ils ont peur je crois.
Tant mieux.
Journal de notes, 28 juillet 1648
La tension monte dans la capitale de Francie.
Le soleil d’été tape sur les esprits faibles. Alors que
je passais dans une ruelle près de la Sorbonne, j’ai
été pris à parti par une bande de trois malandrins.
Ces derniers m’ont accusé d’être un homme de main
du cardinal Mazarin, « l’Italien ». Sans autre forme
de procès et en plein jour, ils m’ont attaqué. Éton-
né par cette haine soudaine, j’ai mis du temps à réagir.
Les premiers coups de poings m’ont envoyé à terre alors
que des coups de bottes martelaient mon dos et mon bas-
ventre. Moi qui n’ai jamais été un combattant, j’ai crié à
l’aide. Mais les seules personnes présentes dans la rue ont
baissé les yeux et filé bien vite. Personne ne veut
aider un homme du Mazarin.
C’est à ce moment que Lucius s’est manifes-
té. Il m’a dit d’utiliser ses pouvoirs, il m’a guidé.
Ensemble avec Lucius, on a le pouvoir sur la ma-
tière. J’ai projeté toute ma volonté sur celui qui me
martelait le ventre à coups de pied. Le malandrin a
été projeté à 5 mètres avec un atterrissage splendide
sur son postérieur. Profitant de l’air hébété des deux
autres, je me suis relevé et je me suis mis à courir
vers les faubourgs. Ils m’ont poursuivi. J’ai alors re-
lâché les pouvoirs de l’esprit sans retenue. Tous les
objets présents dans la rue ont volé dans leur direc-
tion. Une véritable tempête de vieux bouts de toile
déchirée, de tonneaux éventrés, d’étriers rouillés et
de déjections putrides. Ils ont fui en criant mais je ne
suis pas resté à les regarder.
Je me suis barricadé chez moi. J’espère que
personne ne viendra me poser de questions sur ces
malandrins.
Journal de notes, 3 août 1648
Je suis en pleine interrogation. Les esprits sont
tout et rien. Ils existent, c’est certain, mais d’où
viennent-ils ? Qui les a créés ? Est-ce Dieu ? Sont-ils
des divinités païennes refoulées ? Ou alors des habi-
tants célestes venant nous visiter ? À moins que ce
ne soient bien des esprits s’échappant de leur tombe
pour accomplir un dernier but ? Ou peut-être rien de
tout cela. Car, d’après Lucius, ils ne s’en souviennent
pas. Les esprits sont déficients, leur mémoire ne re-
couvre pas toutes leurs vies passées. Quelle tristesse,
tout ce savoir perdu. Les plus assidus, toujours
d’après Lucius, ne se souviennent que des mille der-
nières années. Lucius prétend avoir des souvenirs qui
remontent au règne de Charlemagne et il en est fier !
Une grande aide pour tous les historiens et généalo-
gistes. Mais ça ne répond pas à mes interrogations.
Lucius m’a dit qu’il existe une légende parmi
les esprits. Il se raconte qu’un des leurs sait tout sur
tout depuis la création, qu’il est partout, contrôle
tout mais ne fait rien. Que ce serait le premier
d’entre eux et aussi et dernier. Ce langage sibyllin
ne me plaisait guère mais le pauvre Lucius semble y
croire. Ce grand esprit aurait la mémoire de l’éter-
nité. Il saurait tout. Lucius le nomme Le Créateur.
Quand je lui ai demandé s’il l’avait déjà rencontré
ou s’il avait vu ses œuvres, Lucius me répondit que
non ; seulement un esprit qui tient d’un autre ré-
ceptacle une vision fugace du Créateur s’incarnant
dans un réceptacle qu’il détruit. Ou encore un autre
esprit, un vrai démon destructeur disant qu’il avait
reçu un message du Créateur lui-même.
Un vrai mystère.
Sinon, j’ai l’impression qu’on me suit depuis
quelques jours. Mais à chaque fois que je me re-
tourne, je ne vois qu’une ombre fugace qui s’efface.
Sûrement une hallucination avec le stress de ces der-
niers jours.
Journal de notes, 13 août 1648
Je suis énervé. Alors que je rentrais chez moi,
j’ai vu ma porte ouverte, fracturée. Mes affaires
étaient renversées, fouillées. Les vieux bijoux de ma
défunte femme ont disparu et mon chien est mort.
Je ne peux exprimer la haine qui m’habite. Je soup-
çonne mes voisins. Ça ne peut être qu’eux. Ces ré-
pugnants personnages, ces vilains, ces croquants, ils
lorgnent sur ma demeure depuis bien trop longtemps.
Ils attendent ma mort après celle de ma femme. Ne
pouvant plus attendre, ils sont passés à l’acte. Sans
Lucius, ils auraient déjà gagné.
M’agresser dans ce moment de joie qui devrait
voir l’union de tout le royaume, ce ne peut être que
l’œuvre de personnes abjectes. Oui, car la journée
avait plutôt bien commencé. Ce matin, Te Deum a
Chapitre I - Journal du professeur
été donné à Notre-Dame en l’honneur des victoires
obtenues par nos braves soldats et par le maréchal
de Bourbon-Condé pour la gloire du jeune roi de
France. J’y étais bien sûr. Accompagné de mes pairs
de l’université, nous avons célébré la défaite espa-
gnole avec le peuple. J’étais enthousiaste.
Mais voilà que les huguenots hérétiques pro-
fitent de mon absence. Je ne suis pas tranquille.
Je dois réfléchir.
Journal de notes, 14 août 1648
Je suis allé voir mon voisin ce matin. Cette
raclure ne m’a même pas laissé entrer chez lui. On
s’est expliqué sur le pas de la porte. J’étais furieux
et à juste titre. J’ai réussi à grand-peine à obtenir
des excuses pour l’attentat dont j’ai fait l’objet. Inté-
rieurement, la colère me rendait fou, mais j’ai réussi
à me contenir.
Lucius est très inquiet. Il a passé toute la jour-
née à me parler. Il prétend que ce n’était peut-être
pas un simple cambriolage. Lui qui est d’habitude
si posé semble subitement succomber à la panique.
Il m’a dit avoir rencontré d’autres esprits, d’autres
possédés dans ses vies antérieures. Et ces derniers
sont pour le moins peu sympathiques. L’esprit me
dit que je serais plus à l’abri à la campagne. Je ne
sais pas si c’est lié mais il est vrai que j’ai déjà été
attaqué une fois. Cependant, je refuse de laisser ma
maison vide avec ces huguenots qui rôdent à côté.
Journal de notes, 15 août 1648
La ville s’est rebellée contre le Mazarin qui a
fait emprisonner le bon Omer Talon, grand maître
du parlement de Paris. Le peuple et les milices bour-
geoises ont monté des barricades dans toutes les rues, la
violence est partout. C’est l’anarchie.
Journal de notes, 17 août 1648
Ceux dont Lucius parlait sont revenus tout à l’heure.
Trois hommes portant cape et masque m’ont forcé à les
suivre à la sortie de l’université. Ils m’ont violemment
7
Chapitre I - Journal du professeur
Stanislas Lépine - Pont de la Tournelle (1862)
National Gallery of art, Washington
poussé dans un carrosse qui a démarré sans attendre. Je
les ai interrogés mais je n’ai reçu qu’un soufflet pour toute
réponse. Je reconnus alors l’ombre qui me suivait dans les
couloirs de l’université. Lucius m’a hurlé de me taire. Il a
paniqué. La peur m’a saisi les tripes.
Le plus petit des trois ravisseurs a abaissé son
masque. Son visage est marqué de trous, sans doute la
petite vérole. Il m’a alors parlé de Lucius, il sait que je suis
possédé. Il m’a parlé tout en s’adressant à l’esprit. Tout
s’est passé comme si j’avais été un spectateur. Ils veulent
l’esprit, ils veulent le faire parler et l’emprisonner.
Lucius m’a alors dit que la seule façon d’emprisonner
un esprit, un être immatériel comme lui, était d’enfermer
l’être humain, l’hôte qui l’accueillait. J’ai paniqué. Je me
suis jeté de toutes mes forces sur la porte mais une force
plus grande encore m’a propulsé sur mon siège. Le petit
homme au visage marqué est un possédé lui aussi et son
pouvoir dépasse largement le mien.
Sous le choc, je n’ai pas entendu les cris du cocher
répondant à ceux de la rue. La foule en furie cria « à mort
les sbires du cardinal » puis se saisit du carrosse qui a com-
mencé à tanguer. En jetant un regard furtif par la fenêtre,
j’ai vu qu’on traversait alors le Pont Neuf qui enjambait
la rivière de Seine. Des émeutiers l’avaient barricadé et ils
s’attaquaient maintenant au carrosse de nobles représen-
tant le pouvoir. L’erreur des émeutiers pouvait me sauver.
J’ai entendu le cocher donner des coups de fouet dans la
foule pour dégager la place alors que le petit chef s’est levé.
Il a dit vouloir « forcer ces gueux à faire place ». Mal lui en
8
prit. C’est au moment où il s’approchait de la fenêtre que
le carrosse s’est renversé.
Hébété, je me suis extrait tant bien que mal. La foule
criant sa victoire m’a assourdi alors que le cocher tombé à
terre se faisait rouer de coup. Du sang d’une blessure sur
le front me coulait dans les yeux, donnant une teinte rouge
à la foule d’émeutiers. Le petit chef s’est retrouvé coincé
sous le carrosse, seule sa cape dépassait encore. Mort, sans
doute. J’ai titubé pour m’avancer dans la foule, espérant
disparaître. En me retournant, j’ai vu un de mes ravisseurs,
l’espion, s’extraire à son tour du carrosse. Tout en sortant
sa rapière, il a crié « sois maudit, possédé ! ». Il a donné
de grands coups pour que la plèbe s’écarte et il m’a donné
la chasse. J’ai couru à en perdre haleine, m’enfonçant dans
la foule des émeutiers. Je jouai des coudes comme jamais.
Mais c’était insuffisant. Je dépassais la barricade du Pont
Neuf quand il m’a rattrapé. Sa lame entailla mon flanc et
je tombai en avant, les gens s’écartant devant moi. Je me
retournai pour faire face. Toutes les personnes présentes
alors sont restées comme tétanisées devant l’homme qui
telle une furie antique me chargeait de sa lame. J’étais
là, à terre, prêt à être mis à mort au milieu de la plèbe
parisienne. Non ! Je ne voulais pas que cela finisse ainsi.
Avec une rapidité dont je ne me croyais pas capable, j’es-
quivai son estocade. Avec panache, j’ai alors fait face à mon
agresseur. Il armait déjà un autre coup. Utilisant toute la
puissance des pouvoirs de Lucius dont je disposais j’ai alors
projeté ce matamore contre le mur d’une échoppe. Un choc
d’une telle puissance qu’il fut assommé sur le coup, sa lame
tombant dans le caniveau.
Sous les cris de surprise de la foule, j’ai couru à en
perdre haleine, sans jamais jeter un seul regard en arrière.
Avoir la mort aux trousses vous oblige à aller de l’avant.
Maintenant je suis chez moi. Lucius est comme un
être humain. Un homme très vieux qui a ses amis et ses
ennemis. Et ces derniers l’ont retrouvé, ils m’ont trouvé.
J’emporte quelques affaires et je quitte la capitale. J’espère
pouvoir passer les barrages et éviter les combats de cette
guerre civile qui démarre.
Ma vie prend un nouveau départ.
Chapitre I - Journal du professeur
9
Chapitre I - Journal du professeur

10
 Chapitre II
Incarner un possédé
en plein XVII siècle
ème
Comme disait le célèbre mathématicien René Des-
cartes :
Pour examiner la vérité, il est besoin, une fois
dans sa vie, de mettre toute chose en doute
autant qu’il se peut.
Vous croyez qu’il parlait de sa fameuse «méthode
scientifique» ? Peut-être. À moins qu’il désirât seulement
ouvrir l’esprit de ses contemporains. En plein XVIIème
siècle, l’esprit humain repousse les limites de l’inconnu. On
découvre des terres nouvelles, des pays entiers, de nou-
veaux aliments, de nouvelles plantes aux effets étranges.
On analyse les astres, le corps humain, l’architecture. Mais
il reste toujours une part de mystère dans le monde. Les
sciences peuvent-elles vraiment tout expliquer ?
Non ami lecteur. Je te le dis rien qu’à toi, mais le sur-
naturel est à l’œuvre. Les légendes de sorcières, d’hommes-
loups, de pont du diable, d’apparitions fantomatiques, de
femmes blanches, d’alchimie, tout ceci a un fond de vérité
et une unique origine. Ce sont plus que des divagations
abusives d’êtres humains imaginatifs. Ce sont les possédés.
Bienvenue au
XVIIème siècle !
XVII : au fil de l’âme est un jeu de rôle que l’on
peut apparenter au genre «historique fantastique». Dans la
France de Louis XIII et de Louis XIV, vous allez incarner
un homme du siècle qui sera soudainement possédé par un
esprit. Ni démoniaque ni vraiment bienveillant, cet esprit
a un caractère, des aspirations et des buts qui lui sont
propres.
En tant que joueur vous allez devoir composer avec
les exigences de votre époque, la suspicion de l’Église et de
vos contemporains envers le surnaturel, mais aussi avec les
autres possédés qui n’ont pas toujours les même objectifs
que vous.
Siècle des mousquetaires, le XVIIème est aussi une pé-
riode propice à l’aventure. Aussi, enfilez vos bottes hautes,
mettez votre plus beau chapeau de feutre, et glissez votre
rapière à votre côté avant d’aller défier les faquins et les
vilains dans des défis de rimes ou d’escrime. XVII : au fil de
l’âme est un jeu plein de panache, certes, mais c’est aussi
un jeu mystérieux où le surnaturel et les luttes de pouvoir
ne sont jamais loin.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un jeu histo-
rique. On s’appuie sur l’Histoire, sur les grands évènements
et les grands hommes du siècle afin de donner de grands
scénarios et des parties mémorables. Il n’y a toutefois au-
cune obligation de suivre le déroulement historique des
évènements, le maître du jeu et les joueurs sont encouragés
à sortir des sentiers balisés et de proposer leur propre ver-
sion de l’Histoire du XVIIème.
Le livre, et principalement la section réservée au MJ,
contient des informations sommaires pour connaître mieux
cette période. Les luttes de pouvoir entre les différentes
puissances européennes, l’avènement de Louis XIV ou la
guerre civile de La Fronde vont servir de décor au jeu.
 Les thèmes du jeu
Chapitre II - Incarner un posédé en plein XVIIème siècle
Le thème principal sera le pouvoir, la façon de l’acqué-
rir et les sacrifices nécessaires pour le conserver. L’esprit qui
occupe en permanence le corps du PJ sera là pour apporter
sa puissance surnaturelle au personnage, qui ne devra pas
y perdre son âme. Le pouvoir mystique du PJ est donc un
thème mais aussi le pouvoir matériel avec une augmenta-
tion des responsabilités, des titres de propriétés, ... Le mys-
tère sera un autre thème abordé de part et d’autres pour
lever le voile sur la nature des esprits, mystère renforcé par
le fait que les personnages devront cacher leur condition de
possédé aux yeux de l’Église et du monde. Enfin, l’horreur
pourra prendre place quand les humains laisseront cours
à leurs désirs les plus abjects, rendus possibles grâce aux
pouvoirs que les esprits ont rendu accessibles.
Autre thème abordé : la nature de l’être. En effet, la
véritable nature des esprits est inconnue des personnages
joueurs. Que pense être l’esprit ? Comment le possédé le
considère ? Comment les autres mortels le considèrent ?
Comment les autres esprits se considèrent ? Et enfin quelle
est la vérité derrière tout cela ? Autant de questions pour
autant d’aventures.
Les sources d’inspiration sur cette période sont légion.
Au niveau littéraire, on peut citer Les Trois Mousquetaires,
d’Alexandre Dumas et Cyrano de Bergerac, d’Edmond
Rostand pour le panache et l’aventure.
Du point de vue cinématographique, on peut citer de
nombreux films de cape et d’épée : Le Bossu, Cyrano, Mo-
lière, Le masque de Fer, Le Masque de Zorro (les scènes
d’escrime sont de qualité). Ridicule permet de se faire une
idée de l’ambiance à la cour de Louis XIV.
Pour le côté possession, une bonne inspiration est En-
tretien avec un Vampire, le corps étant hanté par la bête
et l’appel du sang. L’ambiance des parties peut aussi se
rapprocher de Sleepy Hollow.
La BD De Capes et de Crocs sera aussi une forte ins-
piration (au niveau de la verve et du panache toujours).
L’univers se trouvera finalement entre ceux des Secrets
de la Septième Mer (pour le côté gentilhomme plein de
panache) et celui de Vampire la Mascarade (pour le côté
obscur des PJs qui devront cacher leur nature aux yeux du
peuple et de l’Église).
Types de personnages de
XVII : au fil de l’âme
Les personnages sont des humains ordinaires qui se
verront soudainement possédés par un esprit. Ce dernier
poussera le personnage à utiliser ses pouvoirs bien que ces
émanations surnaturelles puissent paraître contraires à
la religion. En utilisant leurs nouveaux pouvoirs, les PJs
deviendront des héros aux yeux du peuple, des gentils-
12
hommes, des bretteurs redoutables, de riches marchands,
des nobles dirigeant l’armée royale. Ils pourront peu à peu
changer l’Histoire pour y appliquer leur vision du monde,
ou celle de leur esprit.
L’évolution sera possible au niveau des caractéris-
tiques physiques et mentales comme des surnaturelles,
mais toujours le système restera réaliste, rendant tous les
PJs tuables en trois coups d’épée, peut-être quatre pour
les plus résistants.
Il sera possible de jouer tous types de personnages
dans XVII : au fil de l’âme. Peu importe la nationalité,
la religion ou la classe sociale. Vous pouvez incarner un
émissaire russe orthodoxe comme un mendiant français,
ancien chevalier tombé en disgrâce. Le cadre du jeu étant
la France, le comportement du peuple et des PNJs ne sera
pas le même face à un Turc mahométan que face à un clerc
breton. Aussi, on favorisera les personnages français, sans
surprise.
L’origine sociale, le métier et la religion du personnage
seront pris en compte à la création. Les PJs seront unis par
leur condition de possédé, qui les fera se rencontrer et se
soutenir les uns les autres devant ce nouveau phénomène
inconnu contre lequel ils ne peuvent demander de l’aide à
personne sans risquer le bûcher.
Les personnages seront bien occupés. Ils vont tout
d’abord devoir gérer l’esprit qui a élu domicile dans leur
corps. Ce sera leur premier objectif s’ils veulent survivre.
Heureusement, au début, l’esprit ne devrait pas être agres-
sif à moins que le joueur ne cherche à l’énerver en contre-
disant ses buts.
Les motivations des joueurs seront variées, ils pourront
les choisir librement, mais il est important dans XVII :
au fil de l’âme de jouer des personnages ambitieux. On
incarne des personnages qui ont accès à une puissance rare
et subtile, il faut donc la mettre à profit. L’objectif peut
être d’explorer le Nouveau Monde et d’agrandir la Nouvelle
France, de détruire l’empire espagnol, de lutter contre le
protestantisme et le jansénisme pour restaurer la vraie foi
(toutes les opinions existent, à condition de rester Role
Play), d’assurer la domination de la France sur le monde,
de devenir cardinal, d’épouser la reine d’Angleterre, de
libérer l’Irlande du joug anglais, de repousser les Turcs
par-delà le Bosphore et de restaurer Byzance, instaurer une
nouvelle dynastie en prenant le parti des frondeurs contre
Louis XIV et Mazarin, découvrir l’origine des esprits, leur
monde et leurs objectifs, .... Bref, le contexte historico-po-
litique permet toutes les prises de parti possibles et ima-
ginables.
Un autre objectif sera bien sûr d’en apprendre plus
sur les esprits eux-mêmes. Quelle est leur nature ? Grande
question qui est un des mystères du jeu. Il sera possible
aux joueurs de découvrir petit-à-petit des indices sur les es-
prits. D’où viennent-ils ? Comment naissent-ils ? Quel est
leur but ? Tout ceci fait partie du grand secret qui plane
sur le jeu et sur le monde du XVIIème siècle.
 Et les races Contenu du livre de base
fantastiques ?

Chapitre II - Incarner un posédé en plein XVIIème siècle

Non. Pas de race fantastique sortie du chapeau. Le
jeu est entièrement réaliste. La seule composante fantas-
tique viendra des esprits possédant les PJs et d’autres
PNJs. Et ce sera bien suffisant !
On retrouvera bien sûr la création de personnage et
le système de jeu. Tout un chapitre est consacré à la créa-
tion des esprits, à leur caractère et leurs pouvoirs. Vous
retrouverez aussi des descriptions pour pouvoir bien com-
prendre le mode de fonctionnement des esprits et le mys-
tère qui les entoure.

On peut cependant s’inspirer de cultures différentes

existant à l’époque pour créer son personnage. Et entre un
esclave noir ramené d’Afrique de force et un Autrichien en
guerre contre le protestantisme, il y aura un large choix
d’idéologies, de diversités et d’antagonismes.

Les ennemis rencontrés ne seront pas des ogres, ni

des dragons. Les adversaires seront surtout des humains,
quelques animaux, et des possédés. Les personnages auront
davantage à se battre moralement contre des autorités que
physiquement contre des ennemis placés là pour le bon
usage des compétences. Il y aura aussi des esprits qui au-
ront réussi à prendre le contrôle du corps qu’ils occupaient,
des abominations. Ce seront sans doute les pires adver-
saires des joueurs.

Le système de Jeu :
le système FAST
Un mauvais système peut ruiner un jeu. XVII : au
fil de l’âme utilise un système qui lui est propre appelé le
système FAST. Il est basé sur le temps et résout la ques-
tion du nombre d’actions que peut réaliser un personnage
en un tour de jeu. On ne jouera qu’avec des D6, dont on
additionnera les résultats pour voir le niveau de réussite
d’une action. Le système se prend rapidement en main. Il
est conseillé pour jouer aisément de s’équiper de 6D6 pour
chaque joueur.

Un système spécial pour les escrimeurs est d’ores et

déjà mis au point ; dans un tel univers c’est une priorité.
Il assure un avantage certain aux maîtres de l’épée et du
sabre.

La création de personnage est séparée en création

rapide et création recherchée. La création rapide peut se
passer en 15 minutes avec des joueurs novices tout en per-
mettant d’obtenir un personnage intéressant et cohérent.
La création recherchée permettra néanmoins, pour les plus
passionnés, d’optimiser le personnage à volonté, et même
de choisir les pouvoirs de l’esprit pour mieux les adapter au
personnage et à la volonté du joueur.

13
Chapitre II - Incarner un posédé en plein XVIIème siècle

14
 Chapitre III
Le système
Les bases de XVII
Chaque personnage est défini par ses cinq attributs :
Adresse, Corps, Intellect, Bagout et Perspicacité. Il existe
un sixième attribut lié à la possession et au surnaturel mais
il sera abordé dans le passage sur la possession. Ces attri-
buts ont des valeurs comprises entre 1 et 10, un être hu-
main «normal» ayant 3 dans chaque attribut. Les person-
nages disposent aussi de compétences qu’ils ont acquises
via leurs métiers et leurs enseignements. Les compétences
ont aussi une valeur entre 1 et 10. Les compétences sont
toutes liées à un attribut. Les attributs représentent ce
qu’est le personnage naturellement, comment la nature l’a
fait. S’il est intelligent, ou agile, cela se verra sur ces attri-
buts. Les compétences représentent plutôt ce que le per-
sonnage a appris au cours de sa vie grâce à ses expériences,
à ses enseignements ou grâce à son métier.
Exécuter une action liée à une com-
pétence
Quand un personnage effectue une action, il faut
déterminer à quelle compétence cela correspond. Par
exemple, la compétence Athlétisme détermine si l’on peut
sauter d’un toit à un autre. Athlétisme est une compétence
de Corps, il faut donc utiliser cet attribut. Le jet de com-
pétence se fait comme suit : l’indice d’attribut représente
le nombre de D6 que le joueur va lancer et additionner,
l’indice de compétence est ensuite additionné au résultat.
La somme est le résultat du jet de compétence. Pour sa-
voir si ce jet est réussi, on compare le résultat à un seuil
déterminé par le MJ en fonction de la difficulté de l’action.
Difficulté
Facile
Moyen
Difficile
Très difficile
Jet de compétence
Attribut x + Compétence
Exemple
Un personnage ayant 3 en Corps et 1 en Athlétisme tente
de courser un brigand. Il doit lancer 3d6+1 pour connaître sa
réussite. C’est ensuite au MJ de déterminer si le score suffit
à réaliser l’objectif.
Le dé ouvert
Pour tous les jets de dés du jeu, on lance un certain
nombre de dés à 6 faces. Parmi ces dés, il y en a un qui
est «ouvert». Choisissez avant le lancer un dé de couleur
différente qui sera le dé ouvert. Quand ce dernier fait 6, le
joueur compte 6 et relance le dé ouvert. Il le relance encore
s’il réalise un autre 6, et ainsi de suite. On somme à la fin
tous les dés lancés.
Par exemple, si un joueur lance trois dés, il lance un
dé ouvert et deux dés normaux. En continuant l’exemple,
mettons qu’il obtienne 3 et 1 sur les dés normaux et 6 sur
le dé ouvert, il relance le dé ouvert. Il obtient 4. La somme
des dés lancés vaut 14 (6+4+3+1).
Seuils de difficulté
Seuil Ci-contre un tableau des seuils de difficul-
6 té d'actions classiques. Ceci est l'idée de base du
système. La marge entre le seuil à atteindre et
12
le résultat du jet de compétence peut donner une
18 idée sur le degré de réussite de l'action (réussi de
justesse ou grande maîtrise du sujet).
23

Les défenses
Chaque personnage est doté de trois défenses nom-
mées Défense au corps à corps (Def CC), défense à distance
(Def Dist) et défense spirituelle (Def Spirit). Il s’agit de
défenses naturelles que le personnage utilise quand il se
défend par réflexe. C’est ce qu’on appelle une défense pas-
sive. La défense active se fait en utilisant une compétence
adaptée (Esquive ou Contrôle de soi selon la situation). Ce
sont ces scores de défense qu’il faut dépasser pour accom-
plir une action visant un personnage.
Def CC est utilisée pour les combats au corps à corps,
Def Dist pour les combats à distance, et enfin Def Spirit est
utilisée pour résister aux tentatives d’intimidation ou de
séduction et pour tout ce qui a trait au spirituel.
Défenses
Def CC = 3 + 2 x Adresse
Def Dist = 2 x Adresse + Perspicacité
Def Spirit = 3 + Intellect + Bagout
Chapitre III - Le système
Les actions multiples
L’intérêt du système FAST est qu’il répond à la ques-
tion : Que puis-je faire en un tour de jeu ? En effet, le sys-
tème est fait pour gérer la réalisation de plusieurs actions
par un même personnage en un temps donné. Il suffit en
fait de partager les points d’attribut entre les différents jets
de compétence.
Pour réaliser des actions multiples, on détermine tout
d’abord les compétences concernées et leur attribut. On ré-
alise les jets en lançant un dé de moins pour chaque action
supplémentaire.
Il est tout à fait possible que les actions multiples
concernent des compétences associées à un seul attribut,
comme Esquive et Armes de mêlée par exemple, toutes
deux liées à l’attribut Adresse.
Il est aussi possible de réaliser deux fois la même
action en action multiple : par exemple deux fois l’action
d’attaque au corps à corps avec la compétence Armes de
mêlée. En revanche, le fait de faire deux fois la même ac-
tion inflige un malus de -2D à chaque jet de compétence.
Mener deux attaques au cours du même round est donc
Exemple
Un personnage exécute un jet d’Athlétisme et en même
temps un jet d’Intimidation pour effrayer l’ennemi. Dans ce
cas le nombre de D6 que pourra assigner le joueur au jet de
compétence est diminué d’un point pour chaque jet de com-
pétence. Ainsi si le PJ a 4 en Corps et 3 en Bagout, il ne
pourra assigner que 3D6 à son jet d’Athlétisme et 2D6 à son
jet d’Intimidation.
16
Actions multiples
2 Actions : -1D à chacune
3 Actions ou
2 Actions sur la : -2D à chacune
même compétence
plus difficile mais pas inimaginable pour le bretteur expé-
rimenté. Un combattant avec 4 en Adresse peut donc faire
une attaque avec 4D ou alors une attaque et une esquive
avec 3D ou encore deux attaques avec 2D chacune.
Il y a aussi un sens tactique qui s’installe car c’est
au joueur de déterminer quelles actions il va mener durant
le tour. Est-ce qu’il va tenter une seule action pour être
sûr de réussir ou va-t-il au contraire tenter d’accélérer les
choses et frapper deux adversaires dans le même tour ?
Tout est imaginable.
Compétences non maîtrisées
Compétence non maîtrisée non innée
= Malus de -3
Un PJ qui veut réaliser une action dont il n’a pas la
compétence (passer discrètement dans le dos d’un garde
sans maîtriser la compétence Discrétion, par exemple)
pourra le faire, avec l’accord du MJ. Il utilise alors seu-
lement son attribut et subit un malus de -3 au jet. Cer-
taines compétences sont maitrisées par tous et n’encourent
pas le malus de -3. Ce sont des compétences naturelles
qui ne nécessitent pas d’apprentissage particulier comme
Conversation ou Athlétisme. Ces compétences naturelles
sont considérées à 0.
Résultats extrêmes 
: Coups et
échecs critiques
Un échec critique est une action ratée aux consé-
quences désastreuses. Il revient au MJ de déterminer ce qui
arrive alors au personnage mais ce ne sera pas bénéfique,
loin de là. Échapper son arme, blesser un ami, expliquer
à des autochtones qu’on est porteur d’une grave maladie
contagieuse ou insulter un prince en ignorant le protocole
Critiques
trois dés font 6 : Réussite critique
plus de la moitié : Échec critique
des dés font 1
sont des évènements qui arrivent quand on réalise un échec
critique. Une action est un échec critique quand au moins
la moitié des D6 lancés pour l’action affichent 1 et que l’ac-
tion est un échec. C’est ce qu’on appelle «la règle des 1».
À l’inverse, il existe des coups critiques. Un coup cri-
tique est une action qui réussit mieux que ne l’espérait le
personnage. On obtient un coup critique si, en lançant trois
dés ou plus, on obtient au moins trois 6. Il revient au MJ
de déterminer les bonus apportés par le coup critique. Il
est possible d’obtenir ces 6 avec des relances du dé ouvert.
Le Panache
Dans XVII : au fil de l'âme, On joue des personnages
pleins de panache ! Tout le monde a des points de Panache
qu’il peut dépenser dans n’importe quelle action. Quand
un personnage utilise un point de Panache, le joueur in-
dique à quelle action ce point se rapporte. Le personnage
aura alors un bonus de +1D ou +3 sur cette action. Les
points de panache se rachètent avec de l’XP et le MJ peut
en donner, à l’occasion, après des grands moments de Role
Play.
On peut racheter des points de Panache à tout mo-
ment avec de l’XP. Un point de Panache coûte un point
d’XP. On ne peut rajouter qu’un point de Panache par ac-
tion, mais on peut en prendre autant qu’on veut par tour ;
cela signifie que lors d’une action multiple il est possible de
dépenser autant de points de Panache qu’il y a d’actions
réalisées. Certaines techniques et actions spéciales néces-
sitent la dépense d’un point de Panache pour être déclen-
chées, auquel cas le bonus de +1D ou de +3 ne s’applique
pas. Chaque personnage ne peut avoir plus de 6 points de
Panache en réserve.
Le combat
Le combat est dans une première approche très
simple, mais on pourra compliquer les choses en cumulant
les règles optionnelles si les joueurs le veulent (et on sait
bien que les joueurs aiment se compliquer les choses !). Le
combat est alors divisé en passes d’armes où chaque prota-
goniste intervient à son tour.
L’initiative
L’initiative de chaque personnage donnera l’ordre
dans lequel les protagonistes vont jouer (Initiative =
Adresse + Perspicacité). Le jet d’initiative est calculé avec
1D6 + le score d’initiative du PJ. On garde la même initia-
tive pour tout le combat. Le matériel, comme les armures
Initiative
et les armes, peuvent ralentir le combattant et baisser son
Initiative : Adresse + Perspicacité
Jet d'initiative : 1D6 + Initiative
initiative. Au moment où le combat commence, le PJ ap-
plique le malus de l’arme et de l’armure qu’il porte.
Ensuite, à son tour de jeu, chaque joueur annonce les
actions qu’il envisage. On résout les actions puis on passe
au personnage suivant jusqu’à la fin du tour et on recom-
mence un nouveau tour. Le combat s’arrête quand il n’a
plus lieu d’être. Chaque tour de combat dure 6 secondes
(environ, à l’appréciation du MJ).
Action de longue durée
Durant un tour de jeu, le PJ peut faire autant d’ac-
tions que lui permettent ses attributs. Il y a cependant
des actions qui ne peuvent se faire en un tour de combat
(crocheter une serrure, recharger un mousquet ou faire un
discours pour convaincre des gens d’arrêter le combat). Ces
actions, dites de longue durée, sont particulières. Ces seuils
sont affichés sous la forme «70/8», où 70 (le nombre à
gauche) est le seuil total, et 8 (le nombre à droite) est le
seuil minimal.
À chaque tour, le PJ fait un jet pour cette action. Il
cumule les scores sur plusieurs tours jusqu’à dépasser un
seuil fixé par le MJ qui dira que l’action est accomplie.
Pour ce type d’action, il y a aussi le seuil minimal.
Chapitre III - Le système
Chaque jet séparé doit dépasser le seuil minimal sinon
toute la manœuvre est fichue.
Ces actions de longue durée n’ont de sens que si elles
sont pratiquées dans des conditions stressantes, comme
dans le cas d’une fuite, d’un combat, etc. Dans les autres
cas, on réalise simplement l’action avec un seul jet.
Le combat au corps-à-corps
Parmi les actions que peut faire le joueur à son tour
de jeu, outre le saut sur des tables, la course effrénée, il y
a bien sûr le combat, et notamment le combat au corps à
corps.
Un jet d’attaque se fait avec la compétence corres-
pondant à son arme (arme de mêlée, arme d’hast, ...), ou sa
spécialisation (épée, rapière, dague, ...). On compare le jet
de compétence à la DefCC de la cible (seuil déterminé par
l’attribut Adresse du personnage). Si le jet de compétence
est supérieur ou égal au seuil, la cible est atteinte. Il est
conseillé au MJ et aux joueurs de décrire avec panache les
passes d’arme pour que jamais un combat ne ressemble à
un autre.
Au corps à corps, la défense n’est pas toujours aisée.
Une façon simple de se défendre est d’avoir une défense
passive (DefCC) élevée. Ceci peut se faire avec un bon
attribut Adresse ou avec une bonne armure par exemple.
Exemple
Crocheter une serrure ayant un seuil total de 50
représente un challenge. Chaque tour le PJ fait un jet
de Crochetage, et quand la somme de tous les jets
dépasse 50 la serrure est crochetée. Si un jet de Cro-
chetage est inférieur au seuil minimal, alors l’action est
un échec et la serrure se bloque.
17
 Mais le défenseur peut aussi utiliser une défense active.
On entend par défense active une action que le personnage
accomplit afin d’éviter ou de dévier l’attaque dont il est
l’objet. Il existe deux types de défense active : l’esquive et
la parade. Toutes ces défenses déterminent donc la capa-
cité d’un PJ à se défendre contre un adversaire. S’il doit
se défendre contre plusieurs adversaires, il subit un malus
de -3 à toutes ses défenses pour chaque adversaire supplé-
mentaire.
Rappel : Les règles concernant les actions multiples
sont décrites dans la section "Les actions multiples", page
16.
Parade et Esquive, les différences ?
Les deux défenses (esquive et parade) sont vraiment
différentes selon le niveau d’expérience du PJ et selon ses
techniques de combat.

L’esquive et la parade L’esquive demande de l’expérience investie dans sa

Pour se défendre avec la compétence Esquive, on
effectue un jet en opposition au résultat de l’attaque. Si
l’esquive est strictement supérieure, le coup ne porte pas.
Effectuer une esquive est une action, ce qui entraîne les
malus liés aux actions multiples.
La parade suit le même raisonnement que l’esquive
mais elle est bien plus dangereuse. Pour parer l’attaque, le
personnage utilise, comme pour un jet d’attaque, son arme
et la compétence associée (arme de mêlée, arme d’hast, ...),
ou sa spécialisation (épée, rapière, dague, ...). On effectue
alors le jet de Parade qui doit dépasser le jet d’attaque de
l’adversaire. Dans ce cas, l’attaque est partiellement déviée
par le défenseur : les dommages se calculent normalement
mais sont diminués de 2 points.
Chapitre III - Le système
compétence mais elle est fiable, puisqu’en cas de réussite
elle esquive tous les dégâts.
La parade, quant à elle, diminue les dommages de
deux points, mais ne demande pas de compétence parti-
culière puisqu’on utilise sa compétence d’attaque (arme de
mêlée, arme d’hast, ...). Elle est donc plus accessible, mais
moins fiable. Néanmoins, l’avantage principal de la parade
est qu’elle ouvre de nombreuses techniques de combat. Ces
techniques appartiennent à l’école de la Parade/Riposte
(cf. section "École de la Riposte", page 106).
Règle optionnelle : Parade com-
plète

Si après un jet d’esquive ou de parade, le résultat est
inférieur à la défense passive (DefCC), le PJ ne peut pas
choisir de reprendre celle-ci.
Un round d’attaque standard
Dans un round, les actions standards d’un combat-
tant sont Attaque/Défense. Si un personnage a son attri-
but Adresse à 5, il aura donc le choix entre :
- Attaquer mais ne pas se défendre, auquel cas son
attaque se fera à 5 dés
- Défendre et ne pas attaquer, et ainsi avoir 5 dés
pour la défense
- Attaquer et se défendre, les deux jets se faisant à
4 dés.
On ne parle ici que de la base de dés calculée à partir
de l'attribut. Il faudra lui ajouter les bonus potentiels de
compétence, le Panache, les avantages, etc.
Les combattants expérimentés peuvent décider de ré-
aliser une parade complète qui les protège bien mieux des
attaques mais qui est plus difficile à réaliser. Pour chaque
tranche de malus de -3 que le personnage aura à son test de
parade, les dommages de l’attaque parée seront diminués
d’un point supplémentaire. Par exemple, en se donnant un
malus de -3 à sa parade, un défenseur va pouvoir diminuer
les dommages de l’attaque adverse de 3 points au lieu de 2.
En revanche, si la parade échoue, on calcule les dommages
normalement.
Cette règle optionnelle rend la parade plus forte pour
un PJ peu expérimenté, ayant une attaque très forte, et
peut donc être utilisée pour un scénario unique, avec un
MJ déjà suffisamment à l’aise avec les règles pour laisser

Si le personnage se fait attaquer avant d'avoir joué,

il peut donc choisir de se défendre à 4 dés, en sachant que
son attaque en aura autant, ou alors miser sur sa défense
passive et garder 5 dés pour l’attaque. Il peut même n'ef-
fectuer aucune action, et garder ses 5 dés pour une éven-
tuelle défense !

Si le personnage joue en premier, il doit faire ce

même choix, et ainsi soit attaquer avec 4 dés, en se réser-
vant la possibilité de se défendre plus tard dans le round
avec 4 dés, ou alors attaquer avec 5 dés, n’ayant plus que
sa défense passive pour ce round. Si un personnage n’at-
taque qu’avec 4 dés, voulant se réserver un possible jet de
défense, et que finalement il n’a besoin de faire aucun autre
jet, le jet potentiel à 4 dés est perdu. C’était le prix à payer
pour attaquer sur la défensive.

Cette petite mécanique peut sembler compliquée de

prime abord mais se met très vite en place, les joueurs
Claudine Bouzonnet-Stella - L'escrime (1657)
ayant un contrôle pointu des actions de leur personnage.
Bibliothèque municipale de Lyon, Lyon

18
 Colonnes de vie
cette règle accessible au joueur et ne la suggérer que quand
cela est utile.

Le combat à distance
Une attaque à distance reprend le schéma de l’at-
taque au corps à corps. On utilise cette fois-ci une com-
pétence comme Armes à feu ou Lancer, ou une spéciali-
sation (Mousquet, Dague de lancer, etc.), en fonction de
l’arme utilisée. Le résultat du jet est comparé à la défense
à distance de la cible. Cette défense dépend de l’attribut
Adresse de la cible, de son armure et d’autres modifica-
teurs. Le tireur peut avoir des malus en fonction de la dis-
tance qui le sépare de la cible et de la visibilité. La portée
normale de l’attaque est spécifiée pour chaque arme à la
fin de ce chapitre.
Recharger un mousquet ou un pistolet se fait avec
la compétence Recharge. Les armes d’époque prennent du
temps à recharger. C’est une action de longue durée qui
prendra donc plusieurs tours de jeu. Il faut sur plusieurs
tours cumuler les jets de Recharge, jusqu’à ce que le score
cumulé de tous ces jets atteigne le seuil de recharge. Le
seuil de recharge dépend de l’arme utilisée (cf. section "Ac-
tion de longue durée", page 17).
Il est très difficile de se défendre d’une attaque à dis-
Nombre de colonnes de vie :
2 + Corps/2 (arrondi à l'inférieur)
cochée, le personnage subit un malus de -2 à tous ses jets
et à toutes ses défenses passives. Dès que la troisième ligne
est commencée, le malus passe à -4, et enfin le malus passe
à -6 lorsque la dernière ligne est entamée.
Quand toutes les cases du tableau sont cochées, c’est
fini, le personnage est mort.
Médecine et récupération
Après avoir subi des dommages, le personnage va
être plus ou moins blessé. En faisant des nuits complètes de
huit heures, avec deux repas convenables par jour, le per-
sonnage va récupérer des cases de vie grâce à sa récupéra-
tion naturelle. Le temps nécessaire pour récupérer dépend
de la quantité de dommages reçus, comme spécifié dans le
tableau ci-dessous. Le nombre de cases de vie récupérées au

Chapitre III - Le système

tance. Les compétences «Esquive» et «Parade» sont inu-
tiles. On ne peut pas esquiver une balle ou un boulet de bout du temps de récupération est égal à l’attribut Corps
canon. Par conséquent, la meilleure protection reste de se du personnage.
mettre à couvert ou de rester en mouvement. L’achat d’une
bonne armure est toujours salutaire. Table de récupération naturelle
Ligne du tableau Type de Temps de
de vie entammée blessure récupération
Dommages et dégâts Première Blessure bénigne 1 jour
Chaque coup de mousquet, de rapière ou de fouet in-
Deuxième Plaie ouverte 1 semaine
flige des dégâts au personnage. Les personnages des joueurs
comme leurs adversaires vont souffrir de dommages. Les Troisième Contusions multiples 1 mois
dommages infligés sont éventuellement réduits par la résis-
tance de l’armure de la cible. On soustrait la résistance aux
Quatrième Os brisé 2 mois
dommages, ce qui donne les dégâts reçus.

Les dommages au corps-à-corps peuvent être modifiés Table de récupération sous

par la force de l’attaquant ou des avantages particuliers. traitement médical
Ligne du tableau Difficulté Temps de
Cases de vie de vie entammée du jet récupération
La vie d’un personnage est représentée par son ta- Première 6 12 heures
bleau de vie. On coche les cases du tableau avec les dom- Deuxième 9 3 jours
mages reçu en suivant le sens de lecture (de gauche à
droite, puis de haut en bas). Plus le personnage est blessé Troisième 12 2 semaines
et plus il aura des malus. Les malus s’appliquent à tous Quatrième 15 1 mois
les jets de compétences ainsi qu’aux défenses passives des
personnages.

Le tableau comporte quatre lignes. Le nombre de co-
lonnes varie en fonction de l’attribut Corps du personnage
comme précisé dans le passage sur la création de person-
nage. Dès que la première case de la deuxième ligne est
Par exemple, un personnage dont la deuxième ligne
est entamé, et qui dispose d’un attribut Corps à 4, récupé-
rera 4 cases de vie au bout d’une semaine de repos.
La compétence Soins permet d’accélérer le temps

Dommages des armes

de récupération. Le médecin ausculte le personnage
blessé, puis le soumet à un traitement durant toute la
durée de convalescence. Le temps de récupération est
ainsi deux fois plus court. Cependant, le médecin doit
réussir un jet de Soins pour parvenir à définir le bon
traitement. La difficulté du jet de Soins et le temps de
récupération correspondant peut être déterminée sur le
Dommages de l'arme - Résistance de l'armure

19
 Les attaques ciblées
et l’escrime
Les règles simples de combat au corps-à-corps
peuvent être pimentées. Une première solution est
d’utiliser le tableau de puissance. Le personnage
augmente la force qu’il met dans son attaque au
prix d’une précision moindre. Si l’attaque touche
malgré les malus au jet (si le jet d’Esquive ou de
Parade est échoué, ou que la DefCC était insuffi-
sante), alors les dommages sont augmentés de la
puissance de l’attaque.

Adriaen Backer - La leçon d'anatomie (1670)
Amesterdam museum, Amsterdam
tableau "Table de récupération sous traitement médical",
page 19.
Il est possible de faire un diagnostic sur soi-même, si
Chapitre III - Le système
Les combattants réalisent également des attaques vi-
sées en utilisant pour cela le tableau des attaques visées.
Avant que le jet d’attaque ne soit réalisé, le joueur peut
choisir s’il vise une zone particulière du corps de l’ennemi
ou non. Ceci lui donne des malus qu’il doit appliquer à son
jet d’attaque. Si malgré les malus, l’attaque porte, elle sera
plus dévastatrice. L’attaquant doit toutefois faire attention
à ne pas se mettre trop de malus car son attaque a alors de
fortes chances de manquer sa cible. Si l’attaque est esqui-

l’on est médecin. Le jet de Soins se fait cependant avec un

vée ou parée, il n’y a aucun effet supplémentaire.
malus de -2.
Une fois que l’attaque ciblée a touché, l’attaquant
La compétence Soins est aussi adaptée pour panser
lance 1D6 sur la table des effets correspondant que l'on
les plaies juste après la bataille. Un chirurgien expérimenté
trouve dans la page "Tableaux d'escrime", page 23. Le
pourra faire survivre un soldat que tout le monde donnait
dé est ouvert. Les effets supplémentaires d’une attaque ci-
pour mort. Une opération chirurgicale réussie redonne im-
blée, appelés «spéciaux», sont cumulatifs, on additionne
médiatement trois cases de vie au patient. Une fois l’opéra-
tous les effets des lignes supérieures du tableau.
tion effectuée, et réussie ou échouée, le chirurgien ne peut
pas réopérer le même patient.

La difficulté du jet de Soins dépend des blessures,

comme indiqué dans le tableau ci-dessous. Si le jet est réus-
si, le patient récupère immédiatement 3 cases de vie. Il est Table des attaques Table des attaques
possible pour un chirurgien de réaliser une opération sur
lui-même. Les jets se font alors avec un malus de -2.
en puissance visées
Puissance Malus Localisation Malus
Table de chirurgie Aucune 0 Aucune 0
+1 -3 Torse -3
Ligne du tableau Difficulté Durée de
de vie entammée du jet l'opération +2 -5 Bras -5
Première 6 20 minutes +3 -7 Jambe -7
Deuxième 9 1 heure +5 -11 Tête -11
Troisième 12 3 heures
Quatrième 15 6 heures

De plus un chirurgien expérimenté peut tenter une

opération de la dernière chance sur un personnage qui n’a
plus de case de vie. En réussissant un jet de soins de dif-
ficulté 20, le patient peut être ainsi sauvé des griffes de la
mort. Il est ramené à une case de vie non cochée sur sa
dernière ligne du tableau.
La compétence Soins peut se spécialiser en Médecine
et Chirurgie. La spécialisation Médecine sert à réaliser des
traitements médicaux et à diagnostiquer des maladies. La
spécialisation Chirurgie sert pour les interventions chirur-
gicales.
Exemple
Une attaque réussie en visant le torse de l’ad-
versaire (avec un malus de -3) permet à l’attaquant
de lancer 1D6 sur la table des effets sur le Torse. Il
lance le dé, fait 6, le relance et obtient 4, soit 10 au
final. La cible va alors subir des dégâts augmentés de
2 points, une diminution de son initiative de 2 points.
C’était un très bon jet.

20
 Les effets de l'escrime
L’escrime est incontournable pour un jeu de cette
époque. Les règles de XVII : au fil de l'âme pour l’escrime
sont rapides et favorisent le bretteur expérimenté.
Qu’il soit escrimeur ou non, quand un combattant
réussit une attaque visée sur une partie du corps (torse,
bras, jambe ou tête), il a alors accès aux tableaux de lo-
calisation. Un non escrimeur lance 1D6 et le résultat lui
donne le résultat de son attaque. Un escrimeur, quant à
lui, va lancer 1D6 et va rajouter au résultat la valeur de
sa compétence Escrime. Des écoles d’escrime permettent
d’améliorer encore les possibilités sur ce jet. Tous les effets
de l'escrime sont décrits dans l'encadré "Tableaux d'es-
crime", page 23.
On ne peut utiliser la compétence Escrime qu’avec
des armes maniables et rapides. Les armes d’escrime sont :
l’épée large, l’épée de duel, le sabre, le fleuret, la
dague et le cimeterre. De façon générale, les armes
paysannes ne sont pas pensées pour le combat et pas as-
sez équilibrées pour avoir le bonus d’escrime alors que les
armes d’hast sont trop lentes. Toutefois, une attaque visée
reste possible avec toutes ces armes, il n’y aura juste pas
de bonus égal à la compétence Escrime sur les tables de
localisation.
En plus de permettre des attaques visées plus dévas-
tatrices, l’escrime permet aussi de jauger son adversaire.
À ce titre elle est considérée comme une compétence de
Perspicacité.
Dendrono - L'élève escrimeur (1725)
Règle optionnelle : attaque visée à
distance
Il est également possible d’effectuer une attaque visée
avec une arme de tir comme un pistolet, un mousquet ou
encore un couteau de lancer. Pour viser une partie du corps
de la cible en particulier, on effectue un jet de la compé-
tence en question avec le malus correspondant à la zone
visée. On reprend les mêmes malus que dans le tableau de
combat au corps à corps.
En revanche il n’est pas possible d’augmenter la puis-
sance d’une attaque à distance (une balle tirée par le même
pistolet fera toujours les mêmes dégâts).
On détermine les effets d’une attaque visée à distance
de la même façon que pour le corps à corps, en utilisant les
tableaux de localisation. La seule différence est que l’on ne
rajoute pas le score d’Escrime du combattant mais son at-
tribut Adresse au résultat du D6. Les attaques ciblées avec
une arme à distance sont donc plus difficiles à faire évoluer.
Règle optionnelle : Les duels et la
vision du jeu
Chapitre III - Le système
Le XVIIème siècle est une époque d’une grande vio-
lence. Les gens, paysans, bourgeois, clercs et nobles se font
justice eux-mêmes. Par conséquent les duels sont monnaie
courante, bien que formellement interdits à partir du 6 fé-
vrier 1626.
21

Situation
Défenseur à terre
Attaque de dos
Attaque par surprise
Attaquant surélevé
Victime de plusieurs attaques
Se relever
Dégainer
Faible luminosité
Très faible luminosité
Modificateurs de situation
Effet Situation Effet
+1D à l'attaque Portée maximale à 6m
Brouillard épais
+1D à l'attaque -4 aux jets de Perspicacité
+2D à l'attaque
+2 à l'attaque
Cible en pleine course -3 aux jets de Tir
-3 aux défenses pour chaque
Cible sur un cheval au galop -6 aux jets de Tir
attaque après la première
Cible légèrement cachée -2 aux jets de Tir
Action multiple (-1D) Cible à moitié cachée -4 aux jets de Tir
Action multiple (-1D) Cible quasiment cachée -8 aux jets de Tir
-2 aux jets de Perspicacité Portée moyenne -4 aux jets de Tir
-6 aux jets de Perspicacité Portée longue -8 aux jets de Tir

On peut appliquer la règle suivante pendant un duel,
qui est un affrontement entre deux personnes et deux per-
sonnes seulement : au début du combat, on calcule pour
chaque protagoniste son score de Vision du jeu. La Vision
du jeu est égale à la somme des valeurs des compétences
Escrime, Empathie et Perception. Ce n’est pas un jet de
dés, on additionne juste la valeur des compétences.
Grâce à son expérience de combattant mais aussi
Chapitre III - Le système
Victime de plusieurs attaques : Le défenseur
est entouré par plusieurs adversaires qui l’at-
taquent. Chaque attaque en plus de la première
baisse ses défenses de 3 (malus aux défenses
passives, à l’esquive, à la parade). La deuxième
attaque est donc subie avec un malus de -3, la
troisième avec -6, et ainsi de suite.
Dégainer : C'est une action qui réussit à tous

les coups. Il n’est pas nécessaire de faire de jet

son sens de l’observation, le combattant qui a la meilleure
vision du jeu aura alors un avantage conséquent sur son
adversaire. Au début de chaque tour, le personnage avec la
meilleure vision du jeu saura quelles sont les compétences
que son adversaire s’apprête à utiliser dans le tour. Il sait
donc si ce dernier va utiliser sa compétence Armes de mêlée
seulement, ou s’il prépare une attaque et une parade, ou
encore une attaque et une esquive. L’adversaire en question
doit alors décider ce qu’il fera de son tour, et s’y tenir.
Cette règle change considérablement les duels du jeu,
surtout si on prend en compte les techniques de combat
pour escrimeurs avancés.
Modificateurs de situations
Les combats de cape et d’épée offrent de multiples si-
tuations rocambolesques et acrobatiques. Vos personnages
vont se retrouver plusieurs fois en situation de force face
à un ennemi à terre, ou au contraire mis à mal par un
brouillard épais qui empêche de viser correctement. Toutes
ces situations et leurs effets sont décrits dans le tableau
«Modificateurs de situation» et ici :
Défenseur à terre : Le défenseur est tombé à
terre, il est donc bien plus facile à toucher.
Attaque de dos : L’attaquant a réussi à se glis-
ser dans le dos de sa cible en plein combat.
Attaque par surprise : L’attaquant a réussi à
prendre complètement par surprise sa cible en
réussissant à se camoufler.
Attaquant surélevé : L’attaquant est en posi-
tion surélevée, sur un cheval ou une table de
taverne.
mais le personnage encourt tout de même un
malus s’il fait une action multiple.
Se relever : Se relever après une chute est consi-
déré comme une action qui réussit à tous les
coups. Il n’est pas nécessaire de faire de jet
mais le personnage encourt tout de même un
malus s’il fait une action multiple.
Faible luminosité (pleine lune) : La luminosité
particulièrement faible de l’endroit diminue la
perception, apportant un malus à tous les jets
basés sur la Perspicacité comme Perception ou
Armes à feu. Il peut s’agir d’une nuit de pleine
lune ou d’un camp éclairé par un grand feu.
Très faible luminosité (nouvelle lune) :
Comme précédemment mais la luminosité est
encore plus faible, comme dans un sombre ca-
veau éclairé par une seule torche.
Brouillard épais : Le brouillard est tellement
épais qu’il n’est pas possible de voir plus loin
que le bout de son épée.
Cible en pleine course : La cible visée par le
tireur est actuellement en train de courir. Elle
est donc plus difficile à atteindre.
Cible sur un cheval au galop : La cible visée
par le tireur est sur un cheval lancé à pleine
vitesse.
Cible légèrement cachée : La cible n’est pas
totalement visible, masquée par un autre com-
battant par exemple.
Cible à moitié cachée : La cible est partielle-
ment cachée par un élément du mobilier ou
un muret.
Cible quasiment cachée : La cible s’est mise à
couvert et il n’y a qu’une partie de son corps
qui est visible.

22
 Tableaux d'escrime Def : Modificateur à la DefCC et à la DefDist de
la cible ainsi qu’aux jets de Parade et d’Es-
quive jusqu’à la fin du combat.
Dom : Modificateur aux dégâts de l'attaque. Spécial : Effets divers subis par la cible. Les effets
spéciaux sont cumulatifs. Ainsi, si un person-
Init : Modificateur à l'initiative de la cible jusqu'à
nage touche sa cible au poumon (Torse : 17-
la fin du combat.
19), celle-ci perd 4 points d’initiative, prend
Att : Modificateur à l’attaque de la cible jusqu’à deux points de dommages en plus, est déséqui-
la fin du combat. librée, a une hémorragie et ne court plus.

Effets d'une attaque au torse Effets d'une attaque au bras

Jet Coup Dom Init Spécial Jet Coup Dom Att Spécial
1-2 Rien - - - 1-3 Rien - - -
3-6 Estafilade +1 - - 4-5 Coup fouetté +1 -2 -
7-8 Estocade +1 -2 - 6-7 Coup à la manchette +2 -2 -
9-10 Coup à la banderole +2 -2 - 8-9 Lacération +2 -3 -
11-12 Côté touchée +2 -4 - 10-11 Main touchée +2 -3 Désarmement
13-14 Côte brisée +2 -4 Déséquilibre 12-13 Tendon abîmé +2 -4 -
15-16 Foie atteint +2 -4 Ne court plus 14-15 Os atteint +3 -4 -
17-19 Poumon touché +2 -4 Hémorragie 16-17 Muscle arraché +3 -4 Hémorragie
20+ Cœur percé +6 -4 Hémorragie grave 18-19 Tendon sectionné +5 -4 -

Chapitre III - Le système

20+ Artère sectionnée +8 -6 Membre mort

Effets d'une attaque à la jambe

Jet Coup Dom Def Spécial
1-3 Rien - - -
Effets d'une attaque à la tête
4-5 Fouetté +2 -2 - Jet Coup Dom Init Def Spécial
6-7 Estocade +3 -2 - 1 Rien - - - -
8-9 Pied transpercé +3 -2 Déséquilibre 2-3 Cicatrices +2 - - -3 Séduction
10-11 Os atteint +4 -2 - 4-5 Joue transpercée +4 - - -
12-13 Os cassé +4 -3 Ne court plus 6-7 Nez brisé +4 - - Hémorragie
14-15 Rotule en miettes +4 -5 Boîterie à vie 8-9 Gorge atteinte +4 -4 -2 Voix éraillée
16-17 Tendon arraché +4 -5 Gros déséquilibre 10-11 Oreille coupée +6 -4 -2 Déséquilibre
18-19 Muscle arraché +6 -5 - 12-14 Œil perdu +6 -4 -5 -1 Perspicacité
20+ Botte de Jarnac +8 -5 Hémorragie 15+ Botte de Nevers - - - Mort

Boîterie : La cible boîte désormais. Sa jambe
est gravement atteinte, et malgré les soins qui
pourront faire marcher correctement la vic-
time, celle-ci ne pourra cependant pas marcher
tout à fait normalement.
Désarmement : la cible échappe sa lame si elle
rate un jet d’Épreuve de force contre un seuil
égal aux dommages de l’arme fois 2. Ce jet
gratuit ne compte pas comme une action mul-
tiple.
Déséquilibre : La cible tombe si elle ne réussit
pas un jet d’Adresse contre un seuil égal aux
dommages de l’arme fois 2. Ce jet gratuit ne
compte pas comme une action multiple.
Gros Déséquilibre : La cible tombe si elle ne
réussit pas un jet d’Adresse contre un seuil
égal aux dommages de l’arme fois 3. Ce jet
gratuit ne compte pas comme une action mul-
tiple.
Hémorragie : La cible perd du sang. Le saigne-
ment inflige 1 dégât par tour. Le saignement
s’arrête si la cible cesse toute action violente,
mais il recommencera tant que le personnage
n’aura pas vu un chirurgien (test de Chirurgie,
difficulté 7).
Hémorragie grave : La cible perd beaucoup
de sang. Le saignement inflige 2 dégâts par
tour tant que le personnage n’aura pas vu un
chirurgien (test de Chirurgie, difficulté 12).
Membre mort : Le membre est atteint si violem-
ment que celui-ci ne répond plus à son proprié-
taire. Il est désormais inutilisable.
Ne court plus : La cible est totalement incapable
de courir et ce pour le restant de ses jours.
Voix éraillée : La voix de la cible change, devient
plus rauque, et celle-ci peut parfois avoir des
difficultés à parler fort ou longtemps.

23
 Portée moyenne et longue : La cible du ti-
reur est trop éloignée, la distance qui les sé-
pare dépasse la portée normale de l’arme. Si
la cible est entre une fois et deux fois la por-
tée de l’arme, on considère qu’elle est à portée
moyenne. Entre deux fois et trois fois la por-
tée de l’arme, on considère qu’elle est à longue
portée. Si la cible se trouve plus loin, elle est
hors d’atteinte.
Assommer et Étreindre
Quelques fois, durant le combat, on ne désire pas
achever son adversaire mais juste l’immobiliser ou le mettre
hors d’état de nuire. Pour cela, on peut utiliser la compé-
tence Pugilat. Pour assommer une cible, il faut réussir un
jet de pugilat sur la cible en visant la tête. La victime doit
obligatoirement être de dos ou prise par surprise.
La compétence Pugilat peut aussi servir à étreindre
la cible qui ne pourra plus se servir de ses bras tant qu’elle
subira l’étreinte. Il faut pour cela réussir un jet de Pugilat
avec un malus de -5. Pour se libérer, la cible doit réussir un
jet de Pugilat ou Épreuve de force contre le score de Pugi-
lat de son ennemi. La personne étreinte ne peut accomplir
aucune action nécessitant l’usage de ses bras, ce qui inclut
l’usage des sortilèges de possédés.
Chapitre III - Le système
Combat à deux armes
Le combat à deux armes est très intéressant. Par
exemple, avec une dague et une épée, un combattant peut
parer d’une main tout en attaquant de l’autre, chaque ac-
tion se faisant avec un malus de -1D. Il peut aussi prendre
un pistolet dans une main et une épée dans l’autre, comme
les pirates des films hollywoodiens.
Quand un combattant se bat au corps à corps avec
une arme dans chaque main, comme par exemple une dague
et une rapière, il subit des malus s’il n’est pas entraîné à ce
genre de pratique. Ainsi, il prend en compte pour chaque
arme le malus d’initiative qu’il cumule. L’avantage réside
dans la possibilité de faire deux attaques dans le tour avec
un malus de -1D seulement : une attaque avec l’arme dans
la main droite, une attaque avec la main gauche. Il existe
aussi des techniques permettant d’améliorer sa parade si
l’on se bat à deux armes (cf. page "École de la Riposte",
page 106).
Règle optionnelle 
: Allonge des
armes
Cette règle optionnelle sur l’allonge des armes est à
réserver aux joueurs expérimentés qui veulent plus de ré-
alisme dans les affron-
tements, notamment
ceux qui impliquent des Allonge des armes
armes d’hast.
Arme Allonge
Mains nues 0 de laisser le joueur développer une spécialisation Escalade
Les armes uti-
lisées sur les champs Dague 2 avec l’accord du MJ si ce dernier trouve cela plus réaliste.
de bataille du XVIIème Épée, rapière, etc. 3
siècle sont très variées
en terme d’allonge, et Armes d'hast 4 et des conditions de grimpe. La table d'escalade donne les
sont toutes adaptées à
Pique 5 pend de la compétence du personnage. À 0 en Athlétisme,
un type d’environne-
24
ment. Pour un combattant, devoir affronter un adversaire
qui a une arme bien plus grande que soi est très difficile.
Il faut réussir à s’approcher sans se faire empaler. Une fois
au contact de sa cible, c’est elle qui est alors en difficulté.
L’allonge des armes est donnée dans le tableau "Allonge
des armes".
Quand deux combattants s’affrontent avec des armes
dont l’allonge est différente de plus de deux points (dague
contre hallebarde), on fait intervenir les règles d’allonge.
À chaque tour on détermine qui a l’avantage dans le com-
bat. Par défaut, l’avantage est à celui qui a l’arme la plus
longue. Par la suite, chaque fois que le combattant avanta-
gé veut se défendre d’une attaque portée par celui qui est
désavantagé, il profite d’un bonus de +4 à sa défense ac-
tive comme à ses jets de Parade ou d’Esquive. L’avantage
change de camp dès que le personnage avantagé est touché.
Par exemple, un milicien de la milice de Paris armé
d’une hallebarde se défendant contre un voleur armé d’une
dague aura un bonus de +4 pour se défendre. Mais si le
voleur parvient à toucher une fois, il sera suffisamment
proche de son ennemi pour que ce soit le milicien qui soit
gêné par son arme.
Il est aussi possible, et conseillé, d’attaquer ses adver-
saires par surprise pour profiter des avantages de l’allonge.
Fuir
La fuite peut être salutaire dans un combat qui
tourne mal. Cela consiste à courir plus vite que ses pour-
suivants en réussissant un jet d’Athlétisme opposé au jet
d’Athlétisme de ses ennemis. Toutefois, si les poursuivants
rattrapent le personnage, ces derniers ont les bonus d’une
attaque dans le dos pour le frapper. Ils gagnent donc +1D
sur leurs attaques. Ce bonus ne s’applique pas pour les
armes à distance.
Les dangers de
l’aventure
Lors de leurs escapades par monts et par vaux, les
personnages seront certainement amenés à effectuer di-
verses actions dont l’exécution est particulière. Ce peut
être éviter la noyade ou participer à une partie de jeu de
paume, sport particulièrement apprécié de la cour du Roi
Louis XIII.
Escalade
Il arrive souvent que les personnages aient besoin
d’escalader murs, arbres, falaises, voire la façade d’un im-
meuble pour monter au balcon d’une belle. Le personnage
utilisera pour cela sa compétence Athlétisme. Il est possible
La difficulté du jet dépend de la surface à grimper
principaux ordres de grandeur. La vitesse de montée dé-
la vitesse de montée est de 3 mètres par tour. Chaque point
 Escalade Natation
Surface Difficulté Contexte Jet de base*
Mains nues 7 Eau calme 0 (7)
Mur en pierres apparentes 10 Eau agitée 12
Mur de briques 13 Eaux déchaînées 18
Pan de falaise 18
Conditions Modificateur
Aide à autrui -
Conditions Modificateur
Temps sec - Armure légère +2
Paroi humide +2 Armure lourde +4
Pluie battante +4 Contre-courant léger +2
Matériel d'escalade -3 Contre-courant fort +4
Vent violent -3

* : Les personnages n’ayant pas Natation peuvent

Dommages de chute rester à la surface, sans se déplacer, en réalisant un jet de
Hauteur de Difficulté du jet Dégâts normaux Natation (donc un jet de Corps avec un malus de -3 car
chute d'Athlétisme / amoindris c’est une compétence non naturelle) en prenant le seuil entre
3m 5 2/1 parenthèses pour les eaux calmes. Pour pouvoir regagner le
bord ils doivent se faire aider par une tierce personne, qui
5m 9 4/2 subit alors le malus «Aide à autrui». Dans les autres types
d’eau, il faut avoir la compétence Natation et atteindre le
8m 12 6/3 seuil indiqué.
12m 15 10/5

Chapitre III - Le système

20m 18 18/9 et aux différents modificateurs (cf. table de natation). Si
par malheur le personnage reste sous l’eau trop longtemps,
s’il dépasse les limites de son endurance, il subit alors 2
en Athlétisme permet d'augmenter la vitesse de montée dommages par tour passé sous l’eau.
d’un mètre par tour.

En cas d’échec du jet d’Escalade, le MJ est libre Le jeu de paume

de décider la hauteur de chute en fonction de la qualité
de l’échec. Plus l’échec est important plus le personnage
tombe de haut ; la hauteur de chute maximale étant la
hauteur que le personnage voulait atteindre.
La chute
S’il arrive souvent que les personnages escaladent, il
est encore plus fréquent qu’ils chutent. C’est la vie. Lorsque
cela arrive, le personnage encaisse des dommages en fonc-
tion de la hauteur de chute comme indiqué dans le tableau
de chute. Les résistances sont inefficaces contre ce type
de dommages. Toutefois, on peut réduire les dommages
grâce à un bon jet d’Athlétisme. En se réceptionnant cor-
rectement grâce à une réussite sur un jet d’athlétisme, les
dommages sont divisés par deux.
Nager et se noyer
Un autre danger auquel les personnages et les hé-
ros du XVIIème siècle sont exposés est la noyade. Toute
personne qui n’a pas la compétence Natation ne sait pas
nager. Cette personne peut à la limite rester à la surface
de l’eau sans progresser mais ce au prix de terribles efforts.
Une personne qui aura développé la compétence Natation
peut nager sans problème sur une eau calme. Il n’est pas
nécessaire de faire de jet.
Si une personne tombe à l’eau, il y a risque de
noyade. Si elle a une armure, elle coulera encore plus vite.
Sous l’eau une personne tient sans problème en apnée un
nombre de tours égal à son attribut Corps. Pour remonter,
il faut réussir un jet de Natation correspondant au contexte
Le jeu de paume est le sport le plus populaire durant
toute la première partie du XVIIème siècle, et les PJs vont
pouvoir y jouer. Ancêtre du tennis, les règles lui sont très
similaires, la façon de compter les points également. Les
joueurs peuvent jouer un contre un ou deux contre deux.
Les adversaires se renvoient la balle, ou éteuf, au moyen de
raquettes, de battoirs ou même à mains nues. Pour réus-
sir à envoyer la balle dans la partie de terrain adverse, le
joueur doit réussir un jet d’Armes de mêlée ou d’Armes
paysannes, au choix du joueur. Il est possible de spécialiser
chacune de ces compétences en Jeu de paume. Ceux qui
n’ont pas ces compétences utilisent leur attribut Adresse.
Pour renvoyer la balle dans la partie de terrain de
l’adversaire, il faut que le jet de Jeu de paume atteigne
ou dépasse 10. Renvoyer la balle dans le terrain adverse
est donc à la portée de tous. L’adversaire doit alors à son
tour renvoyer la balle en dépassant 10 sur un jet de Jeu de
paume. Les échanges de base sont donc faciles à réaliser
pour des joueurs expérimentés.
Il est possible de rendre les échanges plus intéres-
sants, soit en donnant de l’effet à la balle, soit en la met-
tant dans un coin du terrain. Réaliser une de ces deux
options, ou les deux, impose un malus au joueur attaquant.
Les malus sont présentés dans le tableau de jeu de paume,
page suivante.
Si la balle est bien placée, l’adversaire devra réussir
un jet d’Athlétisme pour l’atteindre. Une fois la balle at-
teinte, il faudra la renvoyer avec un jet de Jeu de paume.
Si la balle est bien placée, il faudra donc que le défenseur
fasse une action multiple Athlétisme/Jeu de paume.

25
 Exemple
Édouard et Urbain font une partie de paume.
Édouard commence au service. Il décide d’envoyer la balle
dans un coin du terrain en faisant courir son ami. Il en-
court donc un malus de -3 à son jet de Jeu de paume.
Édouard a 4 en Adresse et 3 en Armes de mêlée. Il
effectue donc son jet et obtient 16 auquel il retranche 3 à
cause du placement de la balle. Il obtient 13, score supérieur
à 10, ce qui est suffisant pour placer la balle où il désirait.
Urbain de son côté va devoir faire une action multiple
pour rattraper la balle. Il a 4 en Corps et 2 en Athlétisme
mais seulement 3 en Adresse et 3 en Armes paysannes. Il
commence donc par son jet d’Athlétisme avec 3D+2 contre
un seuil de 7 qu’il réussit haut la main (2+4+5+2 = 13). Il
enchaîne alors avec une frappe pour renvoyer la balle. Étant
en difficulté après la course qui lui a coûté un dé à cause
de l’action multiple, il décide de ne pas mettre d’effet dans
la balle et ne prend aucun malus. Il lance donc 2D+3 pour
son jet de Jeu de paume contre un seuil de 10. Il obtient 9
(3+4+2). C’est insuffisant et l'éteuf va mourir dans le filet.
Chapitre III - Le système

Charles Hulpeau - Le jeu de paume (1632)

sont cumulatifs. Si les malus sont trop importants et que
le jet est raté, le joueur envoie la balle dans le filet ou hors
Table du jeu de paume du terrain.
Malus au jet de Jet d'Athlétisme
Placement Jeu de Paume opposé
Au possible 0 - Explosifs
Balle longue -3 7 La poudre à canon a révolutionné l’usage de la guerre
durant le XVIIème siècle. Outre les canons, de plus en plus
Balle à contre-pied -6 10
nombreux et précis, on voit apparaître l’usage de tonneaux
Balle dans le coin -9 14 de poudre pour faire sauter des bâtiments, sans oublier les
meurtrières grenades.
Malus au jet de Jet de Jeu de Le fonctionnement des explosifs est très simple. La
Effet Jeu de Paume Paume opposé longueur de la mèche donne le temps avant explosion. Les
Coup normal 0 10 professionnels arrivent à déterminer avec précision si une
Léger effet -3 13 mèche va se consumer en deux minutes ou trente secondes.
Il peut s’agir d’une question de vie ou de mort. Chaque
Effet fort -6 16 explosif, grenade ou tonnelet comporte un temps de mise
Balle surprise -9 19 à feu estimé ainsi qu’un score de dégâts. Les explosifs pro-
voquent des déflagrations. Ainsi, même si on se trouve à
trois mètres d’une grenade, on en sentira quand même les
Mettre de l’effet dans la balle la rend plus difficile à effets. Le score de dommages indique les dégâts qu’une
renvoyer par l’adversaire. Le seuil n’est alors plus de 10, personne subit si elle reste à moins d’un mètre du centre de
mais de 13, 16 ou plus selon la puissance de l’effet. l’explosion. Ces dommages diminuent de deux points pour
chaque mètre en plus. Ainsi, pour une grenade ayant un
Pour le joueur qui attaque, placer une balle dans un score de 8, une personne se trouvant à plus de trois mètres
coin du terrain ou mettre de l’effet impose des malus sur de l’impact recevra 4 points de dégâts mais elle en aurait
le jet de Jeu de paume. Les malus de placement et d’effet reçu 8 si elle était restée à moins d’un mètre.

Explosifs
Seuil
Arme Dégâts d'Alchimie Mise à feu Effets néfastes
Petite grenade 5 9 À la fin du tour suivant le lancer Explose dans la main
Grenade 8 15 À la fin du tour suivant le lancer Explose dans la main
Tonnelet de poudre 20 18 2 minutes Temps de mise à feu réel de 30 secondes
Tonneau de poudre 40 21 3 minutes Temps de mise à feu réel de 30 secondes

26

Toutefois, les techniques de l’époque ne sont pas
fiables. Une grenade peut exploser dans la main de son
lanceur, une mèche censée se consumer en trois minutes
peut le faire en une seule. Pour refléter ce côté dangereux,
l’explosif subit un dysfonctionnement si lors du jet de mise
à feu le joueur obtient un 1 sur le dé ouvert (jet de Lancer
pour une grenade, jet d’Alchimie lors de la mise en place
d’un tonneau d’explosif). Ainsi, sur un lancer de grenade,
si le dé ouvert fait 1, le personnage perd une main et en-
caisse 8 points de dommages.
Il est possible de créer ses propres explosifs en uti-
lisant la compétence Alchimie. La difficulté de création
d’une petite grenade est de 9, une grenade a un seuil de
15. Un tonnelet d’explosif est plus dur à réaliser et le seuil
de création passe à 18. Le tonneau a un seuil de 21. En cas
d’échec, l’arme est bien réalisée mais sa conception ratée
provoquera un effet néfaste lors de son utilisation. L’effet
néfaste est celui décrit dans le tableau.
Il est également possible de réaliser des explosifs plus
destructeurs. Pour avoir deux points de dégâts en plus, la
difficulté de réalisation augmente de trois points.
Produits alchimiques
L’alchimie n’est pas nouvelle au XVIIème siècle, et
les poisons, narcotiques, et autres aphrodisiaques sont des
produits connus de quelques experts anonymes. Leur usage
est non seulement proscrit et puni de mort, mais en plus
il a très mauvaise réputation. Si une personne fait savoir
qu’elle manipule des poisons, elle portera vite le nom de
David Teners - L'alchimiste (1640)
Palazzo Pitti, Florence
«charmeur» ou «sorcier», on dira d’elle qu’elle manipule
les gens, qu’elle parle avec les morts et risque de jeter des
malédictions sur les braves gens. Cette activité doit rester
absolument secrète.
Poisons connus et recherche
Une personne qui étudie les poisons ne les connaît
bien sûr pas tous. Il existe quelques produits courants,
qu’une personne s’intéressant au sujet découvre rapide-
ment. Ainsi, aussitôt qu’une personne développe la compé-
tence Alchimie, elle connaît les produits dits «Courants».
Les autres, il faut étudier pour les découvrir.
Pour cela, il faut effectuer un jet d’Alchimie, et y
passer au moins plusieurs semaines. Le seuil à atteindre
est de 10 plus la difficulté de production du produit dont
il est question.
Fabrication
Chaque produit possède une «Difficulté», qui cor-
respond au seuil à atteindre avec un jet d’Alchimie pour
réussir ce produit. La fabrication prend une semaine, et le
personnage produit environ une dose supplémentaire par
tranche de 5 points au-dessus de la difficulté.
Chapitre III - Le système
Acheter les produits d’alchimie
Pour les personnes qui ne pratiquent pas l’alchimie,
mais qui voudraient se procurer ses méfaits, il est possible
27
 d’acheter les produits chez un apothicaire ou un médecin. gardés (peu Courants) et ceux que les sociétés ont essayé
La rareté du produit détermine la facilité à le trouver : de faire disparaître (Rares).

Courant : le PJ doit connaître le revendeur per-
sonnellement.
Peu courant : le PJ doit très bien connaître le
revendeur, ou très bien négocier la première
fois pour s’accorder sa confiance.
Rare : le PJ doit être vraiment très proche du
vendeur, et aussi trouver un vendeur qui
puisse en avoir. Ces produits sont non seule-
ment peu courants, mais méconnus. Si le PJ
en entend parler, les apothicaires et médecins
qu’il connaît n’en savent sans doute rien.
Prix des produits
Il existe plusieurs catégories de prix pour les pro-
duits d’alchimie. Les produits les moins chers s’achètent
pour moins d’un Sou, les produits chers coûtent plusieurs
Sous, et les produits les plus chers ne se trouvent que pour
plusieurs Livres.
Si un produit est fabriqué par le personnage, on
considère que les matières premières coûtent aussi cher que
Chapitre III - Le système
Aconit : aussi surnommée «Poison du loup»,
cette plante violette est connue pour ses vertus
médicinales, notamment après un processus de
détoxication. Sans cela, une petite quantité de
pommade faite avec cette plante suffit à tuer
en quelques heures, voire quelques minutes se-
lon les espèces d’aconits. C’est un poison assez
facile à récolter, surtout en Asie, donc extrê-
mement surveillé et connu.
Apéritif de Tantale : en faisant infuser des ra-
cines de belladone dans du vin, on rend la bois-
son extrêmement dangereuse. Toute personne
qui boit un verre d’une telle préparation se
mettra à suffoquer et étouffer après quelques
minutes. Cela ne tue pas néanmoins, à moins
d’en boire une très grande quantité.
Arsenic sublimé : cette poudre toxique se trouve
dans la thériaque prise dans du vin de Malvoi-
sie. Une dizaine de grammes suffisent à provo-
quer la mort en laissant des traces visibles et
typiques.
Aqua Tofana : ce poison aujourd'hui légendaire a
été créé par l’empoisonneuse Giulia Tofana, qui

le produit final. L’intérêt de le faire soi-même est principa-
lement que l’activité alchimique reste secrète, et qu’il n’est
pas nécessaire de s’accorder les faveurs d’un expert.
Présentation des produits
Les produits sont présentés par rareté, ce qui permet
de déterminer tout d’abord ceux que l’on est susceptible
de croiser dans sa vie (Courants), ceux qui sont très bien
le vendait à des femmes voulant tuer leur mari.
Il est fabriqué à partir d’arsenic, de plomb, de
belladone et de cantharide. Quelques gouttes
de ce liquide incolore suffisent. La victime su-
bit alors pendant quelques jours des crampes,
une légère paralysie, puis décède entre 4 et 6
jours après la consommation. Il est impossible
qu’un médecin trouve l’origine du décès.

Produits d'alchimie
Produits courants
Nom Effets Vitesse Prix Détectable Difficulté
Apéritif de Tantale Étouffement Très rapide Cher Difficile 9
Arsénic sublimé Poison Lent Peu cher Facile 12
Cantharide ( très peu ) Aphrodisiaque Rapide Cher Facile 15
Cantharide Poison Lent Cher Facile 15
Narcotique Hallucinations Rapide Peu cher - 9

Produits peu courants

Nom Effets Vitesse Prix Détectable Difficulté
Aconit Poison Lent Cher Facile 9
Eau régale Poison Très rapide Cher Facile 15
Opium Somnifère Très rapide Peu cher - 12
Orpiment Poison Rapide Cher Facile 15
Sublimé corrosif Poison Lent Peu cher Facile 9

Produits rares
Nom Effets Vitesse Prix Détectable Difficulté
Aqua Tofana Poison Lent Très Cher Difficile 24
Pierre infernale Poison Rapide Cher Difficile 18

28
Cantharide : cette poudre se trouve sur un pe-
tit coléoptère nommé «cantharide officinale».
Si l’on en ingère une très faible quantité
(<10mg), cela fait gonfler les voies urinaires,
et excite sexuellement les hommes. Toutefois,
en cas de dose importante des effets secon-
daires apparaissent : vomissements, urines
sanglantes, saignements par différents orifices.
Une surdose (50mg) entraîne la mort après de
vives douleurs. Ce produit est bien connu de
tous les médecins, et un meurtre à la cantha-
ride est immédiatement reconnu. Un homme
ayant ingéré un peu de cantharide subit -8
pour résister à la séduction quelques heures
après ingestion.
Eau régale : ou «Eau royale», c’est un poison
très corrosif à base d’acide chlorhydrique. Un
verre de cette préparation brûle la victime de
l’intérieur et tue en moins d’une minute. Les
séquelles sont très reconnaissables.
Narcotique : Il est possible de créer un narco-
tique avec de la jusquiame, de la belladone et
du stramonium. Consommer 100g de la poudre
obtenue fera voir des hallucinations de toutes
sortes à la victime pendant plusieurs heures,
environ une heure après consommation.
Opium : Cette préparation à base de pavot, ain-
si que de jusquiame et d’acide prussique se
trouve sous forme de feuilles concassées. On
peut les fumer, les inhaler ou les ingérer pour
provoquer le sommeil. 1g d’opium suffit à en-
dormir quelqu’un en seulement dix minutes.
Ce sommeil dure quelques heures. En plus
faible quantité, il provoque des effets calmants
qui génèrent une forte addiction.
Orpiment : l’arsenic jaune, ou orpiment, est une
poudre jaune qui peut soit être diluée et man-
gée ou bue, soit brûlée et inhalée en fumée.
Après quelques heures, la personne s’étouffe
et meurt, laissant des traces jaunes dans plu-
sieurs organes, aisées à reconnaître pour un
médecin. On peut guérir de ce poison en bu-
vant du lait chaud puis en vomissant.
Pierre infernale : Cette poudre beige faite à par-
tir de sel de cuisine n’est autre que du nitrate
d’argent, et a la propriété de brûler les chairs.
On s’en sert à très faible dose pour cautéri-
ser des plaies, mais si l’on dépasse plusieurs
grammes, la dose devient mortelle. Des brû-
lures s’installent petit à petit dans le corps de
la victime, qui ne peut rien faire d’autre qu’at-
tendre sa mort, quelques heures plus tard. Il
est extrêmement difficile pour un médecin de
détecter une telle mort.
Sublimé corrosif : Le chlorure de mercure, ap-
pelé «Sublimé corrosif», se trouve sous forme
de petites pierres blanches, ou en poudre. Une
dizaine de grammes ingérés suffisent à atta-
quer fortement les cellules souches du corps,
rendant la victime faible et sujette aux ver-
tiges. L’état s’aggrave pendant plusieurs jours
jusqu’à entraîner la mort. Des doses plus
faibles ne tuent pas tout à fait. Ce poison est
aisé à détecter pour n’importe quel médecin.
Contacts
Durant leurs aventures, les personnages joueurs vont
rencontrer des PNJ qui pourront devenir leurs indics, voire
leurs amis ou mentors. Ils développent ainsi des contacts.
À la création, un PJ n’a pas de contact, sauf s’il développe
l’avantage approprié.
Les contacts se définissent par leur sympathie vis-
à-vis du PJ et leur influence. Influence et sympathie sont
notées de 1 à 5. L’influence est déterminée par la posi-
tion sociale du contact, la sympathie par la relation qui
lie les deux personnages. L’augmentation de la sympathie
ou de l’influence d’un contact dépendra des évènements
de la campagne et du role play du joueur. Il ne sera en
aucun cas possible d’augmenter un contact en dépensant
des points d’XP.
Des exemples sont donnés mais vous pouvez en in-
venter d’autres avec l’accord du MJ.
Faites vivre vos contacts, donnez-leur un nom,
une occupation, dites depuis combien de temps vous les
connaissez... Tout ceci aidera le MJ à faire vivre ces per-
Chapitre III - Le système
sonnages et donc à faire une bonne séance de role play.
Sympathie
Rang 1 : Simple connaissance, Voisin de palier.
Rang 2 : Ami récent, Compagnon de beuverie,
Ancien professeur amical.
Rang 3 : Ami de longue date, Frère/Sœur.
Rang 4 : Parent très proche de cœur, ami d’en-
fance qui vous doit beaucoup.
Rang 5 : Personne prête à donner sa vie pour
vous.
Influence : Noble
Rang 1 : Laquais du Louvre, Palefrenier, Ser-
vante de grande maisonnée.
Rang 2 : Journaliste de la Gazette, Jeune noble
provincial, Vieux courtisan en disgrâce.
Rang 3 : Marquis en quête de reconnaissance à la
cour, Membre du parlement de Paris.
Rang 4 : Grand du royaume.
Rang 5 : Prince de sang, Ministre.
Influence : Église
Rang 1 : Garçon de lecture, Moine dominicain.
Rang 2 : Janséniste fanatique, Pasteur protestant
allemand persécuté, Prêtre de Notre-Dame-
des-Prés.
Rang 3 : Membre de l’Inquisition, Père supérieur
d’un monastère, Abbé.
Rang 4 : Cardinal.
29
 Hans Holbein - Les ambassadeurs (1533)
Chapitre III - Le système

National gallery, Londres

Rang 5 : Pape.

Influence : Armée
Influence : Roture
Rang 1 : Garde corrompu, Bretteur suicidaire,
Rang 1 : Mendiant de l’île de la Cité, Serveur ou Fantassin.
serveuse dans l’auberge la plus cotée de Paris,
Rang 2 : Membre des cadets de Gascogne, Grand
Porteur d’eau membre de la guilde, Lavandière
blessé et gradé de la Guerre de Trente Ans,
de Paris, Cocher, Prostituée.
Armurier d’épée de duel.
Rang 2 : Surineur de la Cour des Miracles, Bra-
Rang 3 : Mousquetaire du Roy, Maître d’armes,
connier, Matronne d’une maison de plaisirs.
Officier de cavalerie.
Rang 3 : Chef des brigands de la route de Ver-
Rang 4 : Maître de camp.
sailles, Gérant d’une salle de jeu de paume.
Rang 5 : Maréchal de France.
Rang 4 : Bandit le plus célèbre de Paris.
Rang 5 : Chef Coëstre de la cour des miracles.
Influence : Artiste et savant
Influence : Marchand Rang 1 : Chanteur itinérant, Prestidigitateur,
Étudiant de sciences et de philosophie.
Rang 1 : Tanneur fabriquant des armures de cuir,
Rang 2 : Poète et pamphlétaire, Scientifique
Vendeur de Bourgogne.
émigré d’Italie, Comédien de la commedia
Rang 2 : Explorateur des Indes, Gageur peu re- dell'arte.
gardant sur la marchandise, Armurier pour
Rang 3 : Gérant de théâtre, Artiste à la mode,
la milice, Contrebandier sévissant sur La
Architecte.
Manche, Petit propriétaire d’un immeuble de
Paris. Rang 4 : Professeur d’université, Artiste préféré
du roi (portraitiste, comédien, auteur, ...).
Rang 3 : Armateur de la Nouvelle-France, Fabri-
cant de fusils et de canons, Usurier. Rang 5 : Génie universel (Léonard de Vinci, René
Descartes, ...).
Rang 4 : Riche marchand ayant fait fortune avec
les denrées du Nouveau Monde (chocolat,
sucre, épices, ...).
Rang 5 : Maître de la compagnie des Indes Orien-
tales (VOC), Vice-roi des Indes.

30
 Les compétences
Cette section présente les compétences du jeu, clas-
sées selon leur attribut. Il existe deux sortes de compé-
tences : les compétences générales et les compétences de
spécialisation.
Les compétences générales représentent un large
éventail d’actions et de connaissances. Ce sont des compé-
tences qui augmentent de 1 à 10. Natation est une compé-
tence générale qui sert à nager par exemple.
Les compétences de spécialisation sont plus spéci-
fiques. Elles fonctionnent comme les compétences générales
jusqu’au rang 3. À partir de ce rang, le personnage a at-
teint le plus haut rang dans toutes les actions offertes par
cette compétence. S’il veut aller plus loin, il doit se spécia-
liser. Par exemple, on peut avoir la compétence Armes de
mêlée au rang 3. Mais on ne peut pas la développer au rang
4. Il faudra développer par exemple la spécialisation Épée
au rang 4 tout en utilisant toujours le rang 3 pour ma-
nier les autres armes de mêlée. On peut prendre plusieurs
spécialisations pour une seule compétence. Pour reprendre
l’exemple précédent, on peut développer la compétence
Épée à 4, la compétence Rapière à 4 et Arme de mêlée à 3
pour les autres armes de contact.
Certaines compétences sont dites «Innées» et pos-
sédées par tous. Elles peuvent être utilisées avec un jet
de l’attribut correspondant. Les compétences qui ne sont
pas innées encourent un malus de -3 si non maîtrisées. La
grande majorité des compétences ne sont pas innées.
Description des
compétences
Compétences d’Adresse
Armes Paysannes : Permet de manier les faux,
les marteaux de forgeron, les fourches, comme
des armes. Ce sont les armes typiques des ré-
voltes paysannes comme celles des croquants.
Armes de mêlée : Permet de manier toutes les
armes de mêlée propres aux combats et ne me-
surant pas plus de deux mètres.
Spécialisation : Dague, Main gauche, Épée, Ra-
pière, Sabre, Cimeterre
Armes d’hast : Permet de manier efficacement
les hallebardes et autres pertuisanes ou piques.
C’est la compétence attitrée des soldats et des
gardes.
Spécialisation : Espadon, Guisarme, Hallebarde,
Langue de bœuf, Pertuisane, Pique, Vouge
Discrétion : Avec cette compétence, le person-
nage peut se fondre dans les ombres et passer
discrètement sans être vu par d’éventuels gar-
diens. Pour savoir si d’autres personnes voient
le personnage, il faut faire un jet de Perception
en opposition avec le test de Discrétion. Ne
pas oublier d’appliquer des malus à la percep-
tion si jamais la scène se passe la nuit ou dans
le noir. Les modificateurs appliqués à la com-
pétence Perception sont dans le tableau "Mo-
dificateurs de situation", page 22.
Esquive [Inné] : La compétence Esquive permet
en combat d’esquiver les coups donnés au per-
sonnage ainsi que les projectiles, bien que ce
soit plus difficile. Cette compétence se fait en
opposition avec la compétence d’attaque de
l’ennemi.
Exemples d'esquive
Difficulté Exemples
Moyen (13-16) - Esquiver un cavalier qui charge
Délicat (17-20) - Esquiver un objet qui dévale une
pente
- Esquiver un piège mécanique
Difficile (21-24) - Esquiver un objet qui tombe
Chapitre III - Le système
Lancer : Cette compétence permet de lancer ef-
ficacement tous types d’objets. Cela va de la
pierre jusqu’à la dague de lancer en passant
par le tabouret.
On distingue deux cas pour le lancer.
Soit l’attaquant veut lancer un objet pour
qu’il touche une cible (comme une dague sur
un adversaire), soit l’attaquant veut placer un
objet dans un endroit précis après ses multi-
ples rebonds (comme une grenade).
Dans le premier cas, le jet de Lancer
s’oppose à la DefDist de la cible. La portée
de base est alors de 10 mètres. Pour des cibles
plus éloignées, l’attaquant encourt des malus
comme précisé dans le tableau ci dessous.
Dans le second cas, l’affaire est plus
compliquée. Arriver à placer un objet avec
précision à la suite de ses multiples rebonds est
une tâche ardue. La valeur du jet de Lancer va
déterminer la précision comme indiqué dans le
tableau de calcul de précision. Par exemple,
une personne qui lance une grenade et fait un
jet de Lancer à 19 parvient à placer l’objet à 2
mètres de l’endroit visé.
Malus selon la distance
Distance 10m 20m 30m
Malus - -3 -6
31
 Les compétences et leurs spécialisations
Compétence Exemples d'utilisation
Compétences d'Adresse
Armes de mêlée Combattre avec des armes comme la rapière, l'épée, la dague
Une arme
Armes paysannes Combattre avec des armes comme la hache de bûcheron ou le nerf de bœuf
Une arme
Armes d'hast Combattre avec des armes comme la hallebarde, la pertuisane ou la pique
Une arme
Esquive [Inné] Esquiver un coup en combat, esquiver un objet qui tombe
Discrétion Passer inaperçu, prendre par surprise
Lancer Lancer un objet sur quelqu'un ou à un endroit précis
Objets de taverne, Dague, Grenade
Pugilat [Inné] combattre sans arme, à mains nues
Recharge Recharger des armes à feu ou une pièce d'artillerie
Vol à la tire Dérober des objets

Compétences de Corps
Athlétisme [Inné] Courir, Résister à la fatigue, Escalader, Amortir une chute
Course, Escalade, Saut
Épreuve de force Soulever un objet lourd, enfoncer une porte
Natation Nager
Compétences de Perspicacité
Armes à feu Combattre avec des armes comme le mousquet ou le pistolet
Chapitre III - Le système

Arquebuse, Espingole, Mousquet, Pistolet

Alchimie Préparer des produits divers (poison, somnifère, aphrodisiaque...), de la poudre à canon
Explosifs et artifices, Poisons et narcotiques
Artisanat Produire des objets d'artisanat (des outils, une table, un escalier...)
Déguisement Se déguiser en une personne fictive ou réelle
Escrime Utiliser l'escrime en combat, savoir si une personne est un bon escrimeur
Jeu Gagner à un jeu, tricher
Mécanique Crocheter une serrure, créer une machine de théâtre, viser avec une pièce d'artillerie
Balistique, Crochetage, Pièges
Perception [Inné] Écouter, observer, fouiller, pister
Fouille, Qui vive, Pistage

Compétences d'Intellect
Connaissances (pays) Connaître l'histoire, les personnes influentes, les routes, les évènements, etc. liés à un pays
Connaissances (ville) Connaître les bâtiments, personnes importantes, lieux secrets, informateurs, etc. dans une ville
Contrôle de soi [Inné] Passer en présence, résister mentalement à la peur, la manipulation, la séduction, etc.
Lecture/Écriture lire et écrire, déchiffrer, reproduire un document
Lois Esquiver une sanction, manipuler l'issue d'un procès
Navigation Garder le cap, résister à une tempête, répartir les tâches dans un équipage
Politique Connaître les partis en présence, savoir comment faire pression, connaître les affaires louches
Soins soigner des blessures et des maladies
Médecine, Chirurgie
Compétence de Bagout
Art Concevoir une œuvre, estimer la valeur d'un objet d'art
Une discipline artistique
Autorité Imposer une idée, donner raison à quelqu'un, appeler une personne à écouter
Intimidation, Commandement
Comédie Écrire une pièce de théâtre, mentir, se faire passer pour autrui
Conversation [Inné] Convaincre, faire bonne impression, mentir, obtenir une information
Discours, Manipulation
Dressage Calmer un animal, apprendre des tours simples à un animal sociable
Empathie S'opposer à Manipulation, lire l'état d'esprit d'une personne (colère, peur...)
Équitation Rester sur son cheval dans des conditions difficiles, remplace Esquive
Étiquette S'intégrer à un milieu possédant des codes (la cour, l'étranger, une autre religion...)
Langue Parler des langues
Marchandage Négocier un prix ou les conditions d'un marché
Séduction Obtenir les faveurs ou des informations d'une personne à qui le PJ plaît

32
 Calcul de la précision Vol à la tire : Voici enfin la dernière compétence
qui semble définir un voleur. Vol à la tire per-
Difficulté Exemples met de faire les poches à une personne sans
Facile (9-12) - Lancer avec une précision de 10m que celle-ci ne s’en aperçoive. On oppose au
Moyen (13-16) - Lancer avec une précision de 5m test de Vol à la tire un test de Perception pour
savoir si le voleur est pris la main dans le sac.
Délicat (17-20) - Lancer avec une précision de 2m L’échec dans ce genre de cas est très déconseil-
Difficile (21-24) - Lancer avec une précision de 1m lé. Cela dit, de légères quantités d’alcool ou
une bonne ruse peuvent aider à mettre la cible
Très difficile - Lancer parfait «en de bonnes dispositions».
(25-29)

Malus appliqué au vol à la tire

Malus Circonstances
Spécialisation : Objets de taverne (chope, tabou-
-8 - L'objet est dans une poche fermée ou attaché
ret...), Dague, Grenade
- La cible sait qu'on veut lui prendre l'objet
Pugilat [Inné] : Permet de se battre à mains -3 - L'objet est rangé et non visible
nues efficacement. C’est une compétence in- - La cible n'est pas seule
dispensable pour assommer les adversaires à
coups de poings ou pour réaliser les clefs de +3 - L'objet est facilement accessible
bras et autres étranglements. Les attaques à +8 - L'objet est prêt à tomber et facile à attraper
mains nues infligent 1 point de dommages.
Recharge : Cette compétence est utilisée pour
recharger toutes les armes à feu. Que ce soit
un canon, un pistolet ou un mousquet, vous
Compétences de Corps
utiliserez la compétence Recharge. Un bon ti- Athlétisme [Inné] : Grâce à cette compétence,
reur peut ainsi recharger plus vite son arme et le personnage peut courir, escalader ou sauter.

Chapitre III - Le système

enchaîner les tirs. En combat, la recharge est Il s’agit d’une compétence extrêmement utile
considérée comme une action de longue durée. que tout PJ prudent devrait avoir. Les détails
concernant cette compétence sont donnés dans
la partie "Les dangers de l’aventure", page
24.
Spécialisation : Course, Escalade, Saut

Georges de la Tour - la diseuse de bonne aventure (1633)

Metropolitan museum of art - New York

33
 Exemples pour 1 mois d'Artisanat
Exemples de saut Difficulté Gain Action
Difficulté Action Facile (9-12) 1 Sou - Un bel outil
Facile (9-12) - 1m en hauteur, 3m en longueur - Une corde
Délicat (17-20) - 2m en hauteur, 5m en longueur Moyen (13-16) 5 Livres - Une dorure
- Une belle porte
Très difficile - 3m en hauteur, 9m en longueur
(25-29) Délicat 20 Livres - Une superbe table
(17-20) - Une serrure
Difficile 100 Livres - Un jardin pour le roi
(21-25)
Épreuve de force : Cette compétence est utili-
sée par tous les personnages «gros bras» pour
enfoncer des portes et soulever des objets par-
ticulièrement lourds. Déguisement : Cette compétence mesure l’apti-
tude du personnage à créer des déguisements
pour se faire passer pour autrui, et ainsi avoir
Exemples d'épreuves de force un bonus aux jets de Conversation. On l’op-
Difficulté Action pose directement à la compétence Perception
Facile (9-12) - Soulever 25kg de ceux qui doutent de la vraie identité du
personnage déguisé. Si le jet opposé de Per-
Délicat (13-18) - Soulever 60kg ception est réussi, le subterfuge est découvert.
- Casser une porte en bois léger Se déguiser nécessite un minimum de matériel
Très difficile - Soulever 100kg et de temps de préparation. Si le personnage
n’a pas tout cela, le MJ est libre d’appliquer
(25-29) - Casser une porte en chêne
un malus de -3 à -12 au jet de Déguisement.
Chapitre III - Le système

Modificateurs pour le déguisement

Natation : Développer cette compétence permet
au personnage de savoir nager. Elle lui permet Malus Circonstances
donc de ne pas se noyer mais aussi de secourir -3 - La cible connaît la personne usurpée
ses compagnons qui coulent ou encore d’aller -6 - La cible connaît bien la personne usurpée
chercher un objet au fond de l’eau. Les détails +6 - Il fait nuit
sur la natation sont expliqués section "Nager
et se noyer", page 25.

Escrime : L’escrime, c’est l’art d’embrocher son

Compétences de Perspicacité adversaire avec élégance et efficacité. La pra-
tique mortelle de l’escrime est très en vogue
Armes à feu : Permet de manier les armes à feu durant tout le XVIIème siècle, des milliers de
en général, de viser la cible et de tirer. S’op- nobles mourront dans des duels. Connaître cet
pose à la DefDist de la cible. Le grand défaut art apporte une supériorité certaine en com-
des armes de l’époque est leur long temps de bat. La compétence Escrime est liée aussi bien
recharge. aux connaissances théoriques sur le sujet qu'à
Spécialisation : Arquebuse, Espingole, Mousquet, la pratique des bottes mortelles.
Pistolet Pour les règles d’escrime et les armes
d’escrime, voir section "Les attaques ciblées et
Alchimie : L’alchimie n’est pas considérée comme
l’escrime", page 20.
une science au XVIIème. Les savants en sont en-
En plus des bonus en combat, la compé-
core aux balbutiements de cet art qui consiste
tence Escrime permet aussi d’analyser le style
à décanter différents produits naturels dans le
de son adversaire. En réalisant un jet d’Es-
but d’obtenir un remède ou un poison. Il s’agit
crime contre la DefSpirit d’un combattant en
plus de connaissances empiriques que d’un
train de se battre, il est possible, sur une réus-
vrai savoir et l’alchimie est à ce titre consi-
site simple, d’apprendre si la cible a développé
dérée comme une compétence de Perspicacité.
des techniques d’escrime et de quelle école. Sur
On se sert aussi de cette compétence pour tra-
une réussite avec une marge de +5, toutes les
vailler sur la poudre à canon.
techniques maîtrisées par la cible sont révélées.
Spécialisation : Explosifs et artifices, Poisons et Sur une réussite avec une marge de +10, la
narcotiques valeur de l’attribut Adresse est révélée.
Artisanat : Cette compétence peut être dévelop-
pée plusieurs fois. Pour chaque artisanat (me-
nuisier, charpentier, tanneur, ...) le personnage
aura une compétence Artisanat différente.
L’artisanat est utile pour accomplir toutes les
tâches de ces métiers.

34
 Jeu : Les jeux de hasard sont nombreux au XVIIème
et connaître les astuces du lansquenet ou de la
passe-dix peut rapporter gros. Des fortunes se
font et se défont autour des tables de jeu. Pour
simuler une heure de parties successives on dé-
finit une mise de base au début. Puis chaque
joueur réalise un jet de Jeu. Le plus haut jet
est le premier gagnant. Il prend sa mise de
base plus un pourcentage de la mise de base
égal à dix fois sa compétence Jeu. Le second
se sert à son tour et ainsi de suite jusqu’à ce
qu’il n’y ait plus d’argent. Aucun joueur ne
peut prendre plus d’argent que le gagnant. Les
joueurs qui n’ont pu se servir ont tout perdu.
Un jet de Jeu peut être utilisé pour tri-
cher. Si ce jet dépasse le jet de Perception des
autres joueurs, le tricheur gagne forcément.
Des tentatives successives de triche accusent
un malus au fur et à mesure des parties.
Exemples de mises au jeu
Lieu Mise
Taverne pauvre Quelques Deniers
Belle auberge Quelques Sous
Salon de noble Quelques Livres
À la cour Plusieurs dizaines, voire centaines
de Livres
Mécanique : Représente la connaissance du per-
sonnage en la réalisation et la compréhension
d’inventions mécaniques. On l’utilise pour dé-
sarmer ou construire un piège mais aussi pour
la balistique et le calcul de trajectoire des bou-
lets de canon. C’est aussi la compétence utili-
sée pour crocheter les serrures. Les malandrins
sont donc souvent doués en mécanique. Grâce
au crochetage le personnage peut ouvrir toutes
les serrures mécaniques du monde.
Spécialisation : Balistique, Crochetage, Piège
Perception [Inné] : Cette compétence sert à
observer les alentours. On l’utilise aussi bien
pour détecter les pièges, les détails du spec-
tacle, fouiller une chambre ou encore surveil-
ler d’éventuels bandits dans le noir. Il s’agit
donc d’une compétence très utile et même vi-
tale pour les personnages pourchassés par des
ennemis puissants et déterminés. Le seuil est
déterminé par le MJ ou par la réussite du jet
de Discrétion de la cible cachée.
Spécialisation : Fouille, Qui vive, Pistage
Compétences d’Intellect
Connaissances diverses : Le personnage peut
avoir des connaissances dans des domaines va-
riés comme la connaissance d’une région pré-
cise du Royaume de France ou d’une ville. Il
peut aussi s’agir de la connaissance de l’his-
toire du Nouveau Monde ou de ses routes ma-
ritimes.
Exemples de connaissances sur un pays
Difficulté Action
Très facile (6-8) - Les guerres
- Le régime politique
Facile (9-12) - La personne au pouvoir
- Les guerres civiles
- Les routes fréquentables
- Les produits du commerce
Moyen (13-16) - L'état des villes (en guerre, sûre,
en pleine épidémie, etc.)
- Des personnes de haute noblesse
Délicat (17-20) - Les meilleurs moyens de relier
deux villes
Exemples de connaissances sur une ville
Difficulté Action
Très facile (6-8) - Le dirigeant
- Les bâtiments importants
- Les couvents/monastères proches
Facile (9-12) - Les personnes influentes de la ville
- Les opposants au pouvoir
- Le commerce de la ville
Moyen (13-16) - Tous les personnages politiques
Chapitre III - Le système
- Les coins sûrs/sombres
- Les bordels influents
- Les lieux cachés où l'on peut tout
trouver
Contrôle de soi [Inné] : Cette compétence sert
au personnage pour se maîtriser. Quand un
personnage est victime d’une tentative de
manipulation, de séduction ou d’autres com-
pétences sociales, le joueur qui le désire peut
réaliser un jet de Contrôle de soi pour résister
à cette tentative d’influencer son esprit. Cette
compétence est aussi spécialement dédiée aux
Possédés. C’est avec cette compétence que ces
derniers peuvent rester maîtres de leur corps
et lutter contre le pouvoir de l’esprit qui est en
eux. Pour plus d’informations, voir la section
"Pouvoir et Contrôle de soi", page 79.
Lecture et écriture : Capacité à lire et écrire.
Plus la compétence est élevée et plus le per-
sonnage peut comprendre rapidement des
textes longs et élaborés. Cette compétence as-
sociée à Langues permet de lire et écrire une
autre langue que la sienne. Si un personnage
n’a pas la compétence Lecture et écriture il ne
sait ni lire ni écrire. Avoir cette compétence à 2
ou plus permet de lire les textes courants sans
effort (pas besoin de jet).
Lois : Connaître les lois est bien souvent indispen-
sable pour pouvoir espérer les respecter ou les
faire respecter. Plus la compétence est élevée
et plus le personnage connaît les fonctionne-
ments de la justice, les lois, leurs points forts
et leurs points faibles.
35

Johannes Vermeer - Le géographe (1669)
Chapitre III - Le système
Städtische Galerie, Francfort-sur-le-Main
Types de peines applicables
Gravité Action
Sanction Amende, confiscation
Peine légère Amende honorable, emprisonnement
Peine grave Marque au fer rouge, galères, pendaison,
corps rompu (écartèlement, la roue, etc.)
Exemples d'utilisation de Lois
Difficulté Action
Facile (9-12) - Esquiver une petite sanction
- Comprendre un cas de législation
simple
Moyen (13-16) - Comprendre un cas de législation
complexe
Délicat (17-20) - Esquiver une peine légère
- Argumenter durant un procès au
Parlement
Difficile (21-25) - Manipuler un procès simple n'impli-
quant pas de noblesse
Très difficile - Esquiver une peine grave
(26-29) - Manipuler un procès important
Navigation : Mesure la capacité d’un personnage
à diriger une embarcation, à faire le point en
pleine mer et à connaître les manœuvres sur
un navire. Tout personnage qui a un tant soit
peu passé sa vie sur la mer se doit d’avoir dé-
veloppé cette compétence.
36
Exemples de Navigation
Difficulté Action
Très facile (6-8) - Diriger un navire durant 1
jour sur un trajet simple et connu
(France-Angleterre) avec une météo
clémente
Facile (9-12) - Diriger quelques semaines sur un
trajet peu connu
- Gérer une petite tempête
Moyen (13-16) - Suivre les instructions d'un amiral
- Aborder un autre navire
Délicat (17-20) - Maintenir le cap sur un trajet de 2
mois (Nouveau Monde)
- Gérer une grosse tempête
Difficile (21-25) - Maintenir le cap sur un trajet de 6
mois (Les Indes)
Politique : Représente les connaissances du per-
sonnage dans les statuts et les enjeux habituels
de la politique. Un test réussi peut permettre
de connaître le rang d’un noble ou le protocole
habituel d’un bal royal.
Exemples d'utilisation de Politique
Difficulté Action
Très facile - Connaître le régime politique d'un pays
(6-8) connu
Facile (9-12) - Connaître les partis politiques des pays
voisins
- Connaître les relations dirigeants/peuple
Moyen - Connaître les détails sur les personnes
(13-16) importantes d'une ville
- Savoir les tendances politiques des gens
Délicat - Connaître les rumeurs et affaires louches
(17-20) - Savoir quoi offrir à un chef politique
pour le faire changer d'avis
Soins : La médecine donne des connaissances sur
l’anatomie humaine, les blessures mais aussi le
diagnostic des maladies et leurs traitements.
Cette compétence permet donc de déterminer
l’origine d’une maladie, ainsi que d’aider des
personnes blessées à survivre ou à récupérer
plus rapidement. Cette compétence sert aus-
si à la chirurgie d’urgence. Plus de précisions
sont données dans la partie "Médecine et récu-
pération", page 19.
Spécialisation : Médecine, Chirurgie
Compétences de Bagout
Art : L’art transcende les cultures et les mœurs
pour toucher directement au cœur. Ce peut
être la maîtrise d’un instrument de musique
(violon, flûte, harpe,  ...) ou encore un autre
art telles la peinture, la sculpture ou la poésie.
 Exemples d'utilisation d'Art
Difficulté Action
Très facile (6-8) - Produire un objet de faible qualité
(statuette en bois, peinture simple)
Facile (9-12) - Produire un bel objet (Dentelle,
petit portrait)
- Estimer un objet d'art avec une
erreur de 30%
Moyen (13-16) - Reproduire une belle pièce d'art
Délicat (17-20) - Produire un superbe objet (Statue,
beau portrait)
- Estimer un objet parfaitement
Spécialisation : Violon, Harpe, Peinture, Sculp-
ture...
Autorité : Savoir se faire respecter, apporter la
peur dans le cœur de l’ennemi, c’est tout un
art. Vous pouvez utiliser cette compétence
pour mener des hommes à la bataille et vous
imposer comme chef naturel. Le seuil de diffi-
culté est la DefSpirit de la cible. Compétence
essentielle pour les chefs militaires.
Spécialisation : Intimidation, Commandement
Comédie : Permet de jouer la comédie, de mentir,
de mimer les actions d’une autre personne, de
singer ses traits et son comportement. Outre
le fait que c’est utile sur une scène de théâtre,
c’est également une compétence utilisée pour
tromper ses interlocuteurs.
Exemples d'écriture de pièce
1 mois d'écriture + 1 mois de mise en scène
Difficulté Action
Facile (9-13) - Écrire une pièce médiocre qui ne
rapporte rien
Moyen (14-17) - Écrire une pièce de rue qui peut
rapporter quelques Sous
Délicat (18-22) - Écrire une pièce de qualité, rece-
vable dans un salon
Difficile (23-25) - Écrire pour un public connaisseur
Conversation [Inné] : Mesure la capacité à
convaincre une personne ou une assemblée en
exposant des faits véridiques ou en embobi-
nant l’assistance par des mensonges subtils.
On prend comme seuil de difficulté la plus
haute DefSpirit des gens de l’assemblée. Un
personnage peut utiliser cette compétence en
combat comme action de longue durée pour,
par exemple, convaincre une foule de le dé-
fendre.
Spécialisation : Manipulation, Discours
Dressage : Permet au personnage de dresser
des animaux. Que ce soient des chiens ou des
faucons, il pourra dès lors conditionner les
animaux pour qu’ils accomplissent des actions
simples. Le dressage prend du temps et s’étale
sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Le
seuil du dressage dépend de l’action envisagée.
Le MJ est libre de rajouter des malus ou des
bonus en fonction de la nature de l’animal et
de son lien avec son maître.
Cette compétence permet aussi de cal-
mer un animal agressif en réussissant un jet de
Dressage contre la DefSpirit de la bête. Ceci ne
fonctionne pas si l’animal a été dressé.
Exemples de tours après 1 mois de dressage
Difficulté Tour
Moyen (13-16) - Venir
- Agresser
- Se laisser monter
Délicat (17-20) - Surveiller et avertir
Difficile (21-25) - Voler un objet
Chapitre III - Le système
Malus propre à l'animal dressé
Animal Malus
Chien, cheval Aucun malus
Faucon Petit malus (-3)
Chat, corbeau Gros malus (-8)
Empathie : Grâce à cette compétence, il vous
sera possible de connaître les émotions et l’état
d’esprit de votre interlocuteur. Il vous sera
aussi possible de savoir si la cible vous ment.
Le seuil du jet d’Empathie est le résultat du
jet de Conversation ou de Manipulation de la
cible.
Équitation : Cette compétence est nécessaire
quand on veut pouvoir diriger un cheval qui va
à une vitesse supérieure au trot. Sans cela, le
personnage ne maîtrise plus les déplacements
de son cheval. Il s’agit d’une compétence très
utile pour tout personnage se destinant à être
cavalier. À cheval, un personnage peut utili-
ser sa compétence Équitation à la place de sa
compétence Esquive pour éviter les coups au
corps à corps pour lui ou sa monture.
Exemples avec Équitation
Difficulté Action
Très facile (6-9) - Rester sur son cheval en combat
(pas de jet si la Compétence est à 1
ou plus)
Facile (10-12) - Galoper
Moyen (13-16) - Sauter un obstacle au galop
Délicat (17-20) - S'arrêter net
37
 Étiquette : Compétence utile en société pour
connaître tous les mouvements nécessaires au
strict respect du protocole de la cour. Typi-
quement, cela permet de savoir comment on
doit saluer un empereur européen ou un roi de
tribu d’Afrique noire ou encore un chef pirate
des Caraïbes.
Exemples avec Étiquette
Difficulté Lieu / Personne
Moyen (13-16) - Salon de petite noblesse
- Ecclésiastique de haut rang
Délicat (17-20) - Lieu appartenant à une autre religion
- La cour
Difficile (21-25) - Une cour étrangère
Langue (Français, Anglais, Latin,  ...) :
Chaque fois que cette compétence est déve-
loppée, ce doit être pour une langue différente.
Le joueur aura donc autant de compétence
Langue que de langues connues et parlées.
Pour appliquer la compétence Langue, on ne
fait pas de jet, mais on détermine globalement
Chapitre III - Le système
le niveau de langue, selon la table suivante.
Repères en Langue
Niveau Parlé de la personne
1 - Connaître des bases comme "Bonjour",
"Merci", "Au revoir"
3 - Peut converser sans problème des sujets du
quotidien
5 - Parle parfaitement, comprend jeux de mots
et calembours
7 - Peut évoquer des idées complexes et philo-
sophiques propres à la langue
9 - Sait reconnaître les patois et dialectes du
pays, peut en parler certains
Marchandage : La compétence maîtrisée par
tous les marchands. Quand deux personnages
marchandent sur le prix d’un objet, ils effec-
tuent chacun un test opposé de Marchandage.
Le vainqueur voit le prix de l’objet modifié
d’une valeur de dix pour cent du prix de base
en sa faveur. Chaque protagoniste a le droit de
tenter un jet de Marchandage supplémentaire
sur un objet par tranche de 3 dans la compé-
tence.
Séduction : Mesure la capacité du personnage à
attirer les personnages du sexe opposé ou sus-
ceptibles de s’intéresser à lui. Le jet de la com-
pétence prend comme seuil la DefSpirit de la
cible ou le résultat d’un jet de Contrôle de soi.
38
Armes, armures,
biens et services
La monnaie
La valeur de la monnaie
Durant tout le XVIIème siècle, les monnaies changent
beaucoup en Europe. Chaque pays frappe sa monnaie, en
utilisant différentes formes, motifs et matériaux. Certaines
monnaies disparaissent ou ne sont plus utilisées alors que
d’autres voient le jour du fait de la pression de l’adminis-
tration royale. Si dans les villes, l’argent est utilisé, c’est
moins le cas à la campagne où le troc a toujours sa place.
Le système de monnaie utilise principalement la
Livre. Sa valeur est établie par la quantité d’or qu’elle
contient. Des édits se succèdent alors, année après année,
modifiant la valeur de la Livre en déterminant quelle quan-
tité d’or elle doit contenir. La valeur de la Livre dépend
donc de l’année à laquelle elle a été frappée.
Les riches personnes possèdent parfois des Louis,
dont la valeur varie aussi au cours des années. Le Louis se
décline en Louis d’or, Louis d’argent, appelé aussi écu, puis
en double et demi-Louis d’or. On parle aussi de demi-écu,
quart d’écu, sixième d’écu, douzième d’écu. Le Louis d’or a
toujours une valeur d’environ 10 Livres, l’écu 3.
Pour les échanges plus simples de monnaie, la Livre
se décline bien sûr en monnaie de plus faible valeur, le
Sou et le Denier. Leur valeur est décrite dans le tableau
suivant :
La monnaie
Monnaies Livre Sou Denier
Livres 1 1/20 1/240
Sous 20 1 1/12
Deniers 240 12 1
L’usage de la monnaie
Le denier est la monnaie du pauvre, la Livre celle
utilisée par les marchands. Quant aux écus et aux Louis,
ils ne sont réservés qu’aux gens fortunés pour de grosses
transactions.
Par la suite et par souci de commodité, tous les prix
seront indiqués en Livres Tournois, abrégées Livres. Les ar-
ticles marqués d’un astérisque sont peu courants en France
et sont plus coûteux.
 Armes de mêlée
Arme Prix Dommages Initiative Allonge Poids (kg)
Cimeterre* 28 Livres 5 -3 3 2,1
Dague 1 Livre 3 -1 2 0,6
Épée large 18 Livres 5 -3 3 1,2
Épée de duel 20 Livres 5 + spécial -3 3 1,4
Fleuret 14 Livres 2 -2 3 0,9
Main gauche 8 Livres 3 -1 2 0,5
Rapière 16 Livres 5 -2 3 1,6
Sabre 21 Livres 6 -4 3 2,1

Armes Rapière : La Rapière est une lame longue et

Pour chaque arme, vous trouverez dans les tables as-
sociées les dommages infligés lors d’une attaque ainsi que
le malus d’initiative inhérent à son utilisation.
Les armes de mêlée
Cimeterre : Lame épaisse et courbe, le cimeterre
est une arme arabe. Son tranchant est robuste
et son estoc particulièrement efficace.
fine, à la garde élaborée, flexible, destinée aux
coups d’estoc. La rapière est une arme légère
qui met en valeur la dextérité de celui qui la
manie.
Sabre : Le sabre est une arme de taille, plus dif-
ficile à manier que l’épée et la rapière, mais
terriblement plus meurtrière.
Les armes paysannes

Chapitre III - Le système

Dague : Petite et discrète, la dague est l’arme
la plus simple et la plus répandue. Qu’elle
soit dissimulée dans la botte d’un voleur ou
dans les volants d’une dame, elle a toujours sa
place. Il est également possible d’en faire une
arme de lancer, ce qui achève sa polyvalence.
Épée large : L’épée large est l’arme des combat-
tants sur le champ de bataille. Plus robuste
que l’épée de duel, elle n’en est pas moins ma-
niable et tranchante.
Épée de duel : L’épée est une arme d’estoc,
fine et courte. Très maniable, elle est l’arme
de choix des bretteurs. La finesse de l’arme
permet au combattant de mieux ajuster ses
attaques visées. Il reçoit un bonus de +1 sur
le tableau d’escrime après avoir réussi une at-
taque visée.
Fleuret : Le fleuret n’a pas vocation à être une
arme de combat, mais c’est plutôt une arme
d’entraînement. Muni d’une lame longue et
fine, celle-ci est souvent mouchée afin de don-
ner lieu à des duels amicaux.
Main gauche : Comme son nom l’indique, elle
se tient de la main gauche, et permet de se
défendre davantage. Son usage nécessite ce-
pendant un entraînement particulier. La main
gauche augmente la défense au corps à corps
de deux points (DefCC +2).
Faux, pelle : La faux et la pelle peuvent être
utilisées vulgairement pour blesser. Même si ce
n’est pas leur usage premier, ces outils peuvent
tout de même devenir des armes redoutables.
Fouet : Le fouet est une longue lanière de cuir.
Cette arme est particulière car elle peut s’en-
rouler autour de l’objet qu’elle atteint. En
combat, on peut réaliser dans le même tour
une attaque au fouet, et une attaque au Pu-
gilat dans le cadre d’une tentative de faire
chuter l’adversaire. Le bonus de compétence
de Pugilat est remplacé par celui en Armes
paysannes si celui-ci est meilleur.
Hache de bûcheron : Cet outil tranchant s’uti-
lise également comme arme si son propriétaire
décide de trancher des têtes plutôt que des
arbres.
Nerf de bœuf : Le nerf de bœuf est une sorte de
matraque fabriquée avec des nerfs et tendons
de cou de bœuf.
Les armes d’hast
Les armes d’hast sont de grandes armes se maniant
à deux mains. Leur taille les rend difficiles à manier. Elles
sont très efficaces contre les ennemis arrivant de face, mais
rendent très vulnérable le combattant contre les attaques
de côté. Les attaques de côté bénéficient d’un bonus de +3
contre un personnage maniant une telle arme.

Armes paysannes
Arme Prix Dommages Initiative Allonge Poids (kg)
Faux, pelle 4 Sous 2 -4 4 5
Fouet 15 Sous 2 -2 4 2
Hache de bûcheron 8 Sous 5 -4 3 3
Nerf de bœuf 3 Sous 3 -3 2 0,8

39
 Jan de Martszen - Scène de la guerre de trente ans (env. 1640)
Collection privée

Pique : Avec son allonge pouvant atteindre 5m,

Chapitre III - Le système

Espadon : L’espadon est une grande épée se ma-
niant à deux mains. Lourde et puissante, c’est
la plus dévastatrice des lames.
Guisarme : La guisarme est une arme perforante,
mais elle est aiguisée sur l’un des côtés et pos-
sède souvent quelques crochets, ce qui en fait
également une arme tranchante.
Hallebarde : Souvent portée en ornement par la
soldatesque, elle possède tout de même une
lame de bonne qualité ainsi qu’une pointe qui
peut être suffisamment effilée pour s’en servir
d’arme. La hallebarde est une arme lourde et
puissante.
Langue de bœuf : La langue de bœuf est une
lame de presque 50cm fixée au bout d’un bâ-
ton de plus d’un mètre cinquante. Cependant,
la taille de l’arme rend le tranchant d’usage
difficile.
Pertuisane : La pertuisane possède une lame cen-
trale, perforante, ainsi que deux autres lames
en demi-lune. Les bords de la lame centrale
sont souvent ondulés. Les pertuisanes parti-
culièrement ouvragées font des armes d’appa-
rat spécialement appréciées parmi les gardes
d’honneur.
la pique est l’arme de prédilection des fantas-
sins. Propagée par les fantassins suisses dans
les guerres européennes, elle est maintenant
l’arme de base de tous les régiments du pays.
Vouge : La vouge est une large lame, pointue et
possédant un long tranchant. Cette arme très
simple à fabriquer et à manier est assez répan-
due chez les paysans.
Armes à feu
Les armes à feu sont fréquentes, mais sont toujours
des armes chères. Elles permettent de tirer à distance, mais
la recharge est une action longue et non sans risque. Pour
recharger une arme, il faut effectuer une action de longue
durée, suivant la règle des actions longue durée énoncée
section "Action de longue durée", page 17.
Les seuils de recharge ne concernent que la recharge
faite rapidement, par exemple en combat. Une recharge
faite au calme ne nécessite pas de jet et réussit toujours.
Dans le tableau "Armes à feu", les valeurs entre paren-
thèses sont les valeurs ajustées au combat au corps-à-corps.

Armes d'hast
Arme Prix Dommages Initiative Allonge Poids (kg)
Espadon 20 Livres 6 -5 4 3
Guisarme 18 Livres 5 -5 4 2
Hallebarde 21 Livres 8 -7 4 5
Langue de bœuf 12 Livres 6 -6 4 2,5
Pertuisane 24 Livres 7 -5 4 2
Pique 20 Livres 7 -8 5 7
Vouge 8 Livres 4 -4 4 4

40
 Armes à feu
Arme Prix Dommages Recharge Portée (m) Initiative Taille (cm) Poids (kg)
Arquebuse 45 Livres 6(3) 70 / 7 35 -7 70 6
Espingole 28 Livres 8(3) 80 / 10 15 -6 75 5
Mousquet à platine à mèche 70 Livres 7(3) 60 / 7 60 -7 165 9
Mousquet à platine à silex 100 Livres 7(3) 40 / 9 75 -5 160 9
Mousquet sur trépied 120 Livres 9(3) 80 / 9 120 -9 200 13
Pistolet 40 Livres 5 30 / 6(2) 10 -3 50 1,1
Pistolet de poche 35 Livres 4(2) 30 / 6 7 -2 35 0,9
Poudre et cartouches (x15) 1 Livre - - - - - 0,5

Arquebuse : Cette arme apparue au XVème siècle Les canons

a changé d’apparence plusieurs fois, pour fina-
lement prendre une forme fine et relativement
légère. Souvent ornementée par des dorures et
gravures, elle n’en reste pas moins une arme.
Elle tire à portée assez courte, mais a l’avan-
tage de pouvoir s’épauler.
Espingole : L’espingole, ou tromblon, est munie
d’un large canon évasé. Cette arme n’est pas
précise ni ne permet de tirer à longue portée,
mais a l’avantage de pouvoir être chargée de
tout et n’importe quoi. Portée par beaucoup
Les canons au XVIIème siècle évoluent lentement. Tout
d’abord, pendant toute la première partie du siècle, ils ne
sont pas standardisés. C’est-à-dire que la roue d’un canon
ne pourra pas être adaptée sur un autre, de même pour
toutes les autres pièces et ce même pour des calibres simi-
laires. La portée des canons est de l’ordre de 300 mètres.
La précision laisse à désirer. Quand il s’agit de toucher un
bâtiment, il faut compter sur plusieurs tirs, les premiers
servant de points de repère pour les suivants. Un bon artil-
leur doit avoir des notions de mécanique et de balistique,

Chapitre III - Le système

de pèlerins, il est possible de s’en servir en la et il peut avoir suivi des cours auprès d’illustre physiciens,
chargeant par la bouche de cailloux, bouts de comme Galilée.
verre, n’importe quel petit objet pouvant bles-
ser. Les dommages importants sont compensés Pour utiliser un canon, il faut tout d’abord le re-
par le temps nécessaire pour la recharger. charger. Il est possible de faire cela à deux. Les règles de
recharge classique s’appliquent, comme pour les armes à
Mousquet à platine à mèche : Arme très ré- feu. Le jet de visée ne se fait pas avec la compétence Armes
pandue parmi les armées, le mousquet à mèche à feu mais avec la compétence Mécanique (spécialisation
est lourd, robuste et puissant. Cette arme est Balistique). La difficulté du jet de visée dépend de la cible,
si lourde qu’il faut la poser sur un support de les détails sont donnés dans le tableau ci-après.
bois, la fourquine, pour tirer.
Mousquet à platine à silex : Arme nouvelle Tir au canon
encore rare, le mousquet à platine à silex pos-
Contexte Difficulté
sède un savant système de mise en place de la
poudre permettant de tirer en deux temps, la Bout portant 10
rendant plus fiable. Hélas, si la recharge est Zone dégagée, bâtiment 14
rapide et le tir immédiat, les ratés sont fré-
quents. Le chien est actionné une première fois Cible masquée (bataillon en forêt) 18
afin de remplir le bassinet de poudre, puis fer- Cible en mouvement (bataillon en course) 22
mé hermétiquement. Le chien est actionné une
Position élevée -3
seconde fois pour tirer.
Premier tir +3
Mousquet sur trépied : Cette arme a le même
système de fonctionnement que le mousquet à
silex. Mais elle est beaucoup plus lourde, plus
longue et plus destructrice. Un trépied en bois
est nécessaire pour soutenir le canon pendant
que le tireur ajuste sa cible. Cette arme est
surtout utilisée pendant les batailles par les
tireurs d’élite afin de toucher le chef ennemi
sur une longue portée.
Pistolet : Cette arme courte est bien plus légère
que les grandes armes à feu utilisées par les
armées. Le pistolet se charge par la bouche : la
poudre, puis la balle enroulée dans un bout de
tissu, puis le tout est tassé au fond. Les tirs au
pistolet sont très imprécis.
Pistolet de poche : Cette version courte du pis-
tolet est peut-être encore moins précise, mais a Jan van de Velde - Cavalier et deux soldats, canon (1639)
l’avantage d’être plus facile à dissimuler.
Rijksmuseum, Amsterdam

41
 Artillerie
Arme Impact Recharge Poids Description
Canon de 6 livres 25 90 / 11 500 kilos Utilisé comme artillerie de campagne
Canon de 12 livres 10 100 / 13 1 Tonne Utilisé sur des navires et comme artillerie de campagne
Canon de 24 livres 4 120 / 13 2 Tonnes Utilisé sur des navires ainsi que sur des fortifications
Canon de 48 livres 2 150 / 13 2,5 Tonnes Canons les plus lourds, réservés aux énormes navires et aux fortifications
Mortier 15 120 / 13 700 kilos Surtout utilisé pendant les sièges pour dépasser les fortifications ennemies

Grenade : Les grenades sont des petites boules

Un canon n’est pas fait pour tirer sur des personnes
et le système est pensé pour utiliser les canons contre des
navires ou des bâtiments. La seule utilisation des canons
sur des personnes est durant une bataille où le canon peut
bombarder un régiment regroupé ou alors pilonner une
zone retranchée.
Le chiffre d’impact donne le nombre de tirs nécessaire
pour démolir une fortification de pierre avec ce type de
canons. Si des personnes se trouvent dans un bâtiment,
ou dans une zone qui reçoit un boulet, il faut détermi-
ner si elles prennent des dégâts. Dans ce cas-là, aucune
compétence ne peut aider les personnages. Il faut de la
chance, rien d’autre. Pour chaque personnage, lancez un
D6, ceci représente le nombre de dommage pris par chacun
(les armures permettent de diminuer ces dommages). En
Chapitre III - Le système
solides dont on allume la mèche avant de les
lancer vers des ennemis. Alors que l’armée uti-
lisait de temps à autre des grenades en fer qui
explosaient et dont les débris brûlants venaient
arracher la peau des cibles, l’usage le plus fré-
quent de ces petits objets revenait aux pirates,
qui mettaient du goudron et des chiffons dans
des coquilles de céramique, non pas pour ex-
ploser mais pour créer d’épais nuages noirs. La
version la plus courante en Europe est tout de
même la boule de fer remplie de poudre explo-
sive. Les premières grenades apparaissent dans
la seconde partie du siècle et restent extrême-
ment rares car dangereuses pour le lanceur.
Objet de taverne : Lors des fréquentes bagarres
dans les tavernes, n’importe quel objet de fonc-

revanche, si des personnages se trouvent dans le bâtiment

quand ce dernier s’effondre, alors chacun reçoit 3D6 points
de dommages.
Si une personne est à bout portant, à moins de 10
mètres de la bouche du canon, et que le tir est réussi, alors
la malheureuse victime meurt sur le coup. Un point de
Panache permet de sauter au dernier moment sur le côté
et de ne perdre qu’un membre dans l’histoire. Le choix du
membre perdu est laissé à la discrétion du MJ.
tion anodine peut se transformer en projectile.
Tabouret, verre, assiette, serveuse, chaussure,
tout est bon à être projeté. La plupart de ces
objets n’étant pas faits pour blesser, voire
même ont vocation à être plutôt agréables,
ils infligent peu de blessures. Leur usage ne
demande toutefois aucune compétence parti-
culière.

Les armes de lancer

Les armes de lancer peuvent être utiles pour éviter
de porter sur soi une arme à feu, lourde, chère, lente et dif-
ficile à manier. Elles demandent cependant de la dextérité
afin d’atteindre leur cible. Elles ont une courte portée, 10
mètres. Pour les règles de lancer, voir la description de la
compétence Lancer page 31.
Dague de lancer : Les dagues de lancer sont
plus fines et un peu plus courtes que les dagues
ordinaires. Leur tranchant n’a cependant rien
à leur envier.
Armures
Les armures permettent d’amortir les coups reçus.
Même si les armures lourdes laissent leur place à d’épaisses
vestes, alors que les jambières sont remplacées par des
bottes souples, il s’agit toujours de protections robustes
contre beaucoup d’armes.
Le malus d’Adresse infligé par les armures s’applique
à l’attribut Adresse. Un malus de -1 signifie que le person-
nage va lancer un D6 de moins pour tous ses jets basés
sur Adresse et ce tant qu’il portera l’armure. Lorsqu’un
personnage a 0 ou moins en Adresse, il ne peut plus bouger
ni réaliser aucune action.
Brigandine : Veste de cuir sur laquelle sont ri-
vées quelques plaques de fer. Cette armure a
l’avantage d’être peu onéreuse et simple à fa-
briquer.

Armes de lancer
Arme Prix Dommages Initiative Taille (cm) Poids (kg)
Dague de lancer 5 Livres 3 -1 35 0,4
Grenade 3 Livres 8 -1 15 0,5
Petite grenade 3 Livres 5 -1 10 0,3
Objet de taverne Prix de l'objet 1 -1 Selon objet Selon objet

42
 Armures
Armure Prix Initiative Malus d'adresse Résistance Def CC Def Dist Poids (kg)
Brigandine 55 Livres -2 0 1 +1 +3 8
Buffletin 90 Livres -3 0 1 +2 +2 3
Cuirasse 70 Livres -4 -1 2 +3 +5 8
Harnois blanc 100 Livres -6 -2 3 +5 +8 12

Buffletin : Cette veste épaisse est la protection la

plus répandue chez les mousquetaires dans les
armées. Elle est faite de peaux cousues entre
elles.
Cuirasse : La cuirasse est une pièce métallique,
renforcée par endroits par des éléments rigides
(bois, fer). Lourde, elle est néanmoins portée
par les piquiers et les cavaliers.
Harnois blanc : Cette armure métallique est un
vestige du XVème siècle. Lourde, solide, com-
plète, elle est constituée de plusieurs parties
métalliques fixées entre elles.

Biens et services
Pieter Aertsen - Scène de marché (1560)

Chapitre III - Le système

Moyens de transport Kunsthistorische Museum, Vienne

Il existe bien des moyens de transport pour se dépla-

cer entre des royaumes, villes, ou simplement au sein d’une
ville. Chaque moyen de transport a son utilité. Les per-
sonnes les plus riches se déplacent avec leur carrosse per-
sonnel, alors que certains bourgeois apprécient les chaises
à porteurs. Les coches, nombreux et rapides, sont utilisés
par beaucoup. Pour les déplacements entre les villes, le
coche est encore fréquemment utilisé, bien que beaucoup
de voyageurs possèdent leur propre cheval. Les routes étant
semées d’embûches en tous genres, il arrive souvent que les
carrosses et les coches se renversent ou s’embourbent, ou
que l'on doive remplacer une roue. Ces moyens de trans-
port, toujours désagréables, sont malgré tout beaucoup uti-
lisés car ils permettent de traverser des villes, des forêts,
des régions, en étant protégé des saletés de la route, et
des intempéries pour les trajets en carrosse. Naturellement,
beaucoup de voyageurs se déplacent toujours à pied.
Carrosse : Le carrosse est une modernisation du
coche. Il est clos, possède deux banquettes en
vis-à-vis et une portière de chaque côté, et ses
fenêtres sont vitrées. Le siège du cocher est
situé à l’avant du carrosse, attaché aux mon-
tants indépendamment de la caisse. Ses roues
avant sont plus petites que ses roues arrières
pour des raisons de maniabilité.
Chaise à porteurs : Ce moyen de transport
simple et maniable consiste en une caisse
contenant une unique place. Deux barres hori-
zontales permettent à deux porteurs de soule-
ver et déplacer la chaise complète. Ce moyen
de transport est assez commun et rapide.
Cheval de bât : Ce puissant cheval n’est pas
dressé pour être monté, mais peut porter des
charges importantes si le matériel de bât lui
est mis.

Moyens de transport
Arme Prix Poids transportable (kg) Vitesse
Carrosse 220 Livres 400 20 km/h
Chaise à porteurs 4 Sous (trajet en ville) 90 6 km/h
Cheval de bât 25 Livres 130 20 km/h
Cheval de guerre 60 Livres 90 30 km/h
Cheval de monte 30 Livres 80 40 km/h
Coche (trajet en ville) 3 Sous 600 20 km/h
Coche (journée de trajet) 2 Livres 600 100 km/jour
Kit de monte (selle, étriers, etc.) 4 Livres 6 -
Pieds - - 20 km/jour
Traversée de la Manche 3 Livres - -
Traversée discrète de la Manche 6 Livres - -

43
 Cheval de guerre : Ce cheval est assez robuste
pour porter un homme équipé, et est parfaite-
ment dressé pour la guerre.
Cheval de monte : Ce cheval est utilisé par
beaucoup de voyageurs pour leurs trajets,
ainsi que dans les villes pour tous types de
déplacement.
Coche : Le coche est une voiture de bois, ou-
verte, dans laquelle peuvent s’assoir jusqu’à 6
personnes. Souvent utilisé comme moyen de
transport, il est dirigé par le cocher, assis à
l’avant du coche.
Kit de monte : Le nécessaire pour monter n’im-
porte quel cheval.
Pieds : Les trajets se font aussi à pied, mais sou-
vent moins vite.
Traversée de la Manche : La traversée de la
Manche par bateau se fait à partir de Calais
ou Dieppe, à 5 jours de coche de Paris, jusqu’à
Douvres. Il faut environ 12 heures pour ef-
fectuer la traversée, dans des conditions exé-
crables.
Traversée discrète de la Manche : Il est pos-
sible de traverser la Manche sans passer par les
circuits traditionnels. C’est l’option choisie par
Chapitre III - Le système
les contrebandiers ainsi que par les voyageurs
importants durant les guerres franco-anglaises.
Animaux
Chaque jour, des marchés ont lieu dans toute l’Eu-
rope. On y trouve des fruits, des légumes, mais aussi des
animaux. Si les chats, cochons ou lapins sont plutôt achetés
pour être mangés, les vaches et les chèvres sont utilisées
pour leur lait, et ne sont pas tuées pour leur viande. Pour
certains animaux le prix est indiqué par livre (sans majus-
cule, c'est une unité de poids valant 489g). Le prix entre
parenthèses est le prix moyen que l’on trouve sur les mar-
chés pour la bête entière.
Animaux
Nom Prix
Bœuf gras 4 Sous la livre (~120 Livres)
Bœuf maigre 3 Sous la livre (~80 Livres)
Chat 3 Livres
Chèvre 3 Sous la livre (~6 Livres)
Chien de chasse de 6 à 30 Livres
Chien de compagnie de 4 à 15 Livres
Chien de garde de 4 à 25 Livres
Cochon gras 5 Sous la livre (~25 Livres)
Cochon maigre 4 Sous la livre (~20 Livres)
Faucon de chasse* 50 Livres
Lapin 3 Livres
Mouton 4 Sous la livre (~10 Livres)
Vache 2,5 Sous la livre (~60 Livres)
Veau, velle 4 Sous la livre (~8 Livres)
44
Bœuf : Le bœuf est apprécié pour sa viande.
Cher, réservé aux plus riches, il n’est tué pour
sa viande que pour de grandes réceptions.
Chat : Servant d’animal de compagnie à certaines
dames, le chat se retrouve également dans
beaucoup d’assiettes chez les gens qui ont les
moyens de manger cette viande, moins raffinée
cependant que le lapin. Les chats sont surtout
achetés pour chasser les rats.
Chien de chasse : Très à la mode chez les rois, la
chasse est appréciée avec une meute de chiens
de chasse. Ces chiens sont dressés pour trouver
le gibier.
Chien de compagnie : Dans certaines demeures,
il arrive que des chiens calmes et silencieux
tiennent compagnie aux dames.
Chien de garde : C’est le chien que l’on ren-
contre le plus souvent dans les campagnes.
Beaucoup de paysans ont des chiens pour leur
tenir compagnie et garder leur maison.
Cochon : Le cochon est acheté uniquement pour
sa viande. Il n’est, comme le bœuf, découpé
que pour de grandes réceptions.
Faucon de chasse : Cet animal est très apprécié
car la chasse au faucon est très répandue chez
les plus riches. Les rois aiment se faire repré-
senter à la chasse avec leur faucon. Il est éga-
lement la technique de chasse de prédilection
chez les dames.
Lapin : Le lapin est un mets fin réservé aux riches.
Mouton : Le mouton est apprécié pour sa viande.
Seuls les plus riches peuvent se permettre de
s’en nourrir pour leurs réceptions.
Vache : Les vaches sont élevées pour le lait
qu’elles produisent. Beaucoup de paysans
élèvent des vaches.
Veau, Velle : Les veaux et les velles sont appré-
ciés pour leur viande tendre et fine.
Biens et services divers
Vêtements
L’habit est évocateur de beaucoup de choses. Dans
la vie de tous les jours, il est surtout évocateur de la classe
sociale. Un paysan ne peut pas se payer d’habits corrects,
et un aristocrate ne peut pas se permettre de sortir sans
gants, rubans, bouffettes, ganses, une tenue irréprochable.
Vêtements
Nom Prix
Costume de théâtre 1-100 Livres
Tenue bourgeoise 10-20 Livres
Tenue d'apparât 40 Livres
Tenue de misère 2 Sous
Tenue de prêtre 10 Sous
Tenue de voyage 3 Livres
Tenue magnifique 250-1000 Livres

Costume de théâtre : Ceci regroupe tous les
costumes et déguisements utilisés pour le
théâtre. Les costumes sont très utilisés, parfois
sublimes pour certaines pièces. Leur prix varie
donc beaucoup, selon qu’il sera destiné à un
tartuffe ou une précieuse.
Tenue bourgeoise : Ce genre d’habit est porté
par beaucoup de gens dans les villes. Tenue
sobre et simple, elle convient aux notaires, mé-
decins, travailleurs divers...
Tenue d’apparat : Ensemble d’habits prévus
pour une occasion particulière, soirée, récep-
tion...
Tenue de misère : Les paysans n’ont pas les
moyens de se vêtir d’habits corrects. De plus,
cela n’a aucun intérêt, car le travail est quoti-
dien et salissant. Beaucoup de gens se vêtissent
alors de mauvaise toile munie de quelques
poches.
Instruments de musique
La musique baroque est très appréciée à la cour.
Même si la musique qui a traversé les siècles n’était connue
que dans ce tout petit milieu, plusieurs instruments,
comme le théorbe, étaient utilisés par certains bourgeois
pour leur plaisir.
Notons au passage la composition de l’Académie
Royale de Musique de Paris en 1713 :
«  Petit chœur, formé par des musiciens de renom,
accompagnant les airs solistes : un clavecin, deux basses de
violon, une basse de viole, deux théorbes, deux dessus de
violon, deux flûtes allemandes.
Grand chœur : douze dessus de violon, trois haut-
contres de violon, deux tailles de violon, deux quintes de
violon, huit hautbois, des flûtes ou bassons, un timbalier.»
On pourra également noter que ces chiffres peuvent
ne pas être exacts car à l’époque Jean-Baptiste Lully, qui
produisait les œuvres jouées par cette académie, interdisait
que les interprètes n’apparaissent sur les livrets des opéras.

Tenue de prêtre : La soutane, habit simple et

unique, noir, obligatoire pour les prêtres.
Tenue de voyage : Pour voyager, on porte sou-
vent des habits épais et robustes, pour résister
au froid et pour se munir d’une minimale pro-

Chapitre III - Le système

tection physique. Les routes ne sont pas très
sûres.
Tenue magnifique : Pour les plus grandes ré-
ceptions, les hauts nobles n’hésitent pas à
dépenser des fortunes pour se montrer dans
des habits sublimes, cousus d’or, enluminés de
lettres et circonvolutions manufacturées par
un tailleur qu’ils apprécient beaucoup. Ces ha-
bits sont parfois portés une unique fois, mais
avec beaucoup de fierté.

Pieter Claesz - Nature morte aux instruments de musique (1623)

Musée du Louvre, Paris

45
 Instruments de musique À l'auberge
Nom Prix Nom Prix
Alto 80 Livres Alcool fort (un verre) 1 Livre
Contrebasse 90 Livres Alcool aux plantes (un verre) 2 Sous
Cor de chasse 150 Livres Bouteille de vin 15 Sous
Clavecin 250 Livres Bouteille de vin : bon cru 2 Livres
Flûte à bec 35 Livres Bouteille de vin : grand cru 8 Livres
Guitare 50 Livres Nuit dans la salle commune 2 Sous
Hautbois 130 Livres Nuit dans une chambre individuelle 4 Sous
Tambour 25 Livres Nuit dans une belle chambre individuelle 10 Sous
Théorbe 80 Livres Ration de voyage pour une semaine 2 Livres
Timbales 35 Livres Repas banal 5 Sous
Trombone 80 Livres Repas de misère 2 Sous
Violon 75 Livres Repas excellent 15 Sous
Violoncelle 90 Livres

Alcool fort (rhum) : De l’eau-de-vie venue de

Flûte à bec : Très peu utilisée dans les orchestres, Bourgogne, du rhum du Nouveau Monde, cer-
moins que la flûte traversière, appelée aussi tains alcools forts arrivent à avoir leur place
«flûte allemande». dans les meilleures auberges.
Chapitre III - Le système

Guitare : Instrument à 6 cordes pincées, peu uti-
lisé toutefois.
Hautbois : Instrument très courant, utilisé éga-
lement dans l’armée. Beaucoup d’airs pour
hautbois sont composés au XVIIème siècle.
Tambour : Surtout présent dans des pièces telles
que des marches militaires, le tambour est un
instrument d’extérieur.
Théorbe : Instrument de basse continue consti-
tué d’un manche sur lequel sont attachés deux
jeux de cordes. Le théorbe possède les cordes
du luth ainsi que des cordes de basse supplé-
mentaire, bien plus longues.
Timbales : Les timbales jouent la basse dans
beaucoup de pièces.
Trombone : Cuivre, sorte de trompette dont une
partie coulisse sur l’autre. C’est le nouveau
nom de la sacqueboute.
Violon : Inénarrable instrument à 4 cordes, im-
manquable dans toute formation orchestrale.
Violoncelle : De même que le violon, le vio-
loncelle, plus grave, accompagne toutes les
grandes pièces.
Alcool aux plantes : Espèce de liqueur de
plantes, souvent à l’apparence douteuse. Utili-
sé aussi bien pour oublier la douleur physique
que morale.
Bouteille de vin : Beaucoup d’auberges pro-
posent du vin, même si celui-ci est souvent plu-
tôt mauvais. Il faut dire qu’à cette époque le
vin rouge est l’eau potable, il est donc produit
en très grande quantité. Certaines auberges
sont riches de vins corrects, de bonne fabrica-
tion. Les meilleures auberges des plus grandes
villes ont même dans leur cave de grands vins
venus de lointains vignobles.
Nuit : Toutes les auberges ne peuvent pas propo-
ser la meilleure qualité. Selon les auberges, on
pourra trouver des paillasses, voire des lits, des
draps, parfois lavés récemment, des fenêtres,
parfois munies de carreaux, une lampe à bou-
gie.
Repas : La qualité des repas proposés varie beau-
coup d’une maison à l’autre. La plupart des
auberges n’ont qu’une soupe simple à offrir le
soir. Certaines ont dans leur cuisine quelques
légumes divers pour enrichir la soupe. Les
meilleures ont peut-être quelque volaille à
cuire pour leurs clients les plus riches.

À l’auberge Services
On a bien des occasions de passer par une auberge. Les principaux services que l’on peut trouver dans les
Que ce soit une nuit dans un relai insalubre, un verre de villes sont de prix et de qualité très variable, et dépendent
rhum offert à un étranger visitant la ville ou encore un re- bien sûr de l’établissement que l’on souhaite fréquenter.
pas chaud pour tenter de fuir la rudesse de l’hiver, des au-
berges de toutes qualités proposent leurs produits partout
en Europe, dans les villes, et de plus en plus sur certaines
routes.

46
 Services
Crocheter une serrure sans matériel approprié
Nom Prix est juste impossible.
Bain chaud 5 Sous
Coupe chez le barbier 10 Sous
Services
Faux papiers 2 Livres Nom Seuil Seuil en combat Prix
Serrure à garnitures 9 30 / 7 1 Livre
Médecin : maladie rare 8 Livres
Serrure à variure 13 50 / 10 3 Livres
Médecin : opération délicate du chirurgien 10 Livres
Serrure à gorge 17 80 / 14 15 Livres
Médecin : soins de base 1 Livre
Prostituée : créature de rêve pour la nuit 10 Livres
Prostituée : la passe 10 Sous
Soin du cheval chez le palefrenier (la nuit) 10 Sous

Outils et matériel divers

Les outils dont n’importe qui pourrait avoir besoin
pour se divertir, se camoufler, voler une bourse ou observer
les étoiles.

Outils et matériel divers

Nom Prix

Chapitre III - Le système

Astrolabe et boussole 10 Livres
Lanterne magique 15 Livres
Corde de 10 mètres et grappin 5 Sous
Jeu de cartes 2 Sous
Kit d'alchimie 3 Livres
Kit d'écriture de voyage 5 Livres
Kit de voyage 8 Livres
Livres divers 1-15 Livres
Maquillage de théâtre 4 Livres
Matériel de premiers soins de voyage 2 Livres
Outils de crochetage 2 Livres

Serrures
Une bonne serrure peut empêcher un larcin trop
facile et aider à protéger des documents de valeur. La
serrurerie prend de l’ampleur au XVIIème siècle jusqu’à
devenir un métier à part entière, séparé de l’orfèvrerie
auquel il était jusque-là attaché. Cependant il faut
garder à l’esprit qu’une bonne serrure coûte cher et on
ne met sous clef que les objets importants. La plupart
des portes n’ont pas de serrure.

Toutes les serrures présentent deux seuils : le

seuil hors combat et le seuil en combat. En effet, hors
combat, crocheter une serrure se fait avec un test de
Mécanique (spécialisation Crochetage). Au bout de
trois échec de Crochetage hors combat, la serrure se
bloque définitivement.

Mais en combat, le crochetage devient une ac-

tion de longue durée (cf. section "Action de longue
durée", page 17), il faut donc cumuler les jet sur
plusieurs tours afin de crocheter la serrure. La serrure
se bloque alors si un des jets est inférieur au second
seuil.

47
Chapitre III - Le système

48
Chapitre IV
Création d’un possédé
XVII : au fil de l’âme est un jeu à caractère histo-
rique. La création de votre personnage va donc se baser sur
le vécu, la classe sociale et le métier de l’avatar avant le
début de l’aventure.
Avant de créer un personnage, munissez-vous d’une
feuille de personnage vierge pour pouvoir y noter toutes
les informations importantes. Vous trouvrez la feuille de
personnage à la fin de ce livre, que vous pourrez photoco-
pier. Il est également possible de la télécharger sur le site
17.meslasagnes.com.
Classe Sociale
En fonction de votre classe sociale, vous n’aurez pas
les mêmes droits, les mêmes carrières, les mêmes impôts, ni
les même privilèges, et ceci vous marquera à vie.
Tiers-État
La très grande majorité de la population fait partie
du Tiers-État. Elle regroupe tout le monde ou presque.
Les mendiants, les aubergistes, les prostituées, les artisans,
les tanneurs, les commerçants, les marins, les soldats, les
paysans, les mineurs, les artisans, certains écuyers, les ser-
viteurs... Tous font partie du Tiers-États. Ils payent de
lourdes taxes et se battent pour survivre à la moindre fa-
mine. Ils représentent plus de 90% de la population.
L’Église
Ceux qui prient, les clercs et toute l’Église. L’Église
catholique toute puissante se doit de guider les croyants
dans leur vie quotidienne par de nombreux actes cléricaux
(messes, baptêmes, mariages, communions...). Dans un
temps où ne pas croire en Dieu est passible de torture,
voire de mort, le clergé détient un très grand pouvoir. Les
plus grands cardinaux font des simple clercs leurs espions
afin de tout connaître des secrets de Paris.
Noblesse
Les nobles sont ceux qui se battent ; ou du moins,
ceux qui se battaient car la noblesse de cour commence à
prendre le pas sur la noblesse d’épée. Le gentilhomme reste
celui qui, par son comportement, doit montrer l’exemple
aux sujets. L’honneur d’un noble est primordial et nom-
breux sont ceux qui meurent en duel. Ils ont accès à
nombre d’emplois onéreux (armée, magistrature, haute ad-
ministration, arts libéraux) et ont l’interdiction d’exercer
des professions lucratives (commerce, artisanat, banque).
Les rangs de la noblesse sont les suivants : Écuyer, Cheva-
lier, Baron, Vicomte, Comte, Marquis, Duc et Prince. Sauf
indication contraire, votre personnage démarre Chevalier.
Nation
Les nations jouables sont légion : toutes celles du
monde du XVIIème siècle. Cependant, il est préférable pour
le jeu de privilégier une nation européenne. Le jeu étant
axé sur la France, les ressortissants de cette nation seront
grandement avantagés, car ils parleront la langue locale et
ne seront pas sujets au racisme. Les nations vous donnent
les langues que vous maîtrisez au rang 3 ainsi qu’une
connaissance de région à 1.
France
Au cours du XVIIème siècle, la France devient la pre-
mière puissance d’Europe. Il s’agit de l’état le plus peu-
plé du continent, Russie incluse, avec plus de 20 millions
d’habitants. Pour pimenter le jeu, vous pouvez préciser la
région d’origine du personnage (Île-de-France, Bourgogne,
Bretagne, Auvergne, Béarn, Gascogne, Dauphiné, Langue-
doc, ...)
Langue connue : Français plus une langue régionale
au choix.
Compétences : Connaissance de la France ou d’une
région du pays.
Chapitre IV - Création d’un possédé
Charles D. Bell - L’arrivée de Jan van Riebeck au Cap (env. 1870)
Collection privée
Espagne
L’Espagne décline tout au long du siècle. En guerre
contre l’Angleterre puis contre la France, devant faire face
aux rébellions dans les Pays-Bas espagnols, l’empire s’affai-
blit mais reste la deuxième puissance du monde.
Langue connue : Au choix Castillan, Catalan,
Basque, Andalou, Galicien. Si vous jouez un
noble, vous connaissez obligatoirement le Cas-
tillan en plus de votre langue.
Compétences : Connaissance de l’Espagne ou d’une
région du pays.
Angleterre
Tout au long du siècle, l’Angleterre monte en puis-
sance militairement. Le pays arrive à s’imposer peu à
peu au nouveau monde que la France abandonne. Mais le
royaume est chahuté par les conflits religieux et les guerres
civiles. Il s’en faut de peu que l’Irlande retrouve son indé-
pendance et les rébellions menacent en Écosse.
Langue connue : Anglais. Si vous jouez un noble,
vous connaissez obligatoirement le Français en
plus de votre langue.
Compétences : Connaissance de l’Angleterre.
50
Irlande
La fière île catholique d’Irlande joue le tout pour le
tout durant ce siècle. Sa soumission à l’Angleterre, ennemi
protestant, serait intolérable. La révolte gronde, le roi de
France serait-il prêt à la soutenir ?
Langue connue : Au choix Gaélique, Irlandais, An-
glais.
Compétences : Connaissance de l’Irlande.
Provinces Unies
Les régions protestantes qui donneront naissance aux
Pays-Bas sont dominées par l’Espagne au début du siècle.
Mais les Provinces-Unies ont les moyens financiers de se
battre pour l’indépendance. Très présente dans le Nouveau
Monde par la suite, leur puissance commerciale ne cessera
de croître.
Langue connue : Hollandais.
Compétences : Connaissance des Pays-Bas espa-
gnols.
Saint Empire Romain Germanique
Cette entité moyenâgeuse qui regroupe une grande
partie de l’actuelle Allemagne et de l’Autriche n’est pas un
État. C’est un morcellement, une diverse nation dirigée par
des princes protestants alors que la population est encore à
majorité catholique. On peut citer parmi elle la Marche du
Brandebourg qui donnera naissance à la Prusse. Beaucoup
de terres au sein du Saint Empire appartiennent alors aux
Habsbourg d’Autriche et d’Espagne.
Langue connue : Allemand
Compétences : Connaissance du Saint Empire ou
d’une région germanique.
Autriche
L’Autriche est depuis le XIVème siècle dirigée par les
Habsbourg. Depuis 1556, cette famille ne règne plus à la
fois sur l’Espagne et l’Autriche. Deux branches distinctes
d’Habsbourg se sont formées. Grâce à son armée et à son
prestige, l’Autriche catholique arrive à s’imposer en Eu-
rope centrale. Mais elle doit faire face à l’avancée des Turcs
qui menacent de revenir à Vienne.
Langue connue : Allemand
Compétence : Connaissance de l’Autriche.
Italie
L’Italie en tant qu’État n’existe pas à cette époque.
La presqu’île est morcelée en cités-États puissantes où
règnent les familles marchandes. Ces dernières perdent peu
à peu leur pouvoir alors que le commerce se déplace vers
les Amériques et les Indes. L’Autriche et la France désirent
ardemment envahir le nord de la péninsule alors que l’Es-
pagne possède déjà le sud et l’île de Sicile. Le rayonnement
artistique Italien de la Renaissance est peu à peu estompé
par celui de la France.
Langue connue : Italien. Si vous jouez un noble,
vous connaissez obligatoirement le Latin en
plus de votre langue.
Compétence : Connaissance de l’Italie, ou d’une ré-
gion du pays.
Suède
La Suède, pays protestant, se construit un véritable
empire durant le XVIIème siècle. Ses rois et reines vont me-
ner plusieurs guerres victorieuses. À son apogée en 1658,
l’empire s’étend sur le nord de l’Allemagne, les pays baltes,
toute la Finlande et une partie de la Norvège. La couronne
passera alors le reste du siècle à se battre pour conserver
ses possessions.
Les arts et les sciences, surtout l’astronomie, sont
promus fortement par le pouvoir royal ; pouvoir qui se ren-
force au long du siècle, suivant le même archétype qu’en
France.
Langue connue : Suédois
Compétence : Connaissance de la Suède.
Russie
La Russie est encore bousculée socialement par le
règne récent d’Ivan IV «Le Terrible». Les rôles d’admi-
nistration et de gestion qui étaient réservés à certaines fa-
milles ont été redistribués parmi des gens du peuple méri-
tants, et ces familles décimées.
La longue dynastie des Romanov commence au dé-
but du XVIIème siècle et continue les nombreuses expan-
sions de la Russie en annexant l’Ukraine. Ses relations avec
la Pologne et la Suède sont extrêmement tendues.
Géographiquement, l’empire russe a des frontières
plus reculées qu’elles ne le sont aujourd’hui. La Pologne et
L’estonie occupent la région autour des actuelles Tallinn
et Saint-Pétersbourg. La Russie n’a pas d’accès à la mer
Baltique. Durant le XVIIème siècle, la Russie s’ouvre davan-
tage vers l’occident. Le pouvoir est centralisé à Moscou, et
Saint-Pétersbourg n’existe pas encore (elle est fondée en
1709 par Pierre Ier «Le Grand»).
Langue connue : Russe
Compétence : Connaissance de la Russie.
L’empire Ottoman
Les Ottomans disposent d’un grand empire musul-
man à cheval sur l’Europe et l’Asie. Mais l’empire stagne,
sa puissance dort depuis la défaite des troupes turques de-
vant Vienne. Les Ottomans sont toujours les ennemis des
Chapitre IV - Création d’un possédé
Autrichiens qui vont progressivement repousser l’envahis-
seur, malgré le soutien non officiel de certaines puissances
européennes comme la France.
Langue connue : Turc. Si vous jouez un noble, vous
connaissez obligatoirement l’arabe.
Compétence : Connaissance de l’Empire Ottoman.
Religion
La religion est primordiale dans ce XVIIème siècle se-
coué par les guerres de religion incessantes et le racisme
des populations soutenus par les prêtres et par le pouvoir.
Les religions vous donnent les langues que les prêtres maî-
trisent au rang 1.
Catholique
La religion dominante en Europe est mise à mal
depuis maintenant plusieurs siècles par les cathares puis
par les protestants, calvinistes et luthériens. Ces derniers
veulent repartir des écrits de la Bible. Les plus grandes
puissances et la plus grande partie de la population sont
encore catholiques mais le fléau du protestantisme voire
pire, du jansénisme, grandit. La conversion du Nouveau
Monde est aussi un objectif déclaré de l’Église de Rome.
Langue connue : Les curés catholiques connaissent
le latin.
Protestant
Prenant différents noms selon les pays, le culte pro-
testant s’étend depuis plus d’un siècle. Des États entiers se
sont tournés vers cette Église qui renie le Pape et ce malgré
les guerres déclenchées par les puissances catholiques. Les
persécutions poussent de nombreux croyants à s’exiler vers
le Nouveau Monde, plus tolérant. Et qui sait, peut être un
État protestant verra-t-il le jour en Amérique ?
Les huguenots, protestants français, sont environ
300 000 sous Louis XIV. L’Édit de Nantes, qui apportait
quelques libertés aux protestants de France mais divisait
violemment la population, est révoqué en 1685.
51
 Janséniste
Le jansénisme, dont les adeptes ne reconnaissent pas
ce nom mais préfèrent «Augustiniens», naît en 1640 en
France et s’attaque aussi bien au culte catholique dans
son ensemble qu’au pouvoir de l’absolutisme royal. Autant
dire que ce mouvement religieux, cette secte, est décriée et
pourchassée violemment, plus violemment encore que les
huguenots.
Langue connue : Les prêtres jansénistes connaissent
le latin

Orthodoxe
L’orthodoxie s’est définitivement séparée de l’Église
catholique après le sac de Constantinople durant les croi-
sades. Maintenant la ville sainte de Byzance est la capitale
Chapitre IV - Création d’un possédé

des Turcs. La Russie est actuellement le plus grand État

orthodoxe. Moscou est la troisième Rome et il n’y en aura
pas de quatrième.
Langue connue : Les prêtres orthodoxes connaissent
le grec

Juif Adriaen von Ostade - Le repos des voyageurs (1671)

Rijksmuseum, Amsterdam
Les juifs sont le peuple élu, choisi par Dieu. Ils suivent
les préceptes de la Torah. Les juifs sont souvent persécutés
dans le siècle, bien que moins exposés que les protestants. Apothicaire
Ils se sont fait chasser d’Espagne et du Portugal au cours
du siècle précédent. Compétences : Alchimie (2), Connaissances (Poi-
Langue connue : Les juifs ashkénazes parlent le yid- sons), Lecture/Écriture, Marchandage, Armes
dish. Les prêtres juifs connaissent l’hébreu. à feu, Langue (latin).
Argent : 15 Livres
Musulman (sunnite) Équipement : Kit d’alchimie, tenue bourgeoise, 2
potions aphrodisiaques (cantharide) et 2 som-
Soyons honnête, jouer un musulman en Europe à nifères (opium).
cette époque du XVIIème siècle est bien difficile. Pour tous,
le musulman est l’ennemi à abattre. Le personnage a tout
intérêt à avoir une bonne protection politique. Les musul- Artiste de rue
mans pratiquent l’Islam et suivent les textes du Coran.
Langue connue : Les prêtres musulmans connaissent Compétences : Arts (2), Conversation, Comédie,
l’arabe écrit, et parlent un dialecte arabe au Langue (une langue en plus), Empathie, Per-
choix. ception.
Argent : 3 Livres

Métiers
Équipement : Outils d’artiste (pinceau, marteau
burin et ciseau pour le sculpteur,  ...), tenue
de misère, dague, instrument de musique au
choix.

Toutes les compétences de métier démarrent au

rang  1 sauf mention contraire à côté de la compétence.
L’argent représente la quantité de Livres que le personnage
possède en début de partie. C’est également l’argent qu’il
parvient à mettre de côté de par son métier en un mois. Les
possessions en début de partie sont aussi précisées.
Métiers du Tiers Etats
Architecte
Compétences : Connaissances (Architecture), Per-
ception, Lecture/Écriture, Marchandage, Au-
torité.
Argent : 25 Livres
Équipement : Outils d’architecte (règle, compas,
papier, dessin, ...), tenue bourgeoise, échoppe.

52
 Arquebusier
Compétences : Armes à feu, Recharge, Athlétisme,
Autorité, Armes de mêlée, Épreuve de force.
Argent : 7 Livres
Équipement : Uniforme de garde, arquebuse, poudre
et cartouches pour 20 tirs, cuirasse, épée large.
Artilleur
Compétences : Mécanique, Armes d’Hast, Athlé-
tisme, Perception, Recharge, Épreuve de force.
Argent : 10 Livres
Équipement : Uniforme de garde, hallebarde, épée
large, cuirasse.
Artisan
Bûcheron, menuisier, souffleur de verre, charpen-
tier ou encore boulanger, un artisan se met au service des
autres en vendant ses productions.
Compétences : 2 compétences d’Artisanat, Épreuve
de force, Armes Paysannes, Athlétisme.
Argent : 3 Livres
Équipement : Outils de profession, tenue de misère,
hache de bûcheron ou faux ou fourche.
Boutiquier
Vendeur au détail de perruques, de chapeaux,
d’épingles, de rubans, d’armures, de teintures, ...
Compétences : Marchandage, Connaissance d’une
ville, Conversation, Empathie, Pugilat, Langue
(une langue régionale au choix ou latin).
Argent : 60 Livres
Équipement : Livre de compte, tenue bourgeoise,
échoppe.
Cavalier
Compétences : Équitation, Armes d’Hast, Armes à
feu, Armes de mêlée, Stratégie, Connaissances
de l’armée.
Argent : 20 Livres
Équipement : Cheval de course, kit de monte, bri-
gandine, sabre, pistolet, uniforme de garde.
Chirurgien/Barbier
Compétences : Soins, Lecture/Écriture, Empathie,
Langue (latin), Perception, Armes de mêlée.
Argent : 16 Livres
Équipement : Matériel de premiers soins de voyage,
tenue bourgeoise, outils pour chirurgie rapide.
Comédien
Compétences : Comédie, Déguisement, Empathie,
Séduction, Athlétisme, Langue (une langue en
plus).
Argent : 2 Livres
Équipement : Costume de comédien, 1 instrument
de musique au choix, tenue de misère, maquil-
lage de théâtre.
Contrebandier
Compétences : Discrétion, Connaissance des postes
de garde, Perception, Marchandage, Armes
Chapitre IV - Création d’un possédé
paysannes, Conversation.
Argent : 8 Livres
Équipement : Tenue de voyage, nerf de bœuf ou
hache de bûcheron, chien de garde.
Écrivain de rue
Tous les gens qui ne savent ni lire ni écrire, ou trop
mal, vont consulter et payer l’écrivain de rue.
Compétences : Lecture/Écriture, Langue (une
langue en plus), Empathie, Conversation, 2
Connaissances diverses.
Argent : 4 Livres
Équipement : Matériel d’écriture, livres de philoso-
phies, tenue bourgeoise.
Fille de joie
Compétences : Séduction, Marchandage, Empathie,
Déguisement, Connaissance d’une ville, Vol à
la tire.
Argent : 2 Livres
Équipement : Tenue de misère, dague, maquillage
de théâtre.
Garde du guet
Compétences : Autorité, Armes d’hast, Connais-
sance d’une ville, Lois, Perception, Athlétisme.
Argent : 6 Livres
Équipement : Uniforme de garde, guisarme, brigan-
dine.
Hallebardier
Combattant classique de l’armée en campagne.
Compétences : Athlétisme, Intimidation, Armes de
mêlée, Épreuve de force, Armes d’Hast, Pu-
gilat.
Argent : 8 Livres
53
 Équipement : Uniforme de garde, hallebarde, cui- Argent : 18 Livres
rasse, épée large.
Équipement : Livre en latin de Galien, matériel de
premiers soins de voyage, tenue bourgeoise.

Homme de main
L’homme de main sert un noble en utilisant ses mus-
Paysan
cles et son art du combat.
Compétences : Artisanat, Connaissance d’une ré-
Compétences : Escrime, Armes de mêlée, Esquive,
gion, Armes paysannes, Athlétisme, Épreuve
Étiquette, Perception, Athlétisme.
de force.
Argent : 8 Livres
Argent : 2 Livres
Équipement : Uniforme de garde, épée de duel, ra-
Équipement : Une arme paysanne au choix, tenue
pière, sabre, main gauche, dague.
de misère, outils de profession.

Journaliste de la Gazette Scientifique

Chapitre IV - Création d’un possédé

Compétences : Conversation, Empathie, Étiquette,

Compétences : 2 Connaissances scientifiques
Langue (une langue en plus), Lecture/Écri-
(chimie, mécanique,  ...), Autorité, Lecture/
ture, Connaissance d’une ville.
Écriture, Perception.
Argent : 8 Livres
Argent : 10 Livres
Équipement : Matériel d’écriture, tenue bourgeoise,
Équipement : Livres scientifiques, matériel d’écri-
laissez-passer pour le Louvre (donne accès aux
ture, tenue bourgeoise.
laquais et aux nobles de plus basse extraction).

Malandrin Serveur ou Serveuse

Compétences : Conversation, Empathie, Séduction,
Compétences : Vol à la tire, Athlétisme, Mécanique,
Pugilat, Connaissance d’une ville, Marchan-
Discrétion, Armes de mêlée, Esquive.
dage.
Argent : 3 Livres
Argent : 1 Livres
Équipement : Tenue de misère, outils de crochetage,
Équipement : Tenue de misère, Dague, 2 bouteilles
dague ou sabre, corde de 5 mètres.
de vin de table.

Marchand à la criée Sage-Femme/Guérisseuse

Compétences : Marchandage, Connaissance des
Compétences : Chirurgie, Soins, Empathie, Per-
routes commerciales, Conversation, Empathie,
ception, Connaissance des remèdes impies,
2 Langues au choix.
Épreuve de force.
Argent : 10 Livres
Argent : 2 Livres
Équipement : Quelques objets divers à vendre pour
Équipement : Tenue de misère, dague, colifichets,
une valeur totale de 10 Livres, tenue bour-
herbes aphrodisiaques.
geoise, charrette, bœuf.

Marin/Batelier Spadassin
Compétences : Armes de mêlée, Pugilat, Escrime,
Compétences : Perception, Athlétisme, Navigation,
Armes à feu, Athlétisme, Esquive.
Connaissance de la marine, Natation, Armes
paysannes. Argent : 5 Livres
Argent : 2 Livres Équipement : Épée de duel, pistolet, tenue de bour-
geois, poudre et cartouches pour 20 tirs.
Équipement : Tenue de misère, une arme paysanne
au choix, corde de 5 mètres.

Usurier
Médecin
Compétences : Marchandage, Connaissance (Éco-
nomie), Empathie, Conversation, Lecture/
Compétences : Soins, Lecture/Écriture, Conversa-
Écriture.
tion, Langue (latin), Langue (une langue au
choix), Perception. Argent : 45 Livres

54
Équipement : Livres de compte, tenue bourgeoise, Courtisan
tenue d’apparat, échoppe.
Compétences : Étiquette, Conversation, Séduction,
Empathie, Politique, Équitation, Jeu.
Valet/Servante
Argent : 300 Livres
Compétences : Étiquette, Perception, Connaissance Équipement : Tenue d’apparat, tenue magnifique,
(héraldique), Athlétisme, Empathie, Artisanat chaise à porteurs, animal de compagnie ou ins-
(cuisine). trument de musique, jeu de cartes.
Argent : 4 Livres
Équipement : Tenue de laquais, tenue bourgeoise, Dame de compagnie
chien ou chat de compagnie.
Femme de petite noblesse qui accompagne partout sa
riche maîtresse pour la distraire.
Métiers des Nobles Compétences : Art, Empathie, Conversation, Sé-
duction, Politique, Perception.
Tous les nobles ont la compétence Lecture/Écriture.

Chapitre IV - Création d’un possédé

Avocat
Compétences : Marchandage, Langue
Lois (2), Étiquette, Conversation.
Argent : 40 Livres
Équipement : Matériel d’écriture, livres des lois
courantes, Tenue bourgeoise.
Bretteur
Argent : 60 Livres
Équipement : Matériel d’écriture, instrument de
musique, livres d’histoires fantasques, tenue
d’apparat.
(latin),
Gendarme à cheval
Au XVIIème, les gendarmes sont des nobles d’épée de
basse extraction qui guerroient au service d’un grand ou de
l’armée royale toute l’année.
Compétences : Équitation (2), Armes d’hast, Armes
de mêlée, Lois, Connaissance de l’armée.

Compétences : Escrime (2), Armes de mêlée, Athlé- Argent : 65 Livres

tisme, Esquive, Politique. Équipement : Cheval de guerre, kit de monte, har-
Argent : 60 Livres nois blanc, sabre, pique, uniforme de garde.

Équipement : Épée de duel, rapière, brigandine, te-

nue de voyage, tenue de bourgeois.
Gestionnaire d’un domaine
Compétences : Autorité, Étiquette, Politique,
Cadet de l’armée Armes de mêlée, Connaissance d’une région.

Compétences : Athlétisme, Armes à feu, Armes de Argent : 600 Livres

mêlée, Recharge. Équipement : Tenue de voyage, tenue d’apparat,
Argent : 150 Livres épée large ou rapière, carte imprécise d’une
région.
Équipement : Uniforme de garde, épée large ou
rapière, mousquet à mèche, poudre et balles
pour 20 tirs, brigandine.
Mécène
Compétences : Art, Empathie, Connaissance des
Capitaine de marine artistes, Marchandage, Contrôle de soi, Jeu.

Compétences : Navigation, Connaissance (Géogra- Argent : 2000 Livres

phie), Autorité, Tactique, Armes de mêlée, Équipement : 2 tenues magnifiques, carrosse, chaise
Étiquette. à porteur, hôtel particulier, 2 chevaux de
Argent : 300 Livres course, 2 kits de monte.

Équipement : Outils de profession (astrolabe, com-

pas,  ...), cartes marines, épée large ou sabre,
uniforme d’officier.
Mousquetaire
Compétences : Autorité, Armes à feu, Recharge,
Escrime, Armes de mêlée, Athlétisme, Tac-
tique.
Argent : 200 Livres

55
 Équipement : Uniforme de mousquetaire, mousquet
à mèche, poudre et cartouches pour 20 tirs,
épée large, brigandine.
Notaire/Magistrat
Compétences : Marchandage, Intendance, Lois, Éti-
quette, Conversation.
Argent : 250 Livres
Équipement : Livres de comptes, tenue bourgeoise,
échoppe.
Officier de cavalerie
Chapitre IV - Création d’un possédé
Compétences : Autorité, Équitation, Connaissance
de l’armée, Armes à feu, Étiquette.
Argent : 300 Livres
Équipement : Uniforme d’officier, pistolet, épée
large, cheval de guerre, kit de monte.
Philosophe
Compétences : Art, Langue (une langue en plus),
Empathie, Conversation, 2 Connaissances di-
verses.
Argent : 75 Livres
Équipement : Matériel d’écriture, livres de philoso-
phies, livres de cultures étrangères, tenue de
bourgeois.
Scientifique
Compétences : 2 Connaissances scientifiques
(chimie, mécanique,  ...), Autorité, Contrôle
de soi, Perception, Mécanique.
Argent : 60 Livres
Équipement : Livres scientifiques, matériel d’écri-
ture, tenue bourgeoise, tenue d’apparat, outils
de dessin.
Stratège militaire
Compétence : Mécanique, Autorité, Connaissance
(géographie), Politique, Connaissance de l’ar-
mée.
Argent : 500 Livres
Équipement : Uniforme d’officier, épée large, 3
cartes de régions frontalières.
56
Métiers du clergé
Curé
Le curé est titulaire d’une paroisse et en reçoit les
revenus qui en découlent (impôts comme la dîme). En pra-
tique, rien ne l’oblige à rester tous les jours dans son vil-
lage.
Compétences : Lecture/Écriture, Connaissance
(religion catholique), Autorité, Étiquette,
Conversation, Empathie.
Argent : 90 Livres
Équipement : Tenue de prêtre, matériel d’écriture,
livre de théologie.
Apprenti Inquisiteur
L’inquisition étant interdite en France et dans les
pays protestants, votre personnage doit avoir appris ce mé-
tier en dehors de ces contrées.
Compétences : Autorité, Empathie, Soins, Connais-
sance (religion catholique), Perception,
Contrôle de soi.
Argent : 15 Livres
Équipement : Tenue de prêtre, Bible, dague.
Moine/Nonne
Compétences : Contrôle de soi, Lecture/Écriture,
Connaissances (religion catholique), Artisa-
nat, Perception, Une connaissance au choix.
Argent : 3 Livres
Équipement : Tenue de misère, Bible.
Pasteur
Le pasteur protestant sert son culte mais exerce en
général une autre profession. Il peut se marier et avoir des
enfants, et dirige les célébrations du culte réformé.
Compétences : Contrôle de soi, Lecture/Écriture,
Connaissance (religion protestante), Empa-
thie, Perception, Une connaissance au choix.
Argent : 12 Livres
Équipement : Tenue de bourgeois de couleur
sombre, Bible dans la langue du pays.
Précepteur
Compétences : Autorité, Connaissances (religion
catholique), Contrôle de soi, Langue (Latin),
Art, Connaissance scientifique.
Argent : 15 Livres
Équipement : Tenue de prêtre, Bible, livre huma-
niste.
 Vicaire ou Prêtre-filleul
Assistant du curé d’une paroisse. C’est celui qui offi-
cie en l’absence du curé, ce qui peut arriver souvent.
Compétences : Conversation, Autorité, Empathie,
Connaissance de la religion catholique, Per-
ception.
Argent : 15 Livres
Équipement : Tenue de prêtre, Bible.
Créer votre propre profession
Il est aisé de créer sa propre profession pour jouer
le personnage qui vous correspond le mieux. Choisissez
simplement 6 compétences dans la liste pour définir au
mieux le métier de votre avatar. Les compétences choisies
sont maîtrisées au rang 1. Assignez-lui son équipement de
départ ainsi que son ordre (Noblesse, Église, Tiers-État).
L’équipement de départ et le revenu annuel doivent être
cohérents vis-à-vis de la profession.
Personnification
Il est temps de personnifier votre personnage. Vous
avez d’ores et déjà sa nationalité, sa religion, son métier. Il
vous reste à déterminer s’il est fort, agile ou réfléchi.
Attributs
Les attributs mesurent les capacités naturelles du
personnage dans les différents domaines. Les compétences
représentent les connaissances acquises par le personnage
dans chaque domaine par la pratique ou par l’enseignement
théorique.
Adresse : Mesure la précision et la rapidité des
mouvements exécutés. Très important pour les
bretteurs et les acrobates.
Bagout : Mesure le charisme naturel du person-
nage, son magnétisme, son style, sa diction et
son aisance en société.
Corps : Mesure la résistance à l’effort ainsi que
l’endurance du personnage.
Intellect : Mesure la capacité d’apprentissage,
notamment par l’éducation reçue, mais aussi
la force de volonté.
Perspicacité : Mesure la capacité à percevoir le
monde en utilisant les cinq sens, ainsi que la
capacité à raisonner.
Pouvoir : Mesure la force du lien entre le possédé
et son esprit.
Lors de la création de votre personnage, vous devez
assigner à vos cinq attributs de base les valeurs suivantes,
dans l’ordre de votre choix :
4 4 3 2 2
Vous allez donc avoir deux attributs dominants à 4,
deux attributs faibles à 2, et le dernier à 3 ce qui est une
valeur moyenne.
L’attribut Pouvoir n’est pas concerné pour l’instant
(voir la section «Création d’un esprit», page 82).
Compétences
Le personnage a déjà ses compétences liées à sa na-
tionalité, sa religion et son métier au rang 1. Parmi ces
compétences acquises, il faut en choisir deux qui seront au
rang 3.
Défenses, Initiative et Cases de
vie
Chapitre IV - Création d’un possédé
La DefCC détermine la difficulté à toucher le per-
sonnage en combat rapproché.
La DefDist représente la capacité du personnage à
esquiver les projectiles, les flèches et les balles qui le visent.
La dernière défense est la DefSpirit. Elle est utilisée
contre les attaques qui visent l’Intellect ou contre ceux qui
cherchent à tromper le personnage, à le séduire.
Les défenses se calculent comme expliqué dans la sec-
tion «Les défenses», page 16.
L’initiative donne la rapidité de réaction du person-
nage en combat. L’initiative se calcule comme expliqué en
section «L’initiative», page 17.
Pour les points de vie, comme il est dit dans le
chapitre combat, ils sont représentés par un tableau. Le ta-
bleau compte toujours quatre lignes. On calcule le nombre
de colonnes comme expliqué en section «Cases de vie»,
page 19.
Panache
Chaque personnage démarre la partie avec deux
points de Panache. Pour rappel, un point de Panache per-
met sur une action d’avoir un bonus de +1D ou un bonus
de +3.
Avantages et désavantages
Il est possible à la création de choisir des avantages et
des désavantages qui permettront de donner plus de relief
au personnage. Chaque désavantage rapporte des points
qui peuvent être utilisés pour acheter des avantages, mais
qui ne permettent pas d’augmenter les attributs et compé-
tences. Les désavantages ne peuvent rapporter plus de 20
points. Les points excédentaires peuvent être convertis en
points de Panache supplémentaires. La liste des avantages
et désavantages se trouve dans le chapitre suivant.
Touche finale
Il est plus que temps de finir votre personnage. Don-
nez-lui un nom si ce n’est déjà fait. Déterminez son appa-
rence. Définissez ses envies, ses activités en plus de son tra-
vail, éventuellement ses loisirs. Précisez, s’il a une famille,
57
 ses rapports avec ses parents. Inventez-lui des manies, une Achat des compétences
couleur de prédilection, des habits ou une arme fétiche ain-
si qu’une boisson préférée. Bref, faites vivre votre person- Niveau visé Coût Coût cumulé
nage ! 2 2 2

Avec l’argent dont vous disposez en début de partie, 3 3 5

vous pouvez lui acheter un peu d’équipement en plus de ce 4 4 9
qu’il possède déjà. Essayez d’être logique dans vos achats.
5 5 14
Un philosophe a peu de chance d’investir dans une cuirasse
alors que des livres supplémentaires traitant de sujets aussi 6 6 20
variés que la théologie et la chimie semblent tout indiqués.

Création pour Finir son personnage

La définition des caractéristiques secondaires, l’ac-

joueur expérimenté quisition d’avantages et de désavantages ainsi que l’achat

de points de Panache se déroule exactement comme dans
Chapitre IV - Création d’un possédé

la création rapide de personnage, comme décrit page pré-

cédente.

Le passage qui suit concerne la création détaillée, ré-

servée aux joueurs expérimentés. Avec cette méthode, vous
allez pouvoir choisir très précisément les caractéristiques
Et les esprits ?
de votre personnage.

Au départ, votre personnage a tous ses attributs à

1, ainsi que les compétences acquises via sa nationalité, sa
religion et son métier. Vous disposez ensuite de 150 Points
de création pour déterminer complètement le personnage.
L’augmentation des attributs (Adresse, Corps, Intel-
lect, Bagout, Perspicacité) se fait point par point. Pour
augmenter d’un rang, on dépense un nombre de points de
création égal à cinq fois le rang à atteindre. Pour passer du
rang 1 au rang 2 on dépense 10 points de création, du rang
2 au rang 3 on dépense 15 points de création...
On ne peut pas à la création avoir un attribut supé-
rieur à 6.
Dans ce chapitre, on ne parle pas encore de l’esprit,
ni des pouvoirs que le personnage peut en tirer. Les person-
nages démarrant la partie en tant que possédés (comme la
plupart des personnages de XVII : au fil de l’âme) doivent
maintenant se référer à la section «Création d’un esprit»,
page 82.
Cependant, si votre MJ décide que votre personnage
n’est pas possédé (du moins en début de partie), alors votre
création de personnage s’achève ici.

Achat des attributs Personnages pré-tirés

Niveau visé Coût Coût cumulé
1 0 0
2 10 10 Cette section présente des personnages complets
3 15 25 prêts à être utilisés en parties. Vous pouvez les reprendre
comme tels, ou bien vous en inspirer pour faire votre propre
4 20 45 personnage. Chaque personnage pré-tiré est accompagné
5 25 70 d’un tableau comprenant des pouvoirs de présence propo-
sés pour ce personnage. Ce sont juste des indications et il
6 30 100
revient aux joueurs de s’en inspirer ou non. Plus d’informa-
tions sur les pouvoirs de présence peuvent être consultées
dans le chapitre «Les esprits», page 77.
L’augmentation des compétences se fait sur le même
modèle. Augmenter d’un point coûte un nombre de points
de création égal au rang désiré. Pour passer du rang 3 au
rang 4, cela coûte 4 points de création. Acheter une nou-
velle compétence qui commencera au rang 1 coûte 3 points.
Il n’est pas possible à la création d’avoir une compé-
tence supérieure à 5.

58
 État civil
Nom : Henri, chevalier de Chateauneuf

Nation : Français

Religion : Catholique

Classe sociale : Noble

Métier : Cadet de l’armée

Caractère : Réservé, Cultivé

Attributs et Compétences
Intellect : 3 Défenses
Lecture/Écriture : 1 Corps à corps : 12

Chapitre IV - Création d’un possédé

Connaissances de la Distance : 13
France : 1 Spirituelle : 8
Adresse : 4 Initiative : 6
Armes de mêlée : 3 Panache : 2
Recharge : 1
Langues
Bagout : 2
Français : 3
Perspicacité : 2 Franz Hals - Le joyeux buveur (1628)
Escrime : 2 Rijksmuseum, Amsterdam
Armes à feu : 1
Corps : 4
Athlétisme : 2
Avantages et Désavantages
Fort : +1 dommage au corps à corps et +1 en
Vitalité Épreuve de force.
Deshérité : Sans argent en début de partie.
Indemne
-2 Touché
Historique
-4 Blessé
Henri a grandi dans une famille noble issue du
-6 Mourant Comté de Brie, entre la Champagne et l’Isle de France.
Dans la ville de Chomes, administrée par son père, il
reçoit l’éducation noble qui lui convient. Il apprend à
lire, à monter à cheval, à administrer. Cependant, il est
Équipement le dernier des 4 fils de ses parents, et ceux-ci n’ont que
trop peu d’égards pour lui, qui n’excelle spécialement
Armes en rien. Navré de lui-même, il apprend tout de même
le maniement de la rapière avec assiduité, et s’intéresse
Nom Dégâts Initative Allonge / Recharge à l’histoire de France.
Portée
Rapière 6 2 3 - Il quitte sa province natale à l’âge de 17 ans,
Mousquet 7(3) -3 60m 60/7 lorsque son père se débarrasse de lui en l’envoyant à
à mèche Paris pour qu’il intègre l’armée. Le titre de Chevalier
de Chateauneuf lui revient alors.

Armure
Nom Def Def Adresse Init. Rés.
CC Dist Pouvoirs proposés
Brigandine 1 3 0 -2 1
Possédé Combattant
Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Équipement divers Pouvoir dépensés
1 20 Compétence améliorée,
Balles pour 20 tirs
Uniforme de garde
Esquive +1D, Épée +1D
Monnaie 2 28 Initiative améliorée +6
0 Livres 3 36 Force de l’outre monde
4 44 Résistance naturelle

59
 État civil
Nom : Élisabeth

Nation : Française

Religion : Catholique

Classe sociale : Tiers-État

Métier : Paysanne

Caractère : Séductrice, Confiante

Attributs et Compétences
Intellect : 2 Défenses
Connaissances du Nord- Corps à corps : 7
Chapitre IV - Création d’un possédé

Pas de Calais : 1 Distance : 8

Connaissances de la Spirituelle : 9
France : 1 Initiative : 6
Adresse : 2
Panache : 2
Armes paysannes : 1
Langues
Bagout : 4
Français : 3 Franz Hals - La bohémienne (1628)
Conversation : 2 Musée du Louvre, Paris
Séduction : 3
Perspicacité : 4
Artisanat (filage) : 1 Avantages et Désavantages
Corps : 3
Beauté Fatale : +1D aux jets de Séduction
Athlétisme : 2
Initié au surnaturel : Le personnage connaît la
Vitalité technique de possédé de rang 1 «Charmer
Indemne la bête».

-2 Touché Hautaine : Le personnage est hautain, il pense

que ses idées sont les meilleures.
-4 Blessé
Dépensière : Jet de contrôle de soi difficulté 16.
-6 Mourant

Historique
Équipement Dans la campagne flamande dans laquelle Élisa-
beth a vécu, le quotidien était, comme pour la majorité
Armes des paysans de France, difficile : les maux de dos per-
manents, les impôts nombreux.
Nom Dégâts Initative Allonge / Recharge
Portée Pour limiter l’ennui du quotidien, Élisabeth
Hache de 5 -4 3 - prend l’habitude d’aller au marché pour vendre les
bûcheron surplus. Elle apprend à négocier, à parler, et aussi à
comprendre la manipulation par le corps et le langage.
Elle comprend assez vite que son charme et son bagout
sont de puissantes armes de persuasion.
Armure
Nom Def Def Adresse Init. Rés. Pouvoirs proposés
CC Dist
Rien - - - - - Possédé Beau parleur
Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Pouvoir dépensés
1 20 Messager des esprits, Détec-
Équipement divers
tion des possédés, Aspirant du
Tenue de misère domaines des sens
Outils de filage
2 24 Parole de charognards
Monnaie
3 39 Affilié du domaine des Sens
6 Livres
4 49 Conversation +1D

60
 État civil
Nom : Pedro Leon Altivarez

Nation : Espagnol

Religion : Catholique

Classe sociale : Clergé

Métier : Apprenti inquisiteur

Caractère : Volontaire, sympathique

Attributs et Compétences
Intellect : 5 Défenses
Connaissances de la reli- Corps à corps : 7

Chapitre IV - Création d’un possédé

gion catholique : 1 Distance : 6
Contrôle de soi : 2 Spirituelle : 12
Soins : 2 Initiative : 4
Adresse : 2 Panache : 2
Bagout : 4 Langues
Autorité : 2 Espagnol : 3
Empathie : 1 Français : 1 Rembrandt - Titus en moine (1660)
Rijksmuseum, Amsterdam
Perspicacité : 2
Perception : 1
Corps : 2 Historique
Pedro est né en Espagne, en Aragon. Il a passé
sa jeunesse dans les environs de Laca, dans les Pyré-
Vitalité nées, près de la frontière française. Aimant se promener
Indemne au-delà de la frontière, il a ainsi appris le français seul,
au fil de ses expéditions.
-2 Touché
Depuis l’enfance, Pedro a pratiqué la religion ca-
-4 Blessé tholique avec conviction et détermination. Les lignes
-6 Mourant de conduite qui lui étaient dictées par les pères de
sa paroisse lui apparaissaient comme autant de sages
conseils menant les hommes à la droiture et à la vertu.

Équipement Lorsque l’inquisition désigna un responsable pour

sa petite division administrative, qui regroupait alors
Équipement divers
plus d’une vingtaine de villages aux alentours, ce fut
Tenue de prêtre lui qui fut nommé. Il prit cette charge à cœur, et s’in-
Bible vestit dans chaque affaire, cherchant la meilleure jus-
Crucifix tice divine.
Monnaie
30 Livres Mais ce catalan eut la malchance de vouloir dé-
noncer un noble castillan qu’il suspectait de cacher sa
confession juive. Les hommes du noble pourchassèrent
Avantages et Désavantages Pedro et lui coupèrent le bras pour lui apprendre le
«respect». Ceci n’a fait qu’augmenter sa détermina-
Petit génie : Toutes les compétences d’Intellect tion.
sont minimum à zéro.
Amputé : Bras droit tranché. Pouvoirs proposés
Possédé Sorcier
Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Pouvoir dépensés
1 10 Aspirant d’un domaine de
pouvoir
2 25 Affilié du domaine de pouvoir
3 25 -
4 45 Influent du domaine de pouvoir

61
 État civil
Nom : Heinz Faymann

Nation : Suisse

Religion : Protestant

Classe sociale : Tiers-État

Métier : Arquebusier

Caractère : Rude, impatient, loyal

Attributs et Compétences
Intellect : 2 Défenses
Connaissances de la Corps à corps : 14
Chapitre IV - Création d’un possédé

Suisse : 1 Distance : 17
Adresse : 4 (3) Spirituelle : 5
Armes de mêlée : 2 Initiative : 8 (7)
Recharge : 3 Panache : 2
Bagout : 2 Langues
Autorité : 1 Allemand : 3
Français : 1
Perspicacité : 4
Armes à feu : 3
Rembrandt - Un guerrier (1626)
Corps : 2 Collection privée
Athlétisme : 1
Épreuve de force : 1
Avantages et Désavantages
Vitalité
Ambidextre : Malus de -1D seulement si le per-
Indemne
sonnage exécute deux fois la même action
-2 Touché dans un tour

-4 Blessé Blessure de guerre : Deux cases de vie en moins

Nerveux : Défense Spirituelle -2
-6 Mourant

Historique
Équipement Heinz a grandi au bord du lac de Genève et de
Lausanne, dans le village de Vevay. Sa famille a choi-
Armes si depuis plusieurs génération d’être protestante. Mais
alors qu’il avait à peine 20 ans, ses parents se sont
Nom Dégâts Initative Allonge / Recharge fait emprisonner par des fanatiques catholiques luttant
Portée contre les protestants.
Épée large 5 -3 3 -
Arquebuse 6 -7 35m 70/7 Il fut alors engagé dans l’armée suisse pour se
battre pour la neutralité de son canton dans la guerre
de Trente ans. Au départ intégré parmi les lanciers, il
se blessa gravement à la jambe, ce qui lui valut finale-
Armure ment d’être amené à manier l’arquebuse.
Nom Def Def Adresse Init. Rés.
CC Dist Pouvoirs proposés
Cuirasse 3 5 -1 -7 2
Possédé Tireur
Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Pouvoir dépensés
Équipement divers 1 18 Recharge rapide
Uniforme de garde Recharge +1D
Poudre et cartouches pour 20 tirs
2 28 Pistolet +1D
Monnaie
3 40 Balle parfaite
15 Livres
4 47 Portée maximale

62
 État civil
Nom : Francis, dit «Fanfan»

Nation : Français

Religion : Catholique

Classe sociale : Tiers-État

Métier : Malandrin

Caractère : Menteur, Discret, Aimable

Attributs et Compétences
Intellect : 2 Défenses
Connaissances de la Corps à corps : 15

Chapitre IV - Création d’un possédé

France : 1 Distance : 13
Adresse : 5 Spirituelle : 7
Discrétion : 3 Initiative : 8
Armes de mêlée : 1 Panache : 3 Willem Drost - Portrait d’un jeune homme (1654)
Esquive : 1 Langues
Vol à la tire : 1
Musée national d’art de Catalogne, Barcelone
Français : 3
Bagout : 2

Perspicacité : 3 Avantages et Désavantages

Mécanique : 1 Argot de la cour des miracles : le personnage
connaît le langage secret de la cour des
Corps : 3
miracles.
Athlétisme : 2
Agile : Bonus de +2 à la DefCC.
Vitalité
Indemne Cœur d’artichaut : Jet de Contrôle de soi
contre un seuil de 20 sinon le personnage
-2 Touché tombe amoureux.

-4 Blessé
-6 Mourant Historique
Francis est né en Bretagne. Son père, un éleveur
de bonne foi, est mort de la maladie alors que Francis
Équipement n’avait que 9 ans. Cependant, il se trouve que son père
avait connu un avocat parisien, qui put lui faire une
Armes lettre afin qu’il soit accepté à la maréchaussée de Paris.
Il y aurait trouvé de quoi vivre. Hélas, à son arrivée à
Nom Dégâts Initative Allonge / Recharge Paris, il se fit complètement dévaliser, ne trouva pas
Portée la demeure de l’ami de son père, et disparut dans les
Sabre 6 -4 3 - ruelles sombres de la Cour des Miracles.
Fanfan, comme il fut appelé, se débrouilla très
Dague 3 -1 2 -
vite seul, et apprit à vivre dignement selon les critères
locaux : avec les biens des autres.

Armure
Nom Def Def Adresse Init. Rés. Pouvoirs proposés
CC Dist Possédé Infiltrateur
Rien - - - - - Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Pouvoir dépensés
1 20 Annulation du poids
Équipement divers Discrétion +1D
Initiative améliorée +3
Tenue de misère
2 29 Saut de chat
Outils de crochetage
Corde de 5 mètres Vision nocturne
3 40 Dague +1D
Monnaie 4 47 Discrétion +1D+2
6 Livres

63
 État civil
Nom : Hubert Maurais

Nation : Français

Religion : Catholique

Classe sociale : Tiers-État

Métier : Chirurgien Barbier

Caractère : À l’écoute, sincère, peu jovial

Attributs et Compétences
Intellect : 4 Défenses
Connaissances de la Corps à corps : 9
Chapitre IV - Création d’un possédé

France : 1 Distance : 10
Lecture/Écriture : 1 Spirituelle : 11
Soins : 3 Initiative : 7
Adresse : 3 Panache : 2
Armes de mêlée : 1 Langues
Bagout : 2 Français : 3
Latin : 1 Franz Hals - Portrait d’un homme assis (1645)
Empathie : 3
National Gallery of Canada, Ottawa
Perspicacité : 4
Perception : 2 Avantages et Désavantages
Corps : 2 Trompe la mort : Lorsque le personnage atteint
le malus de blessure -4, ses points de Pa-
Vitalité nache apportent un bonus doublé (+2D ou
+6).
Indemne
Calme : Bonus de +2 à la défense spirituelle
-2 Touché
Cardiaque : Le personnage se fatigue extrême-
-4 Blessé ment vite. Il ne peut pas faire un combat
de plus de 3 rounds ni faire une marche de
-6 Mourant
plus de 30 minutes sans pause.

Équipement Historique
Hubert Maurais est un chirurgien/barbier lyon-
Armes nais reconnu. Alors que la majorité des médecins s’op-
posent fermement à l’exercice de la chirurgie, pour
Nom Dégâts Initative Allonge / Recharge favoriser la saignée ou des lavements divers, Hubert
Portée parvient à se faire connaître par une connaissance
Dague 3 -1 2 - pointue de l’anatomie.

Il se procure des écrits venus d’Italie, de Da Vin-

ci, de Fallope, qui pratiquent la dissection et écrivent
Armure des traités très précis et de grande qualité.
Nom Def Def Adresse Init. Rés.
CC Dist
Rien - - - - - Pouvoirs proposés
Possédé Infiltrateur
Équipement divers Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Pouvoir dépensés
Tenue bourgeoise 1 20 Chirurgie +1D
Matériel de premiers soins
Aspirant du domaine de l’âme
Outils pour chirurgie rapide
2 23 Anti-détection
Monnaie 3 38 Affilié du domaine de l’âme
30 Livres 4 46 Détection des possédés
Sentir le surnaturel

64
 État civil
Nom : Enzo DiPascal

Nation : Italien

Religion : Catholique

Classe sociale : Tiers-État

Métier : Comédien

Caractère : Sociable, drôle, dépressif

Attributs et Compétences
Intellect : 2 Défenses
Connaissances de Corps à corps : 7

Chapitre IV - Création d’un possédé

l’Italie : 1 Distance : 7
Adresse : 2 Spirituelle : 8
Initiative : 5
Bagout : 5
Panache : 2
Comédie : 1 Langues
Empathie : 3 Franz Hals - Le bouffon au luth (1624)
Séduction : 3 Italien : 3
Français : 1 Musée du Louvre, Paris
Art (musique) : 1
Perspicacité : 3
Déguisement : 1 Historique
Corps : 3 Enzo est un artiste, un vrai. Il a cela dans le sang
Athlétisme : 1 et ne peut jamais s’empêcher de jouer la comédie et de
faire rire le public. Oui, le public, c’est tout pour Enzo.
Vitalité Sans une foule pour l’admirer ce jeune italien se sent
Indemne comme désœuvré et abandonné. Il fait donc tout son
possible pour attirer l’attention. Et il y arrive aisément
-2 Touché avec sa belle voix propre à faire vibrer les foules.
-4 Blessé
-6 Mourant Pouvoirs proposés
Possédé Infiltrateur
Équipement Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Équipement divers Pouvoir dépensés
1 18 Déguisement +1D
Tenue bourgeoise
Matériel de premiers soins
Outils pour chirurgie rapide 2 23 Aspirant domaine de la matière
3 38 Aura diabolique
Monnaie
4 46 Affilié domaine de la matière
30 Livres

Avantages et Désavantages
Voix d’orateur : Bonus de +1D aux jets de
Conversation
Endurant : Deux cases de vie en plus
Attentiste : Le personnage subit un malus de -3
en Initiative
Faible : Les dommages au corps à corps sont di-
minués d’un point
Bon vivant : Pour résister à l’envie de faire la
fête, le personnage doit réussir un jet de
Contrôle de soi difficulté 16.

65
 État civil
Nom : Chevalier Antoine de Marzaille

Nation : Français

Religion : Catholique

Classe sociale : Noble

Métier : Bretteur

Caractère : Caractériel, déterminé

Attributs et Compétences
Intellect : 2 Défenses
Connaissances de la Corps à corps : 12
Chapitre IV - Création d’un possédé

France : 1 Distance : 13
Lecture/Écriture : 1 Spirituelle : 9
Politique : 1 Initiative : 6
Adresse : 4 Panache : 2
Armes de mêlée : 3 Langues
Esquive : 3
Français : 3
Bagout : 4 Franz Hals - Le cavalier riant (1624)
Conversation : 1 Wallace Collection, London
Perspicacité : 2
Escrime : 3 Avantages et Désavantages
Corps : 3
Plein de Fougue : Le personnage dépense un
Athlétisme : 2 demi point de Panache qui a le même effet
Vitalité qu’un point de Panache complet.
Indemne
Spécialiste : Les compétences non maitrisées au
-2 Touché rang 1 tombent au rang -3.

-4 Blessé
-6 Mourant Historique
Fin bretteur, voilà ce qu’est Antoine. Ce per-
sonnage se veut un véritable gentilhomme, surtout en
Équipement ce qui concerne son honneur. Il est très prompt à ti-
rer l’épée et aller au combat. Ses amis diraient même
Armes qu’il est toujours le premier à l’assaut. Pour cela, il ne
manque pas de panache.
Nom Dégâts Initative Allonge/ Recharge
Portée En revanche, sorti de son élément naturel, à sa-
Épée de duel 5 -3 3 - voir le combat, il est comme un enfant. Sa famille noble
Rapière 5 -2 3 - a bien essayé de l’intéresser à la politique et au jeu des
puissants, mais cela ne l’attire guère.

Armure
Nom Def Def Adresse Init. Rés.
CC Dist Pouvoirs proposés
Brigandine 1 3 0 -2 1
Possédé Escrimeur
Attribut Points Nouveaux pouvoirs obtenus
Pouvoir dépensés
Équipement divers 1 18 Épée +1D+2
Tenue de voyage 2 30 Épée +2D
Tenue de bourgeois 3 38 Initiative améliorée +6
Monnaie
4 47 Force de l’outre monde
120 Livres Arme invoquée

66
Chapitre V
Avantages & Désavantages
Un personnage peut être créé avec des avantages et
des désavantages. Pour pouvoir prendre des avantages, il
faut des points obtenus en prenant des désavantages. Les
désavantages ne peuvent pas rapporter plus de 20 points.
Les personnages créés via la méthode pour joueurs
expérimentés peuvent dépenser directement leurs points de
création pour acheter des avantages.
Par la suite, quand le personnage évolue et gagne de
l’XP, il lui sera possible d’obtenir certains avantages et dé-
savantages. Il devra payer les avantages avec de l’XP (avec
le même coût que les points de création) tout en ayant
l’accord du MJ pour que ce soit logique avec la campagne.
Le PJ pourra aussi avoir de nouveaux désavantages qui ne
lui rapporteront aucun point en plus (par exemple, un PJ
qui devient manchot).
Les avantages et désavantages innés doivent obliga-
toirement être développés à la création du personnage, les
autres peuvent être pris durant l’évolution du personnage.
Avantages
Agile (8 Points)
Le personnage est doté d’une agilité hors du com-
mun. Son corps souple lui permet d’atteindre des positions
insoupçonnées et ce même en plein combat. Le personnage
reçoit un bonus de +2 à la DefCC.
Ambidextrie (12 Points)
Normalement, lorsque le personnage effectue deux
fois la même action dans le même tour, il reçoit un malus
de -2D à chaque jet de compétence. Mais s’il est ambidex-
tre et que chaque action peut s’effectuer avec une seule
main, par exemple utiliser un pistolet dans chaque main
ou jeter deux objets, alors le malus ne sera que -1D sur
chaque action.
Pour que la compétence s’applique, il faut donc faire
deux fois la même action, une fois avec chaque main.
Amoureux de la poésie (8 Points)
Le personnage est un vrai amoureux des belles
phrases. Ses piques sont acerbes et ses compliments doux
et raffinés car il fait tout en rimes et avec sobriété. Le per-
sonnage peut utiliser la compétence Poésie à la place des
compétences Séduction et Discours.
Athlète (10 points)
En s’entraînant depuis longtemps, le personnage est
devenu un véritable athlète digne des mythes grecs. Le PJ
gagne un bonus de +3 sur tous ses jets liés à Athlétisme
(Escalade, Course ou Saut).
Beauté fatale (10 points) [Inné]
Quelque chose rend le personnage irrésistible aux
yeux de ses interlocuteurs. Il gagne 1D supplémentaire à
lancer sur tous ses jets de Séduction.
Bon ami (2 ou 5 ou 8 points)
Le personnage a un contact de valeur dès la création.
Ce contact, un ami, a une sympathie de 3. L’influence du
contact dépend du rang de l’avantage. Au premier rang,
l’influence est de 1, au deuxième rang, l’influence est de 2
et au troisième rang, l’influence est de 3.
Calme naturel (8 points) [Inné]
Être calme en toutes circonstances permet de mieux
comprendre les paroles de l’ami et de l’ennemi. Le person-
nage reçoit un bonus de +2 en DefSpirit.
Chantage (4 ou 8 ou 12 points)
Le personnage a un contact très particulier, une per-
sonne haut placée, qui a de l’argent ou de l’influence, sur
qui le personnage dispose d’informations qui peuvent lui
ruiner la vie comme une aventure amoureuse avec la femme
de son supérieur, ou le vol d’objets de valeur.
La sympathie du contact est à 1, il n’apprécie que
peu le personnage qui le fait chanter. L’influence du contact
dépend du nombre de points dépensés dans cet avantage.
Avec 4 points, le contact est d’influence 2 (par exemple, un
Chapitre V - Avantages et Désavantages
Jan van der Heyden - Vue d’Amsterdam avec maisons sur le
Herengracht et la vieille écluse Haarlemmersluis (1670)
Rijksmuseum, Amsterdam
petit bourgeois). Avec 8 points, le contact est d’influence
3 (par exemple, un usurier de Paris). Avec 12 points, le
contact est d’influence 4 (par exemple, un membre éminent
du parlement de Paris). En le faisant chanter, le person-
nage peut récupérer de l’argent ou des informations. Mais
le personnage doit faire attention car s’il menace trop sa
victime, cette dernière pourrait tenter de le supprimer.
Connaissance de l’argot de la cour des mi-
racles (6 Points)
Pour les personnages du tiers-État seulement. Vous
avez passé du temps au sein d’une cour des miracles ou
vous fréquentez des gens qui font partie de ces groupes de
menteurs, filous et malandrins. Vous connaissez donc leur
langue et les codes gestuels qu’ils utilisent entre eux.
Disciple de Descartes (6 points)
En lisant et relisant les œuvres du grand maître, le
personnage a réussi à améliorer ses connaissances en méca-
nique. La compétence Mécanique du personnage est aug-
mentée de 2 points.
Endurant (4 ou 8 ou 12 points)
Un personnage endurant peut encaisser plus de dom-
mages avant de mourir. Chaque rang de cet avantage rap-
porte une case de vie en plus à rajouter à la première ligne
du tableau de vie.
68
Enfance dans les ordres (6 points)
Le personnage a passé une partie de son enfance au
sein de l’Église, ses parents désirant qu’il soit épargné de
la folie du monde. À sa majorité, le personnage peut très
bien être revenu à la vie active ou s’être engagé dans la
prêtrise. Il y a acquis une solide connaissance de la religion
catholique. La compétence Connaissance de la religion ca-
tholique est augmentée de 2 points.
Famille d’escrimeurs (6 points)
Un membre de la famille proche du personnage est un
escrimeur émérite. Vous avez pu ainsi apprendre quelques
bottes tout en perfectionnant vos mouvements. La compé-
tence Escrime du personnage augmente de 2 points. Il est
nécessaire d’avoir Escrime à 1 pour comprendre les bases
des cours d’escrime.
Fort (10 points)
La force s’entretient régulièrement par de l’activité
physique. Cet avantage permet d’augmenter tous les dom-
mages au corps à corps d’un point. Cela permet aussi une
augmentation de la compétence Épreuve de force d’un
point.
Grand voyageur (4 points)
Vous avez déjà voyagé de par le monde. Vous gagnez
un point dans deux compétences relatives à la connais-
sance de nouvelles régions. Il peut s’agir de pays d’Europe
comme du Nouveau Monde ou de l’Afrique.
Haute lignée (4 points)
Pour personnage noble seulement. Vous faites partie
d’une famille de haute lignée. Ainsi, en tant que noble,
vous démarrez avec le titre de baron au lieu de chevalier.
Vos revenus initiaux et mensuels sont doublés.
Idéaliste (6 points)
En choisissant cet avantage, le personnage choisit un
idéal. Cet idéal correspond aux aspirations de l’époque.
Ce peut être de vouloir que le haut clergé applique plus
rigoureusement les doctrines de l’Église (la pauvreté par
exemple), ou alors que la France n’ait qu’une seule religion,
ou que tous les pauvres des villes aient un foyer pour les ac-
cueillir. Ce peut aussi être un idéal de chevalerie, le person-
nage est alors toujours prêt à aider la veuve et l’orphelin.
À chaque fois que le personnage fait une action qui
est directement liée à son idéal, il reçoit un bonus de +2 à
toutes ses actions.
Initié au surnaturel (5 points)
Le personnage est possédé depuis quelques temps
déjà. Il a appris de son esprits quelques techniques inter-
dites. Le personnage démarre avec une technique de possé-
dé qui a un rang de 1.
Leader né (10 points)
Vous imposez tout naturellement votre autorité. Les
gens vous suivent dans vos décisions car vous montrez le
respect. Tous vos jets d’Autorité sont réalisés avec un bo-
nus d’1D supplémentaire.
Œil vif (10 points)
Le personnage est doté d’un regard précis qui lui
permet de trouver plus rapidement les indices comme les
espions cachés dans l’ombre. Tous ses jets de Perception se
font avec 1D de plus.
Petit génie (15 points)
Normalement, toutes les compétences que le person-
nage ne maîtrise pas sont tout de même utilisables mais
avec un malus de -3. Sauf que vous êtes un petit génie.
Pour toutes les compétences liées à un attribut choisi, les
jets de compétence non maîtrisées se feront sans le malus
de -3.
Précepteur (6 points)
Cet avantage est réservé aux personnages bourgeois,
nobles ou membres du clergé. Le personnage a eu la chance
dans sa jeunesse de suivre les cours d’un précepteur. Il
peut, au choix, avoir un bonus de 2 points dans une des
compétences suivantes : Art, Équitation ou Politique.
Plein de fougue (12 points)
Votre personnage est plein de fougue. Il utilise deux
fois plus de points de Panache que les autres, car cela lui
coûte deux fois moins cher ! Lorsque le personnage veut
utiliser un point de Panache, il n’en dépense en fait qu’un
demi.
Poing de fer (8 points)
Les os et les tendons du personnage sont particulière-
ment robustes et puissants au niveau des poings. Les dom-
mages occasionnés avec les poings du personnage délivrent
un point de dégât supplémentaire.
Raffiné, voire précieux (6 points)
Cet avantage est réservé aux nobles. Le personnage
a toujours parlé avec beaucoup de grâce et d’éloquence ;
Chapitre V - Avantages et Désavantages
il s’intéresse à la pureté de la langue. Sa compétence Éti-
quette est augmentée de 2 points.
Réflexes de combat (5 points) [Inné]
Le personnage est doté de réflexes quasi surhumains.
En situation dangereuse, il démarre ses actions bien plus
vite que n’importe qui. L’avantage apporte un bonus de
+3 à l’initiative.
Repaire (6 points)
Le personnage connaît une cachette sûre dans la ré-
gion où se passe la campagne du jeu. Il peut s’y cacher et
y cacher ses amis durant un moment si les choses tournent
mal. Il peut aussi y entreposer certains objets de valeur.
Recueil de possédé (8 points)
Par un coup de chance inouïe, le personnage a récu-
péré un livre présentant un rituel de possédé. Avec l’aide
de son esprit, le personnage a finalement compris le rituel
et il peut l’utiliser. Choisissez un rituel de faible puissance
(Pouvoir 2) parmi ceux présentés dans le recueil du maître.
Riche maîtresse ou riche amant (12 points)
Prendre cet avantage nécessite l’attribut Bagout au
moins à 3. Grâce à ses charmes, le personnage a réussi à
devenir l’amant ou la maîtresse d’une riche personne (un
veuf ou une veuve, une riche femme qui s’ennuie avec son
mari...). Le personnage gagne un contact de sympathie 4 et
d’influence 3 dans la bourgeoisie ou la noblesse. Ce contact
pourra donner de l’argent au personnage mais demandera
quelques services en retour.
Serviteur (2 ou 4 ou 6 ou 8 points)
Cet avantage est réservé aux personnages bourgeois
ou nobles. Le personnage est accompagné d’un serviteur,
un roturier qui pour une raison ou pour une autre est au
service du personnage et est rétribué. Il s’agit d’un contact
dont la sympathie est de 2. À la création, un larbin illettré
et incompétent coûte 2 points, son influence est de 1 ; un
laquais personnel coûte 4 points, son influence est de 1 ; un
palefrenier coûte 6 points avec une influence de 2 et enfin
un scribe coûte 8 points, son influence est de 2. La paye
touchée par le serviteur sera de 1 ou deux Livres par mois.
Le serviteur fait son travail mais n’ira pas mourir pour le
personnage, sauf si les deux personnages deviennent très
proches.
69

Sixième sens (8 points) [Inné]
Le personnage est doté d’un sixième sens aiguisé qui
lui permet de deviner d’où viennent les projectiles qui le
prennent pour cible. Il peut donc les esquiver in extremis.
Cet avantage augmente la DefDist de 2.
Trompe la mort (5 points)
Quand le danger le guette, le personnage fait face à
la mort avec toutes ses forces. Quand il atteint le malus
de blessure -4, ses points de Panache donnent un bonus de
+2D ou +6 au lieu de +1D ou +3.
Chapitre V - Avantages et Désavantages
Voix d’orateur (10 points)
La voix du personnage est adaptée pour convaincre
les gens, elle chante et touche directement leur cœur et leur
âme en utilisant les mots justes. Tous les jets de Conversa-
tion du personnage se font avec un bonus d’1D.
Désavantages
Amputé (3-20 points)
Par malchance, lors d’un combat ou d’un accident, le
personnage s’est vu amputé d’une partie de sa personne.
Il a survécu mais doit maintenant faire sans une partie de
lui-même.
Main : 14 points si c’est la main directrice, 8 si-
non. Toutes les actions nécessitant l’usage des
deux mains sont bien sûr impossibles.
Bras : 20 points si bras directeur, 12 sinon. Toutes
les actions nécessitant l’usage des deux bras
sont bien sûr impossibles.
Pied coupé : 6 points. Malus de -3 à toutes les
actions nécessitant d’utiliser les deux jambes si
le personnage est doté d’une prothèse (course,
saut, escalade, ...).
Jambe en moins : 20 points. Impossibilité d’ef-
fectuer toutes les actions athlétiques (comme
la course).
Partie génitale : 3 points. Si jamais les gens ap-
prennent que vous êtes amputé à ce niveau,
vous subissez un malus de -1D à tous vos jets
de Bagout.
Attentiste (5 points) [Inné]
Le personnage est attentiste, il n’est pas très réactif
en combat et est parmi les derniers à prendre une décision
quand le moment s’impose. Le personnage subit un malus
de -3 à l’initiative.
Blessure de guerre (8 points)
En tant qu’ancien soldat, le personnage a beaucoup
combattu sur tous les fronts, pendant la guerre de Trente
70
ans ou lors des guerres de Louis XIV. Les deux premières
cases du tableau de vie sont inutilisables par le joueur.
Elles sont toujours cochées et ne pourront jamais être ré-
cupérées.
Bon vivant (4 ou 8 ou 12 points)
Le personnage est un vrai boute-en-train, toujours
prêt à faire la fête et se divertir. Quand il voit des gens
rire, jouer ou festoyer, il doit réussir un jet de Contrôle de
soi contre un seuil de 12, 16 ou 20 en fonction du rang du
désavantage. En cas d’échec, le personnage ne peut se rete-
nir de rejoindre la fête et d’y rester sans regarder l’heure.
Borgne (12 points)
Un éclat de grenade ou un coup de rapière lors d’un
duel au clair de lune et vous voilà borgne jusqu’à la fin de
vos jours. Le personnage encourt un malus de -3 à toutes
les compétences nécessitant l’usage de l’œil (Armes à feu,
Perception, ...)
Cardiaque (13 points)
Le personnage ne peut pas effectuer trop d’actions
fatigantes à la suite. Il se fatigue vite et risque de perdre
connaissance s’il force trop. S’il ignore les premiers symp-
tômes de son mal, il perdra connaissance au bout de
quelques minutes. Son réveil peut être une heure plus tard,
ou une semaine, si le cas est vraiment grave. Un combat
de 3 rounds est fatigant, une course de plus de 100 mètres
aussi. En marche à pied, il faut faire une pause au moins
toutes les heures. Une fois fatigué, le personnage doit s’as-
seoir, se reposer. Il doit réussir un jet cumulé de Corps de
30 pour pouvoir de nouveau agir.
Cœur d’artichaut (4 ou 8 ou 12 points)
Elles sont toutes belles, belles, belles... Le personnage
s’entiche de toutes les filles qu’il croise, veut les revoir,
leur offrir de belles choses. Chaque fois, c’est comme si un
charme prenait possession du personnage, il lui faut réussir
un jet de Contrôle de soi contre un seuil de 12, 16 ou 20
pour oublier sa belle en fonction du degré de désavantage
pris.
Ce don existe aussi pour les filles dont le cœur fondra
dès qu’un charmant jeune homme croisera leur route.
Connu par la justice (4 points)
Ce désavantage est réservé aux membres du tiers-
État. Hélas pour lui, le personnage a fait de la prison après
avoir été reconnu coupable d’un délit mineur (vol, men-
songe pour échapper à l’impôt,  ...). Il est dès lors connu
des gardes et miliciens de l’endroit où il vit. En cas de
problème dans le quartier, les hommes de loi iront l’accuser
en priorité.
Démon du jeu (4 ou 8 ou 12 points)
Quand il en a l’occasion, pour résister à l’envie de
jouer, le personnage doit faire un jet de Contrôle de soi
contre un seuil de 12, 16 ou 20 en fonction du rang du dé-
savantage. Le personnage restera à jouer, même s’il y perd
toute sa fortune dans des jeux d’argent stupides comme les
combats de coqs.
 Dépensier (4 ou 8 ou 12 points)
Le personnage ne sait pas gérer une fortune. Il se
sent obligé de dépenser son argent sur des objets, des évè-
nements, de le donner... Pour résister à cette tentation, le
personnage doit réussir un jet de Contrôle de soi contre
un seuil de 12, 16 ou 20 en fonction du rang pris dans le
désavantage.
Déshérité (7 points) [Inné]
Ce désavantage est réservé aux nobles. Le personnage
était très mal considéré par sa famille et par son entourage
durant bien des années. Il a obtenu une mauvaise réputa-
tion des suites d’un geste malheureux. Vous démarrez sans
argent en début de partie.
Dévot (4 ou 8 ou 12 points) [Inné]
Ce désavantage est réservé aux personnages ayant
une religion majoritaire dans le pays où se passe la cam-
pagne. Le personnage qui a ce désavantage est un vrai
dévot, extrêmement attaché aux pratiques religieuses. Il
fera tout son possible pour que les gens de son entourage
respectent aussi la religion majoritaire. Pour la religion
catholique par exemple, cela signifie condamner dure-
ment l’adultère, les jeux d’argent, les usuriers, le meurtre
d’autres catholiques, ...
Pour résister à une telle tentation, le personnage doit
réussir un jet de Contrôle de soi contre un seuil de 12, 16
ou 20 en fonction du rang du désavantage.
Difforme (10 points)
Le personnage est incroyablement déformé par mal-
formation de naissance (bossu par exemple) ou par une
opération de chirurgie qui a affecté son faciès. Tous ses
tests de Conversation ou de Séduction se font avec 1D de
moins.
Dispute avec son esprit (6 points)
Les esprits ne sont pas toujours faciles à vivre. Et le
personnage s’en est rendu compte puisqu’il a eu une grosse
dispute avec son esprit, qui a un point de vue divergent.
La mésentente du personnage est augmentée de 2 points
à la création. Dans la suite, la mésentente est gérée nor-
malement, comme expliqué dans la section «Mésentente»,
page 80.
Faible (6 points) [Inné]
Le personnage est très faible. Sa force est tout sim-
plement inexistante. Soulever un objet un peu lourd est
hors de portée du personnage comme forcer une serrure.
Ses dommages au corps à corps sont diminués d’un point.
Fleurdelisé (20 points)
Le personnage a été reconnu comme ayant accom-
pli un crime très grave le condamnant à mort. Il s’en est
échappé pour une raison obscure mais il a été marqué au
fer rouge. Une fleur de lys est marquée au fer rouge sur
son épaule, le marquant comme appartenant au trône de
France. Si jamais quelqu’un voit cette marque, le person-
nage sera sans doute pourchassé et jugé une fois de plus s’il
n’est pas exécuté sur place !
Hautain (7 points)
Le personnage n’a aucune considération pour les ob-
jections des autres, quel que soit le sujet. Il considère que
son avis et ses idées sont bien supérieurs aux autres. Ainsi,
il ne montrera pas de délicatesse ou de respect particulier
pour ce que peut dire ou penser quelqu’un d’une classe
sociale bien au-dessus de la sienne.
Laïc et fier de l’être ! (6 points)
Les religions sont toutes aussi stupides les unes que
les autres. L’expérience a prouvé que les prêtres n’ont au-
cun jugement objectif sur ce qu’ils font, et le personnage
Chapitre V - Avantages et Désavantages
se moque d’eux à chaque occasion. Dès que le personnage
est confronté à une religion, à un homme de foi ou un bâti-
ment religieux, il lui faudra réussir un test de Contrôle de
soi sur un seuil de 12 pour ne pas aller effectuer un geste
hérétique.
Incapable de mentir (8 points)
Quand le personnage veut mentir, il subit un malus
de -6 à son jet de Conversation ou de Manipulation. De
plus il se sentira coupable pendant un moment et finira
par aller avouer la vérité à la personne trompée dans la
semaine.
Kleptomane (4 ou 8 ou 12 points)
Voler les biens des autres est si tentant que le per-
sonnage ne pourra pas s’en empêcher. Il devra réussir un
test de Contrôle de soi sur un seuil de 12, 16 ou 20 pour
ne pas céder à la tentation d’aller voler n’importe qui ou
n’importe quoi.
Nerveux (6 points) [Inné]
Le personnage est un grand nerveux. Il lui est très
difficile de se concentrer et il prend au pied de la lettre
toutes les insultes et les traits d’esprit le concernant. Sa
DefSpirit est diminuée de 2 points.
Némésis (10 points)
À cause d’un évènement passé particulièrement mar-
quant, le personnage a un Némésis, un ennemi mortel puis-
sant et influent qui cherchera par tous les moyens à abattre
le personnage. Le maître du jeu est encouragé à faire in-
tervenir le Némésis régulièrement dans les scénarios, un
ennemi récurrent qui visera toujours à détruire ce qu’aime
le personnage.
Prosélytisme (6 ou 15 ou 20 points) [Inné]
Ce désavantage est réservé aux personnages ayant
une religion minoritaire dans le pays où se passe la cam-
pagne. Quelle que soit sa religion, celui qui a ce désavantage
ne peut pas s’empêcher de faire du prosélytisme, de parler
à tous de sa religion et de tout tenter pour les convaincre
de s’y convertir. Pour se retenir de faire l’apologie de sa
religion face aux autres, le personnage doit réussir un jet de
Contrôle de soi contre un seuil de 12, 16, ou 20 en fonction
du rang du désavantage.
71
 Sans manière (4 points)
Sans aucune manière, le personnage est grossier et
irrespectueux. Il lui est impossible d’appliquer l’étiquette
dont il ne comprend pas l’utilité. Même appeler un noble
« monseigneur » n’est pas naturel pour lui. Le personnage
ne peut pas développer la compétence Étiquette. Le joueur
peut interpréter un personnage grossier pour faire ressortir
ce trait.

Sans panache (20 points)

Le personnage n’a pas de panache, ou du moins il
en a très peu. Quand il fait une action où il a besoin de se
dépasser, il doit utiliser 2 points de Panache au lieu d’un
Chapitre V - Avantages et Désavantages

seul !

Sot (10 points)

Chaque phrase, insulte ou trait d’esprit du person-
nage ne fait que révéler sa bêtise à son public. Sa meilleur
insulte ne sera jamais que «vous avez un nez ... très long !».
Les jets d’Autorité et de Conversation du personnage se
font avec un malus de -3.

Spécialiste (16 points) [Inné]

Le personnage est un spécialiste. Ce qu’il sait faire,
il le fait bien, ce qu’il ne sait pas faire, il ne le fait pas !
Toutes les compétences que le personnage ne maîtrise pas
(celles qu’il ne possède pas au rang 1) se font avec un malus
de -6 au jet (sauf les compétences innées comme Conver-
sation ou Esquive).

72
Chapitre VI
L’équarrisseur de
la Guillotière
Lyon, 1645
Je rentre chez moi, rue des Hérideaux, où ma femme
Anne m’attend. Je pousse comme à mon habitude l’épaisse
porte de bois piquée de clous métalliques en en soulevant le
loquet, et l’aperçois. Elle est debout et tourne une soupe de
choux dans une grande casserole en étain ; elle se retourne.
- Bonsoir Barnabé. La soupe est chaude, tu peux
t’asseoir.
Un verre de vin, une assiette de soupe, et une journée
de plus qui s’achève à la lumière d’une bougie. Demain
c’est dimanche, aussi n’irai-je pas travailler aux équarris-
sages de la Guillotière, mais nous irons à l’église des Cor-
deliers pour écouter la messe.
Nous partons de chez nous à la demie de dix heures,
retrouvons notre ami Félix et sa femme devant le pont du
Rosne, que nous traversons pour enfin arriver aux Corde-
liers. Le quartier est plutôt calme et agréable ; il fait bon
vivre dans la ville de Lyon. Ses rues pavées, ses maisons
hautes aux toits rouges, son effervescence, on peut dire que
la ville est vivante. Le faubourg de la Guillotière, où nous
vivons, est davantage souillé par la boue et la crotte.
Lundi matin. Cinq heures. Les équarrissages sont à
quelques centaines de mètres de chez moi, et il suffit de
prendre quelques rues pour atteindre le bas de la petite
butte. Je marche tranquillement dans les rues fraîches, dé-
sertes, encore emmitouflées sous leur couverture de brume
matinale. Comme d’habitude, je ne vois personne d’autre
que le boulanger en train de tamiser sa farine. Il m’a inter-
pellé : « Barnabé ! » Je lui réponds par un signe de main.
Manifestement il est concentré dans son travail et ne prête
pas attention à ma réponse amicale. Peu importe.
Je gravis le chemin qui mène en haut de la butte ;
il n’y a que quelques mètres à monter, mais le chemin est
si raide qu’il faut, à chaque pas, s’appuyer sur ses jambes
pour ne pas chuter. Lorsque j’arrive en haut, je devine
quelques restes d’animaux que nous n’avons pas encore
équarris, et sens la forte odeur de décomposition des chairs
qui traînent çà et là. Après ces années, cette odeur qui tou-
jours soulève le cœur de ceux qui n’en ont pas l’habitude
m’est devenue familière, presque amicale.
Nous sommes deux à travailler ici, mais on dirait
bien que Dominique n’est pas encore arrivé. Je vais l’at-
tendre en m’asseyant sur une pierre plate, au bout de la
butte, pour regarder un peu Lyon se réveiller. Le froid est
piquant mais en rentrant mes mains sous ma veste et en
glissant mon nez dans mon col j’arrive à garder assez de
chaleur pour ne pas trembloter. Ainsi, je profite mieux de
la vue qu’on a d’ici sur la ville de Lyon et la colline de
Fourvière, trône majestueux de sa nouvelle église.
« Barnabé ! »
Tiens. On m’appelle. Je ne reconnais pourtant pas la
voix. Je crois que ça vient d’un talus, là-bas derrière, au
bout de la butte. J’évite les vaches que l’on est allé cher-
cher hier, quelques chevaux que j’enjambe difficilement.
Personne. Il n’y a rien. Pas même un endroit pour se ca-
cher. Derrière le talus il y a du rocher, et la rue cinq mètres
plus bas. Je ne crois pas que quelqu’un ait pu se cacher ici.
Est-ce une blague ? Moi qui étais tranquillement en train
de laisser mon esprit vagabonder sur les toits lyonnois, voi-
là qu’un petit malin m’en extirpe pour son amusement
personnel. J’espère qu’il viendra me présenter ses excuses,
ou le sort lui fera à son tour une bien mauvaise blague ! Je
fais demi-tour, enjambe rapidement encore quelques corps
bovins dont le froid épargne un peu la décomposition, et
m’assois à nouveau, considérant maintenant les corps que
nous allons finir de découper. Je me demande quand même
ce que j’ai entendu, et voilà qu’à présent j’ai froid.
Un cri perce soudain mes divagations : « Barnabé ! ».
Mais qu’y a-t-il encore... « Quoi ! » je réponds, agacé. C’est
alors qu’en me retournant je vois Dominique, emmitouflé
dans son épais habit brun, et tendant le bras pour m’in-
terpeller. Il poursuit, un ton plus bas : «  Viens m’aider
par ici. » Je m’avance jusqu’à lui, encore un peu nerveux
de mes allers-retours futiles. Il me regarde et me dit sur
 un ton circonspect, tout en montrant un tas de charognes
fraîchement abattues et non encore dépecées :
- C’est étrange, quelqu’un nous a apporté cette char-
rette. Mais tu as l’air nerveux, qu’y a-t-il ?
- Non, tout va bien. Rien de tout cela. J’ai l’impres-
sion que l’on me fait des farces. Tu n’as vu personne partir
lorsque tu es arrivé ?
- Je n’ai rien remarqué. Mais j’étais concentré sur
Chapitre VI - L’équarrissseur de la Guillotière
ce que l’on nous apporte. Regarde donc c’est étrange, ces
corps sont en parfait état, je ne sais pas quoi en faire.
Et en effet il y avait de quoi être déconcerté. D’ordi-
naire nous allons chercher les carcasses découpées pour en
détruire les pièces impropres à la consommation, et nous
les faisons disparaître. Cette fois-ci, quelqu’un nous avait
lui-même apporté des corps, et ceux-ci n’étaient pas du
tout découpés ! Tout restait encore, des organes aux poils.
Et autre chose étrange, les animaux entassés ici ne sont pas
ceux dont nous sommes chargés. Nous devons nous occuper
des animaux de plus de 100 livres comme les cochons et les
chevaux, mais ici il y a des chiens, des lapins, des chats, je
crois qu’il y a aussi des rats et des mulots. En tout cas, tout
ça ne me dit rien qui vaille.
- Qui a apporté cette charrette ? demandai-je
- Aucune idée. C’était là quand je suis arrivé.
- Pourtant je suis sûr que ça ne l’était pas quand je
suis arrivé tout à l’heure. Quelqu’un l’aurait apportée il y
a quelques minutes, et l’aurait laissée sans nous appeler.
- Tu l’aurais peut-être vue si tu n’étais pas allé voir
là-bas au fond ! dit-il en montrant du doigt le talus où je
fis ma décevante promenade.
Un détail nous frappe alors soudain. Entre les
fourrures sanguinolentes des pauvres bêtes, on distingue
quelque chose qui s’apparente bel et bien à une main. Il
y a manifestement un reste de corps humain parmi ces
pourritures.
- Et ce corps humain ! Qu’est-ce que c’est que ça !
m’écriais-je.
- Qu’en sais-je ! Je n’y touche pas ! Appelons la mi-
lice !
Et là, soudain, sans que je comprenne pourquoi, des
centaines de « Non ! » se mettent à résonner dans ma tête.
Ces bruits sonnent, cognent, se faisant plus nombreux,
en quelques secondes. Ce fut si brutal, si inattendu et si
violent, que sans réfléchir je crie «  Non !  ». Je ne saisis
pas bien tout ce que Dominique ressent, mais dans son
regard je vois une grande surprise, un peu d’inquiétude
sans doute. En tout cas, je dois dire quelque chose pour
détourner l’attention de ma réaction brutale.
- Emmenons tout ça là-haut, nous verrons bien. dis-
je précipitamment.
- Très bien. Mais ne crois-tu pas que nous devrions...
Non, très bien. Apportons tout ça là-haut.
La fin de la journée s’est déroulée plutôt tranquille-
ment. Nous avons jeté les corps d’animaux dans la fosse
où nous jetons les restes de chairs moisies, et avons caché
le corps humain sous deux restes de vaches. Il était encore
en très bon état, mais nous n’avons pas su reconnaître qui
que ce soit que nous connaissions. Je ne sais pas quoi faire
avec les corps humains, cela fait peur ! Et quel assassin
est capable de tuer et découper autant de bêtes pour y
74
camoufler un corps humain ? Nous avons préféré ne pas
y penser, et, animés par la crainte, avons caché toutes les
traces de ce corps. De toute façon dans quelques jours il
sera méconnaissable et dans quelques temps nous pourrons
nous débarrasser des os par l’acide, comme nous le faisons
avec les squelettes de vaches et de chevaux.
Je rentre chez moi, rue des Hérideaux. En passant
devant la rue des Alouettes, j’entends à nouveau que l’on
m’appelle : « Barnabé ! Tu rentres chez toi ? Tu ne veux
pas faire un petit tour avant ?  ». Mais qui est-ce cette
fois-ci qui m’appelle ? J’ai bien envie de répondre, je m’en
fiche de savoir de qui il s’agit. « Je n’irai pas faire un petit
tour ! Je rentre chez moi, rentre donc chez toi ! ». Que se
passe-t-il ici ? Jusqu’où va-t-on me harceler, à sans arrêt
m’appeler ?
J’arrive enfin dans ma petite rue des Hérideaux. « Ne
rentre pas tout de suite. Écoute-moi ». Tête et sang ! Cela
commence à bien faire ! Mais qu’est-ce qui se passe par
ici ? J’entends encore quelque malin personnage se jouer
de moi ! Je l’ignore et je rentre. Ou alors je lui dis de s’en
aller. Mais il m’agace à la fin ! Je vais le lui dire et rentrer.
- Tu crois m’intéresser ? Je dois rentrer me reposer.
Ma journée a été un peu troublante.
- Je m’appelle Louis. Écoute-moi. Et ne crie pas, je
ne suis pas très loin.
Je me retourne doucement, ne vois personne. Je fais
deux fois le tour de moi-même, toujours personne. Voilà
qu’il reprend son dialogue :
- Je n’aime pas que tu cries, sauf si c’est pour expri-
mer de la violence justifiée. Ici, dans cette rue, alors que
nous causons, il n’y a pas de quoi s’exciter. Tu te rappelles
du corps humain que tu as vu ce matin ? Tu devrais lui
découper les doigts en petits morceaux. Tu vas voir, on en
apprend beaucoup sur le corps humain lorsque l’on fait ce
genre d’expériences !
Seul dans la rue, je n’entends alors plus rien. Je re-
garde autour de moi, lentement, comme si je voulais voir
une chose que paradoxalement je craignais de voir. Mais il
n’y a rien d’autre que le silence dans cette petite rue. Un
silence lourd, un silence qui m’envahit soudain, un silence
comme jamais je n’en entendis, ou plutôt comme jamais
je n’en ressentis. Car les silences les plus profonds ne s’en-
tendent pas, bien sûr, car le silence ne s’entend pas, mais
il se vit. On s’en imprègne, il s’empare de nous, progresse
en nous, et une fois que notre esprit est sous son emprise il
se retient, lourd, nous emprisonne, comme si nous flottions
dans un épais brouillard, avant de nous relâcher, plusieurs
secondes plus tard, lorsque notre conscience décide que la
vie doit reprendre son cours. Plusieurs secondes pendant
lesquelles je ne sais pas si j’attends que la voix reprenne
ce qu’elle disait, si j’attends de voir la personne à l’origine
de tout cela, ou si je préfère être sûr que tout cela est bien
terminé. Ces secondes paraissent des heures, et je ne sais
toujours pas quoi faire ; je n’entends toujours rien. Peut-
être est-ce le moment de m’esquiver rapidement.
Me voilà chez moi. Je passe le seuil de la porte, pose
mon chapeau et retire les différentes couches d’habits qui
me protègent un peu du froid. Je suis encore abasourdi
de l’échange que je viens d’avoir. Cependant, j’en ai assez
que l’on se joue de moi, et je ne suis plus d’humeur. Anne
arrive vers moi.
- Barnabé ? Tu es là ?

Francisco de Zurbarán - Saint François d’Assise (1640)
Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon
- Oui ! Qu’y a-t-il ? Je réponds nerveusement à l’ap-
pel de mon prénom. Je l’ai entendu tellement de fois au-
jourd’hui, et si souvent par ce farceur morbide, que ma
patience est sensiblement réduite.
- Eh bien, je viens manger avec toi. Je m’assure que
c’est toi que je viens d’entendre rentrer.
- Bien sûr que c’est moi !
Je n’ai pas envie de manger, et préfère aller m’as-
seoir dans notre pièce à coucher. J’allume une bougie, et la
regarde diminuer. Lentement, la cire coule en formant de
petites billes pâles, qui finalement durcissent avant d’avoir
atteint le socle métallique. Ce petit manège se répète et je
reste à l’observer, comme hypnotisé. La bougie disparaît,
peu à peu.
- Barnabé ! s’écrie Anne, qui entre soudain dans la
chambre. Pourquoi utilises-tu une bougie ! Ce n’est pas la
peine de gâcher notre cire alors que nous en utilisons déjà
dans la cuisine pour voir ce que nous mangeons !
Elle s’approche de moi, et alors que les dernières
billes beige continuent de couler sur le socle de métal, et
commencent à tâcher la petite commode, je me lève d’un
bond et l’écarte violemment.
- Va-t-en ! Et arrête de m’apostropher sans arrêt !
Si tu as quelque chose à dire, dis-le, sans toujours crier
« Barnabé ! Barnabé ! »
Je sors d’un coup de chez moi en saisissant mes ha-
bits et mon chapeau. Je claque la porte, et me retrouve
dehors, là où j’étais il y a quelques minutes alors que je
voulais enfin rentrer pour me reposer. Mais il faut croire
qu’aucun endroit n’est propice au repos ici ! Je vais faire
un tour et je finirai bien par retrouver mon calme.
- Alors ? Comment était ta femme ? Surprise ? Bles-
sée ? reprend la voix.
- Mais qui est-ce à la fin ? J’en ai assez !
Je suis tellement énervé que je crie sans même réflé-
chir. Je crois qu’il y a un mendiant qui me regarde avec un
œil étrange. Qu’il aille au diable ! La voix reprend :
Chapitre VI - L’équarrissseur de la Guillotière
- Dans ces circonstances, cela ne me dérange pas que
tu cries ou que tu sois violent. En fait, je crois que cela te
libère. Tu sais, tu pourrais faire des choses intéressantes si
tu allais encore plus loin.
Je me mets à courir. Peut-être que celui qui me suit
partout n’arrivera pas à me suivre si je cours ! Il fait froid
mais l’effort me réchauffe. Je cours, j’ai mal aux jambes ! Je
courais souvent quand j’étais plus jeune, mais maintenant
je ne fais que déplacer des corps pourrissants, mes jambes
sont lourdes et je ne pourrais même pas semer un estropié !
Quelle misère ! Jésus, Marie ! Je cours, que diable !
Je n’en peux plus. Je dois m’arrêter pour souffler et
reprendre mes esprits. Au moins je n’entends plus la voix.
J’essaie de lever un peu la tête pour savoir jusqu’où m’a
amené cette course incroyable ; tiens donc, je suis à la Guil-
lotière. J’ai couru au hasard et je me suis machinalement
retrouvé sur mon lieu de travail. Je vais voir si le corps
humain de ce matin est encore là. Je m’approche des deux
corps de vaches sous lesquels nous avons caché notre hon-
teuse prise. Je devine une jambe, il est toujours là.
- Alors ? Tu ne veux pas prélever une main ? Ou un
pied, les orteils sont intéressants aussi.
La voix reprend ! Mais j’en ai marre à la fin, où se
cache-t-il ? Je tourne, je tourne, je cours vers le talus. Per-
sonne ! Mais c’est assez ! Je deviens fou ! J’ai pourtant bien
couru ! Et il fait nuit à présent, comment a-t-il pu me
suivre ! Je regarde autour de moi. Je ne vois personne. Je
ferme les yeux, pour oublier que je ne vois rien. J’essaie de
me concentrer sur les battements de mon cœur qui s’em-
portent, je ne me suis pas encore remis de ma course im-
provisée. Je ne sais plus quoi faire, et impossible de trouver
le calme, je suis bien trop agité. J’essaierai de me calmer
une autre fois ! Je ne comprends pas. Y a-t-il vraiment
quelqu’un ? Sont-ce des voix dans ma tête ? Qu’ai-je fait
pour mériter ce châtiment diabolique ?
Je sens qu’en moi l’incompréhension et la colère se
transforment peu à peu en détresse et en panique. Je suis
maudit ? Pourtant j’ai toujours été un bon chrétien. Je n’ai
jamais voulu le mal d’un autre. Je suis allé prier tous les di-
manches. Quand ma femme était malade, je suis même allé
prier deux fois et ai fait confession pour nous deux. Est-ce
que je dois mourir ? Est-ce que l’Enfer s’ouvre à moi ? Je
n’ai rien de plus à offrir à notre bonne Église que ma foi et
mes mains usées. Ayez pitié, Seigneur.
Je me suis effondré d’essoufflement, et je suis à pré-
sent agenouillé, les yeux fermés, n’entendant pour seule ré-
ponse que cette même voix, venant du plus profond de moi.
- Je suis Louis, je suis avec toi désormais. Nous al-
lons avoir à faire, alors prépare-toi. Tu devrais découper les
doigts dont je t’ai parlé, ça nous fera prendre connaissance
l’un de l’autre.
75
 Mes yeux sont toujours clos mais j’ai l’impression de
voir quelque chose. Comme une silhouette, debout devant
moi. Je me relève péniblement, avance un peu. Je trébuche
sur quelque chose au sol. La chute me fait rouvrir les yeux
et je m’aperçois que je suis au bout de la butte, et réalise
qu’en contrebas se situe la rue où quelques passants errent
encore malgré le soir.
- Crois-tu que tu arriveras à faire confiance, Barna-
bé ? dit la voix sur un ton serein.
Chapitre VI - L’équarrissseur de la Guillotière
à entrouvrir les yeux. Je devine le haut de la petite butte
d’équarrissage, cinq mètres plus haut. Je ne sens plus mon
corps. Je n’arrive plus à ouvrir les yeux. Sans avoir à ouvrir
la bouche, je parviens à dire quelque chose qui, me semble-
t-il, est entendu par Louis.
- Tu m’as tué ? Tu m’emmène en Enfer ? Vais-je
mourir pendant des siècles et des millénaires, pour l’éter-
nité ?
- Non, Barnabé. Je voulais te faire vivre. Et même
si la violence de ta chute avait quelque poésie, je ne me ré-

J’arrive à reprendre mon calme. C’est comme si j’ac- jouis pas de la brièveté de notre relation. Enfin, cela arrive.
ceptais mon état, telle une fatalité face à laquelle je suis
impuissant et qui me réserve un destin inéluctable. Je vais Son image se dissipe doucement. Je ne le vois plus à
essayer d’affronter ma fin comme je peux. Je ferme à nou- présent. Les mots suivants ne viennent pas. Je n’arrive pas
veau les yeux afin d’essayer de voir quelle est la silhouette à dire quoi que ce soit. Il fait froid. J’espère qu’Anne va
qui me parle. Et là, comme une apparition devant mes mieux et que Félix mariera sa fille cette année.
yeux clos, je le vois. Il est maigre, enveloppé dans un habit
bleu le recouvrant presque entièrement. Ses yeux satisfaits
laissent transparaître une joie maligne, et ses cheveux, d’un
blond pur, contribuent à compléter cet être machiavélique
dans son ambiguïté. Je ne vois que lui, et je n’arrive pas à
rouvrir les yeux. Je me sens loin, perdu. Peut-être que je
ne suis plus vivant. Ai-je subi un mal soudain me poussant
à une folie mortelle ?

Je me laisse choir en arrière, et ne sens pas le sol sous

mon dos. Je sens mon cœur se soulever, mon cerveau s’eni-
vrer d’un coup, puis la douleur est soudaine. Je parviens

Jean-Hippolyte Flandrin - La pitié (1842)

Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon

76
Chapitre VII
Les esprits
Nature de l’esprit
Origine
Les esprits existent dans notre monde. Ils sont là,
intangibles, intouchables, sans puissance sur le monde phy-
sique. Or, ce sont des esprits, de purs penseurs. Ils ont
des rêves, des envies, des désirs, des buts qu’ils veulent
atteindre. Ils ne subissent que peu les ravages du temps
et ont eu des années pour nous observer. Pour interagir
avec le monde, notre monde, les esprits rentrent dans le
corps d’un être vivant. Leur préférence va à l’être humain,
le plus retors, le plus compliqué, le plus émotif et en soi
l’être qui leur ressemble le plus. L’être humain est alors un
réceptacle.
L’être humain ainsi choisi sans raison apparente va
voir sa vie changer. L’esprit tente de communiquer avec
lui, il lui parle «  dans sa tête  ». La relation qui se noue
alors est absolument unique. L’esprit est tout d’abord celui
qui prend le plus de risques. En effet, un esprit est coincé
jusqu’à ce que le corps du possédé ne meure. Il est donc
préférable que son réceptacle soit agréable. Provoquer la
mort du possédé n’est pas non plus une bonne chose à court
terme. En effet, perdre brutalement son corps d’adoption
détruit une parcelle de l’être immatériel. Mais l’esprit est
alors libéré et peut voguer librement vers un autre corps.
Cependant, il n’est pas tout puissant, il ne peut rester sous
cet état intangible éternellement sous peine de perdre ses
souvenirs, ses connaissances et à terme ses pouvoirs. En se
stabilisant dans un réceptacle durant quelques mois puis
quelques années, l’esprit arrive à redevenir entier, à retrou-
ver toute ses capacités et ses connaissances.
Pour un esprit, changer continuellement de récep-
tacle, passant d’un mort à l’autre, est donc une expérience
traumatisante. L’être immatériel va devenir peu à peu am-
nésique, en oubliant les évènements passés dont il a été le
témoin, jusqu’à en oublier son nom. Les esprits pour la
grande majorité ont vécu tellement d’années dans telle-
ment de corps différents qu’ils ont oublié leur origine. Ain-
si, rares sont ceux qui se souviennent des évènements qui se
sont déroulés il y a plus d’un millier d’années.
Vivre éternellement, passer d’un corps à l’autre, dé-
couvrir une nouvelle façon de vivre, de penser et de mourir,
telle est la destinée des esprits. Ce cycle continuel n’est pas
sans effet sur le caractère de l’esprit. Influencé par tous
ceux dont il a partagé une partie de la vie, l’esprit change
peu à peu de caractère, de comportement. Il garde tou-
jours une trace de ses vies passées, perdant peu à peu son
identité en adoptant toutes celles de ceux qu’il a possédés.
Personnalité
Durant des années passées en tant que pensée imma-
térielle, l’esprit s’est imaginé une forme, une apparence.
C’est ce qu’on appelle la forme véritable. Il s’inspire des
créatures ou des personnes qu’il a admirées durant ses in-
nombrables vies, adoptant leur aspect. Quand un possédé
utilise les pouvoirs de son esprit, il arrive qu’une partie
de la forme véritable apparaisse sur le corps du possédé.
C’est ce qu’on appelle les traits physiques. Les formes véri-
tables sont extrêmement variées. Un esprit peut se donner
la forme d’un lion gigantesque ou d’un grand roi célèbre, à
moins qu’il ne préfère la gracieuse apparence d’une licorne.
Les traits physiques sur le possédé quand il utilise les pou-
voirs de l’esprit pourront alors être une pilosité accrue dans
le cas du lion ou un léger changement de taille pour le roi.
En plus d’avoir une forme, les esprits ont aussi un
nom ! Certains ne se souviennent même pas de leur vrai
nom, celui qu’ils avaient il y a longtemps, mais tous en
inventent un pour se présenter à leur réceptacle. Ils ai-
ment se rappeler leurs précédentes incarnations, celles qui
ont été couvertes de gloire. Les plus vantards aiment le
rappeler en empruntant les noms de leurs anciens récep-
tacles. Il est donc possible d’être possédé par saint Marc,
Charlemagne, ou César. Quelquefois, les esprits se donnent
aussi des noms d’inconnus, de personnes dont ils ont aimé
la simplicité. En tout cas, il s’agit toujours d’un surnom.
Comme il a été dit précédemment, les esprits ma-
lins ont leur propre caractère. Des années passées à ob-
server leur réceptacle ont provoqué l’apparition de com-
portements très humains chez eux. Seulement les esprits
extrapolent ces caractères à l’extrême. Quand un esprit est
reconnu pour être arrogant, il est terriblement arrogant !
Lorsqu’un autre préfère les cheveux longs, c’est qu’il fera
tout pour que son réceptacle porte les cheveux longs et
pour que cela devienne une mode. Ces comportements, très
variables d’un esprit à l’autre, influenceront, avec le temps,
 le comportement de leur réceptacle. Chaque esprit argu-
mentera pour faire valoir son point de vue.
De par son vécu, son comportement, son apparence,
chaque esprit est unique. Chacun va donc avoir une rela-
tion particulière avec son réceptacle. Les esprits n’ont pas
tous la même vision sur ces derniers. Si certains esprits
essaient d’agir comme des guides pour aider le possédé,
d’autres au contraire ne désirent que contrôler son corps
et détruire son âme, considérant le possédé uniquement
comme un réceptacle, un objet. Chaque esprit va donc
avoir une façon bien à lui de considérer son réceptacle et
l’humanité en général.
Les possédés dominés et les abo-
minations
Certains possédés sont vaincus par leur esprit, ils ont
perdu leur corps qui est maintenant contrôlé par un autre.
L’âme est complètement détruite sans espoir de retour.
L’esprit qui prend le contrôle d’un corps peut alors utiliser
tous ses pouvoirs dans le monde réel sans aucune limita-
tion. On appelle ces créatures des Abominations.
Les esprits sont coincés dans le corps qui devient le
Chapitre VII - Les Esprits
leur. Ils ne peuvent plus en sortir et ils mourront avec ce
corps. Même si leur grand pouvoir leur permet de résister
aux ravages du temps, les esprits deviennent ainsi mortels.
Leurs comportements sont souvent énigmatiques car
l’esprit n’est pas habitué au monde du XVIIème siècle et à
ses inventions, ses manières et son langage. Leur pouvoir
complet relâché en pleine nature est tout simplement ter-
rifiant. Les abominations sont donc très facilement repé-
rées par les exorcistes humains et les rumeurs faisant cas
de bêtes démoniaques vont très vite. Il est du devoir des
autres possédés de limiter l’influence de ces créatures pour
ne pas qu’elles en divulguent trop sur la nature et l’identité
des possédé.
Le lien entre le
possédé et l’esprit
Un échange de bons procédés
Le Possédé et son esprit arrivent à une sorte de pacte
informel. Chacun a quelque chose à gagner dans cette re-
lation. L’esprit a besoin du possédé pour interagir avec
le monde et sortir d’une torpeur immatérielle. Il va donc
demander à l’humain de faire des actions pour lui afin
d’atteindre son but, afin de mettre en place sa vision du
monde. Le possédé reçoit en échange une partie du pouvoir
surnaturel de l’esprit. Ce dernier connaît la motivation pre-
mière de son réceptacle ce qui explique pourquoi un esprit
sait toujours quel pouvoir proposer pour plaire à son hôte.
Les premiers contacts entre le possédé et l’esprit sont
très importants. Le possédé doit peu à peu accepter sa
nouvelle condition car son esprit le suivra jusqu’à la mort.
Cependant, dans un XVIIème siècle encore imprégné d’obs-
curantisme, accepter d’être possédé est une tâche difficile
78
qui prend du temps. L’esprit doit donc choisir ses mots
avec précision pour amener l’homme à l’accepter.
Une nécessaire discrétion
Le monde n’est pas prêt à accepter les esprits, les
possédés et le surnaturel. La première chose à faire c’est
donc d’être discret. Crier sur tous les toits qu’on a une pe-
tite voix qui nous dit quoi faire, qu’on dispose de pouvoirs
surnaturels est la meilleure façon de finir sur le bûcher.
Cette nécessité de discrétion fait que les possédés se ras-
semblent souvent dans des lieux isolés, dans des groupes
ou des sociétés secrètes. Il peut s’agir de groupes de phi-
losophes qui passent leurs soirées en salon à parler nature
humaine, comme de tavernes enfumées avec la musique qui
couvre les paroles ou encore des membres d’un monastère
qui s’isolent pour se rapprocher de Dieu. Le secret devient
le refuge du possédé et la superstition des gens est son
ennemi.
Mais pourquoi moi ?
Oui, pourquoi cet homme a-t-il été choisi plutôt
qu’un autre ? Pourquoi ai-je été choisi ? Cette question
fondamentale est la première que se posent les nouveaux
possédés. Un esprit qui est libéré d’un corps après sa mort
n’a que peu de choix. Il ne peut pas rester intangible, sans
attache bien longtemps sans se perdre lui-même. C’est
pourquoi certains esprits préfèrent alors se jeter sur le pre-
mier venu. D’autres choisissent un corps dans le besoin,
comme un homme victime d’un accident ou un grand ma-
lade qui ne va pas passer la nuit. En aidant le possédé à
survivre, l’esprit peut ainsi se présenter de façon bénéfique
et commencer sa nouvelle possession sur de bonnes bases.
Mais il existe aussi une autre méthode. Certains
possédés choisissent leur successeur. En effet, il existe un
rituel secret que seuls quelques esprits connaissent. Ils l’en-
seignent à leur réceptacle pour que ce dernier désigne son
successeur lors de sa mort. L’esprit se retrouvera alors dans
le corps de l’élu. Les successeurs vont pouvoir continuer
l’œuvre de leur maître par lequel ils ont été formés. Les
groupes d’esprits, les clans, aiment bien se retrouver tou-
jours ensemble et ne pas être séparés après la mort d’un de
leurs membres. Par conséquent, les clans utilisent très sou-
vent le rituel de succession, surtout si le réceptacle actuel
va au devant de grands dangers.
Le pouvoir est traître
Chemin faisant, le lien entre l’esprit et le possédé va
grandir. Ce lien permettra à l’esprit d’avoir plus de force
dans notre monde et au possédé d’avoir accès à plus de
pouvoir, plus de liberté, et peut-être plus de bonheur.
Mais le lien qui unit les deux êtres est traître, non
naturel : deux âmes pour le même corps. Il arrivera donc
des effets indésirables et non contrôlés dûs au manque de
contrôle du possédé. En effet, en tant qu’intermédiaire
entre le monde réel et son esprit, c’est au possédé que re-
vient la lourde tâche de canaliser les pouvoirs. La puissance
surnaturelle incontrôlable peut endommager ou détruire le
corps du possédé, provoquer des effets surnaturels aléa-
toires ou encore intervertir pour un temps les deux âmes,
l’âme de l’esprit prenant le contrôle du corps et le possédé
devenant spectateur de ses propres actions. Si ces pertes de
contrôle sont rares et très courtes sur les sujets ayant une
âme pleine de volonté, elle peut conduire les impétueux
et les fous vers la perte totale et définitive de leur propre
corps.
Chaque possédé devra donc toujours essayer de trou-
ver l’équilibre entre la puissance du lien et sa propre force
de volonté.
siques faibles et qui peuvent souvent être cachées, et heu-
reusement car pour les contemporains il s’agit sans doute
de sorcellerie.
La présence n’est pas un état permanent, ou même
que le possédé acquiert pour une longue durée. C’est plu-
tôt une canalisation de pouvoir instable que le PJ arrive à
contenir seulement quelques dizaines de minutes. Un pos-

Pouvoir et sédé peut rester en présence un nombre de minutes environ

égal à dix fois l’attribut Pouvoir du possédé.

Contrôle de soi
Sortir de présence est automatique et ne demande
aucun effort. Quand le possédé sort de présence, ses traits
physiques disparaissent en un clin d’œil.

Note : Il est possible de passer en présence sans faire

L’attribut Pouvoir
Pour représenter le lien entre l’esprit et le Possédé,
il existe un attribut, l’attribut Pouvoir. Plus ce dernier est
élevé, plus le possédé a accès à des pouvoirs intéressants,
mais plus l’esprit est difficile à contrôler. Cet attribut se
développe normalement avec des points d’XP. L’attribut
pouvoir d’un nouveau possédé est de 1 ou 2.
de jet de Contrôle de soi, mais on laisse sa marque. Voir le
paragraphe correspondant page 80.
Contrôle de soi
Le pouvoir accordé par l’esprit est surnaturel. C’est
un pouvoir qui ne vient pas de notre monde. Il se peut
donc que les pouvoirs manipulés par le possédé aient des
conséquences inattendues car mal contrôlées. Cela peut
arriver quand il utilise les pouvoirs de l’esprit ou quand

Chapitre VII - Les Esprits

il contredit ses plans ou encore quand ses actions sont en
La Présence opposition avec le caractère de l’esprit.

L’esprit accompagne le possédé partout. Il est en lui,
il est là, en permanence. Mais par défaut ses pouvoirs ne
sont pas actifs, il ne peut pas les projeter dans le monde
physique.
Quand les pouvoirs de l’esprit sont actifs, le possédé
rentre dans un état, l’état de « présence ». Activer l’état
de présence nécessite que le possédé réussisse un jet de
Contrôle de soi contre le seuil de contrôle qui dépend de
l’attribut Pouvoir (voir «Création d’un esprit», page 82).
Une fois ce jet réussi, les pouvoirs de l’esprit lui sont ac-
cessibles. La quantité et la puissance de ces pouvoirs dé-
pendent du lien qu’il entretient avec l’esprit. Plus le lien est
fort, plus les pouvoirs sont importants. Ainsi, plus l’attri-
but Pouvoir sera élevé et plus le possédé aura accès à des
pouvoirs puissants en présence. Par extension, on peut dire
que les vieux possédés qui maîtrisent bien leur esprit ont
eu le temps de bien fortifier le lien et ont donc accès à de
plus grands pouvoirs.
Quand l’esprit et ses pouvoirs sont actifs, ce dernier
a un passage sur le monde physique par l’intermédiaire du
possédé. Ceci modifie légèrement l’apparence physique du
possédé. Ces modifications sont les traits physiques liés à
la forme véritable de l’esprit. Il s’agit de modifications phy-
Quand le possédé veut accéder aux pouvoirs de
l’esprit et qu’il passe en présence, il doit faire un jet de
Contrôle de soi contre le seuil de contrôle de son esprit.
Il s’agit d’une compétence d’Intellect développée princi-
palement dans ce but. En cas de réussite, tout va bien, le
possédé garde le contrôle. En cas d’échec en revanche, des
effets néfastes vont apparaître. Le tableau «Contrôle de
soi» indique ce qu’il advient du possédé en cas d’échec en
fonction de la marge d’échec à son jet de contrôle.
Note : Dépenser un point de Panache pour un test
de Contrôle de soi permet de réussir automatiquement ce
test.
Le tableau ci-dessous détaille ce qui risque d’arriver
en cas d’échec du jet de Contrôle de soi.
Dommages : Le personnage est frappé de plein
fouet par la puissance de l’esprit qu’il a mal
contrôlée.
Mouvements erratiques : Les mouvements du
possédé ne sont pas précis, il marche dans la
direction opposée à celle qu’il désire, il attrape
un autre objet que celui qu’il visait, ...

Contrôle de soi
Test de contrôle Dommages Effets
Réussi 0 Tout va bien
Échoué de 1-2 1 Mouvements erratiques pendant 6 tours
Échoué de 3-4 2 Traits physiques étendus pendant 10 minutes
Échoué de 5-7 3 Perte de pouvoir pendant 5 minutes
Échoué de 8-10 4 Perte de contrôle pendant 20 minutes
Échoué de 11-13 5 Perte de pouvoir et contrôle pendant 1 jour
Échoué de 14 et plus 6 Pouvoir changé

79
 Perte de contrôle : Le possédé perd le contrôle
de son corps. Durant la période de perte de
contrôle, le possédé ne peut plus rien faire, il
ne contrôle plus son corps qui est aux mains de
l’esprit. Ce dernier va faire ce qu’il désire dans
le monde réel et le possédé ne pourra être que
spectateur. À la fin de la période de contrôle,
le possédé peut tenter de reprendre possession
de son corps. Il doit pour cela réussir un test
de contrôle. En cas d’échec à nouveau, la perte
de contrôle du corps est prolongée de la même
durée (Si la durée de la perte de contrôle était
de 10 minutes, elle est prolongée de 10 mi-
nutes). En cas d’échec lors d’un troisième test
de contrôle, l’esprit prend possession du corps
du réceptacle pour l’éternité. L’âme du possé-
dé est vaincue. Une abomination voit le jour.
Perte de pouvoir : Le possédé ne peut plus accé-
der à ses pouvoirs pendant la durée indiquée.
Aucun sort ni pouvoir surnaturel n’est utili-
sable.
Pouvoir changé : Un des pouvoirs de présence
du possédé est changé à tout jamais par un
pouvoir de même puissance.
Traits physiques étendus : Les modifications
Chapitre VII - Les Esprits
physiques, reflet de la Forme Véritable, per-
durent même quand les pouvoirs de l’esprit ne
sont plus accessibles.
Quand une perte de contrôle a lieu, l’esprit qui
contrôle le corps peut utiliser tous ses pouvoirs de présence
dans le monde réel sans limitation. Il n’a plus besoin de
faire de jet de contrôle pour contrôler ses pouvoirs. L’esprit
agit comme il l’entend. Il suit ses traits de caractère à la
lettre. Ils sont même poussés à l’extrême. Un esprit qui
prend le contrôle d’un corps est souvent surpris de ce qu’il
lui arrive et devient incontrôlable, agissant de façon très
étrange.
Les compétences de Pouvoir
De même que les attributs naturels des PJs ont une
liste de compétences associées, le Pouvoir est associé à 5
compétences, que l’on acquiert par des pouvoirs de pré-
sence ou des techniques. Ces compétences sont les quatre
domaines de pouvoir (voir «Domaine de pouvoir», page
87), ainsi que la compétence Dissipation, obtenue grâce
à la technique de possédé du même nom (cf. page 119).
Utiliser ces compétences se fait de la même manière que
des compétences classiques : Pouvoir x D6 + Compétence.
Mésentente
Pour refléter le fait que l’esprit et le possédé s’en-
tendent bien ou non, il existe la caractéristique de Mé-
sentente. À chaque fois que le personnage est amené à ac-
complir une action contraire au caractère ou aux croyances
de l’esprit, la mésentente grandit d’un point. À l’inverse,
toute action accomplie par le possédé qui va dans le sens
de l’esprit fait baisser la mésentente d’un point. Si une ac-
tion est fortement en opposition avec l’idéal de l’esprit, la
mésentente peut même bouger de deux points.
C’est toujours le MJ qui décide de quand la mé-
sentente change, mais on conseille de ne pas trop la faire
bouger souvent, ce paramètre est assez pesant pour le
joueur.
80
Par la suite, la mésentente s’ajoute directement au
seuil de contrôle pour tous les jets de contrôle du possédé.
Ainsi, si l’esprit et le possédé ne s’entendent pas bien, il
va devenir plus difficile pour ce dernier de maîtriser les
pouvoirs de l’esprit.
À l’inverse, il sera possible de faire redescendre la
mésentente en accomplissant des actions qui vont dans le
sens de l’esprit. La mésentente ne peut jamais devenir né-
gative et aider au contrôle des pouvoirs de possédé. La
mésentente d’un nouveau possédé est de 0.
Par exemple, un esprit hyperactif ne supportera pas
que son réceptacle se repose, un technophobe n’aimera pas
que le réceptacle utilise un canon... Ce genre de choses fera
monter la mésentente d’un point à chaque fois.
En revanche il est possible pour le PJ de vouloir se
réconcilier avec son esprit. Par exemple se mettre à avoir
une nouvelle activité pour le personnage à l’esprit hyperac-
tif, ou commencer à dire aux gens que l’épée vaut mieux
que le fusil pour celui qui a un esprit technophobe.
La Marque
La marque est ce petit quelque chose surnaturel qui
reste après qu’un possédé soit fut passé par là. C’est un
puits qui retrouve de l’eau, c’est une écriture sur un mur,
c’est une peinture qui change de couleur ou des chiens qui
hurlent à la lune. Ces changements légers peuvent passer
inaperçus ou rendre circonspects les habitants qui vont les
découvrir.
La marque est laissée par les possédés qui ne maî-
trisent pas bien leur pouvoir. On laisse sa marque dans les
cas suivants :
 Le PJ passe en présence sans faire de jet de
Contrôle de soi
 Le PJ rate son jet de Contrôle de soi
 Le PJ rate un sortilège et sort de présence
La marque est utilisée par certains possédés pour tra-
quer leurs confrères. Il faut donc faire attention à ne pas
laisser trop de traces de son passage.
La marque laissée par le possédé qui a mal maîtrisé
son pouvoir est choisie aléatoirement par le MJ. Plusieurs
marques sont proposées ci-dessous. Il est tout à fait pos-
sible d’inventer une marque : un évènement étrange et sur-
naturel qui inonde notre monde.
Il peut être intéressant pour un possédé de trouver
les marques qu’il a laissées afin de les faire disparaître
quand il en a l’occasion. Les marques listées ici ont déjà
été plusieurs fois observées.
 Animal qui change de pelage : un animal do-
mestique du voisinage changera de couleur de
pelage, un chien noir devenant blanc.
 Apparition fantomatique : un habitant du voi-
sinage croira voir sous forme de fantôme un
proche, disparu depuis longtemps.
 Bijou détérioré : un bijou ou objet de valeur
proche du possédé va voir son métal changer
ou ses pierres se rayer.

Henry Fuseli - Le cauchemar (1781)
Detroit Institute of Art, Detroit
 Blessures : une personne proche voit son bras,  
sa jambe ou son dos recouvert de marques de
coupures et éraflures.
 Calvitie nocturne  : un dormeur du voisinage se  
réveillera avec une conséquente chute de che-
veux inexplicable.
 
 Cauchemar : Le dormeur le plus proche fera un
cauchemar atroce correspondant à l’esprit.
 
 Changement d’un texte : un texte sur un mur,
comme le nom d’une échoppe, change légère-
ment, faisant apparaître une faute d’ortho-
 
graphe ou renommant hermine en rat.
 Changement de portrait : L’expression d’un
portrait, dans une église ou dans une maison
bourgeoise, change, passant de maussade à
 
joyeuse, ou inversement.
 Chiens qui hurlent : Les chiens du voisinage se
mettent à hurler à la lune, même s’il n’y a pas
de lune !
 
 Écriture sur un mur : un petit écriteau, comme
un tag ou un graffiti, apparaît sur un mur voi-
sin. L’écriteau donne le nom de l’esprit.
 
 Foudre nocturne : La foudre tombe non loin du
possédé, et ce même par temps clair.
 Linceul : Un visage apparaît sur un drap ou un
vêtement dans le voisinage.
Chapitre VII - Les Esprits
Lune voilée de rouge : La lune se voile d’une
couleur rouge sang, visible par toutes les per-
sonnes aux alentours.
Meuble altéré : Un meuble change de bois, ou
de couleur de vernis ou de peinture.
Miroir brisé : Un miroir se brise sans raison dans
le voisinage.
Naissance d’un animal à deux têtes : le pro-
chain animal qui naîtra dans la région aura
deux têtes, signe de grand malheur.
Objet mouvant : Un objet qu’un habitant
croyait avoir rangé dans un endroit précis se
retrouve ailleurs dans la maisonnée, à une
place improbable.
Peinture qui change de couleur : Une pein-
ture ou une tapisserie proche change radicale-
ment de couleur, passant de l’orange au vert
par exemple.
Puits miraculeux : Un puits que l’on croyait à
sec retrouve de l’eau pour quelques jours. Voi-
là une bonne nouvelle qui va faire du bruit.
Statue de sang : la statue la plus proche se
met à pleurer des larmes de sang. Les statues
de vierge et de Jésus sont très courantes à
l’époque.
81
  Vol de chauves-souris : un groupe de
chauves-souris survole la zone. Ces animaux
ont peut-être la rage ?
 Vol de corbeaux : Un groupe de corbeaux sur-
vole la zone, oiseaux de mauvaise augure atti-
rés par la magie de l’esprit.
Création d’un esprit
Voilà venu le moment de créer votre esprit. Com-
mencez par fixer son score de mésentente à 0, étant donné
qu’au début vous vous entendez bien avec votre esprit.
Les premiers jours
Les premiers jours passés en tant que possédé sont
capitaux. En fonction de votre comportement, votre lien
avec l’esprit a déjà évolué de façon unique. Vu que votre
personnage est déjà possédé, il faut choisir ce que vous avez
fait de vos premiers jours. Choisissez une des trois options
Chapitre VII - Les Esprits
ci-dessous.
 Vif intérêt : Le nouveau possédé s’est intéressé à
son esprit, cherchant à comprendre cette créa-
ture. Vous démarrez avec l’attribut Pouvoir à
2.
 Faire abstraction : Le possédé n’a pas cherché
à nouer contact avec l’esprit, s’enfermant sur
son travail ou sur la perfection de son savoir.
Une des compétences de métiers du possédé
passe de 3 à 5 et vous gagnez un point de
Panache en plus au début de la partie. Votre
attribut Pouvoir est à 1.
 Rester maître de soi : Le possédé a été effrayé
par cette créature. Il s’est surtout concen-
tré pour parvenir à contrôler son corps. Si le
personnage n’a pas développé la compétence
Contrôle de soi, il a alors cette compétence à
4. Votre attribut Pouvoir est à 1.
Gardez à l’esprit que plus grand est votre attribut
Pouvoir et plus l’esprit est difficile à contrôler, car le seuil
de contrôle est égal à 4xPouvoir + 1. Cela dit, les pou-
voirs auxquels vous avez accès sont aussi plus nombreux et
plus impressionnants, car en augmentant l’attribut Pouvoir
on développe ses pouvoirs de présence.
Les pouvoirs de présence s’achètent avec des points
de liaison. La quantité de points de liaison en début de
partie dépend de votre attribut Pouvoir. Si vous avez 1 en
Pouvoir, alors vous disposez de 20 points de liaison. Si vous
avez 2 en Pouvoir, vous disposez de 30 points de liaison.
Par la suite, il vous sera possible d’obtenir plus de points
de liaison en augmentant votre attribut Pouvoir. Chaque
augmentation de l’attribut vous donne 10 points de liaison
supplémentaires. Vous trouverez plus d’informations dans
la section «Choix des Pouvoirs de Présence», page 86.
82
Choix du nom
Le nom de l’esprit est capital. Il peut s’agir de
quelque chose de simple comme Lucius ou Hubert, ou le
nom d’un personnage célèbre comme Thésée ou Ramsès.
L’esprit peut revêtir n’importe quelle forme, mais il
s’en est donné une qui correspond à son nom. Il peut donc
être un monstre légendaire comme le loup du Gévaudan ou
un Vampire portant le nom de Dracula.
L’esprit peut aussi prendre le nom d’un grand
Homme, un saint, comme saint Patrick, ou Caius Julius
César ou encore le chevalier Bayard, sans peur et sans
reproche. Le possédé sera alors influencé par la vision
du monde de ces hommes qui ne correspond pas à notre
époque du XVIIème siècle. Mais ils auront aussi toute leur
sagesse, leur savoir et leur pouvoir.
Attention toutefois à ne pas confondre, ce ne sont
pas les esprits de César ou de saint Patrick mais bien des
esprits qui se prennent pour ces hommes ou qui les ont
possédés. Mais peut-être que le réceptacle ne saura jamais
faire cette différence ?
Choix du caractère
Les esprits sont versatiles, et il y a autant d’esprits
différents qu’il a pu y avoir d’humains depuis les origines
de cette race. Toutefois, les caractères rencontrés chez eux
peuvent être regroupés selon plusieurs lignes directrices. Le
caractère de l’esprit révèle comment ce dernier considère
les autres esprits, l’humanité en général et son réceptacle
en particulier.
Les caractères décrits ici sont les plus courants.
Âme bestiale
Dans leur grande simplicité, certains esprits ont été
des animaux. Ou du moins, ils sont persuadés qu’ils sont
des animaux, comme un cheval, un rat, un chien, un cor-
beau.
En effet, tous les esprits peuvent posséder un animal
mais les animalistes aiment cela par dessus tout. C’est une
expérience différente et bien plus reposante. Il leur arrive
de mépriser les humains mais la plupart les trouvent juste
trop complexes, trop agités, engendrant trop de réflexions.
Ce sont donc des esprits qui s’attachent à la simplicité des
choses. Après tout, aucun chat, ni chien possédé ne s’est
jamais fait occire pas ses congénère.
Ces esprits sont totalement dirigés par leur instinct
primaire (chasser les souris pour un esprit chat, ...) et s’at-
tendent à ce que leur réceptacle se comporte aussi comme
un animal.
Seuil de contrôle
Seuil = 1 + 4 x Pouvoir + Mésentente
 Animal mythique
Beaucoup de mythologies ont fait récit de créatures
aussi terribles qu’imaginaires. Le Minotaure dont nous
parle la mythologie grecque, ou encore Fenrir, le loup
de sang divin que nous raconte la mythologie nordique,
peuvent parfois posséder des personnes et leur prêter leurs
pouvoirs. Un esprit Animal Mythique se présente comme
une créature ayant existé, et dont la condition est au-
jourd’hui celle d’esprit. Ces esprits peuvent posséder des
animaux ou des êtres humains, mais gardent une préfé-
rence pour ces derniers.
En possédant un humain, ils considèrent alors lui
donner un honneur ultime en lui laissant être le bras droit
d’une divinité. Un esprit divin ne rejette pas son réceptacle
et ne le sous-estime pas, il lui donne une qualité de de-
mi-dieu capable d’influer véritablement sur l’Histoire.
Ces esprits sont quelquefois à l’origine d’histoires
fantasques sur des loups géants ou des chevaux fous qui
tueraient des enfants et des femmes.
Gardien de l’ordre
Ces esprits se présentent comme des gardiens d’une
certaine vision du monde. Et ils s’attendent à ce que leur
réceptacle fasse tout pour préserver cette vision. Leur
univers est fait d’une certaine façon, et ils sont souvent
persuadés que cette approche est la meilleure. Les esprits
gardiens considèrent un idéal de société et de morale dans
lequel les générations successives ont la même place et le
même rôle social. Ils sont ainsi réfractaires aux changement
de mode de vie et aux changements de classe sociale.
Certains gardiens aiment la société du XVIIème siècle
et supposent que seules les personnes de sang noble peuvent
l’être, que les paysans ont ce rôle au sein de la société et
que les choses n’ont pas à changer. Mais un autre gardien
peut considérer un autre type de société comme «normal»,
une société sans classes sociales ou alors en oligarchie, car
c’est ce qu’il a connu par le passé, et que les choses doivent
toujours être ainsi. En tout cas pour eux les choses doivent
avoir une place fixe correspondant à un rôle qui leur est
propre dans le monde.
Chaque gardien a sa vision du monde et tout ce qui
en dévie est à proscrire.
Leur place est parmi les hauts fonctionnaires, les
chefs militaires ou tout autre poste pouvant influer sur la
société.
Un esprit Gardien de l’ordre se présentera comme
l’incarnation d’un idéal, un guide pour son réceptacle.
Meneur
Certains esprits sont des Meneurs, ils sont persuadés
être des grands hommes de l’Histoire, des chefs comme
Charlemagne ou Périclès. L’immortalité leur a été donnée
afin d’accomplir leur grand but.
Les Meneurs sont des élitistes. Ils considèrent que les
plus grandes évolution de l’humanité se sont faites par les
esprits, que ce sont des possédés qui ont construit les plus
grandes sociétés, que ce sont eux qui ont amené et mis en
place des lois équitables, que ce sont eux qui ont fait les
plus grandes découvertes. Pour les élus, il revient donc aux
esprits et à leur réceptacle de gouverner l’humanité. C’est
l’ordre naturel des choses, car ce sont eux les plus forts, les
plus rusés et que leur nature immortelle les prédestine à
diriger l’humanité et les nations par l’intermédiaire de leur
réceptacle.
Leur but est de guider l’humanité à travers des
épreuves toujours plus grandes. Usant de sagesse et de
charisme, ils rassemblent autour d’eux des hommes et des
femmes partageant ce même but. Ces esprits attendent de
leur réceptacle qu’il prenne des responsabilités, des déci-
sions, qu’il se mette en avant.
Messager divin
Ces esprits se présentent comme des êtres divins, ou
des envoyés des Dieux. Ils n’ont pas pour autant de mé-
pris pour les humains, et ne les considèrent pas comme
des sous-êtres ridicules. Bien au contraire, ils apprécient
le travail et la société humaine. Après avoir vécu tant de
siècles auprès des humains, c’est en figures religieuses em-
blématiques qu’ils apparaissent. Il peut s’agir d’Hermès,
le dieu messager, de saints, d’archanges ou des formes de
messagers étrangers à la culture occidentale. Ces esprits in-
carnent des symboles sacrés guidant l’humanité. Il semble
toutefois que leur but soit de guider les Hommes sur le
droit chemin. Ils ont une part de divin en eux et se sentent
donc supérieurs aux mortels et à leur réceptacle. Ils veulent
cependant aider leur réceptacle en lui indiquant la bonne
voie. On peut les assimiler à des anges gardiens.
Muse du savoir
Le savoir et la sagesse sont l’apanage de ces esprits. Ils
Chapitre VII - Les Esprits
sont Athéna ou Mahomet, Thot ou Ganesha, et apportent
les clés de la compréhension à celui qu’ils possèdent. Ils
ont représenté ces valeurs pour des civilisations entières,
ou juste pour quelques personnes, ils furent connus de tous
ou seulement de quelques uns, et aujourd’hui ils continuent
de chercher à comprendre notre monde au travers des yeux
d’un réceptacle.
Ce type d’esprit est à la recherche de réponses. Son
sujet de prédilection peut être la société humaine, les mu-
tations des plantes, ou même les autres esprits. Mais ces
esprits restent des créatures divines, avec un point de vue
supérieur sur tout et tous.
Ces esprits connaissent bien leur condition, ils savent
qu’ils perdent la mémoire et qu’ils ont besoin de rester
longtemps au sein du même réceptacle pour recouvrer
toutes leurs capacités.
Questeur
Les questeurs se présentent à leur réceptacle comme
des créatures divines présentes sur Terre afin d’accomplir
un objectif très précis : ils doivent trouver leur moitié,
leur «âme sœur». En effet, ils pensent être sur Terre afin
de retrouver cette deuxième partie de leur âme qui leur a
été enlevée jadis. L’origine de cette séparation ancienne et
brutale n’est pas connue des Questeurs. Comme toujours
quand il s’agit de leur passé, les esprits sont en désaccord.
Certains revendiquent une séparation provoquée par une
divinité. D’autres ne voient dans la recherche de leur âme
sœur qu’un moyen d’atteindre l’immortalité.
Ces esprits ont connu maints et maints réceptacles
mais semblent toujours insatisfaits. Ils cherchent la perle
rare, cette âme sœur qui leur conviendra parfaitement, le
réceptacle qui peut leur permettre d’exprimer leur vrai po-
tentiel. Les questeurs ne cachent donc rien de leur nature,
de leur comportement. Ils cherchent le réceptacle qui les
acceptera comme ils sont.
Sage
Parmi les grands noms de l’Histoire, on trouve par-
fois des savants qui ont bouleversé leur temps. Confucius
83
 Comportements de esprits
Valeur Arme Valeur Arme Valeur Arme
1 Altruiste 19 Germophobe 37 Peur de la lumière
2 Arrogant 20 Goût vestimentaire 38 Peur du noir
3 Bête nocturne 21 Hydrophobe 39 Peur du sang
4 Bourreau des cœurs 22 Hyperactif 40 Présomptueux
5 Cannibale 23 Intantile 41 Pyromane
6 Chevaleresque 24 Joueur 42 Raciste envers une nation
7 Cheveux longs 25 Lâche 43 Raciste envers une religion
8 Courtois 26 Machiste 44 Technophobe
9 Cruel 27 Masochiste 45 Tendance artistique
10 Culte de la beauté 28 Mauvais perdant 46 Tête rasée
11 Cupide 29 Méprisant 47 Titre Honorifique
12 Curieux 30 Mutilations 48 Trophée
13 Débile profond 31 Nudité 49 Vaniteux
14 Dépendance à l’alcool 32 Obsédé sexuel 50 Vertige
15 Dépendance à une drogue 33 Offrande 51 Violent
16 Égoïste 34 Pacifiste 52 Vulgaire
17 Frileux 35 Paresseux 53 Xénophobe
Chapitre VII - Les Esprits

18 Généreux 36 Passion pour un animal

a transformé son peuple et sa société, Aristote était un  
savant total, s’intéressant à tout et transmettant à ses dis-
ciple autant que faire se peut. Ces esprits illuminés de leur
temps peuvent réapparaître à certaines personnes, parlant  
avec eux, discutant et cherchant à toujours penser plus
loin. Ces esprits sages cherchent souvent à comprendre  
leur nature, à savoir pourquoi ils sont des esprits, s’ils le
sont devenus, ou s’ils sont en fait d’autres créatures qui
se prennent pour des savants disparus ; à moins qu’ils ne
soient que des envoyés divins. Les Sages ont beaucoup de  
questions, mais finalement bien peu de réponses.
Ils aiment s’incarner dans des savants, des philo-
sophes et des hommes de lettres. Qu’ils soient hommes  
d’église ou disciples de Descartes, ces réceptacles sont tou-
jours plus enclins à accepter d’être possédés par un esprit
savant. Ils ont bien souvent le même mode de pensée.  
 
Choix du Comportement
Il est temps de déterminer le comportement de l’es-  
prit. Lors de la création de l’esprit, choisissez deux Com-
portements dans le tableau ci-dessus. Vous pouvez aussi
les tirer au hasard pour une création rapide. Il revient au  
MJ d’utiliser le caractère, le comportement de l’esprit pour
le jouer et faire du Role Play avec son joueur. Chacun des  
comportements doit ressortir dans les demandes et le dis-
cours de l’esprit.
Si le caractère de l’esprit est en complète opposition  
avec le métier et l’activité du personnage (par exemple un
soldat dont l’esprit a peur du sang), n’hésitez surtout pas à  
changer le comportement. Le plaisir du jeu reste la priorité.
Il est bien sûr tout à fait possible de créer des com-
portements qui ne sont pas évoqués ci-dessous, ce ne sont  
que des exemples.
 
 Altruiste : L’esprit souhaite que les autres
 
trouvent le bonheur.
 Arrogant : L’esprit est fier et méprisant.
Bête Nocturne : L’esprit aime la nuit et re-
chigne à sortir de jour.
Bourreau des cœurs : L’esprit aime conquérir
les cœurs et séduire à tour de bras.
Cannibale : L’esprit a une préférence pour la
chair humaine ou à défaut la viande rouge sai-
gnante.
Chevaleresque : Hérité d’une culture moye-
nâgeuse, l’esprit veut sauver la veuve et l’or-
phelin.
Cheveux longs : L’esprit aime les personnes aux
longs cheveux.
Courtois : La courtoisie de l’esprit est extrême,
jamais une insulte ne sort de sa bouche.
Culte de la beauté : L’esprit aime ce qui est
beau et veut le mettre en valeur.
Cupide : L’argent est roi, même un esprit imma-
tériel a compris cela.
Curieux : L’esprit veut tout connaître, tout sa-
voir, surtout les secrets.
Débile Profond : Cet esprit n’est pas très spiri-
tuel, c’est même tout l’inverse.
Cruel : L’esprit aime faire souffrir les gens, physi-
quement et mentalement.
Dépendance à l’alcool : Tel un pilier de bar,
l’esprit aime que son réceptacle s’enivre.
Dépendance à une drogue : L’esprit adore les
effets d’une drogue donnée sur ses réceptacles.
Égoïste : Ne rien partager, tout garder pour soi.
Frileux : L’esprit déteste avoir froid, il désire tou-
jours se rapprocher de la cheminée et ne sort
pas sans manteau.

84
  Généreux : L’esprit donne tout à tous.
 Germophobe : L’esprit a une peur maladive des
microbes, des maladies et de la saleté.
 
 Goût vestimentaire : L’esprit aime des vête-
ments bien précis, avec des rubans ou un cha-
peau en feutre, des vêtements bien coupés ou  
seyants.
 Hydrophobe : L’esprit a peur de l’eau et n’ira  
jamais sur un bateau ou encore pire, sous l’eau.
 Hyperactif : L’esprit ne peut pas se reposer un  
instant et son réceptacle non plus.
 Infantile : L’esprit se comporte comme un enfant  
râleur, joueur, pleurnicheur mais tellement mi-
gnon.
 
 Joueur : L’esprit aime le jeu, que ce soit pour de
l’argent ou pour rire.
 Lâche : Le combat, ce n’est pas pour lui.  
 Machiste : L’esprit méprise la gent féminine.
 
 Masochiste : Souffrir fait partie des plaisirs de
la vie pour cet esprit, dommage pour son ré-
ceptacle.  
 Peur de la lumière : La lumière est néfaste et
abîme la peau. Ce n’est peut-être pas vrai
mais l’esprit y croit.
Peur du noir : Pour une raison inconnue, l’esprit
a peur des endroits sombres et obscurs.
Peur du sang : L’esprit ne peut supporter la vue
du sang et préfère partir loin que d’y faire face.
Présomptueux : L’esprit surestime ses forces et
ses capacités.
Pyromane : Le feu, les flammes, tout cela captive
l’esprit qui n’attend qu’un grand feu de joie.
Raciste envers une nation : L’esprit déteste
une nation pour une raison inconnue.
Raciste envers une religion : En digne héritier
du siècle précédent, l’esprit veut continuer les
guerres de religion.
Technophobe : L’esprit a banni toutes les inven-
tions des deux derniers siècles.
Tendance artistique : L’esprit se prend pour un
artiste et aime les artistes comme lui.
Tête rasée : L’esprit veut que son réceptacle ait
la tête rasée et aimerait que ça devienne à la

Chapitre VII - Les Esprits

 Mauvais perdant : L’esprit déteste perdre, il
mode.
fera tout pour que ça n’arrive pas.
 Titre Honorifique : Il faut parler à cet esprit en
 Méprisant : L’esprit méprise à peu près tout et
lui donnant son titre de chevalier, d’empereur,
tout le monde.
d’émir...
 Mutilations : L’esprit aime mutiler ses adver-
 Trophée : L’esprit aime ramener de chacune de
saires et ses prisonniers, juste pour le plaisir.
ses victoires un objet comme trophée.
 Nudité : Vivre dans le plus simple appareil fait
 Vaniteux : L’esprit ne peut jamais se retenir de
partie de l’idéal de l’esprit.
vanter ses moments de gloire.
 Obsédé sexuel : L’esprit n’attend qu’une chose
 Vertige : L’esprit a le vertige et refusera d’aller
de la vie : du sexe !
sur toute position en hauteur.
 Offrande : L’esprit aime qu’on lui fasse des ca-
 Violent : L’esprit pousse son réceptacle et le
deaux, comme à une divinité.
monde à la violence.
 Pacifiste : L’esprit croit en la paix entre chaque
 Vulgaire : Il n’y a pas une phrase de l’esprit qui
être sur Terre.
ne comporte de gros mot.
 Paresseux : L’esprit n’est jamais pressé et re-
 Xénophobe : Tout ce qui est étranger est dange-
chigne au moindre effort.
reux et à proscrire.
 Passion pour un animal : L’esprit adore un
type d’animal, chat ou chien par exemple.

Traits physiques
Trait physique Trait physique Trait physique
Absence d’ombre Grandit de 10 cm Petites cornes de 1 cm
Allergie au métal Grossit de 10 kg Pieds/Mains palmé(e)s
Barbe et moustache rousses Langue fourchue Pilosité corporelle accrue
Bouche grande ouverte Maigrit de 10 kg Plus aucun reflet dans les miroirs
Changement de main dominante Main luisante Rapetisse de 10 cm
Cheveux frisés Mèche de cheveux différente Serpents inoffensifs dans les cheveux
Cicatrices sur le torse Nez crochu Voix suraiguë
Canines pointues Ongles longs Voix grave
Écailles sur une partie du corps Oreilles pointues Yeux de chat
Fourrure sur le dos des mains Peau change légèrement de couleur Yeux vairons

85
 Choix des Traits Physiques
Lorsque le personnage passe en présence, son phy-
sique s’altère légèrement, reflétant une partie de la forme
véritable de l’esprit. Cela doit être fait discrètement sous
peine d’être questionné par l’Église, ou même directement
châtié par les premiers venus ! Une fois la présence termi-
née, les traits physiques disparaissent totalement.

Il faut choisir un trait physique de présence dans la

liste énoncée juste avant, ou en inventer un. Cette liste
n’est encore qu’un groupe d’exemples, libre à vous de trou-
ver des traits physiques qui correspondent mieux à votre
esprit.

Le possédé subit une modification physique quand

l’attribut Pouvoir du possédé est à 1 puis une autre quand
elle est à 4 et enfin une autre à 7. Ces modifications phy-
siques sont de faible ampleur et peuvent souvent être ca-
chées facilement.
La modification physique peut être choisie par le PJ
s’il a une idée précise de l’esprit ou alors tirée au hasard.
On peut aussi accroître une modification existante (les
oreilles pointues deviennent plus grandes et plus allongées).

Les traits physiques visent à rajouter plus d’am-

Chapitre VII - Les Esprits

biance autour de la table et à faire intervenir plus de Role Richard Westall - Brutus et le fantôme de César (1802)
Play. Ils ne sont pas là pour augmenter les capacités des Collection privée, Londres
personnages.

La réminiscence points plus 10 fois la valeur de l’attribut Pouvoir (donc 20

Durant vos parties, votre personnage possédé va
vivre des évènements, certains trépidants, d’autre plus ba-
nals. Tout ceci va aider l’esprit à se souvenir de ses vies
passées. Quand le joueur considère qu’un évènement rap-
pelle quelque chose à son esprit, il peut utiliser son point
de Réminiscence.
points de liaison pour un attribut à 1, 30 points de liaison
pour un attribut à 2).
Il sera possible d’obtenir d’autres points en aug-
mentant son attribut Pouvoir, après quelques scénarios.
Chaque augmentation de l’attribut Pouvoir confère 10
points de liaison en plus.

À chaque partie, chaque possédé dispose d’un point
de réminiscence. Ce point revient au début de chaque
séance. Pour l’utiliser, on considère qu’un souvenir de l’es-
prit permet d’avancer directement dans la séance en cours,
l’esprit apportant des informations capitales sur comment
résoudre un problème rencontré par son réceptacle. Il re-
vient au joueur de justifier cela en inventant ce qui a pu
arriver à une des incarnations passées de son esprit.
Par exemple, les PJs doivent entrer dans la Bastille
pour y faire libérer un ami. Un des joueurs utilise son point
de réminiscence. Il dit que son esprit a possédé par le passé
un garde de la prison. Son esprit connaît donc bien les lieux
et les habitudes des gardes, il connaît les mots de passe et
les différentes entrées.
Tous ces pouvoirs sont actifs quand le possédé rentre
en présence. Il n’y a pas de jet supplémentaire à faire une
fois l’état de présence atteint, sauf pour ceux qui utilisent
les Domaines de pouvoirs (sortilèges).
Certains pouvoirs de présence peuvent être dévelop-
pés plusieurs fois afin d’obtenir des effets plus importants.
Il y a alors deux colonnes pour les coûts en points de liai-
son. La première correspond au coût nécessaire pour mon-
ter d’un rang seulement dans ce pouvoir ; on suppose alors
que le personnage a déjà développé le rang précédent. La
deuxième colonne correspond au coût cumulé, c’est-à-dire
au nombre de points de liaison à dépenser pour atteindre
directement le rang visé depuis le rang zéro.

La réminiscence permet ainsi au joueur de s’appro-

Annulation du poids
prier son esprit en lui inventant un passé, des connais-
Ce pouvoir permet au possédé de ne pas avoir de
sances et des savoirs.
masse. Ainsi, il pourra marcher sur les murs et se tenir
sur des surfaces verticales voire se retrouver complètement
Chaque PJ récupère son point de réminiscence au
à l’envers. C’est un pouvoir très utile pour les fuyards et
début de chaque séance, mais il ne peut jamais avoir plus
autres maîtres de l’escapade.
d’une seule réminiscence en réserve.
Coût : 8 Points de Liaison

Choix des Pouvoirs de Présence Anti-détection

Un possédé débutant qui vient juste d’obtenir son
esprit a un attribut Pouvoir à 1 ou 2. Il dispose également Ce pouvoir est à l’opposé du pouvoir Détection des
de points de liaison pour acheter ses pouvoirs de départ, 10 possédés. Un personnage doté de ce pouvoir ne sera pas

86
détectable comme possédé par quelqu’un qui a le pouvoir
Détection des possédés et ce même s’il rentre en présence.
Coût : 3 Points de Liaison
Arme invoquée
Le possédé choisit une arme qui deviendra son arme
invoquée. Dès lors, quand il est en présence, à chaque fois
qu’il le voudra, le possédé pourra faire apparaître cette
arme dans sa main.
Coût : 3 Points de Liaison
Deuxième visage
Ce pouvoir très pratique permet au possédé d’avoir
un deuxième visage. Il affiche le visage qu’il désire tant
qu’il reste en présence. C’est un pouvoir très utile quand
on veut commettre une action illicite ou quand on ne veut
pas être reconnu.
Le deuxième visage est toujours le même, il est choi-
si par le possédé quand il utilise pour la première fois ce
pouvoir.
Coût : 8 Points de Liaison

Aura diabolique
Le possédé a comme une aura diabolique. Il a un « je
ne sais quoi  » qui effraie les gens : le regard dérangeant
qu’il porte sur ses interlocuteurs, ses remarques acerbes
et ses piques verbales bien senties. Ce pouvoir augmente
la compétence Intimidation du possédé tant qu’il est en
présence de +3.
Coût : 5 Points de Liaison
Balle parfaite
Domaine de pouvoir
Ce pouvoir permet, en présence, de lancer des sorti-
lèges. On développe un pouvoir par domaine. Les domaines
connus sont Âme, Matière, Sens et Surnaturel. Dévelop-
per ce pouvoir donne la compétence idoine au rang 1. Par
exemple, un possédé qui développe le rang d’Aspirant (pre-
mier grade) dans le domaine de la matière devra dépenser
10 points de pouvoir. Il aura en plus la compétence de
pouvoir «Maître de la matière» au rang 1.
Ces compétences augmentent comme toutes les
autres. Toutes les compétences de sortilèges servent à lan-
cer des sorts. Les compétences en question sont : Maître de

Chapitre VII - Les Esprits

L’esprit accélère la vitesse des projectiles tirés par le
possédé les rendant ainsi plus mortels.
Les effets des attaques visées à distance se calcule
maintenant avec Adresse + Intellect + 1D6 (au lieu de
Adresse +1D6).
Coût : 12 Points de Liaison
Compétence augmentée
la matière, Maître des sens, Maître de l’âme et Maître du
surnaturel.
Pour avoir un rang élevé il est possible de prendre la
compétence plusieurs fois, en ne payant chaque fois que la
différence.
Le rang du pouvoir donne le rang des sorts que peut
lancer le possédé. Plus de précisions sont données dans le
chapitre suivant «Domaines de pouvoir & Sortilèges», page
93.

Choisissez une compétence qui sera augmentée. Il Domaine de pouvoir

n’est pas possible d’augmenter les compétences Contrôle
de soi et Escrime avec ce pouvoir. Rang Coût
Il est possible de prendre le bonus sur une même 1 - Aspirant 10
compétence en plusieurs fois pour augmenter le bonus, en
2 - Affilié 25
ne payant alors que la différence.
3 - Influent 45
Compétence augmentée 4 - Maître 70
Bonus Coût
+2 4
+1D 10 Esprit intouchable
+1D + 2 18
Ce pouvoir augmente le seuil de défense spirituelle
+2D 30 (Def Spirit). L’esprit du Possédé s’élève et n’est plus at-
teignable par les petites insultes et les arguments douteux
des conversations. De même, les sortilèges surnaturels ha-
bituels ne sont plus une menace pour lui.
Détection des possédés Il est possible de prendre ce bonus en plusieurs fois
pour augmenter le bonus, en ne payant alors que la diffé-
Ce pouvoir très intéressant permet de savoir si un rence.
possédé en présence se trouve à proximité. Si ce dernier est
à moins de 20 mètres alors le PJ sait qu’il y a un possédé Esprit intouchable
dans les parages. Il connaît également le nombre de possé-
dés en présence autour de lui. En revanche, il ne sait pas Def Spirit Coût
de qui il s’agit. +2 4
Coût : 5 Points de Liaison +4 10
+6 19
+8 31

87
 Il est possible de prendre ce bonus en plusieurs fois
pour augmenter le bonus, en ne payant alors que la diffé-
Esquive des projectiles rence.
Ce pouvoir augmente le seuil de défense à distance
Initiative améliorée
(Def Dist). Doué d’un sixième sens échappant à l’entende-
ment, le possédé est toujours hors d’atteinte des flèches et Initiative Coût
des balles qui s’abattent autour de lui.
+3 2
Il est possible de prendre ce bonus en plusieurs fois
pour augmenter le bonus, en ne payant alors que la diffé- +6 8
rence.
+9 18
Esquive des projectiles +14 33
Def Dist Coût
+2 4
+4 10 Lien empathique
+6 19 Ce pouvoir surprenant permet au possédé de créer
un lien avec un animal, souvent avec sa monture. Grâce à
+8 31
cela, il peut parler par télépathie à l’animal. Lui parler ne
veut pas dire qu’il va obéir. La distance de communication
est d’un kilomètre.
Esquive surnaturelle Coût : 4 Points de Liaison

Ce pouvoir augmente le seuil de défense au corps à

corps (Def CC). Le possédé se déplace toujours quelques
Mâchoire d’acier
Chapitre VII - Les Esprits

millisecondes avant que le coup ne porte, échappant ainsi

Le possédé peut placer dans sa bouche un objet quel-
à ses adversaires.
conque. Si cet objet tient en entier dans la bouche fermée,
Il est possible de prendre ce bonus en plusieurs fois
alors le possédé peut le faire disparaître à tout jamais.
pour augmenter le bonus, en ne payant alors que la diffé-
rence. Coût : 4 Points de Liaison

Esquive surnaturelle
Messager des esprits
Def CC Coût
+2 4 Les possédés sont tous liés d’une façon ou d’une
autre. Si le possédé connaît le nom d’un autre réceptacle, il
+4 10 peut lui envoyer un message par ce pouvoir. Le message lui
arrive instantanément même si la cible se trouve à l’autre
+6 19
bout du monde. En revanche, rien ne permet au destina-
+8 31 taire de répondre s’il ne possède pas lui aussi ce pouvoir.
Coût : 7 Points de Liaison

Force de l’autre monde Manteau d’ombre

La force des puissances surnaturelles est supérieure.
Ce pouvoir permet une augmentation de la force pure du
possédé qui voit ses dommages au corps à corps augmenter
d’un point et les dommages à mains nues augmenter de
deux points. En plus, la compétence Épreuve de force est
valorisée de trois points.
Coût : 8 Points de Liaison
Quand le possédé est en présence et qu’il est dans
une zone obscure, il peut utiliser les ombres pour se dis-
simuler encore plus efficacement. Il s’enveloppe alors d’un
véritable manteau d’ombre qui lui apporte un bonus de +3
à tous ses jets de Discrétion tant qu’il reste dans l’ombre.
Coût : 5 Points de Liaison

Ignifugé
Les pouvoirs de l’esprit permettent au possédé d’être
complètement immunisé au feu ainsi qu’aux brûlures. En
revanche le personnage craint toujours les explosions, qui
blessent aussi par des projections d’objets et un souffle
puissant.
Coût : 5 Points de Liaison
Monture spectrale
Le problème avec sa monture c’est qu’on ne l’a ja-
mais sous la main quand il le faut. Avec ce pouvoir, le
possédé peut invoquer une monture, un cheval spectral qui
s’apparente en tout point à un vrai, si ce n’est qu’il dispa-
raît si le possédé n’est plus en présence.
Coût : 5 Points de Liaison

Initiative améliorée
Augmenter l’initiative permet d’intervenir avant en
combat et donc de profiter de plus d’opportunités.
Morsure
Le pouvoir de l’esprit permet au possédé d’avoir une
mâchoire très développée. Le personnage peut maintenant

88
occasionner deux points de dégâts en mordant ses adver-
saires (sur un jet réussi de Pugilat).
Coût : 5 Points de Liaison
Parole de charognards
Ce petit pouvoir permet de parler aux charognards,
aux chiens errants, aux corbeaux, aux chacals, aux rats, ...
Ce peut être très utile pour récupérer des informations
diverses.
Coût : 4 Points de Liaison
Pied marin
Grâce à ce pouvoir, le possédé peut maintenant mar-
cher sur l’eau et traverser les plus grands lacs comme les
fleuves avec une facilité déconcertante.
Coût : 6 Points de Liaison
Plus besoin de se nourrir
Rentrer en présence une fois par jour suffit à nourrir
le possédé qui n’a alors plus besoin d’eau et de nourriture
pour passer la journée.
Coût : 3 Points de Liaison
Polyglotte
Parler toutes les langues du monde, même celles dont
on ignore l’existence est impossible. Mais pas avec le pou-
voir Polyglotte. Le possédé possède alors le rang 1 dans
toutes les langues du monde. Il connaît les mots de base
pour tenir un début de conversation.
Coût : 6 Points de Liaison
Portée maximale
Ce pouvoir permet d’augmenter la portée de toutes
les armes à distance comme les armes à feu. La portée
maximale est multipliée par trois.
Coût : 7 Points de Liaison
Recharge rapide
Les armes à feu de l’époque sont très efficaces mais
ont l’inconvénient d’être très longues à recharger. Grâce à
ce pouvoir le temps de recharge d’une arme est considéra-
blement diminué. Le seuil de recharge à atteindre lors de
l’action de longue durée est divisé par deux.
Coût : 8 Points de Liaison
Regard fuyant
Le possédé peut regarder où il veut discrètement. En
effet, on croit toujours qu’il regarde ailleurs. Le personnage
peut donc observer qui il veut sans jamais se faire prendre.
Coût : 2 Points de Liaison
Résistance surnaturelle
Le personnage devient particulièrement résistant aux
coups. Sa résistance globale augmente d’un point, ce qui
s’ajoute au bonus d’une éventuelle armure.
Coût : 12 Points de Liaison
Respiration aquatique
Respirer sous l’eau devient possible avec ce pouvoir.
Peu importe la profondeur, le possédé ne se noiera jamais.
Coût : 4 Points de Liaison
Saut de chat
Fini les dommages de chutes. Avec ce pouvoir, le
possédé n’encaissera jamais aucun dommage en tombant,
quelle que soit la hauteur.
Coût : 3 Points de Pouvoir
Sentir le surnaturel
Ce pouvoir permet de sentir le surnaturel. Le person-
Chapitre VII - Les Esprits
nage détecte sur un rayon de 20 mètres si un sortilège, un
rituel ou une marque ont été utilisés pendant les dernières
24 heures. Il permet également de sentir les invocations
surnaturelles, comme la monture spectrale ou l’arme invo-
quée, mais il ne peut pas détecter les possédés en présence.
Coût : 5 Points de Liaison
Serviteur muet
Le possédé est suivi par un serviteur, un golem à
l’apparence humaine parfaite qui le suit partout où il ira. Il
ne dira pas un mot mais portera les affaires de son maître.
Il disparaît dès que le possédé sort de son état de présence
et réapparaît quand son maître le désire une fois qu’il est
revenu en présence. Il ne peut rien faire d’autre que por-
ter des affaires. Ce n’est pas une créature intelligente. Elle
comprend seulement les injections «va ici», «porte cela»
et «donne-moi ceci». Il peut porter jusqu’à 100 kilos et ne
peut pas se battre.
Coût : 3 Points de Liaison
Sixième sens
Les projectiles, les balles, les flèches ou les carreaux
des arbalètes sont tous très difficiles à esquiver. Mais le
pouvoir de l’esprit permet au possédé d’atteindre une vi-
tesse fulgurante en déplaçant rapidement l’endroit du corps
visé. Ainsi, avec ce pouvoir, il est possible d’utiliser la com-
pétence Esquive pour esquiver des projectiles.
Coût : 12 Points de Liaison
Ventriloque
Le possédé acquiert la curieuse capacité de pouvoir
parler sans même bouger les lèvres.
Coût : 2 Points de Liaison
89
 Vie robuste Coût : 6 Points de Liaison

Ce pouvoir permet de rajouter un certain nombre de

cases de vie au personnage. Ces cases de vie sont comme
Vision thermographique
une réserve qui vient s’ajouter au début du capital exis-
Voir la chaleur c’est voir les êtres vivants. Ce pouvoir
tant, avant la première ligne.
permet en présence de voir la chaleur des objets et des
Par exemple si le personnage a 3 colonnes de vie, et
personnes.
3 cases de Vie robuste, les 3 premières blessures subies ne
compteront pas, et il faudra 7 blessures pour que le person- Coût : 6 Points de Liaison
nage soit Touché et 10 pour qu’il soit Blessé.
Quand le personnage sort de présence, les cases de
Vie robuste disparaissent, ainsi que les blessures corres- Visée mortelle
pondantes.
Il est possible de prendre ce bonus en plusieurs fois Ce pouvoir augmente la précision des attaques avec
pour augmenter le bonus, en ne payant alors que la diffé- les armes à feu.
rence. Toutes les attaques avec arme à feu qui atteignent
leur cible sont au moins comme une attaque visée torse;
Vie robuste et ce même si le personnage avait voulu faire une attaque
normale. On résout les effets de l’attaque visée de façon
Robustesse Coût habituelle sur la table d’attaque visée, le score est toujours
1 case 3 de Adresse + 1D6.
Coût : 13 Points de Liaison
3 cases 8
5 cases 16
7 cases 29 Esprits prétirés
Chapitre VII - Les Esprits

Les prochaines pages présentent quelques esprits

prêts à être utilisés lors de la création d’un possédé. N’hé-
Vision nocturne sitez pas à les modifier pour qu’ils collent davantage à vos
envies !
Les yeux des plus grands prédateurs voient dans la
nuit. Ce pouvoir permet d’avoir une vision nocturne et
donc d’être affranchi de tous les malus de vision dus à
l’obscurité.

Bernard de Clairvaux, « L’Abbé »

Comportements : Lâche, Vaniteux
Traits physiques : Barbe et moustache rousses
Les premiers jours : Vif intérêt
Pouvoir : 2
Seuil de contrôle : 9

Bernard est un savant, il connaît nombre de vérités sur le monde des esprits, il sait qu’il n’est pas l’incar-
nation d’un homme décédé jadis mais bien une entité à part, unique. Il veut savoir d’où viennent les esprits, il
veut les étudier. Mais pour cela il a besoin de temps. Son but véritable est donc d’atteindre la fusion, de trouver
l’être humain qui lui correspond et qui l’emmènera plus loin qu’il n’est jamais allé.

Il veut comprendre le monde, le décortiquer, décortiquer les comportements humains comme les inven-
tions ou les textes secrets. C’est donc un vrai savant. Et un perfectionniste de surcroît.

S’il est vaniteux c’est car ces réceptacles précédents l’étaient, Bernard a toujours fréquenté des gens haut
placés, des hommes d’Église de préférence.

Le nom choisi par l’esprit, « Bernard de Clairvaux », n’est pas innocent. En effet, dans son passé, cet
esprit s’est allié au purificateur, il a alors possédé Bernard de Clairvaux pour lancer une croisade contre les
albigeois, les cathares. Il en a surtout profité pour étudier les êtres humains capturés en les soumettant à la
torture. Mais depuis, il s’est éloigné des purificateurs qui lui font peur. Cependant l’esprit a beaucoup apprécié
Bernard qui reste son incarnation préférée.

90
 Le Conciliateur
Comportements : Aime les chapeaux et les masques, Altruiste
Traits physiques : Grandit de 10 cm
Les premiers jours : Vif intérêt
Pouvoir : 2
Seuil de contrôle : 9

Le conciliateur est un idéaliste qui s’est mis dans la tête de tout faire pour que le maximum de personnes
s’entendent le mieux possible afin que règne un climat de paix et d’harmonie. Et il a fort à faire car les guerres sont
nombreuses sur Terre. Il a donc passé son temps à posséder des diplomates afin d’influencer des négociations. Il a
aussi possédé des chefs de guerre pour forcer le destin et la paix.

Mais avant de devenir ainsi le conciliateur, il était un esprit dominateur, presque un démon, forçant ses récep-
tacles à voler et à détruire. Il a même dirigé un clan à cette époque (durant le XVème siècle) qui ne visait qu’à piller
l’Italie du Nord.

Mais l’esprit a changé quand il s’est incarné dans le jeune Gian Giacomo Caprotti da Oreno dit « il Salaino »
ou le petit diable. C’était l’assistant de Da Vinci. Il le restera pendant trente ans. Cela changera la vie du Concilia-
teur; d’esprit destructeur, il deviendra un esprit pacificateur, tout en gardant cette manie de vouloir collectionner
les chapeaux. Vinci l’a transformé. Vinci ou plutôt Le Créateur, l’esprit qui possédait Vinci. Depuis, le Conciliateur
voue une espèce d’adoration à son ancien maître et veut à tout prix le retrouver alors qu’il a disparu avec la mort

Chapitre VII - Les Esprits

de Vinci. Le petit diable veut tout faire pour retrouver les textes de son maître, espérant trouver un message caché
dans ses dernières paroles.

Mais c’est une tâche bien difficile car en plus de vouloir résoudre les conflits du monde, le Conciliateur est pour-
suivi par les anciens membres de son clan qui le considèrent maintenant comme un traître.

Le Renard
Comportements : Joueur, Trophée
Traits physiques : Canines pointues
Les premiers jours : Faire abstraction (une compétence de métiers passe de 3 à 5 et +1 point de Panache)
Pouvoir : 1
Seuil de contrôle : 5

Le Renard veut être l’incarnation de la ruse, de la filouterie. C’est aussi un vrai joueur qui s’amuse d’un rien.
Cet esprit n’a jamais vraiment eu de réceptacle connu, préférant rester dans l’ombre à manipuler les autres tout en
se réjouissant de ses actions. Mais Le Renard a eu un maître. Le dénommé Loki, un esprit très agressif qui menace
souvent ses réceptacles pour les sacrifier et en prendre le contrôle. Il n’est jamais bien loin de devenir une abomination
mais a pu l’éviter jusque là. Si Le Renard se prend pour l’incarnation vivante du concept de la ruse, Loki est l’incar-
nation de la traîtrise. Et les deux esprits sont entrés en concurrence plusieurs fois, voulant savoir qui allait triompher
de l’autre par ses plans rusés. Mais c’est Loki qui a gagné la dernière fois lors de la saint Barthélémy. Et maintenant,
Le Renard est en fuite. Il a perdu ses alliés et son successeur il y a cinquante ans, il doit se reconstruire un réseau
d’espions. Ce n’est pas facile, même pour l’incarnation de la ruse.

Le Renard veut conseiller son réceptacle pour le rendre plus rusé. En lien avec la religion, il croit être envoyé
par Dieu pour incarner la ruse parmi les Hommes.

Le Renard cherche la protection de la Dame de France, un esprit puissant qui protège Paris et sa porte vers
l’autre monde. Le Renard sait que Loki va s’attaquer à la France très bientôt. Le Renard veut piéger Loki à son propre
jeu, mais il a besoin d’alliés.

91
 Adolfo il Grande
Comportements : Raciste envers les Espagnols, Paresseux
Traits physiques : Voix suraiguë
Les premiers jours : Faire abstraction (une compétence de métiers passe de 3 à 5 et +1 point de Panache)
Pouvoir : 1
Seuil de contrôle : 5

Adolfo est un esprit personnifié, il pense vraiment être un humain qui est devenu un esprit. Il croit que
cette forme lui est venue comme récompense par Dieu après ses nombreux combats contre les envahisseurs de
l’Italie, notamment les Turcs, mais surtout les Espagnols. Adolfo croit donc être ce combattant italien des guerres
d’Italie, un des premiers au début du XVIème siècle à utiliser les armes à feu.

Ça c’est ce que croit Adolfo. Mais en réalité, cet esprit n’est pas originaire d’Italie, mais du Nouveau
Monde. C’était l’esprit possédant un shaman des îles Caraïbes, un sauvage. Ce shaman a été ramené de force
par les Espagnols en Europe. Ils ont étudié le pauvre amérindien comme un cobaye. Après une énième tentative
de fuite, des Espagnols lui ont coupé les cordes vocales. Depuis, l’esprit porte une haine profonde envers les
Espagnols. L’esprit croit que cette haine est celle du combattant italien mais elle vient plutôt de sa vie en tant
que shaman amérindien.

L’esprit a été tellement traumatisé par les tortures qu’il ne se souvient plus de son incarnation en tant que
Chapitre VII - Les Esprits

shaman. Mais il pourra s’en rappeler si les joueurs accomplissent des actes de mémoires.

Toujours poussé par sa haine des Espagnols et son amour des combats, Adolfo a choisi un réceptacle mer-
cenaire qui partait à la guerre aux côtés des français dans les Flandre. Un très bon moyen pour éponger sa soif
de vengeance.

Bertrand Du Guesclin
Comportements : Cruel, Passion pour le cheval
Traits physiques : Absence d’ombre
Les premiers jours : Faire abstraction (une compétence de métiers passe de 3 à 5 et +1 point de Panache)
Pouvoir : 1
Seuil de contrôle : 5

Il s’agit d’un esprit personnifié qui se prend pour Bertrand Du Guesclin, célèbre chevalier français qui a
combattu pendant la guerre de cent ans. Le célèbre chevalier français qui est parti de rien pour finir Connétable
de France et de Castille était donc un possédé. L’esprit croit que quand l’homme est mort, il est devenu un esprit,
Dieu le récompensant ainsi pour ses bonnes actions.

Bertrand est un homme de guerre, un vrai, qui ne connaît que le combat, le sang et la sueur. Il aime faire
des plans de batailles et ne s’imagine pas gagner sa vie autrement que sur un cheval. D’ailleurs, s’il est devenu
un esprit, c’est pour faire gagner des batailles à ses réceptacles et au trône de France qu’il sert toujours. Car oui,
Bertrand sert depuis de nombreuses années le trône de France et La dame de France. Il considère la dame comme
son suzerain et lui son vassal. C’est donc une relation très forte. Mais si le joueur, actuel réceptacle pense que
le clan de la fleur de lys n’est pas la meilleure option pour les victoires militaires de la France, alors Bertrand
pourra être convaincu.

C’est donc un esprit simple, un soldat, qui fait ce que lui disent ses supérieurs et qui entend être récom-
pensé en retour.

92
Chapitre VIII
Domaines de pouvoir
& Sortilèges
Connaître les peu de risques, et ils deviennent peu à peu très proches de
leur esprit.

Sortilèges
Les possédés accédant au rang d’Influent ont une
grande maîtrise de presque tous les sortilèges du domaine
de leur esprit. Les manipulations les plus simples sont sans
risque, et ces possédés sont respectés par les esprits atta-
chés aux sortilèges.

Très peu de possédés sont parvenus au niveau de

Pour avoir accès aux sortilèges, un possédé doit tout
Maître. Ils ont acquis une grande connaissance de leur do-
d’abord disposer du pouvoir de présence «Domaine de pou-
maine, et peuvent saisir la finesse du pouvoir qui en est
voir». Le possédé choisit dans quel domaine de sortilèges
l’origine.
il s’investit parmi les quatre existants. Les domaines ac-
cessibles sont le domaine de la matière, des sens, de l’âme,
et du surnaturel. En choisissant ce pouvoir de présence, le
possédé devient un sorcier apte à lancer des sortilèges. Le
Manipuler le pouvoir
sorcier gagne aussi une compétence, basée sur l’attribut Chaque sortilège est défini selon trois points.
Pouvoir, qui porte le nom du domaine de sortilège qu’il
a choisi. Les compétences correspondantes sont «Maître
de la matière», «Maître des sens», «Maître de l’âme» et Difficulté : Le seuil de difficulté à atteindre sur un
«Maître du surnaturel». jet de sortilège (Compétence + Pouvoir  D6).
Plusieurs difficultés, séparées par des «/», sont
mentionnées pour chaque sort, correspondant
Les niveaux de pouvoir à des effets différents.
Effet : Un résumé des effets du sort en question.
Les domaines de pouvoir se déclinent en 5 niveaux. Différents niveaux de puissance sont possibles
pour chaque sort. L’effet dépend de la difficul-
Les possédés qui n’ont pas de sortilèges sont appelés té choisie.
Ingénus et sont mal considérés par les esprits qui accordent
de l’importance à ce type de pouvoir. Ils sont cependant Défense : Comment la cible peut se défendre
très nombreux parmi les possédés, même largement majo- contre ce sortilège.
ritaires.
Lancer un sortilège se fait en trois étapes :
Les possédés ayant accès aux sortilèges de leur es-
prit sont les Aspirants. Leur maîtrise des sortilèges est Passer en présence (si ce n’était pas le cas)
naissante, ils ont peu de contrôle même pour utiliser un
sort très simple. C’est en devenant aspirant que le possédé Préparer le sortilège
gagne le premier rang de la compétence de Pouvoir du
Lancer le sortilège
même nom que son domaine.

Ceux qui commencent à maîtriser des sorts plus com- La préparation du sortilège consiste à choisir le sor-
pliqués sont appelés Affiliés. Leur connaissance du pouvoir tilège à lancer, ainsi que la difficulté. Cela définit un seuil
leur permet de manier les sortilèges les plus simples avec à atteindre.

Lancer le sortilège consiste à employer sa compétence
de sorcier («Maître de l’âme» par exemple), et de faire un
jet atteignant la difficulté choisie. Le jet est un jet classique
de compétence sur l’attribut Pouvoir.
Si le seuil n’est pas atteint, le possédé sort de pré-
sence et les traits physiques disparaissent. Le possédé peut
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges
repasser en présence, mais il doit réussir un jet de Contrôle
de soi, comme d’habitude. Ceci a une fâcheuse tendance
à irriter les esprits qui se demandent si leur réceptacle est
bien digne du pouvoir qui leur est donné.
Si le seuil est atteint, le sort est lancé. On s’assure
tout de même que le jet atteigne aussi la défense de la
cible, indiquée dans la description du sortilège. Si ce seuil
n’est pas atteint, le sortilège n’atteint pas sa cible, mais le
possédé ne sort pas de présence.
Pour que le sortilège parvienne à ses fins, il faut qu’il
soit contrôlé, mais aussi que le jet dépasse la défense éven-
tuelle associée au sort.
Exemple
Antoine de Niederschaeffolsheim est Affilié du domaine
des Sens. Il s’apprête à utiliser le sortilège «Tromper un
sens» sur le garde qui l’approche afin de dissimuler les papiers
qu’il vient de ranger dans sa manche. Il choisit de tromper le
sens du «toucher» pour que le garde ne sente pas les papiers
en question.
Antoine veut juste tromper le garde 10 secondes le
temps de la fouille. La difficulté du sort indiqué est de 8.
Antoine a un attribut Pouvoir de 3 et sa compétence en
«maître des sens» est de 2. Il jette donc 3D6+2 et obtient 12,
ce qui est bien suffisant. Il affirme au garde que sa manche ne
contient que son bras ! Le sort est lancé.
Le garde a le droit de se défendre contre le sortilège.
Bien qu’il ne sache pas qu’on vient de lui lancer un sort, ses
propres sens peuvent vaincre la magie d’Antoine. Le garde
peut vaincre le sortilège s’il parvient à réaliser un jet de Per-
ception contre le résultat du jet de sort, soit 12. Le garde a un
attribut perspicacité de 4 et une perception de 3. Il est donc
très attentif aux moindres détails. Les dés font 14, le sorti-
lège est vaincu. «Et que viens-je de vous voir camoufler dans
votre manche, s’il vous plaît ? (Il tâte la manche d’Antoine et
en sort les papiers) Et ceci ? Veuillez m’accompagner, le duc
sera fort mécontent d’apprendre vos méfaits !»
Il est automatique à la suite d’un lancer de sort raté
de sortir de présence. Rien n’empêche le possédé de tenter
de repasser en présence dès que possible, au tour suivant
par exemple. Cependant les traits physiques qui appa-
raissent et disparaissent sans cesse risquent de fortement
attirer l’attention des observateurs. De plus, rater un jet
de Contrôle de soi pour rentrer en présence peut provoquer
des dommages ou des pertes de contrôle momentanées du
corps du possédé. Il faut également souligner que passer en
94
présence est une action. Si le possédé est en plein combat,
il lui faudra donc du temps pour récupérer ses pouvoirs.
Les Maîtres
de la matière
Le domaine des matérialistes est le premier dans
tous les sens du terme. C’est le plus courant et le
plus ancien. Les premiers esprits sorciers se sont
intéressés à la matière, inaccessible souvenir d’un
temps passé, cherchant à la transformer et à la
modeler. Les disciples de cette école s’appellent
entre eux les membres de la Première, revendi-
quant un savoir rare et puissant, que l’on sous-es-
time tant qu’on n’en a pas appris les préceptes.
Mais les autres possédés et les autres esprits qui
n’en font pas partie préfèrent l’appeler la Vieille
École avec tout ce que cette dénomination com-
porte d’archaïque et de désuet. En se basant sur
la matière, il est possible d’altérer la forme et
la consistance de n’importe quel objet, de n’im-
porte quel bois ou métal. Rien ne peut entraver
le matérialiste car tout est matière. Les humains
confondent souvent les sorts de ce domaine avec
ce qu’ils appellent transmutation ou alchimie. Mais
ils n’ont pas compris et ne comprendront jamais
le vrai fondement de ce pouvoir : la matière n’est
pas un concept temporel, il revient à nous de la
faire évoluer ou régresser.
Michel R.,
écrivain de rue de passage dans les rues de Paris
Aspirant
Festin
Difficulté : 4/8/12
Effet : 1/3/8 personnes nourries
Défense : Aucune
Il s’agit d’une des bases du matérialisme. En utilisant
de l’eau et de la terre, le possédé peut alors faire apparaître
de la nourriture sous forme de blé, d’orge, de pommes ou
de figues en fonction de sa culture et de ses envies. Il faut
un litre d’eau et un kilo de terre par personne visée pour
le sort.

Andrea Locatelli - Scène de magie (1741)
Staatsgalerie, Stuttgart
Nourriture maudite
Difficulté : 6/10/14
Effet : Malus à toutes les actions de -3/-7/-11
Défense : Corps (12)
«Presque tous les hommes meurent de
leurs remèdes, non de leurs maladies»
Molière
Ce sortilège permet de rendre de la nourriture im-
propre à la consommation. Le repas visé rendra la personne
qui le mange malade. Une demi-heure après avoir mangé,
la victime aura de terribles douleurs d’estomac pendant
4 heures. La moindre action lui est difficile tellement son
estomac est au supplice. La victime subit un malus égal
à la puissance du sort à toutes ses actions jusqu’à com-
plète digestion. Il est possible d’éviter ces effets négatifs
en réussissant un jet de Corps contre un seuil de 12. Dans
ce cas la cible sent comme un léger malaise mais rien de
bien gênant.
Toucher acide
Difficulté : 6/10/14
Effet : Dommage au toucher de 3/7/11
Défense : Aucune
Juste avant de lancer ce sort, le possédé se pique
le doigt de la main avec une dague ou une lame. Le sang
qui s’écoule alors le long de la main se transforme en un
acide corrosif pour tout sauf pour la main du possédé. En
fonction de la puissance du sort, il lui sera alors possible
de faire fondre un bout de métal en le tenant à la main
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges
ou d’endommager des tissus ou de la chair juste en la tou-
chant. Ce sort est actif pendant 4 tours après avoir été
lancé. Il est possible d’utiliser ce sort pour faire fondre
une serrure en la touchant pendant toute la durée du sort
avec la puissance adéquate. Quand il est utilisé sur de la
chair, ce sort inflige chaque tour un nombre de points de
dommages égal à la puissance du sort.
Toucher acide
Dommages Effet
3 Attaque les tissus, le bois, le cuir
7 Attaque le fer, le cuivre
11 Attaque le plomb, l’acier, l’argent
Affilié
Poudre et sable
Difficulté : 8/12/16
Effet : Transforme la poudre à canon en sable sur
1/5/20 mètres de rayon
Défense : Aucune
Transformer la matière est quelque chose de compli-
qué mais pas d’insurmontable. En réorganisant la matière,
il est possible d’obtenir du sable à partir de poudre à ca-
non, et vice-versa. Ainsi, en plein combat, un mousquetaire
pourra se retrouver bien bête avec du sable dans son canon.
Le sort affecte toute la poudre ou tout le sable située dans
cette zone d’effet qui est centrée sur le possédé.
Ébullition du sang
Difficulté : 10/14/18
Effet : 3/7/11 points de dommages
Défense : Défense à distance
Le possédé peut avec ce sortilège faire rentrer en
ébullition le sang d’une cible, provoquant une hémorragie
interne dévastatrice de courte durée. Tout en lançant le
sort, le possédé enduit un objet de son sang en le serrant
dans sa main, puis le lance sur sa cible le tour suivant
ou dans le même tour. L’objet, en touchant la cible, lui
transmet le sortilège. Le sang commence alors à brûler,
provoquant le démarrage de l’ébullition du sang de la vic-
time, qui se sent alors brûler de l’intérieur. Les dommages
infligés sont égaux à la puissance du sort. Il est impératif
de lancer l’objet juste après avoir créé le sortilège sinon ce
dernier disparaît.
95
 Influent
Maîtrise du métal
Difficulté : 12/15/18
Effet : Transforme des métaux de rang 1/2/3
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges
Défense : Aucune
Transformer le métal est un des plus grands rêves
des alchimistes que le pouvoir des Matérialistes permet
d’accomplir. Avec ce sortilège, il est possible de changer la
forme d’un métal, de le remodeler mais pas d’en changer
la nature (impossible de changer le cuivre en argent ou le
plomb en or). La puissance du jet indique les métaux af-
fectés par le sort. La nouvelle forme est celle voulue par le
possédé. Ainsi, un possédé rusé peut déformer une sangle
de cheval pour en détruire l’attache métallique ou encore
ouvrir une bague d’une noble dame et la récupérer quand
elle tombera de sa main.
Maîtrise du métal
Rang Effet
1 Transforme l’aluminium, le cuivre
2 Transforme le fer, l’acier
3 Transforme le plomb, l’argent
Pierre - terre - sable
Difficulté : 14 ou 21
Effet : Transforme la matière de 1 ou 2 crans
Défense : Aucune
La maîtrise du possédé sur la matière est de plus en
plus totale. La pierre, le sable ou la terre sont composés des
mêmes roches, des mêmes minéraux, des mêmes atomes. Il
peut donc transformer l’un en l’autre, transformant une
lourde fortification de pierre en un château de sable pour
enfants. La zone du sort est de 1 mètre de rayon. Les ma-
tières sont classées de la plus friable à la plus dure : sable
- terre - pierre. Changer la matière d’un rang (de terre à
sable par exemple) correspond à la plus faible difficulté,
soit 14. Transformer la matière de deux rangs (de pierre à
sable, pour faire effondrer un mur de pierre) correspond à
la plus faute difficulté, soit 21.
Maître
Métamorphose
Difficulté : 16/20/24
Effet : Transforme le possédé pour 1 minute/
heure/jour
Défense : Aucune
Le possédé a atteint le plus haut rang dans la maî-
trise de la matière. Il peut maintenant transformer son
corps tout entier. Les formes qu’il peut adopter sont les
suivantes : chat, corbeau, loup, cheval ou rat, ou même un
objet de taille similaire à celle du possédé.
96
Dématérialisation
Difficulté : 18/22/26
Effet : Inflige 5 de dommages à 2/5/12 personnes
ou objets
Défense : Défense à distance
Tout être vivant, toute créature, toute matière, tout
ceci est composé d’atomes. Le possédé peut maintenant
s’attaquer au lien qui unit ces atomes, détruisant ainsi
les personnes visées. Les personnes et les objet concernés
encourent des dommages importants. La résistance d’une
éventuelle armure ne peut diminuer les dommages de ce
sort.
Les Maîtres des sens
On croirait que le corps est l’œil de l’esprit sur
le monde. Si l’on trompe le corps, l’esprit doit se
tromper. C’est comme répondre correctement à
la mauvaise question. Il doit suffire de créer une
petite illusion, et l’esprit tout entier se perd car
ses premières idées sont erronées.
La terre avec le ciel, le corps avec l’esprit
Cette céleste union, dans le temps infinie
Leur destin est croisé quelle que soit leur envie
Si l’un se fait saisir, le second s’asservit
Quand l’ensemble est de minces parties composé
Fort ou grand il n’est que plusieurs fois petit
Emprunter un maillon et l’édifice entier
Dans un souffle poussière à jamais s’évanouit.
Texte daté de mars 1457 attribué à Valentin Basile
Aspirant
Douleur
Difficulté : 6/8/10
Effet : Malus de -3 pour toutes les actions utili-
sant un membre donné pendant 1 minute/ 10
minutes/ 1 heure
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
En manipulant les sens, le Maître des Sens peut faire
apparaître une fausse douleur dans le corps de sa cible.
Lorsque le possédé contrôle ce sortilège et regarde la cible
en joignant ses deux mains, paumes à plat ou poings ser-
rés, celle-ci souffre immédiatement d’une atroce douleur
physique à un endroit précis. Pendant toute la durée d’effet
du sortilège, la douleur prend effet lorsque les deux mains
du possédé sont jointes, et cesse lorsqu’elles ne le sont plus.
La victime est considérablement gênée par cette douleur
subite et inexplicable. Elle subit un malus de -3 à toutes ses
actions qui nécessitent cette partie du corps.
Hypothermie
Difficulté : 6/8/10
Effet : -2 à toutes les actions hors combat pen-
dant 1 tour/ 1 minute/ 10 minutes
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
« Il fait froid ! », tels sont les mots que doit pronon-
cer le possédé quand il lance ce sort sur une cible. La cible
aura alors l’impression d’être dans un endroit inconfortable
et froid. Du moins c’est ce que lui disent ses sens. Elle
cherchera alors à se rapprocher d’une source de chaleur de
façon inconsciente. En terme de jeu, toutes les actions hors
combat s’effectuent avec un malus de -2.
Affilié
Brouillage de la parole
Difficulté : 10/12/14
Effet : parole brouillée pendant 1 minute/ 10 mi-
nutes/ 1 heure
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Les beaux parleurs se croient toujours supérieurs, ils
pensent pouvoir toujours triompher de l’esprit des autres
en les abusant. Mais ce ne sont pas eux les maîtres des
Sens, qui réjouissent les cœurs et font entendre les plus
belles paroles. Avec ce pouvoir, la malheureuse cible va de-
venir complètement incompréhensible pour les autres, ses
paroles n’étant qu’une suite de mots privés de signification.
Les sens de la cible sont abusés. La victime croira toujours
tenir des propos cohérents pendant toute la durée du sort,
alors qu’elle verra ses auditeurs se moquer ou faire un signe
de croix les yeux remplis d’inquiétude.
Suffocation
Difficulté : 10/12/16
Effet : pas d’action multiple et malus de -2 à
toutes les actions pendant 1 minute/10 mi-
nutes/2 heures
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Ce pouvoir de tromperie joue sur les sensations et
le besoin d’air de la victime. Cette dernière va croire que
« quelque chose » l’empêche de respirer. Elle va commen-
cer à se tenir la gorge tout en tâchant de respirer plus d’air.
Elle a littéralement l’impression de suffoquer. En réalité
il n’en est rien, le corps de la cible fonctionne tout à fait
normalement. Tout au long du sort, le possédé doit rester
concentré sur la cible et avoir un contact visuel. Si le pos-
sédé effectue une quelconque action en même temps, l’effet
de suffocation disparaît. Pendant qu’elle suffoque, la cible
ne peut accomplir d’actions multiples et toutes ses actions
subissent un malus de -2.
Tromper un sens
Difficulté : 8/12/16
Effet : Trompe un sens d’une personne pendant
10 secondes/10 minutes/1 heure
Défense : Défense Spirituelle ou Perception
«Savoir dissimuler est le savoir des rois.»
Richelieu
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges
Les cinq sens sont la base du contact de l’être humain
ou animal avec son environnement. Ce sortilège permet de
manipuler un sens. C’est le possédé qui va choisir ce que la
cible va sentir, goûter, entendre, voir ou ressentir pendant
toute la durée du sort. Un seul de ses sens est manipulable.
La cible peut tenter de résister à la manipulation si quelque
chose lui semble louche en tentant un jet de perception
contre le résultat du jet de Tromper un sens. Le MJ est
libre de donner un bonus à la victime si la manipulation
des sens est contre nature ou illogique comme un homme
qui disparaît subitement. Par exemple, il est possible d’uti-
liser ce pouvoir pour faire disparaître le goût d’un poison
dans un breuvage ou de faire croire à une personne qui
fouille une poche qu’elle vient de toucher un serpent.
Influent
Masque aux mille visages
Difficulté : 14/18/22
Effet : le possédé porte un autre visage pendant
10 minutes/ 10 heures/2 jours
Défense : Perception
«Le naturel des français est de n’aimer
point ce qu’ils voient.»
Henri IV
Se faire passer pour quelqu’un d’autre a toujours
été un des objectifs des maîtres de la manipulation. Avant
d’utiliser ce pouvoir, le possédé doit se passer la main sur
le visage comme s’il y déposait un masque. Le masque per-
met de modifier son visage afin de prendre les traits d’une
autre personne que le possédé a déjà vue. Tant que le sort
dure, il est très difficile de voir la supercherie, la voix du
possédé étant aussi changée pour s’adapter à la personne
dont il usurpe l’identité. Toutes les personnes qui ont un
doute sur l’identité du possédé pourront essayer de scruter
ses traits. S’il réussit un jet de Perception contre le résultat
du jet de sort, alors le masque tombe et la vraie identité du
possédé est révélée.
Infirme
Difficulté : 15/19/23
Effet : un membre bloqué pendant 10 minutes sur
1/3/8 personnes
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Ce sortilège est terrible, un privilège des maîtres des
Sens. Le possédé est devenu assez puissant pour couper
toute sensation dans un membre de la victime. Cette der-
nière se sentira comme infirme, le membre ne répondant
plus à ses sollicitations, restant inerte et mou. La terreur
97
 envahit complètement la victime qui panique, doutant de
ses propres capacités qui se trouvent du coup réellement
diminuées. Le possédé doit choisir un membre à enchanter
parmi le cou, la langue, un bras, une jambe. Il peut choisir
un membre différent sur chaque cible, mais les cibles n’ont
à chaque fois qu’un seul membre infirme. Il est possible de
reprendre le contrôle de son corps en réussissant un jet de
Contrôle de soi contre le résultat du jet du sort Infirme. Le
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges
membre concerné est totalement inutilisable pendant toute
la durée du sortilège.
Maître
Manipuler les foules
Difficulté : 18/22/26
Effet : Tromper un sens pendant 10 minutes sur
2/5/12 personnes
Défense : Défense Spirituelle ou Perception
Manipuler les sens est un art nécessitant finesse et
précision. Le possédé l’a parfaitement maîtrisé. Il lui est
maintenant possible d’étendre son pouvoir et de tromper
un des sens d’un groupe de personnes. Le sens en question
est complètement maîtrisé par le possédé qui va décider ce
que vont voir, entendre, sentir ou ressentir ses cibles. Ce
pouvoir terrifiant permet de cacher la vérité à un grand
groupe de personnes. Ces derniers, s’ils veulent résister,
devront réussir un jet de Perception contre un seuil égal au
résultat du jet de Tromper un sens.
Antichambre de la damnation
Difficulté : 19/23/27
Effet : Le possédé maîtrise tous les sens de la cible
pendant 1 minutes/10 minutes/2 heures
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Ce sortilège permet d’enchanter une pièce dans la-
quelle le possédé choisit tout ce que va ressentir la per-
sonne qui y entre. Ainsi le possédé peut manipuler tous les
sens d’une personne tant que celle-ci reste dans la pièce.
Les Maîtres de l’âme
L’âme, c’est elle qui décide tout. C’est là, au
niveau du crâne que se font toutes les décisions,
que se forment les idées, que se perdent les rêves
et se créent les cauchemars.
98
Aspirant
Crédulité
Difficulté : 6/10/12
Effet : Bonus de +4 aux jets de Séduction et
Conversation contre la cible pendant 1 mi-
nute/ 10 minutes/1 heure
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Les gens sont très souvent aptes à croire ce qu’ils
désirent. Ce pouvoir fonctionne sur ce constat. User de ce
pouvoir permet de faire croire à la cible qu’on lui tient les
propos qu’elle désire, afin qu’elle en devienne plus crédule,
prête à croire n’importe quel sujet. Pendant toute la durée
d’effet du sort, toute personne qui tente un jet de Conver-
sation ou de Séduction sur la cible a un bonus à son jet égal
à la puissance du sort.
Peur aux animaux
Difficulté : 4/8/12
Effet : Effraie 1/6/15 animaux pendant 10 mi-
nutes
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Plus l’esprit est faible et plus il est facile de l’effrayer.
Les animaux se basent sur leur instinct pour savoir ce qui
est bon pour eux. Ces stupides créatures sont donc les
plus faciles à berner et à terrifier. Tous les animaux pré-
sents dans la zone du sortilège fuient la zone sous l’emprise
d’une peur incompréhensible. Tous les animaux dont la dé-
fense spirituelle est inférieure au résultat du jet de sortilège
fuient. Chaque animal « sentira » près de lui un prédateur
redouté. Rats, chevaux, vaches, tous fuient comme si leur
vie en dépendait.
Passion
Difficulté : 4/8/12
Effet : Exacerbe les passions pendant 10 minutes
sur 1/3/8 personnes
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Les émotions, la colère, la fureur, l’ennui, l’amour,
l’intérêt, tout cela est la clef de l’être humain. Ce pouvoir
permet de révéler la passion qui se trouve en chaque être
humain, transformant une banale œillade en un terrible
moment érotique qui longtemps bercera les nuits du per-
sonnage. Les sentiments sont ainsi extrapolés à l’extrême,
l’ennui se transformant en un moment de dépression fatale.
Voici ci-après des exemples de sentiments extrapolés : sé-
duit devient lubrique, énervé devient «  à cran  », calme
devient froid, l’ennui devient dépression, l’inquiet est mor-
tifié, le jovial est hilare, le confiant se transforme en opti-
miste ou encore le dubitatif devient médusé. Pour résister,
il faut réussir un jet de Contrôle de soi qui dépasse le jet
de sortilège. À ce moment, tout redevient normal pour la
cible qui va se demander pendant longtemps ce qui lui est
passé par la tête. L’adrénaline délivrée dans une situation
à risque bloque les effets de ce sortilège.
 Affilié faire. Plus les actions sont terribles et innommables et plus
le bonus est élevé.

Cauchemar
Influent
Difficulté : 8/12/16
Effet : Malus de -5 à toutes les actions de la cible Oubli

Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges

pendant 10 secondes/minutes/heures
Difficulté : 15/19/23
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Rien n’est plus terrifiant que son pire cauchemar, ce- Effet : Efface de la mémoire un évènement de
lui qui revient, encore et encore, chaque nuit nous hanter. rang 1/2/3 des dernières 24 heures
Ce sortilège permet de faire croire à la malheureuse cible Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
qu’elle est en train de « vivre » son cauchemar. Bien ré-
Le maître de l’âme s’approche des sommets de son
veillée, elle aura l’impression que des araignées lui montent
art puisqu’il peut modifier la mémoire de ses cibles. Le
sur les mains et les bras, qu’elle perd ses dents ou qu’un
pouvoir «Oubli» est des plus utiles puisqu’il permet de
serpent vient de tomber dans ses cheveux. Il ne s’agit que
faire oublier un évènement récent à une cible. Il doit fixer
d’illusions sorties de la partie la plus noire de sa psyché. La
longuement sa cible dans les yeux en lançant ce sortilège.
victime, stressant du fait de ses visions, subira un malus
Le possédé doit avoir la certitude que la cible a bel et bien
de -6 à toutes ses actions. Si toutefois elle réussit un jet de
participé à l’évènement. La puissance du sort permet d’ef-
contrôle de soi contre le résultat du jet de Cauchemar, le
facer des moments plus ou moins marquants de la mémoire
malus ne sera que de -2.
de la victime.
Il est possible de lancer ce sort sur des personnes en-
dormies. Elles cauchemarderont alors toute la nuit, faisant
encore et toujours le même rêve. Durant la journée qui
Oubli
suivra, la personne subira un malus de -8 à tous ses jets. Puissance Effet
Il n’est pas possible de résister à un tel sortilège quand on
1 Acte banal ou inattendu
dort.
(ouvrir une porte, insulter un inconnu)
2 Acte dégradant ou violent
Lecture d’aura (insulter un ami, uriner en public)
3 Acte révoltant ou barbare
Difficulté : 8/12/16
(frapper un ami, se taillader le corps)
Effet : Lecture d’aura pendant 10 minutes sur
2/5/12 personnes
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Interdiction
Lire les pensées des autres est un vieux rêve de l’hu-
manité. Le maître de l’âme n’y parvient cependant pas
tout à fait. Il n’a accès qu’à l’aura de la personne. L’aura Difficulté : 15/19/23
lui révèle l’état d’esprit de la cible, si elle est énervée ou Effet : Interdiction d’accomplir un acte donné
impatiente, ou au contraire calme et sereine et ce même si pendant 10 minutes sur 1/3/8 personnes
elle essaie de cacher son visage derrière un masque.
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Le possédé, maître de l’âme, détermine une action
Mimétisme précise. Il décrit alors en une phrase l’action à sa cible en
finissant par le mot, «Interdit». Dès lors, la cible comme le
Difficulté : 10/14/18 possédé ne peuvent accomplir cette action. Pendant toute
la durée du sort, toutes les personnes sous l’effet du sor-
Effet : La personne ciblée copie les mouvements
tilège ne pourront accomplir cette action car leur propre
du possédé pendant 10 secondes/ minutes/
subconscient sait que c’est quelque chose d’interdit, sans
heures
qu’ils ne sachent pourquoi. Le possédé est lui aussi affecté
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi par cette interdiction, c’est en fait en se l’imposant à lui-
Avec le mimétisme, le possédé s’attaque au lien qui même qu’il oblige ses cibles à en faire autant. Si le possédé
unit le corps à l’âme. Pendant toute la durée du sort, le accomplit l’action interdite, le sort est automatiquement
possédé doit rester à fixer les yeux sa victime. La malheu- rompu. On ne peut résister à ce sort qu’en réussissant un
reuse cible ne comprend pas ce qui lui arrive et son corps jet de Contrôle de soi contre le jet du sort d’Interdiction.
bouge sans raison apparente. Alors la cible va reproduire
les mouvements du maître de l’âme ; il s’agit de mouve-
ments comme effectués sous la contrainte. Ils sont lents Maître
et imprécis, mais ils sont tout de même accomplis. Par
exemple, il est ainsi possible de forcer une personne à lais- Hypnose
ser tomber son arme ou à donner une claque à une dame.
En revanche, ce sort n’est pas assez puissant pour forcer la Difficulté : 18/22/26
cible à se blesser ou à s’attaquer à un être cher comme un
membre de sa famille. Effet : Dans l’heure, la cible accomplira l’acte de
Le MJ est libre de donner un bonus au jet de Contrôle puissance 1/2/3
de soi de la cible en fonction des actions qu’on le force à
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi

99
 Ce pouvoir nécessite que le possédé et sa victime se
voient les yeux dans les yeux, cela peut se faire dans la rue
quand les regards se croisent ou dans un milieu plus intime
comme une taverne ou un tripot. Alors le Manipulateur des
Âmes, en parlant de sa voix douce, parvient à hypnotiser
sa victime. Cette dernière va devoir accomplir une tâche
déterminée par le possédé. Cette tâche sera accomplie
presque automatiquement quand il se passera un élément
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges

déclencheur, lui aussi déterminé par le possédé.

Par exemple, l’élément déclencheur peut être la porte
de la taverne qui s’ouvre et l’action à accomplir frapper
la personne qui va rentrer à ce moment précis. Si après
l’heure écoulée, l’évènement déclencheur n’a pas eu lieu, le
pouvoir perd son effet. La puissance du sortilège permet de
forcer la cible à accomplir un acte contre nature, mais la
puissance requise à l’exécution du sortilège est plus grande.
La table du sortilège Oubli donne des idées d’actions. Les
seuils de difficulté sont à adapter pour chaque personne. Il
est important de noter que la cible sait qu’elle est hypno-
tisée et qu’elle sait l’action que veut lui faire accomplir le
possédé. Il faudra utiliser un autre pouvoir pour faire ef-
facer le souvenir de l’hypnose, ou une bonne dose d’alcool.
La table des effets est la même que pour le sortilège
Oubli ci-dessus.
Godfried Schalken - Contemplation à la bougie (env. 1690)

Les Maîtres Collection privée

du surnaturel
Il est un domaine interdit aux Hommes. Il n’a
pas de porte, pas de murs, pas de nom, il est
immatériel. Il se mêle à nous ainsi qu’un courant
d’air qui agiterait nos cheveux sans vraiment les
toucher.
Cet endroit n’existe pas au sens naturel du mot
«Lieu», «Domaine», «Endroit». Il apparaît, se
manifeste, respire, guette et se camoufle. Aucun
de nous ne peut y entrer, ainsi qu’aucun de nous
ne peut y échapper.
Sans véritablement le comprendre, certains ont
nommé ses manifestations. Diableries contre-na-
ture, illusions, possession, les appellations de
l’inconnu sont légion. Soyons raisonnables, ne ten-
tons pas de le saisir, appelons ça tout simplement
Surnaturel.
Aspirant
Flammèche
Difficulté : 4/8/12
Effet : Flammèche pendant 10 secondes/minutes/
heures
Défense : Aucune
La flammèche apparaît sans raison apparente sur un
endroit donné par le possédé. Ce peut être dans la main ou
sur un vêtement ou encore sur une pierre. La flammèche
reste là à brûler tout au long du sortilège. Elle n’inflige
aucun dommage et ne brûle aucun vêtement, aucune chair.
Elle se contente d’émettre une faible lumière, puis, telle
une flamme vacillante, elle s’éteindra, sans produire aucune
fumée.
Théâtre des ombres
Difficulté : 4/8/12
Effet : Ombres mouvantes sur un mur pendant 10
secondes/minutes/heures
Défense : Perception
La nuit, le possédé peut jouer avec les ombres qui
apparaissent sur un mur. Il lui est possible grâce à ce sort
de donner aux ombres sur un mur la forme qu’il désire, que
ce soit une patrouille de gardes en marche ou un rat géant
déformé par une lanterne. Ce sort ne s’utilise que la nuit
et son utilité dépendra surtout de l’imagination du joueur.
Porter à distance
Difficulté : 6/10/12
Effet : Porte un objet à distance pendant 1
tour/10 minutes/1 heure
Défense : Aucune
En soulevant lentement une main dans la direction
voulue, le possédé peut déplacer un objet en le faisant lévi-
ter. Le déplacement dure quelques secondes seulement et le
possédé ne peut pas déplacer un objet qu’il ne pourrait pas

100
porter avec la main qu’il utilise lors du sortilège. L’objet
ne peut pas parcourir plus de 10 mètres en un tour de jeu.
Affilié
Saut de l’ange
Difficulté : 8/12/16
Effet : Saut de 6/14/22 mètres de long ou 3/7/11
mètres de haut
Défense : Aucune
«C’est une chose étrange que la légèreté
des Français.»
Jules Mazarin
Ce pouvoir permet de réaliser ce qu’il convient d’ap-
peler des sauts gargantuesques. L’affilié du surnaturel dé-
voile des capacités hors du commun et semble planer dans
les airs, comme porté par des ailes invisibles. Le possé-
dé peut réaliser un saut en hauteur d’une hauteur d’un
nombre de mètres égal à la puissance du sort.
Lumière aveuglante
Difficulté : 8/12/16
Effet : Malus de -5 à toutes les actions nécessi-
tant la vue sur 2/5/12 personnes pendant 1
minutes
Défense : Perception
L’œil surpris peut être aveuglé par une lumière sou-
daine. C’est le but de ce sort. Un véritable flash de lumière
blanche éclate devant les yeux des victimes qui sont ainsi
presque aveuglées pendant un tour. Toutes les actions qui
nécessitent la vue, comme trouver son chemin ou frapper
un adversaire, se font avec un malus de -5. Un jet de Per-
ception réussi contre le résultat du jet de sort permet de
dissiper les effets et de rester insensible aux prochaines
lumières aveuglantes.
Influent
Rage
Difficulté : 15/19/23
Effet : Effet de rage pendant 10 minutes sur
1/3/8 personnes
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Les cibles du sort deviennent comme enragées.
Elles perdent toute notion d’honneur ou de civilité et se
rabaissent à agir comme des bêtes sauvages atteintes de la
rage. Pendant toute la durée du sort, les cibles vont donc
en priorité chercher de la nourriture, de la viande de préfé-
rence. Elles attaquent à mains nues, sans cohérence, juste
avec bestialité. Elles ne savent plus parler, ou du moins
n’en voient plus la nécessité, se contentant de grogner. Les
victimes de la rage bavent énormément, un flot d’écume
sort de leur bouche. Il est possible de résister aux effets de
ce sort en réussissant un jet de Contrôle de soi contre un
seuil de 12.
Mauvais œil
Difficulté : 14/18/22
Effet : Malédiction sur une personne avec une
puissance de 1/2/3
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges
Que ce soit un dieu, un démon, un ange ou un esprit
chamanique, chacun en ce monde croit à sa façon en une
divinité supérieure. Et cette divinité a maudit le person-
nage. Ainsi soumise au mauvais œil, la victime va voir ses
capacités diminuées. En fonction de la puissance du sort,
plusieurs effets sont possibles. On ne peut résister à ce sort
qu’en réussissant un jet de Contrôle de soi contre le jet de
sortilège. Il n’existe pas de moyen connu pour dissiper les
effets du Mauvais Œil.
Mauvais œil
Puissance Effet
1 Empêche les actions multiples et em-
pêche d’utiliser les dés ouverts
2 Baisse une défense à 3
3 Empêche d’utiliser une compétence
Maître
Psyché de Marie-Thérèse
Difficulté : 15/19/23
Effet : Crée un double du possédé pendant 1 mi-
nute/heure/jour
Défense : Aucune
«Le ciel ne m’a pas donné une apparence
digne de rivaliser avec Mesdames de
Maintenon ou La Vallière.»
Marie-Thérèse d’Autriche,
épouse de Louis XIV
Marie-Thérèse d’Autriche était connue pour avoir
toujours sur elle un miroir. Peut-être par coquetterie. À
moins que ceci ne cachât autre chose...
Le maître du surnaturel peut utiliser un miroir à des
fins nouvelles. En lançant ce sortilège il doit toucher la
surface d’un miroir. Il peut alors de la main guider son
reflet pour qu’il en sorte. Ainsi, le possédé peut littérale-
ment se dédoubler. L’apparence du double est la même que
celle du possédé. Cependant le reflet ne peut pas utiliser
de sortilèges ni aucun pouvoir de possédé. Le double a les
même attributs que l’original, aux même valeurs, mais il ne
dispose d’aucune compétence.
Le double obéit à tous les ordres de son maître qui le
dirige par télépathie.
Téléportation
Difficulté : 17/21/25
Effet : Permet de se téléporter à un endroit où
le possédé était il y a moins de 10 minutes/
heures/jours
101
 Défense : Aucune
Le possédé a atteint une grande maîtrise de l’art du
surnaturel. Il peut se déplacer instantanément à un endroit
qu’il a déjà visité dans le passé. Il s’agit d’un des sortilèges
les plus puissants de l’école du surnaturel, un de ceux qui
font perdre la raison aux scientifiques les plus cartésiens.
Chapitre VIII - Domaines de pouvoir et sortilèges

102
Chapitre IX
L’évolution
L’évolution des personnages est très simple et suit Les points d’XP servent aussi à racheter des points
le même principe que la création : on répartit des points. de Panache. Un point de Panache coûte un point d’XP.

Au cours des aventures que va vivre le personnage,

le MJ lui attribue des points d’expérience, notés XP. Ces

Coûts d’augmentation
points représentent tout ce que le personnage a appris au
cours de sa vie, en termes techniques.

Le nombre de points d’expérience gagnés à la fin de

chaque scénario dépend de la difficulté des épreuves ren-
contrées et de la sagacité des joueurs. Le tableau ci-dessous
donne une indication sur le nombre de points d’XP gagnés
donnés par le MJ. Dans XVII : au fil de l’âme, chaque PJ Compétence : 1 x niveau à atteindre
du scénario gagne le même nombre d’XP.
Attribut : 5 x niveau à atteindre
Expérience gagnée Point de Panache : 1
Difficulté du scénario XP par PJ
Facile 5
Moyen 7-8
Difficile 10

Compétences,
attributs et panache
Un des usages que l’on peut faire de son XP est de
le dépenser pour augmenter ses compétences et attributs.
On peut également apprendre de nouvelles compétences
que le personnage découvre sous l’égide d’un maître.
Augmenter ses compétences et attributs coûte au-
tant qu’à la création du personnage. Pour augmenter une
compétence que l’on possède, il faut dépenser un nombre
d’XP égal au rang désiré. Pour augmenter un attribut, ce
coût est multiplié par cinq. Pour apprendre une nouvelle
compétence, en plus de trouver un maître, le personnage
doit dépenser deux points supplémentaires (ce qui amène
le coût du niveau 1 à 3XP. Il n’est pas possible de prendre
une compétence niveau 0).
Exemple
Antoine a déjà vécu quelques aventures dans Paris
au XVIIème siècle en tant que possédé. Il a donc accumulé
de l’expérience sous forme de points d’XP. Sa compétence
Armes de mêlée est à 2. Pour l’augmenter à 3, il lui en
coûte 3 points d’XP. Pour la monter à 4, il doit se spécia-
liser. Il choisit de se spécialiser à la rapière. En dépensant
4 points d’XP, il peut faire passer sa compétence Armes
de mêlée, spécialisation rapière, à 4. La compétence reste
à 3 pour toutes les autres armes. 7 points ont donc été
dépensés pour passer de 2 à 4.
Plus tard, Antoine a accumulé assez d’expérience
pour augmenter un de ses attributs. Il veut faire passer son
attribut Adresse de 4 à 5. Il lui en coûte alors 25 points
d’XP.
 Avantages et inférieur. Une fois la technique fondamentale développée, le
personnage peut accéder aux techniques de rang supérieur,
et ainsi de suite.

Désavantages
Il est également possible d’utiliser des points d’XP
pour acheter de nouveaux avantages ou pour racheter des
désavantages suite à un évènement majeur. Cependant ce
genre de chose doit être très rare et doit suivre une cer-
taine logique dans le développement du personnage et dans
les scénarios. Bref, les avantages et les désavantages ne
devraient que très peu changer durant toute la vie d’un
personnage. Il revient au MJ de fixer la limite.

Exemple
Antoine avait pris l’avantage «Bon vivant», et depuis
le début de la campagne il ne manquait pas une occasion
de participer à une fête, de manger et boire jusqu’au bout
Chapitre IX - L’évolution

de la nuit. Cependant les dernières soirées auxquelles il a

participé se sont plutôt mal passées. Il a dormi seul dans
des ruelles isolées à plusieurs reprises. La dernière fois, il
a entraîné de force tout le monde avec lui à une fête lors
de laquelle deux de ses amis, alourdis par plusieurs kilos
de viande arrosés de vin, ont failli se faire tuer par des
brigands. Il y a lui-même laissé quelques sales blessures.
Ces mauvaises expériences, combinées à la sagesse du per-
sonnage, lui font reconsidérer son avis sur les fêtes trop
arrosées et les repas trop copieux. Il décide de racheter son
désavantage pour 4 XP, avec l’accord du MJ.

Écoles et Techniques
L’expérience gagnée tout au long des scénarios per-
met aussi d’apprendre des techniques auprès de maîtres
qualifiés. Les techniques sont des capacités spéciales qui
augmentent la puissance ou les possibilités de jeu des per-
sonnages. Celles-ci sont réparties dans des écoles. La plu-
part des techniques sont accessibles à tous et correspondent
à des styles de combat. Une des écoles est toutefois réservée
aux actions de possédé. Pour pouvoir acquérir une tech-
nique, il faut en payer le prix en XP, trouver un maître prêt
à vous l’apprendre et enfin justifier les pré-requis.

Chaque école comporte environ douze techniques.

Ces dernières sont réparties en trois rangs qui représentent
le degré d’avancement du personnage dans l’école concer-
née. Parmi les techniques d’une école, il en existe deux qui
sont fondamentales.

Pour pouvoir développer une technique fondamen-

tale, le personnage doit maîtriser deux techniques de rang

104
 Techniques de Combat
Les techniques de combat sont maîtrisées par les
mercenaires et les soldats. Il est alors très facile de trou-
ver un maître dans une salle d’armes de Paris ou par-
mi les anciens combattants des guerres européennes. Le
prix de l’enseignement varie de quelques Livres pour les
techniques les plus simples à plus de 50 Livres pour les
techniques de maître. Un esprit peut aussi connaître des
techniques de combat et servir de maître à la discrétion
du MJ.
Les techniques sont regroupées par écoles. Chaque
école a sa propre conception de l’affrontement. Cette phi-
losophie du combat transparaît dans les techniques que les
maîtres de chaque école enseignent à leurs élèves. Chaque
philosophie étant exclusive, il n’est pas possible de dé-
velopper des techniques de deux écoles de combat diffé-
rentes. Il n’y a que ceux qui ont parfaitement maîtrisé une
école, en apprenant toutes les techniques qu’elle contient,
qui ont la possibilité de commencer l’apprentissage d’une
nouvelle école.

Chapitre IX - L’évolution
Extrait de l’ouvrage
Académie de l’espée de Girard Thibault d’Anvers

105
 École de la Riposte
Techniques de l’école de la Riposte
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Aux armes ! Avoir 3 en Adresse 5
Parade de fer 3 en Armes de mêlée ou Armes paysannes 5
Parade sûre - 5
Fondamentale
Main gauche Avoir deux techniques de rang 1 10

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Riposte Avoir 5 dans une arme de mêlée 10
Parade circulaire Avoir la technique Parade de Fer, avoir 4 en Corps 7
Ambidextrie Avoir 4 en Adresse 7
Parade précise Avoir 4 en Escrime 7
Fondamentale
Seconde main Avoir deux techniques de rang 2 et deux spécialisations d’Armes de mêlée à 5 13
Chapitre IX - L’évolution

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Riposte éclair Avoir la technique Riposte et 7 dans une arme de mêlée 13
Volte Avoir 3 en Perspicacité 8
Passata di sotto Avoir 6 en Adresse 10
Dos à dos Avoir 3 en Perspicacité 8

Philosophie de combat Parade sûre

Cette école se concentre sur l’enchaînement très Sous condition d’avoir une arme de taille 3 minimum,
classique de la parade riposte. Elle est reconnue pour son même si la parade du défenseur est ratée, les dommages
efficacité extrême. Elle est appréciée des combattants car reçus sont tout de même diminués d’un point grâce à cette
ses enseignements permettent de survivre bien plus long- technique.
temps sur le champ de bataille grâce à une garde solide.
L’attaque, sous forme de riposte, est sûre et efficace, pro-
fitant de la déviation de l’arme adverse pour porter des « Des gardes »
coups sans danger. Les spadassins et maîtres d’armes de
cette école se battent souvent avec une main gauche.

Techniques de rang 1
Aux armes !
Permet de dégainer et ramasser son arme très vite.
Ces actions ne sont plus considérées comme des actions en
combat et n’enlèvent donc aucun dé.

Parade de fer
Une parade réussie diminue normalement les dom-
mages de deux points. Avec cette technique, les dommages
sont diminués de quatre points.
Ridolfo Capoferro - Gran Simulacro
dell’arte e dell’uso della scherma (1610)

106
 Fondamentale : Main gauche
Si le personnage a deux armes en mains, il reçoit un
bonus de +1D pour effectuer ses parades.
« L’épée et la dague main gauche »
Ridolfo Capoferro - Gran Simulacro
dell’arte e dell’uso della scherma (1610)
Techniques de rang 2
Ambidextre
Cette technique permet au personnage de devenir
ambidextre. En s’entraînant longuement au maniement
d’arme dans la main non directrice, il a développé cette
capacité et gagne les même bonus que l’Avantage du même
nom.
Riposte
Le combattant profite des moindres ouvertures of-
fertes par les mouvements de son adversaire. En réussissant
une parade, il reçoit un bonus de +1D sur sa prochaine at-
taque, qu’elle soit effectuée dans ce tour ou dans le suivant.
Parade circulaire
Avec cette technique, une parade réussie diminue les
dommages de cinq points. Ceci remplace la technique de
rang 1 Parade de fer
Parade Précise
En réussissant une parade, si l’attaque suivante du
personnage est visée au torse, elle se fait sans le malus de
-3 habituel.
Fondamentale : Seconde main
Si le personnage a deux armes en mains, il reçoit un
bonus de +2D pour effectuer ses parades.
Techniques de rang 3
Riposte éclair
En réussissant une parade, il reçoit un bonus de +2D
sur sa prochaine attaque, qu’elle soit effectuée dans ce tour
ou dans le suivant.
Passata di sotto
Si, sur une parade, le personnage a une marge de 6
points ou plus sur l’attaque de son adversaire, il peut alors
le prendre de vitesse en lui plaçant cette botte. Il a droit à
une attaque gratuite réalisée instantanément sans attendre
son tour de combat. L’attaque est réalisée avec le même
nombre de dés que la parade. Cette attaque gratuite ne
bénéficie pas des bonus liés à la technique Riposte.
Dos à dos
Quand le personnage combat aux côtés d’un de ses
amis, un des deux reçoit un bonus de +3 sur ses jets de
défense active (Esquive et Parade) ainsi que sur sa défense
passive au corps-à-corps. Si les deux combattants ont la
technique «Dos à dos», chacun reçoit un bonus de +3 sur
ses défenses.
Chapitre IX - L’évolution
Volte
Le personnage est tellement attentif et doué en pa-
rade qu’il peut se défendre quand il est à terre, quand il
reçoit une attaque de dos ou quand les assaillants sont
en position surélevée plus facilement. Ses adversaires ne
reçoivent plus aucun bonus du fait de leur position avan-
tageuse.
« Le duel à l’épée »
Jacques Callot - Les caprices (1617)
Bibliothèque Nationale de France
107
 École de la Garde d’acier
Techniques de l’école de la Garde d’acier
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Garde renforcée Avoir 2 en Armes de mêlée ou Armes d’hast 5
Ignorer la douleur Avoir 4 en Corps 5
Protection d’un ami Avoir 3 en Corps 5
L’armure est une secondde peau - 5
Fondamentale
Défense pure Avoir deux techniques de rang 1 7

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Enveloppement Avoir 4 en Épreuve de force 7
Dos à dos Avoir 3 en Perspicacité 7
Riposte Avoir 5 dans une arme de mêlée ou d’hast 10
Volte Avoir 3 en Perspicacité 8
Chapitre IX - L’évolution

Fondamentale
Garde excellente Avoir deux techniques de rang 2 et 5 dans une arme de mêlée ou d’hast 10

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Riposte éclair Avoir la technique Riposte et 7 dans une arme de mêlée ou d’hast 13
Prise de fer Avoir la technique Enveloppement et 7 dans une arme de mêlée ou d’hast 8
Grand escrimeur - 8

Philosophie de combat Ignorer la douleur

Cette école est la préférée des soldats de métier des
régiments d’Europe. Elle enseigne qu’il faut par-dessus
tout entretenir son armure et avoir une garde forte. La
défense est la base d’une bonne attaque. Les représentants
de cette école sont connus pour être très difficile à abattre,
ignorant la douleur tout en continuant à avancer.
Techniques de rang 1 armure. Cette technique peut être développée pour des
Protection d’un ami
Dans la mêlée, le plus important pour survivre est de
ne pas se retrouver seul. Grâce à cette technique, le soldat
peut se jeter devant un ami pour le protéger des coups.
S’il n’est pas trop loin de son ami, moins de 5 mètres, le
soldat peut dépenser un point de panache et s’interposer
entre l’adversaire et son ami. Tout se passe alors comme
si l’attaque était destinée au soldat. Cette technique peut
être utilisée même si ce n’est pas au tour du personnage de
jouer ou s’il a déjà joué pendant ce tour. aucune attaque ne passe sa défense, il reçoit de plus un
Garde renforcée
Se battre c’est aussi souffrir et encaisser des coups.
Un point de Panache permet d’ignorer complètement le
malus de blessure sur une action en plus du dé de pa-
nache.
L’armure est une seconde peau
Le combattant est devenu très habitué à porter son
armures différentes. Pour un type d’armure (cuirasse par
exemple), le malus à l’initiative est baissé de deux points
et le bonus de défense à distance est doublé.
Fondamentale : Défense pure
En sacrifiant pendant un tour son attaque, le com-
battant peut se consacrer totalement sur sa défense. S’il
n’attaque pas et n’exécute aucune action offensive, le per-
sonnage reçoit un bonus à sa défense passive au corps-à-
corps de +3, cumulable au bonus de Garde renforcée. Si
bonus de +2 à sa prochaine attaque, cumulable avec le
bonus de la technique Riposte.

Le combattant a appris à bien tenir sa garde devant

les coups adverses, il reçoit un bonus de +3 à sa défense au
corps-à-corps.

108
 Franz Hals - La compagnie Meagre (1633)
Rijksmuseum, Amsterdam

Techniques de rang 2 Techniques de rang 3

Riposte
Le combattant profite des moindres ouvertures of-
fertes par les mouvements de son adversaire. En réussissant
une défense au corps-à-corps, il reçoit un bonus de +1D sur
sa prochaine attaque, qu’elle soit effectuée dans ce tour ou
dans le suivant.
Enveloppement
En enveloppant la lame de son adversaire alors que
ce dernier tend le bras, le combattant arrive à placer cette
botte dévastatrice. Après que le personnage a été cible
d’une attaque au corps-à-corps ratée, il gagne un bonus de
+1 dégât sur sa prochaine attaque.
Dos à dos
Quand le personnage combat au côté d’un de ses ami,
un des deux reçoit un bonus de +3 sur ses jets de défense
active (esquive et parade) ainsi que sur sa défense passive
au corps-à-corps. Si les deux combattants ont la technique
«Dos à dos», chacun reçoit un bonus de +3 sur ses dé-
fenses.
Chapitre IX - L’évolution
Riposte éclair
En réussissant une défense au corps-à-corps, le PJ
reçoit un bonus de +2D sur sa prochaine attaque, qu’elle
soit effectuée dans ce tour ou dans le suivant.
Grand escrimeur
Lors des jets d’escrime pour déterminer les effets
d’une attaque visée, le joueur peut relancer les 5 et les 6
de son dé ouvert. Possible sur une attaque à l’épée seule
(sans arme dans la seconde main) ou avec une arme à deux
mains.
Prise de fer
Il s’agit d’une variante plus poussée de l’envelop-
pement, plus dévastatrice. Après que le personnage a été
cible d’une attaque au corps-à-corps ratée, il gagne un bo-
nus de +2 dégâts sur sa prochaine attaque.
« Parade de l’épée qu’on tient à deux mains »

Volte
Le personnage est tellement attentif et doué en pa-
rade qu’il peut se défendre quand il est à terre, quand il
reçoit une attaque de dos ou quand les assaillants sont en
position surélevée plus facilement. Ses adversaires ne re-
çoivent aucun bonus du fait de leur position avantageuse.

Fondamentale : Garde excellente

La garde du combattant est devenue incroyable. Il
est très difficile de le prendre en défaut. Quand il porte
une armure, sa défense physique reçoit un bonus de +6,
ce qui remplace le bonus de +3 de Garde renforcée. Cette
technique ne fonctionne pas sans armure.
Sieur de Liancourt - Le maistre d’armes, ou l’exercice
de l’épée seule, dans sa perfection (1686)
Bibliothèque Nationale de France

109
 École de la Vélocité
Techniques de l’école de la Vélocité
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Aux armes ! Avoir 3 en Adresse 5
Jeu de jambe Avoir 3 en Adresse 5
Coup de pommeau Avoir 2 en Armes de mêlée 5
Fondamentale
Initiative supérieure Avoir deux techniques de rang 1 et 3 en Esquive 10

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Anticipation Avoir 4 en Adresse 10
Croc-en-jambe Avoir 3 en Pugilat 8
Lecture des mouvements Avoir 3 en Perspicacité 7
Rapidité Avoir la technique Jeu de jambe et 4 en Adresse 8
Fondamentale
Initiative dantesque Avoir deux techniques de rang 2 et 5 en Esquive 13
Chapitre IX - L’évolution

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Anticipation améliorée Avoir la technique Anticipation et 6 en Adresse 13
Redoublement Avoir 7 dans une arme de mêlée 10
Touche au pied Avoir 4 en Escrime 10
Prise surprise Avoir 4 en Pugilat 8

Philosophie de combat Coup de pommeau

Vitesse, rapidité et précision. Voilà les maîtres
mots de cette école qui enseigne avant tout à rester mobile,
tout en observant son adversaire pour le prendre de vitesse.
Le bon escrimeur se doit de prévoir les mouvements de son
adversaire pour pouvoir le vaincre sans danger. Les com-
battants de cette école sont souvent pourvus d’une armure
légère, voire se battent sans armure, pour ne pas être gênés
dans leurs mouvements.
Si le personnage a l’initiative sur son adversaire, et
qu’il réalise une attaque dans laquelle il investit un point
de panache, alors, en plus de l’attaque résolue normale-
ment, le combattant donnera un coup de pommeau à son
adversaire dans la mêlée. Ce coup inflige deux points de
dommages, auxquels on soustrait l’armure du défenseur.
Du moment que le point de panache est dépensé, le coup
de pommeau est toujours réussi.

Fondamentale : Initiative supérieure

Techniques de rang 1
Si le personnage a l’initiative sur son adversaire, il
Aux armes ! reçoit un bonus de +1D à son jet d’esquive.

Permet de dégainer et ramasser son arme très vite.

Ces actions ne sont plus considérées comme des actions en
combat et n’enlèvent donc aucun dé.
Jeu de jambe
En s’entraînant durement sur les mouvements de
base de l’escrime, le combattant a développé un jeu de
jambe efficace qui lui donne un bonus de +2 en initia-
tive. Croc-en-jambe
Techniques de rang 2
Anticipation
La rapidité est la clef du combat. Si le personnage
a l’initiative sur l’adversaire, il a un bonus de +1D à une
attaque du tour.
Le croc-en-jambe est une arme de fourbe. En dé-
pensant un point de Panache, le combattant peut effectuer
un jet de Pugilat gratuit qui fera tomber la cible s’il bat la
DefCC de l’ennemi.

110
 « Parade de la pointe au-dedans des armes et le coup qu’il faut à cette parade »

Sieur de Liancourt - Le maistre d’armes, ou l’exercice

de l’épée seule, dans sa perfection (1686)
Bibliothèque Nationale de France

Lecture des mouvements
Le combattant perspicace peut profiter des mouve-
ments de l’adversaire avant même que ce dernier ne s’en
rende compte. Sur une marge de 5 points ou plus d’ini-
tiative sur l’adversaire, les dommages du personnage sont
Techniques de rang 3
Anticipation améliorée
Si le personnage a l’initiative sur l’adversaire, il a un
bonus de +2D sur une attaque du tour. Cette technique
remplace le bonus accordé par Anticipation.

Chapitre IX - L’évolution
augmentés d’un point.

Rapidité
En étant constamment sur le qui-vive, le personnage
est bien plus rapide. Il lance deux dés pour déterminer son
initiative au lieu d’un seul. Ceci remplace le bonus de la
technique Jeu de jambe.
Prise surprise
Après une esquive réussie avec une marge de 6 ou
plus, le personnage peut immédiatement tenter une étreinte
ou assommer son adversaire avec un bonus de +3 sur son
jet de Pugilat.

Fondamentale : Initiative dantesque
Si le personnage a l’initiative sur son adversaire, il re-
çoit un bonus de +2D à son jet d’Esquive. Cette technique
remplace le bonus accordé par Initiative Supérieure.
Redoublement
Le combattant ne s’arrête pas dans son mouvement
après une attaque ratée, il enchaîne et enchaîne encore,
ne laissant aucun répit à son adversaire. En dépensant un
point de panache, le personnage peut refaire une attaque
ratée, mais sans avoir le bonus lié à la dépense du point de
Panache.

Touche au pied
Si un point de Panache est dépensé lors d’une at-
taque visée à la jambe, alors le jet d’escrime fera au moins
8. Le bonus du Panache est conservé.

« Parade du fort au dehors des armes, le coup à ceux qui parent en élevant leur épée »

Sieur de Liancourt - Le maistre d’armes, ou l’exercice

de l’épée seule, dans sa perfection (1686)
Bibliothèque Nationale de France

111
 École des Assassins
Techniques de l’école des Assassins
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Terreur Avoir 2 en Autorité 5
Jeu de jambe Avoir 3 en Adresse 5
Discret comme l’ombre Avoir 3 en Adresse 5
Fondamentale
Meilleure position Avoir deux techniques de rang 1 et 5 dans une arme de mêlée 7

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Initiative supérieure Avoir 3 en Esquive 7
Croc-en-jambe Avoir 3 en Pugilat 8
Mort silencieuse - 7
L’amure est inutile Avoir 3 en Perspicacité 8
Ambidextrie Avoir 4 en Adresse 7
Fondamentale
Chapitre IX - L’évolution

Fuite dans les ombres Avoir deux techniques de rang 2 et 5 en Adresse 10

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Initiative dantesque Avoir 5 en Esquive 10
Relancer le destin Avoir 7 en Armes de mêlée 10
Tricherie Avoir 6 en Adresse et 4 en Perspicacité 10
Changement de main Avoir la technique Ambidextrie 8

Philosophie de combat vous attaquer jusqu’à la fin du combat. L’effet disparaît si

L’assassinat requiert discrétion et efficacité. Cette
école ne vise pas à faire de vous un grand combattant. Mais
elle vous apprendra à tuer votre cible, tout en restant dans
les ombres. Tuer son ennemi sans jamais que ce dernier ne
puisse se défendre, n’est-ce pas cela la meilleure voie ?
Techniques de rang 1
vous l’attaquez.
Fondamentale : Meilleure position
En exploitant avec toujours plus de justesse et d’in-
telligence sa position par rapport à sa cible, l’assassin as-
sure ses coups. Maintenant, le personnage reçoit un bonus
à l’attaque de +2D s’il attaque de dos, de +2D si le défen-
seur est à terre et de +1D s’il est en position surélevé.

Discret comme l’ombre Techniques de rang 2

Cette technique permet au personnage de se fondre
totalement dans les ombres avec plus de facilité. Sur ses jets
de Discrétion, le personnage reçoit un bonus de +3.
Jeu de jambe
En s’entraînant durement sur les mouvements de
base de l’escrime, le combattant a développé un jeu de
jambe efficace qui lui donne un bonus de +2 en initia-
tive. Croc-en-jambe
Terreur
En envoyant un regard noir tout en l’invectivant, le
combattant peut effrayer l’ennemi. Un jet réussi d’Inti-
midation en combat permet d’empêcher un adversaire de
L’armure est inutile
Toutes les cuirasses ont leurs défauts. L’assassin est
entraîné pour les voir. En réalisant une attaque avec un
point de Panache, le personnage peut ignorer complète-
ment la résistance de l’armure et donc infliger plus de dom-
mages.
Le croc-en-jambe est une arme de fourbe. En dé-
pensant un point de panache, il lui est possible de faire
tomber la cible à terre contre une attaque à mains nues
réalisée avec la compétence Pugilat.

112
 Mort silencieuse
L’assassin a développé une certaine habitude dans
l’art de tuer ses cibles en silence. Si le personnage arrive
à s’approcher d’une cible endormie en usant de la compé-
tence Discrétion, il est alors possible de tuer l’adversaire en
un coup. Il faut pour cela réussir un jet d’Armes de mê-
lée ou d’Armes paysannes contre un seuil de 12. Personne
n’entendra la cible mourir.
La mort silencieuse peut aussi être utilisée pour tuer
un homme par surprise. Le procédé est le même sauf que
l’assassin doit utiliser un point de panache sur son attaque
pour tuer en un coup et silencieusement.
Ambidextre
Cette technique permet au personnage de devenir
ambidextre. En s’entraînant longuement au maniement
d’arme dans la main non directrice, il a développé cette ca-
pacité et gagne les mêmes bonus que l’Avantage du même
nom.
Initiative supérieure
Si le personnage a l’initiative sur son adversaire, il
reçoit un bonus de +3 à son jet d’esquive.
Techniques de rang 3
Initiative dantesque
Si le personnage a l’initiative sur son adversaire, il
reçoit un bonus de +5 à son jet d’Esquive. Cette technique
remplace le bonus accordé par Initiative Supérieure.
Relancer le destin
Après avoir lancé les dés pour effectuer une attaque,
il est possible en dépensant un point de panache de relan-
cer tous ceux qui affichent un résultat inférieur à l’Adresse
du personnage. En revanche, on garde les nouveaux ré-
sultats même si les dés sont inférieurs à l’adresse ou si le
résultat est pire que précédemment. Il n’est pas obligatoire
de relancer tous les dés autorisés, le PJ choisit ceux qu’il
relance. Ainsi, un personnage avec 7 an Adresse n’est pas
obligé de tout relancer quand il utilise cette technique.
Changement de main
En dépensant un point de panache sur une attaque,
le personnage peut changer son arme de main très vite,
ce qui lui offre une ouverture sur le corps de sa cible. Une
attaque visée réussie sur n’importe quelle zone du corps lui
donne un bonus de +3 sur son jet d’Escrime sur la table

Chapitre IX - L’évolution
Fondamentale : Fuite dans les ombres des attaques visées.
Même s’il est en plein combat, le personnage peut
tenter de se cacher pour échapper aux coups. En utilisant Tricherie
un point de Panache sur un jet de Discrétion, l’assassin
Le combattant est très intelligent. Il connaît sa cible
peut s’extraire immédiatement du combat si le jet dépasse
et peut par conséquent décider au dernier moment ce qu’il
la défense spirituelle de son ennemi. Un jet de Perception
va faire. Quand il effectue une attaque après avoir dépensé
réussi contre le résultat du jet de Discrétion permet ce-
un point de Panache, le joueur lance d’abord les dés. Il
pendant de localiser l’assassin, si jamais l’adversaire se de-
n’annonce ses malus éventuels d’attaque visée ou de puis-
mande vraiment où est passé l’assassin.
sance augmentée qu’après, ce qui lui permet de maximiser
les effets et d’assurer sa touche.

Joseph Wright of Derby - Roméo & Juliette, la scène du tombeau (1790)

Derby museum and art gallery, Derby

113
 École de la Verve et du bon goût
Techniques de l’école de la Verve et du bon goût
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Terreur Avoir 2 en Autorité 5
Encouragement Avoir 3 en Autorité 5
«Touché» Avoir 2 en Conversation 5
Fondamentale
Langue pointue Avoir deux techniques de rang 1 et 4 en Bagout 7

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Distraction Avoir 4 en Manipulation ou Séduction 10
Fausse ouverture Avoir 4 en Esquive 10
Quolibet Avoir 4 en Intimidation ou Manipulation 8
Chef de guerre Avoir la technique Encouragement et 5 en Commandement 8
Fondamentale
Beau parleur Avoir deux techniques de rang 2 et 5 en Bagout 10
Chapitre IX - L’évolution

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Distraction améliorée Avoir la technique Distraction et 6 en Manipulation ou Séduction 13
Vraie fausse ouverture Avoir la technique Fausse ouverture et 6 en Esquive 13
Langue de vipère Avoir la technique Quolibet et 6 en Intimidation ou Manipulation 10

Philosophie de combat «Touché»

Aussi appelée «École des moulins à paroles» par
ses adversaires, cette école se distingue par l’usage qu’elle
fait de la langue dans les combats. En effet, les combat-
tants sont encouragés vivement à harceler leur adversaire
tout au long du combat avec des bons mots pleins d’esprit
ou des insultes graveleuses. Le tout dans un seul but : éner-
ver l’adversaire, le déconcentrer et lui faire commettre une
erreur... fatale.
Techniques de rang 1
Terreur
En envoyant un regard noir tout en l’invectivant,
le combattant peut effrayer l’ennemi. Un jet réussi d’in-
timidation en combat permet d’empêcher un adversaire de
vous attaquer. L’effet disparaît jusqu’à la fin du combat si
vous l’attaquez.
Encouragement
En réussissant un jet de Leadership (ou par défaut
d’Autorité), le personnage arrive à motiver un de ses com-
pagnons de combat. Ce dernier reçoit un bonus de +2 sur
ses actions d’attaque et de défense active (esquive ou pa-
rade) dans le tour. Le seuil de difficulté est la défense spi-
rituelle de la cible. un bonus de +1D, comme n’importe quelle cible prise par
Le personnage lance une insulte très bien sentie sur
un de ses adversaires. ce dernier verra rouge et foncera sur
le personnage s’il le peut, ignorant les autres adversaires.
Le seuil de difficulté du jet de Manipulation (ou par défaut
Conversation) est la défense spirituelle de la cible.
Fondamentale : Langue pointue
Grâce à cette technique, le personnage devient tel-
lement habitué à parler tout en se battant qu’il n’a plus
besoin de se concentrer vraiment. Pendant un combat, le
personnage a droit à une action «sociale» gratuite. C’est-
à-dire un jet de Terreur, de «Touché», d’Encouragement,
de Fausse ouverture, de Distraction ou de Quolibet qui ne
compte pas comme une action. Le nombre de dés lancés
pour cette action gratuite est toujours égal au score de
Bagout.
Techniques de rang 2
Distraction
Un jet de Manipulation ou de Séduction réussi en
combat permet de distraire la cible pour un tour. Elle est
alors prise au dépourvu et il est plus facile de lui placer des
coups. La prochaine attaque qui vise la cible se fait avec
surprise.

114
 Fausse ouverture
Le combattant expérimenté sait manipuler son ad-
versaire pour l’amener à faire ce qu’il désire. En créant une
fausse ouverture dans sa garde, l’escrimeur incite l’adver-
saire à attaquer un endroit précis connu à l’avance, ce qui
facilite la défense. Un jet réussi de Manipulation contre la
défense spirituelle de l’adversaire permet de bénéficier d’un
bonus de +1D sur la prochaine esquive.

Chef de guerre
Le personnage devient un véritable chef de guerre,
insufflant l’envie de vaincre à tous ses compagnons. En
réussissant un jet de Leadership, le personnage arrive à
motiver tous ses compagnons se trouvant à portée de voix.
Ces derniers reçoivent un bonus de +2 sur les actions d’at-
taque et de défense active (esquive ou parade) dans le tour.
Le seuil de difficulté est la plus haute défense spirituelle du
groupe.
Johannes Moreelse - Democritus (1630)
Quolibet Centraal museum, Utrecht
L’escrimeur insulte l’ennemi pour le forcer à décou-
vrir une partie de son corps. Un jet de Manipulation ou
d’intimidation réussi fait que la cible découvre une partie chaine attaque qui vise la cible se fait avec un bonus de

du corps, bras ou jambe (le malus pour viser ces parties du
corps est baissé de 5). Les effets durent jusqu’à la fin du
prochain tour du PJ.
Fondamentale : Beau parleur
Le combattant est maintenant tellement habitué à
parler en combat qu’il peut exécuter deux actions sociales
gratuites en un tour. C’est-à-dire deux jets parmi les tech-
niques de Terreur, de «Touché», d’Encouragement, de Chef
de guerre, de Fausse ouverture, de Distraction ou de Quoli-
bet qui ne comptent pas comme des actions. Le nombre de
dés lancés pour ces actions gratuites est toujours égal au
score de Bagout. Si la cible a été victime d’une distraction alors en ré-
Techniques de rang 3
Chapitre IX - L’évolution
+2D. Remplace la technique Distraction.
Vraie fausse ouverture
Les fausses ouvertures du combattant sont tellement
fines et réalistes qu’il devient presque impossible de savoir
si c’est un vrai défaut de la garde ou un piège. Un jet réussi
de Manipulation contre la défense spirituelle de l’adversaire
permet de bénéficier d’un bonus de +2D sur la prochaine
esquive. Remplace la technique Fausse ouverture.
Langue de vipère
alisant une attaque avec du panache l’escrimeur de l’école
de la verve reçoit en plus les bénéfices de la technique Quo-
libet.

Distraction améliorée
Un jet de Manipulation ou de Séduction réussi en
combat permet de distraire la cible pour un tour. La pro-

« Position de la main sur l’épée »

Ridolfo Capoferro - Gran Simulacro

dell’arte e dell’uso della scherma (1610)

115
 École du Coup parfait
Techniques de l’école du Coup parfait
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Pas de défense Avoir 3 en Armes de mêlée 8
Jeu de jambe Avoir 3 en Adresse 5
Ignorer la douleur Avoir 4 en Corps 5
Fondamentale
Grand escrimeur Avoir deux techniques de rang 1 et 3 en Escrime 7

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Attaque à outrance Avoir la technique Pas de défense et 5 dans une arme de mêlée 10
Enchaînement Avoir 5 en Adresse 7
Botte secrète Avoir 5 en Escrime 8
Fondamentale
Maître escrimeur Avoir deux techniques de rang 2 10
Chapitre IX - L’évolution

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Coup des deux veuves Avoir 7 dans une arme de mêlée 10
Enchaînement mortel Avoir la technique Enchaînement et 6 en Adresse 10
Désarmement Avoir 7 en Escrime 10

Philosophie de combat
Cette école forme ses élèves à rechercher le coup
ultime, celui qui tuera l’adversaire en une touche. Trouver
cette botte, la perfectionner pour la rendre sûre et fiable,
c’est le travail de toute une vie d’escrimeur. Les membres
de cette école privilégient l’attaque totale, ne comptant que
sur leurs réflexes pour esquiver les attaques ennemies.
Grand escrimeur
Lors des jets d’Escrime pour déterminer les effets
d’une attaque visée, le joueur peut relancer les 5 et les 6
de son dé ouvert. Possible sur une attaque à l’épée seule
seulement (sans arme dans la seconde main).

Techniques de rang 1 Techniques de rang 2

Pas de défense Attaque à outrance

Cette technique très audacieuse est à la base de Le combattant se jette en avant avec un seul objectif :
l’école du coup parfait. Si le personnage n’accomplit au- toucher son adversaire d’une botte bien sentie. Si le per-
cune action défensive (ni parade, ni esquive, mais sa dé- sonnage n’accomplit aucune action défensive (ni parade,
fense passive fonctionne) pendant le tour de jeu, il gagne ni esquive, mais sa défense passive fonctionne) pendant le
un bonus de +1D sur son attaque du tour. tour de jeu, il gagne un bonus de +2D sur son attaque du
tour et un bonus de +3 à sa Def CC.
Jeu de jambe
Enchaînement
En s’entraînant durement sur les mouvements de
base de l’escrime, le combattant a développé un jeu de Au cœur du combat, le combattant est devenu une
jambe efficace qui lui donne un bonus de +2 en initia- véritable machine à tuer. Quand le personnage tue un ad-
tive. versaire, il gagne +1D à sa prochaine attaque dans le com-
bat.
Ignorer la douleur
Botte Secrète
Se battre c’est aussi souffrir et encaisser des coups.
Un point de Panache permet d’ignorer complètement le La botte secrète enseignée par un maître permet de
malus de blessures sur une action en plus du dé de Pa- viser plus facilement certaines parties du corps. Les at-
nache. taques visées à la tête et au torse ont désormais leur dif-

116
 « Voltement de corps, saisissement de corps et de l’épée »

Sieur de Liancourt - Le maistre d’armes, ou l’exercice

de l’épée seule, dans sa perfection (1686)
Bibliothèque Nationale de France

ficulté réduite de 3. Viser le torse se fait maintenant sans deux combattants touchent en même temps et on résout les
malus, alors que viser la tête se fait avec un malus de -8. deux attaques simultanément. Et enfin, si le coup des deux
veuves est un échec, c’est l’adversaire qui prend le dessus

Fondamentale : Maître escrimeur
Lors des jets d’Escrime pour déterminer les effets
d’une attaque visée, le joueur lance deux dés au lieu d’un
seul. Un seul dé est ouvert. Possible sur une attaque à l’épée
seule seulement (sans arme dans la seconde main). Le combattant est incontrôlable. Quand le person-
Techniques de rang 3
Coup des deux veuves
Ce coup extrêmement dangereux n’est pas enseigné
à la légère. Si le combattant a l’initiative sur son adver-
saire, il peut décider d’attendre que ce dernier attaque.
À ce moment-là, il peut tenter ce coup qui consiste en
une contre-attaque très risquée. L’escrimeur tente un jet
d’attaque contre le jet d’attaque de son adversaire. Si le
combattant de l’école du coup parfait a le plus haut score
avec une marge supérieure ou égale à 3, alors il touche
sa cible et les dommages sont augmentés de 4 points. Si
la marge est inférieure à 3 mais que le jet est réussi, les
Chapitre IX - L’évolution
et qui touche seul sa cible, bénéficiant là aussi d’un bonus
de +4 aux dégâts.
Enchaînement mortel
nage tue un adversaire, il gagne +2D à sa prochaine at-
taque dans le combat.
Désarmement
En dépensant un point de Panache sur une attaque
visée au Bras, l’escrimeur pourra désarmer son adversaire.
Le jet d’escrime qui suit ne peut pas être inférieur à 12. Si
les dés indiquent un score inférieur, on fixe le résultat sur
10, ce qui provoque au moins un désarmement. Pour résis-
ter au désarmement, la cible doit réussir un jet d’Épreuve
de force ou de Corps contre un seuil égal à trois fois les
dégâts infligés (au lieu de deux fois pour un désarmement
classique). De plus, si la seconde main du PJ est libre, il
peut récupérer l’arme en question.

« Passe de seconde dessous les armes, saisissement d’épée »

Sieur de Liancourt - Le maistre d’armes, ou l’exercice

de l’épée seule, dans sa perfection (1686)
Bibliothèque Nationale de France

117
 Techniques de possédé
Techniques de possédés
Techniques de rang 1
Nom Pré-requis Coût
Sort discret Avoir 2 en Discrétion 5
Charmer la bête Avoir 2 en Séduction 5
Concentration Avoir 3 en Intellect 5
Traits physiques amoindris Avoir 2 en Pouvoir 5
Présence rapide Avoir 3 en Intellect 5
Fondamentale
Domination Avoir deux techniques de rang 1 7

Techniques de rang 2
Nom Pré-requis Coût
Distance augmentée Être Affilié d’un domaine de pouvoir 7
Dissipation Avoir 4 en Intellect 8
Du Panache ! Avoir 3 en Pouvoir 8
Chapitre IX - L’évolution

Lancer différé Être Affilié d’un domaine de pouvoir 7

Fondamentale
Sort de longue durée Avoir deux techniques de rang 2 et 4 en Pouvoir 10

Techniques de rang 3
Nom Pré-requis Coût
Sort favori Avoir 5 en Pouvoir, Être Affilié d’un domaine de pouvoir 10
Renvoi de sort Avoir la technique Dissipation et 6 en Intellect 10

Techniques de rang 1
Les possédés qui survivent le plus longtemps en res-
tant maîtres d’eux-mêmes sont ceux qui apprennent les
techniques de possédé. Ces dernières, particulièrement ef- Charmer la bête
ficaces, ne peuvent être enseignées que par l’esprit du per-
Permet d’utiliser la compétence Séduction à la place
sonnage et en aucun cas par un maître externe. En échange
de Contrôle de soi pour passer en présence.
de cet enseignement, les esprits demandent souvent une
épreuve à leur réceptacle. L’épreuve est toujours dans la
droite ligne des pensées et du comportement de l’esprit.
Pour les techniques les plus simples, le possédé se verra Concentration
demander un acte facile. Par exemple, détruire l’horloge
En se concentrant pendant un tour avant de lancer
de son appartement si l’esprit est technophobe ou un court
un sort, le possédé reçoit un bonus de +2 pour son pro-
discours en place de grève contre les protestants si l’esprit
chain sort. Se concentrer nécessite de ne pas accomplir
est raciste. Plus les techniques deviennent puissantes et
d’action pendant le tour.
plus l’acte à accomplir sera difficile. Dans la même veine
des exemples précédents, l’esprit pourra demander à ce
que l’on gagne une bataille sans utiliser les canons ou à Sort Discret
ce qu’une région soit débarrassée des huguenots qui y ha-
bitent. Le possédé s’est entraîné à lancer des sortilèges sans
bouger les mains ni articuler de mot. Il minimise ses mou-
Un personnage qui développe une école de combat- vements ce qui lui permet de ne bouger que les doigts. Il
tant peut aussi développer des techniques de possédé en réalise les incantations bouche fermée pour limiter les sons.
parallèle. Il est maintenant impossible de voir que le possédé est en
train de lancer un sort.

Traits physiques amoindris

Les traits physiques du possédé sont beaucoup plus
faciles à cacher car moins marqués sur son corps. Il peut
ainsi passer plus facilement inaperçu. Par exemple, s’il a

118
des oreilles pointues, ces dernières ne changent que très
légèrement de forme.
Présence rapide
Avec cette technique, il est possible de passer en
présence en un tour sans que cela ne compte comme une
action. Le possédé n’aura alors pas de malus d’action mul-
tiple s’il passe en présence et tente une autre action dans le
même tour. possédé de garder un sort en réserve pendant deux tours.
Fondamentale : Domination
Le possédé maîtrise de mieux en mieux les pouvoirs
de son esprit. Tous ses jets de Contrôle de soi pour passer
en présence se font avec un bonus de +1D.
Techniques de rang 2
Distance augmentée
Le possédé s’est concentré sur la distance de lancer
de ses sortilèges. La distance maximale des sortilèges d’une
école passe à cent mètres au lieu de vingt. sible pour un seuil cumulé est de 20, sinon le sort doit être
Dissipation
Cette technique permet l’utilisation de la compé-
tence Dissipation. Le possédé gagne cette compétence de
pouvoir au rang 1. Avec celle-ci, il est désormais possible de
contrer tous les sorts qui prendront le possédé pour cible,
et ce en réussissant un jet de dissipation avec comme seuil
de difficulté le jet du sort ennemi. Le sort se dissipe dans
la nature et n’a aucun effet. La compétence dissipation
peut s’améliorer ensuite comme n’importe quelle compé-
tence. dont il est la cible, il fait plus que l’annuler, il le renvoie à
Nikolaï Ge - La sorcière d’Endor (1857)
Galerie Tretiakov, Moscou
Du Panache !
Grâce à son Panache et son envie, le possédé arrive à
faire face à l’adversité. En utilisant un point de Panache il
peut relancer un jet de sort après l’avoir raté.
Lancer différé
Avec cette technique, il est maintenant possible au
Ainsi, après avoir fait son jet de sortilège, le sort restera
en attente jusqu’à ce que le possédé le libère. Il est ainsi
possible de lancer un sort différé pendant un tour puis de le
libérer au tour suivant, ce qui ne comptera pas comme une
action. Si le possédé sacrifie un point de panache en créant
le sort, il peut le garder en réserve 24 heures.
Fondamentale : Sort de longue durée
Cette technique est parmi les plus rarement maîtri-
sées. Sa puissance est grande. Le possédé peut maintenant
décider de passer un sort en action de longue durée. Le
possédé va donc cumuler ses jets de dés sur plusieurs tours
afin de réussir son sortilège. La difficulté la plus petite pos-
exécuté en un seul tour. Le seuil minimal sur chaque jet
est égal au seuil cumulé divisé par trois arrondi à l’entier
Chapitre IX - L’évolution
inférieur. Le possédé ne peut donc pas mettre plus de trois
tours pour lancer son sort.
Techniques de rang 3
Renvoi de sort
Le possédé maîtrise maintenant complètement la
compétence Dissipation. S’il réussit à parer un sortilège
l’attaquant avec la même force.
Sort favori
Un sortilège du personnage est son
favori. Le joueur doit choisir le sort en
question parmi ceux qu’il connaît, ainsi
qu’une difficulté, et choisit un nouveau
nom pour son sort favori ainsi déterminé.
Quand il le lancera, le personnage pourra
bénéficier d’un bonus de +3. Par exemple,
on peut choisir «Passion», sortilège d’as-
pirant maître de l’âme, avec difficulté 12
(pour 8 personnes), et le renommer «Pas-
sionner un groupe». Ce sort pourra être
désormais lancé avec une difficulté de 9 au
lieu de 12.
Cette technique peut être prise plu-
sieurs fois avec d’autres sortilèges.
119
Chapitre IX - L’évolution

120
Chapitre X
Rimes et escrime
Journal d’un poète.
Tout avait pourtant bien commencé. Une belle jour-
née de mai, une journée pour défendre son honneur.
Après quelques jours de recherche, je l’avais retrouvé,
le seigneur de Toussac, Marquis de Tonnerre. Fier bourgui-
gnon, il s’était permis de ridiculiser La Grande Mademoi-
selle, Anne Marie Louise d’Orléans, avec un trait d’esprit
saillant qui avait fait rire les précieuses de l’Hôtel de Ram-
bouillet. Un affront public. Inacceptable pour une si grande
dame, si proche de la couronne de France. Aussi, en ma
qualité d’admirateur, je me devais de réparer l’honneur de
Mademoiselle.
Je me suis préparé bien sûr, j’ai préparé mes vers,
fait parler ma muse, pour affûter ma langue. Ma muse se
nomme Clio. Réconfortante, elle est là, toujours, pour me
guider de sa voix douce par ses conseils qu’elle distille dans
ma tête. Certains diraient que je suis fou, d’autres que je
suis possédé. Ces derniers ont raison. Clio est un esprit
qui me possède. Mais ce qu’elle veut, c’est mon bien et
celui de Mademoiselle. Et en ce moment c’est tout ce qui
m’intéresse.
Aidés par mon ami, Antoine de Rouan, nous avons
donc retrouvé le marquis sur le marché aux chevaux, der-
rière le mur Louis XIII, non loin du palais des Tuileries.
Antoine est un grand homme dans tous les sens du terme.
Noble de naissance, il a pu accéder à ce qui se faisait de
mieux dans le monde, à commencer par l’escrime. Ce lon-
giligne personnage est un véritable spadassin rivalisant
d’adresse avec les maîtres d’armes des salles parisiennes.
Et c’était un ami dont la loyauté et le sens de l’honneur
étaient incomparables, sauf peut-être à ceux de son esprit.
Oui car Antoine était possédé tout comme moi, nos esprits
étant liés par les même idéaux qui liaient notre amitié sin-
cère.
Le marquis faisait sensation sur le marché où on ne
trouvait d’habitude que des palefreniers, des garçons d’écu-
rie et des militaires qui se préparaient pour les guerres
au nord du pays. Il était là, entouré d’un prêtre, de deux
hobereaux habillés comme des cavaliers et d’un scribe, la
parfaite petite suite du noble voulant se faire bien voir
dans la capitale. Le marquis lui-même portait un grand
manteau de voyage et de hautes bottes de cuir, sans doute
se préparait-il pour un grand voyage. Sa tête était sur-
montée d’un chapeau en feutre orange doté d’une plume
blanche, le tout très voyant.
Je l’interpellais alors qu’il inspectait un bel alezan :
« Et bien marquis de Tonnerre, parlez vous aux che-
vaux comme vous vous adressez aux dames ?
-Un cheval bien élevé n’a pas besoin de cravache.
Mais, monsieur, vous en savez plus que moi, je ne sais
pas qui vous êtes. » répondit-t-il tout en nous observant
attentivement. Respectant l’usage, mon ami répondit en
premier.
« Je suis Antoine, chevalier de Rouan, gentilhomme
de Normandie et bretteur émérite.
-Marc Plessac, homme de science, philosophe et mé-
decin diplômé de l’université de Paris.
-Un hobereau et un bourgeois ! Dit-il l’air méprisant.
Mais que me voulez vous donc ? Mon temps est précieux. »
Il nous méprise. Grave erreur.
Ma chère Clio déteste le personnage méprisant... et
moi aussi !
« Monsieur, croyez bien que je ne suis là que pour
résoudre un point d’honneur.
-D’honneur  ! Depuis quand les roturiers ont-ils de
l’honneur ? répéta-t-il amusé.
-Je parle de l’honneur d’une dame que vous avez bles-
sée avec vos paroles vénéneuses.
-Ha, la Grande Mademoiselle  ! Et vous êtes venus
demander réparation ? s’enquit-il avec un rire narquois.
-Non, je suis venu pour prouver à tous que vous
n’étiez doté d’aucun esprit, que vos phrases sont vides de
sens et vos mots creux. »
Il resta alors un instant sans voix devant tant d’au-
dace. Les deux hommes qui l’accompagnaient s’approchè-
rent alors, l’air menaçant, encadrant leur maître. Les choses
semblaient mal tourner. Ce n’était pas prévu. Finalement
ce fût le prêtre du marquis qui désarma la situation :
« Pardonnez-moi Messires, mais ce différend peut
être réglé simplement. Je vous propose un concours de
rimes.
-Pardon ? C’était à mon tour d’être surpris.
-Oui, vous dites que monseigneur le marquis du Ton-
nerre n’a pas d’esprit, eh bien prouvez-le. Je me porte ar-
bitre d’un concours de rimes entre vous, Dieu tranchera. »
Le marquis sembla se détendre et il retrouva ce petit
air méprisant typique des gens sûrs de leur force. Mais je
ne pouvais pas reculer maintenant.
« J’accepte.
-Alors c’est entendu » répondit le marquis.
Pendant qu’on parlait, un petit groupe de badauds
s’était formé autour de nous. Les maquignons, les fermiers,
les garçons d’écurie ou les petits bourgeois nous entou-
Chapitre X - Rimes et escrime

Géricault - Marché aux chevaux, cinq chevaux au piquet (1816)

Louvre, Paris

raient ; ils attendaient le spectacle. Ils attendaient de voir Le traître ! Je me retenais de pousser un juron. Le
le petit bourgeois orgueilleux être humilié par la vieille no- marquis étant bourguignon, c’était le sujet rêvé pour lui.
blesse. Le marquis donna sa cape à son suivant et s’avança Sans attendre, mon adversaire du jour s’élança d’une voix
au centre du cercle de badauds formant une arène. Antoine forte et sûre.
et moi étions anxieux.
« Ce n’est pas ce qui était prévu. s’exclama mon ami. « Sachez que la Bourgogne
-Je sais. surpasse la Gascogne.
-On change le plan ? Le vin de ses vergers
-Non  ! Surtout pas  ! Hors de question de reculer. saura vous faire rêver
C’est une question d’honneur. bien mieux que les baisers
-Pour toi ou pour Clio ? de la tendre Morphée.
-Pour nous deux. Retenez que ce pays
-Très bien. » a tout d’un paradis. »

Il attrapa ma cape et me poussa au centre de l’arène.
Le prêtre m’y attendait déjà. C’était un homme assez ba-
nal, d’une trentaine d’années, il se tenait tête nue entre
moi et mon adversaire. Il scrutait mes réactions de ses
yeux gris pénétrants surmontés d’une touffe de cheveux
noirs et raides.
Sois fort, détends-toi. Tu as l’esprit vif et ingénieux.
Tu ne peux que le ridiculiser.
Des applaudissements polis s’entendaient alors que
le marquis saluait la foule de son grand chapeau de feutre.
Je n’avais rien écouté. J’enrageais, j’avais été floué par ce
prêtre. Mon esprit n’était pas clair. Mais comme toujours
dans ces cas-là, la douce Clio vint à mon secours.
Je passai en présence, permettant aux pouvoirs de
Clio de s’exprimer àtravers mon être.
Personne ne vit mon ombre disparaître, comme si le
soleil ne me touchait plus.

Je le souhaitais de toute mon âme. La Grande Ma- Allons c’est à nous.

demoiselle ne méritait pas ce déshonneur et aujourd’hui
j’allais l’effacer. Le prêtre prit la parole. Clio allait me prêter son inspiration, sa verve. Je
« En tant qu’homme de Dieu, représentant de sa di- m’avançai vers la foule sûr de ma force. Je la sentais aussi
vine volonté, je vais proposer un thème sur lequel chacun excitée que moi.
tâchera de rimer. »
« Monsieur est bourguignon je crois
Les badauds applaudissaient déjà, encourageant le Il se peut l’entendre aisément
marquis. Pour eux je n’étais qu’un inconnu. Le soleil de Quand on écoute ses piaillements d’oie.
printemps me chauffait la tête et des gouttes de sueur tom- Votre accent est rude et violent
baient de mon front. Enfin le prêtre annonça : « Le thème À l’image de votre tenue
choisi est la Bourgogne ! ». Dont l’élégance a disparu.

122
 Vous vous prétendez gentilhomme
N’auriez-vous jamais de culture
Même en dévorant des tomes.
Car votre esprit semble un mur
Recrachant l’encyclopédie
Comme un perroquet son récit.
Si votre région vous voulez vanter
Parlez donc de son caractère
Des bienfaits de sa riche terre
Sans omettre de préciser
La noble lignée de ses familles
Qui remonte jusqu’à l’an mille
Car à vous écouter, Bourgogne
Ne peut rimer qu’avec ivrogne. »
Un triomphe, voilà ce que je reçus. La foule était hi-
lare, les petits bourgeois applaudissaient à tout-va, un gar-
çon d’écurie riait à en perdre ses dents, de la mêlée montait
un cri de « Gloire à la Bourgogne » qui m’était tout entier
adressé. Rayonnant, je saluais la foule tout en recevant
des accolades des maquignons. Je sortai de présence en un
clin d’œil avant que quiconque ne se pose de questions. Je
me retournai pour voir le prêtre bouche bée me regarder
avec des yeux ronds sous ses cheveux à mèches blondes.
Mes yeux se posèrent alors sur le marquis. Le fier noble
triomphant de tout à l’heure affichait un visage frappé par
la honte et la haine.
« Jamais personne n’avait osé m’insulter de la
sorte. » et il sortit son épée.
Dégainant avec l’habitude du militaire, il se fendit
dans ma direction, visant le cœur. Antoine surgit entre
moi et la pointe mortelle, parant le coup de sa rapière sous
les cris de surprise des spectateurs. Pressé de me protéger,
mon ami m’avait dans le même mouvement jeté à terre.
« Ne vous en mêlez pas, il s’agit d’une question
d’honneur, aboya le noble.
-  Je ne vois rien d’honorable à laisser mourir un
ami. »
Et Antoine riposta d’un coup à la banderole, obli-
geant le Bourguignon à rompre. Un furieux duel commen-
çait. Les fesses sur le sol, je ne pouvais aider Antoine. Mais
mon ami en bon bretteur n’avait besoin d’aucune aide.
Déjà il était à l’offensive, envoyant mille bottes plus pré-
cises les unes que les autres vers son ennemi. Ce dernier pa-
rait difficilement les estocades successives, ses yeux suivant
à grande peine les mouvements de la lame virevoltante.
Reculant sans cesse, il finit par heurter un cheval qu’il pi-
qua de sa pointe. Je crus alors que le combat allait s’arrêter
quand le destrier amorça une ruade, mais le marquis s’était
jeté sur le côté évitant dans un même mouvement fluide
les sabots de la bête et la rapière d’Antoine. Le bourgui-
gnon commençait à saisir le rythme des attaques de mon
ami et contrait de mieux en mieux. Un vrai escrimeur lui
aussi. J’aperçus alors en un éclair les yeux de mon ami : ils
étaient vairons. Il était passé en présence !
Dès lors, le regarder combattre revenait à admirer
un ballet de danse effectué par un expert. Tout comme
le reste de l’audience, je restais là silencieux à admirer sa
grâce au combat. Ses attaques qui étaient déjà d’une pré-
cision rare devinrent d’une rapidité telle que je ne voyais
que les reflets lumineux de la lame de Tolède. La veste du
bourguignon était maintenant marquée de plusieurs cou-
pures à travers le tissu. Le marquis qui, l’instant précédent
semblait revenir dans le combat, se trouvait complètement
dépassé. Personne ne peut se mesurer à Antoine quand il
est en présence, personne.
Finalement, après avoir feinté son adversaire sur un
dégagement, c’est par une botte judicieusement placée sur
la main que le marquis lâcha son arme avec un cri de dou-
leur. Antoine était vainqueur, mais nul instant de repos.
Les deux hobereaux qui accompagnaient le noble préten-
tieux venaient à l’assaut l’arme au poing.
« Où est l’honneur ici ? » demanda Antoine.
« Tais-toi faquin ! » fut la seule réponse qu’il eut.
Les deux combattants se jetaient sur mon ami qui,
toujours en présence, maîtrisait sa lame comme un des plus
grands maîtres d’armes de ce temps. Cependant, ses adver-
saires étaient des escrimeurs chevronnés et c’était au tour
d’Antoine de reculer. Il sauta sur une table pour les domi-
ner de toute sa hauteur, jetant au passage de la paille sur
ses ennemis. La foule les huait mais ils n’en avaient cure.
Parant furieusement toutes les attaques, Antoine se battait
comme un diable.
Il est grand temps d’agir
Reprenant mes esprits, je fonçai tête baissée dans le
dos d’un hobereau. Antoine profita de la distraction pour
placer une estocade mortelle au niveau du foie de l’autre
faquin. Celui que je venais de renverser n’eut pas le temps
de riposter, la lame de la rapière tourbillonnante tomba sur
son bras, le transperçant.
Chapitre X - Rimes et escrime
Un triomphe, encore. Après la victoire de l’éloquence
et de la verve, voici venir celle de la force. La plume et
l’épée s’étaient exprimées contre le marquis. Il était défait.
Ce dernier fuyait la scène comme un chien blessé suivi
de ceux de sa suite. La foule maintenant composée d’une
cinquantaine de personnes se jetait sur Antoine pour le
porter en héros. Brandissant sa lame, il se comportait en
vainqueur. Tout le monde semblait m’avoir oublié. Chacun
a son moment de gloire.
Mon ami était là, entouré de tous ces Parisiens joyeux
qui le congratulaient. Son visage était rayonnant, son bras
droit venait encore de lui apporter la victoire. C’est alors
que le prêtre, ce traître dont j’avais oublié l’existence, posa
sa main sur le bras d’Antoine. Prenant un air inquisiteur,
il regarda mon ami droit dans les yeux. Je frémis : la pré-
sence !
« Ses yeux ! Il a les yeux du démon ! dit-il en tendant
ses doigts vers le visage d’Antoine. C’est un envoyé du
Malin, voyez mes frères ! »
Et sans le lâcher, il tira mon ami dans la foule qui
avait fait silence. Certains se signaient déjà en murmurant
une prière. Je tâchais de me calmer. Tout allait bien se pas-
ser. Antoine allait sortir de présence et récupérerait dans
l’instant ses yeux bleus qui plaisent tant aux dames. Puis
je parlerai à la foule de ma voix posée en présentant ce vil
prêtre comme un mauvais perdant, voire comme un faux
dévôt. Oui, ce serait bien.
J’essayais de m’avancer vers Antoine mais la foule
compacte me barrait le passage. Des cris terrifiés commen-
çaient à se faire entendre. Autour de moi, chacun commen-
tait l’affaire :
« Une lame si rapide, ce n’est pas naturel ». « Vaincre
ainsi trois hommes en combat, il est aidé du Malin  ! ».
« Brûlons-le sans attendre ! ».
Inquiet, je m’avançais et parvenais enfin à voir An-
toine. Tenu les mains dans le dos par deux solides gaillards,
le prêtre montrait son visage à tous comme pour un animal
de cirque. J’arrivais à croiser son regard pour y voir une
peur panique ! Ses yeux étaient toujours vairons, la marque
du démon pour ceux de ce temps ! Il n’était pas sorti de
présence. Comment  ? Pourquoi  ? Lui-même semblait ne
pas comprendre.
« Le guet, le guet arrive ! »
La milice bourgeoise. Les duels étaient interdits et
punis durement par le pouvoir royal. Ils avaient dû être
prévenus par le bruit du duel. Mais ils arrivaient au plus
123
 lons et à reprendre la direction du fleuve, loin du mar-
ché aux chevaux. Partagé entre mon envie de me mettre à
l’abri et ma soif de vengeance, je manquais de volonté pour
m’opposer à ma bienfaitrice.

C’est un purificateur, un possédé qui chasse ses sem-

blables. Nous n’avons aucune chance.

Je maudis encore le jour où plein de honte, j’ai lais-

sé Antoine au milieu de la foule, aux mains de ce prêtre
étrange et terrifiant. Alors que les larmes me piquaient les
yeux, je quittais le marché aux chevaux.

Quelques semaines plus tard, je me trouvais place

de Grève, en attente de la charrette qui allait amener mon
ami Antoine à l’échafaud. La foule était toujours très dense
quand il s’agissait de voir une exécution publique. Tout
était allé si vite. Quand j’y repense cela me paraît presque
irréel. Un ami avocat exerçant au Parlement de Paris put
m’apprendre que le prêtre félon portait le nom de père
Guillaume Lauzun. Pendant le procès d’Antoine, le traître
avait libéré tout son venin, invoquant les plus sombres
passages de l’apocalypse pour décrire l’action de mon ami
bretteur. En plus d’être accusé de sorcellerie, il fut reconnu
Chapitre X - Rimes et escrime

coupable de s’être battu en plein jour, s’opposant ainsi aux

décrets royaux. Un crime de lèse-majesté. À partir de ce
moment, il n’y avait plus de retour possible. Si le roi gra-
ciait souvent les nobles qui se battaient en duel, jamais il
n’épargnerait quelqu’un accusé de sorcellerie.

Voilà pourquoi je me trouvais ici, à attendre mon ami

pour lui dire au revoir une dernière fois, avant qu’il ne soit
décapité d’un coup de hache. Les parisiens étaient là aussi,
Gerard van Honthorst - Le Christ face au grand prêtre (1617) sales et méchants. Ils huaient Antoine alors que le bourreau
National Gallery, London l’amenait à l’échafaud.

Clio était triste elle aussi.

mauvais moment. Les hommes armés allaient maintenant «-Je suis désolée de t’avoir forcé à l’abandonner.
arrêter un possédé. Vite, je me devais de sauver Antoine. -Non, tu avais raison, inutile de mourir à deux.
-Je l’ai bien aimé. Un vrai sens de la noblesse, et
« -Tu ne peux pas. quel bretteur ! Espérons que son successeur sera aussi doué.
-Comment ca ? -Antoine a eu le temps de désigner son successeur ?
-Tu n’y arriveras pas seul. Fuis, tous t’ont oublié. Je l’ignorais.
Profite de ta chance pour survivre. -Je ne le sais moi-même que depuis peu.
-En laissant Antoine? Jamais ! -Et quel est l’heureux élu qui va recevoir l’insigne
-Vous finirez alors tous les deux sur le bûcher. » honneur d’être possédé par l’esprit qui habitait et conseil-
lait mon ami ?
C’était très dur à reconnaître mais Clio avait une fois -Un autre bretteur, que tu connais bien. Le Marquis
de plus raison. Je ne pouvais rien faire. Je serais accusé de Tonnerre.»
de complicité, d’aider le possédé et d’être moi-même un
agent du Malin. La Grande Mademoiselle ne pourrait pas Je souriais bien malgré moi. Antoine avait toujours
me soutenir devant la justice du Parlement de Paris et ce eu un sens de l’humour bien particulier.
malgré notre coup d’éclat. C’était la fin.
Je maudis cette rencontre avec le prêtre étrange
et terrifiant qui avait si facilement confondu Antoine. Je
l’abandonnais au milieu de la foule en furie, et, alors que
les larmes me piquaient les yeux, je quittais le marché aux
chevaux. Mais c’est alors qu’un détail me revint en mé-
moire. Les cheveux du prêtre ! Ils avaient changé de cou-
leur durant notre rencontre. D’un noir parfait, quelques
mèches blondes étaient apparues sur l’avant de son crâne.
Un changement d’état physique. La marque d’un possédé
qui rentre en présence. J’étais bien trop occupé à jouir de
ma victoire pour m’en rendre compte. Tragédie !
Soudain, je rebroussais chemin. Je devais en être sûr !
«-Non !
-Je dois y retourner.
-J’ai dit non.»

Et Clio prit le contrôle de mon corps. Pleine de rage

et d’autorité, elle me força tel un pantin à tourner les ta-

124
Chapitre XI
L’Europe au XVII ème
siècle
Le monde du XVIIème siècle est proche du nôtre par
bien des aspects, comme la langue, la religion, les mœurs,
mais il reste fondementalement différent par ses décou-
vertes, sa culture, sa religion ou sa technologie.

Chronologie
Dans cette section sont présentés des évènements
majeurs du XVIIème siècle pour donner des repères. Encore
une fois, c’est la France qui est au centre dans ce livre, Frans II Pourbus
donc c’est principalement des évènements qui se sont pro- Portrait de Marie de Médicis en 1615 (1615)
duits en France dont on parlera. Musée Carnavalet, Paris

1600
1600 Mariage d’Henri IV et de Marie de Médicis.
1600-1616 Grande épidémie de peste.
1601 Naissance de Louis XIII.
1603 GB : Mort d’Élisabeth Ire, fin de la dynastie des
Tudor. Jacques VI d’Écosse lui succède.
1607 Italie : Le musicien italien Monteverdi crée
l’opéra italien avec le drame lyrique « Orfeo ».
1608 Champlain fonde la ville de Québec, première
ville de Nouvelle France.
1609 Espagne : Expulsion des moresques de Castille
par un édit de Philippe III, ce qui ralentira l’économie du
pays.
1609 Italie : Galilée publie ses résultats des observa-
tions astronomiques faites avec sa fameuse lunette.

1610
1610 Assassinat d’Henri IV par Ravaillac. Régence Charles Gustave Housez
de Marie de Médicis. Mort d’Henri IV et arrestation de Ravaillac, 1610 (1860)
Musée national du château de Pau, Pau
1613 Russie : Avènement de Mikhaïl Fiodorovitch
Romanov (Michel Ier).

Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Johann Philipp Abelinus
Défenestration de Prague, 1618 (1662)
Collection privée
Henri-Paul Motte - Siège de La Rochelle, 1628 (1881)
Musée d’Orbigny Bernon, La Rochelle
Gazette de France de Théophraste Renaudot
(ici le 26 décembre 1786)
126
1614 Louis XIII est déclaré majeur.
1615 Mort de la reine Margot à Paris. Mariage de
Louis XIII avec Anne d’Autriche, infante d’Espagne.
1616 Richelieu est nommé secrétaire d’État pour la
guerre et les affaires étrangères. Condamnation des thèses
de Copernic par l’église de Rome.
1617 Assassinat de Concini sur ordre du roi. Louis
XIII exile sa mère à Blois et renvoie Richelieu.
1617 Exécution de Léonora Galigaï pour sorcellerie.
1618 Allemagne : Défenestration de Prague et début
de la guerre de Trente ans.
1619 Révolte des Princes et de la reine mère contre
le favori du roi : Luynes.
1620
1620 La Navarre et le Béarn sont rattachés au
royaume. Les protestants décident lors de l’assemblée de
La Rochelle de prendre les armes.
1621 Le duc de Luynes est nommé connétable de
France. Exécution de Jean Fontanier pour hérésie à Paris.
1622 Canonnade de La Rochelle par les troupes
royales. Richelieu est nommé cardinal.
1623 Début de la construction d’un château de
chasse à Versailles.
1624 Alliance avec les Provinces Unies contre l’Es-
pagne. Richelieu est nommé chef du Conseil du roi.
1625 GB : Mort de Jacques Ier. Lui succède Charles
Ier d’Angleterre qui épouse Henriette de France, sœur du
roi.
1626 Édit royal interdisant les duels.
1627 Arrivée de la flotte britannique du duc de Buc-
kingham près de La Rochelle.
1628 Capitulation de La Rochelle.
1628 Pays-Bas : Les Hollandais s’emparent de toute
la flotte espagnole en provenance des Caraïbes et capturent
80 tonnes d’argent portant un coup terrible à la puissance
espagnole.
1628 GB : L’anglais William Harley, médecin du roi,
décrit la circulation sanguine et son mécanisme.
1629 Capitulation d’Alès. Édit de grâce de Louis
XIII en faveur des protestants.
1630
1630 Les armées françaises s’emparent de Pigne-
rol puis occupent toute la Savoie. « Journée des dupes »,
grande victoire politique de Richelieu sur Marie de Médicis
qui est définitivement écartée du conseil du roi.
1630 Amériques : des puritains anglais fuyant la ty-
rannie du roi fondent Boston dans le Nouveau Monde.
1631 Traité de Bärwald scellant l’alliance entre la
France et la Suède. Création de la « Gazette de France »
par Théophraste Renaudot.
 1632 Exécution d’Henri de Montmorency à Toulouse
pour s’être révolté contre le roi.
1632 Amérique : fondation de la colonie du Mary-
land.
1632-1637 Révolte des « croquants » en Limousin,
famine en Bourgogne, agitation en Guyenne (vers Bor-
deaux), révoltes de paysans en Provence.
1633 Procès de Galilée qui doit abjurer sa théorie
de l’univers.
1634 Création de l’Académie Française par Louis
XIII.
1635 Colonisation de la Guadeloupe et de la Mar-

Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle

tinique.
1635 Traité d’alliance avec la Suède. Entrée en
guerre de la France contre l’Espagne et les Habsbourgs.
1637 Répression contre les croquants du Périgord. Cristiano Banti
Galilée face à l’inquisition romaine, 1633 (1857)
1638 Naissance de Louis fils de Louis XIII et d’Anne Collection privée
d’Autriche à St Germain en Laye.
1639-1641 Révolte des « Va-nu-pieds » de Norman-
die.

1640
1640 Portugal : Révolution de Lisbonne. Jean IV
de Bragance devient roi du Portugal. Fin de l’union avec
l’Espagne.
1640 Création du louis d’or qui remplace l’écu. Prise
de Turin et d’Arras par les armées françaises.
1640 Les révoltés catalans s’allient à Louis XIII
contre l’Espagne.
1641 La France s’allie avec le Portugal contre l’Es-
pagne.
1642 Arrestation de Cinq-Mars pour complot contre
le roi. Mort de Richelieu, le cardinal Mazarin le remplace.
Les armées françaises s’emparent de Perpignan et pé-
nètrent dans Barcelone. Veloso Salgado
1642 Amériques : Fondation de Montréal par la Jean IV du Portugal proclamé roi, 1640 (c. 1905)
France. Collection privée
1642-1647 GB : Guerre civile entre Charles Ier et le
parlement.
1643 Mort de Louis XIII, son fils Louis lui succède.
1643 Amériques : Les colonies puritaines forment la
Nouvelle Angleterre.
1643 Anne d’Autriche fait casser le testament du roi.
Victoire de Condé sur les Espagnols à Rocroi.
1644 Les armées françaises s’emparent de Phillips-
burg.
1645 Condé et Turenne battent les Impériaux à
Nördlingen.
1648 Début de la fronde parlementaire. Déclaration
du parlement, du Grand Conseil, de la Cour des comptes et
de la cour des aides contre l’absolutisme. Révolte de Paris
contre Mazarin.
1648 Fin de la guerre avec l’Espagne par le traité de Gerard ter Borch
Westphalie, qui contient notamment la paix de Münster.
Ratification du traité de Münster, 15 Mai 1648 (1648)
Rijksmuseum, Amsterdam

127

Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Auteur inconnu
Épisode de la Fronde au Faubourg Saint-Antoine, 1648 (c. 1650)
Château de Versailles, France
Charles-Philippe Larivière
Bataille des Dunes, 14 Juin 1658 (1837)
Palais de Versailles, Versailles
Pau Delaroche
Mort du cardinal Mazarin, 1661 (1830)
Wallace collection, Londres
128
1649 La cour s’enfuit à Saint-Germain alors que les
forces royales dirigées par Condé assiègent Paris. Les fron-
deurs s’emparent de l’Arsenal et de la Bastille contrôlant
ainsi la capitale.
1649 Paix de Saint-Germain entre Mazarin et les
Frondeurs et retour de la cour à Paris en Août
1649 Russie : Nouveau code des lois russes qui enlève
tout droit aux paysans.
1650
1650 Arrestation des princes de Condé, de Conti
et du duc de Longueville, début de la fronde des princes.
Soulèvement des provinces contre Mazarin. Alliance des
princes avec l’Espagne qui envahit le nord du pays.
1650 Paix de Bordeaux entre la cour et les princes.
Victoire de l’armée royale contre Turenne à Sommepy.
1651 Union des deux frondes (parlementaire et no-
biliaire). Mazarin exilé se réfugie auprès de l’archevêque
de Cologne.
1651 En Septembre, Louis XIV est officiellement re-
connu majeur.
1652 Condé entre à Paris grâce à l’intervention de
la duchesse de Montpensier qui fait tirer contre l’armée
royale. Mazarin part de nouveau en exil. Prise de Dun-
kerque par les Espagnols.
1652 Retour du roi et de la cour à Paris, amnistie
des frondeurs sauf Condé. Révolte du prince de Condé seul
contre l’autorité royale.
1653 Mazarin est de retour à Paris, marquant la fin
de la Fronde. Pacification des campagnes.
1653 Italie : Le pape condamne le jansénisme.
1654 Louis XIV est sacré à Reims. Défaite du prince
de Condé face aux armées royales à Arras. Traité entre la
France et Cromwell scellant leur alliance contre l’Espagne.
1654 Suède : La reine Christine abdique en faveur
de son frère. La Suède est à l’époque un pôle scientifique
majeur.
1654 Amériques : Les Portugais chassent les Hollan-
dais du Brésil.
1655 Louis XIV s’installe au pouvoir. Fouquet est
seul surintendant des finances.
1656 Création de l’hôpital général à Paris.
1658 GB : Cromwell meurt dans l’impopularité.
1658 Turenne remporte la bataille des Dunes sur
Condé et les Espagnols. Prise de Dunkerque aux Espagnols
par les Anglais. Représentation de Molière devant le roi et
la cour au Louvre.
1659 Paix des Pyrénées mettant fin à la guerre avec
l’Espagne. Molière fait représenter Les Précieuses Ridi-
cules.
1660
1660 L’assemblée du clergé décide de faire signer aux
religieux un texte condamnant les thèses de Jansen. Ma-
riage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche, infante
d’Espagne.
1661 Mort de Mazarin. Colbert est nommé inten-
dant des finances.
1661 Louis XIV annonce qu’il gouvernera seul. Louis
XIV ordonne à d’Artagnan l’arrestation de Fouquet pour le
lendemain pour détournement de fonds.
1661 Naissance de Louis, le «Grand Dauphin».
1661 Portugal : Les Portugais héritent de Bombay,
possession française depuis 1534.
1662 Mort de Blaise Pascal. Traité de Londres sur
le rachat de Dunkerque à l’Angleterre. Colbert devient mi-

Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle

nistre d’État.
1664 Fondation de la Compagnie Française des
Indes Orientales et des Indes Occidentales. Fouquet est
condamné à la confiscation de ses biens et au bannisse- Auteur inconnu
ment. Louis XIV le fait enfermer à Pignerol. Grand incendie de Londres, 1666 (XVIIème)
1664 Amériques : Le duc d’York enlève New Ams- Collection privée
terdam aux Hollandais qui sera renommée New York.
1665 Dom Juan de Molière fait scandale. Colbert
est nommé contrôleur général des finances.
1665-1670 Création de nombreuses manufactures
royales, amélioration de la flotte de guerre.
1666 Mort de la reine-mère Anne d’Autriche.
1666 GB : Grand incendie de Londres.
1667 Création de la charge de lieutenant de police
de Paris, Nicolas de La Reynie est nommé à sa tête.
1667 Louis XIV revendique la couronne espa-
gnole, début de la guerre de dévolution. Prise de Lille
par les troupes françaises.
1667 Représentation d’Andromaque de Racine à
l’hôtel de Bourgogne à Paris. Création de la Manufac-
ture des Gobelins et de l’Observatoire de Paris.
1668 La Suède, l’Angleterre et les Provinces-Unies
s’allient contre la France à La Haye. Traité d’Aix-la-
Chapelle mettant fin à la guerre de dévolution.
1668 Le Nôtre achève le tracé des jardins de Ver- Charles le Brun
sailles. Louis XIV à Douai durant la guerre de Dévolution, 1667 (1667)
Collection privée
1668 Portugal : L’Espagne reconnaît l’indépen-
dance du Portugal, protégé par l’Angleterre.
1669 Colbert est nommé secrétaire d’État à la Ma-
rine. Traité d’alliance secret entre la France et l’Angleterre.

1670
1670 Naissance du duc du Maine, fils de Louis XIV
et de Madame de Montespan.
1672 Début de la guerre de Hollande. Les armées
françaises franchissent le Rhin.
1672 Les Femmes Savantes de Molière remporte un
succès.
1673 Louis XIV affirme son droit de régale univer-
sel. Les Français s’emparent de Maastricht après un siège
de 4 jours mené par Vauban. Première coalition (Pro- Adam Frans van der Meulen
vinces-Unies, Espagne, Empire allemand et la Lorraine)
Arrivée de Louis XIV au camp de Maastricht, 1673 (1675)
contre la France.
Musée du Louvre, Paris
1673 Asie : Installation française à Pondichéry.

129

Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Henry de Malvost
Messe noire de La Voisin avec Madame de Montespan, 1667 (1895)
extrait de «Le satanisme et la magie», Jules Blois, 1903
Alekseï Korzoukhine
Mutinerie des streltsy à Moscou en 1682 (1882)
Collection privée
Gourdon de Genouillac
Interdiction des prêches et arrestation des protestants à Paris
(après la révocation de l’édit de Nantes), 1685
Paris à travers les siècles, T.3
130
1674 Victoire française à Seneffe contre les
Impériaux, les Espagnols et les Hollandais.
1674 Révolte paysanne à Bordeaux et en Bre-
tagne. Leibniz développe les bases du calcul infini-
tésimal. Lully crée l’Opéra Français et présente à la
cour son opéra «Alceste ».
1674 Complot du chevalier de Rohan contre
le roi.
1675 Victoire française à Türkheim sur les
Impériaux. Arrestation de la marquise de Brinvil-
liers marquant le début de l’affaire des Poisons.
1676 Victoire navale française contre les Hol-
landais à Agosta et contre les Espagnols à Palerme.
1677 Première de Phèdre et Hippolyte de Ra-
cine. Arrestation du chevalier de Vanens dénoncé
comme alchimiste.
1678 Vauban est nommé commissaire général
des fortifications. Louis XIV s’empare de Gand. Paix entre
la France et les Provinces-Unies puis entre la France et
l’Espagne.
1680
1680 Condamnation et exécution de «la Voisin»
pour sorcellerie. Madame de Montespan est mise en cause
pour avoir fait fabriquer un philtre pour envoûter le roi.
Création de la Comédie Française.
1680 Isaac Newton découvre les lois d’attraction et
de gravitation universelles qu’il publiera en 1687.
1681 Les Français s’emparent de Strasbourg.
1682 Bossuet fait adopter par l’assemblée de clergé
la déclaration sur la puissance ecclésiastique reconnaissant
le roi comme maître de l’Église de France. Installation de
la famille royale à Versailles.
1682 Seconde coalition (Provinces-Unies, Espagne,
l’Empire et la Suède) contre la France.
1682 Amériques : Robert Cavalier de La Salle explore
les bouches du Mississippi et fonde la Louisiane. L’Anglais
William Penn fonde la Pennsylvanie (et Philadelphie).
1682 Russie : Avènement de Pierre le Grand.
1683 Mort de la reine Marie-Thérèse d’Autriche.
Mariage secret entre Louis XIV et Madame de Maintenon.
Mort de Colbert. Le roi ordonne l’expulsion des Juifs du
royaume.
1683 L’Espagne déclare la guerre à la France qui
assiège Luxembourg.
1684 Prise de Luxembourg par les armées françaises.
Traité de Ratisbonne entre Louis XIV, Léopold Ier d’Au-
riche et Charles II d’Espagne accordant à la France les
villes et territoires conquis.
1685 Édit de Fontainebleau révoquant l’édit de
Nantes. Les protestant se réfugient en masse en Prusse, en
Hollande, et Suisse et en Angleterre.
1687 L’Empire Ottoman est repoussé à la bataille
des Mohacs par le Saint Empire et stoppe son expansion.
1687 Le Nôtre achève les jardins de Versailles.
1688 La France déclare la guerre à la Hollande, dé-
but de la guerre contre la ligue d’Augsbourg.
 1688 GB : Guillaume III d’Orange est reconnu nou-
veau roi d’Angleterre.

1690
1690 Débarquement de renforts français à Cork (Ir-
lande) pour soutenir Jacques II contre Guillaume d’Orange.
1691 Louis XIV s’empare de Mons. Défaite des
troupes franco-irlandaises à Aughrim (Irlande) face aux
Orangistes.
1692 Défaite navale de Louis XIV devant les Anglais

Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle

à La Hougue. Victoire du maréchal de Luxembourg sur les
Anglais à Steinkerque.
1693 Victoire navale de la France sur les Anglais au
Jozsef Borsos - Bataille des Mohacs en 1687 (1837)
large du Portugal. Victoire du maréchal de Luxembourg Magyar Nemzeti Galéria, Budapest
sur les Anglais à Neerwinden.
1693-1694 Famine, mauvaise récolte et crise éco-
nomique.
1694 Traité de Ryswick ; l’Espagne cède la
partie occidentale de Saint-Domingue à la France.
1695 Bruxelles est détruite par les bombar-
dements français.
1697 Traité de Ryswick mettant fin à la
guerre de la ligue d’Augsbourg où Louis XIV est
contraint à de fortes concessions.
1697 Russie : Pierre le Grand engage des
Français et des Italiens pour construire une ville
modèle : Saint-Pétersbourg.
1698 Russie : Révoltes des streltsy à Moscou
contre le progressisme de Pierre le Grand.
1700 Espagne : Mort de Charles II d’Espagne
qui désigne Philippe, deuxième fils du Grand Dau-
phin comme son successeur. Augustin Coppens
Grand-Place de Bruxelles après les bombardements de 1695 (1695)
Den Kongelige Malerisamling, Coppenhague

Société européenne Les grands fléaux que sont la maladie, la guerre et la

famine, sont toujours bien présents au XVIIème, à tel point
que la population stagne tout au long du siècle en Europe.

Ce passage s’attache à décrire la société européenne Population par pays (en millions)
et surtout française qui sert de cadre au jeu. Pays En 1600 En 1700
Allemagne 15 13
La démographie européenne Angleterre et Pays de Galles 4 5,8
Le monde du XVII reste encore grandement sem-
ème Belgique et Pays-Bas 3 4
blable à celui du siècle précédent au niveau de la famille Empire Ottoman 20 20
et de l’économie. La mortalité est extrêmement élevée,
surtout la mortalité infantile qui peut dépasser les 35%. Espagne 8 7,5
Aussi, les familles ont souvent de nombreux enfants, six ou France 18 21,5
sept en moyenne. Le rapport à l’enfant est lui aussi diffé-
rent. On ne commence à y apporter de l’importance qu’à Italie 12 13
partir de dix ans car on sait qu’avant il peut mourir très Russie 13 20
facilement. L’espérance de vie est donc terriblement faible.
Cependant, une personne qui atteint les vingt ans peut Suède 1,5 1,7
espérer vivre encore quarante ans sans problème majeur.

131
 L’Allemagne est ravagée par la guerre de Trente
Ans et y perd des habitants. À l’opposé, l’Angleterre et
la France semblent bien prospérer grâce à leurs bassins
céréaliers de Londres et Paris qui limitent les famines (il
y en aura cependant durant La Fronde et les révolutions
anglaise).
Les populations entrent en mouvement durant toute
cette période, confirmant les migrations du siècle précé-
dent. Beaucoup partent pour le Nouveau Monde alors que
l’exode rural se poursuit en Europe. On estime à 15% la
population urbaine en 1650 en France.
Les maladies les plus courantes du siècle sont le
typhus, la rougeole, la variole et la petite vérole. La syphi-
lis fait aussi des ravages durant tout le siècle. La peste est
toujours présente avec notamment la grande peste de 1630
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
en France.
Bref, la vie durant cette époque n’est pas forcément
des plus réjouissantes.
La famille
La famille européenne est une famille nombreuse.
Comme on l’a vu, elle comporte souvent six ou sept en-
fants et la moitié devrait atteindre l’âge adulte. L’auto-
rité du père est absolue sur ses enfants et sur sa femme.
Tous peuvent être chassés à tout moment de la maisonnée.
Les jeunes filles de bonne famille se marient souvent après
leurs vingt ans et restent sous la tutelle de leur père tant
qu’elles n’ont pas de mari. Bref, si l’âge minimum légal
pour le mariage est autour de quatorze ans, dans les faits
les choses sont plus compliquées. Les hommes eux se ma-
rient autour de vingt-cinq ans, ils ont besoin de temps
pour réunir l’argent afin d’obtenir une dot ou de convaincre
les parents. L’avis de la future mariée n’est la plupart du
temps pas considéré. L’avis du marié a plus de valeur, mais
guère plus, surtout si le mariage est politique ou s’il peut
rapporter à la famille.
L’économie européenne
Agriculture
L’avancée de nouvelles techniques comme l’utilisa-
tion systématique d’engrais, a permis dans certaines ré-
gions d’Europe une vrai avancée dans l’agriculture. À ce
niveau-là, ce sont les Pays-Bas qui sont les plus en avance
(chaulage, marnage, engrais d’origine animale, irrigation)
mais les technologies se diffusent lentement. Les riches bas-
sins céréaliers de Londres et Paris attirent toujours plus
de monde.
Outre les céréales, c’est la vigne qui est la plus ex-
ploitée et couvre une étendue bien supérieure à ce qu’on
connaît aujourd’hui. C’est bien simple : tout le monde boit
du vin souvent mieux considéré que l’eau, surtout en ville.
Les régions de Bourgogne et du Bordelais se développent
dans ce sens, mais toutes les régions produisent du vin en
quantité, même l’Île de France.
C’est à cette époque que la culture de la pomme de
terre se répand en France. Elle devient très commune, tant
pour nourrir les gens que les animaux.
C’est enfin l’élevage ovin qui est le plus répandu, no-
tamment en Espagne avec la Mesta. Cette organisation na-
tionale s’occupe de la production et du transport de laine
dans tout le pays et au-delà dans les possessions espagnoles
dans le reste de l’Europe.
132
Louis Le Nain - Repas de paysans (1642)
Musée du Louvre, Paris
Manufacture
Les manufactures sont encore rares mais leur supé-
riorité de production est déjà indiscutable. On retrouve
surtout des productions de vêtements dans les grands
centres d’Europe que sont la Toscane en Italie du nord,
les Flandres, le sud de l’Angleterre, la Touraine et Lyon en
France. Porté par les goûts vestimentaires changeants des
puissants et des riches, le textile est la première industrie
du monde.
Les autres manufactures d’importance sont les mines
et la métallurgie. Mais elles sont centralisées dans quelques
régions productrices.
Le commerce maritime
Les Indes orientales sont à l’honneur du côté anglais
et hollandais avec la création de la compagnie des Indes
Orientales Néerlandaises en 1602 (VOC). Les épices pro-
duites depuis le lointain Orient fascinent l’Europe et sont
à l’origine du grand enrichissement des commerçants hol-
landais.
Le reste de l’Europe : Espagnols, Portugais et main-
tenant Anglais et Français se concentrent sur l’Amérique et
le contrôle de l’Atlantique. La France est la dernière arrivée
sur ce théâtre et doit s’installer au plus vite. C’est ce que
tentera de faire Colbert.
La traite négrière est la grande affaire du siècle. Elle
s’organise à partir des ports hollandais une fois encore puis
des ports anglais et français (Nantes, Bordeaux) vers la
fin du siècle. On rapporte de tout du Nouveau Monde :
de l’or il n’y en a plus guère, mais on revend du sucre, du
chocolat, des fourrures, du café, le tout produit là-bas en
grande quantité. Tout le monde raffole de ces grandes nou-
veautés venant du continent américain. Les pâtissiers sont
d’ailleurs les premiers à les utiliser dans leurs confections.
Le commerce maritime se porte bien et est appuyé
par les Grands du royaume et la bourgeoisie. C’est l’oc-
casion de s’enrichir pour tous les commerçants et arma-
teurs. Mais c’est aussi une porte vers l’aventure pour ceux
qui veulent explorer ces pays inconnus peuplés d’étranges
cultures.
 Les banques et l’usure
Le système banquier a bien du mal à naître dans
les pays catholiques au XVIIème siècle, pour la bonne et
simple raison que le prêt d’argent avec intérêts est interdit
par l’Église. En France, souvent, ce sont les Protestants
ou les Lombards (des Italiens) qui s’occupent de prêter de
l’argent avec intérêts. Pourtant, le fait que le prêt permette
d’aider l’économie est reconnu par tous.
Les États protestants franchiront le pas les premiers
avec la création de la bourse d’Amsterdam en 1609 et de
celle de Stockolm en 1650.
Le point de vue de l’Église catholique sur le prêt
d’argent avec intérêts changera peu à peu. Elle finit surtout
par condamner l’usure, c’est-à-dire les intérêts démesurés.
Les banquiers catholiques de France sont donc en activité.
L’autre moyen d’obtenir de l’argent facile, c’est le
gage. Les prêteurs sur gage rencontrent un franc succès
tout au long du XVIIème.
L’ancien régime
Il s’agit d’une société terriblement hiérarchisée qui
prend ses origines dans la Bible. Celle-ci marque considé-
rablement la société.
L’idée de base, venant du Moyen Âge, était que les
trois ordres de la société sont complémentaires. Ceux qui
prient («  oratores  »), prient pour le salut des âmes des
autres. Ceux qui combattent (« bellatores ») combattent
pour protéger les autres. Enfin, ceux qui travaillent (« la-
boratores ») travaillent pour nourrir tout le monde.
On se retrouve donc avec les trois États : le clergé, la
noblesse et le tiers États, le tout dirigé par le roi.
Cette définition est floue et on en voit les limites
durant le XVIIème siècle en France. Le clergé se retrouve de
plus en plus en opposition dans ses dogmes avec le monde
scientifique qui apparaît. Les membres de la noblesse, eux,
se doivent de ne pas travailler et certains nobles se re-
trouvent sans le sou, obligés de vendre leur titre. Des bour-
geois, faisant partie du tiers-États, sont plus riches que
des nobles et demandent à avoir accès au pouvoir ou alors
à devenir noble. Le peuple tolère de moins en moins les
guerres. En effet si, avant, elles ne concernent que quelques
nobles et leurs mercenaires, les guerres emportent main-
tenant tout un peuple avec des armées gigantesques et le
droit de conscription. Cela dit, la révolte du peuple sera la
plus longue à se faire entendre (il faut attendre la révolu-
tion française).
Les nobles
Idées
La société du XVIIème se forme, avec son étiquette,
ses traditions et ses goûts. Les nobles se forgent un idéal,
un idéal éloigné du chevalier moyenâgeux et de l’érudit de
la Renaissance. Cet idéal c’est celui de l’honnête homme
ou du gentilhomme. Il n’est ni artisan, ni paysan, il fait
seulement tout pour le service du roi dans les offices ad-
ministratifs de justice ou dans les armées. Il sait vivre en
société et en goûter les plaisirs (ceux de la chair et du jeu),
il sait distinguer le bien du mal et le vrai du faux, et ce
non par érudition mais par bon sens et raison, par un vrai
affinage de l’esprit.
Tous les nobles se doivent de partager les mêmes
vertus, d’incarner des valeurs morales héréditaires. C’est
pour défendre ses valeurs et son honneur que l’on se défie
en duel entre nobles. Une des grandes vertus du noble est
la bravoure, héritée de son statut de « bellatores ». Com-
battre est jouissif et un art de vivre. La preuve de vaillance
et les cicatrices s’arborent donc fièrement, comme des dé-
corations.
Cela dit, les nobles faisant carrière dans l’armée sont
de moins en moins nombreux au fur et à mesure du siècle.
Beaucoup se raccrochent aux postes d’officiers mais la ma-
jorité se tourne vers la noblesse de robe, vers la courtisa-
nerie, espérant vivre et s’enrichir grâce aux bontés d’un
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
plus grand.
Cela dit, le mythe du gentilhomme fait du noble un
homme complet, apte tout aussi bien à rayonner à la cour
comme à la guerre.
L’idéologie de la noblesse peut être considérée comme
conservatrice et réactionnaire. La personne de plus haut
lignage aura plus de légitimité, et donc plus de pouvoir. La
vertu s’acquiert par le sang, c’est une qualité de naissance.
Ceci confirme le noble dans son sentiment d’appartenir à
une catégorie à part, forte et supérieure. Cette élite ne
comprend pas qu’elle soit écartée du pouvoir et réagit vio-
lemment quand on essaye de lui enlever sa puissance. Ce
comportement sera à l’origine de nombreuses révoltes du-
rant le siècle. À ce titre, plusieurs centaines de révoltes ont
éclaté au XVIIème siècle.
Statut
Ce qui définit vraiment un noble au XVIIème c’est
qu’il ne travaille pas. Cette définition floue est perméable
et laisse entrer de nouvelles personnes dans la noblesse. Le
noble vit habituellement sur ses terres mais de plus en plus
de nobles ruinés ou de cadets de famille partent s’installer
à Paris pour tenter de faire fortune en tant que courtisans
ou dans l’armée. Il devient peu à peu à la mode d’avoir un
hôtel à Paris, près du roi. Au final, 35% des nobles ont des
possessions dans la capitale, la noblesse campagnarde est
alors dévalorisée.
Être noble, c’est aussi être reconnu par tous comme
tel. C’est donc aussi une reconnaissance sociale qui doit se
voir dans les vêtements, dans la diction et dans le compor-
tement des autres. C’est pour cette raison que les nobles se
font accompagner de valets. C’est pour se faire reconnaître.
Ils portent aussi un grand intérêt à leur réputation.
Pour prouver sa noblesse, il faut apporter des té-
moins qui prouvent que le père et le grand-père vivaient
noblement. À partir de Colbert en France se met en place
un système écrit de reconnaissance de la noblesse. À ce
moment, la noblesse est fixe. Avant, c’était un groupe assez
perméable où entraient de riches bourgeois et d’où sor-
taient des nobles déchus.
Les membres de la noblesse sont peu nombreux, mais
il existe de grandes différences entre les pays. En France,
la noblesse représente 2% de la population, alors qu’elle
atteint 14% en Espagne.
Les privilèges
Les privilèges sont très nombreux et il serait difficile
de tous les énumérer. On peut toutefois mentionner :
- le titre (porté devant le nom dans les actes officiels)
- le privilège judiciaire : Les nobles sont directement
jugés par les Baillis et Sénéchaux au civil et par les par-
133
 lements en matière criminelle. En cas de condamnation
capitale, ils ne sont pas pendus mais décapités.
- le privilège administratif : Toutes les charges impor-
tantes de l’administration royale et locale leur sont réser-
vées. C’est la noblesse de robe.
- le privilège fiscal : Exemption de nombreux impôts,
dont la taille, les banalités, les corvées, logement des gens
de guerre...
- les privilèges divers : Port de l’épée (variable d’un
pays à l’autre), banc réservé à l’église...
Conditions économiques
L’argent est bien nécessaire car la noblesse se doit
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
de vivre noblement et donc de dépenser beaucoup, notam-
ment pour ceux vivant en ville.
De façon générale, les nobles ne devant pas travailler,
ils tirent leurs revenus de leurs rentes, de leur terres et do-
maines. Cependant, de plus en plus de nobles s’adonnent
au commerce, notamment en Angleterre où on trouve une
véritable alliance entre les notables terriens et les négo-
ciants coloniaux.
Les nobles ne sont pas ceux qui s’appauvrissent du-
rant les guerres en général. L’inflation du blé durant les
disettes et les famines favorisent les grands propriétaires,
c’est-à-dire la noblesse. Ceux qui sont ruinés sont ceux
dont les domaines se trouvent dans les zones de conflits. La
stagnation des prix ne favorise pas non plus la noblesse, qui
préférerait s’enrichir en vendant plus cher.
La criminalité est aussi un facteur d’appauvrissement
des nobles. Bien que cette pratique se raréfie, les rançons
demandées pour les gentilshommes faits prisonniers sont
toujours d’actualité.
Pour gagner de l’argent, la noblesse prélevait les im-
pôts à la place du roi et ne lui en remettait qu’une partie.
Cette pratique très courante était sans grand risque. Mais
le mieux pour s’enrichir était encore le commerce en s’ap-
puyant sur son domaine et en profitant des opportunités.
Par exemple, faire passer des chevaux de guerre entre la
France et l’Allemagne durant la guerre de Trente Ans est
une façon sûre de s’enrichir.
Hiérarchie interne
Tous les nobles ne sont pas égaux entre eux. Ils se
divisent eux-mêmes en plusieurs niveaux.
Tout en haut, les princes de sang royal, les Bourbons
(Navarre, Condé, Montpensier).
Après ces princes de sang viennent les princes étran-
gers comme les Guise de Lorraine ou les Savoie-Nemours,
originaires de Savoie.
On retrouve ensuite les ducs de quelques lignages im-
portants comme les Montmorency. De grandes charges sont
occupées par cette noblesse, comme connétable ou amiral
de France. Leur revenu annuel est généralement considé-
rable. Ils possèdent plusieurs châteaux et plusieurs hôtels
particuliers à Paris. Leur revenu moyen était de l’ordre de
150 000 Livres par an. Les dépenses de ces grandes familles
sont à la hauteur de leurs revenus. Le mode de vie de
la cour est coûteux et ostentatoire : bijoux, robes, valets,
fêtes, châteaux, dettes de jeux. En France, ces Grands du
royaume rassemblent 250 familles, soit environ 1% de la
noblesse.
Ensuite dans la hiérarchie viennent les grandes fa-
milles provinciales. Elles ont un revenu de l’ordre de 25 000
Livres par an. La plupart forment l’ancienne noblesse
134
d’épée. Elle avait une influence considérable au XVIème
siècle, mais la perd peu à peu face au pouvoir royal.
La noblesse administrative vient ensuite dans la hié-
rarchie. Ce sont des lignages récents, des personnes qui do-
minent les différents parlements du pays et le milieu judi-
ciaire. Elle a l’emprise sur la bourgeoisie dont elle est issue.
Finalement, en bas de l’échelle, on retrouve la petite
et moyenne noblesse de province. Certains membres vivent
avec 200 Livres par an mais d’autres atteignent les 3000
Livres. La noblesse rurale dispose d’une puissance réelle
dans ses seigneuries, alors que les gentilshommes campa-
gnards, les chevaliers ou écuyers peuvent mener des vies
difficiles et se voir contraints de travailler eux-mêmes la
terre. Certains s’appauvrissent et réagissent violemment
face à l’enrichissement des bourgeois. Ils cherchent alors à
se rapprocher d’un Grand, ou à intégrer les armées du roi
pour redorer leur blason et éviter la déchéance.
À titre de comparaison, le travailleur de force gagnait
aux alentours de 13 livres par an.
Le tiers-État
On distingue aisément deux ensembles de population
dans le tiers-État : la bourgeoisie et les roturiers. Leur
différence vient bien sûr principalement de leurs revenus.
La bourgeoisie
Définition
La bourgeoisie regroupe des personnes du tiers-État
plutôt aisées. Mais ses membres ne participent ni à la vie
des roturiers ni à celle de la noblesse de souche. Bref, la
bourgeoisie se définit par ce qu’elle n’est pas. Les plus
riches espèrent accéder à la noblesse, alors que les plus
pauvres sont difficilement discernables des roturiers. Ces
derniers renouvellent d’ailleurs fréquemment les rangs de
la bourgeoisie.
La bourgeoisie est, de tous les groupes sociaux com-
posant la société française du XVIIème siécle, le plus actif et
le plus entreprenant. C’est le moteur de la société. Au cœur
du royaume, elle exerce toutes les activités essentielles et
tient en main presque toutes les sources de richesse. Du
même coup, elle occupe les avenues du pouvoir : elle a
dans ses mains les offices, c’est-à-dire l’administration et la
justice dans certaines grandes villes.
Rentiers, usuriers, financiers et négociants
Parmi la bourgeoisie on retrouve en premier lieu les
rentiers. Ils sont considérés comme passifs, se contentant
de gérer de l’argent dont ils ont hérité. Ils travaillent peu
et ne sont pas bien considérés par les autres bourgeois et
les roturiers. Si certains étalent leur richesse qui rivalise
avec celle de l’aristocratie, d’autres se contentent de vivre
chichement en marge de la bourgeoisie. Ils sont pour la
plupart très conservateurs et attachés aux biens matériels.
Les financiers et les négociants sont plus liés au
monde du commerce et de l’industrie. Ce sont eux qui
mettent en place les nouvelles inventions dans l’entreprise.
Ce sont des marchands grossiers ou spécialisés. Certaines
fortunes considérables voient ainsi le jour, poussant ces
hommes pleins de réussite à remettre peu à peu en cause le
modèle économique et même l’absolutisme.
Les plus riches des négociants se rapprochent de la
noblesse par des mariages arrangés ou des prêts de grandes
sommes d’argent. On prête aux grands du royaume et
même au roi. Cependant, les fortunes sont diverses en fonc-
tion des domaines. Le textile, par exemple, n’est pas à la
fête.
Les officiers, fonctionnaires et libéraux
Il s’agit de personnes relativement aisées qui entre-
tiennent un office, une charge qui se lègue de génération
en génération, sauf crime inacceptable. Ce sont des juges
des bailliages et des sénéchaussées, des responsables des
administrations fiscales, des fermiers généraux, des rece-
veurs des tailles dans les campagnes ou des greffiers, des
huissiers ou des commis. Ils sont les relais de la noblesse
pour contrôler et diriger le pays. Ce sont les ancêtres des
fonctionnaires. Il s’agit d’une bourgeoisie cultivée, ouverte
aux sciences et au théâtre qui a conscience de sa condition
au-dessus de la masse des roturiers.
À mesure que la loi, les techniques et les connais-
sances progressent se développent les métiers libéraux de
notaire, procureur, avocat ou médecin. La plupart vit dans
une aisance satisfaisante. Les professeurs d’université sont
un cas à part, car si leurs connaissances sont reconnues par
tous, leurs revenus ne suivent hélas pas.
La bourgeoisie rurale
Il s’agit des trois ou quatre personnes qui, dans
un village, concentrent tout le pouvoir. On retrouve les
quelques lettrés que sont le notaire ou le juge du seigneur,
Sir Luke Fildes - Le veuf (1863)
Collection privée
puis les éventuels paysans aisés dont le domaine rapporte
assez pour se démarquer. Leur poids dans la vie régio-
nale est fondamental. Assurés de leur avenir par leur rente
confortable, ils influent sur la vie de leurs voisins. Cepen-
dant l’aisance est moins fréquente qu’en ville.
Leur façon de penser, leur dialecte, leurs habits et
leurs faibles connaissances, voire leur illettrisme les rap-
prochent plus des paysans que des bourgeois des villes avec
qui on les confond rarement.
Le pouvoir et la bourgeoisie
En France, la bourgeoisie ne peut espérer accéder
au pouvoir politique qu’en devenant noble, en achetant un
domaine, ou une charge au parlement.
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
En Angleterre, les représentants de la bourgeoisie
peuvent siéger au parlement et participent au vote du bud-
get et des lois. Elle a donc une influence importante sur la
conduite du pays.
Les roturiers
Le peuple, la roture, est très clairement majoritaire.
La plupart essaie de survivre à sa condition en exerçant son
métier. L’incertitude du lendemain est très courante et les
situations très diverses.
135
 Les corporations
Dans les villes, les roturiers qui s’en sortent le mieux
sont ceux qui se sont regroupés en corporations, ou com-
munautés de métier. Il s’agit des ancêtres des entreprises
actuelles avec leur statut écrit, leur administration, leur
syndicat élu par des pairs... Le budget est alimenté par
les cotisations des membres. Les jurés font des inspections
pour vérifier que les prix de vente sont respectés comme les
conditions de fabrication.
Les corporations se regroupent selon les métiers et
exercent au final un véritable monopole sur leur activi-
té professionnelle dans leur territoire. Elles défendent leur
activité contre les fabricants indépendants et se battent
contre la concurrence des autres corps de métier. Chaque
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle

corporation a son saint patron qui est fêté un jour dans

l’année, ce qui donne lieu à de grandes festivités dans la
ville ou dans le quartier de la corporation.

Dans les corporations on retrouve des maîtres de mé-

tier, des patrons d’ateliers et de boutiques et des compa-
gnons. Devenir un maître est très difficile car il faut réaliser
un chef
-d’œuvre et passer devant un jury de maîtres. De
fait, les anciens maîtres favorisent leur enfant, ce qui rend
le poste de maître quasiment héréditaire.
Les compagnons suivent un long apprentissage au- Georges Rouget
près de différents maîtres pour perfectionner leur art. Les
Assemblée des notables à Rouen en 1596 (1822)
moins riches ne pourront jamais accéder au rang de maître
et resteront ainsi salariés toute leur vie durant. Les espoirs Château de Versailles, Versailles
de promotion sont rares et on doit souvent attendre la
mort d’un maître pour prendre sa place. Le compagnon est
logé par le maître et mange bien souvent à la table fami- hommes sont des travailleurs saisonniers allant de village
liale. Le soutien entre compagnons est très fort et en fait en village pour trouver un travail durant de quelques jours
une communauté très soudée. à quelques mois. Les employeurs leur imposent leur salaire.
Beaucoup de métiers imposent aux travailleurs de sillonner
Ce petit monde artisanal est le premier touché par les les villes pour trouver des clients, comme les coiffeurs.
crises économiques, les famines et les guerres. Les femmes travaillent plus souvent chez l’habitant
quand elles ne suivent pas leur mari dans leur recherche
La majorité : homme de peine de travail de ville en ville. Quand le gîte n’est pas offert
avec le travail, les familles doivent louer une pièce à vivre
La grande majorité de la population de travailleurs, ou chacun essaie de trouver une place et un peu d’intimité.
homme ou femme, ne fait pas partie des corporations. Les

Vue d’ensemble d’une population urbaine : la ville de Beauvais en 1696

Textile 745 Bourgeoisie rentière et libérale 374

Marchands 99 Officiers exempts (maisons royales, etc.) 57
Fabricants (drapiers, maîtres sergers) 104 Rentiers (bourgeois, veuves très taxées, etc.) 136
Ouvriers (sergers, tisserands, peigneurs, etc.) 542 Hommes de loi, greffiers, sergents, etc. 159
Corps de santé (médecins, apothicaires, etc.) 22
Semi-ruraux 217
Laboureurs 7 Petites gens sans profession 468
Airiers 37 Veuves peu taxées 230
Vignerons 80 Filles peu taxées 111
Manouvriers 24 Pauvres 127
Artisans semi-agricoles 69
Résidu 55
Artisans, boutiquiers, ouvriers hors textile 582 Partis à la guerre 51
Alimentation (boulangers, bouchers, etc.) 211 Impossibles à identifier 4
Vêtements (tailleurs, couturières, etc.) 204
Habitation, outillage (maçons, menuisiers, etc.) 167 Population totale 2441

136
 Les domestiques
Le monde des domestiques est une particularité de
l’ancien régime et du XVIIème siècle. Que seraient les pièces
de Molière sans tous ces domestiques tour à tour soumis
et comploteurs. Ils sont surtout présents dans le monde
urbain. Les petits bourgeois engagent bien vite un domes-
tique unique, souvent de sexe féminin, pour se donner de
l’importance. Pour ces servantes, le but est d’amasser une
petite dot et de trouver un mari.
À l’inverse, dans les grands domaines ou chez les
riches bourgeois, on se procure des domestiques nom-
breux, de sexe masculin de préférence. On les spécialise
chacun à son poste : palefrenier, cuisinier, laquais, valet
de chambre... Si le temps de travail des domestiques est
virtuellement illimité, ils jouissent tout de même de meil-
leures conditions de travail que les hommes de peine. La
générosité de certains maîtres mourants peut s’avérer ex-
traordinaire, donnant plusieurs milliers d’écus à leur fidèle
domestique ou une maison qu’il possède à la campagne.
Le monde agricole
Les agriculteurs représentent toujours la majorité de
la population et l’activité la plus pratiquée. Même en ville,
les habitants ont des poules ou parfois des cochons dans
leur arrière-cour.
À part dans des pays comme l’Angleterre ou les
Pays-Bas, les paysans ruraux forment plus de 70% de la
population. Ce sont des personnes libres mais soumises
aux droits féodaux et seigneuriaux. La plupart des terres
dépendent d’une seigneurie qui se compose de la réserve
ou du domaine directement exploité par le seigneur, et des
tenures sur lesquelles le seigneur perçoit une redevance en
argent (le cens) et une redevance en nature (le champart).
La tenure est une propriété héréditaire, mais il est cepen-
dant possible de racheter la terre au seigneur moyennant le
paiement des droits de lods et ventes (ou ventes et issues
selon les régions).
À ceci il faut rajouter les corvées, journées de tra-
vail obligatoires et non payées au profit du seigneur, ainsi
que les taxes pour pouvoir utiliser le moulin, le four, et le
pressoir de la seigneurie (c’est ce qu’on nomme les droits
banaux ou banalités).
En résumé, le monde rural du XVIIème ressemble
beaucoup au Moyen Âge et le seigneur y a tous les pou-
voirs, y compris le droit de justice et de vie ou de mort
sur ses sujets. Le seigneur est bien souvent un noble mais
ce peut être aussi une communauté religieuse ou un riche
bourgeois qui a racheté une seigneurie.
Ce sont toutes ces exigences qui vont faire naître pe-
tit à petit des révoltes puis la volonté que tous soient égaux
devant l’impôt.
La plupart des paysans sont propriétaires mais ne
possèdent en faire valoir direct que de petites parcelles
(moins de 2 ha). Ils sont donc obligés de cultiver la terre
d’autrui comme fermiers, métayers ou salariés agricoles ;
parfois, ils sont aussi artisans. Mais plus que la propriété,
c’est l’exploitation qui définit les différentes catégories de
paysans.
Les grands exploitants, qui possèdent environ 20 ha,
charrues et attelages, sont les laboureurs, véritables no-
tables des campagnes qui jouent un rôle très important
dans les assemblées villageoises. Les petits exploitants, qui
possèdent environ 5 ha, sont obligés d’être fermiers mais
le plus souvent métayers. Leurs conditions de vie sont pré-
caires. Leur niveau de vie dépend de la conjoncture écono-
mique. Les paysans sans terre vivent de leurs mains et de
leurs bras. Ils représentent 60% du monde paysan, consti-
tuant ainsi un énorme prolétariat permanent, occasionnel
ou saisonnier. Grâce aux communaux et au droit de vaine
pâture, ils possèdent parfois quelque bétail. Les paysans
sans terre sont les plus attachés aux pratiques communau-
taires.
Le clergé
Définition
Le clergé rassemble les « oratores », ceux qui prient
pour le salut des âmes de toute la société. Il s’agit d’un
ordre privilégié, qui ne paye que très peu d’impôts comparé
à ses revenus. C’est l’ordre le plus structuré mais le moins
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
nombreux de France.
Le catholicisme est la religion d’État et de la cou-
ronne pendant tout le XVIIème siècle. De fait, nul ne peut
être roi de France s’il n’est pas catholique. Henri de Na-
varre, protestant depuis de nombreuses années, a dû se
convertir pour pouvoir prendre la couronne et devenir
Henri IV. Lors de son sacre le roi jure de défendre l’Église
catholique mais aussi d’extirper l’hérésie de son royaume.
Les liens qui unissent la couronne et la religion sont donc
extrêmement forts. De fait, le pouvoir royal s’appuie sur
les religieux pour diriger le pays. En retour, les hauts di-
gnitaires du clergé s’introduisent au sommet des cours eu-
ropéennes pour peser dans la balance politique. Mazarin et
Richelieu sont la preuve même que l’homme d’Église peut
être plus influent qu’un roi.
Rôle dans la société
L’Église est le premier pilier de l’État. Chaque vil-
lage, chaque paroisse a son prêtre. Ce sont donc les prêtres
qui encadrent les habitants, les fermiers et les bourgeois
avant même les seigneurs et la noblesse. La très grande
majorité des Français est guidée de la naissance (avec le
baptême) à la mort (avec l’extrême-onction), par les pré-
ceptes de l’Église catholique. Le prêtre catholique est un
des rouages essentiels de la vie de la communauté villa-
geoise ou de quartier. Non seulement il distribue les sacre-
ments, mais il est aussi le conseiller dans les affaires privées
et le directeur de conscience.
Cette Église joue le rôle de service public ; elle tient
l’État-Civil (les registres de baptême), elle organise la sco-
larisation à tous les degrés d’enseignement, elle fournit
l’assistance publique avec les hôpitaux. Chaque corps de
la société a son saint patron. La vie collective est rythmée
par les fêtes religieuses catholiques. En bref, la religion est
présente partout et assure beaucoup les services qui sont
aujourd’hui assurés par l’État. L’Église et ses prêtres ont
un rôle social et même affectif auprès du peuple. Très peu
de prêtres « chassent l’hérétique » et la plupart d’entre
eux préfère s’occuper tranquillement de leur paroisse. Les
fidèles assistent régulièrement à la messe, animent les pro-
cessions et les pèlerinages, mêlant la foi religieuse et les
pratiques plus ou moins magiques. Le grand souci est de
mourir chrétiennement et d’être enterré religieusement.
Dans ce siècle, on lie morale et religion.
Liens avec les autres religions
Les Protestants et les Juifs sont tout juste tolérés. Le
fait qu’il n’existe même pas de loi concernant les non-ca-
tholiques montre bien la pensée de l’époque. De fait, les
Juifs sont souvent cloisonnés dans des quartiers, sortes de
137
 ghettos avant l’heure. Ces Français qui ne sont pas catho-
liques n’existent pas légalement, ils sont considérés comme
des « asociaux ». C’est pourquoi la politique anti-protes-
tante de Louis XIV sera de fait approuvée, voire glorifiée,
par la quasi-totalité de ses sujets (hormis les victimes et
quelques très rares opposants). L’athéisme est aussi rare
que dangereux et les libres penseurs restent limités en
nombre et en influence. Cependant, pendant la guerre de
Trente ans, de nombreux réfugiés catholiques mais aussi
protestants viendront dans le pays. Ceci sera à l’origine de
tensions locales. Jamais, depuis la chute de La Rochelle en
1628 par Richelieu, les protestants ne redeviendront une
force armée en France.
Revenu
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
La richesse de l’Église est tout simplement impres-
sionnante au vu de ses effectifs. Le clergé possède un
important patrimoine foncier dont il tire des revenus co-
lossaux. Ses terres représentent environ 6% du territoire.
Sur ces domaines, on retrouve des églises, des couvents
des abbayes et des monastères mais aussi des hospices et
des écoles. En plus des revenus générés par la revente des
produits des cléricaux, comme l’élixir des pères chartreux,
l’Église perçoit aussi la dîme dont une partie est réservée à
des œuvres de charité, à l’enseignement, aux soins portés
aux malades.
Il s’agit donc d’une manne très importante sur la-
quelle l’État n’a aucun contrôle, le haut clergé étant com-
plètement libre d’utiliser son argent comme bon lui semble.
Il se crée ainsi un décalage de plus en plus important entre
les hauts dignitaires de l’Église catholique et le bas clergé
qui reste auprès du peuple. L’enrichissement des prêtres
étant contraire aux préceptes de l’Église, il sera vivement
critiqué par les religieux eux-mêmes, amenant certains dis-
ciples à douter de leur religion, se tournant alors vers le
protestantisme ou le jansénisme.
Symbole du lien entretenu entre la couronne et
l’Église, l’Assemblée du clergé se réunit tous les 5 ans,
pour discuter des questions particulières de l’ordre et de
ses rapports avec la monarchie. À cette occasion est voté
le « Don Gratuit » qui est une contribution volontaire du
clergé pour le souverain, bien que le clergé soit officielle-
ment exonéré d’impôts.
Hiérarchie
La hiérarchie au sein de l’Église est très forte. C’est
de loin l’ordre social le plus codifié. En France, le clergé se
compose d’environ 130 000 membres. Les membres se ré-
partissent en deux catégories, les séculiers, c’est à dire ceux
qui vivent « dans le siècle » auprès des laïcs et partagent
leur quotidien, en opposition aux réguliers qui vivent en-
fermés dans les abbayes et les couvents. On compte en-
viron 70 000 séculiers pour 60 000 réguliers (dont 40 000
religieuses).
Les ordres réguliers ont vu leur rôle se distinguer au
Moyen Âge avec la création d’ordres contemplatifs consa-
crés à la prière (bénédictins, cisterciens...) et les ordres
mendiants (franciscains et dominicains) voués à la prédi-
cation. Les ordres accueillent notamment les cadets des
familles aisées qui sont exclus des successions familiales par
le droit d’aînesse.
Il est également important de distinguer le haut cler-
gé du bas clergé. Ce dernier rassemble les curés, les prêtres,
138
les vicaires des paroisses, alors que le haut clergé est consti-
tué d’archevêques, d’évêques, d’abbés et de chanoines qui
se consacrent à la gestion de diocèses et d’abbayes. Ces
derniers ont donc bien plus de pouvoir. La limite est très
clairement définie entre le haut et le bas clergé.
Le haut clergé est un prolongement de la noblesse.
En effet, depuis le Concordat de Bologne de 1516, le roi
nomme les évêques, ce qui est une exception française. La
couronne choisit bien sûr dans sa noblesse (de Rohan, de
la Rochefoucauld, de Talleyrand...). Ainsi, le sommet de
l’État est toujours composé des mêmes personnes qui choi-
sissent elles-mêmes leurs successeurs. C’est donc une so-
ciété dont les rôles sont très figés. Le haut clergé ne forme
qu’une petite partie de l’ordre religieux. Souvent issu des
rangs de la noblesse, il réside en ville, parfois à Versailles,
et fréquente les princes et le roi dont il copie le train de vie.
Le bas clergé et issu de la petite bourgeoisie rurale ou
citadine, et critique le train de vie des hauts prélats étant
donné que ses revenus sont très modestes.
Fonctionnement interne
L’Église a son propre fonctionnement, loin de la vie
civile. Elle règle ses problèmes en interne et n’en répond
devant personne. Le clergé tient des assemblées générales
et dispose de ses propres tribunaux, les officialités, pour
juger ses membres.
Les curés sont désignés par un collateur, le fondateur
de la paroisse ou son successeur. Ils disposent d’une portion
congrue de la dîme mais sont en général à l’abri du besoin.
Avant le Concile de Trente, en 1542, les curés des paroisses
étaient fortement critiqués du fait qu’ils ne connaissaient
pas la Bible qu’ils étaient censés enseigner aux croyants.
En fait, beaucoup étaient illettrés et répétaient jour après
jour les mêmes sermons. La réforme de 1542 permit d’amé-
liorer les choses : ils furent alors astreints à résider dans
leur paroisse et devinrent mieux formés ; il y a maintenant
un séminaire dans chaque évêché. La formation est donc
très variable d’un diocèse à l’autre.
La France est découpée en 140 diocèses de tailles va-
riées. Ils sont plus nombreux dans le Midi où certains sièges
épiscopaux ne sont que de gros bourgs. De façon moins ré-
pandue qu’en Allemagne, on trouve également des prélats
qui sont des seigneurs temporels : par exemple l’évêque de
Mende est Comte du Gévaudan.
Jansénisme
Le jansénisme est un mouvement religieux du XVIIème
siècle. Il naît dans les années 1640, quand l’évêque d’Ypres,
Cornelius Jansen, développe ses idées sur la grâce divine.
Ses théories sont condamnées par le pape en 1642.
En substance, les jansénistes s’opposent à l’Église
traditionnelle. Pour les Jésuites, le chrétien doit conquérir
son salut en priant, en avouant ses pêchés, mais surtout en
rendant grâce à Dieu, en payant des messes pour ses morts,
en payant des indulgences pour que son âme ou celle de ses
proches ne reste pas trop longtemps au purgatoire...
Pour les Jansénistes, le salut de l’Homme passe par
la volonté d’un Dieu souverain qu’on ne peut affecter par
des prières ou de vaines tentatives. Toutes les entreprises
humaines pour conquérir le salut divin ne seraient que
«  divertissement  », pour reprendre l’expression de Blaise
Pascal. Ainsi, selon cette doctrine, le chrétien doit suivre
une morale très stricte, contempler l’œuvre de Dieu dans
toute son humilité et se mortifier encore et toujours.
Les jansénistes ont pour but de pratiquer le catho-
licisme comme saint Augustin, de la façon la plus pure.
Ils s’appellent eux-mêmes simplement catholiques, ou à la
rigueur augustiniens. Ce sont leurs opposants qui les ap-
pellent jansénistes avec mépris.
Les jansénistes ont tendance à s’isoler du monde
pour éviter les tentations et rester dans un monde pur,
entourés d’élus qui, comme eux, ont décidé de se consacrer
à une morale parfaite.
Cette nouvelle théorie menace l’Église sur le plan spi-
rituel avec une vue différente du monde, mais aussi sur le
plan financier, puisqu’il n’est plus obligatoire de donner
des biens à l’Église pour son salut.
Le pouvoir royal lui-même finira par condamner les
thèses de Jansen en 1655 avant de faire la chasse aux pra-
tiquants, dont beaucoup d’anciens frondeurs comme no-
tamment le cardinal de Retz et la duchesse de Longueville.
Protestantisme au XVIIème en France
Les guerres de religion se sont peu à peu éteintes en
France durant le XVIIème siècle, comme un peu partout en
Europe. La question protestante reste toutefois probléma-
tique tout au long du siècle.
En 1598, Henri IV ratifie l’édit de pacification de
Nantes. En 1685, Louis XIV détruit l’œuvre pacificatrice
de son grand-père en signant l’édit de Fontainebleau.
L’édit de Nantes ne donnait pas, comme on le croit
souvent, une liberté totale aux protestants. En réalité, il
leur donnait cette liberté seulement dans certains endroits
du royaume. Environ 150 lieux de sûreté leur étaient accor-
dés, et il leur fallait encore verser à l’État des indemnités
annuelles.
Durant ces 87 années, les protestants ont eu le droit
de pratiquer leur culte, bien qu’ils ont toujours été com-
battus. De fait, comme le roi est censé assurer leur protec-
tion, Richelieu demande aux villes protestantes de raser
leur murailles, théoriquement devenues inutiles. En réalité,
sans lesdites murailles, il sera bien plus facile pour l’armée
royale d’empêcher toutes les rébellions huguenotes. Les
protestants sont ainsi désarmés. Certaines villes (comme
La Rochelle en 1628) refusent d’obtempérer, ayant bien
compris la menace. S’ensuivent alors plusieurs affronte-
ments.
La liberté de culte des Protestants est maintenant
liée à la volonté du roi. Tant que ce dernier protège le trai-
té, les huguenots pourront continuer de vivre en paix. Ain-
si, beaucoup de protestants s’engagent dans l’armée royale
et servent loyalement pendant des années.
Tout ceci est remis en cause par Louis XIV qui va
devenir de plus en plus dévôt au cours de son règne. À
partir de 1660 se mettent en place les « dragonnades ». Il
s’agit d’un procédé répressif organisé depuis le plus haut
sommet de l’État. Les familles protestantes doivent loger à
leurs frais des dragons, c’est-à-dire des soldats de l’armée.
Ces derniers n’hésitent pas à violenter les familles, à les
harceler. Beaucoup de Protestants décident alors de cacher
leur foi afin de ne plus subir un tel traitement.
Mais en 1685, l’édit de Nantes est révoqué. Louis
XIV se veut alors le champion incontesté du catholicisme
et veut éradiquer définitivement les Protestants de son
royaume. Le Pape remerciera le roi pour cela. Les histo-
riens sont beaucoup plus critiques. Selon les sources, on
estime qu’entre 200 000 à 300 000 huguenots ont quitté le
pays. Il s’agissait de soldats expérimentés, d’artisans, de
commerçants, de banquiers ( beaucoup de banquiers lyon-
nais ont élu domicile à Genève). Vauban, alors Maréchal
de France, est un des rares à critiquer ouvertement cette
mesure qui va faire grossir les armées ennemies et ralentir
l’économie du pays.
Le costume
Généralités
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
L’habit, la parure comme les souliers, est d’une im-
portance majeure tout au long du XVIIème siècle. C’est tout
d’abord un moyen pour marquer la séparation des classes
sociales. Le costume des nobles se doit d’être supérieur à
celui de la bourgeoisie qui doit être plus beau que celui des
roturiers. Mais la réalité est différente. Les nobles et les
plus riches bourgeois rivalisent pour avoir les plus beaux
habits. La limite entre ces classes sociales devient floue. De
plus le costume, et surtout le costume masculin, va évoluer
tout au long du siècle.
Au début du siècle, c’est encore la mode espagnole
qui domine en Europe. Pour contrer la réforme, le costume
d’alors se veut simple et sobre. Le noir et le blanc sont les
couleurs prédominantes, la dentelle est tolérée au niveau
du col et des manches mais c’est tout.
Peu à peu, ce sont la France et les Pays-Bas qui vont
donner leur vision de la mode dans ce siècle. En s’imposant
politiquement et militairement, la mode de ces deux pays
va aussi s’étendre.
Le costume masculin
Le roturier porte des habits simples et robustes qu’il
répare lui-même pour les faire durer. Le tissu est de qualité
médiocre. Le roturier porte les mêmes vêtements durant
plusieurs mois.
Le gentilhomme et le bourgeois peuvent s’offrir de
plus beaux costumes. Au niveau du torse, l’homme du siècle
porte une chemise, par-dessus laquelle s’enfile un pourpo-
int. Le pourpoint est une sorte de surchemise qui descend
en-dessous de la ceinture et comporte des manches. En
fonction de la mode du siècle, elle sera plus ou moins ou-
verte au milieu pour laisser voir la chemise. Au niveau du
col, le pourpoint remonte pour se finir avec des dentelles.
Là aussi, en fonction de la mode, les dentelles sont mon-
tantes vers la tête ou rabattues. Les manches sont souvent
couvertes de boutons finement ouvragés ou bien dotées de
dentelles. Les plus riches rajoutent encore des dorures.
Une ceinture vient rehausser les couleurs du pourpo-
int ou le mettre en valeur. Il est aussi courant de porter une
écharpe à la banderole, en diagonale sur le torse. Les plus
riches arborent une écharpe en soie. Les gants sont aussi
très raffinés, les plus pauvres les font en cuir de chèvre,
les plus riches en daim avec des boutons. En-dessous de
la ceinture, l’homme porte des hauts-de-chausse puis, sous
Louis XIV, un pantalon. La largeur du pantalon va varier
au cours du siècle, passant de très large à très serré. Quand
on doit sortir dans la rue, il est de coutume de mettre des
bottes qui montent au niveau des genoux. En revanche,
chez soi, le gentilhomme porte des souliers avec de petits
talons, ornés de rubans ou d’imposants boutons. Mais en-
139
 core une fois, les plus pauvres, eux, n’ont que des sabots de
bois, voire se déplacent pieds-nus.
Enfin, il est usuel de porter par-dessus tout cela un
manteau ou une cape. La façon de porter la cape peut va-
rier pour l’époque (sur une épaule, en l’enroulant...). Mais
son utilité première est de protéger de la crasse dans les
rues ainsi que des courants d’air et des intempéries.
Le chapeau est aussi indispensable pour les gentils-
hommes. En effet, les critères de beauté de l’époque font
état d’une peau très blanche, presque translucide. Ainsi,
pour se protéger du soleil, les hommes portent un chapeau,
souvent de feutre et orné de plumes. Il peut arriver qu’ils
portent un masque quand ils vont au théâtre ou à certaines
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
réceptions mondaines.
Enfin, la mode de l’époque s’attaque aussi à la pilo-
sité. Les cheveux pour les gentilshommes se doivent d’être
portés longs et bouclés. Les perruquiers commencent à voir
le jour vers 1650 mais s’adressent seulement au début aux
hommes qui ne peuvent avoir de longs cheveux. La barbe
est toujours portée ou presque. Elle se doit d’être bien
taillée, tout comme la moustache, fine et élégante. Cela
dit, après 1660, la barbe comme la moustache ne sont plus
à la mode.
Si Louis XIII essayera de limiter le faste et le goût
du luxe de ses courtisans (dorures et argent brodés sur les
vêtements), ce n’est pas le cas de Louis XIV qui imposera
un code vestimentaire très strict. En 1648, époque de la
Fronde, la mode est au baroque. Tout est très excentrique,
les coupes de cheveux comme les parures ou les accessoires.
Les rubans sont nombreux, les boutons dorés également.
Mais ces modes vestimentaires ne concernent que la no-
blesse, la noblesse de cour et ceux qui veulent se faire bien
voir.
Albert Kretschmer - France 1600-1670 (1882)
Die Trachten der Völker
140
Le costume féminin
La mode féminine suit la même évolution que la
mode masculine. Mais elle évoluera très peu tout au long
du siècle. La femme de l’époque porte des hauts-de-chausse
ainsi qu’une robe ou une jupe en fonction de son extrac-
tion sociale. Les robes font voir un large décolleté qui peut
aller jusqu’aux épaules. Les couleurs peuvent être sobres
et unies ou au contraires très tape-à-l’œil en fonction de
la dame. Les précieuses, les dames françaises les plus culti-
vées, feront beaucoup d’essais vestimentaires très colorés et
exubérants, à l’opposé des dames espagnoles qui s’habillent
toujours très sobrement de noir.
Parmi les accessoires féminins à la mode durant le
siècle, on retrouve les masques, les voiles et les chapeaux
pour des raisons de beauté comme mentionné précédem-
ment. Mais il y a aussi les éventails et les mouches. Les
mouches sont de faux grains de beauté que les femmes
posent sur certaines parties de leur visage. En fonction
de leur position, elles peuvent avoir une signification diffé-
rente. Posées près de l’œil, on parle de femme passionnée,
près de la joue, on dit qu’elle est galante, ou encore près
de la poitrine on parle de femme généreuse. Le même code
existe avec l’éventail. En fonction de la façon dont il est
tenu par la dame, il signifie quelque chose. Il permet aux
dames de communiquer avec leurs amants en pleine récep-
tion ou au théâtre par un subtil langage des signes.
Armement et combat
Albert Kretschmer - Allemagne XVIIème (1882)
Die Trachten der Völker

Rembrandt - La ronde de nuit (1642)
Rijksmuseum, Amsterdam
Évolution technologique
La guerre, l’armement et la façon de combattre ont
beaucoup évolué depuis la fin du Moyen Âge au XVème
siècle. L’arrivée de la poudre à canon a considérablement
changé les armées et les soldats. À cause des canons, les
vieilles forteresses du XIVème siècle avec leur hauts rem-
parts sont complètement dépassées. Au lieu de construire
haut, on préfère construire des murs larges, épais et ro-
bustes, pour résister aux canons qui ne cessent de s’amé-
liorer. C’est ainsi que les forts du XVIIème sont construits
avec des formes en étoile, avec des murs épais dotés de
canons. L’architecte militaire de Vauban perfectionnera ces
constructions à la fin du XVIIème.
La poudre a aussi apporté les armes à feu, arque-
buses, mousquets, pistolets et carabines. Sur les champs de
bataille, ces armes se révèlent d’une redoutable efficacité.
Dans un premier temps aussi rapides à recharger qu’une
arbalète, mais avec une portée plus grande et un pouvoir
destructeur plus important, les arquebuses sont installées
aux côtés des piquiers dans les batailles. C’est le fameux
Tierco Castillan utilisé au cours du XVIIème siècle. Les pi-
quiers doivent protéger les arquebusiers pendant qu’ils re-
chargent, tout en repoussant les charges de cavalerie. Les
cavaliers de leur côté évitent alors de charger au milieu
des troupes ennemies, cela équivaudrait à s’empaler sur les
piques. La cavalerie de l’époque préfère foncer à l’assaut,
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
décharger des pistolets, puis repartir aussi vite que possible
pour éviter les coups et les balles des arquebuses. Le fu-
rieux combat au corps à corps n’est plus l’option privilégiée
par les cavaliers. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus de
corps à corps, loin de là.
Il n’y a donc presque plus sur le champs de bataille
du XVIIème de combattants à pied armés d’une épée et d’un
bouclier avec une cotte de maille pour protection. Piquiers,
arquebusiers et cavaleries prédominent. Cependant, cela
n’empêche pas chaque soldat d’être équipé d’une épée large
pour les pugilats sauvages. Les corps à corps restent nom-
breux durant les batailles. Ceci arrive notamment quand
la pluie se met à tomber, rendant les armes à feu inutiles,
ou quand les piquiers rompent leur formation. Les batailles
de l’époque durent rarement des jours entiers, les combat-
tants étant très vite fatigués par les piques de cinq mètres
de long, les cuirasses et les longs mousquets de dix kilos.
La plupart des batailles sont finies en deux ou trois heures.
La prise des positions surélevées, des canons ennemis, ainsi
que la capture des généraux restent la priorité.
Comme on peut le voir, sur le champs de bataille
du XVIIème siècle, il n’y a que peu de place pour les duels
à la rapière. Et c’est bien normal car la rapière n’est pas
une arme de guerre. À l’époque, chaque arme est pensée et
construite pour une utilisation bien particulière : la pique
pour repousser les cavaliers, le mousquet pour tirer en
salve, le pistolet pour tirer à bout portant, le sabre pour
141
 les cavaliers qui donnent de grands coups tranchants. La
rapière et l’épée de duel sont des armes d’estoc qui ont été
développées pour le combat sans armure, le combat de rue.
Rapière, arme de ville et maître
d’armes
Pendant les guerres d’Italie, puis la guerre de 80 ans
dans les Provinces-Unies, les guerres de religion en France,
la guerre de Trente ans, ou la guerre civile de La Fronde,
il y eut énormément de combats dans les villes, des em-
buscades, des tentatives d’assassinat, des rébellions, des
barricades tenues par des civils et des miliciens. La ville est
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
un endroit dangereux à l’époque, les civils avaient besoin
d’armes pour se battre.
Contrairement aux hallebardes et pertuisanes ou
piques de fantassin, la rapière est assez courte pour pas-
ser dans les petites rues médiévales très étroites. Elle est
aussi assez longue pour qu’un combattant inexpérimenté
tienne éloigné un adversaire armé seulement d’une dague,
ses coups d’estoc peuvent être mortels. La pointe pénétrant
de quelques centimètres dans le corps peut toucher un or-
gane et provoquer la mort par hémorragie dans les minutes
qui suivent. Elle se révèle en revanche très faible contre les
armures lourdes, la lame pénétrant difficilement. La rapière
et l’épée de duel sont donc peu utilisées à la guerre mais
très courantes dans les villes et les bourgs. C’est l’arme de
défense de prédilection pour tous ceux qui peuvent s’en
payer une, les autres se rabattent sur des dagues, plus fa-
ciles à dissimuler.
On en arrive ici à un autre point important. Il ne
faut pas croire que seuls les nobles ont le droit de por-
ter l’épée. C’est faux. Marchands, bourgeois, artisans mais
aussi mercenaires et nobles de cour ou d’épée, tous ont
le droit de porter une lame. Et ils ne s’en privent pas. À
la cour, ou chez des invités, il est tout à fait acceptable
d’avoir une rapière à sa ceinture, alors que venir en armure
avec une cuirasse et une grande épée à deux mains serait
vu comme agressif et injurieux. La rapière et l’épée de duel
sont des armes fines et discrètes, quelquefois décorées, qui
conviennent à tous les lieux de la vie en communauté.
Porter une lame c’est très bien, mais savoir s’en ser-
vir c’est beaucoup mieux. Les soldats et les mercenaires
ont toujours eu de tout temps une formation aux armes.
Mais les civils s’y mettent aussi à partir du XVIème siècle.
Les écoles d’escrime françaises, ou Académie des Maistres
en faits d’armes de l’Académie du Roy, voient officielle-
ment le jour en décembre 1567. À partir de cette date, les
maîtres d’armes sont officiellement reconnus comme pra-
tiquant un métier, règlementé et soutenu par le pouvoir
royal. Les maîtres d’armes sont des roturiers. Si l’Histoire
compte beaucoup de nobles comme escrimeurs émérites,
les maîtres d’armes sont surtout des anciens soldats qui
se sont reconvertis. Ils enseignent l’art de se battre aux
nobles mais aussi aux roturiers, marchands, étudiants et
bourgeois. L’enseignement de l’escrime est ouvert à tous.
L’escrime n’est pas considérée comme un sport à l’époque.
Les gens viennent apprendre à se battre, à défendre leur
peau et à tuer.
Les élèves apprennent à se mettre en garde, à se dé-
placer de façon adéquate, ainsi qu’à manier l’arme avec des
mouvements fluides et précis. On apprend aussi à utiliser la
main non armée, l’épaule et les coups de pied pour désta-
biliser l’adversaire, le faire tomber ou saisir son arme. Ces
coups sont très courants, même pour les duels de nobles.
L’escrime d’alors est bien plus qu’une suite de pe-
tits trucs ou même de techniques avancées. Il s’agit d’un
142
art qui a été théorisé par des maîtres sur de nombreuses
années. Tout au long du XVIème et XVIIème, il est possible
de trouver des livres décrivant l’art de l’escrime avec beau-
coup d’illustrations.
Enfin, les duels d’honneur ont aussi une image défor-
mée aujourd’hui. Les nobles sont ceux qui attachent le plus
d’importance à leur honneur. Ce sont donc les premiers
à en découdre par des duels, s’arrêtant au premier ou au
deuxième sang (blessures). Les duels sont rarement à mort.
Mais les jeunes roturiers, pour la plupart issu de la bour-
geoisie, s’affrontent aussi dans des duels d’honneur à l’oc-
casion. L’Histoire apporte même des exemples de jeunes
femmes de l’aristocratie qui prennent des champions pour
défendre leur honneur. Il s’agit cependant de femmes de
très haut rang.
XVII : au fil de l’âme se concentre surtout sur des es-
carmouches, des petits combats de rue ou des embuscades
dans les champs. Le système et l’univers de jeu ne mettent
donc pas en avant les grandes batailles de l’époque.
La nouvelle
administration
«extraordinaire»
Administration fiscale et justice
Sous l’ancien régime, la justice et la fiscalité sont
liées car elles dépendent dans les provinces traditionnelle-
ment des Officiers de justice.
On peut dénoter trois rangs d’Officiers de justice :
l’élu, le receveur, et le trésorier des finances.
Le premier, l’élu, est chargé de récolter les taxes, la
taille, dans les paroisses qui lui sont désignées par le re-
ceveur. L’élu devait aussi rendre justice pour les petites
affaires criminelles dont le montant ne dépassait pas 30
Livres.
Le supérieur de l’élu est donc le receveur. Ce dernier
tient les registres des différentes taxes payées par chaque
chef de foyer ou par chaque paroisse. La façon de calculer
l’impôt varie d’une région à l’autre.
Puis au sommet de cette hiérarchie traditionnelle de
l’impôt se trouve le trésorier des finances dont les pou-
voirs s’étendent à toute une «  généralité  ». Les généra-
lités sont des zones administratives du territoire. Les
trésoriers étaient basés à Caen, Nantes, Riom, Alençon,
Rouen, Paris, Amiens, Soisson, Limoges, Lyon, Grenoble,
Aix, Montpellier, Toulouse, Montauban, Bordeaux, Dijon,
Reims, Bourges, Moulin, La Rochelle et Poitiers. Après les
guerres victorieuses contre l’Espagne, d’autres généralités
sont créées à Perpignan, Besançon, Metz, Strasboug, Lille
et Valenciennes.
Le trésorier devait s’assurer de la répartition de la
taille, afin que les taxes ne pèsent pas trop sur les paroisses
les plus pauvres. Il doit aussi superviser les comptes des
receveurs.
À partir de 1604, tous ces titres d’officiers sont héré-
ditaires (moyennant une taxe annuelle prélevée par le roi).
Les trésoriers font partis de la noblesse de robe.

Johannes Lingelbach - De Dam et le nouvel hôtel de ville en construction (1656)
Amsterdam museum, Amsterdam
Dans les faits cependant, ce système montre des in-
suffisances. La corruption est abondante. Les trésoriers
sont influencés par les bourgmestres afin de ne pas trop
charger d’impôts leur ville. Et il peut arriver que le tréso-
rier soit lui-même un des dirigeants de la cité. La charge
étant à vie et héréditaire, il n’y a que peu de moyens de ré-
voquer un mauvais officier, sauf si ce dernier fait scandale.
De même au plus bas échelon, les receveurs et les élus
ne sont pas toujours pressés de faire payer les taxes. Ainsi,
en 1643, la généralité de Bourges présente 2,2 millions de
Livres de retard de paiement. Une fortune. Mais cela est
relativement courant et peu de généralités sont à jour dans
leurs comptes.
À partir de 1634, la couronne de France se prépare à
entrer en guerre contre l’Espagne. Il va falloir donc beau-
coup d’argent et une façon d’en obtenir est d’augmenter
les taxes tout en rendant le système d’officiers des finances
plus efficace.
Pour cela, Richelieu, puis Mazarin, mettent en place
le système de l’intendance : des intendants nommés sur
chaque généralité, directement envoyés par le pouvoir royal
pour superviser la répartition de l’impôt et diriger les cours
de justice inférieures. Mais ce système ne supprimait pas
l’ancien, il s’y superposait. Deux administrations fonction-
naient en même temps sur le même sujet. Les intendants,
et leur assistant maître des requêtes devaient donc sur-
veiller le travail de toute la noblesse de robe, une élite qui
avait l’habitude de ne rendre de comptes à personne, si ce
n’est au roi. Inutile de dire qu’il y eut des tensions et que
le système n’était pas toujours efficace. Les intendants et
les maîtres des requêtes n’étaient pas assez nombreux et
devaient donc s’assurer la coopération des officiers des fi-
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
nances qui bien souvent tentaient de continuer leur métier
comme avant.
Le temps passant, les pouvoirs des intendants se ren-
forcent sur les généralités et les trésoriers ont surtout un
rôle de conseil. Mais les tensions restent vives. D’ailleurs le
renvoi des intendants est une des demandes du parlement
de Paris lors de la révolte de la Fronde. Tout ce système
«  extraordinaire  », c’est-à-dire qui sort de l’ordinaire et
qui consiste à envoyer des agents du roi surveiller les offi-
ciers, est très décrié et considéré comme anormal car non
conforme à la « tradition », tradition qui fait office de loi.
L’administration militaire
L’armée fait traditionnellement partie du domaine
des nobles, la noblesse d’épée cette fois, qui gère l’appro-
visionnement des troupes, leur nombre, leur matériel, leur
nourriture et leur commandement.
Une bonne partie de tout cela va être mis à l’épreuve
par un système encore une fois décrit comme extraordi-
naire.
Comme disait Richelieu « Il se trouve dans l’Histoire
beaucoup plus d’armées péries par faute de manque de
pain et de police, que par l’effort des armes ennemies. »
Traditionnellement, dans chaque généralité se trouve
un gouverneur, un noble d’épée de haute lignée (comme
par exemple les Bourbon-Condé). Au XVIème siècle, les
pouvoirs des gouverneurs étaient tellement grands au sein
de leur généralité qu’on les surnommait les vice-rois. Au
XVIIème ceci n’est plus vrai, mais les gouverneurs gardent
un pouvoir considérable.
Le gouverneur devait assurer le recrutement des sol-
dats, leur approvisionnement en nourriture, en armes et
143
 en munitions. Mais aussi leur assurer un chemin jusqu’à la
ligne de front. Pour cela, le gouverneur passait des contrats
directement avec des armuriers, des fermiers, des mar-
chands de toutes sortes. Ainsi, le gouverneur s’assurait un
grand pouvoir sur toute l’élite de sa région puisque chacun
dépendait de lui pour ses plus grosses affaires.
Chaque Gouverneur peut mener les troupes de sa
région à la guerre ou nommer un responsable. Cependant,
diriger des troupes au combat fait partie de l’héritage de
la noblesse d’épée. Les gouverneurs et les nobles de haute
naissance se battent donc pour avoir l’honneur de diriger
des troupes, même si leurs compétences martiales sont mi-
nables.
Mais tout ceci change avec les intendants. Ces der-
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
niers vont aussi s’emparer d’une bonne partie du travail et
des responsabilités des gouverneurs (en plus de surveiller
les trésoriers).
Grâce aux intendants, chaque groupe de soldats re-
cevait une feuille de route lui indiquant, de l’endroit où
ils avaient été formés, jusqu’à la ligne de front, tous les
endroits où il pourrait trouver des vivres. Dans les terri-
toires frontaliers, les intendants devaient mettre sur pied
des arsenaux, des greniers à blé, des marchés aux chevaux
et des réserves de munitions. Pour cela, ils passaient des
contrats avec nombre de fournisseurs et munitionnaires.
Il s’agissait de bourgeois mais aussi de nobles qui s’enri-
chissaient ainsi à fournir les troupes royales. De fait, avoir
alors un bon contact avec l’intendant pouvait assurer une
fortune. Les intendants parvenaient ainsi à dérober la clien-
tèle des gouverneurs, les affaiblissant.
La hiérarchie de l’armée au XVIIème est très hasar-
deuse et encore bien loin du schéma moderne. On peut
cependant considérer que la hiérarchie de bas en haut est
ainsi : Soldat, Sergent, Lieutenant, Capitaine, Mestre de
camp, Colonel, Lieutenant général, Maréchal de France.
A priori les capitaines et colonels doivent s’assurer
de l’approvisionnement des troupes et armes, ce qui peut
s’avérer aléatoire en temps de guerre, au plus près de la
frontière. Le recrutement fonctionnait sur le système de
l’entreprise. Le roi donnait au chef de troupe (capitaine ou
colonel) une somme d’argent pour faire comme il voulait,
mais il devait présenter dans les temps un certain nombre
de troupes équipées. Des contrôles étaient effectués par des
agents royaux, les commissaires des guerres, qui dépen-
daient, encore une fois, des intendants.
Les différentes charges de colonel, maréchal, et autres
peuvent se vendre. C’est un procédé courant pour les mili-
taires âgés qui veulent s’assurer leur retraite. Pour donner
un ordre de grandeur, une charge de capitaine a une valeur
autour de 5000 Livres, alors qu’une charge de maréchal
atteint 400 000 Livres, et il faut avoir suivi une formation
militaire.
Financièrement, de telles charges sont inintéres-
santes. Très peu de militaires sont arrivés à vraiment ga-
gner de l’argent avec et la plupart en ont perdu. Mais le
titre ainsi obtenu est très prestigieux, c’est pourquoi un
colonel appauvri trouvera toujours preneur pour sa charge.
Les troupes du roi n’excèdent pas les 20 000 hommes.
Il s’agit des troupes de la maison du roi, des mousque-
taires royaux, des hommes qui sont souvent placés auprès
des résidences royales et qui constituent une armée perma-
nente. Or, en temps de guerre, le roi a besoin de beaucoup
plus d’hommes. On estime l’armée royale active pendant la
guerre de Trente ans à 100 000 hommes. Dans les faits, le
roi payait pour 130 000 mais il avait beaucoup moins du
144
fait de la désertion. De plus, pour les contrôles des troupes,
les colonels et capitaines faisaient présenter de faux sol-
dats, des hommes qui partaient immédiatement une fois le
contrôle passé. On recrutait beaucoup en temps de guerre.
Les militaires sont connus pour être très turbulents,
voleurs, et violents. Ils ont tendance à piller les campagnes
où ils stationnent, mais aussi à se battre entre eux. Il re-
vient aux commissaires des armées de rendre la justice et
de combattre les désertions tout comme les mauvais com-
portements. C’est une tâche très difficile car même les gé-
néraux de plus haut rang sont prêts à se battre en duel
pour des questions d’honneur futiles, comme par exemple
savoir à qui revient l’honneur de rentrer en premier dans
une ville conquise. Un colonel qui a le titre de Comte
peut se considérer supérieur dans l’honneur à un Mestre
de camp qui n’est que Vicomte. Là encore, des combats
peuvent éclater pour des questions de partage de butin
ou d’ordre de passage, des choses futiles de nos jours mais
essentielles pour l’époque.
Il faut bien comprendre que la réputation est d’une
importance majeure. Si le Comte se laisse dépasser par un
Vicomte, alors cela signifie qu’il ne mérite pas son titre,
qu’il n’en est pas digne. Ces considérations sur l’honneur
et la réputation ne sont pas seulement l’apanage des mi-
litaires. Un marchand se battra pour ne pas avoir une ré-
putation de voleur, pouvant aller jusqu’au duel pour cela.
Laisser les autres l’insulter c’est comme reconnaître impli-
citement la véracité du propos. L’honneur est majeur dans
toute la société, mais les militaires sont les premiers à tout
résoudre à grands coups d’épée.
Justice
Les cours de justice
La justice et la législation sont liées sous l’ancien ré-
gime. Pour bien comprendre comment tout ceci fonctionne,
il faut repartir du Moyen Âge.
À la fin du Moyen Âge, au XVème siècle, on diffé-
renciait les crimes selon leur gravité. Pour les délits les
plus bénins le juge, alors le seigneur des terres ou son re-
présentant, essayait de trouver un arrangement entre les
parties présentes. La théorie privilégiait un arrangement
à l’amiable afin de protéger le plus faible. Les dédomma-
gements en monnaie sonnante et trébuchante étaient cou-
rants. C’est ce qui a été appelé la basse cour de justice.
Pour les crimes plus graves, quand une condamna-
tion à mort était envisagée, c’était la haute cour de justice
qui intervenait. Les accusations de possession, d’hérésie et
de sorcellerie ou encore de pacte avec le malin dépendent
généralement de la haute cour de justice. Elle était tenue
par des officiers royaux, des hommes nommés et choisis
par le roi. Ils sont peu nombreux et surveillés pour ne pas
qu’ils soient achetés. En plus des crimes graves, les officiers
royaux peuvent juger en appel les délits de la basse cour de
justice. On voit donc qu’il existe déjà deux cours de justice.
À cela, il faut en ajouter une troisième : la justice
ecclésiastique. Cette dernière ne juge que les affaires liées à
la foi, ou les délits entre religieux. Les jugements de la cour
ecclésiastique, en France, peuvent être revus en appel par
les officiers royaux de la haute cour de justice.
Enfin, au-dessus de toutes ces cours de justice di-
verses, se trouvent les 13 parlements du royaume de France.
Chaque parlement peut juger en appel n’importe quelle af-
faire de sa juridiction. Ce sont des cours souveraines, c’est-
à-dire que leurs décisions sont sans appel. Le parlement de
Paris est le plus important de tous, ayant autorité sur plus
d’un sixième du territoire. De plus, c’est au parlement de
Paris que sont jugés le cas échéant les vassaux du roi de
France. Et à partir du XVIIème, c’est le parlement de Paris
qui applique et valide les nouvelles lois du royaume.
Tous les magistrats des parlements ainsi que les of-
ficiers royaux sont des nobles. C’est la noblesse de robe,
méprisée par la vieille noblesse d’épée.
Et encore au-dessus de tout ceci se trouve le roi. Ce
dernier peut gracier qui il désire par une simple lettre.
Au final, ce qu’il faut retenir, c’est qu’en fonction de
la classe sociale des accusés (tiers-État, noblesse ou clergé),
et des délits envisagés, ce ne sont pas les mêmes cours de
justice qui vont intervenir et donc pas les mêmes personnes.
Les Lois
Mais sur quelles lois se basent les juges ? La question
n’est pas simple car il n’existe alors pas de code de lois.
En premier lieu, le juge se base sur la coutume, c’est-à-
dire sur les lois orales et informelles qui existent depuis le
Moyen Âge. Ces dernières sont très efficaces dans les cam-
pagnes pour les délits de la basse cour de justice. Ensuite,
le juge va se baser sur la jurisprudence, c’est-à-dire sur les
sentences qui ont déjà été rendues pour des problèmes si-
milaires. Il s’agit donc à première vue d’un système simple
et efficace qui a montré ses preuves durant le Moyen Âge.
Seulement, les coutumes ne sont pas les mêmes d’une
région à l’autre de la France et donc le droit change, d’une
vallée à l’autre. La loi n’est pas uniforme. Des tentatives
pour l’unifier ont été réalisées au XVIème siècle mais les
juges locaux continuent d’appliquer les vieilles coutumes en
priorité. Au final, les lois uniformisées, prônées par Paris et
le roi, ne sont utilisées que petit à petit pour combler les
vides juridiques auxquels ne répondent pas les coutumes
locales.
Les lois utilisées par les officiers royaux et les parle-
ments sont uniformes, s’accordant toutes sur le parlement
de Paris. Ce dernier montre la voie à suivre et contribue à
centraliser et unifier le pays.
Les lois, les droits et les devoirs ne sont pas les mêmes
selon que les personnes sont nobles, hommes d’Église ou
encore roturiers. Elles sont aussi différentes en fonction de
la religion, les non-catholiques n’ayant pour ainsi dire au-
cun droit.
Les enquêtes
À partir du XVIIème siècle, le pouvoir royal demande
qu’il y ait enquête avant que le juge ne rende son juge-
ment, ce qui n’était pas le cas au Moyen Âge. Le juge de
campagne d’alors ne rendait son verdict qu’en s’appuyant
sur son bon sens, et la corruption était possible, elle n’a
d’ailleurs toujours pas disparu au XVIIème siècle. En s’inspi-
rant des méthodes de l’Inquisition, le prévôt chargé de l’en-
quête, ou un de ses lieutenants, va chercher des preuves.
On questionne les témoins et suspects et parfois on tor-
ture, seulement si c’est nécessaire et pour les crimes crapu-
leux de meurtre, inceste, sorcellerie et parjure. L’enquête
consiste surtout à récupérer des témoignages et à récupérer
des preuves quand c’est possible. Ceci, c’est la théorie des
livres de juristes de ce siècle.
En pratique, les choses restent encore bien comme
au Moyen Âge. Les témoignage sont flous et les accusa-
tions sur les Protestant, les Juifs et les malades mentaux
sont nombreuses et bien accueillies par les enquêteurs en
règle générale. Les preuves sont difficiles à obtenir : on ne
recueille pas d’empreintes génétiques, on n’analyse pas les
traces de pas dans la boue, et une serrure forcée ne révèle
que peu d’informations. La meilleure façon de se protéger
à un procès reste donc le témoignage d’une personne de
bonne réputation, de préférence noble. La réputation est
d’une importance majeure à cette époque. On suppose que
quelqu’un de bonne réputation ne peut pas mentir à la
justice.
En bref, le système juridique moderne, à base de
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
preuves fiables, commence à se mettre en place. Cepen-
dant, pour les crimes graves, des aveux obtenus sous la
torture sont tout à fait recevables.
Milices, guets et maréchaussées
Le terme de policier n’existe pas au XVIIème siècle.
Mais cela n’empêche pas des gens de s’occuper du main-
tien de l’ordre. Dans les villages, ce sont les hommes du
seigneur local ou les gens eux-mêmes qui s’organisent en
police. Dans les villes, les choses sont plus compliquées.
La ville emploie des hommes toute l’année, des
hommes du guet. À Paris notamment, c’est le prévôt qui
dirige le guet, le même homme qui est déjà responsable
de la haute cour de justice. Le guet et le prévôt ont donc
à charge de garder les portes de la ville, les prisons, ainsi
que d’assurer le maintien de l’ordre. En pratique, dans les
grandes villes comme Paris, les grands axes et les grands
boulevards sont bien surveillés mais certains quartiers sont
totalement délaissés. Le guet travaille même la nuit, bien
qu’en effectif réduit. Le prévôt de Paris, qui a donc beau-
coup de pouvoir, est nommé directement par le roi.
De temps à autre, en fonction des troubles du
royaume, les milices bourgeoises viennent prêter main forte
au guet. Les milices sont des conscrits ou des volontaires
commandés par des bourgeois de la cité. Ils sont très bien
armés et servent surtout durant les guerre et les émeutes.
Leur formation militaire laisse cependant à désirer et au-
cune milice ne peut se battre contre un vrai régiment de
soldats. Les milices bourgeoises sont un reste des privilèges
des villes du Moyen Âge. À Paris encore une fois, c’est
le prévôt qui commande les milices bourgeoises, mais ceci
n’empêche pas son autorité d’être contestée.
Enfin, il existe aussi une police spéciale nommée ma-
réchaussée. De base, il s’agit de chevaliers en armes, des
soldats, qui courent les routes de France pour chasser les
déserteurs des armées royales. Mais ils s’occupent aussi des
délits portant atteinte à la couronne comme le vol de dépôt
d’armes, la fausse monnaie ou les crimes de guerre. Au
XVIIème, la maréchaussée s’occupe aussi du contrôle des
bacs, des routes, des étrangers et des vagabonds. Ce sont
les ancêtres de nos gendarmes.
Les nouvelles lois, les réformes, et
le début des problèmes
Les lois changent peu à cette époque, par rapport
à aujourd’hui. Les réformes se font seulement sous l’im-
pulsion du roi et de son conseil (équivalent du conseil des
ministres actuel). Le roi propose de nouvelles réformes au
parlement de Paris, ou simplement appelé parlement. Ce
dernier a le droit de faire des remontrances au roi pour
145
 qu’il « corrige » la loi. Ceci est une conséquence des vieilles
lois médiévales. Le parlement peut donc bloquer une nou-
velle loi.
Mais il ne peut pas la bloquer éternellement. Le roi
de France est tout-puissant en son royaume. Il est la plus
haute autorité sur sa terre, devant le pape et après Dieu.
Le roi peut décider d’aller lui-même au parlement, qui se
rassemble alors au complet et se pare de ses plus beaux
atours. C’est ce qu’on appelle le lit de justice. Durant un
lit de justice, le parlement ne peut pas parler et se contente
d’écouter la parole du roi. En présence du souverain, le
parlement perd son droit de remontrance et d’obstruction.
Il ne lui reste que le droit de conseiller le monarque avant
que ce dernier ne promulgue définitivement la nouvelle loi.
De fait, personne ne peut s’opposer au roi.
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Certaines charges anoblissantes ne sont accessibles
qu’avec l’accord du Gouverneur de la province, qui peut
ainsi récompenser ses meilleurs hommes.
Au sein de la maison du roi, il existe aussi de nom-
breuses possibilités d’anoblissement. Être au service du
roi accélère indubitablement le processus. Ainsi, l’homme
chargé de changer le pot de chambre du roi devient noble.
Tous les capitaines des mousquetaires royaux le sont égale-
ment, ce qui n’est pas le cas dans l’armée.
Et bien sûr, le roi peut anoblir qui il désire d’une
simple lettre. Elle s’obtient généralement sur service rendu
ou après des dons généreux au royaume (au moins plu-
sieurs centaines de Livres). La lettre d’anoblissement doit
alors être contrôlée par le parlement avant d’être validée.
Pendant le siècle, le nombre de nobles augmente en

Europe, doublant en Angleterre et triplant en France.

Ce système fonctionne très bien, tant qu’il y a un
roi  ! Or, en 1648, peu de temps avant La Fronde, le roi,
Louis Dieudonné, dit Louis XIV, n’a qu’une dizaine d’an-
nées. Il est donc trop jeune pour gouverner. De fait, s’il n’y
pas de roi, le parlement peut faire tout ce qui lui plaît ou
Croyances populaires et
liens avec le surnaturel
presque. Il y a bien la régente, Anne d’Autriche, la mère
du roi, qui est censée diriger le royaume, mais son auto-
rité est contestée. En 1648, le parlement va s’opposer de
tout son poids à Anne d’Autriche ainsi qu’à Mazarin, son
principal ministre. Il est possible que durant la Fronde, cer-
tains parlementaires aient émis le rêve de créer un royaume
nouveau, dirigé par le parlement et non plus par le roi. Un Les personnages de XVII : au fil de l’âme sont des
peu sur le modèle de ce qui se passait à la même époque possédés. Ils sont donc en contact permanent avec le surna-
outre-Manche, le pouvoir royal affaibli pouvait permettre turel, ils le propagent et en sont les bénéficiaires comme les
un changement de régime. Cela dit, la plupart des parle- victimes. Oui, des victimes. Les pertes de contrôle, les fo-
mentaires s’opposaient au pouvoir royal surtout pour pro- lies meurtrières de certains esprits ou de certains possédés
téger leurs privilèges de noblesse, notamment ne pas payer sont à l’origine de toutes les croyances obscures de ce siècle
de taxes. La période trouble de La Fronde aurait pu mettre et des précédents. À cause de leurs agissements inconsidé-
au monde un nouveau régime en France, bien différent de rés, les êtres humains en sont venus à craindre les possédés.
celui de Louis XIV. Si la science progresse sur bien des points contre l’obscu-
rantisme comme le montre le procès de Galilée, presque
Mais dès la fin de La Fronde, après 1652, après que tous les habitants du Grand Siècle croient aux sorcières,
le parlement et les grands du royaume aient enfin été vain- aux loups-garous et aux possédés... et sur ce dernier point
cus, le roi décidera d’enlever son droit de remontrance au ils ont bien raison !
parlement. Ce dernier perd donc le droit de discuter les lois Ainsi, que ce soit une légende parlant d’un géant,
et les réformes du roi. Le parlement ne peut que les accep- d’une grotte où on aurait vu la vierge, de l’attaque d’un
ter. De fait, ceci enlève tout pouvoir au parlement et les loup géant, tout ceci peut être lié aux possédés... ou sortir
postes de magistrats en son sein perdent leur attractivité,
le centre du pouvoir se déplaçant à la cour.

Comment devenir
noble ?
Devenir noble, c’est obtenir un statut à part, ne plus
être touché par l’impôt, ne plus être affecté par les même
lois que les autres. C’est l’objectif de nombreux bourgeois
qui s’enrichissent.
Une famille de bourgeois peut tenter d’atteindre la
noblesse sur plusieurs générations, en vivant noblement,
richement, puis en rachetant un château ou un domaine à
un noble appauvri et en usurper le titre.
Mais il existe aussi de nombreuses charges qui sont
anoblissantes. Les trésoriers des finances deviennent nobles
automatiquement, les membres des différents parlements Jan Luyken
du pays aussi (avocat général du parlement, président du Supplice de Anneken Hendriks, brûlée en 1571 (1685)
parlement...). Collection privée

146
tout droit de l’imagination débridée des locaux. Les possé-
dés vont donc devoir faire attention à ne pas justifier ces
croyances, à ne pas se faire remarquer davantage et de ne
pas propager encore plus la terreur contre ceux qui mani-
pulent des forces occultes.
Quelques vérités sur l’Inquisition
L’Inquisition, avec un grand «I», n’a que peu de
choses à voir historiquement avec la chasse aux sorcières.
L’Inquisition, dirigée par le pape, était destinée à la chasse
aux hérétiques. Elle pourchassait donc les Musulmans, les
Juifs et les Protestants, ainsi que les Catholiques qui ne
sont pas de bons croyants. Mais absolument pas les affaires
surnaturelles ; ni possédés, ni sorciers ou loups-garous. De
façon générale, l’Église essayait plutôt de raisonner les ha-
bitants superstitieux.
Pour les affaires d’hérésie, l’Inquisition réalise une
véritable persécution à partir de 1484 avec le pape Inno-
cent VIII, puis avec la publication du plusieurs manuels de
l’inquisiteur. Ces livres, de véritables best-sellers, servaient
de référence pendant les procès. Ils décrivaient comment
s’occuper des accusés, des suspects, comment interroger
et comment rester le plus pertinent possible dans le ju-
gement. La torture n’y était d’ailleurs pas spécialement
recommandée, car peu fiable. Elle était réservée à quelques
cas délicats, comme par exemple un accusé qui change sou-
vent d’avis, ou si un témoin de bonne réputation contredit
vivement l’accusé.
Grâce à ces manuels, c’est l’Inquisition qui met en
place les procédés inquisitoires qui ont donné le mot en-
quête en français. Notre justice moderne doit beaucoup
dans son fonctionnement à l’Inquisition.
Du coup, qui juge les affaires surnaturelles ? La ré-
ponse est simple, ce sont les basses cours de justice, la
justice laïque. Les juges, les baillis et sénéchaux, sont sou-
vent persuadés de la présence du surnaturel dans le monde.
Ils n’hésitent pas à pratiquer la torture pour obtenir des
aveux. La torture semblait très efficace, les accusés n’hé-
sitant pas à accuser d’autres personnes de leur état. Cela
faisait boule de neige, même si on n’arrivait pas forcément
à des conclusions véridiques.
En revanche, les hautes cours de justice étaient bien
moins crédules. À partir du milieu du XVIIème siècle, in-
fluencés par le roi et des libres penseurs comme par des
théologiens, les parlementaires gracient bien souvent en
appel les personnes reconnues coupables de sorcellerie. On
peut alors considérer que moins de 5 % des personnes accu-
sées d’activités surnaturelles finissent sur le bûcher.
Mais encore fallait-il qu’elles aient l’opportunité de
faire appel ! Bien souvent, la foule en furie tuait, lynchait la
victime, convaincue qu’elle était l’origine de leur malheur.
Il est même arrivé qu’un sénéchal reconnaisse non coupable
un accusé qui sera tout de même lynché par la foule fu-
rieuse à la sortie du procès.
Sorcières et sorciers
On parle ici plus souvent des femmes, des sorcières,
car l’accusation de sorcellerie concernait essentiellement
des femmes (à plus de 80%). Les sorciers étaient rares mais
pas inexistants. Le nombre de procès et de bûchers concer-
nant une accusation pour sorcellerie en Europe est propre-
ment effrayant. Sur toute la France, il ne se passe pas un
mois sans qu’il n’y ait un procès de sorcières, et au moins la
moitié finissent sur le bûcher. La chasse aux sorcières dans
sa plus grande force dure pendant toute la première moitié
du XVIIème siècle. Catholiques comme Protestants brûlent
des sorcières. De façon générale, les bûchers sont moins
nombreux en Italie, là où la volonté de l’Église catholique
est forte. Le pape y fait stopper tout procès de sorcellerie,
car il considère que c’est superstition. La chasse aux sor-
cières est bien plus vivace en France, en Allemagne, aux
Pays-Bas, en Norvège ou en Suède.
Dans un premier temps, vers la fin du XVIème siècle,
les accusations pour sorcellerie se concentrent rapidement
sur des personnes bien précises : des femmes, seules, qui
demandent plus de liberté, notamment sexuelle, et qui
contestent l’autorité de l’homme. Ainsi, la première « sor-
cière » est brûlée en 1310. S’agissait-il d’une possédée dont
l’esprit aspirait à plus de liberté ou d’une mortelle vision-
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
naire ? On ne le saura pas.
Un des premiers livres à décrire les sorcières et expli-
quer comment les reconnaître est le Malleus Maleficarum
(Le marteau des sorcières) qui apparaît en 1484. Ce livre,
rédigé par deux dominicains, décrit les sorcières, leurs ha-
bitudes, leurs pratiques, leurs caractéristiques et comment
les faire parler. Le livre devient très populaire parmi les
tribunaux laïcs car, encore une fois, les tribunaux de l’In-
quisition ne reconnaissent pas la sorcellerie.
Le Malleus Maleficarum présente les sorcières comme
des femmes ayant cédé devant le diable à cause de leur
esprit faible. Elles seraient capables d’illusions leur permet-
tant de faire apparaître des monstres. Mais elles peuvent
aussi voler, provoquer des tempêtes ou détruire les récoltes
avec des rituels macabres. Le manuel précise aussi que l’on
peut se fier à la rumeur publique et aux médisances pour
conduire une femme au procès. Extorsion, confessions et
tortures spécifiques sont décrites par des images. On pré-
conise même de raser entièrement le corps afin de trouver
la Marque du Diable qu’aurait laissé le démon en échange
de ses pouvoirs.
Cette description très précise fait immédiatement
penser aux pouvoirs des possédés ! Ces derniers doivent
donc bien faire attention car certains ont justement des
cicatrices qui apparaissent sur leur corps une fois en pré-
sence ou des marques de naissance qui peuvent être prises
pour des Marques du Diable. De toute évidence, ce manuel
a été écrit par des personnes qui connaissent bien le fonc-
tionnement des esprits et du lien qu’ils entretiennent avec
les mortels. Est-ce un des deux auteurs qui était possédé
? Ou alors les deux dominicains ont-ils eu la chance de
capturer un possédé qui leur a raconté la terrible vérité ?
Tout est possible.
Qui sont les sorcières ?
Comme on l’a dit, les victimes des procès en sor-
cellerie sont majoritairement des femmes. Il s’agit pour
la plupart de personnes sorties des classes populaires, des
roturiers, des personnes seules et vulnérables. Les condam-
nés sont aussi très souvent des Juifs ou des homosexuels,
des marginaux, des personnes sans domicile qui passent
de ville en ville pour chercher du travail. Bref, on confond
allègrement toutes les accusations dans un procès dans
le but d’arriver jusqu’au bûcher. Dans l’affolement, il est
même possible que les enfants des accusés soient exécutés,
et même leurs animaux domestiques.
Les principales victimes étaient des gens du bas
peuple, mais les gens fortunés n’étaient pas à l’abri pour
autant. En effet, il peuvent être la cible de racontars qui
visent à récupérer leur argent, leurs possessions, leur posi-
tion ou leur clientèle. Les biens sont une tentation pour les
accusateurs. C’est aussi pour cela que la réputation est très
importante à cette époque.
147

Et bien entendu, certaines personnes n’hésitent pas à
faire tuer des connaissances ou des proches pour des raisons
pécuniaires. Les juges et les accusateurs se partageaient
souvent les possessions du condamné à mort. Plusieurs
juges considéraient comme acquis le fait que l’accusateur
recevait un tiers des biens du condamné.
Ce qu’on leur reproche
Outre le fait d’être liés au diable, on reproche aux
sorcières et sorciers différentes choses. La première est de
pratiquer une médecine occulte, en utilisant des remèdes
anciens dans des langues oubliées. Les guérisseuses de
villages, les sages-femmes, étaient donc particulièrement
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
visées car leur savoir et leurs pratiques contredisaient la
morale. Mais on leur reproche par-dessus tout de pratiquer
l’avortement. Et les racontars populaires en profitent pour
les diaboliser, évoquant des femmes et des hommes qui ar-
rachent l’enfant des entrailles de la mère pour le donner au
diable ou pour le manger. Dans l’univers de XVII : au fil
de l’âme, il existe en effet quelques esprits particulièrement
cruels qui poussent leur réceptacle à pratiquer ce genre
d’actes barbares.
Une autre accusation revient souvent : l’émancipa-
tion. Les femmes qui demandent trop de pouvoir, qui s’ha-
billent comme des hommes ou qui contestent l’autorité de
leur père ou de leur mari sont punies sévèrement. L’éman-
cipation féminine n’étant pas la priorité des grands pen-
seurs du siècle, les traditions évoluent lentement et même
à la Révolution Française peu de femmes auront des rôles
de premier plan.
Liées à l’émancipation, on retrouve aussi des accu-
sations d’ordre sexuel. Les sorcières et les sorciers sont
accusés non seulement d’avoir une libido insatiable, mais
aussi de pratiquer des positions contre nature. On ne ren-
trera pas dans les détails ici mais la sorcellerie a de tout
temps été associée à la fertilité. Les sorcières étaient ainsi
Allessandro Magnasco - Interrogatoire en prison (c. 1710)
Kunsthistorisches Museum, Vienne
148
accusées d’avoir rendu stériles des champs, des arbres mais
aussi des hommes ou des femmes, par vengeance ou parce
qu’on les avait payées pour cela. L’accusation de fertilité
a un fond de vérité puisque certains esprits pratiquent en
effet un rituel d’infertilité, souvent pour se venger d’une
humiliation.
La dernière accusation, la plus importante pour le
jeu de rôle XVII : au fil de l’âme, c’est la possession. En
effet, c’est au XVIIème qu’apparaît cette nouvelle accusa-
tion. Les sorciers sont accusés de posséder le corps de leurs
victimes en les ensorcelant. C’est encore une fois un moyen
de cumuler les accusations sur une même personne. Depuis
l’affaire de Loudun en 1634 et le bûcher de l’ensorceleur
Urbain Grandier, les cas de possession se multiplient et les
tribunaux reconnaissent ce méfait comme d’origine surna-
turelle. Ce revirement ne fait pas l’affaire des possédés qui
doivent se méfier toujours plus.
De façon générale, les accusations de sorcellerie
étaient extrêmement courantes, on peut dire à la mode,
à la fin du XVIème et au début du XVIIème. Peu à peu, les
choses changent. Les femmes accusées de sorcellerie pré-
tendent être en fait possédées par un homme qui lui-même
est dirigé par le diable. Cette vision du monde paraît tel-
lement logique à l’époque que les procès en sorcellerie fi-
nissent par disparaître peu à peu, remplacés par ceux de
possession.
Lycanthropie
Au cours du XVIIème siècle, l’accusation la plus cou-
rante après celle de sorcellerie est celle de lycanthropie. Les
possédés risquent donc d’être confondus avec des loups-ga-
rous. Dans les légendes populaires de France, les loups-ga-
rous sont des humains qui ont la capacité de se transformer
totalement ou partiellement en loup. On considère qu’ils se
transforment à la nuit tombée ou quand la lune est pleine.
Créatures maléfiques, le folklore leur donne une force in-
croyable associée à une bestialité sauvage. On croit que
l’origine de la lycanthropie est une malédiction de Dieu ou
un signe de possession du Diable. Mais la vérité est autre.
Les possédés sont bien sûr à l’origine de ces légendes.
Leur transformation physique due à la forme véritable de
leur esprit, quand ils rentrent en présence ou quand ils
perdent le contrôle, a donné naissance à ces récits fantas-
tiques. Les capacités de certains possédés à sauter d’arbre
en arbre ou à montrer une résistance hors du commun ont
renforcé ces croyances. Sur ce fond de réalité, les êtres hu-
mains ont inventé d’autres histoires comme la vulnérabilité
des loups-garous à l’argent ou le fait qu’ils transmettent
leur maladie par une morsure, confondant ici le surnaturel
et la maladie de la rage.
La société du XVIIème reconnaît plusieurs remèdes
contre la lycanthropie, mais ils sont violents et souvent
fatals aux « patients ». Certains considèrent d’abord que
l’état de lycanthropie est lié à une malédiction lancée par
un esprit mort qui se rematérialise en loup pour posséder
la victime. Cette explication n’est pas si éloignée de la
vérité. L’esprit est bien sûr considéré comme d’origine dé-
moniaque. Dans le but de purger la personne, différentes
méthodes sont employées. On peut tout d’abord l’épui-
ser par des activités physiques éreintantes. En France, on
considère qu’il suffit de retrouver la peau de loup que l’es-
prit mauvais aurait cachée afin de la brûler. Le lycanthrope
souffrira alors énormément mais, s’il survit, il sera libéré de
sa malédiction. On retrouve aussi de nombreux médecins
qui proposent des remèdes contre la lycanthropie mais ils
ont plus de chance de tuer le « patient » que de le guérir de
quoi que ce soit. Enfin, dans le sud de l’Italie, on prétend
soigner la lycanthropie en gravant au couteau le signe du
Christ sur le front de la victime. Encore une fois, ces mé-
thodes barbares ne servent qu’à calmer le peuple le temps
de se trouver un nouveau bouc-émissaire.
En pratique, ce sont les personnages violents, surtout
les hommes, qui sont accusés de lycanthropie. On consi-
dère souvent que les lycanthropes sont des gens qui ont
volontairement vendu leur âme au diable ou qui sont mau-
dits par Dieu pour avoir accompli une grande offense. Par
conséquent, on ne les épargne pas. Les légendes à ce sujet
sont nombreuses et on peine à démêler le vrai du faux, ce
qui est d’origine vraiment surnaturelle et ce qui ne pro-
vient que de l’esprit fertile des Hommes. Les grands pen-
seurs ont depuis l’antiquité eu des doutes sur ces histoires
d’hommes-bêtes. Pline l’Ancien émettait des doutes sur la
nature surnaturelle de ce phénomène. Plusieurs membre
de l’Église catholique ne voulaient pas reconnaître que le
diable aurait le pouvoir de transformer ainsi l’apparence
d’un homme car c’était lui reconnaître autant de puissance
qu’à Dieu. Est-ce que tous ces êtres humains pensaient
vraiment ce qu’ils disaient ou essayaient-ils juste d’écarter
leurs contemporains de la vérité ? Peut-être Pline l’Ancien
était il lui même un possédé qui tentait de brouiller les
pistes ?
Dans les campagnes, les « attaques » de loups-garous
étaient nombreuses et les procès pour lycanthropie étaient
aussi fréquents que ceux pour sorcellerie. On ne dénombre
pas le nombre de personnes ainsi tuées par la vindicte po-
pulaire. On retrouve là les mêmes terreurs qui poussent les
gens à tuer les sorcières. Les loup-garous avaient le même
traitement. Les croyances sur les hommes-loups qui s’at-
taquent aux animaux comme aux Hommes ont mené les
campagnards aux pires carnages lorsqu’un individu était
reconnu loup-garou. On cherchait des preuves de meurtre
ou de cannibalisme. Le loup reste un animal terrifiant et la
peur enlève toute raison. On peut notamment citer le cas
de la bête de Cinglais (1632), la bête de Touraine (1693),
la bête de Primarette (1747), la bête de l’Auxerrois (1731),
la bête du Lyonnais (1754), la bête de Sarlat (1766) ou
encore la fameuse bête du Gévaudan (1767). Mais toutes
ces affaires n’auraient elles qu’une seule et même origine
? Et si un esprit violent s’était mis à posséder des loups,
guidant des meutes entières pour perpétuer des meurtres
de masse ?
États et Nations
du XVIIème siècle
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Guerres et crises à la fin du Moyen Âge ont donné
à l’Europe un visage qui est déjà celui de la première mo-
dernité. Toute l’Europe de l’ouest est constituée d’États en
formation. Chacun a subi plus ou moins de transformations
au cours du siècle précédent : la montée du capitalisme
commercial des États nationaux, le mouvement de la Ré-
forme et de la Renaissance. Ceci a affecté les routes com-
merciales et les zones d’activité du continent mais aussi les
façons de penser, les mouvements littéraires ou l’architec-
ture. Plus on va vers l’ouest, plus ces transformations sont
sensibles. Les possessions des Habsbourg ont été parmi
les premières à se transformer mais menacent de régresser
alors que les transformations continuent à l’ouest. L’est
est encore immobile mais pour combien de temps encore ?
Avec la mort d’Henri IV en 1610, d’Élisabeth d’An-
gleterre en 1603, de Philipe II d’Espagne en 1598, c’est
toute l’Europe qui possède de nouvelles têtes couronnées,
chacun apportant de nouvelles idées dans leurs gouverne-
ments.
La France
La France étant peu intéressée par les expansions co-
loniales, son territoire d’alors n’était pas plus grand que
celui d’aujourd’hui. Il était même plus restreint avec l’ab-
sence de nombreuses régions du nord (Flandre, Hainaut,
Artois) ou de l’est (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Sa-
voie). Nombre de ces régions vont rejoindre la couronne
durant ce siècle qui voit venir l’âge d’or de la France. Doté
d’un sol et d’un sous-sol riches, le pays a la population la
plus nombreuse et la plus dense de toute l’Europe. Situé
au centre de l’Europe, ses façades maritimes sud et est sont
également développées.
Institutions françaises
Les institutions françaises sont centrées autour de la
personne du roi. Selon la formule élaborée de l’époque :
«  le roi est empereur en son royaume  ». Nul ne peut lui
être supérieur, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur du royaume.
C’est pour cela que le roi s’est longtemps opposé au pape
et que c’est le roi qui nomme les évêques de son royaume.
Autre particularité typique de la France : le roi est réputé
thaumaturge, c’est un guérisseur. Ce caractère surnaturel
de la royauté française est unique en Europe. La succes-
sion est régie par le principe de primogéniture masculine
qui impose le fils aîné ou, à défaut, le parent mâle le plus
proche comme héritier légitime du trône. Les femmes et les
parents par les femmes sont exclus. Ce principe, véritable
constitution datant d’Hugues Capet, est ce qui assure une
grande stabilité au royaume lors des successions. Le pays
évite ainsi sa propre subdivision à chaque succession et du
149
 même coup quelques guerres civiles ou manigances comme
on peut en voir en Espagne ou en Angleterre à la même
époque.
L’entourage du roi est très important. Les grands du
royaume forment un conseil pour aider le roi à gouverner.
Il est assisté de l’amiral et du connétable de France pour
la guerre, alors que le chancelier s’occupe de la justice.
L’administration royale se renforce avec chaque monarque.
Dans les provinces, ce sont des gouverneurs qui sont char-
gés de représenter le roi, ils ont des pouvoirs étendus dans
le domaine militaire. L’administration écrit tous ces textes
en français et non pas en latin, par ordre du roi.
Théoriquement le roi est source de toute justice sur le
royaume, sans exception. Ne pouvant être présent partout,
ce sont des tribunaux qui s’en occupent.
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Henri IV (1598-1610)
L’édit de Nantes ayant permis de stopper les guerres
de religion en France, le règne d’Henri IV s’ouvre sur une
vraie restauration pour la monarchie française. Sans modi-
fier les institutions, le roi gouverne l’État de façon autori-
taire en s’appuyant sur un conseil réduit. Les gouverneurs
des provinces, souvent hostiles à Henri IV du fait de son
passé protestant, sont surveillés par des officiers loyaux et
dévoués qui assurent la mainmise du roi sur son territoire.
Les parlements se soumettent à l’autorité de la couronne
Jean Steen - L’école du village (1670)
Scottish national gallery, Edimbourg
150
sans faire d’histoires. Henri IV s’appuie sur un principal
ministre, Maximilien de Béthune, baron de Rosny, noble
protestant qui deviendra duc de Sully par volonté du roi.
Sully est le principal ministre regroupant sous ses ordres les
finances, l’armée, les fortifications et le réseau routier qu’il
modernisera. Le roi et Sully font également des travaux à
Paris comme le Pont Neuf, la place Royale (actuelle place
des Vosges) ou la place Dauphine.
Les nobles dévots complotent pourtant toujours
contre le roi, le poussant à faire tuer un de ses vieux amis,
le maréchal Biron. Mais le roi, redevenu impopulaire sera
finalement assassiné par un catholique fanatique le 13 juin
1610.
La régence de Marie de Médicis 1610-1624
Louis XIII n’a que 9 ans quand Henri IV meurt,
c’est donc sa mère qui va diriger le pays avec le Conseil
de Régence. Marie de Médicis y fera entrer ses favoris,
dont Richelieu et de nombreux italiens. Elle développe une
politique pro espagnole et pro dévot qui ne plaît pas aux
Français. La gestion des affaires se détériore et les caisses
du royaume se vident pour calmer les grands qui menacent
de se rebeller, ne comprenant pas pourquoi ils sont chassés
du pouvoir par une reine italienne au profit d’étrangers.
Finalement c’est le jeune roi qui s’oppose à sa mère en 1619
(à quelle occasion ?) pour s’affirmer au pouvoir.

Peeter Snayers - Bataille à la Montagne Blanche (1620)
Collection privée
Les troubles qui marquent cette période sont d’ori-
gine protestante. En effet, beaucoup d’Huguenots ont peur
de perdre les bienfaits de l’Édit de Nantes maintenant
qu’Henri IV est mort. En essayant de réhabiliter de force
la religion catholique dans le Sud-Ouest du pays, le pouvoir
royal provoque des rébellions armées en 1617 et en 1621.
La force politique et militaire des Protestants français s’en
trouve réduite.
Louis XIII 1624-1643
Louis XIII sera connu comme étant un grand stra-
tège, un grand chasseur, également musicien et danseur,
mais peu sensible aux belles-lettres.
Son enfance est triste et il bégaie légèrement. Il est
considéré comme solitaire et chaste. De fait le problème de
la succession sera le grand problème de son règne, donnant
lieu à de nombreux complots. Après 22 ans de mariage,
Anne d’Autriche mettra au monde Louis Dieudonné, futur
Louis XIV.
Richelieu sera l’homme fort de Louis XIII, on dira
que c’est lui qui dirige le pays et non le roi. Favori de la
reine mère, il s’éloigne d’elle quand elle tombe en disgrâce
auprès du roi après un énième complot. Richelieu, devenu
cardinal est le principal ministre du royaume en 1629 et
jusqu’à sa mort. Les grands seigneurs et princes de sang,
qui ne comprennent toujours pas pourquoi ils sont écartés
du conseil, menacent le cardinal. Ils complotent et sou-
tiennent Gaston d’Orléans, ennemi de Richelieu, frère du
roi et héritier de la couronne jusqu’à la naissance de Louis
XIV en 1638. Les premiers troubles du règne surviennent
en 1630. Le parti dévot, qui souhaite que la France se rap-
proche de l’Espagne et supporte tout État catholique, re-
çoit le soutien de Marie de Médicis, la mère du roi. Cette
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
dernière, bien qu’affaiblie, a toujours l’oreille du roi. Mais
Richelieu écartera finalement le complot qui le visait. Il a
alors la confiance du roi et commence à peupler l’appareil
d’État de ses parents et clients, donnant des postes de res-
ponsabilité aux membres de sa famille.
La guerre de Trente ans est l’autre grande affaire du
règne de Louis XIII. En cherchant à affaiblir l’Espagne, la
France se place du côté des puissances protestantes dans
cette guerre, en apportant aux princes allemands protes-
tants tout d’abord un soutien financier puis militaire à par-
tir de 1635. Les nouveaux impôts nécessaires à la guerre
provoquent des rébellions. En 1635, les Croquants se sou-
lèvent dans le Sud-Ouest, puis les Va-nu-pieds en 1639
en Normandie, encore des révoltes de Croquants jusqu’en
1642, en 1643, en 1650, ces révoltes paysannes sont nom-
breuses durant le siècle.
Les complots des nobles se succèdent notamment à la
fin du règne avec le soutien extérieur de l’Espagne.
Autre évènement marquant du règne : la rébellion
de La Rochelle. La dernière place forte protestante du
royaume prend les armes en 1626. On évite à cette occa-
sion de très peu une guerre avec l’Angleterre. La Rochelle
prise, c’en est fini de la menace politique protestante dans
le pays. Une amnistie totale sera donnée aux survivants
malgré la pression du camp dévot.
La Régence d’Anne d’Autriche et de Maza-
rin 1643-1661
À la mort de Louis XIII, très malade, Louis XIV est
encore mineur. S’ouvre donc une nouvelle régence. Riche-
lieu disparaissant peu de temps avant son roi, c’est sur son
151
 héritier que s’appuiera Anne d’Autriche : Jules Mazarin.
La reine, d’origine espagnole, fait casser le testament de
son mari qui prévoyait de lui donner des pouvoirs réduits.
Elle refuse de signer la paix avec les Espagnols alors que
le roi d’Espagne est son propre frère et elle s’oppose aux
nobles du pays qui voulaient la paix. La reine montre ainsi
à l’Europe que le royaume est fort. Le duo que sont Anne
d’Autriche et Jules Mazarin dirigera le royaume tout en
formant le jeune roi Louis XIV jusqu’en 1661. La reine a
alors la quarantaine, c’est une femme blonde encore très
belle qui aime la vie de cour et les bijoux mais qui a souf-
fert des humiliations de Louis XIII et de Richelieu. Elle
n’a aucune expérience politique et confie donc les affaires
à Mazarin qui est d’une intelligence redoutable. À la fois
affable et adroit c’est un négociateur hors pair qui cepen-
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
dant n’hésitera pas à s’enrichir en confondant ses comptes
et ceux de l’État. Beaucoup diront que la France est dirigée
par un couple d’amants.
La régence est secouée par la guerre civile de La
Fronde qui durera cinq ans. Il s’agit de la dernière rébel-
lion d’envergure de la noblesse française contre le pouvoir
royal. Le roi Louis XIV sera toute sa vie marqué par les
évènements vécus durant cette période. En 1648, Mazarin
est extrêmement impopulaire à cause des nouvelles taxes
qu’il lève pour la guerre de Trente ans qui n’est toujours
pas finie malgré les victoires françaises. Le parlement pari-
sien constitué de la noblesse de robe se rebelle en premier
contre le pouvoir, bloquant les institutions et s’opposant
aux réformes. L’arrestation de deux membres du parlement
provoque des émeutes dans tout Paris, le peuple s’opposant
lui aussi au cardinal. Ce dernier sera obligé de fuir Paris
avec le jeune roi et la reine mère en 1649 puis de faire ap-
pel à l’armée qui revient de la guerre. Le prince de Condé,
revenant victorieux des Espagnols, aidera à vaincre le par-
lement. Mais en 1649, Mazarin se brouille avec le prince qui
tente alors une nouvelle Fronde avec l’appui d’une partie de
la noblesse. Le parlement, tiraillé entre Mazarin et Condé
se range finalement derrière le cardinal. Toute l’année 1650
est marquée par des affrontements en province mais les
frondeurs sont finalement défaits militairement. Cependant
en 1651 c’est un nouveau revirement avec l’alliance de la
vieille et de la nouvelle Fronde : le parlement s’allie avec les
princes frondeurs. Mazarin est une nouvelle fois obligé de
s’exiler seul, il part vers Cologne. À Paris, les deux Fronde
ont du mal à cohabiter. Après un nouveau siège de Paris
par les forces royales, la capitale se soulève contre le Prince
de Condé qui se voit obligé de partir en province organiser
ses armées. En 1652, la fronde parlementaire et la fronde
des princes sont mortes. Il ne reste plus que la fronde du
Grand Condé.
Finalement, le roi et Mazarin reviendront à Paris en
octobre 1652 alors que Condé, encore défait militairement
est exilé du royaume et part en Espagne, alors que cinq ans
plus tôt il était le héros des armées françaises.
Les parlements vont perdre leur statut de cours sou-
veraines en 1665 sous Louis XIV. Mazarin, à la fin de la
guerre de Trente ans, a déjà permis au pays de s’agrandir
en prenant l’Artois et le Roussillon. En plus de cela, le
roi Louis XIV épouse l’infante d’Espagne, Marie-Thérèse
d’Autriche, permettant à la France d’imaginer unir les
deux couronnes.
Les parlementaires et les protestants ont tous été
vaincus. Ainsi s’impose l’absolutisme royal.
L’époque est marquée aussi par la succession de mau-
vaises récoltes et l’augmentation des impôts royaux. Ainsi,
beaucoup de petits paysans sont contraints de vendre leur
« tenure ». Les petits seigneurs, touchés par la baisse des
prix et les frais de la guerre ou de la vie citadine sont aussi
obligés de vendre leurs biens. Ainsi, ce sont les bourgeois
152
qui s’enrichissent, rachetant les tenures. Les commerçants,
les magistrats et les officiers sont les grands gagnants de
l’époque. Dans les campagnes, c’est la montée de la misère.
Les villages sont dévastés par le passage des gens de guerre,
les vagabonds sont très nombreux, notamment les enfants.
Les religieux créent de nombreux lieux pour accueillir les
pauvres comme l’institut des Dames et les Filles de la
Charité ou l’œuvre des Enfants Trouvés. En 1656 est créé
l’Hôpital Général de Paris. Cette institution aux mœurs
glauques accueille plus de 5 000 mendiants.
Règne personnel de Louis XIV 1661-1715
Mazarin meurt en 1661, laissant alors le roi âgé de
21 ans enfin seul pour diriger le pays. Louis XIV veut gou-
verner seul. Il faut donc arrêter les ministres trop influents
en commençant par Nicolas Fouquet. Rien ne doit gêner
le roi. Ce dernier s’appuie pourtant sur quelques ministres
dont Jean-Baptiste Colbert pour les finances et la marine,
Michel Le Tellier pour la guerre (auquel succédera son fils
Louvois) et enfin Hugues de Lionne aux affaires étrangères.
Le long règne du roi est caractérisé par la recherche
passionnée de la gloire et de la grandeur. Le monarque veut
des victoires, des territoires et de belles demeures comme
Versailles. Si dans un premier temps tout semble réussir au
jeune Louis XIV, la fin de règne est difficile. Anne d’Au-
triche lui inculquera le goût de l’étiquette et du faste, le
sens de la majesté. Son parrain, le cardinal Mazarin, lui
apprend concrètement l’art de la diplomatie et de la dis-
simulation. Esprit ingénieux, il s’exerce avec minutie au
métier de roi. Il consacre tous les jours plusieurs heures
à ses ministres et aux affaires d’État ce qui est nouveau
pour l’époque. Amateur de théâtre, de musique, de danse,
il joue du clavecin et de la guitare. Sa politesse est pré-
sentée comme exquise et il possède une maîtrise de soi
exceptionnelle. C’est cependant un gros mangeur, un bon
chasseur et un personnage très sensuel, ses maîtresses lui
ayant donné pas moins de douze bâtards, en plus des 6
enfants avec sa femme la reine. Il est aussi connu pour sa
santé exceptionnelle qui lui a permis d’échapper à nombre
de maladies. Il est cependant doté d’un orgueil excessif qui
l’a conduit à prendre le soleil comme emblème dès 1662. Sa
devise est « Nec pluribus impar », ce qui signifie « non égal
à plusieurs », soit supérieur à tous.
Comme toujours pendant le siècle, le conseil est par-
tagé entre deux camps. Le clan des Le Tellier est plus dévot
et favorable à la guerre contre les nations protestantes alors
que le clan des Colbert préfère miser sur le commerce et la
paix. Après 1700, le roi gèrera presque seul les affaires du
royaume, s’appuyant de moins en moins sur ses ministres.
L’État louis-quatorzien se met en place. Le pouvoir
est donné à des secrétariats dont le plus important est de
loin le secrétariat d’État à la Guerre dirigé par Le Tellier.
La direction des armées va alors échapper peu à peu à la
noblesse d’épée traditionnelle. Une lourde bureaucratie do-
minée par les gens de robe prend le pouvoir. La puissance
militaire française s’impose sur l’Europe grâce à l’abon-
dance des troupes. Les mercenaires étrangers forment tou-
jours 25 % des effectifs (il n’était pas rare d’atteindre les
50% par le passé). Le royaume le plus peuplé d’Europe
offre d’importantes ressources en hommes. Autre secréta-
riat, celui de la marine, dirigé par Colbert puis par son
fils. Il dirige tout ce qui est lié à la mer, les colonies et
le commerce qui s’y rapporte. Aidant enfin au développe-
ment des colonies, Colbert permet aussi à la France de se
doter d’une des premières flottes de guerre du monde apte
à rivaliser avec les marines anglaises et hollandaises. Les
secrétariats aux Affaires Étrangères, à la Maison du roi et
à la « religion prétendument réformée » sont créés sous le

Claude Guy Hallé - Louis XIV reçois le doge de Gênes (1710)
Château de Versailles, Versailles
règne du Roi Soleil. Les finances sont aux mains du contrô-
leur général qui sera dans un premier temps Colbert puis
Claude Le Peletier.
De nombreuses lois viennent codifier le pays. Il y a
le Code Louis sur le droit civil, l’ordonnance des eaux et
forêts, l’ordonnance criminelle sur la justice, l’ordonnance
commerciale, l’ordonnance maritime et enfin le code noir
sur l’esclavage dans les colonies.
Le règne est marqué par différentes périodes, mais les
révoltes armées sont plus rares. De 1661 à 1678, le roi af-
firme sa puissance avec son armée. Il y aura donc la guerre
de Dévolution en 1667 qui agrandit la France au nord après
une guerre éclair en Belgique alors que l’Espagne est oc-
cupée par la rébellion des portugais. De 1672 à 1678, c’est
la guerre de Hollande. La France catholique et absolutiste
s’oppose aux Provinces-Unies, république protestante. À la
fin de la guerre, l’Espagne, les Provinces-Unies, l’Empire et
la Lorraine sont alliés contre la France en un vrai conflit
européen comme le continent n’a pas fini d’en produire.
Au final, l’Espagne est encore en échec avec la perte de la
Franche-Comté.
Dès lors, les puissances vont se liguer continuellement
contre cette France devenue trop forte et ce roi trop bel-
liqueux. La guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697)
est longue et coûteuse mais la suprématie française est in-
contestable, sur mer comme sur terre. C’est finalement la
guerre de succession d’Espagne, de 1700 à 1713 qui montre-
ra les limites de l’armée. En 1700, le roi d’Espagne Charles
II meurt. Toute l’Europe l’attendait depuis longtemps car
l’homme est handicapé mental et physique et il meurt sans
héritier. Les grandes puissances que sont l’Angleterre, la
France et les Provinces-Unies avaient déjà fait le partage
de ses possessions. Seulement le testament de Charles II
désigne le second petit-fils de Louis XIV comme nouveau
roi d’Espagne. Louis XIV décide d’accepter cette décision
même si cela signifie la guerre avec le reste de l’Europe. En
effet Philippe d’Anjou, en devenant Philippe V et nouveau
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
roi d’Espagne, ne peut rien refuser à son grand-père et c’est
de fait la France qui dirige les deux pays. Devant se battre
sur tous les fronts et contre toute l’Europe, la France subit
de lourdes défaites. La paix d’Utrecht en 1713 sera accueil-
lie avec soulagement par tous, l’Europe étant encore un fois
ravagée. C’est l’Angleterre qui sort victorieuse du conflit et
qui affirme à son tour sa puissance.
Les Français aux Amériques
Les premières tentatives de colonisations françaises
datent de 1555 au Brésil mais elles ne débouchent que sur
d’éphémères colonies. Des huguenots français s’installent
en Floride en 1559 mais sont massacrés par les Espagnols
qui gardent la main sur tout le continent sud-américain.
Au Canada, les voyages de Cartier ne permettent pas
de lancer une colonisation durable. L’expansion maritime
française est ralentie par les guerres de religion mais aussi
par la volonté royale de ne pas investir dans cette aventure.
Ainsi, il faut attendre Samuel Champlain qui crée Québec
en 1608 pour que commence l’implantation française en
Amérique du Nord. Richelieu montre beaucoup d’intérêt
pour le projet en y amenant beaucoup d’argent par l’in-
termédiaire de la compagnie des Cent Associés. Mais la
Nouvelle France n’intéresse que peu le peuple. Ainsi, c’est
Colbert qui reprend le flambeau en 1663. Il crée la Nou-
velle France comme une colonie de la couronne, avec un
gouverneur, un intendant, une cour souveraine. Les colons
affluent enfin, ils passent de 2000 à 12000 à la fin du siècle.
Mais c’est encore trop peu comparé aux possessions an-
glaises plus au sud qui comportent au total déjà plus d’une
centaine de milliers d’habitants. Le rude climat du Québec
empêchera tout réel décollage de la population.
En passant par les Grands Lacs, les Français ex-
plorent l’Ouest du continent. Louis Jolliet puis Cavalier
de La Salle cartographient ce pays pour la gloire de la
153
 couronne. Le Mississipi est reconnu en 1673 et la Louisiane
créée en 1682.
Aux Antilles, la colonisation française se déroule bien
mieux. La Martinique et la Guadeloupe sont colonisées dès
1630, produisant du tabac puis du sucre, plus rentable.
L’Espagne
L’Espagne est considérée comme étant la puissance
prépondérante au niveau politique et économique en ce dé-
but de XVIIème siècle. Malgré des dirigeants incompétents
et une économie en berne, l’Espagne dispose toujours d’un
immense empire ainsi que d’une fortune colossale grâce à
ses colonies des Amériques. Depuis 1580, les Habsbourg
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
d’Espagne regroupent sous leur autorité toute la péninsule
ibérique (Portugal et Espagne), toute l’Amérique du Sud
et l’Amérique Centrale, ainsi que les Philippines. Il faut
ajouter à cela une grande partie de l’Italie (le Milanais, le
royaume de Naples, la Sicile, la Sardaigne), mais aussi les
restes de l’État bourguignon que sont la Franche-Comté,
l’Artois et les Pays-Bas. Ce sont ces dernières régions qui
seront le théâtre des guerres européennes du siècle.
Les Espagnols sont traditionnellement alliés aux
Habsbourg d’Autriche, héritiers de la couronne impériale
et maîtres de la Bohême et de la Hongrie. Il s’agit donc bel
et bien du plus puissant État de son temps et les autres
puissances s’allieront très souvent pour l’abattre. Ainsi,
l’Espagne va perdre peu à peu sa suprématie au cours du
siècle. Incapable d’évoluer, de s’adapter aux nouvelles tech-
nologies que sont l’imprimerie et la manufacture, l’écono-
mie du pays va péricliter. L’intransigeance et l’intolérance
des dirigeants vont provoquer de nombreuses guerres in-
ternes aux royaumes avec les Protestants des Pays-Bas et
d’Allemagne. L’âge d’or espagnol finit au milieu du XVIIème
siècle.
Philippe III, 1598-1621
Les souverains espagnols sont très effacés au sommet
du pouvoir. On est loin d’un absolutisme royal à la fran-
çaise. Le roi délègue complètement son pouvoir à un favori,
surnommé «valido», qui établit ainsi sa fortune grâce à la
confiance du roi et grâce à sa clientèle. Ainsi, ce sont les
hommes du valido qui détiennent les pouvoirs et les plus
importantes administrations du pays. Le problème est que
ces hommes ne sont que des courtisans sans grande ex-
périence politique qui recherchent avant tout à s’enrichir
plutôt que servir l’État.
Le roi d’alors est le quatrième fils de Philippe II. Sa
femme est sa cousine, Marguerite d’Autriche, la fille de
l’empereur Ferdinand II.
Le roi n’a jamais reçu l’éducation d’un souverain
puisqu’il a été élevé par les domestiques de son père,
comme un éternel enfant. Il passera toute sa vie à pro-
fiter des fastes de la cour, gaspillant d’énormes sommes
d’argent. Il est cependant très pieux et passe beaucoup
de temps en prière. On prétend même qu’il aurait préféré
rentrer dans un couvent plutôt que de diriger.
Mais les affaires du royaume ne l’intéressent pas et
c’est donc son favori, Francisco Goméz de Sandoval y Ro-
jas, duc de Lerma, qui dirige.
Philippe IV, 1621-1665
Philippe IV, dit le Grand, fut également appelé «le
roi planète». Comme son père, Philippe IV est un piètre
homme politique. Il commencera donc par s’appuyer sur un
favori pour gouverner : le duc de Olivares. Ce dernier fera
154
son possible pour redresser l’économie du pays et unifier
ses lois. Il trouvera l’opposition de la vieille noblesse cas-
tillane qui fera avorter la plupart de ses projets. De plus,
l’augmentation des taxes pour financer la guerre contre
les Pays-Bas puis la France vont le rendre impopulaire.
Il devra faire face au soulèvement de la Catalogne, riche
province du royaume. Entre 1641 et 1650, il n’y aura plus
de troupes royales à Barcelone, officiellement dirigée par le
roi de France. Mais en réalité, la région aspire à l’indépen-
dance. Elle sera finalement reprise par l’Espagne. La même
époque voit l’apparition de mouvements indépendantistes
en Aragon ainsi qu’en Andalousie.
Durant les mêmes années, le Portugal veut faire sé-
cession de la couronne espagnole. Rattaché depuis 1580 au
trône d’Espagne, ses intérêts sont attaqués par les corsaires
hollandais dans l’océan Atlantique. Les réformes d’Olivares
sont également considérées comme une menace pour la ré-
gion. La guerre qui s’en suit démarre en 1641 et dure 28
ans.
Olivares est finalement chassé par le roi en 1643. Sa
politique d’unification est abandonnée, l’Espagne reste un
ensemble de royaumes dirigés indépendamment. Le roi pas-
sera le reste de son règne à combattre les insurrections dans
son pays alors qu’il est toujours en guerre contre plusieurs
puissances étrangères. Il sera finalement contraint de céder
des territoires à ses ennemis mais réunifiera l’Espagne, sans
le Portugal.
Le règne de Philippe IV sera aussi entaché d’un
long conflit avec les Provinces-Unies (la guerre de Quatre-
vingts ans), qui s’achève par la reconnaissance des Pro-
vinces-Unies comme État indépendant. Des conflits auront
lieu avec l’Angleterre, mais surtout avec la France. Cette
dernière profite des multiples rébellions du pays pour enfin
prendre le dessus contre le vieil ennemi espagnol.
Malgré un règne marqué par les guerres et les ré-
voltes, Philippe IV permet à son pays de rayonner culturel-
lement. Véritable mécène, il encouragera les arts toute sa
vie, réunissant une collection impressionnante de tableaux
à sa mort. Vélasquez sera le peintre du siècle en Espagne.
Charles II, 1665-1700
Philippe IV s’est marié avec Marianne d’Autriche,
sa cousine. La consanguinité très forte dans la famille ré-
gnante des Habsbourg et va être responsable du triste état
de santé de Charles II. Ce dernier monarque de la branche
des Habsbourg d’Espagne est rachitique et soumis à de
violentes crises. On le surnommera «l’ensorcelé». On le dit
de plus stérile. Il mourra sans descendance. Sa langue mal-
formée l’empêche de parler convenablement. Il est obligé
de fournir un effort conséquent pour se faire comprendre.
De plus, l’homme est presque débile et n’arrivera jamais à
apprendre à lire.
Le pouvoir royal étant inexistant, le pays n’arrive pas
à se réformer et continue son inévitable décadence. Toutes
les guerres du royaume sont des échecs.
À sa mort, l’Europe se déchirera pour obtenir les
restes du grand royaume d’Espagne.
Les Provinces-Unies
L’histoire des Provinces-Unies au XVIIème siècle peut
se découper en deux parties. La première est la guerre de
Quatre-vingts ans (1568 - 1648) pour l’indépendance du
pays vis-à-vis de l’Espagne. La deuxième période concerne
ce qu’on appelle le siècle d’or hollandais, tant la prospérité
du pays fut grande.
 La guerre de Quatre vingt ans (1568 - 1648)
Durant le XVIème siècle, les territoires actuellement
contrôlés par les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et
le nord de la France appartiennent à la couronne d’Es-
pagne. Il s’agit d’une région très riche et prospère, consi-
dérée à juste titre comme une des plus actives d’Europe.
Les origines de cette longue guerre, qui connut tout
de même des trêves, sont aussi bien économiques que poli-
tiques. Le roi d’Espagne Charles V est très agressif envers
cette région de son empire. L’incompréhension vient en
partie du fait que, contrairement à ses prédécesseurs, il ne
parle ni le flamand ni le français. Le roi veut enlever des
pouvoirs détenus par les Provinces pour les centraliser soit
à Bruxelles, soit à Madrid. la forte présence protestante
compliquera la situation, les dirigeants espagnols se révé-
lant très intolérants en envoyant l’Inquisition. Il faut ajou-
ter à cela les graves problèmes économiques de la couronne
qui doit faire face à des guerres contre l’Angleterre et la
France. Les révoltes sont combattues par l’émissaire espa-
gnol Fernando Álvarez de Toledo, duc d’Albe. C’est pour
évincer cet autoritaire personnage que la guerre démarre
en 1568, les armées rebelles étant menées par Guillaume
d’Orange, dit le Taciturne.
Par la suite, les nouveaux impôts mis en place par la
couronne espagnole ainsi que des actes odieux (le pillage
de Gand par les mercenaires espagnols) vont apporter de
plus en plus de soutien aux rebelles, catholiques comme
protestants.
Finalement, en 1581, à La Haye, les Provinces procla-
ment que le roi d’Espagne, n’ayant pas assumé ses devoirs
de monarque vis-à-vis du peuple des Pays-Bas, ne sera plus
dorénavant considéré comme souverain de la Province. La
république des Provinces-Unies naît peu de temps après.
C’est une nouveauté pour l’époque qu’un monarque soit
ainsi destitué par son propre peuple, presque deux cents
ans avant les révolutions américaines et françaises. Mais
la couronne espagnole continuera à considérer ce territoire
comme lui appartenant, les Provinces-Unies ne seront fina-
lement reconnues qu’à la fin de la guerre, en 1648, après
quatre-vingts ans de rébellion.
Les Pays-Bas sont à présent coupés entre les provinces
du nord, sécessionnistes et républicaines, et les provinces
méridionales qui sont administrées par le roi d’Espagne.
On retrouve aujourd’hui cette démarcation qui correspond
plus ou moins à la frontière Belgique/Pays-Bas. Du fait que
le gouvernement est assuré presque sans interruption par
des sécessionnistes calvinistes, l’essentiel de la population
des provinces du nord se convertit au protestantisme en
quelques décennies. Le sud, sous gouvernement espagnol,
devient quant à lui un bastion catholique : presque tous
les Protestants doivent fuir vers le nord. La ville d’Anvers,
la plus grande de la région, perd la moitié de ses habi-
tants suite aux sièges répétés mais aussi à cause de l’into-
lérance des Espagnols. L’Espagne maintient constamment
sur place une armée importante, dans l’éventualité d’une
intervention des Huguenots français.
Dans les vingt années qui suivirent 1581, les Pro-
vinces-Unies fortifièrent leur position et reprirent des po-
sitions stratégiques toujours tenues par l’armée espagnole.
De son côté, la couronne ibérique doit faire face à plusieurs
fronts : construction d’une nouvelle flotte après la perte de
l’Invincible Armada, guerre contre la France d’Henri IV.
Finalement, c’est en 1600 que les armées royales espagnoles
sont battues lors d’une bataille rangée par les troupes du
général néerlandais Maurice de Nassau lors de la bataille
de Nieuport. Cette victoire marque un arrêt dans les com-
bats.
Les Provinces-Unies ont alors les moyens de protéger
leur territoire par voie de terre, et se construisent en même
temps une flotte de guerre pour protéger leurs navires mar-
chands. C’est dans ce contexte qu’intervient une trêve de
douze ans, de 1609 à 1621.
La trêve permettra aux Provinces-Unies de se renfor-
cer économiquement. Amsterdam devient de plus en plus
importante, éclipsant bientôt complètement Anvers, pré-
cédent centre économique du pays et d’Europe. La flotte
composée de marins hollandais et zélandais deviendra la
plus moderne et la plus grande du monde.
Mais la guerre menace de reprendre. En effet, les
pourparlers de paix n’ont jamais vraiment abouti. L’Es-
pagne exige pour les Catholiques habitant aux Pro-
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
vinces-Unies la liberté religieuse, qu’ils auront. Mais la
couronne ibérique refuse d’appliquer le même traitement
aux Protestants vivant sur son territoire. En plus de ce
problème religieux se superpose un problème économique.
Les Néerlandais veulent un accès maritime aux richesses du
Nouveau Monde, accès qui leur est refusé.
La guerre reprend en 1621, à la faveur de l’Espagne
qui attaque Bergen op Zoom sans succès, mais finira par
faire tomber la ville de Breda en 1625. C’est au cours de
ce siège que mourra le héros national Maurice de Nassau.
À ce moment, l’Espagne pense pouvoir enfin vaincre les
Protestants des Provinces-Unies, ce qui serait une bonne
chose car au même moment, l’Europe entre dans la guerre
de Trente ans.
Pourtant, après cette victoire, l’Espagne ira de dé-
faite en défaite. La grande forteresse de Bois-le-Duc est
conquise par les Hollandais en 1629, et Maastricht est elle
aussi prise en 1632, menaçant d’encerclement les armées
espagnoles.
Mais la guerre a aussi lieu en mer. À l’autre bout du
monde : au Brésil, à Ceylan, dans les Philippines ou aux
Antilles, la flotte hollandaise menace les comptoirs com-
merciaux espagnols et portugais. Le nord-est du Brésil sera
hollandais jusqu’en 1661. Des corsaires payés par les Pro-
vinces-Unies pillent les navires espagnols revenant d’Amé-
rique latine, c’est ainsi que le corsaire Piet Hein en 1628
prendra une cargaison entière d’argent, plusieurs tonnes
de métal précieux, un butin valant plus de 11 millions de
florins. Cette fortune colossale servira à financer les armées
du pays.
Finalement, la grande défaite de la marine espagnole
en 1639, combinée à l’entrée en guerre de la France aux
côtés des Provinces-Unies, provoque un apaisement des
conflits. La paix est définitivement signée avec l’Espagne
en 1648 lors des traités de Westphalie. L’indépendance des
territoires du nord est enfin reconnue par le roi d’Espagne.
Les conséquences de la guerre sont gigantesques.
Du point de vue militaire, les Pays-Bas ont réussi le
tour de force de mobiliser la population toute entière dans
un but précis. Auparavant, la guerre n’était faite que par
quelques grands chefs militaires appuyés par des troupes
de mercenaires payés. Les Provinces-Unies parviennent à
s’appuyer sur les milices urbaines, de plus en plus mili-
tarisées, mais aussi sur les Gueux, des marins de Zélande
et de Hollande qui formeront l’essentiel des troupes des
navires de guerre du pays naissant. En plus de cela, dans la
seconde partie du conflit, Maurice de Nassau met en place
une armée de métier permanente, avec des soldats payés
même en temps de paix. Il s’assure ainsi des troupes plus
efficaces et bien plus attachées à sa personne.
155
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Albert Cuyp - Portrait d’une famille devant un paysage (1641)
Musée israëlien, Jérusalem
La naissance de la république des Provinces-Unies,
qui a destitué son roi en 1581, peut aussi être vue comme
un antécédent à la première révolution anglaise de 1651.
Les institutions du pays
La république des Pays-Bas peut être considérée dès
la fin du XVIème siècle comme une république fédérale. Il
n’y a pas de système central fort, puisque ce dernier était
occupé par le roi d’Espagne qui a été chassé. Chacune des
sept provinces du pays a le droit de lever des impôts et de
se constituer une armée. Une province est dirigée par un
conseil, une assemblée délibérative qui dirige le pays. Le
président du conseil est nommé pensionnaire, ou Grand
pensionnaire pour la région de Hollande. Enfin, chaque
région dispose d’un stathouder, c’est-à-dire un capitaine
général qui dirige l’armée, ainsi que la diplomatie au nom
de la Province. Ainsi, chaque Province est théoriquement
indépendante militairement.
Dans les faits, cependant, les régions ne sont pas si
indépendantes. Tout d’abord, les stathouder de toutes les
provinces se recrutent tous dans la maison des Orange-Nas-
sau, qui de fait dirige le pays. Ensuite, la domination éco-
nomique de la province de Hollande fait que son pension-
naire est considéré comme le chef du pays par les autres
nations. Ainsi, les autres Provinces se rangent presque sys-
tématiquement à l’avis du conseil de Hollande.
Les représentants de chaque région se rassemblent
lors des États généraux des Provinces-Unies afin de dé-
libérer sur des sujets communs comme la religion, ou le
commerce avec les colonies de plus en plus nombreuses.
Les États généraux administrent aussi les conquêtes de la
156
guerre contre l’Espagne, ce qu’on appelle à l’époque les
pays de la généralité.
Ce modèle politique est tout à fait nouveau pour
l’époque. Il n’est d’ailleurs pas voulu au départ mais est la
conséquence des actions de guerres et des droits gagnés au
XVIème siècle. Une partie des habitants chercheront un mo-
dèle politique plus conforme à l’époque, c’est-à-dire avec
un monarque. C’est la politique du camp des orangistes.
Mais la famille des Orange-Nassau sera finalement chas-
sée des Pays-Bas par Johan de Wit en 1650, avec comme
accusation de vouloir le retour à la monarchie et la fin de
l’indépendance. Cette peur d’une centralisation des pou-
voirs restera profonde dans le pays. Pendant les vingt an-
nées qui suivent le départ des Orange-Nassau, la Hollande
connaîtra une grande liberté d’expression, extraordinaire
pour l’époque.
Cependant, cet État de libre expression et de laxisme
sera considéré comme une des raisons de la défaite des
troupes du pays face à la France en 1672. Johan de Wit
sera lynché et les Orange-Nassau pourront revenir diriger
le pays, sans pour autant empêcher la perte de puissance
des Provinces-Unies.
Atouts économiques
Le succès économique des Pays-Bas est un véritable
miracle pour l’époque. Encore aujourd’hui, il suscite l’ad-
miration autant que l’incompréhension. Un petit pays de
2 millions d’habitants arrive à devenir en un siècle la prin-
cipale puissance maritime du monde. Le terrain n’y est
pourtant pas favorable : petit, peu de ressources naturelles.
Les habitants vont s’enrichir en mettant en valeur les terres
et en pratiquant une culture intensive. Le développement
de la pêche au hareng, à la morue et à la baleine va aussi
jouer un rôle crucial.
 Il faut ajouter à cela que la grande tolérance reli-
gieuse des Provinces-Unies va amener nombre d’émigrés :
des Juifs d’Espagne et des Protestants de France ou des
Pays-Bas espagnols, qui vont dynamiser l’économie du
pays.
Mais la principale richesse du pays vient du com-
merce. En prenant les possessions portugaises et espa-
gnoles, et en dressant de nouveaux comptoirs commerciaux,
la marine hollandaise va devenir la plus grande d’Europe.
En 1650, on évalue que 80% des navires de la mer Baltique
sont hollandais.
L’empire colonial hollandais comporte Ceylan, l’In-
sulinde (extrême-sud de l’Inde), la Malaisie, le Suriname,
Nouvelle-Amsterdam (avant d’être prise par les anglais et
d’être renommée New York), quelques îles dans les Ca-
raïbes, le nord-est du Brésil ainsi que des comptoirs com-
merciaux en Angola, en Afrique du sud (Le Cap), sur l’île
de Java, et jusqu’au Japon.
Le commerce est assuré par des compagnies : les
compagnies des Indes Orientales (VOC) et des Indes Oc-
cidentales (GWC). Il s’agit de sociétés par actions dont
les dirigeants ont tout pouvoir dans les colonies et sur les
comptoirs commerciaux. Leur richesse deviendra extraor-
dinaire.
Les compagnies assurent le transport et la construc-
tion de manufacture. Il est ainsi possible de trouver toutes
sortes de denrées : fourrure d’Amérique du nord, sucre du
brésil, épices d’Inde et de Java, esclaves d’Angola, café du
Suriname... L’essor colonial favorise la création de ma-
nufactures et de raffineries de sucre. On fabrique tissu,
armes et verre pour les échanger contre des esclaves. Au
XVIIème siècle, les navires hollandais sont les mieux armés
du monde, en partie grâce au succès de la Compagnie des
Indes.
Le succès des Pays-Bas fera des jaloux. À commencer
par l’Angleterre qui va commencer plusieurs guerres dans
le but de contester la suprématie maritime aux Hollandais.
Elle y arrivera en chassant les navires hollandais d’Amé-
rique du nord.
Le Portugal sera très amer d’avoir perdu toutes ces
possessions. Avec l’aide des Anglais, une fois encore, les
Portugais reprendront le Brésil mais deviendront dépen-
dants de leur «  allié  ». Et enfin la France de Louis XIV
combattra de nombreuses fois les Provinces-Unies pour des
questions de territoire et de suprématie mais aussi de reli-
gion. Cependant, Colbert s’inspirera du modèle hollandais
pour redresser les finances du royaume.
Arts, science et culture
Durant ce siècle d’or, les Pays-Bas vont avoir une in-
fluence culturelle considérable. Grâce à une tolérance rare,
il est possible de trouver à Amsterdam des livres interdits
en terre catholique. De fait on y imprime plus de livres
que partout ailleurs en Europe. Les penseurs de toutes les
contrées viennent dans les universités hollandaises pour
faire avancer la science. Parmi ces derniers, on peut nom-
mer le célèbre mathématicien français René Descartes.
La littérature hollandaise est elle aussi reconnue de
par le monde. Spinoza sera un des grands gagnants de cette
période. Ses théories n’auraient jamais pu voir le jour dans
un autre pays.
Et enfin, la peinture néerlandaise va elle aussi at-
teindre son âge d’or. Les peintres hollandais sont demandés
dans toute l’Europe pour exécuter des portraits. Les mé-
cènes s’arrachent les paysages et les grandes scènes de ba-
tailles ou de réunions d’officiers confectionnés par les plus
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Hendrick Danckerts - Charles II reçoit le premier ananas
ayant poussé en Angleterre (1675)
Collection privée
grand artistes. Parmi ceux-ci, on peut nommer Rubens,
Rembrandt, Vermeer, Frans Hals ou Emanuel de Witt.
Les îles Britanniques
L’Angleterre, puissance protestante, va pendant ce
siècle chercher à agrandir sa puissance, notamment en sou-
mettant l’Écosse et l’Irlande afin de créer le Royaume-Uni.
La royauté anglaise, puis le Commonwealth, vont suivre
cette même politique d’unification des îles britanniques.
Cela ne se fera pas sans mal.
Jacques Ier (1603 - 1625)
Jacques Stuart devient roi d’Angleterre en 1603, à
37 ans en tant que plus proche descendant d’Elisabeth Ire,
la reine vierge. Cependant, il était précédemment déjà roi
d’Écosse. On a donc déjà un très fort rapprochement des
deux couronnes qui s’opère. Dans la suite de son règne,
Jacques Ier va chercher à gommer les différences entre les
deux royaumes et à les unir plus fortement que jamais. Son
objectif est d’obtenir un seul parlement et une seule consti-
tution pour les deux pays. Mais les résistances des élites
locales sont trop fortes.
Pour accélérer les choses, il veut mettre en place une
monarchie absolutiste de droit divin. Pour cela, il s’appuie
sur l’Église anglicane qui fait du souverain d’Angleterre
le chef de l’Église. Jacques Ier en vient donc à persécuter
les Catholiques et les puritains du royaume. Ceci a pour
conséquence de forcer le départ de beaucoup de personnes
vers le Nouveau Monde où des colonies puritaines s’éta-
blissent. De plus, les persécutions favorisent les rébellions
et le mécontentement en Écosse catholique mais aussi en
Angleterre. Un attentat contre la vie du roi est même orga-
nisé : la célèbre conspiration des poudres qui visait à faire
exploser tout le parlement britannique en 1604.
La cause religieuse sera la seule sur laquelle le par-
lement anglais soutiendra son monarque, qui pour le reste
est vu comme un mauvais gestionnaire. Le comportement
absolutiste du monarque est très mal perçu par le parle-
ment d’Angleterre. Or, c’est ce dernier qui accorde au roi
des prêts d’argent pour la guerre ou pour dissoudre ses
dettes. Les relations de Jacques Ier avec le parlement se dé-
gradent comme jamais. Ainsi, le parlement refusera de l’ai-
der en 1621 quand il voudra aider la couronne autrichienne
157
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
Lieve Verschuier - L’arrivée de Charles II d’Angleterre à Rotterdam le 24 Mai 1660 (1665)
Rijksmuseum, Amsterdam
catholique dans la guerre de Trente ans. Non seulement
le parlement refuse mais propose au contraire d’entrer en
guerre contre les Catholiques autrichiens et espagnols.
Mais ceci va à l’encontre de la politique extérieure
du monarque qui depuis 1604 cherche l’apaisement avec
l’Espagne : il veut marier son fils Charles avec l’Infante
d’Espagne. L’entreprise est compliquée. L’Espagne est la
championne du catholicisme et exige que les Catholiques
ne soient pas persécutés en Angleterre, ce que Jacques Ier
se refuse à faire. Mais d’un autre côté, pour l’Espagne, une
alliance avec l’Angleterre serait intéressante afin de pou-
voir encercler la France. Les négociations pour le mariage
s’éternisent.
Finalement, en 1623, c’est le fils de Jacques Ier,
Charles, âgé de 23 ans qui désamorce la situation. Il se rend
en Espagne avec son favori, le duc de Buckingham, pour
négocier lui-même le mariage, à l’insu de son père. N’arri-
vant pas à un accord, il revient en Angleterre et présente
l’affaire au parlement comme une manipulation espagnole
pour prendre le pouvoir dans le royaume. Le jeune prince,
amer de sa défaite diplomatique, manipule l’histoire à son
avantage. Il n’y aura finalement ni mariage, ni guerre, le roi
refusant l’entrée en guerre contre l’Espagne malgré l’accord
du parlement et l’appui de son fils et futur roi.
Le roi meurt de maladie en 1625. Il est largement
pleuré par la population malgré ses scandales et la répu-
tation de dépravé qu’entretenait sa cour. Son fils, devenu
Charles Ier, est prêt à prendre la relève avec les conseils du
duc de Buckingham.
Charles Ier (1625 -1649)
Le début de règne est une véritable calamité pour les
aristocrates anglais. En effet, le jeune roi réalise des cam-
pagnes militaires, notamment en France vers La Rochelle
158
(1627-1628), pour aider les communautés protestantes. Il
ne rencontrera pas la victoire et le Duc de Buckingham
y perdra son crédit. Ce dernier meurt assassiné en 1628.
Comme son père, Charles Ier se pensera en monarque
absolu. Il veut diriger seul et ne tolère pas de devoir né-
gocier avec le parlement pour trouver de l’argent. D’après
les textes anglais, le roi doit avoir l’accord du parlement
pour mettre en place toute nouvelle taxe. Charles Ier décide
de ne plus convoquer le parlement à partir de 1629 et de
diriger le pays seul.
Certains à cette époque pensaient que le roi était
alors influencé par sa femme, Henriette de France, catho-
lique, qui pensait nécessaire d’imposer un système centra-
lisé avec un monarque tout puissant, comme il existe en
France alors.
Le roi se comporte donc comme un monarque absolu
de 1629 à 1640. Il décide seul d’imposer de nouvelles taxes
et de renforcer la persécution des puritains. Ces derniers
fuient en nombre vers le Nouveau Monde. Le roi utilise des
moyens légaux mais contraires aux libertés pour arriver à
ses fins en imposant de nouveaux impôts. De plus, il fait
déporter un grand nombre d’Irlandais (environ 125  000)
dans l’île antillaise de La Barbade pour favoriser l’écono-
mie dans ces îles. Ces spoliations exacerbent les tensions.
Les parlements finissent par considérer le roi comme un
« tyran ».
Contre ces actions politiques, religieuses et écono-
miques, le peuple finit par se rebeller. La révolte éclate en
Écosse en 1639.
Le roi a alors besoin d’argent pour mater la révolte.
Encore une fois il pense en demander au parlement qui
est ainsi recréé après 11 ans. Mais ce dernier se rebelle.
Non seulement il refuse de donner des fonds au souverain
mais dénonce l’absolutisme, et s’autoproclame « long par-
lement » (chambre des communes), puis vote une grande
remontrance contre les ministres du roi, dénonçant leurs
comportements.
 Charles Ier veut alors la tête du chef du parlement,
John Pym. Mais ce dernier est soutenu par le parlement
et le peuple de Londres. Il ne reste alors plus de choix au
souverain que de réunir ses fidèles et de partir en guerre
contre le parlement qui lui oppose tant de résistance.
La première révolution anglaise (1642-1649)
et Olivier Cromwell (1649-1658)
À partir de 1642, le conflit entre la royauté et le par-
lement devient un conflit armé exacerbé par des questions
religieuses et économiques. L’Écosse soutient le camp du
parlement. C’est le camp des têtes rondes. L’Irlande catho-
lique en revanche soutient le camp du roi, nommé le camp
des cavaliers.
Il s’en suit plusieurs années de guerre civile pendant
lesquelles Olivier Cromwell devient une importante figure
grâce à ses victoires militaires sur les cavaliers du roi. Ce
dernier, finalement défait, finit par être fait prisonnier en
1648 et traduit en justice. Il est condamné à mort pour
trahison, meurtre et tyrannie. Le roi sera décapité le 30
janvier 1649. Les troupes de Cromwell partent alors « pa-
cifier » l’Irlande en 1649-1650. Le général proclame en 1649
la naissance de la république, ou Commonwealth.
La victoire a été rendue possible par la réforme de
l’armée entreprise par le parlement. Cromwell a organisé
l’armée du pays selon un système expérimenté avec ses
propres troupes. Les chefs militaires sont des soldats, des
mercenaires et non plus des aristocrates ou des nobles. Les
membres du parlement n’ont pas le droit d’avoir une posi-
tion quelconque dans l’armée. Chaque soldat se voit fournir
un uniforme rouge (pour ne pas voir le sang dessus et ainsi
ne pas effrayer les troupes). Mais les soldats se voient aussi
Paul Delaroche - Cromwell et le corps de Charles I (1831)
Hamburger Kunsthalle, Hambourg
fournir un livre religieux. De fait, l’armée deviendra très
puritaine.
Ceci a permis de favoriser un coup d’État. En effet,
l’armée, devenue très importante, véritable pivot de l’État,
trouve le parlement incompétent. Cromwell accède ainsi au
pouvoir, porté par ses soldats. Le général est à la tête d’un
conseil d’État réduit qui nomme les membres du parle-
ment. Les militaires du conseil d’État nomment Cromwell
« Lord protecteur de la République d’Angleterre, d’Écosse
et d’Irlande » en 1653.
Cromwell est alors le nouveau chef politique de l’An-
gleterre puritaine.
Homme de guerre, Cromwell continuera de combattre
les Catholiques en Irlande (où ses troupes perpétreront de
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
grands massacres), mais il réalisera aussi la guerre contre
les colonies espagnoles (notamment la Jamaïque en 1656).
Cromwell est alors tenté de se faire nommer roi. Le
parlement, dont il choisit les membres, le lui demande lors
d’une cession en 1658. Mais finalement, Cromwell restera
Lord Protecteur devant l’hostilité des autres chefs mili-
taires qui craignent le retour de la monarchie.
Cromwell meurt de maladie en 1658 à Londres. Son
régime était une dictature militaire sur laquelle les avis
divergent. Les puritains anglais le considèrent comme un
héros, les Irlandais comme un tyran.
Il est important de noter que durant la première
révolution et les années Cromwell, la flotte d’Angleterre
ne cessera de croître, passant d’un trentaine de bâtiments
à plus de cent cinquante en 1658. Le commerce avec les
colonies est ainsi sécurisé et la puissance anglaise peut
faire barrage aux Espagnols, mais surtout aux Hollandais,
l’autre puissance maritime d’Europe.
159
 Charles II (1660-1685)
À la mort d’Oliver Cromwell, le pouvoir aurait dû
revenir à son fils, Richard. Mais les militaires préféreront
remettre sur le trône le fils de Charles Ier, à savoir Charles
II. Après les années de plomb imposées par le très puri-
tain Cromwell, la restauration de la monarchie anglaise
avec un roi plus ouvert, voire hédoniste, est une grande
bouffée d’air frais pour tout le monde. De fait, Charles est
surnommé le Monarque Joyeux par ses contemporains car
il fait toujours preuve d’une grande gaieté. Le puritanisme
recule : on ouvre les théâtres fermés sous Cromwell et des
comédies peuvent être jouées. Le libertinage se développe.
Tout ceci était impensable pour les puritains qui consi-
dèrent que ces divertissements corrompent l’âme.
Chapitre XI - L’Europe au XVIIème siècle
droit de succession. Le trône devrait normalement revenir
à Jacques VII d’Écosse, frère du roi. Mais ce dernier est
catholique ce qui déplaît fortement au parlement. Il s’en
suit un long bras de fer entre le roi et son parlement pour
savoir si le successeur légitime Jacques VII sera bien le
nouveau souverain. Certains proposent même de donner le
pouvoir à un des fils bâtards du roi, anglican. Mais le roi
est contre, il veut un souverain légitime. Finalement, le roi
gagne son duel avec le parlement et finit par imposer sa
vision des choses. Jacques montera sur le trône en tant que
Jacques II d’Angleterre.
Charles II meurt en 1685.

Une des premières choses que fit le nouveau roi en

arrivant au pouvoir à l’âge de 30 ans fut de punir ceux
qui étaient responsables de la mort de son père onze ans
plus tôt. Neuf personnes furent exécutées et le corps de
Cromwell décapité, ce qui confirma la haine que lui portait
une partie des militaires.

Charles II a été confronté à plusieurs problèmes ma-

jeurs pendant son règne. Le premier est une peste majeure
en 1665 qui décima la population anglaise. Autre fait dra-
matique : le grand incendie de Londres qui détruisit en
grande partie la ville. En 1666, plus de 13 000 habitations
partirent en fumée.

Au niveau politique étrangère, le règne de Charles

II est assez remarquable. Tout d’abord, il réalise une al-
liance avec le Portugal en 1660 qui s’était rebellé contre
l’Espagne. Cette alliance restera toujours forte jusqu’au
vingtième siècle. Toujours en politique étrangère, par un
mariage avec Catherine de Bragance, le monarque ob-
tient Bombay et commençe ainsi l’expansion anglaise en
Inde, qui portera ses fruits au siècle suivant. En revanche,
le roi abandonne Dunkerque qu’il vend au roi de France
Louis XIV.

Enfin, Charles continue les guerres contre les Pro-

vinces-Unies. La marine et le commerce de ce petit pays
sont un concurrent direct de la marine marchande britan-
nique. Le but de ces guerres est de déterminer qui va diri-
ger les mers pour le siècle à venir. Les Anglais en profitent
ainsi pour récupérer les colonies hollandaises en Amérique
du nord (notamment New Amsterdam qui deviendra New
York). Mais le pays connaît cependant de terribles défaites
avec le raid de Medway. Les Hollandais attaquent par sur-
prise en remontant la Tamise jusqu’au point d’amarrage
de la flotte anglaise. Tous les navires anglais sont alors
coulés, sauf le navire amiral qui est rapporté à Amsterdam
en trophée. L’audace des marins hollandais et zélandais est
récompensée.

Les années 1670 sont marquées par la méfiance entre

la couronne qui montre une certaine attirance pour le
catholicisme et le parlement du pays qui reste attaché à
l’Église anglicane. Il faut dire que Louis XIV influence avec
son argent le monarque pour qu’il se convertisse et suive
l’Église catholique. En monarque avisé, Charles parvient à
maintenir un équilibre. Mais il ne peut empêcher une hys-
térie collective qui se déclencha après un soi-disant complot
papiste et qui coûta la vie à de nombreux catholiques du
pays.

La fin du règne est marquée par un grave problème

de succession. En effet, le roi n’a pas d’enfant légitime,
mais il dispose d’au moins neuf bâtards, qui n’ont aucun

160
 Chapitre XII
Janvier 1648, règne de Louis le Quator-
zième, lors de la régence d’Anne d’Autriche,
mère du roi.
Voici mon ami une longue lettre pour toi car suite à
ta précédente missive, j’ai cru comprendre que tu désirais
te rendre à Paris, capitale du royaume de France. Cette
cité millénaire est très particulière et je me fais fort ici de
t’en décrire les points les plus importants et les plus origi-
naux. Puisse ce guide te servir et t’éclairer.
Paris 1648
En arrivant par le Nord, la première chose que l’on
peut voir est l’enceinte érigée par notre défunt roi Louis
XIII Le Juste. Il a fait agrandir la précédente enceinte sur
la rive droite il y a plus d’une dizaine d’années, cette façade
de la ville étant la plus exposée aux Pays-Bas contrôlés
par nos ennemis espagnols. Tu pourras entrer dans la ville
elle-même en passant par une de ses nombreuses portes
: Portes de Saint-Denis, du Temple, ou de Saint-Martin
au Nord, Portes Saint-Antoine ou Saint-Bernard à l’Est,
Portes Saint-Marcel, Saint-Jacques ou Saint-Germain au
Sud, et enfin Portes de Bussy, de Nesle, de Saint-Honoré
ou de Montmartre à l’Ouest.

Les abords de la capitale de France Arrivée dans l’enceinte

Les portes de la ville servent surtout à contrôler les
La ville de Paris est comme un être vivant. Elle gran-
accès, les hommes et les marchandises. Des hommes du
die, elle s’agite et certains même disent qu’ils peuvent l’en-
guet sont postés là en permanence. Par groupe de six, ils
tendre parler.
se relaient. À la nuit tombée, les portes sont fermées et
Avant d’entrer dans la cité elle-même, tu sauras que
on ne peut plus rentrer qu’en montrant des laissez-passer.
tu approches au nombre croissant de moulins et de vignes.
C’est une vieille habitude qui vise à empêcher les voleurs
L’eau y étant plus que néfaste, c’est toute la région qui doit
et autres malandrins de rentrer dans la ville à la faveur de
nourrir ce gouffre où disparaissent les gens et la nourriture.
la nuit. Aux portes, tu verras aussi les commis de l’octroi,
Les faubourgs sont un peu le garde-manger de la capitale,
agents de la cité qui encaissent les taxes des marchands et
une riche plaine où poussent blé, orge et avoine. Mais les
fermiers venant livrer leurs marchandises. Mais si tu es at-
gens aussi vont toujours plus nombreux sur les routes pour
tentif tu verras que les commis sont très facilement corrup-
vivre dans ses murs. Venant d’Italie ou du Saint Empire en
tibles, préférant passer l’argent dans leurs poches plutôt
guerre, de Gascogne comme de Provence, tu verras toutes
que dans les caisses de la cité. Les portes sont comme les
les nationalités sur les routes du royaume.
bouches de la ville, tout ce qu’elle consomme doit y passer.
Le long de la voie, surtout si tu arrives par la butte
Et les passages sont tellement étroits que bien souvent, au
de Montmartre, on peut compter les cabarets qui se suc-
plus fort moment de la journée, on doit faire la queue der-
cèdent, chacun tentant de rivaliser d’ingéniosité pour atti-
rière les carrioles des paysans et les coches des provinciaux
rer le chaland. Depuis que feu le ministre et cardinal Riche-
pour passer les remparts.
lieu a fait poser une taxe sur le vin dans les murs de la cité,
Le premier phénomène qui frappe le visiteur une fois
les abords sont devenus le refuge de ceux qui cherchent
dans les avenues de Paris, c’est la foule. Je me souviens,
breuvage et femmes à bas prix. Si on connaît les bonnes
lors de ma première visite j’ai cru que j’allais étouffer, qu’il
adresses, on peut aisément passer une bonne soirée.
n’y allait jamais y avoir assez d’air ni d’espace pour tout
Les gens des campagnes sont polis et aideront vo-
ce monde. Cette masse dense et mouvante que l’on doit
lontiers ceux qui en ont besoin pour quelques deniers. Les
traverser peut terrifier bien vite le nouvel arrivant. Ce-
paysans de la région sont un peu effrayés par la capitale,
pendant, il est aisé de s’adapter, de jouer des coudes pour
comme on se méfie d’une bête sauvage qu’on apprivoise
se faufiler, se glisser tel un serpent rusé en évitant les car-
mais qu’on ne comprend pas tout à fait. Je te l’ai déjà
rioles, les tire-laine et les colporteurs. Si tout ce monde est
dit, la ville est vivante. Fais attention cependant à ne pas
dans les grandes avenues c’est parce que ces allées pavées
te laisser surprendre par la nuit, les richesses de la capi-
sont encore le meilleur moyen d’avancer. Les petites rues
tale attirent aussi les bandits. Le mois dernier encore, trois
étroites de la capitale ne laissent pas passer un cheval et les
scélérats ont été pendus par les troupes royales le long
coupe-jarrets sont légion. Les grandes avenues, des portes
du faubourg Saint-Martin. Aussi je ne saurais que trop te
jusqu’à l’île de la Cité, sont toutes pavées et plutôt bien
conseiller de te hâter.
entretenues.
Chapitre XII - Paris 1648
Reinier Nooms - Vue de la grande galerie du Louvre (1660)
Musée du Louvre, Paris
Bien entretenues et nettoyées car vois-tu, mon ami,
tu ne tarderas pas à te rendre compte que les rues de Paris
sont sales. Partout on retrouve cette fange putride, mé-
lange nauséabond et indescriptible de boue, détritus, pour-
riture, et déjections. Tous les Parisiens marchant à pied et
ayant une quelconque fortune investissent dans une bonne
paire de bottes. Et je te conseillerais de faire de même ! Les
plus fortunés, bourgeois ou nobles, préfèrent les chaises à
porteurs, très en vogue, ou un coche, moyen de transport le
plus rapide si les avenues ne sont pas bouchées.
Les Parisiens donnent différents noms aux quartiers
de leur ville. On peut reconnaître trois grands ensembles
dont on te parlera souvent. Il s’agit de la Cité, de l’Universi-
té et de l’Île. La Cité se trouve sur la rive Nord et regroupe
les marchés les plus importants ainsi que le Louvre. L’Uni-
versité regroupe les érudits et les étudiants qui peuplent le
Sud de la Seine. Et enfin, au milieu se trouve l’Île de la cité,
avec ses multiples ponts enjambant la rivière nauséabonde.
La rivière de Seine et ses ponts
La rivière de Seine est à l’image de cette cité millé-
naire, elle est à deux visages. Au premier abord, on y voit
un immense égout à ciel ouvert où les Parisiens jettent sans
complexe tous leurs déchets. La couleur de l’eau est à nulle
autre pareille, prenant des reflets marron, rouge ou vert en
fonction de ce qu’il y a dedans : rats, déjections, carcasses,
ou pourriture tout simplement. Et c’est cette même eau
que les habitants tirent à la pompe du Pont-Neuf pour tous
leurs travaux. Un jeune médecin me certifiait que c’était la
qualité de l’eau qui était à l’origine de toutes ces maladies
qui emportent les jeunes nourrissons. Aussi je ne saurais
que trop te conseiller de boire du vin.
162
Mais comme je te disais, la Seine est aussi bénéfique.
Car là où est l’eau on trouve la vie. De fait, c’est grâce à ce
large fleuve que la capitale du royaume de notre jeune roi
Louis est si prospère. Beaucoup de navires peuvent ainsi
atteindre la ville pour y livrer leurs marchandises. Le pois-
son et les céréales arrivent bien souvent par cette voie. Tout
au bord du fleuve on retrouve plus d’activité et de mou-
vement que partout ailleurs dans la ville. Sous les ponts,
on peut voir les lavandières laver leur linge, puis, juste un
peu plus loin, ce sont les équarrisseurs qui travaillent le
long du fleuve, en y jetant les carcasses vides. Au-dessus,
on trouve les ponts. Véritable cœur de la vie parisienne,
ils sont nombreux dans la capitale et sont de véritables
points de rencontre. Si tu veux t’en convaincre, passe donc
quelque temps à déambuler le long du Pont-Neuf. Quand
ce dernier a été achevé sous le règne d’Henri IV, il y a de
cela plus de trente ans, il a été décidé que contrairement à
tous les autres ponts de la cité, on n’y construirait pas de
maisons ni aucun bâtiment en dur. Et tout ceci pour plaire
au roi qui ne voulait pas voir de bâtiments lui gâcher la
vue. La vue est belle, ça, tu peux me croire ! Ainsi, si on
n’y trouve aucune construction, à part la statue de notre
bon roi, les Parisiens y vont en masse, pour flâner, voir les
artistes et comédiens italiens qui se produisent là sur le
pavé, ou pour faire quelques achats auprès des colporteurs
traînant leur roulotte. Tu pourras tout aussi bien y voir
des carrosses se rendant au Louvre que des étudiants allant
vers le quartier latin.
Mais le Pont-Neuf n’est pas le seul de la capitale,
loin de là. Des marchands ont posé leurs échoppes tout le
long du Petit-Pont ou du pont Saint-Michel, reliant l’Île
de la cité à la rive Sud. Puis sur la rive Nord tu trouveras
notamment le pont au Change et le pont Notre-Dame. La
foule y est toujours dense et le commerce profitable. Mais
garde toujours un œil sur ta bourse.
 En parlant des ponts, c’est sur le pont aux changes,
le plus large de la capitale, que tu pourras trouver les joail-
liers, orfèvres et changeurs pour tous types de monnaies,
florins, pièces de huit ou écus. Un bon endroit pour une
halte.
Bref, tu l’auras compris, les ponts sont les lieux de
rencontre privilégiés. C’est qu’ils relient les principaux
points de la cité. Vois-tu, sur la rive Sud, on retrouve l’uni-
versité et les têtes pensantes de la ville, alors que sur la
rive Nord, on a la place de Grève et les principaux mar-
chés ainsi que le palais du Louvre. L’île de la cité, avec
ses petites rues étroites et ses constructions archaïques est
délaissée par le peuple qui préfère donc les ponts, larges et
bien bâtis.
La cité : La Place de Grève et les
Halles
Cela m’arrive très rarement mais il est aussi pos-
sible de traverser le fleuve en prenant un bac. Bien que
ceci coûte quelques deniers, c’est un moyen de transport
toujours utile quand on est pressé. Tu trouveras des bacs
notamment vers la Place de Grève. C’est sur le port, à côté
de la place, que déchargent tous les navires arrivant de la
Seine. Bois, vin, orge et froment des campagnes transitent
par ici avant d’être vendus sur le marché de la place, à
l’ombre du magnifique Hôtel de Ville. Il y a toujours par
ici ou par là des faquins à la recherche d’un travail sur un
navire à décharger. Les Parisiens les appellent les «  gré-
vistes ».
La place est aussi le lieu des exécutions. Ne t’étonne
donc pas d’y trouver grande agitation les jours de sup-
plice public. C’est là que la foule a pu voir et conspuer le
traître Ravaillac, assassin du bon roi Henri IV, et François
de Montmorency, injustement exécuté par Richelieu pour
un duel alors qu’il défendait son honneur. Il y a peu, j’ai
pu y voir un homme accusé d’être un sorcier brûler vif.
Peut-être était-il innocent, peut-être était-il juste doué de
pouvoirs, comme toi et moi.
Outre la place de Grève, l’autre principal marché de
la ville se trouve près des Halles au blé. Ces deux grands
marchés sont les centres d’activité de la vie parisienne. J’ai
l’habitude de les désigner comme étant le ventre de la ca-
pitale. Tout y est montré, palpé, transféré, monnayé, quel-
quefois transformé ; avant de disparaître dans les ruelles
innombrables. Aux Halles, tu retrouveras ici la même foule
grouillante et hurlante, croisant les matrones avec leurs
paniers pleins à ras-bord de pain chaud. Car c’est là que
l’on trouve les meilleurs boulangers, ceux qui rivalisent
d’adresse pour transformer un morceau de pain en œuvre
d’art et un peu de blé mouillé et concassé en un repas de
roi. Ce marché est un régal pour les papilles et les yeux.
On ira ensemble manger à la taverne de la Pomme de Pin,
du chocolat et des pommes de terre tout droit rapportés
des Amériques. Et je me ferai un plaisir de te faire goûter
aux poules des Indes, cette nouvelle espèce de volaille qui
enchante le palais. Tout ça arrosé d’un bon vin d’Anjou
et du tabac à portée de main bien sûr ! Mais si on est
malchanceux et que les produits du Nouveau Monde sont
absents, j’investirai bien volontiers quelques Livres dans un
lapin qui, certes cher, reste une viande de premier choix. Il
ne faudrait pas que tu reviennes chez toi en disant que l’on
mange mal en France !
Je ne vais pas te cacher que comme partout ailleurs,
la grande majorité des Parisiens sont trop pauvres pour se
payer un repas avec de la viande. Le poisson, ou une vilaine
tambouille avec de l’eau et du pain, voilà le quotidien des
roturiers ici.
En revanche, je te conseille d’éviter cette nouvelle
boisson noire et forte qui vient d’apparaître en ville. J’en ai
goûté un bol et outre le goût exécrable, cela m’a empêché
de dormir toute la nuit. Je crois qu’on appelle cette boisson
infecte le café.
Le centre du pouvoir : Le Louvre
Si, en partant de la place de Grève, tu prends vers
l’Ouest, tu trouveras sans mal le Louvre. Ce bâtiment n’est
ni plus ni moins que le cerveau de Paris et du royaume
tout entier. On reconnaît aisément la vieille cour médiévale
de l’extérieur. La galerie du palais longe la Seine, don-
nant un charme fou au bord de Seine parisien. Mais on ne
rentre pas dans ce glorieux bâtiment comme cela. Il faut
des recommandations ou un laissez-passer. Et en ces temps
troublés, nombreux sont ceux qui désireraient savoir ce qui
se passe à la cour. Le palais est bien la demeure d’un roi.
Gardé par les mousquetaires, agrandi le long du fleuve vers
les Tuileries, il s’agit là d’un des plus beaux ensembles de la
capitale, supplantant même le palais du Luxembourg, rien
n’est au-dessus de la grâce royale.
J’ai eu une fois seulement l’occasion d’y entrer, pour
une cérémonie donnée en l’honneur d’un émissaire de l’em-
pire Ottoman, grâce à ma maîtrise toute relative du turc.
J’ai été étonné du nombre de coursiers, de fonctionnaires,
courant partout avec des liasses de papier toujours plus
Chapitre XII - Paris 1648
grandes. Le Louvre était telle une ruche en pleine activité.
C’est ici, entre le vieux Louvre et les Tuileries, que vit
la famille royale. Notre jeune monarque attend son heure.
Dans quatre ans il sera enfin déclaré majeur. En attendant
sa mère, la reine Anne d’Autriche gouverne. Et elle entend
bien donner à son fils un beau royaume, avec une armée
forte et une paix durable. Pour cela, elle s’appuie sur cet
Italien tant décrié : le cardinal Mazarin. En tant que prin-
cipal ministre, c’est lui qui dirige le pays en ce moment.
Certains se demandent comment une personne si antipa-
thique a pu atteindre le sommet du pouvoir. On prétend
même qu’il serait l’amant de la reine. Mais je te le dis mon
ami, ce ne sont que des racontars lancés par des jaloux. Si
le cardinal dirige la France, c’est tout simplement car c’est
le plus doué et le plus intelligent des hommes de ce pays.
Beaucoup le savent, ce n’est pas un secret, le pouvoir
de la couronne est mis à mal en ce moment. Le cardinal
Mazarin, mentor de Louis Dieudonné, fait son possible. Il
a instauré de nouvelles taxes afin de finir la guerre contre
l’Espagne au plus tôt et dans les meilleures conditions  ;
c’est-à-dire sur une victoire.
Nos soldats se battent dans le Nord du pays. Les
blessés et les mercenaires qui reviennent sur la capitale
racontent le spectacle horrible de la guerre avec pour
preuves leur corps portant les meurtrissures des balles de
mousquets. Tout ceci rend le cardinal ministre terrible-
ment impopulaire. Les nobles le détestaient déjà en tant
qu’hériter de Richelieu, mais la vieille noblesse le déteste
presque encore plus à cause de ses origines italiennes dont
la famille n’a pas de particule de noblesse. Le peuple le
conspue, le rendant seul responsable de son malheur. On
trouve régulièrement en ville, imprimés par centaines voire
par milliers, des petits textes graveleux moquant Son Émi-
nence. Sous forme de poèmes ou de chansons, les Parisiens
rient beaucoup de ces mazarinades. Les hommes d’esprit
s’amusent sous de faux noms à en inventer d’autres et c’est
à celui qui fera la plus drôle, la plus insultante aussi. Mais
le saint homme s’en amuse. On dit qu’il collectionne tous
ces textes portant sur sa personne et qu’il prend beaucoup
de recul sur lui-même. Je crains cependant qu’un jour pro-
chain le peuple et la noblesse prennent les armes contre le
cardinal. J’espère que ce jour n’arrivera jamais.
163

Beaucoup de nobles se sont installés à Paris ces der-
nières années. Ils viennent tenter d’impressionner le roi et
la reine, en espérant les grâces du monarque en retour. Sur
la rive droite, dans le quartier du Marais, on retrouve une
véritable forêt d’hôtels particuliers construits ces cinquante
dernières années. Et cela ne s’arrête pas. Un noble, pour
montrer sa réussite, se doit d’avoir une belle demeure à
Paris. C’est ainsi.
Les prisons et le guet pires criminels rien n’est négociable, fort heureusement.
S’attaquer à la personne du roi ou de sa mère est
interdit. Tout le monde sait cela en France comme dans
toute l’Europe. Les personnes qui s’y risquent finissent ac-
cusées de trahison ou prennent le chemin des geôles. Les
prisonniers les plus importants, les nobles conspirateurs,
sont envoyés au château de Vincennes. Cette forteresse est
presque imprenable. C’est là que Louis XIII avait fait en-
fermer certains de ses ennemis. Mais Vincennes est à un
jour de voyage. Il existe donc aussi des prisons plus près
de la ville. Ceux qui défient trop ouvertement la couronne
peuvent se retrouver à la Bastille. Fort heureusement, cela
ne m’est jamais arrivé, mais beaucoup de libres penseurs
ou de libertins comme François de La Rochefoucauld y ont
fait un séjour. Cette prison toute entière réservée aux pri-
sonniers du roi est terrifiante. Tous les Parisiens courbent
Chapitre XII - Paris 1648
le dos quand l’ombre de l’édifice descend sur les rues.
Et enfin, il y a les prisonniers plus courants, ceux qui
sont arrêtés par le guet de la Cité. Ils sont enfermés pour la
plupart au Grand Châtelet. Tu ne pourras pas le rater, c’est
un édifice sombre et vieux, construit juste devant le pont
Théodor Hoffbauer - Hôtel de ville de Paris (1583)
Collection privée
164
aux changes reliant la Cité à l’Île. Chaque cellule y porte
un nom. Le prévôt de Paris, un ami, m’en a donné certains
: Le Puits, les Oubliettes, l’Entre-deux-huis, la Gourdaine,
le Berceau et bien d’autres encore. Rien de bien réjouis-
sant. Dans les entrailles du bâtiment se trouvent la Fosse et
la Fin d’Aise. Ces cellules sont si horribles qu’aucun prison-
niers n’y survit plus de deux semaines. Les gardes y jettent
des excréments divers. La forme de la pièce est en forme de
cône inversé, de telle façon qu’on ne peut jamais s’y asseoir.
Le prévôt demande à chaque prisonnier de payer pour avoir
de meilleures conditions d’emprisonnement, mais pour les
Le prévôt me racontait qu’il avait fort à faire. Il doit
diriger le guet de la ville et les bandits ne manquent pas.
Manquant de bras et fort mal organisés, ils arrivent sou-
vent bien trop tard sur les lieux d’un crime. Ainsi, seules
les grandes avenues sont bien surveillées et seulement le
jour. Le parvis de Notre-Dame est aussi toujours surveillé.
Comme tu peux t’en douter, la garde du palais royal n’est
pas l’affaire du guet, mais des troupes d’élite du roi.
Comme bien d’autres villes, Paris a aussi sa milice
bourgeoise. Cette dernière n’hésite pas à prêter main forte
au guet le cas échéant. Mais ces bourgeois sans formation
au maniement des armes sont quelquefois bien prompts à
rendre justice eux-mêmes. Toujours est-il que dans certains
quartiers malfamés leur présence est la bienvenue.
 Le parlement de Paris et les mi-
lices
Le parlement de Paris est le centre juridique du
royaume. Il se trouve sur l’Île de la cité, dans ce que les
Parisiens appellent le Palais. Ces membres, tous nobles au
moins au premier degré, rendent la justice et leurs déci-
sions font loi sur presque la moitié du royaume, jusque
dans le midi et dans toutes les régions qui n’ont pas de cour
souveraine. On ne peut contester ni faire appel contre cette
noble chambre de juristes. C’est donc là que sont jugées
les plus grandes affaires, les nouvelles lois et les grands
criminels de France. Je suis fier de dire que cette grande
institution permet de faire de notre royaume ce qu’il est,
un pays uni. On évite ainsi les querelles futiles et les pous-
sées indépendantistes comme en Espagne.
Oui, le Parlement a beaucoup de pouvoir à Paris et
dans le royaume. Il ne se tait que lorsque que le Roi et son
Conseil sont présents. Le roi rend seul son jugement et
tous doivent l’écouter. Cependant, comme tu le sais, notre
roi n’a que 10 ans et je bénis le jour où il sera assez grand
pour prendre seul le pouvoir. Mais en attendant, sa mère,
la Reine Anne d’Autriche gère les affaires du royaume. Et
les choses vont mal.
Le parlement s’oppose de tout son poids aux réformes
de la reine et de son conseiller. Il bloque toutes les lois et
les nouvelles taxes pour la guerre, notamment celles visant
à leur faire payer un impôt, une nouveauté. Ces querelles
obligent le roi à être présent trop souvent au conseil et
comme je l’ai dit, il n’a pas encore l’autorité pour asseoir
son pouvoir. Ce ne serait pas aussi grave si le pays n’était
pas en guerre.
Les membres du parlement rêvent d’autonomie. Ils
veulent plus de liberté et de pouvoir sur Paris et sur les
Parisiens dont ils sont les alliés. Oui mon ami, les mécon-
tents sont là au sommet de l’État et menacent la stabili-
té du royaume. Ces mécontents, ces parlementaires sont
des officiers. Ils sont donc inamovibles, siégeant à la même
place tout au long de leur vie. Et à leur mort, leur place est
échue à leur descendant. Ce sont donc toujours les mêmes
personnes, les mêmes mentalités qui jugent les affaires, mo-
delant peu à peu le royaume. Les quelques nouvelles têtes
sont celles de personnages fortunés qui achètent au prix
fort le droit de siéger dans la noble assemblée (quelque
30 000 à 100 000 Livres).
Je dois cependant émettre quelques doutes. Ayant
pu fréquenter quelques unes de ces personnes, je peux
t’affirmer que leur bon sens et leur équité sont plus que
discutables. Les grands noms et les belles familles comme
Broussel, Le Peletier, ou Maupeon ne doivent pas cacher
la réalité et la fainéantise de certains. Beaucoup manquent
de culture, de recul ou d’expérience, certains n’ayant que
19 ou 20 ans ! Et je ne te parle pas de leurs éternels jours
de repos ! À cause de cela beaucoup d’affaires traînent en
longueur encore et encore. C’est que ces parlementaires ne
prennent pas tous leur travail à cœur.
Rive Gauche : L’Université
Paris a toujours compté un très grand nombre de
lettrés et son université est connue de par le monde entier.
Hic et ubique terrarum « Ici et partout sur la Terre » est
sa devise. Ce haut lieu du savoir est un bonheur dans une
ville frappée de tant de laideur dans ses rues. On y dispense
surtout des cours de droit, de médecine et de théologie, ces
derniers se passant à la Sorbonne. Les diplômes décernés,
baccalauréat, licence, maîtrise ou doctorat, sont reconnus
par tous. Les agents administratifs de notre grand royaume,
ceux du conseil d’État, du parlement, des tribunaux et des
impôts y sont formés alors que les plus éminents ecclésias-
tiques y travaillent pour préparer les saints hommes à leur
tâche d’enseignement, de soin, de recherche ou d’adminis-
tration pour les évêques et abbés. Un lieu de gloire et de
prestige sans aucun doute. Le quartier des étudiants se
trouve au Sud de la rivière de Seine. Tu ne manqueras de
voir, dans le bien nommé quartier latin, les jeunes hommes
turbulents et travailleurs alors qu’ils se rendent à leur leçon
pour en savoir toujours plus. La quête du savoir est sans
fin. Chacun doit porter un habit différent en fonction du
diplôme qu’il prépare. On reconnaît ainsi facilement les
futurs juristes des apprentis médecins.
Ces derniers justement ne peuvent officier qu’à par-
tir du grade de médecin... Et c’est bien suffisant ! En ef-
fet, malgré le prestige de cette université, laisse-moi te
dire mon ami que les médecins ne sont pas meilleurs ici
qu’ailleurs. Ils vendent beaucoup de soi-disant remèdes qui
coûtent cher, promettent monts et merveilles, mais au final
ils ne savent pas guérir mieux que ma grand-tante !
J’ai souvent entendu dire que cela était dû à leur for-
mation archaïque et aux maîtres réfractaires aux nouvelles
idées venant d’Amsterdam ou d’Angleterre. Ils apprennent
le latin pour pouvoir lire et comprendre les textes d’Hip-
pocrate et pratiquent comme lui la saignée et les purges.
Les doctrines prônées ici ne sont pas les mêmes dans tout
le royaume. J’ai eu l’occasion de consulter un homme de
science ayant fait ses étude à Montpellier. Dans cette ville
Chapitre XII - Paris 1648
du Sud fort éloignée de l’influence rétrograde parisienne,
les médecins se tournent vers de nouvelles idées. D’après
eux, le sang ne contiendrait pas les excès d’humeurs à pur-
ger mais ferait partie de tout un système vital dont le cœur
serait le centre. Les deux universités n’ont pas fini de se
disputer et je crois que seul le roi pourra régler ce différend
une fois sa majorité atteinte.
Il faut bien admettre que les doctrines prônées par
les doyens de l’université de Paris ne permettent pas d’en-
seigner les nouvelles sciences que sont les mathématiques,
la chimie, l’astronomie, l’hébreu ou le grec. Aucune de ces
disciplines n’est reconnue comme étant une science par les
anciens, chose complètement absurde si tu veux mon avis.
Ainsi, pour les étudier, j’ai été obligé de me rendre au
Collège Royal.
Cet endroit est une bénédiction. Les rois de France
gâtent le peuple en offrant à tous au sein du collège un ac-
cès au savoir. Les cours y sont gratuits et ouverts à tout un
chacun, même s’il faut un esprit bien fait pour comprendre
et interpréter les paroles et les problèmes des plus grands.
Les meilleurs humanistes y sont nommés par le roi et la
cour. Contrairement à l’Université, cloisonnée par les idées
de l’Église qui la protège, le Collège de France ne connaît
pas d’interdits. C’est bien simple sa devise est Docet omnia
«  Il enseigne tout  ». Voilà comment la couronne aide les
nouvelles sciences à naître et à s’épanouir dans le royaume.
Tu me connais, j’ai toujours préféré un discours raisonné et
argumenté à une doctrine autoritaire.
Eh oui, Paris est aussi une ville de conflits et celui qui
oppose la royauté à l’Église est acerbe. C’est bien triste car
à mon sens, toute cette belle énergie serait mieux utilisée
contre nos ennemis espagnols ou autrichiens. Parfois, il me
semble que certains oublient que nous sommes en guerre.
Ils ne s’en souviennent que lorsque l’on vient leur deman-
der des taxes.
Présence religieuse
En parlant de l’Église, je me rends compte que j’ai
oublié de te parler de la splendide cathédrale Notre-Dame
de Paris. Je sais que tu la connais, tant sa réputation est
grande. Laisse-moi te dire qu’elle n’est pas usurpée. Ce chef
165
 d’œuvre d’architecture tout entier consacré à la gloire de
Dieu et de la Vierge est un plaisir pour les yeux et le cœur.
Même les Huguenots et les Juifs doivent envier un si beau
monument tout entier consacré au Seigneur.
Il existe bien sûr beaucoup d’autres églises et bâ-
timents religieux au sein de la capitale, comme l’église
Saint-Joseph ou l’église Saint-Martin ou encore l’abbaye
Sainte-Catherine. En faire la liste serait long et superflu.
Les religieux tiennent aussi les hôpitaux de la ville.
Je me dois de te mentionner d’ailleurs l’Hôtel Dieu de Pa-
ris. Les hommes et les femmes qui sont là sont des monu-
ments de piété. Ils accueillent tous ceux qui sont dans le
besoin. Voyageurs, femmes enceintes, enfants abandonnés,
pauvres, vieillards, blessés ou malades, tous sont admis et
soignés. Ainsi le lieu est très vite rempli en cas d’épidémie
ou de disette, et l’odeur qui en s’échappe alors est plus
qu’abjecte. Il n’y a que les lépreux qui ne sont pas acceptés.
Pleins de sagesse, les religieux les écartent à la campagne,
à la léproserie.
Paris et ses environs comptent nombre d’abbayes
et de prieurés. Les plus connus sont Sainte-Geneviève et
Saint-Germain-des-prés. Sainte-Geneviève est la protec-
trice de Paris et l’abbaye qui lui est dédiée reçoit beaucoup
de donations de la part des Parisiens. L’abbaye Saint-Ger-
main-des-prés se développe à l’extérieur des remparts sur
la rive gauche. Le faubourg qui l’entoure est un des plus
actifs de la capitale. La foire de Saint-Germain, juste à
côté de l’abbaye, présente un nombre incroyable de denrées
Chapitre XII - Paris 1648
venant du Sud. La rumeur disait il y a quelque temps que
les remparts du Sud allaient être agrandis pour pouvoir
contenir tout le quartier de Saint-Germain. Mais aucuns
travaux ne commenceront tant que la guerre durera.
Duel et escrime
Ha ! Les duels ! Je dois te prévenir que c’est une
véritable passion française. Les nobles et les gentilshommes
s’entretuent avec panache pour défendre leur honneur à
la moindre allusion ou insulte mal placée. C’est justement
pour limiter tous ces affrontements inutiles qui décimaient
la noblesse d’épée que le cardinal ministre Richelieu voulait
punir de mort tous ceux qui se battaient en duel au grand
jour. Mais les escrimeurs se cachent, et de toute façon, qui
irait dénoncer un noble ? Les femmes et les ecclésiastiques
commencent même à s’y mettre par jeu, se choisissant un
champion pour répondre à toutes les insultes par les armes.
Ainsi, j’ai entendu dire le mois dernier que deux nobles
dames auraient réglé leurs différends en faisant intervenir
leur champion respectif.
Cédant à la mode, j’ai passé un temps dans une salle
d’armes. J’y ai croisé nombre d’escrimeurs qui venaient
comme moi s’entraîner ou se perfectionner dans l’art du
combat à l’épée. Les salles d’armes sont des lieux bruyants
où résonnent les chocs des lames et les rires des combat-
tants comme les remontrances des maîtres d’armes et des
prévôts, leurs assistants. Malgré cela, le règlement y est très
strict aussi bien du point de vue de la bienséance, que du
respect et de la sécurité, un maître d’arme comptant avant
tout sur sa réputation. Les entraînements étant publics, je
te conseille d’y faire un tour si tu as le temps. Chaque escri-
meur, chaque maître d’armes, équipé d’un fleuret moucheté
durant les assauts, cherche encore et encore le coup parfait,
la botte secrète qui enverra à coup sûr l’ennemi à terre.
Si certains maîtres se concentrent plus sur une re-
cherche académique, il ne faut pas oublier que ce sport ne
vise qu’un seul but : tuer au prochain duel. Si jamais il arri-
vait mon ami qu’un quelconque butor te déclare en duel, je
serais ravi d’être ton témoin. Le rôle du témoin est de ren-
contrer ceux de l’offensé pour régler les termes du duel, ou
pour essayer d’éviter la confrontation. L’arme et le lieu de
166
la rencontre sont aussi déterminés. J’ai pu ainsi assister en
tant que témoin à un duel sur le pré au clerc, au bord de la
rivière de Seine, de l’autre côté du Louvre. Le duel à l’épée
s’est bien fini pour mon ami mais les deux témoins ennemis
ont également voulu en découdre, transformant une passe
d’arme à un contre un en un pugilat à trois contre trois.
Je m’en suis sorti avec une blessure à la cuisse mais deux
morts encombraient le champ quand nous sommes partis.
Tout ça pour te dire que les dettes d’honneur peuvent aller
très loin en France.
Les cours des miracles
J’ai honte à évoquer ce thème ici mais je me dois de
te prévenir. Paris n’est pas peuplée que de gens affables et
courtois, c’est une évidence. Venue des campagnes environ-
nantes pour chercher du travail, une faune de plus en plus
grande a grossi les rangs des miséreux et des vagabonds
de la ville. Maintenant, pour survivre, les plus vils se re-
trouvent dans leur quartier général que nous appelons cour
des miracles. Ce nom étrange vient du fait que toutes les
infirmités de ces bougres disparaissent une fois dans leur
repaire. L’aveugle voit à nouveau, l’estropié récupère ses
jambes, le boiteux est redressé...
Oui mon ami, tu comprends bien là leur manœuvre.
Tout est bon pour provoquer la compassion chez le passant
et récupérer ainsi quelques deniers. Les cours des miracles
ne sont en fait que le vestiaire où s’habillent et se désha-
billent ces tristes acteurs que sont les faux malades, les
faux marchands, les vrais voleurs, assassins et prostituées.
Les plus folles rumeurs courent sur ces endroits,
l’imagination des hommes et des femmes amplifiant celles
des malandrins. Aussi est-il difficile de reconnaître le vrai
du faux, comme toujours à la cour des miracles. La plus
grande se trouverait près de la rue de Réaumur, c’est le
fief d’Albi. Un mendiant à moitié saoul m’a certifié un jour
que la cour comptait une organisation très puissante et
une hiérarchie parfaite. Singeant la vraie cour de France,
on y retrouve les mêmes grades. Leur roi se fait nommer le
chef-coësre, et ses seconds, ses ducs, sont les cagous. Il m’a
soutenu mordicus qu’il existait un Grand Coësre qui dirige-
rait tous les mendiants de France et par là même toutes les
cours des miracles du pays. En-dessous des cagous dans la
hiérarchie viennent les lettrés aussi nommés archisuppôts
toujours pour se moquer de la vraie Église. Ces derniers
enseigneraient leur métier aux brigands, menteurs et vo-
leurs. Ce sont eux qui leur apprennent l’argot. Eh oui mon
ami, tous les indices montrent que les cours des miracles
disposent de leur propre langue, l’argot, et qu’il revient à
ces archisuppôts de l’apprendre à tous. De temps à autre,
le mendiant utilisait ce langage dans sa divagation alcoo-
lique. Je peux te dire que si les mots ressemblent vague-
ment à du français, on n’en comprend pas le sens si on n’y
est pas initié. Je te livre ainsi certains termes que j’ai pu
noter à la volée : orphelins, narquois, rifodés, marfaux, hu-
bains ou millards. Je ne sais pas à quoi correspondent ces
appellations, sauf la dernière. Les millards sont ceux qui
doivent nourrir la communauté en volant de la nourriture,
souvent dans les charrettes, au moment où elle est livrée.
Les félons adorent se donner des surnoms entre eux, de
telle façon qu’il devient impossible de connaître le vrai nom
d’un brigand. Ils se donnent des noms d’animaux comme le
Cachalot, la Moule ou le Merlu. On raconte, mais là encore
je ne sais la part de vérité, que les voleurs y sont formés
par des « maîtres » qui leur feraient passer des épreuves
grotesques.
Et que font les autorités contre ce fléau me diras-tu ?
Rien. Les hommes de guet, les lapins-ferrés comme ils les
appellent, ont peur. Personne n’ose rentrer dans leur do-
maine. Les cours des miracles sont des boyaux étroits et
il est difficile d’y rentrer sans y avoir été invité sous peine
de finir égorgé. Le roi Louis XIII lui-même a dû renoncer
à faire détruire une cour des miracles car aucun maçon ne
voulait y pénétrer, deux s’étant déjà fait tuer.
Ces faux rois de ces fausses cours ont donc de vrais
pouvoirs.
La Gazette
Pour appuyer encore son pouvoir sur le peuple, la
Couronne a investi la Gazette de France. Créée par le mé-
decin Théophraste Renaudot et par Richelieu, ce journal
qui paraît tous les vendredis comporte toutes les grandes
informations concernant le royaume et les nouvelles de
l’étranger. Les artisans l’utilisent aussi pour faire connaître
la qualité de leur travail. J’ai même un exemplaire où le
roi Louis XIII lui-même a écrit. On y apprend quelques
informations sur ce qui se passe à la cour mais guère plus.
La couronne contrôle ce qui se dit sur elle.
Préciosité et libertinage
Paris est une ville de culture. Les mazarinades sont
une excuse pour jouer avec la langue française, qui est bien
la plus belle langue du monde. Je ne dis pas cela seule-
ment en tant qu’habitant de Francie mais bien en tant
C’est une véritable folie qui s’empare des habitants
quand on parle de ce jeu, tu verras. Je ne crois pas me
tromper en disant que des milliers de gens en vivent, juste
avec les paris et les compétitions. Ainsi, taper la balle est
leur profession et la raquette leur outil. C’est bien simple,
nombreux sont les palais à se faire construire une salle de
jeu de paume. Les anglais disent de nous que nous naissons
une raquette à la main. Mais ce sont juste des critiques
gratuites pour cacher le fait que ce sont des maladroits.
Je t’apprendrai volontiers deux ou trois coups qui te
permettront d’épater la galerie ! Mais si tu préfères, nous
pourrons nous intéresser aux combats de coqs ou aux jeux
de cartes et de dés. On trouve de tout et pour tous les
goûts à Paris.
Le Théâtre
Oui le théâtre. Je t’en parle car cet art est en plein
renouveau artistique. Les grands hommes comme les plus
simples hobereaux se plaisent à écrire des pièces et un bon
artiste de théâtre peut gagner sa vie aisément s’il gagne la
protection d’un puissant. Ces derniers apprécient d’avoir
leur troupe personnelle, se montrant mécènes et grands sei-
gneurs. S’inspirant encore une fois d’Italie, cet art a com-
plètement subjugué la France, et je dois avouer que c’est
pour le meilleur ! On rit, on s’amuse !
J’étais la semaine dernière à l’Hôtel de Bourgogne,

Chapitre XII - Paris 1648

qu’homme de lettres. De tous les langages que je connais, transformé depuis quelques années en théâtre permanent.
il n’est que le français qui puisse être si pur, si juste et à J’y ai vu une tragédie d’un jeune auteur, Jean Racine. Le
la fois si élevé dans sa diction, sa précision et par les idées succès était mitigé mais je ne suis pas grand amateur de
qu’il transporte. tragédie. Je préfère la comédie et mon ami je devrais t’em-
Si je te dis tout cela c’est aussi parce que ce sont mener au Théâtre du Marais en espérant qu’on y trouve
les idées à la mode à Paris. Depuis une trentaine d’années encore ce dénommé Molière dont la pièce m’avait tant en-
maintenant est née la préciosité, la volonté de se démarquer chanté la dernière fois.
par la pureté du langage, par l’élégance de sa diction et de
sa tenue. Ce sont des femmes principalement qui ont lancé Voilà mon ami les quelques choses que je peux te
ce modèle et cette quête de perpétuelle élégance. Ces pré- dire sur Paris. Tu l’auras compris, malgré tous ses défauts,
cieux et précieuses, tous nobles, se retrouvent dans des sa- j’aime cette cité, si vivante et si belle. J’espère que toi aussi
lons littéraires comme à l’Hôtel de Rambouillet, entre eux, tu apprécieras ton séjour en août prochain.
pour évoquer et partager des idées novatrices... Et ils pour-
raient bien être bannis par l’Église si cela se savait ! Les
précieux donnent beaucoup de place à la femme, en parlant
presque comme des hommes, et se rapprochent du liber-
tinage. Eh oui, il n’y a pas qu’à Amsterdam ou Londres
qu’on entend proférer des idées farfelues et contre-nature !
Ha les libertins ! Ils sont nombreux à hanter les
murs du Collège Royal. Certains ont même des places à
la cour ou au parlement. Ils prônent l’autonomie morale
de l’homme et parlent d’esprit critique, d’expérimentation.
C’est une nouvelle manière de penser très pratique pour
les sciences telles que les mathématiques. Mais appliquée
à l’Homme, ils en viennent à défier les dogmes de l’Église
qui d’après eux enferme l’être et empêche son développe-
ment. Ils condamnent les miracles et les superstitions et
se concentrent sur ce qui est déterministe. Bien que leurs
idées soient séduisantes pour des possédés, elles sont dan-
gereuses. Les gens comme nous ne devraient pas trop s’ap-
procher de ces hommes, sous peine d’être pris pour des
sorciers qui embobinent l’esprit des gens.

Jeu de paume
La Paume ! Bien que sur le déclin, ce jeu est tou-
jours un des préférés des Parisiens qui préfèrent jouer que
travailler. Les salles de jeu et les tripots sont encore bien
nombreux dans la capitale, plus de 120 je pense, quoique de
plus en plus souvent remplacés par des théâtres provisoires.
Je t’y emmènerai taper la balle, en un contre un ou deux
contre deux, peu importe.

167
Chapitre XII - Paris 1648

168
 Chapitre XIII
Dans le monde des esprits
Ce chapitre présente les esprits, leur façon de penser,
leurs objectifs, ainsi que leurs occupations.
Abominations
Il peut arriver qu’un possédé soit vaincu par son es-
prit. C’est souvent le cas pour les esprits qui ont un com-
portement agressif, une philosophie de démon. Le mécon-
tentement et la mésentente étant élevés entre le réceptacle
et l’esprit, ce dernier finit par vaincre définitivement son
réceptacle. Cela n’arrive que très rarement par hasard,
mais plutôt quand le réceptacle n’arrive pas à contrôler
son esprit en essayant de manipuler son pouvoir. Des hu-
mains dotés d’un intellect particulièrement faible sont bien
sûr plus enclins à disparaître devant l’esprit et à devenir
des abominations. Mais en règle générale, une abomination
naît car l’esprit l’a voulu. L’âme de l’être humain est alors
irrémédiablement détruite sans aucun espoir de retour.
Ce sont les esprits eux-mêmes qui ont nommé ces
créatures des abominations. Une fois l’être humain vain-
cu, l’esprit reste seul aux commandes. Ce dernier est alors
coincé dans le corps pour l’éternité. L’immortalité de l’es-
prit est transmise au corps qui est lui aussi hors d’atteinte
du temps et des afflictions comme les maladies. Cepen-
dant, le corps peut toujours être détruit par le feu ou les
hémorragies. La grande malédiction d’une abomination est
de mourir avec le corps qu’elle occupe. En effet, l’esprit
étant définitivement attaché au corps, les deux périssent
ensemble. Une abomination, bien qu’hors d’atteinte des
ravages du temps, devient donc mortelle. C’est cette carac-
téristique qui terrifie tant les autres esprits, c’est ce qui en
fait des êtres non naturels.
Cependant, les abominations ont aussi d’autres ca-
ractéristiques. La première est d’avoir deux formes phy-
siques. En effet, l’abomination peut modeler le corps qu’elle
a conquis. Elle peut choisir de garder l’apparence normale
de son ancien réceptacle, ou au contraire transformer ce
dernier par ses pouvoirs afin de lui faire prendre sa forme
véritable. Les abominations peuvent passer à volonté de
leur forme véritable à leur forme humaine et ce sans aucun
effort. Ces transformations sont à l’origine de nombreuses
légendes concernant les créatures surnaturelles comme les
loups-garous ou même les dragons.
Autre caractéristique majeure des abominations  :
leur puissance. En effet, plus rien ne retient les pouvoirs de
l’esprit lorsque ce dernier veut déchaîner sa puissance dans
le monde réel puisqu’il est dans le monde réel ! Les capa-
cités surnaturelles d’une abomination sont bien au-dessus
de celles de n’importe quel possédé. Ce sont donc des ad-
versaires terrifiants pour les humains normaux, ce sont des
êtres de légende.
Mais le plus grand problème des abominations reste
leur comportement. Un esprit millénaire contrôlant une co-
quille vide dans le monde du XVIIème siècle, ce n’est pas
naturel, ce n’est pas normal. Après avoir vécu des centaines
voire des milliers d’années sous forme de pensées imma-
térielles, les esprits ne sont pas prêts à vivre «  normale-
ment  » dans notre monde. Il ne comprennent pas notre
mode de pensée, ils ne l’ont jamais parfaitement compris.
Par conséquent, les abominations se comportent de façon
étrange. Les traits de caractère d’une abomination sont
extrapolés à l’extrême, allant jusqu’à la stupidité et la bê-
tise. Ceux qui ont une philosophie de démon laissent libre
cours à leur pulsion de ravage et de destruction, les esprits
racistes peuvent organiser de véritables holocaustes, ceux
qui développent des manies, comme un fétichisme pour un
animal, en feront des idoles que les humains devront ado-
rer. C’est ce qui s’est passé durant l’Égypte ancienne, c’est
ce qui a provoqué l’apparition de ces dieux moitié animal
moitié homme tel Horus, le dieu faucon. Les mythes grecs
font aussi écho aux abominations  : les héros combattant
des monstres ne sont rien d’autre que des humains tuant
définitivement des abominations sanguinaires.
Leur comportement excessif rend les abominations
extrêmement dangereuses. C’est pour cela que les humains
en ont peur. Mais c’est aussi pour cela que les autres pos-
sédés les chassent. Les abominations sont considérées par
leurs congénères comme des esprits ayant perdu la raison.
Ces créatures n’ont aucune conception du secret et peuvent
révéler au monde la terrible vérité sur les esprits et les
possédés. Or, beaucoup d’esprits et de clans s’emploient de
plus en plus à faire disparaître la notion de surnaturel aux
yeux des humains, créant un monde cartésien où tout évè-
nement a une origine physique explicable. Si plus personne
ne croyait au surnaturel, il serait bien plus aisé pour les
possédés de se cacher. Mais ceci passe par l’extermination
de toute nouvelle abomination.
En termes de jeu, on considère qu’une abomination
reprend les attributs et les compétences de son réceptacle,
 sauf pour l’attribut Intellect. Ce dernier est ajusté par le
MJ en fonction de l’esprit, si ce dernier était plutôt réfléchi
ou butor maladroit par exemple. L’attribut Pouvoir est
fixé à 8. L’abomination gagne alors de nouveaux points
de Pouvoir à dépenser comme bon lui semble. Elle garde
cependant les pouvoirs de présence déjà achetés par son
réceptacle. L’abomination n’a pas besoin d’effectuer de jet
de Contrôle de soi quand elle utilise ses pouvoirs, ils sont
tous toujours automatiquement réussis. Qu’elle emprunte
sa forme d’humain ou sa forme véritable, elle peut utiliser
tous ses pouvoirs à volonté. Une abomination continue de
prendre de l’XP et peut donc améliorer ses attributs et
compétences.
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits
Durant les parties, il doit être extrêmement rare
qu’un PJ devienne une abomination. Il perd alors son per-
sonnage qui devient PNJ. Dans l’idéal une telle chose ne
devrait jamais arriver. Devenir une abomination est une
menace qui pèse en permanence sur tous les possédés mais
au final il n’y en a que très peu qui succombent. Ceux qui
ont un Intellect trop faible comparé à leur Pouvoir sont
bien sûr plus menacés, de même que ceux qui ont une Mé-
sentente élevée. Il revient au MJ de faire comprendre cette
menace aux joueurs sans pour autant qu’elle ne devienne
réalité, à part si le PJ l’a vraiment mérité.
La fusion
À l’opposé des abominations, il existe la fusion.
Il peut arriver qu’un possédé et un esprit deviennent si
proches, que leur lien soit si fort, que les deux êtres en
viennent à fusionner. Ils ne forment alors plus qu’un esprit
dans un seul corps. Il faut, pour que cela arrive, que le
possédé adore son esprit et vice-versa. Il est nécessaire que
les deux êtres se comprennent parfaitement jusqu’à avoir
le même mode de pensée. Les esprits appellent le possédé
ainsi choisi leur âme sœur. Il est extrêmement rare qu’un
possédé arrive à la fusion. Les abominations sont plus cou-
rantes. L’âme de l’humain devient alors immortelle comme
celle de son esprit. Quand le corps du possédé mourra de
mort naturelle ou autre, les deux âmes fusionnées en par-
tiront pour chercher un autre réceptacle. La fusion per-
met donc au possédé d’atteindre l’immortalité, devenant
la moitié d’un nouvel esprit. Le nouvel esprit qui naîtra
aura les deux traits de caractère majeurs des deux âmes
précédentes, du possédé et de l’esprit. Maintenant, comme
un esprit normal, l’esprit fusionné a besoin de se trouver
un nouveau réceptacle.
Un esprit fusionné est un être complet qui a bien plus
facilement d’emprise sur le monde réel. À ce titre, quand
un esprit fusionné décide de son nouveau réceptacle, il va
en chasser l’âme qui l’occupait précédemment, la détrui-
sant à jamais. Cette destruction est automatique et inter-
vient quand l’esprit rentre dans le corps. Un esprit fusionné
est donc toujours maître de lui-même et n’a pas à discuter
avec l’âme du corps qu’il possède. Le corps d’un esprit
fusionné est toujours soumis aux ravages du temps. Son
esprit en revanche survivra éternellement.
Les esprits ayant réussi une fusion sont peu nom-
breux mais ils ont toujours une vision plus large du monde,
ils comprennent plus de choses, voient plus loin dans le
futur et devinent les comportements des Hommes.
Pour accomplir une fusion, il est nécessaire que l’at-
tribut Pouvoir du possédé soit à 8. Cela représente le fort
170
lien qui unit les deux êtres. Il est également nécessaire que
la Mésentente soit nulle. Le possédé doit alors accomplir un
rituel en suivant les indications de son esprit. La fusion est
un acte définitif, il n’est pas possible de revenir en arrière.
Un esprit fusionné n’a plus besoin de jet de Contrôle de soi,
ils sont toujours automatiquement réussis. Même quand il
rejoindra un autre corps, son attribut Pouvoir sera tou-
jours de 8 et il pourra même monter jusqu’à 10, ce qui cor-
respond à son nouveau maximum. L’attribut Pouvoir d’un
esprit fusionné ne redescend pas quand il passe d’un corps
à l’autre. Il reste toujours à la même valeur. En revanche,
il doit se réadapter à son nouveau corps ce qui l’oblige à
développer à nouveau ses compétences de Pouvoir.
Caractère des esprits
Les esprits ne connaissent pas véritablement leur ori-
gine, ni le but de leur existence. Il est d’autant plus difficile
pour eux d’appréhender leur état que leurs souvenirs ne
remontent en général pas très loin. Ils ne se souviennent
pas avoir changé, évolué ou être apparus. Même dans leur
souvenir le plus ancien, ils sont tels qu’ils sont. Si les es-
prits évoluent, on peut supposer que cela se passe sur des
durées dépassant largement leur mémoire.
C’est donc le mystère de leur existence qui les a fait
créer leur caractère. De cette manière, chaque esprit se
conçoit une origine, un but. S’inspirant là encore de l’hu-
manité qu’ils côtoient, certains esprits se considérèrent
comme étant le fruit d’une création divine portée jusqu’aux
mortels afin de les extirper de leur triste existence. Pour
d’autres, ils sont la partie spirituelle d’une entité unique
originelle dont le réceptacle est la partie physique. Certains
encore estiment qu’ils ont un statut simplement divin et
que leur but est de guider, voire diriger les humains. Mais
il y a aussi tous ceux qui sont persuadés d’avoir été un
jour des êtres humains à part entière. Chacun trouve sa
réponse. Il paraît de toute façon naturel que des esprits vi-
vant par procuration pendant des siècles dans notre société
s’imprègnent de nos modes de vie et de pensée.
La partie suivante décrit les différents caractères
d’esprits. Il y en a ici plus que dans la partie réservée
aux joueurs. En effet, certains caractères d’esprits, qui ap-
portent beaucoup aux scénarios, sont à réserver à des PNJs
car difficilement jouables pour un PJ.
Âme bestiale
Dans leur grande simplicité, certains esprits ont été
des animaux. Ou du moins, ils sont persuadés qu’ils sont
des animaux comme un cheval, un rat, un chien ou même
un corbeau.
En effet, tous les esprits peuvent s’incarner dans un
animal mais les âmes bestiales aiment cela par-dessus tout.
C’est une expérience différente et bien plus reposante. Il
leur arrive de mépriser les humains mais la plupart les
trouvent juste trop complexes, trop agités, engendrant trop
de réflexion. Ce sont donc des esprits qui s’attachent à la
simplicité des choses. Après tout, aucun chat, ni chien pos-
sédé ne s’est jamais fait occire par ses congénères.
Ces esprits sont totalement dirigés par leur instinct
primaire (chasser les souris pour un esprit chat...) et s’at-
tendent à ce que leur réceptacle se comporte aussi comme
un animal.
 Âme errante
Ces esprits sont convaincus
d’avoir été des êtres humains condam-
nés dans leur vie passée à rester au
purgatoire. Et le purgatoire, c’est la
vie d’esprit. Depuis, ils passent d’un
corps à l’autre indéfiniment, en at-
tendant d’avoir purgé leur peine et
de pouvoir enfin rejoindre le paradis.
Ils se considèrent comme des humains
imparfaits qui doivent expier une
faute passée, dans une éternelle suite

Chapitre XIII - Dans le monde des esprits

d’incarnations sans logique ni raison.
Un esprit condamné passe beaucoup
de temps à se plaindre, ressassant ses
fautes passées, du moins celles de ses
réceptacles. Les âmes errantes sont en
fait très liées à leur réceptacle et sont
de véritables émotifs qui supportent
très mal le moment où ils doivent s’en
séparer.

Animal mythique
Beaucoup de mythologies ont
fait récit de créatures terribles et
imaginaires. Le Minotaure dont nous
parle la mythologie grecque, ou encore
Fenrir, le loup de sang divin, peuvent
parfois posséder des personnes et leur
prêter leurs pouvoirs. Un esprit Ani-
mal Mythique se présente comme une
créature ayant existé, et dont la condi-
tion est aujourd’hui celle d’esprit. Ces
esprits peuvent posséder des animaux
ou des êtres humains, mais gardent
une préférence pour ces derniers.
En possédant un humain, ils considèrent alors lui
donner un honneur ultime en lui laissant être le bras droit
William Hamilton - Prosper et Ariel (1797)
d’une divinité. Un esprit divin ne rejette pas son réceptacle Alte Nationalgalerie, Berlin
et ne le sous-estime pas, il lui donne une qualité de de-
mi-dieu capable d’influer véritablement sur l’histoire.
Ces esprits sont quelquefois à l’origine d’histoires réceptacles chefs de guerre, ou avec assez d’influence pour
fantasques sur des loups géants ou des chevaux fous qui pouvoir accomplir leur terrible objectif. Pour cela, les En-
tueraient des enfants et des femmes. voyés des Enfers se plaisent à mettre en place de véritables
sélections pour déterminer leur prochain réceptacle. Ces
Condamné esprits sont dominateurs et supportent difficilement d’être
remis en question.
Les condamnés voient leur condition comme une ma-
lédiction, comme une punition. Ces esprits sont fatigués Fauves
de passer d’un corps à l’autre, de devoir expliquer à des
humains superstitieux qu’ils ne sont pas maléfiques. Après Ces esprits ont définitivement rejeté l’humanité pour
des siècles de vie, ils sont souvent persuadés être des créa- chercher la fusion avec un animal. Il est très peu probable
tures divines, car dotés de grands pouvoirs. Mais pour une qu’ils en viennent à posséder un humain, sauf par accident.
raison qui leur est inconnue, ils ont été enfermés ici avec Une fois la fusion atteinte, ces esprits agissent comme des
les humains. Les condamnés sont dépressifs et n’attendent protecteurs de leur espèce, au détriment des autres. Ain-
plus grand-chose de leur réceptacle. si leurs objectifs sont de détruire la civilisation, ramener
l’être humain à l’état de bête sauvage et dominer la chaîne
Envoyé des Enfers alimentaire.

Ces esprits sont très intéressants. Ils sont persuadés Fou

être la réincarnation d’un personnage du passé. Incarna-
tion après incarnation, ce personnage destructeur poursuit
un but terrible et malsain pour l’humanité. Attila est un
bon exemple, un esprit revenant pour brûler encore toute
l’Italie et raser Rome. Ces esprits choisissent toujours des
Leur condition les a rendus définitivement fous, à
moins qu’ils ne l’étaient depuis le commencement. Mais
qui s’en soucie. Pas eux en tous cas. Loin de s’apitoyer sur
leur sort comme le font les esprits condamnés, les esprits

171
 fous sont pour le moins imprévisibles et incompréhensibles.
Ces esprits ont leur propre logique. Mais surtout ils ne l’ex-
pliquent pas clairement. Ils posent leurs conclusions avant
leur raisonnement, ne comprennent pas ce que les autres
ne comprennent pas. Ils vivent dans un monde ayant ses
propres règles. Ils sont vraiment dérangés. Rien de garanti,
rien de sûr, si ce n’est la fin.
Ils peuvent avoir été traumatisés par un évènement
marquant d’une précédente incarnation. À moins qu’ils
n’aient un jour réussi à connaître le secret de leur nature
d’esprit, de leur origine. Mais leur crise de folie reste ter-
rifiante. Ces esprits ont tendance à rendre fou à lier même
le plus avisé et le plus sain des réceptacles. Pourtant, à
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits
travers leur dialogue sans queue ni tête, il y a toujours
une parcelle de vérité, et parfois des réponses aux grandes
questions du monde.
Pour ce type d’esprit il est conseillé d’extrapoler ses
traits de comportement jusqu’à l’extrême.
Gardien de l’ordre
Ces esprits se présentent comme des gardiens d’une
certaine vision du monde. Et ils s’attendent à ce que leur
réceptacle fasse tout pour préserver cette vision. Leur uni-
vers est fait d’une certaine façon et ils sont souvent persua-
dés que cette approche est la meilleure. Les esprits gardiens
considèrent un idéal de société et de morale dans lequel les
générations successives ont la même place et le même rôle
social. Ils sont ainsi réfractaires aux changements de mode
de vie et aux changements de classe sociale.
Certains gardiens aiment la société du XVIIème
siècle et supposent que seules les personnes de sang noble
peuvent l’être, que les paysans ont ce rôle au sein de la
société et que les choses n’ont pas à changer. Mais un autre
gardien peut considérer un autre type de société comme
«  normal  », une société sans classes sociales ou alors en
oligarchie, car c’est ce qu’il a connu par le passé et que les
choses doivent toujours être ainsi. En tout cas, pour eux les
choses doivent avoir une place fixe, correspondant à un rôle
qui leur est propre dans le monde.
Chaque gardien a sa vision du monde et tout ce qui
en dévie est à proscrire.
Leur place est parmi les hauts fonctionnaires, les
chefs militaires ou tout autre poste pouvant influer sur la
société.
Un esprit gardien de l’ordre se présentera comme
l’incarnation d’un idéal, un guide pour son réceptacle.
Génie du mal
Ces esprits veulent trouver leur âme sœur, trouver
leur moitié. Ce sont de grands manipulateurs, patients et
avisés, aussi machiavéliques et avides de pouvoir que pos-
sible. Un génie du mal peut être un vampire, immortel,
revenant génération après génération, toujours avec les
mêmes manigances, toujours avec les mêmes mensonges.
Mais surtout avec toujours le même objectif, l’immorta-
lité. Pour cela, ces esprits sordides et intelligents peuvent
monter des plans qui ne se réaliseront que dans plusieurs
dizaines d’années et sur plusieurs incarnations.
Meneur
Certains esprits sont des meneurs, ils sont persua-
dés être des grands hommes de l’histoire, des chefs comme
Charlemagne ou Périclès. L’immortalité leur a été donnée
afin d’accomplir leur grand but.
172
Les Meneurs sont des élitistes. Ils considèrent que les
plus grandes évolutions de l’humanité se sont faites grâce
aux esprits, que ce sont des possédés qui ont construit les
plus grandes sociétés, que ce sont eux qui ont amené et mis
en place des lois équitables, que ce sont eux qui ont fait les
plus grandes découvertes. Pour les élus, il revient donc aux
esprits et à leurs réceptacles de gouverner l’humanité. C’est
l’ordre naturel des choses. Car ce sont eux les plus forts,
les plus rusés et que leur nature immortelle les prédestine
à diriger l’humanité et les nations par l’intermédiaire de
leurs réceptacles.
Leur but est de guider l’humanité à-travers des
épreuves toujours plus grandes. Usant de sagesse et de
charisme, ils rassemblent autour d’eux des hommes et des
femmes partageant ce même but. Ces esprits attendent de
leurs réceptacles qu’ils prennent des responsabilités, des
décisions, qu’ils se mettent en avant.
Messager divin
Ces esprits se présentent comme des êtres divins, ou
des envoyés des dieux. Ils n’ont pas pour autant de mé-
pris pour les humains, et ne les considèrent pas comme
des sous-êtres ridicules. Bien au contraire, ils apprécient
le travail et la société humaine. Après avoir vécu tant de
siècles auprès des humains, c’est en figures religieuses em-
blématiques qu’ils apparaissent. Il peut s’agir d’Hermès,
le dieu messager, de saints, d’archanges ou des formes de
messagers étrangers à la culture occidentale. Ces esprits in-
carnent des symboles sacrés guidant l’humanité. Il semble
toutefois que leur but soit de guider les Hommes sur le
droit chemin. Ils ont une part de divin en eux et se sentent
donc supérieurs aux mortels et à leur réceptacle. Ils veulent
cependant aider leur réceptacle en lui indiquant la bonne
voie. On peut les assimiler à des anges gardiens.
Muse du savoir
Le savoir et la sagesse sont l’apanage de ces esprits. Ils
sont Athéna ou Mahomet, Thot ou Ganesha, et apportent
les clés de la compréhension à celui qu’ils possèdent. Ils
ont représenté ces valeurs pour des civilisations entières,
ou juste pour quelques personnes, ils furent connus de tous
ou seulement de quelques uns, et aujourd’hui ils continuent
de chercher à comprendre notre monde au travers des yeux
d’un réceptacle.
Ce type d’esprit est à la recherche de réponses. Son
sujet de prédilection peut être la société humaine, les mu-
tations des plantes, ou même les autres esprits. Mais ces
esprits restent des créatures divines, avec un point de vue
supérieur sur tout et tous.
Ces esprits connaissent bien leur condition, ils savent
qu’ils perdent la mémoire et qu’ils ont besoin de rester
longtemps au sein du même réceptacle pour recouvrer
toutes leurs capacités.
Questeur
Les questeurs se présentent à leur réceptacle comme
des créatures divines présentes sur Terre afin d’accomplir
un objectif très précis : ils doivent trouver leur moitié,
leur âme sœur. En effet, ils pensent être sur Terre afin
de retrouver cette deuxième partie de leur âme qui leur a
été enlevée jadis. L’origine de cette séparation ancienne et
brutale n’est pas connue des questeurs. Comme toujours
quand il s’agit de leur passé, les esprits sont en désaccord.
Certains revendiquent une séparation provoquée par une
divinité. D’autres ne voient dans la recherche de leur âme
sœur qu’un moyen d’atteindre l’immortalité.
 Ces esprits ont connu maints et maints réceptacles
mais semblent toujours insatisfaits. Ils cherchent la perle
rare, cette âme qui leur conviendra parfaitement, le ré-
ceptacle qui peut leur permettre d’exprimer leur vrai po-
tentiel. Les questeurs ne cachent donc rien de leur nature,
de leur comportement. Ils cherchent le réceptacle qui les
acceptera comme ils sont.

Sage
Parmi les grands noms de l’Histoire, on trouve par-
fois des savants qui ont bouleversé leur temps. Confucius
a transformé son peuple et sa société, Aristote était un
savant total, s’intéressant à tout et transmettant à ses dis-

Chapitre XIII - Dans le monde des esprits

ciple autant que faire se peut. Ces esprits illuminés de leur
temps peuvent réapparaître à certaines personnes, parlant
avec eux, discutant et cherchant à toujours penser plus
loin. Ces esprits sages cherchent souvent à comprendre
leur nature, à savoir pourquoi ils sont des esprits, s’ils le
sont devenus ou s’ils sont en fait d’autres créatures qui
se prennent pour des savants disparus ; à moins qu’ils ne
soient que des envoyés divins. Les Sages ont beaucoup de
questions mais finalement bien peu de réponses.
Ils aiment s’incarner dans des savants, des philo-
sophes et des hommes de lettres. Qu’ils soient homme
d’Église ou disciple de Descartes, ces réceptacles sont tou-
jours plus enclins à accepter d’être possédés par un esprit
savant. Ils ont bien souvent le même mode de pensée.

Sombre philosophe Nikolaï Ge - « Qu’est-ce que la vérité » Le Christ et Pilate

Ces esprits sont des idéalistes, mais ils placent leur
idéal dans un objectif inatteignable, développant une lo-
gique pervertie et malsaine. Par exemple, ils peuvent
vouloir équilibrer le monde pour l’empêcher d’évoluer, ra-
menant l’humanité à un niveau d’évolution comparable à
ce qu’ils ont connu il y a longtemps, à une époque qu’ils
considèrent comme une référence. Un Sombre Philosophe
peut très bien monter une théorie finement argumentée
sur la supériorité de telle ou telle race humaine. Les autres
peuvent les considérer comme des fous, mais des fous qui
développent leur propre logique, et qui arrivent même à
trouver des adeptes. Un esprit de ce type pourrait très bien
pousser l’administration militaire de Louis XIV à organiser
une éradication massive dans les territoires non français
que l’armée parcourt.
Galerie Tretiakov, Moscou
Un fou pour ami
Les esprits deviennent bien plus souvent fous que les
humains. Passer d’un réceptacle à l’autre, vivre par pro-
curation des centaines de vies et de malheurs, ce n’est pas
bon pour l’équilibre. Mais celui-ci a décidé de se trouver un
ami. Pour toujours. Qui était-il avant ? Sa vraie nature ?
Cet esprit n’en a rien à faire. Il cherche la fusion par tous
les moyens, quitte à tromper et manipuler son réceptacle.
Mais il n’a plus toute sa tête et ne comprend aucune lo-
gique si ce n’est celle le rapprochant de son but.

Suppôt du mal Comportement

des esprits
Ces esprits se présentent à leur réceptacle comme le
mal incarné, au risque d’effrayer ce dernier. Ils se prennent
pour la Mort, Hadès ou Rán. Ils se considèrent comme
des divinités mauvaises, coléreuses, voulant détruire tout
ce qui s’oppose à eux.
Ce sont des nihilistes. Ils rejettent leur condition
d’esprit immortel dans une orgie de destruction. Et la pre- La liste suivante donne des indications sur les ac-
mière chose à détruire c’est leur réceptacle, son entourage, tions que peuvent demander les esprits en fonction de leurs
sa volonté, son avenir. Il peut leur arriver de vouloir la comportements. Utilisez-la pendant vos séances pour vous
destruction du monde dans un accès incontrôlé de fureur donner de l’inspiration sur ce que peuvent demander les
ou de haine envers cette humanité qu’ils détestent tant. esprits aux possédés.
Hélas (ou heureusement), ces esprits ont tendance
à développer une grande mésentente et peuvent devenir
des abominations quand les choses tournent vraiment mal. Altruiste
Leur Mésentente monte toujours très rapidement, à moins
que le réceptacle ne se soumette totalement. Incite à donner de l’aide à la moindre occasion
Cherche un compromis pour que tous les partis
repartent heureux

173
 Arrogant
Incite à la provocation et au mépris
Crée une relation de rivalité avec quelqu’un qui
partage le même domaine de compétence
Méprise ostensiblement les gens qui connaissent
moins de choses que le personnage dans un
domaine donné

Bête nocturne
Incite principalement à agir de nuit, par exemple
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits

une action d’infiltration

Voue un culte à la lune
Évite de sortir en plein jour et reste dans les coins
d’ombre
Ferme les fenêtres dans une demeure (alors qu’on
est en pleine réception ?)

Bourreau des cœurs

Fait la cour à des gens, pour les abandonner
Doit tenter d’impressionner des cibles multiples,
comme un noble faisant des avances à une Jacques de l’Ange
bourgeoise mariée A young man restrained by a yound woman (1642)
Ashmolean museum, Oxford

Cannibale
Donne des titres à n’importe qui (Monseigneur à
Fantasme sur la chair humaine un mendiant)
Incite à la torture, à lécher le sang, à arracher des Tient chaque personne en très haut respect
bouts de chair...
Ne se met jamais en colère, ne s’emporte pas
Si un adversaire est vaincu par le PJ, l’esprit in-
siste pour qu’il le morde
Comme compromis, mange de la viande crue au
Cruel
lieu de la viande humaine
Sans pitié
Incite à la vengeance
Chevaleresque
Doit infliger la douleur gratuitement, comme lors
Vient en aide aux femmes, orphelins, malades d’un interrogatoire, obligatoirement musclé

Incite à faire des promesses et à les tenir Apprécie les idées qui font souffrir les autres. Doit
voir la souffrance sur leur visage
Ne dit jamais non à une personne dans le besoin,
fait tout pour l’aider
Culte de la beauté
Cheveux longs Commente les lieux très décorés ou au contraire
austères
Favorise le contact avec les personnes aux cheveux
longs Accorde de l’importance aux gens qui prennent
soin de leur apparence
Déteste les ciseaux, cherche à les bannir
Veut embellir son lieu de vie, ses amis, etc
Le réceptacle doit avoir les cheveux longs
Refuse de parler aux gens moches, sales, sans par-
Pousse son entourage, les autres PJs à se faire fums ni perruques ou rubans
pousser les cheveux ou à mettre des perruques

Courtois Cupide

Fait des manières pour n’importe qui et pour n’im- Ne veut jamais donner d’argent.
porte quoi

174
 Ne dépense pas plus que le nécessaire. N’achète
pas de nouvelle arme, l’ancienne fait encore
bien l’affaire
S’intéresse aux objets qui brillent, aux pierres, aux
coffrets qui pourraient renfermer des objets de
valeur
Ne rend pas de service gratuit
Curieux
Si quelqu’un cache quelque chose, essaye de le sa-
voir
Demande ce qu’était allé faire un membre du
groupe qui vient de s’éloigner
Se lance dans des enquêtes sur des détails insi-
gnifiants
Débile Profond
Refuse les activités intelligentes comme la poésie,
le théâtre, la politique... le réceptacle ne doit
pas y participer
Pousse le possédé à détruire le savoir, les livres et
les bibliothèques
Saccage les moments de réflexions impliquant des
choix et fonce tête baissée
Dépendance à l’alcool
Pousse le PJ à boire dès le lever
Doit toujours avoir de l’alcool sur soi, même une
petite fiole
L’esprit trouve toujours quelque chose à fêter, une
occasion qui justifie une petite gorgée
Dépendance à une drogue
La drogue en question est difficile à trouver. L’es-
prit pousse donc le PJ à mettre en place un
réseau de contrebande
Prendre une petite dose au réveil ne peut pas faire
de mal
Égoïste
Ne donne pas d’objet aux autres membres du
groupe
Ne partage pas, ne prête même pas
Frileux
Le réceptacle est poussé à toujours allumer un feu,
même chez le cardinal quand il est invité
Pousse à mettre plusieurs couches de vêtements, et
à acheter ce gros manteau en laine bien épais
(et bien cher)
Généreux
Dès que le joueur croise une personne plus pauvre
que lui, il est poussé à lui donner une partie de
ce qu’il possède
Ne dit jamais non quand on lui demande quelque
chose, même quand c’est un riche qui veut de
l’argent
Germophobe
Le possédé doit s’assurer que les pièces où il rentre
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits
sont propres
Reste éloigné de ce pouilleux qui a sûrement des
puces
Ne rentre pas dans une écurie
Goût vestimentaire
Le réceptacle doit avoir des vêtements sur mesure
L’esprit ne supporte pas les vêtements sales, trem-
pés. Même en plein milieu d’une mission ou
en sortant d’un incendie, le style vestimentaire
c’est important
Une vraie garde-robe, avec des centaines de vête-
ments, doit être constituée
Les autres gens sont considérés selon leur tenue
Hydrophobe
Ne va jamais dans l’eau. L’esprit se met à crier et
à paniquer
Éviter les navires, préférer les ponts
Provoquer la ruine des bateliers et armateurs, ces
marchands de malheur
Hyperactif
Le personnage ne doit jamais se reposer ou le
moins possible
Attendre est hors de question
Veut toujours payer un médecin pour guérir plus
vite
Infantile
Les concepts sérieux comme la responsabilité en-
nuient l’esprit
Il faut jouer !! et des jeux stupides d’enfants
Être taquin c’est bien
Compter c’est chiant, parler bien c’est chiant, lire
c’est chiant, se tenir à table c’est chiant
175

Chapitre XIII - Dans le monde des esprits
Gerard van Honthorst - Le proxénète (1625)
Centraal Museum, Utrecht
Joueur
Pousse le possédé à toujours participer à un jeu
d’argent, à une partie de jeu de paume
Doit se donner ses propres challenges, comme par-
venir à voler la bourse d’untel, ou escalader le
mur mais sans corde...
Provoque tout le monde avec des paris débiles,
sans forcément mettre quelque chose en jeu
Lâche
Ne prend pas part au combat
Évite les affrontements, contourne les gens agres-
sifs
Fuit dès que possible !
Se soumet au plus autoritaire dans les conversa-
tions
Machiste
Méprise la gent féminine
Refuse de parler à une femme
Empêche une femme d’avoir un poste ou un rôle
quelconque
Convainc son entourage de la vraie place de la
femme (en reproductrice docile qui s’occupe
de ses enfants et suit les ordres du mâle)
Masochiste
Pousse le PJ à se faire mal une fois par jour
Le docteur, la médecine, c’est superflu. L’esprit
n’en veut pas
L’esprit ne supporte pas que son réceptacle ait
toutes ses cases de vie
176
Préfère être touché en premier durant
un combat
Mauvais perdant
S’énerve dès qu’une chose se passe mal
: convaincre, faire la cour, demander un
service, un jeu, un duel...
Trouve tous les prétextes à ses échecs
La fin justifie les moyens. Tous les
moyens sont bons, même les pires
Veut se venger de ses échecs, même les
plus insignifiants
Méprisant
Ne tient compte de personne, sauf de
ceux qu’il estime vraiment
Prend toutes les décisions selon son propre point
de vue
Pousse le PJ à mépriser les autres et à le montrer
Rabaisse les idées des autres
Mutilations
Préfère blesser à tuer
Saisit les occasions de garder sous la main un es-
clave de torture à mutiler de temps en temps
Fait acheter un animal de compagnie qu’il voudra
blesser régulièrement
Le possédé lui-même doit porter des cicatrices
Nudité
Fait porter le moins de vêtements possibles, incite
à être pieds nus, sans chapeau, sans gants, etc
Pousse le PJ à voler les vêtements des autres pour
qu’ils finissent nus
Doit expliquer aux gens que rester nu c’est se rap-
procher d’Adam et Ève et donc de Dieu lui-
même
Obsédé sexuel
Le possédé doit faire des propositions malsaines
aux personnes du sexe opposé, surtout les per-
sonnes mariées, ou qui ne peuvent pas se ma-
rier (prêtres, sœurs...)
Doit faire imprimer des pamphlets pornogra-
phiques pour propager son point de vue du
sexe
Offrande
Pousse le PJ à lui faire des offrandes sur un autel,
comme à une divinité antique
 Le possédé doit recevoir des offrandes de son en-
tourage : un petit cadeau, un baise main, une
dizaine de paysans qui baissent la tête...
Pacifiste
Le PJ ne doit pas frapper le premier, ou alors sur
extrême nécessité, ou en s’excusant
Le possédé doit pousser les autres à ne pas se
battre, faire barrage de son corps est très ap-
précié
Paresseux
Le PJ ne doit pas se presser. Il est impensable qu’il
coure, surtout s’il n’y a pas de danger
Pousse le possédé à ralentir le rythme du groupe,
à ne pas se lever le matin, à repousser les en-
quêtes au lendemain...
Passion pour un animal
Le PJ doit posséder l’animal en question. Et il doit
être bien traité
L’esprit ne supporte pas que son animal soit mal-
traité. Le possédé doit défendre l’animal à
n’importe quel prix, le libérer, l’aider
Idéalement, le PJ doit faire un culte à son animal
fétiche, en faire un saint, le mettre au-dessus
des hommes
Peur de la lumière
Pousse le PJ à vivre dans l’ombre, à éteindre les
lumières, à éviter la proximité du feu
Le logement du possédé doit être un lieu sombre,
idéalement sans fenêtre ni cheminée : une pri-
son !
L’esprit va vouloir que son réceptacle détruise ses
grandes fenêtres dans les demeures des riches.
Elles apportent trop de lumière
Peur du noir
Tout l’inverse du précédent.
Pousse le PJ à toujours avoir de la lumière près
de lui, surtout le soir quand il s’endort (mais
une flamme à côté du lit n’est-elle pas dange-
reuse ?)
Refuse de sortir la nuit, sans torche. Compliqué
pour les infiltrations
Peur du sang
L’esprit panique si son réceptacle saigne
En combat, pousse le réceptacle à utiliser des
armes à distance. Surtout ne pas avoir de sang
sur soi !
Si une personne est blessée, le réceptacle doit
tout de suite l’aider pour empêcher le sang de
couler. Même si c’est un ennemi. Mais si du
sang commence à lui couler sur les mains, quel
choc !
L’esprit aimerait bien un rituel pour transformer
le sang en eau et l’appliquer sur son réceptacle
Présomptueux
Ne mesure pas le danger. Ne comprend pas si le PJ
recule face au danger
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits
Se sent invincible. Et le possédé doit l’être égale-
ment. Un canon, ça ne fait rien du tout ! On
avance !
Pousse le possédé à foncer même s’il s’agit d’un
concours de poésie et qu’il n’y connaît rien
Pyromane
Aime avoir un truc qui brûle à portée de main,
comme une torche, même en plein jour
Se place toujours près du feu et le regarde lon-
guement
Les armes à feu c’est super. Les utiliser, c’est
mieux
Dès que le PJ passe à proximité d’une réserve de
poudre, l’esprit le pousse à s’en servir
Raciste envers une nation
Doit insulter et conspuer les représentants de la
nation concernée
Si le possédé a l’occasion, il doit pousser à la
guerre contre la nation honnie
Faire imprimer des pamphlets, ou créer de fausses
rumeurs contre les représentants de la nation
est très apprécié (comme un truc sur les Ita-
liens mangeurs d’enfants)
Raciste envers une religion
Même chose que précédemment mais contre une
religion
Pousse à saccager les lieux de culte de la religion,
ou à payer des gens pour le faire
Doit mettre sur pied une théorie théologique pour
démontrer pourquoi cette religion est infé-
rieure et doit être exterminée
Technophobe
Toutes les inventions trop récentes (livre imprimé,
horloge, arme à feu...) ne doivent pas être uti-
lisées par le PJ
Le possédé est poussé à détruire un objet techno-
logique dès qu’il en voit un
177
 Une attaque contre la science est très appréciée,
comme démonter en règle des théories de Des-
cartes et Galilée, voire détruire une université !
Tendance artistique
Pousse le possédé à pratiquer un art et à fréquen-
ter des artistes
S’il devient riche, le possédé doit se faire mécène
Si le possédé voit une belle œuvre d’art, statue ou
tableau, il doit l’emporter, l’acheter ou la voler
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits
Tête rasée
Le PJ doit se raser la tête et l’entretenir ainsi
Pousse le possédé à convaincre son entourage de
se raser la tête. Voire à se lever la nuit pour
couper les cheveux des récalcitrants
Ridiculiser quelqu’un qui a les cheveux longs est
apprécié
Titre Honorifique
Demande à se faire appeler par un titre : Monsei-
gneur, Maître, Madame, Ma reine, etc
Respecte les noms complets des nobles (duc de ...,
baron de ...)
Accorde de l’importance aux gens en fonction de la
classe de leur titre
Trophée
Incite à prendre un souvenir des hauts-faits (lors
d’un duel remporté, d’un interrogatoire réussi,
d’une mission accomplie...)
Demande à porter sur soi des trophées (des col-
liers, des bracelets, des ceintures, etc)
Demande à faire chez le possédé une place pour
présenter les trophées
Vaniteux
Complimente ses propres idées
Met en avant ses idées et s’agace si on ne les choi-
sit pas, faisant passer ses contradicteurs pour
des idiots
Se préoccupe de futilités à son propre égard : cet
homme m’a regardé de travers, mes gants sont
mal mis, ma coiffure ne va pas, etc
Dans un groupe, veut être mis en avant, être la
mascotte, le chef, la figure de proue...
Vertige
Ne supporte pas d’être à plus de 1m de hauteur
Insiste pour que sa chambre soit au rez-de-chaus-
sée, voire en sous-sol
178
Pousse à faire raser tous les bâtiments de plus
d’un étage
Violent
Obtient toujours ce qu’il veut par la force et la
violence
Quand on l’agresse, répond plus fort
Crie sur tout le monde
Ne fait preuve d’aucun tact
Vulgaire
Donne des surnoms aux gens : l’imbécile, la faux-
cul, ou en plus vulgaire et plus insultant
Utilise des jurons pour tout et n’importe quoi
Pousse le possédé à s’attaquer à la belle langue,
aux gens qui parlent trop bien, aux écrivains
avec des phrases trop polies...
Rejette le langage diplomatique
Peur de l’inconnu
Rejette les nouvelles modes, les nouveaux accents,
les nouvelles façons de penser, les nouvelles in-
ventions, les nouveaux bâtiments...
Le possédé ne doit utiliser que des armes et objets
qu’il connaît
Pousse à faire construire des remparts autour des
villes, des forteresses aux frontières et à bouter
les Anglais hors de France !
Les actes de mémoire
Le possédé et son esprit sont liés durant toute leur
vie. Cependant, le lien qui les unit n’a pas toujours la
même force. L’esprit a besoin que son réceptacle l’aide à se
souvenir de lui-même, qu’il l’aide à se retrouver. En effet,
en quittant son réceptacle précédent, l’esprit a perdu une
partie de son être, une partie de ses souvenirs. Il a gardé
son caractère mais ne se souvient pas toujours des grands
évènements qu’il a vécus dans ses innombrables vies pas-
sées. Le possédé peut donc aider son esprit à se rappeler.
Ce faisant, il comprendra de mieux en mieux son esprit et
renforcera le lien qui les unit.
L’attribut Pouvoir et la mémoire
L’attribut Pouvoir représente le lien entre les deux
êtres. Les considérations et la relation entre un esprit et
son réceptacle varient énormément d’un possédé à l’autre.
Cependant, on retrouve souvent un même schéma. Au dé-
part, à la possession, l’esprit a une mémoire très amoindrie,
puis il la recouvre grâce aux actes de mémoire successifs.
Avec un attribut Pouvoir à 1, l’esprit ne se souvient
que de quelques décennies. Son réceptacle est lui aussi un
débutant et leur lien est faible. Avec un attribut Pouvoir
à 2 ou 3, l’esprit peut se souvenir de davantage de récep-
tacles qu’il a possédés, sur un voire plusieurs siècles. C’est
déjà considérable. Le réceptacle a accepté de créer un lien
avec l’esprit, discutant avec lui et le considérant comme
quelqu’un digne de lui prodiguer des conseils. Quand l’at-
tribut Pouvoir atteint 4 ou 5, l’esprit à une mémoire qui
recouvre de grandes périodes historiques. À ce stade, le
réceptacle et l’esprit ont souvent une vision du monde qui
se rapproche, un lien de confiance s’établit. La forme vé-
ritable de l’esprit devient plus claire. Le possédé est alors
doté d’un trait physique supplémentaire ce qui représente
ce lien plus fort qui les unit. Enfin, avec un attribut Pou-
voir à plus de 6, un esprit a généralement retrouvé une

Chapitre XIII - Dans le monde des esprits

mémoire qui recouvre jusqu’à plusieurs millénaires. Très
peu de possédés atteignent ce stade. Il nécessite de faire
confiance à son esprit. Il faut beaucoup de temps pour
construire un lien aussi fort. Mais il est aussi nécessaire
d’avoir un Intellect très développé pour être à même de
contrôler les puissances surnaturelles qui viennent avec un
tel lien.

Accomplir les actes de mémoire

Le possédé qui veut aider son esprit dans sa quête
de mémoire doit accomplir ce qu’on nomme des actes de
mémoire. Il s’agit de certaines actions très précises qui vont
permettre à l’esprit de se reconstruire. Chaque acte de mé-
moire accompli apporte des points d’expérience au per-
sonnage. Ces points d’expérience ne peuvent être dépensés Gerbrand van den Eeckhout - L’érudit et ses livres (1671)
que pour augmenter l’attribut Pouvoir et uniquement pour Szépmüvészeti Múzeum, Budapest
cela. Les actes de mémoire diffèrent d’un esprit à l’autre
et sont de plus en plus difficiles à accomplir. Ils sont liés
aux incarnations précédentes de l’esprit, à ses grands faits dant, devoir accomplir des actes différents permet aussi
d’armes. Leur nombre comme le nombre de points d’expé- aux joueurs d’avoir un rapport particulier à leur esprit, un
rience qu’ils rapportent sont fixes. rapport plus personnel, plus lié à leur histoire commune.
Au MJ de trouver le bon dosage entre côté pratique et
Le MJ est libre d’adapter les actes de mémoire à personnalisation.
chaque esprit et à chaque possédé. L’esprit agit comme un
guide tout au long de ce processus. En retrouvant sa mé-
moire, en arpentant des endroits familiers, il revit dans des Les actes de mémoire
flashs ses vies passées. Les actes de mémoire sont fonda-
Un esprit a quatre actes de mémoire de difficulté
mentaux pour qu’un possédé comprenne la façon de penser
croissante. Ils rapportent des points d’expérience qui ne
de son esprit. Le MJ doit les utiliser pour lier le personnage
peuvent être dépensés que pour augmenter l’attribut Pou-
à son alter ego spirituel. Si les premières étapes, les pre-
voir.
miers actes, peuvent être accomplis en solo par un person-
nage durant une partie de la séance, ce n’est pas le cas pour
les actes plus compliqués. De façon générale il existe deux Le premier acte de mémoire
façons d’utiliser les actes de mémoire, qui sont décrits ici.
Le premier est le plus simple. Il consiste pour le ré-
Actes de mémoire personnalisés ceptacle à accomplir une action en lien avec le caractère
de l’esprit. Par exemple, pour un esprit qui adore les che-
vaux, il faudra soigner un canasson. Pour un esprit vul-
Ce peut être l’occasion de séances personnelles pour
gaire, l’acte consistera à dire une belle tirade d’insultes en
approfondir le personnage. Ou alors, le PJ peut embarquer
public. Cet acte permet au possédé de bien comprendre le
tout le groupe dans une quête pour accomplir son acte de
caractère de son esprit. C’est une première approche et un
mémoire. Si les esprits qui possèdent les différents PJs se
premier pas pour créer un lien fort. Le premier acte rap-
connaissaient dans leur vie antérieure, c’est même l’occa-
porte 5 points d’expérience.
sion de travailler ensemble sur leur acte de mémoire. Les
esprits peuvent avoir accompli ensemble de grands actes,
mais chacun aura une vision différente de la chose, des Le second acte de mémoire
causes et des conséquences. C’est tout ceci que les PJs
doivent découvrir. Le second acte de mémoire demande de s’intéresser
encore davantage à l’esprit. Le possédé doit s’intéresser au
Actes de mémoire en campagne précédent réceptacle de son esprit, et poursuivre ce qu’il
faisait avant de mourir. Ceci demande de savoir qui était
le précédent réceptacle, la relation qu’il avait avec l’esprit,
Les actes de mémoire peuvent être utilisés par le MJ
et ce qu’ils faisaient tous les deux. Chaque esprit étant af-
comme jalons dans sa campagne, l’histoire des esprits se
fecté par ce que vit son possédé, il est en fait la somme de
liant au péripéties des PJs. Il est plus pratique de prendre
toutes ses expériences passées. Ce sont toutes ces vies qui
les mêmes actes de mémoire pour tous les PJs. Cepen-

179
 l’ont modelé et ont fait son caractère. Le deuxième acte de
mémoire rapporte 7 points d’expérience.

Les deux derniers actes de mémoire

Les deux derniers actes de mémoire peuvent changer
selon les esprits. Il existe cinq types d’actes de mémoire
possibles pour ces deux actes-là, et la première chose à
faire pour le possédé est bien sûr de découvrir quelle est la
nature de l’acte de mémoire à réaliser.

Dans tous les cas, le troisième acte de mémoire rap-

porte 10 points d’expérience, et le quatrième en rapporte
15.
Chapitre XIII - Dans le monde des esprits

L’acte de pèlerinage
Cela consiste à retrouver un endroit qui, aux yeux de
l’esprit, possède une valeur toute particulière. Cela peut
être là où un réceptacle qu’il aimait a mené une sublime
bataille, où il a libéré une foule, où un réceptacle qu’il ai-
mait est mort, où il a connu quelqu’un ou appris quelque
chose qui l’a marqué. Ce peut être n’importe quel endroit,
pourvu qu’il ait marqué la mémoire de l’esprit.

L’acte de regroupement
Cet acte de mémoire consiste à retrouver un clan
dont faisait partie l’esprit. Le but n’est pas d’en faire à
nouveau partie, mais simplement de retrouver des membres
du clan avec qui il a vécu, qui l’ont connu, et de découvrir
les faits particuliers qui ont marqué sa vie au sein du clan.

L’acte de retrouvailles
Lors de cet acte de mémoire, le réceptacle doit trou-
ver un autre esprit particulièrement lié au sien. Ce pouvait
être un ennemi juré qu’il avait promis de retrouver, un
partenaire perdu de vue, ou un esprit lié au sien par un lien
fort, presque familial, comme un parrain chez les humains.

L’acte de dépassement
Le possédé doit réussir à accomplir une action très
difficile que les précédents réceptacles de l’esprit n’ont pas
réussi à faire. Ainsi, un personnage possédé par César de-
vrait arriver à prendre le titre d’empereur, chose que César
n’a pas réussi à faire, ayant été assassiné par Brutus. Le
possédé arrive ainsi à dépasser toutes les incarnations pré-
cédentes de son esprit.

L’acte d’instrumentalisation
Cet acte de mémoire amène le réceptacle à retrouver
un objet qui a appartenu à l’esprit, et à l’acquérir. Le but
ici est de retrouver un outil symbolique qui a marqué l’un
des réceptacles de l’esprit, et qui a également marqué l’es-
prit, si bien qu’il s’y identifie désormais. Ce peut être le dé
qui lui a fait perdre un pari à un réceptacle, la lame qui l’a
fait tuer un personnage emblématique, un tableau qui l’a
rendu célèbre...

180
 Chapitre XIV
Les clans et les esprits
influents au XVII siècle
ème
Survivre dans l’Europe du XVIIème siècle pour un
possédé n’est pas chose facile. Les pouvoirs de l’esprit sont
durs à contrôler, la mésentente entre esprit et possédé
peut augmenter rapidement, provoquant moult accidents
d’ordre surnaturel. Les possédés sont donc amenés à se
serrer les coudes. Leur survie passe par l’entraide. C’est en
premier lieu pour s’entraider que les possédés forment des
clans. Les clans rassemblent des possédés qui partagent les
mêmes buts, les mêmes objectifs et les mêmes aspirations.
Tous les possédés ne font pas partie d’un clan. En ef-
fet, les esprits sont rares en notre monde, il est encore plus
rare que deux possédés se rencontrent. Et ainsi encore plus
rare qu’un clan se forme. Cependant, il s’agit pour tout
possédé d’un gage de survie et d’un accès à plus de pouvoir
sur le monde des hommes, car beaucoup de clans s’ap-
pliquent à prendre le plus de contrôle possible sur l’huma-
nité, sur ses dirigeants, ses grandes familles ou ses nations.
Les clans
Humanistas
Centres d’intérêt, objectifs
Ce clan croit en un idéal de non-violence. Humanis-
tas croit en la bonté de l’être humain et désire améliorer
la société humaine en lui apportant la liberté et l’égalité.
Histoire
Humanistas est né au cœur du XVème siècle dans
l’Empire ottoman. Un possédé visionnaire du nom d’Has-
san le savant s’est mis en tête d’utiliser le pouvoir de son
esprit pour changer la société turque qui venait de prendre
Constantinople. Hassan prôna la non-violence tout en dé-
veloppant une action politique, ce qui est étonnant dans un
empire où la principale force est l’armée. L’action d’Hassan
mourut rapidement avec lui. Mais le clan survécut tout en
se déplaçant en Italie, vers Venise, l’ennemie de la Grande
Porte. Humanistas développa une pensée extrême sur la so-
ciété parfaite, déterrant de l’oubli les textes anciens de Pla-
ton. Le clan inspira de nombreux artistes de l’époque par
ces rêves de liberté et d’égalité. Mais la réalité du monde
est bien différente. Au XVIème siècle, toute la péninsule ita-
lienne est secouée par une violente guerre civile. Français
et Espagnols envahissent le pays et avec eux les clans de la
Fleur de Lys et des Pharaons. Le clan Humanistas, paci-
fique, est violemment attaqué et risque de disparaître. Mais
les possédés restent fidèles à leur idéal, malgré les guerres
et les attaques des autres clans.
En Italie et ailleurs, le clan et ses idées sont mal
accueillis. La société parfaite reste impossible à construire.
Les possédés humanistes du clan partent alors en
voyage, priorité au Nouveau Monde. Leur objectif est de
reconstruire là-bas, loin de toute influence, la société par-
faite idéalisée depuis si longtemps. De fait, au début du
XVIIème siècle, les colonies anglaises et françaises d’Amé-
rique du Nord comme la colonie hollandaise de Goa ac-
cueillent un très grand nombre de possédés du clan Huma-
nistas. Pourtant, leur rêve de société parfaite, égalitaire et
libre, n’a toujours pas vu le jour.
L’idéologie du clan a évolué peu à peu au fur et à
mesure des années. Une branche du clan a décidé d’aban-
donner la non-violence pour former un autre clan aux mé-
thodes plus radicales : le clan des égalitaires.
Personnages importants du clan en 1648
Les humanistes forment un petit clan. L’idéal de
non-violence n’est accepté que par une infime partie des
possédés.
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème
La fleur de Lys
Centres d’intérêt, objectifs
La fleur de lys est un clan nationaliste qui vise à
protéger et à contrôler la couronne de France. La fleur de
lys imagine le monde sous forme de nations qui se battent
pour leur suprématie. La religion, la culture, les décou-
vertes, tout cela ne doit faire que servir la nation de France
ou affaiblir les autres.

Histoire
L’histoire du clan suit l’histoire de l’esprit qui l’a
créée : la Dame de France. La Dame, tour à tour grande
guerrière et fine politicienne, a toujours été en contact avec
les dirigeants du royaume à la fleur de lys. Génération après
génération, elle a vu Saint Louis, Charles VIII ou encore
François Ier. Toujours auprès des grands du royaume, la
Dame a été influencée par les hommes et les femmes qu’elle
a tour à tour possédés. La Dame en est venue à penser
que c’était son royaume et qu’il lui revenait de protéger la
couronne. Aujourd’hui, plus que jamais, on peut dire que
la Dame incarne la France.
C’est pendant la guerre de Cent Ans, sous l’impul-
sion visionnaire de la Dame de France, que le clan est né.
Jeanne d’Arc était alors son réceptacle. La jeune vierge en
armure rassembla autour d’elle des hommes déterminés à
sauver la couronne. Parmi ces hommes se trouvaient les
possédés qui fondèrent avec la Dame le clan de la Fleur de
Lys. Malgré la fin tragique de Jeanne d’Arc, trahie par un Philippe de Champaigne
des membres du clan, la victoire sur les Anglais fut totale.
Armand-Jean du Plessis, cardinal de Richelieu (1640)
Le clan dirigea le pays en sous-main pendant tout le XVème
siècle jusqu’à François Ier. Chancellerie des universités, Paris
Les guerres de religion du XVIème siècle ont mis à mal
le clan qui finit par perdre le pouvoir sur le pays avec la
venue d’Henri IV et de son ministre possédé Sully. Mais
la Dame de France est revenue. En possédant tour à tour
Les adorateurs de Minos et Tha-
Richelieu puis Mazarin, le clan de la Fleur de Lys a retrou-
vé les rênes du pouvoir en France.
natos
Les ennemis de la Dame et de la Fleur de Lys ont
toujours été nombreux. Durant la guerre de Cent ans, les
Centres d’intérêt, objectifs
autres possédés qui se battaient contre la Dame étaient
marqués au fer rouge de l’emblème du clan. Cette pratique Ce clan atypique est composé de possédés qui portent
est devenue une tradition de marquer ainsi les ennemis du en adoration un couple d’abominations millénaires, Minos
royaume de France et les criminels du royaume. et Thanatos.
Le clan compte des membres fixes, dont les esprits
reviennent incarnation après incarnation, et des membres Histoire
plus occasionnels. Les membres fixes sont appelés les an-
ciens. Ils pratiquent tous le rituel de succession, choisissant Durant l’Âge de bronze, il existait en Crète deux
avec justesse leur successeur pour que lui aussi ait envie de personnages puissants et respectés, Minos et Thanatos. Le
rejoindre le clan de la Fleur de Lys. L’utilisation du rituel premier était roi de toute la Crète. Grâce à son incroyable
de succession est donc privilégiée et encouragée par le clan. flotte, il imposait ses lois aux sauvages grecs. Thanatos
était le prêtre de la plus grande religion de l’île, une reli-
Personnages importants du clan en 1648 gion tournée vers l’adoration d’un dieu taureau puissant
et sanguinaire. Tous les quatre ans, le culte de Thanatos
En 1648, le chef du clan est Jules Mazarin, possédé imposait des sacrifices humains, exécutant des prisonniers
par la Dame de France. Mazarin est le principal ministre de guerre.
de la régente Anne d’Autriche et dirige toute la France. Il Ivres de pouvoir, de violence et de rage, les deux
a été conseillé au roi par Richelieu dont il est le successeur. possédés ont fini par succomber à leurs esprits pour de-
Il est aidé par deux anciens, Michel Le Tellier et Hugues de venir des abominations. Immortels, les deux comparses
Lionne experts respectivement en art militaire et en diplo- ont traversé les âges. Mais ces créatures dès lors dépour-
matie. On parle également d’un quatrième ancien, mais ce vues de toute humanité n’ont pas arrêté leurs pratiques
dernier garde son identité secrète. sanguinaires pour autant. Minos a pris définitivement sa
Le clan est très populaire et engage souvent d’autres forme véritable, celle d’un grand homme robuste de plus
possédés. Protéger la couronne de France reste très difficile de 2 mètres de haut arborant une énorme tête de tau-
mais promet de grandes richesses. reau. Thanatos préfère garder son aspect de prêtre, petit
et maigrelet, arborant de nombreux bijoux d’or et d’argent.
Incapables de contrôler leur nature, les abominations ont

182

ravagé la Méditerranée pendant des siècles, perpétuelle-
ment chassées par les possédés et les humains qui les consi-
déraient à juste titre comme des monstres.
Habitué à être adulé comme des divinités, le couple
d’abominations s’est toujours entouré d’un groupe de fi-
dèles. Persuadés d’être des divinités sur Terre, Minos et
Thanatos endoctrinent leurs adorateurs pour mener la vie
qu’auraient des dieux sur Terre. Ils poussent leurs disciples
à pratiquer les sacrifices humains, offrant les morceaux de
choix à leurs maîtres. Mais le plus remarquable est que
parmi les adorateurs se trouvent des possédés. Une dizaine
de possédés forment la garde rapprochée du couple abo-
minable. Les possédés, comme les esprits qui les occupent,
sont persuadés de servir des divinités. Les esprits ont pos-
sédé successivement des hommes persuadés de la nature
divine du couple immortel. Cette croyance aveugle a peu à
peu déteint sur les esprits eux-mêmes qui maintenant sont
tout aussi fanatiques que les humains qu’ils possèdent.
Minos et Thanatos forcent les possédés à leur ser-
vice à procéder au rituel de succession avec les adorateurs
humains les plus prometteurs et serviles. Ces derniers se
voient ainsi récompensés puisqu’ils accèdent à des pouvoirs
surnaturels, pouvoirs qu’ils croient tenir de leurs « dieux ».
Personnages importants du clan en 1648
Minos et Thanatos voyagent d’un pays à l’autre
toujours dans le plus grand secret. Leur arrivée dans une
ville est toujours suivie d’un nombre croissant de morts et
de disparus, nécessaires à leurs rituels quotidiens. Avec le
temps, le clan a peaufiné ses techniques pour passer ina-
perçu des autorités et ne pas attirer l’attention des purifi-
cateurs, les chasseurs de possédés. Une de leurs méthodes
consiste à propager la peste dans une ville. Il est alors très
facile de faire disparaître des hommes et des femmes sans
soucis afin de satisfaire les deux abominations. Une ville
comme Marseille serait une proie toute désignée.
Les chercheurs de vérité
Centres d’intérêt, objectifs
Ce clan s’est détourné de l’humanité pour ne s’inté-
resser qu’aux esprits. L’objectif du clan est de découvrir
l’origine et le but des esprits. Ils sont convaincus que ces
créatures immatérielles sont là pour une raison bien précise
et consacrent leur vie à les découvrir.
Histoire
D’après les archives des chercheurs, il s’agit du seul
clan à s’intéresser avant tout aux esprits. Tous les possé-
dés qui rejoignent ce clan se sont de tout temps intéressés
aux esprits et seulement aux esprits. Ces doctrines ont été
pensées par un homme du nom de Méthode, surnommé
le Méthodique, moine des Pyrénées en 525. Le monde des
humains, la politique et les luttes de pouvoir les indif-
fèrent. Pour eux, l’homme est quantité négligeable. Dans
leur conception du monde, les esprits sont un mystère et il
revient aux possédés de le percer. C’est pour cela qu’ils ont
été choisis, c’est pour cela qu’ils ont été élus.
Depuis, les membres du clan ont beaucoup voyagé.
Ils cherchent de par le monde des réponses sur les esprits.
Ils interrogent les possédés ou les abominations qui au-
raient des informations à leur donner. Ils inspectent les
lieux mystiques marqués par la puissance du surnaturel
ou d’anciens esprits. Au fur et à mesure des siècles, ce
clan a emmagasiné une grande quantité de connaissances.
Ils connaissent mieux que quiconque l’histoire et les pou-
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème
voirs des esprits, peut-être même mieux que les esprits eux-
mêmes. Leur quête de savoir est totale et absolue, rien
n’est plus important à leurs yeux.
De nombreux possédés du clan ainsi que leur esprit
pensent qu’il y aurait un endroit au monde d’où vien-
draient tous les esprits. Il s’agit de la branche des explora-
teurs. C’est en espérant trouver ce lieu d’origine des esprits
que les membres du clan ont financé des expéditions de par
le monde. Que ce soit dans l’Est mystérieux, aux Indes,
en Mongolie ou en Chine, le long de la route de la soie,
en Afrique noire, ou sur des îles oubliées de l’Atlantique
et même dans le Nouveau Monde, le clan a toujours été
là en premier, cherchant des traces des soi-disant premiers
esprits et de leur lieu de naissance.
Si une branche du clan des chercheurs parcourt le
monde en quête de réponses, une autre s’attarde à mieux
comprendre la nature même des esprits. Ce sont les em-
piriques. Ces possédés utilisent les avancées humaines les
plus récentes pour tenter de comprendre la nature du lien
entre le possédé et son esprit. Ils utilisent également des
rituels anciens et élaborés pour améliorer leurs connais-
sances.
Dans toutes leurs recherches, ils s’appuient en perma-
nence sur l’expérience. C’est pour cela que les empiriques
capturent et travaillent des possédés et leurs esprits. Les
prisonniers sont considérés comme des sujets d’expérience
tout à fait sacrifiables.
Personnages importants du clan en 1648
Les membres du clan s’excluent volontiers de la vie
des mortels pour mieux approfondir leur recherche. Ils ne
sont donc pas connus des autres clans, à l’exception du
chef des explorateurs. Ce dernier était Samuel Champlain,
fondateur de Québec, mort en 1635. Depuis, on murmure
que le même esprit possède Paul de Chomedey, sieur de
Maisonneuve, habitant à Montréal.
Les égalitaires
Centres d’intérêt, objectifs
Ce clan vise à mettre à bas l’ancien régime, les pri-
vilèges et tout le système judiciaire et religieux. Ce sont
des révoltés.
Histoire
Les égalitaires sont des extrémistes. Anciens membres
du clan Humanistas, ils partagent avec eux le goût de la
liberté, de l’égalité. Pour eux, la construction d’une société
parfaite passe par la destruction de l’ancien régime. Ses
membres sont de véritables fanatiques, ils sont prêts à se
sacrifier pour accomplir leur objectif. Le meurtre de tous
les nobles et de tous les religieux leur paraît une solution
envisageable, même si cela implique de tuer des innocents,
des hommes bons et ouverts d’esprit.
Chaque possédé du camp est complètement endoc-
triné. C’est le cas depuis des années, tant et si bien que
les esprits du clan sont eux aussi très attachés à la chute
de l’ancien régime. Plus que n’importe quel autre clan, les
égalitaires sont un clan d’esprits avant d’être un clan de
possédés. On y retrouve donc année après année les mêmes
esprits poussant au sacrifice leur réceptacle pour un idéal
lointain. Les esprits du clan sont donc dangereux, de vrais
idéalistes prêts à tous les sacrifices.
Les égalitaires prennent leurs distances avec Hu-
manistas pendant les guerres de religion du XVIème siècle.
183
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème L’horreur de ces combats provoqués par l’intolérance des
uns et des autres est insupportable pour les esprits les plus
éclairés sur la nature humaine. Il est alors évident qu’il
faut changer le monde des humains par la force. Pendant
les siècles suivants, le clan s’est destiné à révolutionner le
monde.
Les premières actions d’éclat du clan apparaissent
pendant les guerres de religion en France à partir de 1570.
Des généraux des deux camps, catholiques et protestants,
sont assassinés. Mais le clan s’est surtout distingué par
deux coups incroyables. Le premier est l’assassinat du roi
Henri III par le possédé Jacques Clément en 1589. Par cette
attaque, le clan accélère la fin de la guerre et permet à un
souverain tolérant de monter sur le trône. Henri IV. Mais
le principal ministre du roi, le duc de Sully, est manipulé
dans les dernières années du règne par le clan des pharaons
qui reprend le pouvoir. Le clan des égalitaires se sent trahi.
Le roi Henri IV est alors assassiné par le membre le plus
fanatique des égalitaires : Ravaillac. Le royaume est alors
plongé dans le chaos dont les égalitaires, le clan assassin
des rois, ne sort pas gagnant. La fleur de lys s’attaque alors
avec acharnement aux révoltés. Les membres du clan se
cachent parmi les religieux. C’est ainsi que le chef du clan,
le prêtre Urbain Grandier, est accusé de sorcellerie à Lou-
dun en 1634. Ce possédé, membre des égalitaires, ne peut
rien faire contre la puissance politique de la fleur de lys
alors maître du royaume. Urbain Grandier finira exécuté.
Les égalitaires contre-attaquent cependant en organi-
sant des révoltes paysannes contre les taxes toujours plus
élevées. Ainsi naissent les jacqueries des Croquants dans le
sud-ouest et des Va-nu pieds en Normandie. Mais le pou-
voir royal soutenu par la Fleur de Lys massacre les rebelles.
Les égalitaires sont aussi sortis de France. Leur idée
d’une société plus libre et plus égalitaire rencontre un grand
succès au cours du XVIIème siècle. La Hollande est charmée
par les doctrines des égalitaires qui prennent peu à peu
le contrôle de la révolte contre l’Espagne impérialiste. La
couronne anglaise vacille également au cours du siècle. Le
parlement est alors totalement contrôlé par les égalitaires
qui imposent un changement de régime et font exécuter
le roi anglais Charles Ier. Olivier Cromwell qui prend le
pouvoir n’est autre qu’un possédé du clan des égalitaires.
Personnages importants du clan en 1648
Les possédés du clan se donnent le nom de leur es-
prit. Ainsi, ils abandonnent leur identité pour se consacrer
tout entiers à l’accomplissement de leur idéal. Pour des
raisons pratiques, dans la vie de tous les jours, ils gardent
leur ancien nom. Réceptacle après réceptacle, les noms des
membres sont toujours les mêmes. En France, les membres
majeurs portent les noms de Ravaillac, Jacques Clément et
Urbain Grandier.
Les masques
Centres d’intérêt, objectifs
Ce clan est un peu particulier. Il s’agit d’un petit
groupe de possédés qui se fait engager par d’autres clans ou
d’autres possédés solitaires. Leur but : masquer les traces
de surnaturel laissées par des possédés négligeants.
Histoire
Les masques sont à part. Ils ne visent ni la domi-
nation, ni la reconnaissance mais la richesse. Ce sont des
184
mercenaires, ils offrent leur service unique et s’enrichissent
extrêmement vite.
Ce sont les pires ennemis des chasseurs de possédés
puisqu’ils s’acharnent à cacher la vérité. Ils s’arrangent
pour que les innocents mortels n’en apprennent pas plus
sur le surnaturel. Et pour cela, les masques sont prêts à
tout. Il leur arrive d’utiliser la violence, comme quand il
faut «raisonner» un nouveau possédé qui n’accepte pas son
statut et en parle trop.
Mais bien souvent la désinformation suffit. C’est une
arme plus subtile et bien plus utile à long terme. Ainsi, le
clan utilise grandement les thèses de Descartes et d’autres
scientifiques comme Galilée pour discréditer la vision de
l’Église. En encourageant les gens à trouver une explication
raisonnable à tous les phénomènes physiques, les masques
permettent au surnaturel de disparaître de l’esprit des
gens. C’est une activité de longue haleine mais qui pourrait
porter ses fruits dans un siècle.
Une autre activité est de supprimer les quelques per-
sonnes qui en ont trop vu. Intimidation, exil forcé, exécu-
tion sommaire. Peu importe. En tant que mercenaire, pour
les masques, c’est le résultat qui compte.
On ne sait pas vraiment d’où viennent les masques.
Ce clan semble apparaître et disparaître au cours des
siècles, passant d’une activité soutenue à une quasi-dispa-
rition. Certains possédés y entrent pour gagner une petite
fortune avant de se retirer. Mais il semblerait qu’il y ait
toujours le même esprit au cœur du clan, celui qui se fait
appeler le Maître des masques. Ses ennemis l’appellent le
roi des menteurs, comme le dieu Loki de la mythologie
nordique.
Personnages importants du clan en 1648
Leurs membres sont inconnus de la plupart des pos-
sédés, même les mieux renseignés. On prétend juste que
pour les contacter, il faut envoyer une missive écrite au
Maître des Masques à Amsterdam. Mais un homme cu-
rieux se rendra compte qu’il existe la même rumeur en Hol-
lande. Mais elle dit qu’il faut envoyer la missive à Rome, où
la rumeur évoque Istanbul, avant de repartir pour Londres
en passant par Madrid avant de revenir à Paris. Le jeu de
piste semble sans fin.
Les Pharaons
Centres d’intérêt, objectifs
Ce clan est avide de pouvoir. Les Pharaons sont or-
ganisés autour d’une personne, un esprit central qui veut
gouverner le monde entier. Les Pharaons dirigent déjà l’Es-
pagne en sous-main. Ils visent maintenant la France depuis
plus d’un siècle.
Histoire
Les Pharaons forment un clan mystérieux. Les esprits
qui ont formé le clan il y a longtemps se disent descen-
dants de la lointaine Égypte. De fait, les esprits dirigeant le
clan reprennent des noms de pharaons égyptiens. Maîtres
du monde à l’époque, les Pharaons veulent toujours être
les maîtres du monde actuel. Voilà déjà des siècles qu’ils
étendent leur influence en Europe. Ils contrôlent com-
plètement la cour d’Espagne, transformant peu à peu ce
royaume combattant en un monde de dépravés et de déca-
 Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème
dents, la monarchie espagnole écrasant ses adversaires avec
l’argent du nouveau monde et ses armées de mercenaires
aguerris. Mais les Pharaons ne veulent pas s’arrêter là. Si
le plus puissant État d’Europe est sous leur emprise, il leur
reste cependant nombre de nations à asservir pour servir
leur mégalomanie.
Car le clan a les moyens de ses ambitions. Depuis sa
création lointaine, le clan a collecté et mis au point nombre
de rituels secrets. Les Pharaons se vantent aussi d’avoir
connu dans leurs rangs le fameux Créateur, l’esprit savant
aux millions de connaissances.
Le clan a une architecture très précise. Chaque esprit
qui a été un pharaon d’Egypte s’entoure d’une petite cour
de fidèles prêts à mourir pour lui. Parmi ses fidèles on re-
trouve des humains influents ou compétents mais aussi des
possédés et quelquefois des abominations. Les Pharaons
ont toujours eu un grand pouvoir pour provoquer une véri-
table adoration de leur personne. Et ce pouvoir peut même
toucher des êtres surnaturels.

Personnages importants du clan en 1648

En France, le clan des Pharaons est dirigé par un
possédé particulièrement fourbe et séduisant du nom
d’Ozymandias, ou Ramsès II. Il aime se faire flatter par
des poèmes bien écrits en hommage à sa personne. « Je
suis Ozymandias le roi des rois. Contemple mon œuvre ô
tout-puissant et désespère » telle est sa devise. Mais ce que
seuls ses plus proches amis savent, c’est qu’Ozymandias
a pour corps un chat noir de deux ans. Il aime se faire
adorer comme une ancienne divinité égyptienne, recevoir
des offrandes et des caresses par milliers. Son pouvoir est
cependant réel. Depuis peu, Ozymandias est devenu le
chat préféré de la Grande Mademoiselle, la femme la plus
riche de France, cousine de Louis XIV. Depuis, c’est lui et Caravaggio - L’inspiration de saint Matthieu (1602)
son clan d’adorateurs qui utilisent l’immense fortune de la Église San Luigi dei Francesi, Rome
Dame selon leur bon vouloir.

Les esprits seraient ainsi des êtres bénéfiques qui

Les porteurs de lumières
Centres d’intérêt, objectifs
Les porteurs sont des savants qui considèrent les es-
prits comme seule origine des plus grandes inventions hu-
maines.
Histoire
Gutenberg, l’inventeur de l’imprimerie en Europe,
avait un assistant, un possédé, Whileim de Thüringen.
L’homme s’avérait très excentrique mais absolument gé-
nial. D’après ses écrits, c’est lui qui aurait développé l’im-
primerie et non pas le maître Gutenberg. Whileim affirme
que c’est grâce à son esprit qu’il a ainsi pu révolutionner
toute la culture européenne.
Mais Whileim est allé plus loin. Après avoir quitté
son maître, le possédé cherche à former un clan de sa-
vants et d’hommes de science mais possédés comme lui.
Les idéaux du clan prennent forment. Pour Whileim et ses
amis, l’imprimerie n’est pas un cas isolé. Les porteurs de
lumière considèrent que l’ensemble des grandes inventions
de l’humanité vient de possédés et donc des esprits. En
reprenant des textes anciens, de Socrate, Pythagore, ou
César, ils disent avoir trouvé des messages cachés stipulant
que tous ces grands hommes seraient des possédés. Est-
ce la vérité, ou bien les porteurs de lumières inventent-ils
les preuves qu’il leur faut ? Personne ne le sait. Mais leur
théorie attire des disciples.
aident les hommes à révéler leur génie. Les porteurs vont
même plus loin en disant que l’être humain n’a en fait
aucun génie, aucune imagination et que toutes les grandes
avancées de l’espèce sont influencées par les esprits.
Ce clan pourrait apparaître ouvert et bénéfique.
Pourtant les porteurs de lumières comptent aussi des
membres plus zélés. Les porteurs se sont peu à peu éloi-
gnés de leur quête. Au début, ils comptaient juste pousser
les possédés à utiliser leur pouvoir pour civiliser l’homme.
Mais les méthodes du clan sont devenues plus extrêmes.
Les porteurs veulent convaincre les autres possédés d’agir
pour le « bien », qu’ils le désirent ou non. Les possédés
récalcitrants qui ont le malheur de tomber entre les mains
des porteurs subissent de nombreux sermons et des me-
naces s’ils n’adhèrent pas à leur point de vue. Et les plus
téméraires des possédés qui refusent toujours de rentrer
dans le rang sont exécutés. Le clan considère que ces possé-
dés égoïstes dénaturent les esprits qui sont en eux et qu’ils
ne les méritent pas.
Une méthode radicale alors qu’il suffirait de voir que
tous les esprits ne sont pas si bénéfiques...
Personnages importants du clan en 1648
Les porteurs de lumières ont toujours eu des membres
au sein des universités, lieux de sciences et d’étude. C’est
toujours le cas aujourd’hui mais ils ont aussi étendu leur
influence en plaçant certains de leurs hommes parmi les
gendarmes, les juristes et les miliciens. Ainsi, le clan a tous
les moyens nécessaires pour pourchasser et enfermer un

185
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème possédé qui ne développe pas tout son vrai potentiel. Sur
Paris, on murmure que les membres du clan se réunissent
au cercle de gentilshommes des «  inventeurs de l’impos-
sible ».
Esprits majeurs
Le Créateur
Le Créateur est le nom donné à un esprit mythique.
Ce serait le premier esprit, le plus ancien, celui dont les
souvenirs remontent aux âges sombres de l’humanité. Il
sait tout, connaît tous les rituels et les secrets du surna-
turel. Il a traversé le temps en s’incarnant à chaque géné-
ration dans de grands hommes. Chacune de ses actions
transforme un peu plus l’humanité. On ne sait pas quels
sont ses buts, on ne les comprend pas, et sa puissance
comme ses connaissances effraient les esprits les plus témé-
raires. Ce que chacun connaît, c’est une de ses incarnations
du siècle précédent : Léonard De Vinci. Le savant italien,
en plus d’être un génie, a dû supporter toute sa vie d’être
possédé par le plus grand esprit du monde. L’œuvre de
Vinci transpire du génie du Créateur. On prétend que cha-
cun de ses textes, chacune de ses œuvres, de ses tableaux,
comprendraient un message caché destiné aux possédés.
Ces messages sont des prédictions. Le Créateur a l’étrange
pouvoir de lire l’avenir, et ses prédictions sont justes.
Esprit solitaire, il demeure une énigme, un incompris
qui ne prend contact que très rarement avec ses congé-
nères. Il a cependant quelques hommes et des possédés qui
travaillent pour lui, souvent sans le savoir. Comme des ma-
rionnettes, chacun accomplit les actions du Créateur sans
savoir qu’il participe à l’élaboration d’un plan plus vaste.
Pendant la Renaissance, comme tous les esprits le
savent, le Créateur, le plus énigmatique des esprits, s’était
incarné en prenant possession de Da Vinci. Or ce dernier
a dû émigrer en France vers la fin de sa vie. Le pays était
alors déjà dirigé par la Dame de France (clan de la fleur de
lys) et par François Ier. De fait, le clan a en sa possession
une partie des manuscrits du génie, et donc une partie
des pouvoirs du plus grand des esprits. Cette connaissance
attire les convoitises mais elle a permis au clan de prendre
une longueur d’avance. Le clan s’est rendu compte que
chaque texte, chaque dessin de Da Vinci contient un code
caché. Décoder ces messages est alors devenu primordial
afin de connaitre l’avenir prédit par le Créateur.
Les chevaliers de l’apocalypse
Les chevaliers, la Mort, la Guerre, la Peste et la Fa-
mine, forment un groupe mythique qui a marqué à tout ja-
mais le monde. Quand l’humanité était encore balbutiante,
ces quatre esprits sont parmi les premiers à s’être réunis.
C’était le premier clan. Ils ont alors ravagé le monde en-
semble, leur puissance conjuguée étant inarrêtable pour
le commun des mortels. Ce sont ce que l’on appelle des
démons. Ils ne cherchent que l’asservissement de l’humani-
té, prenant plaisir dans la destruction et les lamentations.
Cependant ces esprits sont tout de même suffisamment in-
telligents pour ne jamais être devenus des abominations.
Tous sauf un. En effet, un des cavaliers est tombé lors
de la guerre de cent ans. La Peste est devenue une abo-
mination mais a été vaincue par des mortels de l’époque.
186
Depuis, la colère des trois cavaliers restants ne s’est pas
manifestée, ils sont devenus plus prudents.
Ils sont là, continuant de parcourir le monde en ap-
portant la mort et la destruction. Souvent en groupe et
à cheval, ils ne s’incarnent que dans des hommes qui ont
une haine profonde envers leurs congénères, souvent des
condamnés, des criminels, des fous furieux. Que ce soit des
conquistadors en Amérique ou des marchands d’esclaves
sur la côte de Madagascar, ces êtres parmi les plus irrespec-
tueux de la nature humaine sont choyés par les cavaliers.
Devoir affronter un des cavaliers est une épreuve ter-
rifiante qui demande un grand sang-froid et une parfaite
expertise. Peu d’esprits ont autant qu’eux une connais-
sance si parfaite de la guerre, de la terreur et du genre
humain dans toute son horreur.
Parmi leurs faits d’armes connus, on raconte qu’un
des leurs était là le jour de la saint Barthélémy mais aussi
qu’ils ont défilé aux côtés d’Attila dans l’invasion de l’em-
pire romain.
Les chasseurs
de possédés
On révèle dans ce chapitre quelques grandes vérités
sur l’origine des chasseurs de possédés.
La croix de pureté
Outre les tribunaux et le commun des mortels, il
existe d’autres personnes qui se battent contre les possé-
dés, qui les traquent, les chassent et les tuent. Depuis la
nuit des temps, les émanations surnaturelles qui entourent
les possédés sont regardées avec crainte et suspicion. Des
informations éparses sont parvenues aux mortels mais ja-
mais la vérité n’a été révélée. Chaque communauté hu-
maine, chaque village reculé des Carpates ou du Massif
Central s’est mis à chasser puis à brûler ou emprisonner
ceux qu’ils suspectaient d’être des possédés, d’être doués
de pouvoirs surnaturels étranges et incontrôlables, les ac-
cusant de sorcellerie. Mais jamais il n’y a eu de groupes
organisés chassant les possédés, jamais jusqu’à la naissance
de l’Inquisition. Sous le couvert de vouloir chasser les juifs
et les cathares du royaume, le pape Innocent III créa cette
branche de l’église catholique en 1199. Mais son vrai objec-
tif était la chasse aux êtres surnaturels. Les abominations
étaient les premières visées par l’Inquisition naissante. Et
pendant longtemps ce fut leur seule cible.
Mais tous les membres de l’Inquisition médiévale
n’étaient pas au courant de la vraie raison de leur ordre,
loin de là. Beaucoup se concentraient sur les hérétiques,
tant et si bien qu’au fil des ans, le nombre de vrais in-
quisiteurs, connaissant le secret, diminue dangereusement.
L’existence des possédés devient si improbable et si contes-
tée que même le pape finit par ne plus croire en leur exis-
tence. Les abominations étant elles aussi de plus en plus
rares, l’Inquisition s’éloigna définitivement de sa tâche pre-
mière.
Le Pape Sixte IV, en 1478, créa l’Inquisition espa-
gnole. Il était lui-même possédé et croyait dans la nécessité
d’une institution qui œuvrait dans l’ombre pour l’extermi-

Wojciech Gerson - Le fantôme de Barbara Radziwiłł (1886)
Muzeum Narodowe, Poznan
nation des abominations, protégeant ainsi les autres pos-
sédés, empêchant les mortels de voir les monstres avec qui
ils vivaient.
Hélas, le successeur de Sixte IV, le pape Innocent
VIII, n’était pas de la même trempe. C’était un mortel
banal qui considérait ces histoires de possédés comme
un mythe farfelu car rien n’en était dit dans la Bible. Il
ordonna donc que l’on stoppe toutes recherches sur ces
soi-disant possédés. Mais les inquisiteurs qui savaient la
vérité n’étaient pas du même avis. Il y avait parmi eux déjà
des possédés, des êtres qui consacraient leur vie à chasser
les abominations afin que leurs semblables puissent vivre
en paix. Un de ces possédés, un dominicain du nom de
Henri Institoris, chasseur d’abominations, choisit de for-
cer le pape à prendre le problème au sérieux. Il pensait
qu’il fallait voir plus large et chasser même les possédés qui
commençaient à perdre le contrôle de leur corps, les em-
prisonner ou les exécuter avant même qu’ils ne deviennent
dangereux. C’était un véritable fanatique. Avec un autre
religieux, Jacques Sprenger, il écrivit un livre : « Malleus
Maleficarum », Le marteau aux sorcières. Jouant le jeu du
pape, il présenta les possédés comme des créatures bien
plus courantes dans l’imaginaire populaire : les sorciers et
les loups garous. Il expliqua dans ce livre comment tout un
chacun pouvait reconnaître une créature maléfique, com-
ment elle laissait sa marque partout, comment son corps
était altéré par la présence des pouvoirs surnaturels. Il ne
révéla pas tout mais en dit beaucoup. Il en dit trop.
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème
Institoris fut très vite traquer par les pos-
sédés à cause de toutes ces révélations. Le livre
fut très mal reçu par le pape qui le prit pour
un affront personnel. Il demanda à ce que les
méthodes décrites dans l’ouvrage ne soient pas
appliquées car non conformes aux textes sacrés.
Mais il ne fut pas écouté. Le peuple s’empara des
écrits d’Institoris et les vulgarisa, tuant nombre
d’innocents et quelques possédés dans des pul-
sions de superstition et de haine. Les membres
de l’Inquisition qui ne connaissaient rien de la
vérité du monde rejetèrent ce texte qui faisait
mention de magie, donnant au diable autant de
pouvoir que Dieu. L’inquisition ne fit que massa-
crer encore plus de juifs, de protestants et d’hé-
rétiques. Alors que les tribunaux laïcs, poussés
par les superstitions populaires, continuaient de
s’attaquer aux sages-femmes pratiquant l’avor-
tement, aux débiles mentaux et encore d’autres
personnes seulement coupables d’être différentes.
Mais pourtant, l’action d’Institoris ne fût
pas vaine. Il existe depuis, parmi l’Inquisition,
une branche secrète de mortels. C’est la croix
de pureté. Elle regroupe tous les ecclésiastiques
qui savent la vérité, qui connaissent l’existence
des possédés. Ils connaissent leurs secrets, leur
mode de fonctionnement, leur rite de succession.
La croix de pureté s’est donné comme but de
chasser tous les possédés du monde, ceux qui
sont dangereux comme ceux qui sont discrets.
Tous sont coupables de porter le mal en eux et
doivent être traqués. Les membres de la croix
préfèrent capturer et emprisonner les possédés,
retardant ainsi l’action des esprits sur le monde.
Ces mortels sont peu nombreux mais très volon-
taires. Chacun est prêt à se constituer prison-
nier si un esprit venait le posséder. La croix recrute ses
membres parmi les inquisiteurs les plus radicaux mais aussi
les plus intelligents.
La croix ne reconnaît plus l’autorité du pape mais
elle est pourtant présente partout où se trouve la religion
catholique. Et même ailleurs. En effet, ses membres se sont
liés avec ceux des autres religions pour faire de ce com-
bat un combat universel, pour que nulle part les esprits
ne puissent trouver de terres d’accueil. Ainsi, que ce soit
dans le nouveau monde, à Québec ou au Moyen Orient, à
Bagdad, il se trouve peut-être des membres de la croix de
pureté, des mortels qui connaissent le secret des possédés
et les chassent.
Les Purificateurs
La croix de pureté n’est pas la seule institution à
chasser les possédés. La vérité est que la croix de pureté
n’est qu’une cellule qui sert de sélection de réceptacles pour
un clan de possédés bien plus dangereux : les Purificateurs.
Les Purificateurs sont des possédés, ce ne sont que des
possédés. Un véritable clan. À la base, ils ne regroupaient
que les meilleurs inquisiteurs, les plus grands chasseurs
d’abominations. Mais le but du clan a changé. Suivant les
préceptes de leur maître, Henri Institoris, les Purificateurs
chassent maintenant tous les possédés. Ils les traquent, les
ramènent vivants pour les emmurer. Ils pratiquent sur leur
cible un terrible rituel mis au point du temps des puissants
pharaons. Le rituel de longue vie prolonge la vie de la
malheureuse cible jusqu’à ce que son corps pourrisse len-
187
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème tement. Même si la victime refuse de manger, même si elle
refuse de boire, elle ne mourra pas. Elle ne fera que pourrir
lentement, souffrant affreusement jusqu’au tréfonds de son
être. Ce n’est qu’au bout d’un millier d’années qu’enfin
le corps meurt, libérant finalement l’esprit qui y était en-
fermé. L’être surnaturel, après tant d’années de torture,
devient bien souvent fou à lier.
Les Purificateurs sont uniques de par leur activité
et de par leur esprit. En effet, les esprits qui ont possédé
des purificateurs sont tout aussi fanatiques que leur récep-
tacle. Comme souvent avec la possession, les possédés sont
affectés par leur caractère de leur esprit, mais l’inverse est
aussi vrai. Les esprits purificateurs ont dans leur compor-
tement tout le fanatisme anti possédé cumulé sur plusieurs
centaines d’années. Les esprits ne voient leurs congénères
que comme des êtres dangereux qui ne se maîtrisent pas,
comme des bêtes sauvages qu’il faut enfermer.
Certains Purificateurs se voient comme des huma-
nistes, aidant l’humanité à se libérer de l’emprise des es-
prits sur leur histoire, sur leur futur. Mais la plupart sont
tellement fanatisés par leur entourage, par leur esprit, qu’ils
ne pensent plus qu’à leur devoir, comme des machines.
Le clan des purificateurs effectue une longue sélection
de ses réceptacles. La plupart viennent d’anciens membres
de l’Inquisition qui découvrent trop de vérités sur les pos-
sédés. Par tradition, les purificateurs recrutent toujours
beaucoup parmi les meilleurs membres de la croix de pu-
Gerard van Honthorst - Le reniement de saint Pierre (1620)
Musée des Beaux-Arts, Rennes
188
reté. Mais par nécessité, les purificateurs ont aussi choisi
des réceptacles parmi le commun des mortels, parmi les
paysans, les cochers, les chasseurs de prime et les soldats.
Cependant, la grande majorité de ses membres restent
d’anciens ecclésiastiques.
Aujourd’hui, la plupart des possédés qui survivent
se font discrets. La populace sait reconnaître la plupart
des signes surnaturels comme les traits physiques ou les
marques. Les tribunaux sont appelés à faire du zèle en
France, Espagne et aux Pays bas espagnols. Ils brûlent
tous ceux qu’ils suspectent d’activités surnaturelles. Et les
communes puritaines d’Allemagne et de Nouvelle Angle-
terre sont aussi très promptes à mettre en place un bûcher.
Les possédés plus discrets doivent toujours se méfier de la
croix de pureté, les mortels qui savent la vérité, mais que le
pape lui-même n’écoute pas. Mais par-dessus tout, le plus
grand danger d’un possédé reste les purificateurs. Ils sont
intelligents et dotés d’une expérience centenaire. Ce sont
des adversaires de taille.
Poussés à la discrétion par leurs esprits, les possédés
font donc aussi la chasse autour d’eux, prévenant les autres
possédés des risques qu’ils courent. Les clans les plus puis-
sants font la chasse aux abominations, afin de faire taire
les rumeurs d’être surnaturels avant que la croix ou les
purificateurs ne surgissent.
 Sortilèges :
Purification
Les impurs sont là. Il faut les chasser, les traquer,
les encercler puis les abattre. Tel est le mode de
fonctionnement du purificateur. Je suis un de ces
chasseurs et tu es ma proie. Tu vas courir, tu
vas te cacher et je te trouverai encore et encore.
Pourquoi je te dis cela ? Car c’est la fin. Tes
pouvoirs vont t’abandonner, ton esprit va te lais-
ser livré à toi-même. Tu es seul. Tes amis t’ont
laissé, ton clan t’a oublié, ton nom que j’ai sali est
connu de tous les braves gens de Paris. Tu n’as
plus que moi.
Le domaine de la Purification est celui des chasseurs
de possédés. Il vise à localiser puis affaiblir tous les récep-
tacles avant de porter le coup fatal. Aucun possédé ne sera
jamais vraiment à l’abri contre leurs pouvoirs. Ce sont des
experts, ils ne doivent en aucun cas être méprisés.
Les esprits purificateurs sont les seuls à pouvoir dé-
velopper le domaine de sorcellerie de purification. Il s’agit
de sorts qui s’attaquent tout particulièrement aux possédés
et au lien qui les unit à leur esprit. Le coût en points de
présence pour développer ce domaine de sorcellerie est le
même que pour les autres domaines. Il est juste réservé
aux esprits voulant ou ayant fait partie du clan des Puri-
ficateurs.
Aspirant
Inconfort du coupable
Difficulté : 6/8/10
Effet : Malus de -2 aux actions utilisant la vue
pendant 1 minute / 10 minutes / 1 heure
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Toutes les personnes qui sont coupables d’un crime
quelconque (meurtre, vol, assassinat, jalousie, cupidité, co-
lère ou autres) reverront devant leurs yeux dans des flashs
leurs mauvaises actions. En plus de l’effet traumatisant
qu’il est de revoir ainsi des moments passés, la vue de
la cible est partiellement bouchée. Toutes les actions qui
utilisent la vue subissent un malus de -2. La définition de
crime est assez vague et dépend de la psychologie de la per-
sonne. Mais en règle générale personne n’est blanc comme
neige. Le paysan cupide est donc tout aussi affecté que le
chasseur de primes ou la prostituée lubrique.
Traque
Difficulté : 6/8/12
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème
Effet : Permet de retrouver une personne ou un
objet déjà vu sur une distance de 100m/1k-
m/10km
Défense : Défense Spirituelle
Ce sortilège permet de connaître la direction pour
retrouver un objet ou une personne. La direction à suivre
sera indiquée au possédé par un léger courant d’air, indé-
tectable pour d’autres. Cela ne fonctionne que si le possédé
a déjà vu la cible une fois dans sa vie. Tant que la cible est
dans cette zone, le sort donnera la direction à suivre.
Inspection de la Marque
Difficulté : 6/8/10
Effet : Permet de connaître 1/3/5 capacité(s) sur-
naturelles d’un possédé
Défense : Aucune
En utilisant ce sort pendant 3 minutes là où un pos-
sédé a laissé sa Marque, c’est-à-dire quand il n’a pas réussi
à contrôler son pouvoir, le maître de la purification appren-
dra alors le nom de l’esprit qui a agi ici ainsi qu’une partie
des pouvoirs dont dispose le réceptacle. Il est ainsi possible
de connaître son domaine de pouvoir ou un de ses pouvoirs
de présence.
Affilié
Vision du mal
Difficulté : 10/12/14
Effet : PPendant 10 minutes, la perception et
l’empathie du purificateur sont augmentées de
+1D/2D/3D
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Rien ne peut être caché au purificateur. Il en va de
sa survie de tout voir et de tout connaître. Ce sortilège
permet de détecter les objets et les personnes cachés. Le
possédé reçoit alors un bonus à ses jets de Perception égal
à la puissance du sort pour détecter tout objet dissimulé ou
personne cachée dans les ombres.
Perte de Contrôle
Difficulté : 10/14/18
Effet : Pendant 1 minute, augmente le seuil de
contrôle de la cible de 3/6/9
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Tous les pouvoirs de possédés sont fondés sur le
contrôle de soi. Un possédé qui ne peut contrôler les pou-
voirs de son esprit ne peut tout simplement rien faire. Ce
pouvoir permet d’augmenter le seuil de contrôle de soi de
la cible d’une valeur égale à la puissance du sort.
Vraie forme
Difficulté : 10/12/16
Effet : Le possédé visé voit ses traits physiques
de présence apparaître pendant 10 minutes/ 1
heure/1 jour
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
189
Chapitre XIV - Les clans et les esprits influents au XVIIème Quand un purificateur est en présence d’une personne
qu’il soupçonne de possession, il utilise ce pouvoir. Ainsi, le
possédé visé verra ses traits physiques apparaître au grand
jour pendant toute la durée du sort. La seule façon de
contrer un tel pouvoir est de réussir un jet de contrôle de
soi contre le résultat du jet de purification. Il s’agit donc
d’un des pouvoirs de base des purificateurs, leur servant
tout aussi bien à confirmer leur doute qu’à discréditer une
personne en société, révélant son côté noir. Ce pouvoir est
bien sûr sans effet sur des personnes normales.
possédé. En s’attaquant directement à ce lien, il arrive
donc à provoquer de véritables crises de contrôle. La zone
du sort est centrée sur le purificateur. Tout autre possédé
qui est dans la zone doit alors accomplir un jet de contrôle
de soi sous peine de subir des pertes de contrôle. Tous ceux
qui restent dans la zone doivent refaire un jet de contrôle
à chaque tour. Chaque jet de contrôle est considéré comme
une action. Ceux qui décident de ne pas l’accomplir su-
bissent alors automatiquement 2 points de dommage.

Influent
Piège
Difficulté : 14/18
Effet : La cible ne peut plus utiliser son Panache
pendant 10 minutes, ou son Panache est trans-
féré au purificateur
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Lorsque le purificateur a trouvé sa cible, il doit s’as-
surer de la victoire. Ce sortilège permet de l’assurer en
empêchant toute action extraordinaire de se produire, la
peur du chasseur bloquant les capacités de la proie. La
cible ne peut plus utiliser de point de Panache pendant
toute la durée du sort. Il est donc impossible d’avoir un dé
de Panache en plus ou d’utiliser du Panache pour une ca-
pacité spéciale ou une technique. La version plus puissante
du sort permet au purificateur de prendre tous les points
de panache de sa cible.

Souricière
Difficulté : 14/18/22
Effet : La cible est coincée dans un lieu pendant
10 minutes/1 heure/1 jour
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
La victime de ce sort, un possédé, se retrouve coin-
cée, prise au piège. Par ce pouvoir, le purificateur va
contraindre sa cible à rester cloisonnée dans une zone bien
définie comme une partie d’une forêt ou un étage d’une
maison. Chaque fois que le possédé visé voudra en sortir,
par une subtile manipulation mentale, il se retrouvera de
nouveau dans la même zone. Ainsi, une personne voulant
sortir d’une pièce par la porte ne le pourra pas. En traver-
sant le seuil de ladite porte il se retrouvera encore et encore
dans la même pièce. De même, dans une forêt, en essayant
de fuir la zone, l’esprit embrumé du possédé l’y ramène.
Un jet de Contrôle de soi réussi contre le résultat du jet de
purification permet de se rendre compte de la supercherie.

Maître
Crise de puissance
Difficulté : 18/22/26
Effet : Tout possédé dans un rayon de 1 mètre/10
mètres/100 mètres du purificateur doit faire
un jet de contrôle de soi à chaque tour
Défense : Défense spirituelle ou Contrôle de soi
Le purificateur connaît bien le lien qui unit un possé-
dé et son esprit, sans doute mieux que n’importe quel autre

190
 Chapitre XV
Les Rituels
Le ritualisme est un domaine du surnaturel unique
et particulier. Au fur et à mesure des années, les esprits
ont transmis à leur réceptacle des connaissances plus éla-
borées. Les sortilèges les plus compliqués sont devenus de
véritables rituels, nécessitant l’utilisation d’ingrédients
étranges ou improbables. De fait, avec le temps, chaque
esprit a développé ses propres rituels. Mais leur souvenir
s’est peu à peu perdu avec les multiples réincarnations de
ces esprits.
Les rituels sont très longs à préparer et requièrent de
suivre des indications très précises. Les possédés ont donc
commencé à noter toutes les indications et les étapes dans
des livres, des recueils de rites. La plupart du temps, ces
textes sont en langages codés pour ne pas que les profanes
ne découvrent trop de choses sur le possédé. Cependant,
avec le temps, les recueils de rites sont devenus très re-
cherchés parmi les possédés. Les moindres écrits des pos-
sédés célèbres prennent une importance majeure quand on
connaît le code pour décrypter les messages surnaturels qui
s’y cachent. Qui sait ? Si Néron était possédé, peut-être
a-t-il utilisé un grand rituel pour faire brûler Rome ? Un
pouvoir capable de brûler toute une cité, voilà qui intéres-
serait surement les esprits les plus fous.
Pour ce qui est du jeu, il existe deux moyens d’ap-
prendre un rituel. Soit le PJ l’apprend de son esprit, soit il
le lit dans un livre.
Pour que l’esprit puisse apprendre un rituel à son
réceptacle, il faut bien sûr qu’il le connaisse. Ici, c’est le
MJ qui décide des rituels connus par l’esprit. La plupart
des esprits n’en connaissent cependant aucun, et peu en
connaissent plus d’un seul. Pour les esprits connaissant ce
type de magie, elle doit au maximum rester rare et secrète.
Pour apprendre un rituel dans un livre, il faut trou-
ver un livre, savoir qu’il contient un rituel, et le déchiffrer.
En effet, les rares livres qui contiennent des rituels écrits
par des possédés sont camouflés au milieu de l’ouvrage,
soigneusement caché aux lecteurs profanes.
Pour lancer un rituel, il y a plusieurs conditions à
remplir. Tout d’abord, le possédé doit connaître le rituel.
Ensuite, il doit disposer d’assez de temps pour pouvoir
l’effectuer, ce qui peut prendre entre quelques heures et
plusieurs jours. Il faut également avoir réuni tous les ingré-
dients nécessaires. À la fin du rituel, le possédé va effectuer
un jet de compétence Rituel. Il s’agit d’une compétence de
Pouvoir qui se développe comme toutes les autres compé-
tences. Il est à noter que si le possédé use d’un rituel qu’il
lit dans un livre, la concentration dépensée à la lecture
prend la forme d’un seuil plus élevé (voir plus loin). Si le
jet de Rituel est un succès, le possédé doit alors contrôler
la puissance de l’esprit et donc réussir un jet de Contrôle
de soi avec un malus qui dépend de la puissance du rituel.
Chaque rituel est présenté comme suit :
Pouvoir : il s’agit du rang de l’attribut pouvoir
minimum pour arriver à comprendre le rituel.
XP : Désigne le coût en XP pour apprendre le
rite.
Ingrédients : Chaque rituel nécessite des ingré-
dients étranges ou exotiques. Ils sont absolu-
ment essentiels à l’accomplissement du rituel.
Conditions : Certains rituels ne peuvent être ac-
complis que dans des lieux ou à des moments
précis.
Difficulté : Indique la difficulté à atteindre avec
le jet de Rituel. Le deuxième chiffre indique le
malus au jet de Contrôle de soi.
Temps d’incantation : Le temps nécessaire à
la préparation et à l’incantation du rituel.
Chaque rituel nécessite la concentration par-
faite du possédé pendant toute sa durée.
Effet néfaste : Si le possédé échoue à son jet de
rituel, il en subira les effets, souvent néfastes.
Description : Décrit les effets produits par le ri-
tuel en cas d’incantation réussie.
Le possédé se doit de connaître le rituel qu’il va in-
canter. Le possédé peut soit l’apprendre par cœur, il de-
vra alors dépenser la quantité d’XP correspondant, soit se
baser sur un recueil comme évoqué précédemment. Dans
ce cas-là, le rituel fonctionne de la même façon sauf que
la difficulté pour l’incanter convenablement est augmentée
de 3 points.
Rite de l’échange d’esprit
Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : 3 grammes de salpêtre, une fiole
contenant un liquide très chaud et une autre
contenant un liquide très froid, un possédé
 Conditions : La nuit
Difficulté : 10/0
Temps d’incantation : 2 heures
Effet néfaste : Le lien du possédé avec son es-
prit s’est détérioré mais n’a pas été coupé. Le
possédé perd un point dans l’attribut Pouvoir
Ce rituel est rarement enseigné par les esprits sauf
s’ils y trouvent leur compte. Plutôt complexe à lancer, il
permet d’échanger les esprits se trouvant dans les corps de
deux possédés. Il est nécessaire de tracer au sol un dessin
fort complexe supposé représenter la forme véritable des
deux esprits enfermés dans un cercle. Le tracé de ce des-
sin doit être fait successivement par les deux possédés, et
sans erreur. La moindre erreur lors du dessin fait échouer
le rituel. Le tracé total du dessin prend plusieurs heures,
selon les possédés et les esprits. Une fois le dessin achevé,
les deux possédés doivent chacun mettre la moitié du sal-
pêtre dans leur main, se placer dans le cercle et y médi-
ter pendant 2 heures. Une fois ceci fait, ils doivent rester
ensemble dans le cercle et y passer la fin de la nuit. Il est
possible d’effectuer ce rituel entre deux possédés endormis
ou inconscients. Dans tous le cas, à la fin du rituel, chaque
possédé doit mettre la moitié de son salpêtre dans chacune
des fioles, puis boire la moitié chacun.
Chapitre XV - Les rituels
Rite de succession
 Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : Un cadeau, une coupe d’une bois-
son alcoolisée
Conditions : Avoir une entrevue avec un être hu-
main
Difficulté : 7/0
Temps d’incantation : 30 minutes
Effet néfaste : Le possédé souffre d’un malaise et
ne pourra plus faire de rituel pendant un mois,
ni lancer aucun sortilège pendant une semaine
Il s’agit d’un rituel très pratiqué au sein des clans
et par les esprits qui ont des projets sur le long terme. Ce
rite permet au possédé de choisir son suivant, c’est-à-dire
l’homme qui devra accueillir l’esprit une fois son réceptacle
actuel mort. Le transfert d’un corps à l’autre est automa-
tique pour l’esprit quelle que soit la distance qui sépare les
deux corps. De véritables « dynasties » de réceptacles sont
construites ainsi par des esprits calculateurs. Le rituel très
simple consiste à passer du temps avec le futur réceptacle
seul à seul, en commençant par lui offrir un cadeau. Les
deux protagonistes doivent boire ensemble un liquide al-
coolisé, de l’eau-de-vie, du vin ou de la bière, peu importe.
À la fin de l’entrevue, le possédé doit prononcer ces mots
«  tu es mon successeur à présent  ». Peu importe ce que
répondra le mortel, le pacte est passé.
Rite du vin rouge
 Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : Du vin blanc
Conditions : Un autel
192
Difficulté : 9/0
Temps d’incantation : 30 minutes
Effet néfaste : Le possédé qui prépare le rituel
ne peut plus passer en présence pendant une
semaine
Ce rituel permet de savoir si un homme est possé-
dé ou non. Cela consiste à préparer une potion à base de
vin blanc. À la fin du rituel, la potion doit être posée sur
un autel sanctifié d’une religion quelconque. Par la suite,
quand le possédé donnera la potion à une personne, le vin
blanc deviendra du vin rouge si la personne est possédée.
Cette potion ne peut servir que pour une personne avant
de perdre son pouvoir.
Rite de localisation
 Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : Le nom de la cible, un objet lui
ayant appartenu, un petit feu comme une
torche.
Conditions : Dans un lieu surélevé comme une
tour ou une colline
Difficulté : 9/0
Temps d’incantation : 1 heure
Effet néfaste : Impossible pour le possédé de
retenter ce rituel sur la même personne. La
personne visée par le rituel devient une ob-
session pour le possédé. Il doit retrouver cette
personne sous peine de devenir fou. Au bout
d’une semaine de recherche, si la personne
reste introuvable, le possédé perd un point
d’Intellect
Ce rituel très utile permet de connaître précisément
la localisation d’une personne. Dans un endroit surélevé,
comme en haut d’une tour ou d’un clocher, le possédé va
méditer pendant une heure sur la personne visée. À la fin,
l’objet est jeté dans le feu. À cet instant donné, Le possédé
connaît alors précisément la position de sa cible, la ville
où elle se trouve, le bâtiment où elle est ou la rue où elle
déambule.
Rite de la décoction de fertilité
 Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : Des escargots vivants, du gingem-
bre ou du poivre
Conditions : Au coucher du soleil
Difficulté : 9/0
Temps d’incantation : 1 heure
Effet néfaste : Si le possédé n’a pas d’enfant, il
devient dépressif et se demande quel est le but
de sa vie. Pendant cette remise en question qui
durera une semaine, il perd un point de Corps
et un de Perspicacité
Ce rituel permet de mettre au point un liquide qui
décuplera la fertilité de celui ou celle qui la boira. Les se-
mences de la personne deviennent tellement fertiles qu’un
enfant sera conçu à coup sûr au prochain acte sexuel, quel
que soit la fertilité du partenaire. En revanche, boire à
nouveau de la même décoction rendra la même personne
stérile à jamais.
Rite de l’alarme
 Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : Un objet ayant appartenu à l’enne-
mi, des œufs de pie
Conditions : Être à l’extérieur
Difficulté : 9/0
Temps d’incantation : 2 heures
Effet néfaste : La cible du sort sera prévenue à
chaque fois que le possédé voudra l’attaquer
L’objet récupéré change de couleur ou émet un léger
bruit quand son ancien propriétaire est dans les parages,
c’est-à-dire à moins de 100 mètres. Le signal dépend de
chaque objet, ne peut être prévu par avance, et est déter-
miné librement par le MJ.
Rite du membre retrouvé
 Pouvoir : 2
XP : 3
Ingrédients : Le membre fraîchement coupé d’un
homme, de la sciure de bois, des cèpes
Conditions : Le jour
Difficulté : 8/0
Temps d’incantation : 1 heure
Effet néfaste : Le possédé a l’impression que c’est
lui qui a perdu un membre. Il ne peut plus se
servir de ce membre pendant une semaine
Ce rituel assez simple consiste à remettre en place
un membre fraîchement coupé sur le corps d’un homme
vivant. Le blessé, inconscient pendant le rituel, va ainsi
pouvoir récupérer un bras, ou une jambe coupée. Le pos-
sédé doit appliquer un mélange de cèpes frais et de sciure
de bois sur la plaie avant d’y fixer le membre et de le tenir
pendant toute la durée du rituel.
Rite de rencontre
 Pouvoir : 3
XP : 3
Ingrédients : De la craie pour dessiner un cercle
sur le sol. Un masque représentant la forme
véritable de l’esprit
Conditions : Pendant une nuit sans lune
Difficulté : 12/-2
Temps d’incantation : 2 heures
Effet néfaste : Le possédé qui incante aura pen-
dant toute une semaine le masque collé sur le
visage. L’enlever lui arracherait la peau
Ce rituel permet au possédé et à l’esprit de se ren-
contrer dans le monde réel. L’esprit apparaît alors sous
sa forme véritable durant un court laps de temps permet-
tant au deux compères de se voir et de converser. L’esprit
n’est pas vraiment dans le monde physique, ce n’est qu’une
image. Le possédé doit tracer un cercle au sol dans lequel
apparaîtra l’incarnation de l’esprit. Le possédé doit por-
ter un masque qui représente la forme véritable de l’esprit
pendant tout le rituel. Ce rituel peut être pratiqué sur un
possédé non consentant. On peut ainsi forcer sa forme vé-
ritable à apparaître. Ce peut être un moyen de confondre
un possédé.
Rite de longue vue
 Pouvoir : 3
XP : 3
Ingrédients : Une mèche de cheveux de la cible,
des yeux d’un oiseau de proie
Conditions : Une salle ne laissant passer aucun
rayon du soleil, une nuit de pleine lune
Difficulté : 12/-2
Temps d’incantation : 3 heures
Chapitre XV - Les rituels
Effet néfaste : La portée des sorts du possédé
est réduite à moins de 30 centimètres, et ce
pendant une semaine
Grâce à ce rituel, il est possible de lancer un sortilège
sur la cible et ce quelle que soit la distance qui la sépare
du possédé. Pendant le rituel, tout en méditant, le possédé
doit découper les yeux d’oiseau avec un couteau. À la fin
du rituel, le possédé doit ingurgiter la mèche de cheveux.
Ce faisant, il va lancer un sort sur la cible, comme si elle se
trouvait devant lui.
Rite des derniers instants
 Pouvoir : 3
XP : 3
Ingrédients : Un linceul de mort, une améthyste
de la taille d’un doigt
Conditions : La cible doit être une personne
morte depuis moins d’une semaine
Difficulté : 11/-3
Temps d’incantation : 30 minutes
Effet néfaste : Le possédé a l’impression d’être
lui-même en train de mourir. Il reste tétanisé
pendant 3 jours le temps de « revenir à la vie »
Ce rituel permet au possédé de revivre les derniers
instants d’un mort. Il voit par les yeux du mort et peut
donc observer sa vie quelques heures avant sa mort. Le
possédé partage ainsi une partie de la douleur du défunt. Il
encaisse un point de dommages.
Rite des créatures de brumes
 Pouvoir : 3
XP : 3
193
Chapitre XV - Les rituels
Matthias Stom - Mucius Scaevola en présence de Lars Porsenna
Art Gallery of New South Wales, Sydney
Ingrédients : Deux grandes cuves contenant un
liquide parfumé
Conditions : Un endroit éclairé ni par le soleil ni
par la lune
Difficulté : 11/-3
Temps d’incantation : 30 minutes
Effet néfaste : Les créatures de brume pour-
suivent le possédé. Les créatures ne dispa-
raissent qu’en étant touchées par la lumière du
soleil ou de la lune
De par ce rituel, des créatures de brume sortiront
des cuves parfumées pour obéir au possédé pendant la pro-
chaine heure. Ces créatures ne sont nullement solides, les
coups les traversent. Mais plus des personnes les combat-
tront et plus les créatures prendront forme et consistance.
Les deux brumes naissent avec 1D dans chaque attribut.
À chaque action tentée contre les brumes, ces dernières
gagnent un D supplémentaire dans chaque attribut. Ren-
verser ou vider les cuves où sont nées les brumes suffit à
les dissiper.
Rite de la maison hantée
 Pouvoir : 3
XP : 3
194
Ingrédients : Un lieu où le possédé passe beau-
coup de temps ainsi qu’un objet, animal ou
insecte qui fait peur au sorcier, comme des
araignées, des serpents, ou encore un tableau
dérangeant...
Conditions : Une nuit de pleine lune
Difficulté : 11/-3
Temps d’incantation : 1 heure
Effet néfaste : Le possédé est contraint à rester
enfermé dans le lieu hanté dont il subit tous
les sévices
Grâce à ce rituel, le possédé va pouvoir transformer
un lieu où il passe beaucoup de temps, une demeure par
exemple, en un véritable endroit hanté comme dans les
histoires populaires. Tout y devient étrange et surnaturel,
les objets étant dotés d’une vie propre et tâchant d’effrayer
les visiteurs hostiles. Les personnages des tableaux suivent
les visiteurs du regard ou leur tirent la langue, les portes se
ferment violemment sur la face des gens, les chaises se dé-
robent, les lumières s’éteignent... Les effets du rituel durent
jusqu’à la prochaine pleine lune.
Rite du clan
 Pouvoir : 4
XP : 3
 Ingrédients : Un insigne du clan, de l’eau
Conditions : Le possédé menant le rituel doit
faire partie du clan ou le créer
Difficulté : 15/-4
Temps d’incantation : 2 heures
Effet néfaste : Le clan est détruit
Entrer dans un clan est un évènement majeur. Pour
lier le possédé, son esprit et tous les membres du clan, il est
nécessaire d’accomplir ce rituel. Les détails changent d’un
clan à l’autre et les effets sont aussi variables. Cependant
un rite est toujours nécessaire pour permettre un lien fort
entre les membres d’un clan, des esprits et des hommes
qui partagent le même but, le même objectif, et parfois les
même rêves.
Quel que soit le clan, il y a toujours des points com-
muns dans le rite. Chaque participant va avoir la tête
mouillée, voire plongée dans une bassine. Il va alors voir la
forme véritable de l’esprit qui a créé le clan. Une discussion
s’ensuit entre le possédé et l’esprit qui dirige le clan. Cha-
cun confronte ses points de vue et expose ses exigences. Si
les parties sont d’accord, le possédé va alors entrer dans
le clan. Il doit pour cela ingurgiter l’insigne du clan qui
fera alors partie de lui-même. Faire partie d’un clan de
possédés offre divers avantages. Ces derniers dépendent du
clan envisagé.
Rite du traître
 Pouvoir : 4
XP : 3
Ingrédients : 3 membres du clan, une pièce en
liège
Conditions : la nuit
Difficulté : 15/-4
Temps d’incantation : 2 heures
Effet néfaste : Les possédés présents au rituel
ont tous la marque du clan qui apparaît sur
leur visage
Ce rituel existe essentiellement pour s’assurer que
les membres d’un clan restent fidèles. Quand un possédé,
membre d’un clan, est accusé d’être un traître, ce rituel est
accompli. Le ritualiste (qui n’a pas besoin d’appartenir au
clan en question), rassemble trois membres prêts à témoi-
gner. La victime n’a pas besoin d’être présente. Au début
du rituel, le ritualiste commence par tailler la pièce de liège
à l’effigie du clan. Pendant ce temps, les autres membres
racontent les actions qui font de la victime un traître à
leurs yeux. Quand le symbole est fini, les trois membres
l’embrassent. La victime nommée, dont les actions ont été
décrites, va être atteinte peu importe sa localisation sur
Terre. Le traître a instantanément le symbole du clan qui
apparaît sur son visage. La marque prend la forme d’une
brûlure posée au fer rouge et restera pendant toute sa vie.
Cette marque ne fait pas plus de 4 centimètres de diamètre.
Rite de la sanctification
 Pouvoir : 4
XP : 3
Ingrédients : Une relique sainte d’une quelconque
religion, un homme qui n’est pas possédé
Conditions : À l’équinoxe
Difficulté : 16/-3
Temps d’incantation : 1 heure
Effet néfaste : La cible sera en fait le successeur
du possédé. Tout se passe comme si c’était le
rituel de succession qui avait été accompli
Il est parfois important, pour des raisons essentielle-
ment politiques, qu’un Homme ne puisse devenir possédé.
Dans ce cas précis, on accomplit ce rituel. La cible doit être
présente pendant le rite. Elle doit porter la relique sainte
alors que le possédé mène l’action. La personne ne pourra
alors jamais être possédée par qui que ce soit et mourra
comme un simple humain. Ce rituel est rarement enseigné
et les possédés eux-mêmes ne lui trouvent que peu d’appli-
cations. Pourtant, il est devenu habituel pour les clans au
pouvoir de pratiquer ce rituel sur les monarques et fils de
monarques, s’assurant ainsi que jamais un royaume ne sera
dirigé par un prince possédé à moitié fou. De tels cas se
sont déjà produits dans l’Histoire, et le résultat n’a jamais
été très bon.
Rite de l’embaumement
Chapitre XV - Les rituels
 Pouvoir : 4
XP : 5
Ingrédients : Des bandages, du silex d’Éthiopie,
des aromates comme le thym ou la myrrhe, du
sel en grande quantité
Conditions : Un mausolée ou une tombe, un pos-
sédé
Difficulté : 16/-3
Temps d’incantation : Sept jours
Effet néfaste : Le rituel est un échec. Le possédé
meurt peu de temps après et l’esprit libéré va
traquer le ritualiste avec haine et acharnement
Ce rituel est très ancien. Il était utilisé au temps
des pharaons d’Égypte pour embaumer les possédés dan-
gereux. Ainsi, le corps pourrit lentement et l’esprit y reste
coincé des décennies entières avant de pouvoir enfin être
libéré. Il n’est pas rare pour un esprit de rester ainsi inac-
tif plusieurs siècles, cette attente interminable le rendant
souvent à moitié fou.
Le ritualiste va procéder à l’embaumement pen-
dant sept jours entiers. Le corps est ouvert avec la pierre
d’Éthiopie, le possédé mourant souvent à ce moment-là.
Le rituel permet de garder l’esprit prisonnier dans le corps
mourant pendant une semaine mais pas une minute de
plus. Il faut alors sans tarder vider les organes, le cerveau
et les viscères. Puis le corps est longuement salé. Enfin, on
l’enroule dans des bandages collés entre eux. Le corps doit
rester indemne le plus longtemps possible afin que l’esprit
y reste bien enfermé le plus longtemps possible.
Rite du phagocytage
 Pouvoir : 5
XP : 5
195
 Ingrédients : Cinq petits animaux vivants, un
couteau à lame d’argent
Conditions : Un possédé. La nuit avant carnaval
Difficulté : 20/-6
Temps d’incantation : 6 heures
Effet néfaste : L’esprit du possédé est absorbé
par celui de sa cible. L’homme qui menait le ri-
tuel souffre terriblement, encaissant 10 points
de dégâts. Il restera convalescent de longs mois
et ne retrouvera jamais toutes ses capacités
motrices. Mais il ne sera plus possédé
Le terrible rite de phagocytage n’est pas enseigné
à la légère. Il permet d’unir définitivement deux esprits,
l’un absorbant l’autre. L’esprit mangeur se retrouvera ainsi
plus puissant que jamais, disposant de nouveaux pouvoirs
et de nouvelles connaissances. Son réceptacle en profitera
immédiatement. En revanche, l’esprit malin absorbe aus-
si une partie de la forme véritable et du caractère de la
cible. Ainsi, son comportement va changer, devenir plus
complexe et plus retors, rendant le mécontentement encore
plus dur à limiter.
Durant le rituel, le possédé doit disposer sa cible au
milieu des cinq petits animaux. Pendant une heure, il va
câliner puis torturer un à un chaque animal. À chaque
Chapitre XV - Les rituels
heure, il en tuera un. Pendant la dernière heure du rituel,
il doit lentement dessiner au couteau la forme véritable de
son esprit sur la peau de sa cible. Le rituel s’arrête quand
le dessin s’achève.
La victime va alors perdre son esprit qui disparaît
à jamais. Elle subit les effets néfastes du rituel et peut en
mourir. L’esprit du possédé va changer, prenant certaines
caractéristiques de l’esprit mourant. Il gagne un trait de
caractère ainsi qu’un nouveau trait physique, à choisir par
le MJ parmi ceux de l’esprit mourant. Le possédé a accès
à une partie des pouvoirs de l’esprit mourant. Il acquiert
pour l’équivalent de 20 points de liaison à prendre parmi
les pouvoirs de l’esprit mourant. Son seuil de contrôle aug-
mente aussi de 1.
Rite de la poupée noire
 Pouvoir : 5
XP : 4
Ingrédients : Une poupée en bois noir impor-
tée d’Afrique, des cheveux de la victime ou
un bout de peau, un bout de vêtement de la
victime, une griffe de lion
Conditions : La nuit, au bord d’un cours d’eau,
quand il fait plus de 20°C
Difficulté : 20/-5
Temps d’incantation : 1 semaine
Effet néfaste : La poupée se casse au premier
coup de griffe. Le possédé reçoit alors la ma-
lédiction qu’il voulait envoyer à son ennemi. Il
perd d’un coup 10 ans de sa vie
Ce rituel est un des préférés des sorciers d’Afrique
noire. Il consiste à utiliser une poupée de bois noir pour
représenter une infortunée victime. Cette dernière n’a pas
besoin d’être présente pendant le rituel. Pendant une se-
maine, chaque nuit, le possédé va se rendre au bord d’un
cours d’eau pour préparer la poupée, la baigner, la peindre,
lui coller des cheveux et lui donner le bout de tissu comme
196
vêtement. Une fois la semaine écoulée, le possédé va pou-
voir utiliser la griffe de lion sur la poupée. Chaque jour, un
coup de griffe doit être donné sur la poupée. La cible com-
mencera alors à dépérir, jour après jour, jusqu’à mourir au
bout d’un mois. Si la poupée est détruite, la malédiction
disparaît.
Rite de la transe commune
 Pouvoir : 5
XP : 4
Ingrédients : Des bougies
Conditions : Une grande pièce où se trouveront
toutes les cibles
Difficulté : 20/-5
Temps d’incantation : 1 jour
Effet néfaste : Le possédé tombe dans une transe
terriblement longue. Il perd conscience du
monde extérieur pendant 2 jours. Il perd un
point de Perspicacité et un point d’Intellect
Ce rituel puissant permet de faire tomber dans un
état léthargique toutes les personnes présentes dans une
pièce à midi pile. La transe dure deux heures.
Rite des Hommes-bêtes
 Pouvoir : 5
XP : 5
Ingrédients : Une peau de loup, une pierre de
lune
Conditions : Une nuit de pleine lune, un homme
désirant le pouvoir
Difficulté : 18/-4
Temps d’incantation : 2 heures
Effet néfaste : Le corps du possédé se transforme
définitivement en celui d’un loup. Il restera
sous cette forme jusqu’à sa mort
Ce rituel permet de transformer un homme en un
loup-garou, asservi au possédé comme à un chef de meute.
La personne concernée doit être consentante pour pouvoir
accomplir le rituel. Pendant cette nuit de pleine lune, le
possédé demande à l’homme de prêter serment de le servir.
Ce dernier doit toucher la pierre de lune, puis mettre sur
son dos la peau de loup. La peau se greffe alors sur une par-
tie du corps, puis s’y étend partout, transformant l’homme
en loup-garou. Le possédé doit alors lui taper sur le museau
pour lui montrer qu’il est le chef de meute. L’homme-bête
changera de forme alors à chaque pleine lune automati-
quement. Il peut se forcer à prendre sa forme de loup la
nuit en réussissant un jet de Contrôle de soi contre un
seuil de 10. Sous sa forme de loup, l’homme ne peut plus
utiliser d’objet, ses mains devenant des pattes. Sa force et
sa constitution sont augmentées. Il gagne deux points en
Corps, un en Adresse. Les dommages de ses griffes sont de
4. Le loup-garou maîtrise le langage des canidés. Si la nou-
velle créature devient plus forte, elle est aussi plus sauvage,
gardant des traits de caractère du loup. L’homme obéit
seulement quand les ordres lui viennent d’une personne
qu’il considère supérieure, comme un noble. Mais il peut
maudire et frapper son vieux père.
 Chapitre XV - Les rituels
Ilya Repin - Ivan le terrible et son fils Ivan le 16 nomvembre 1581 (1885)
Galerie Tretiakov, Moscou

Ingrédients : Environ deux tonnes d’argile et de

pierre, une émeraude taillée en étoile, le sang
Rite de l’armée des ombres du possédé

 Pouvoir : 6 Conditions : La nuit de Yom kippour, fête reli-

XP : 4
Ingrédients : Un miroir
Conditions : Un endroit où beaucoup de soldats
sont morts par le passé
Difficulté : 23/-7
Temps d’incantation : 1 jour
Effet néfaste : Le possédé devient une ombre
pendant une semaine. Il lui est impossible
d’avoir le moindre contact avec la réalité mais
les gens le voient, comme s’il était un fantôme
Ce rite permet de faire apparaître une armée d’an-
ciens soldats morts au combat. Cette armée n’a aucune
consistance mais peut permettre de motiver et d’amener
des régiments entiers et ainsi gagner des batailles. L’armée
d’ombre ne combat pas.
Rite du golem
 Pouvoir : 6
XP : 5
gieuse juive
Difficulté : 23/-8
Temps d’incantation : 1 mois
Effet néfaste : Le golem s’anime mais devient
hors de contrôle. Il n’a qu’un objectif : tuer
son créateur
L’objectif de ce rituel est de faire naître un golem,
une grande créature d’argile et de terre de forme huma-
noïde. Il s’agit d’un rite très rare et secret. Dans toute
l’histoire de l’humanité, il n’a été exécuté qu’une seule fois.
C’était à Prague lors d’une révolte des juifs de la cité. Le
golem avait été mis au point par un possédé juif qui voulait
protéger son peuple.
Pendant un mois tout entier, le possédé va devoir
modeler lui-même le corps du golem. Il mélangera son sang
à l’argile, afin de pouvoir être le seul à pouvoir donner des
ordres à la créature animée. À la fin du rituel, l’émeraude
est enchâssée dans le front du golem. Ce dernier s’éveille
quand le possédé lui donne son nom.
Le golem est un terrible combattant, qui ne fait
qu’obéir aux ordres de son maître. Il n’a pas de libre ar-
bitre. Ses attributs sont les suivants : Adresse 6, Corps 6,
Perspicacité 3. Les autres attributs n’ont pas lieu d’être. Le

197
 golem attaque avec ses poings, on considère qu’il inflige des
dommages égaux à 6. Il a une résistance de 4 et est immu-
nisé aux attaques ciblées sur une partie du corps. De plus,
pour aider sa création, le possédé peut rentrer en transe.
Alors, tant qu’il reste à moins de 200 mètres du golem, il
pourra guider ses actions, le rendant encore plus fort. Tous
les attributs du golem sont alors augmentés de la moitié de
l’intellect du possédé arrondi à l’inférieur.
Rite de manipulation des héritiers
 Pouvoir : 6
XP : 5
Ingrédients : Une lame d’obsidienne, du fer
chauffé à blanc
Conditions : Au coucher du soleil, un enfant
vierge de la famille
Difficulté : 21/-6
Temps d’incantation : 1 semaine
Effet néfaste : Le rituel a l’effet inverse. C’est
le possédé qui va être au service de la famille
Grâce à ce rituel, le possédé va pouvoir asservir un
Chapitre XV - Les rituels
l’attribut Pouvoir et dans les compétences associées ainsi
que les techniques de possédé.
Rite de fusion
 Pouvoir : 8
XP : 6
Ingrédients : De la craie
Conditions : un lieu qui tient à cœur au possédé
et à l’esprit
Difficulté : 28/-4
Temps d’incantation : 3 heures
Effet néfaste : Si le possédé échoue le rituel, il
n’obtient pas la fusion avec son esprit. Son
corps meurt immédiatement et le possédé de-
vient un fantôme. Il a réussi à extirper son
âme de son corps mais il n’a pas réussi à se
lier à son esprit. Pour l’éternité, il n’en sera
plus qu’une forme éthérée sans consistance qui
restera enfermée dans le lieu où s’est déroulé le
rituel. Il ne restera plus que le fantôme de lui-
même et deviendra progressivement fou

couple et leur famille. Le possédé doit capturer un enfant
vierge de la famille. Chaque soir, il le marquera au fer
forgé et gravera des symboles sur son corps avec la lame
d’obsidienne. À la fin de la semaine, les parents seront com-
plètement sous les ordres du possédé qui pourra leur de-
mander ce qu’il désire pendant un mois. Si l’enfant meurt
pendant ce mois ou pendant le rituel, ce dernier prend fin
immédiatement.
Rite de la prison d’argile
 Pouvoir : 7
XP : 6
Ingrédients : Une grande jarre en argile, de la
cire d’abeille
Conditions : La nuit de Noël
Difficulté : 25/-8
Temps d’incantation : 3 heures
Effet néfaste : Le possédé voit son esprit séparé
de son corps brutalement. Ceci tue le possédé
sur-le-champ
Ce rituel va permettre au possédé de fusionner avec
son esprit. C’est un rituel très rare et très puissant puisqu’il
permet au possédé d’accéder à l’immortalité sous la forme
d’un esprit fusionné. C’est pourquoi on y fait aussi souvent
référence comme rituel d’immortalité, bien que ce soit lé-
gèrement exagéré.
Le possédé doit se trouver dans un lieu où il a ac-
compli de grandes actions avec l’aide de son esprit, un lieu
où chacun a pu montrer à l’autre qu’il pouvait compter
sur lui. Ce lieu est un peu le cœur de la relation entre le
possédé et son esprit. Le rituel consiste à dessiner à la craie
tous les différents évènements marquants auquel l’esprit et
le possédé ont participé. Ils communient ainsi ensemble sur
leur réalisation. Puis, dans un deuxième temps, le possédé
doit détruire le lieu de mémoire, en y mettant le feu, en
le faisant s’effondrer... Quand le lieu est considéré comme
détruit, en ruine, que les différents dessins ne sont plus vi-
sibles et détruits eux aussi, le rituel est accompli. L’âme du
personnage est parvenue à se lier définitivement à celle de
son esprit et ils ne forment plus qu’un à présent, un nouvel
esprit à la puissance rare. Maintenant le joueur ne joue
plus un possédé, il joue un esprit.

Le possédé peut parvenir par ce rituel à accomplir un

rêve : se séparer de son esprit et reprendre une vie normale
de mortel insouciant. Ce rituel peut aussi être réalisé sur
un autre possédé. L’esprit est souvent opposé à cette sépa-
ration car à la fin du rite, il sera enfermé dans la jarre d’ar-
gile, peut-être pour l’éternité. L’esprit sera libéré quand la
jarre se fendra ou s’ouvrira d’une quelconque façon.
Pendant le rituel, le possédé doit se tenir sur la jarre
et méditer pendant deux longues heures. Il doit penser à
toute sa vie passé avec son esprit, revivant tous les évè-
nements marquants une fois encore. Ce rituel spécifique
oblige le possédé à réussir un jet de Contrôle de soi avec
un malus de -6 pour ne pas être soudain pris de remords et
renoncer. La dernière heure du rituel consiste à fermer her-
métiquement la jarre avec la cire d’abeille pour que l’esprit
ne s’en échappe pas. L’humain qui redevient normal perd
donc tous ses pouvoirs. Il perd aussi les XP investis dans

198
 Chapitre XVI
Aux côtés du créateur
XVII : au fil de l’âme est un jeu à part. En tant que
Maître du jeu, MJ, vous allez devoir incarner les esprits
qui possèdent chaque joueur et de fait, vous serez toujours
en leur compagnie, apte à influencer leur vie. Voici donc
quelques conseils pour parvenir à maîtriser ce jeu unique,
en espérant que vous y trouverez du plaisir.
Préparer un
scénario de XVII :
au fil de l’âme
Le jeu de rôle historique
XVII : au fil de l’âme est un jeu historique
Le jeu de rôle que vous tenez entre les mains a une
composante historique marquée. En effet, les évènements
se passent dans un contexte historique précis. Les PJs vont
être amenés à rencontrer des personnages qui ont existé et
ont influencé leur époque. De plus le niveau de vie, niveau
technologique et la philosophie de vie comme les religions
sont à utiliser dans ce JDR comme ils l’étaient au XVIIème
siècle. L’histoire est ici un décor qui sert au scénario, don-
nant des idées d’intrigues, d’adversaires et de scènes théâ-
trales.
Dans cette idée de jeu historique, les personnages ne
sont pas très résistants. Deux ou trois coups d’épée ou de
mousquet suffisent à tuer la plupart des personnages et
même le plus résistant tombera au bout de quatre. Prenez
le temps de prévenir les joueurs qui foncent droit devant
d’habitude.
XVII : au fil de l’âme n’est pas un jeu historique
Non ce n’est quand même pas un jeu historique. Il ne
faut pas être historien pour y jouer car on ne respecte pas
l’Histoire à la lettre, on ne joue pas les évènements comme
il se sont passés. Outre les connaissances du MJ et des
joueurs sur cette époque qui sont imparfaites, il y a le fait
qu’il existe des possédés et que le surnaturel a une place
non négligeable dans l’histoire non officielle du monde.
De plus il ne faut pas avoir peur de partir dans la ré-
écriture totale. Si les joueurs tuent délibérément Louis XIV
dans un scénario, ce n’est pas grave. La France de ce jeu
de rôle n’est pas la France historique, elle s’en inspire seu-
lement. La réécriture permet au contraire de libérer l’ima-
gination en partant dans une direction que ne connaîtront
pas les joueurs et où ils vont perdre leur repères.
Conclusion : il faut jouer avec l’Histoire. L’utiliser
comme source ou contexte mais ne pas s’enfermer dedans.
Pour cela, il ne faut pas hésiter à utiliser des sources in-
complètes et à faire appel à son imagination et aux films
de cape et d’épée même si ces derniers présentent de nom-
breuses inexactitudes historiques. Si durant une partie vous
avez besoin d’un élément de contexte sur lequel vous n’avez
aucune information, n’hésitez pas une seconde : inventez.
Seul le plaisir du jeu doit primer.
Inspiration et matériel
Afin de favoriser l’immersion, il peut être bon de pré-
parer à l’avance des documents, des images, des gravures
d’époque et des plans afin de les montrer à vos joueurs.
Pour eux ce sera toujours plus facile d’avoir une image du
PNJ à qui ils sont en train de parler, plutôt que d’avoir à
l’imaginer.
Il existe beaucoup d’œuvre du XVIIème siècle qui sont
maintenant consultables gratuitement sur internet. Outre
des peintures d’époque, faites par les plus grands maîtres
comme Vermeer, Rembrandt ou Frank Haals, vous pou-
vez chercher des gravures, notamment celles de Jacques
Callot ou d’Abraham Bosse. Utilisez Gallica, le site de la
Bibliothèque Nationale de France, qui rend accessibles gra-
tuitement sur internet nombre de ces œuvres qui sont du
pain béni pour nos parties. Il est aussi possible de consulter
simplement Wikipédia Commons qui contient de grandes
quantités de photos de plans et peintures d’époque.
 Jouer avec les esprits
Du Surnaturel à chaque séance
Chaque séance, même la plus insignifiante, doit faire
référence à la possession d’une façon ou d’une autre. Il
s’agit là d’un trait majeur du jeu que vous avez entre les
mains. Toutefois, il n’est pas toujours nécessaire de déve-
lopper un grand niveau de surnaturel, avec de nombreux
rituels et des abominations à tout-va. Dans le monde de
XVII : au fil de l’âme, les esprits sont inconnus des mortels
et doivent le rester. La plupart des scénarios doivent donc
faire intervenir le surnaturel à petite dose, de façon subtile
et discrète.
Utiliser les comportements
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Chaque esprit a son comportement qui lui est propre.
Ce peut être cannibale comme pyromane, ou encore une
passion pour les chiens. Pendant la séance, il n’est pas
toujours facile de faire ressortir ces comportements, sur-
tout pour le MJ débutant. L’astuce consiste à préparer
des petits évènements liés aux comportements de chaque
esprit afin de provoquer une réaction de la part du PJ et
de le mettre face à un choix. Quand vous concevez votre
scénario, vous devez vous demander dans quelle scène le
comportement de chaque esprit va intervenir. Cette petite
étape est majeure si vous voulez rendre les esprits plus
vivants. Il n’est pas nécessaire d’y passer des heures non
plus. Un esprit pyromane peut demander à son réceptacle
de mettre le feu à une réserve de poudre, juste au moment
où ce dernier la voit. La décision doit se prendre vite, l’évè-
nement ne doit pas durer plus d’une dizaine de minutes,
mais le choix fait par le joueur sera déterminant. Un esprit
se prend pour un chat ? Faites passer un rat dans la maison
qu’inspectent les PJs. Un autre esprit aime les trophées ? Il
demande justement à ce que son réceptacle récupère cette
épée ouvragée de ce soldat mort, mais le capitaine de ca-
valerie voulait aussi la garder pour lui. Comment va faire
le PJ ?
Au bout d’un moment, il est de moins en moins né-
cessaire pour le MJ de vraiment préparer des évènements
liés aux comportements. Les joueurs, en s’appropriant l’es-
prit et en l’appréciant, finissent souvent par anticiper les
demandes de ce dernier et par satisfaire son comportement.
Ce phénomène s’est vérifié dans de nombreuses parties.
D’une façon amusante, on voit alors le comportement de
l’esprit déteindre sur celui du possédé.
La mésentente
La mésentente sert à montrer la tension et les diffé-
rences de point de vue entre un esprit et son réceptacle.
Il est conseillé de l’utiliser avec parcimonie. Il est bon que
les joueurs sachent que cela existe. Mais l’augmenter trop
violemment risque de monter le joueur contre son esprit
alors que ce n’est pas le but du jeu.
De façon générale, on conseille de faire monter d’un
point la mésentente à chaque fois que le personnage fait
deux actions qui vont s’opposer au comportement de l’es-
prit. De même, la mésentente diminue d’un point pour
toutes les deux actions qui vont dans le sens du comporte-
ment de l’esprit.
Cependant, il faut aussi faire attention à l’autre ex-
trême, les esprits ne doivent pas être trop présents. Les
joueurs doivent rester maîtres de leur personnage et le MJ
200
ne doit pas décider pour eux de leurs actions. Les esprits
les influencent doucement, expriment leur mésentente,
mais ne tentent pas de prendre le contrôle à tout-va. Ce
serait extrêmement frustrant pour le joueur.
Jouer sur les souvenirs pour construire le
scénario
Outre le fait que les PJs disposent de leur point de
réminiscence, il est tout à fait possible pour le MJ de rajou-
ter des souvenirs qui reviennent en mémoire à l’esprit au
cours du scénario. Ceci peut se justifier par un évènement,
un lieu nouveau, une personne rencontrée, qui rappelle à
l’esprit un souvenir d’une de ses multiples vies passées.
Ce souvenir doit être immédiatement utile dans
le scénario. Évitez les souvenirs inutiles. Ils doivent au
contraire servir comme pour débloquer une situation sta-
gnante. Préparez de tels souvenirs à l’avance. Dans ce cas,
l’information donnée par l’esprit doit être fondamentale et
indispensable pour comprendre le complot en cours. Les
esprits sont des piliers de l’univers, ils peuvent être aussi
un des piliers du scénario.
En revanche faites attention à deux choses. La pre-
mière c’est d’abuser de cette méthode. Les souvenirs des
esprits sont très utiles et les préparer à l’avance ainsi est
important pour le fil conducteur du scénario mais aussi
pour l’ambiance. Cela permet de rendre les esprits plus
vivants et plus importants du point de vue des PJs. L’es-
prit n’est pas là que pour donner des pouvoirs mais peut
participer activement à la résolution d’un problème.
Autre erreur à éviter, les esprits ne peuvent pas
donner d’information sur des évènements trop récents.
Concentrez-vous donc sur des évènements passés, liés à
une personne qu’il a possédée, ou qu’il a rencontrée en
possédant quelqu’un.
Les esprits en campagne
Le jeu en campagne dans XVII : au fil de l’âme peut
aussi s’articuler autour des esprits. Il existe principalement
deux façons de faire du jeu en campagne.
La première, la plus classique mais toujours efficace,
consiste à laisser le MJ décider de la trame principale de la
campagne. Pour cela, le MJ va choisir les actes de mémoire
des esprits qui vont servir de jalons dans la campagne. Ain-
si, en jeu, les personnages seront guidés par leur esprit vers
leur prochain but. Ces actes de mémoire sont au nombre de
quatre, dont les trois derniers seulement peuvent vraiment
servir de jalons. Bien sûr, le maître du jeu est libre de ra-
jouter bien plus d’étapes au sein de sa campagne et de les
lier au passé de ces esprits.
Ne prévoyez pas votre campagne trop en détails.
Quelques passages obligés suffisent. Il est souvent préfé-
rable de gérer les détails du scénario peu de temps avant
que les joueurs ne le fassent. Prévoir trop à l’avance est
encore la meilleure façon de prévoir des choses qui ne se
feront jamais.
Une autre façon de jouer en campagne consiste à lais-
ser les joueurs choisir les actes de mémoire. Quand vos PJs
parviennent à accomplir le premier acte de mémoire, expli-
quez-leur le concept suivant : ils vont choisir, ensemble, des
souvenirs de leurs esprits respectif. Ces souvenirs doivent
être liés au même objet, lieu, ennemi, clan ou secret. Ce
souvenir va servir aux esprits à guider les possédés vers le
prochain acte de mémoire et donc le prochain jalon de la
campagne. Les souvenirs ne sont pas forcément les mêmes
pour chaque esprit, mais ils sont tous orientés vers la même
chose. Quand cet acte de mémoire est accompli, les PJs
déterminent le suivant de la même façon.
Par exemple : Des joueurs peuvent vouloir partir
explorer le Nouveau Monde. Le premier PJ décide que son
esprit y a été un chaman d’une tribu d’amérindiens. La
tribu a été décimée. Le deuxième PJ décide que son esprit
a aussi possédé un membre de cette tribu mais qu’il est
devenu esclave des Européens. Le troisième PJ affirme que
son esprit possédait un Européen qui a participé à l’exter-
mination de la tribu. Cet acte odieux a en fait été planifié
par un autre possédé, alors militaire. L’acte de mémoire
consistera à retrouver cet esprit tortionnaire dans un ob-
jectif de vengeance.
Il reste au MJ à déterminer comment les PJs vont
aller au Nouveau Monde, ce qu’il est advenu du possédé
militaire. Peut-être aussi que d’autres membres de la tribu
ont survécu...
Cette façon de jouer en campagne suggère que le MJ
soit capable de s’adapter à différentes situations, selon les
envies de ses joueurs. Il peut aussi restreindre le cadre géo-
graphique de la campagne. Il est aussi intéressant d’avoir
des joueurs qui ont des connaissances historiques et qui
veulent jouer avec.
Utiliser la Marque
À chaque fois que les possédés ne parviennent pas à
maîtriser les pouvoirs de leur esprit, ils laissent une marque.
La marque a un intérêt Role Play en jeu puisqu’elle permet
de savoir si un possédé est passé dans les environs. Les PJs
peuvent à l’occasion voir leur propre marque ou celle d’un
autre possédé.
Mais la Marque a surtout un intérêt à plus long
terme. N’en dites rien aux joueurs mais à chaque fois qu’un
PJ rate un jet de présence et laisse sa Marque, comptez.
Au final, quand un personnage aura laissé sa marque trop
souvent, qu’il se sera fait remarquer pour des actions sur-
naturelles, vous pourrez progressivement mettre la Croix
de pureté et autres chasseurs de possédé sur la piste du PJ
possédé. On propose d’utiliser ici quelques conséquences
de la marque.
Le personnage a laissé sa Marque 5 fois
Des membres de la Croix de pureté viennent poser
des questions autour de son domicile. Les voisins du PJ
sont interrogés, son tavernier préféré lui dit que de curieux
prêtres sont venus lui poser des questions étranges... À par-
tir de ce moment le possédé est surveillé par les membres
de la Croix de pureté.
Le personnage a laissé sa Marque 10 fois
La Croix de pureté est convaincue que le personnage
est un possédé et tente de l’enfermer. Un guet-apens est
programmé. Les membres de la Coix n’hésiteront pas à
prendre en otage les parents du possédé pour faire pression
sur lui afin de l’enfermer.
Le personnage a laissé sa Marque 15 fois
La Croix de pureté a échoué. Mais le possédé est
maintenant pris en chasse par les Purificateurs. Ces der-
niers le suivent même s’il change de domicile. Les Purifi-
cateurs visent le possédé pour l’enfermer ou le tuer, mais
visent aussi les amis du possédé, les suspectant d’être aussi
des possédés.
Toutes les 3 Marques supplémentaires
Le possédé subit une attaque des Purificateurs qui
viennent encore de le retrouver.
L’utilisation de la Marque prend tout son sens dans le
jeu en campagne quand les situations à risque s’enchaînent
et que le possédé est contraint d’utiliser ses pouvoirs à
l’excès.
Libre au MJ d’augmenter ou de réduire le score de
Marque d’un personnage s’il accomplit une action surnatu-
relle vue par le public, ou au contraire s’il parvient à bien
dissimuler ses traces, qu’il change de domicile, de nom...
Toutefois, une fois les purificateurs en chasse sur un
possédé, le score de Marque ne peut plus redescendre.
Construire un scénario
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Les thèmes abordés dans XVII : au fil de l’âme
Les thèmes jouables sont nombreux. On peut déjà
gérer tout ce qui peut se faire sous l’aspect historique.
C’est-à-dire les complots de la cour du roi, les guerres eu-
ropéennes, les inventions de Descartes ou de Galilée, la
misère et le contraste entre le tiers-État et la noblesse, les
privilèges et la cour des miracles. Il est aussi possible de
mettre en avant la découverte du Nouveau Monde et de
l’Amérique du Nord. Et à tout ceci s’ajoutent les différents
courants religieux de l’Europe de cette époque avec des
tensions toujours très vives entre Protestants et Catho-
liques mais aussi avec les Juifs et la nouvelle secte des
Jansénistes en France. Inspirez-vous aussi abondamment
des films de cape et d’épée, des duels entre nobles des Trois
Mousquetaires ou des Précieuses Ridicules de Molière ou
intercalez des scènes d’enlèvement avec des belles femmes
portant de larges décolletés. Bref, jouez sur les classiques
des films d’aventure qui se déroulent à cette époque.
Si toute la richesse du XVIIème siècle ne doit pas être
oubliée, l’intérêt du jeu réside avant tout dans la présence
des esprits. Les scénarios peuvent donc prendre comme
thème les légendes et leurs origines, la terreur de devenir
une abomination, la quête de l’immortalité et de la fu-
sion, ou encore l’influence qu’ont les possédés et les esprits
sur le monde des hommes et sur ses découvertes scienti-
fiques. Est-ce que De Vinci est possédé ? Est-ce que tous
les grands savants du monde ont été des possédés ? Autant
de questions pour autant de campagnes.
Des luttes de pouvoir peuvent être mises en place
entre les clans de possédés pour la capture d’un esprit
ou d’un lieu supposé mystique et contenant des réponses.
Pour les joueurs, la quête de la découverte de son esprit est
en soi un challenge remarquable et les actes de mémoire
sont un fil rouge vers cette quête. À ceci s’ajoute le grand
mystère qui pèse sur l’origine des esprits, mystère toujours
non résolu à ce jour.
Et il ne faut pas oublier la traque permanente que
mènent la Croix de pureté et les Purificateurs envers les
possédés. Voilà de quoi rendre vos PJs paranoïaques. Le
thème de la traque peut resurgir de façon épisodique dans
votre campagne, en fonction des erreurs de vos PJs, de
comment ils se font remarquer et de leurs marques.
Pour bien faire, un scénario de XVII : au fil de l’âme
doit mélanger les aspects historiques et le surnaturel.
Chaque MJ donnera le ton qu’il désire en misant plus ou
moins sur le surnaturel et le fantastique. Mais très claire-
ment, ce jeu de rôle n’a pas été pensé pour faire des duels
de boules de feu sur le parvis de Notre-Dame.
201
 Composantes d’un scénario de XVII : au fil
de l’âme
Afin de donner au mieux aux différentes parties un
caractère propre à l’univers du jeu, il est important de
placer autant que faire se peut certaines composantes dans
les scénarios.
Une composante historique
Chaque scénario doit faire ressortir le coté histo-
rique du jeu. Pour cela, il est important qu’une partie du
scénario s’appuie sur une attitude typique de l’époque ou
sur une activité (la chasse à courre, le jeu de paume, les
précieuses...) qui est emblématique de cette période de
l’Histoire. Une autre solution, compatible avec les thèmes
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
précités est d’utiliser des lieux historiques connus dans les
scénarios, lieux connus de vos joueurs de préférence. Si une
des scènes se passe dans une cathédrale Notre-Dame (de
Paris, d’Amiens, de Reims...), c’est toujours plus excitant
qu’une église quelconque inconnue de tous.
Autre façon de faire ressentir l’Histoire est d’impli-
quer des personnages historiques, comme Cyrano de Berge-
rac, Mazarin ou Richelieu, Molière... Il peut être d’ailleurs
intéressant pour les PJs d’aider ces grands personnages à
bâtir leur gloire qui durera pour les siècles à venir.
Mais aussi, n’hésitez pas à jouer local, c’est-à-dire
utiliser les lieux et personnages historiques connus de votre
région d’origine et, si possible, connus de vos joueur. Dans
le Dauphiné, jouer sur la légende du chevalier Bayard est
intéressant, revenir sur l’histoire des Cathares si vous jouez
à Toulouse peut aussi s’avérer payant. Vous jouez en Nou-
velle France ? Parfait, le XVIIème siècle est justement celui
qui a vu la naissance de la ville de Québec.
XVII : au fil de l’âme offre l’occasion de revisiter
l’histoire, voire de la réécrire. Pourquoi s’en priver ?
Une composante surnaturelle
Autre composante majeure, le surnaturel. Chaque
scénario doit voir intervenir le surnaturel de façon légère
mais omniprésente.
Les PJs doivent avoir l’impression de faire par-
tie d’un groupe de personnes un peu à part du reste du
monde, un groupe réduit qui connaît de grandes vérités
sur le monde.
Ils doivent aussi cacher cette vérité au reste des mor-
tels. De fait, le thème de la dissimulation d’information
peut revenir souvent.
Mais pour faire ressentir l’influence du surnaturel
dans les scénarios, une solution est d’utiliser les légendes
locales. En effet, nombre de lieux du pays font référence à
des créatures mythiques, à des salamandres aperçues dans
une fontaine, à des sorcières se réunissant dans un bois,
à des ruines romaines antiques peut-être encore habitées,
à des loups-garous ou à la bête du Gévaudan qu’il faut
abattre d’urgence...
Toutes ces légendes présentent l’avantage d’avoir des
explications rationnelles à présenter à la populace, mais
elles ont aussi des explications surnaturelles seulement
compréhensibles par des possédés, renforçant l’impression
des PJs de savoir des choses que la majeure partie de l’hu-
manité ignore.
Les esprits des PJs
Et enfin, les esprits peuvent être les initiateurs du
scénario. Ils peuvent demander aux PJs de réaliser une
202
vengeance, pourchassant les gens qui ont humilié ou tué
leur précédent réceptacle. Ils peuvent aussi demander aux
PJs de retrouver une relique perdue, de reprendre un châ-
teau leur appartenant jadis... Dans ce cadre, l’utilisation
des actes de mémoire est privilégiée. Mais il faut aussi s’as-
surer que tous les PJs soient impliqués dans ce type de
scénario. Pour cela, il faut que les esprits des PJs aient un
passé ou des buts communs. En bref, modeler le passé des
esprits pour que cela convienne à votre scénario.
Quelle est l’origine des esprits ?
Non, la réponse à cette question n’a toujours pas été
donnée. Ce n’est pas par hasard. Nous pensons que chaque
MJ peut y trouver une réponse.
Cependant, nous tenons tout de suite à écarter une
idée préconçue, non les esprits ne sont ni envoyés par Dieu,
ni par le Diable. C’est pour cela qu’il n’y a pas d’esprits
fondamentalement méchants et d’autres bons. Le jeu ne se
veut pas manichéen. Les esprits sont comme les humains,
avec leurs atouts et leurs défauts. Leurs caractères sont
souvent extrapolés à l’extrême, mais c’est tout. Les esprits
n’ont aucun lien avec aucune religion que ce soit. Mais vous
pouvez jouer sur l’ambiguïté durant vos parties pour faire
croire aux personnages que c’est le cas..
Idéalement la quête de la vérité devrait être progres-
sive, chaque indice permettant aux joueurs d’approcher
de la solution, d’écarter une hypothèse, d’en valider une
autre. Comme il a été dit, les esprits eux-mêmes ne savent
pas leur origine car ils l’ont oubliée. Cependant, il peut
leur rester des réminiscences de « la vérité », ce qui peut
orienter les PJs chercheurs de vérité vers la bonne voie.
Nous donnons ici des pistes pour l’origine des esprits.
Mais, on insiste, c’est à vous MJ de vous faire votre idée.
Monde parallèle : Les esprits pourraient ve-
nir d’un monde parallèle, dont des entités
s’échappent pour venir expérimenter d’autres
sensations dans notre univers.
Entité extraterrestre : Une entité extrater-
restre, un être tellement puissant qu’on peut
l’assimiler à un dieu, aurait envoyé des esprits
sur terre afin de tester la pureté de l’humanité.
Mort échappé des enfers : Une variante du
monde parallèle. Dans cette approche les es-
prits sont des habitants des enfers d’inspira-
tion gréco-romaine qui parviennent à s’échap-
per pour rejoindre la surface et y passer une
seconde vie.
Technologie perdue : L’origine de tout cela se-
rait en fait d’origine humaine. Une technologie
très avancée a été mise au point au moment du
premier âge d’or de l’humanité. Des humains
voulant atteindre l’immortalité se seraient
alors transformés en esprits. Mais ce faisant
la civilisation se serait effondrée, et les esprits
sont restés.
Résurrection : Les esprits sont des âmes ter-
restres ressuscitées. Malédiction ou bénédic-
tion, les esprits subissent cet état et ne se rap-
pellent pas de leur vie mortelle.
 Création de groupe de PJs
Comment faire démarrer les PJs ?
Il existe deux grandes façons de démarrer une partie
de XVII : au fil de l’âme.
Soit les PJs sont déjà possédés par un esprit depuis
quelque temps et ils connaissent son comportement et sa
philosophie. C’est une façon intéressante d’entrer tout de
suite dans le cœur du jeu.
Soit ils démarrent comme des humains normaux qui
par la force des évènements vont devenir possédés. Cela
peut être le cas par accident si un groupe de possédés
meurt non loin des PJs et que les esprits se jettent sur eux.
Ou alors les PJs peuvent avoir été choisis par des mentors
qui en ont fait leurs successeurs par le rite de succession.

Chapitre XVI - Aux côtés du créateur

À la mort des mentors, les esprits iront alors directement
posséder les PJs.

Une dernière possibilité est de jouer de l’autre côté

de la barrière. Il est aussi possible d’incarner des person-
nages non possédés qui font partie de la Croix de pureté
et qui traquent les abominations et possédés dangereux
ou non. Puis, par besoin de puissance, pour abattre des
adversaires de plus en plus imposants, les PJs peuvent être
amenés à devenir des possédés du clan des Purificateurs.

Dans tous les cas, n’oubliez jamais que peu importe

comment commencent les PJs, ce sont eux qui choisissent
les pouvoirs de leur esprit. Le MJ peut choisir le comporte-
ment de l’esprit, mais il sera peut-être amené à en changer
pour que cela corresponde aux envies du PJ.
Rassembler des PJs de classe sociale diffé-
rente
XVII : au fil de l’âme propose de jouer des person-
nages de classes sociales très variées. Du noble mousquetaire
au clerc de campagne en passant par le valet ou l’artisan,
il existe de nombreuses possibilités. Mais ces personnages
vivent dans des mondes différents, le riche bourgeois n’a
pas les mêmes activités ni les mêmes fréquentations que le
laboureur. Ils n’ont pas de raison particulière de partager
leur secret.
Pour les réunir, il faut donc utiliser les esprits, et leur
condition de possédé. En effet, c’est le fait d’être possédé
qui va unir les PJs contre le reste du monde qui leur est
hostile. Peu importe leur classe sociale, les PJs peuvent
être réunis par un secret de leur esprit ou un ennemi en
commun. Expliquez très tôt à vos joueurs qu’ils ne peuvent
plus faire confiance à ceux qu’ils fréquentaient autrefois. En
devenant possédés, ils sont rentrés dans un autre monde,
bien plus inquiétant mais aussi plein de surprises.
Willem Drost - Portrait d’un jeune homme (1654)
Musée national d’art de Catalogne, Barcelone
Organisation
Alors que le premier MJ anime la table, comme à son
habitude, le second joue les esprits et passe de joueur en
joueur pour échanger avec eux quelques conversations aussi
volatiles qu’imprévisibles, et pimenter le Role Play. Cette
dimension permet aux joueurs de vivre plus intensément
leur personnage, et de ressentir plus vivement ce que peut
être la possession. On peut par exemple imaginer un cas de
figure dans lequel un personnage parle avec un PNJ, quand
soudain son esprit lui demande de faire ou dire quelque
chose, lui fait des remarques, lui demande de répondre ceci
ou cela. Le joueur se retrouve alors dans la situation de
son personnage ! Il écoute son esprit, puis soudain se rend
compte qu’il n’a pas entendu tout ce qu’a dit le PNJ, ou
alors s’exclame soudain après avoir entendu son esprit se
moquer de la coiffure du PNJ. Le premier MJ doit alors
réagir en fonction, pouvant désormais incarner totalement
le PNJ.

Le double MJ Cette situation permet au premier MJ de changer

Animer un jeu de rôle est une tâche difficile, car le
maître du jeu doit animer autant de personnages, animaux,
plantes, créatures diverses qu’il voudra en présenter aux
joueurs. Dans XVII : au fil de l’âme, la tâche est très dif-
ficile aussi, car le maître doit jouer les esprits des PJs. Ces
esprits ne sont pas en permanence en interaction avec le
joueur, mais leurs interventions doivent être spontanées,
et si possible régulières, afin d’entretenir le lien très parti-
culier qui lie les esprits à leur réceptacle. C’est pour cette
raison que le double MJ se prête tout particulièrement à
ce jeu.
moins souvent de casquette. Alors qu’il incarne des PNJs
ou qu’il raconte l’histoire, le second MJ peut entretenir
plusieurs conversations avec les joueurs. Pour les joueurs,
ça permet de discuter en privé avec leur esprit, de déve-
lopper leur histoire et de comprendre l’univers. Pour le
premier MJ, cela permet de se concentrer un peu plus sur
l’histoire et les PNJs.
Dans cette situation, le MJ peut se permettre de ne
pas en savoir beaucoup sur les esprits au départ. Après
chaque séance, les deux MJs peuvent discuter de ce qui
s’est passé entre les esprits et les personnages, de l’évolu-

203
 tion prévue, mais le second MJ peut aussi avoir la totale
maîtrise de ce qui se passe avec ses esprits. Le scénario
peut être pensé en donnant liberté aux esprits, et ainsi le
premier MJ ne s’occupe que de l’histoire, laissant une place
de Role Play au second MJ. Avec un peu d’organisation,
les deux MJs ne s’échangent rien durant la partie, et les
esprits prennent vraiment leur indépendance.
Place laissée aux esprits
Dans cette configuration, le risque est que les esprits
prennent trop d’importance. Il ne faut jamais oublier que
les héros de l’histoire sont les joueurs, et que les esprits
doivent toujours rester en retrait. Cela a deux consé-
quences directes.
La première est que le second MJ ne doit pas inter-
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
venir en permanence sur les joueurs, et doit leur laisser des
moments de répit afin de les laisser profiter de la partie,
de se reposer un peu. N’oublions pas que cette situation de
cohabitation peut être très vite envahissante.
La seconde conséquence est que les esprits ne doivent
pas être la clé d’un scénario. Le fait d’imaginer un scénario
dans lequel les joueurs se réfèrent régulièrement à leurs
esprits, leurs demandent conseil, provoquent une révélation
soudaine, n’est en général pas très plaisant. Dans ce cas,
les joueurs ont l’impression d’attendre que le scénario se
débloque, que l’un des deux MJs ne donne la solution, et
deviennent passifs. Ils ne jouent plus. Pour ne pas risquer
de tomber dans ce piège, on peut laisser aux esprits des
éléments de quêtes mineures, guère plus.
Moralité
Le second MJ est une option bien connue dans les
jeux de rôle, mais souvent utilisée sur deux tables avec
deux groupes de joueurs bien séparés. Comme présenté ici,
le double MJ se prête très bien à XVII : au fil de l’âme.
Ceci peut enrichir l’expérience de jeu et permettre aux
joueurs de mieux comprendre ce qui se passe pour les per-
sonnages. Mais même en donnant corps aux esprits et en
leur donnant une vraie existence, n’oublions pas que les
joueurs sont au premier rang et les esprits derrière, en fi-
ligrane.
Pendant la séance
Les 10 Commandements du MJ
Être Maître du Jeu n’est pas une tâche facile, pas
naturelle pour tous. Voilà une liste de conseils toujours
bons à garder en tête avant de commencer une partie de
n’importe quel JdR.
Ces conseils sont classés par ordre d’importance.
I - Le Jeu de Rôle est un jeu
Oui, voilà le conseil majeur. Le JdR est un jeu avant
tout. Il est important de garder en tête cette notion. Mal-
gré l’immersion, il faut toujours savoir prendre du recul
204
face aux évènements qui se produisent afin de ne pas tout
gâcher. Par beaucoup de moyens les joueurs s’attachent
à des choses, à leur personnage bien sûr, mais aussi à des
PNJs, à des objets, à des actions, des notions... Et il y a
beaucoup d’occasions de se laisser emporter. Mais pour
que les parties soient agréables pour tout le monde, il faut
parfois savoir perdre, savoir admettre que les évènements
ne se sont pas passés comme on l’aurait voulu, et pour-
suivre la partie.
Il peut arriver qu’une partie dégénère au point que
l’on ne s’amuse pas. Il arrive même que cette situation
arrive sans que l’on ne s’en rende compte. Que ce soit par
lassitude, par habitude, par un excès ponctuel, cette tra-
gédie peut se produire que tout le monde s’ennuie. Il est
important dans ces cas-là de savoir s’arrêter, en parler.
Dans le cadre de parties régulières, il peut être bénéfique
de sacrifier une séance de jeu de rôle à discuter de ce qui
ne va pas, faire autre chose, et mieux apprécier les séances
suivantes.
Tous les autres conseils sont orientés vers cette no-
tion et le plaisir de jouer tous ensemble.
II - Le MJ a toujours raison
Phrase très connue dans le milieu rôliste : Le Maître
du Jeu a toujours raison. Et ce pour la bonne et simple
raison qu’il est là pour rendre tout le monde heureux. Ce
n’est pas clair ? Eh bien si, en fait c’est simple. Le MJ est
là pour trancher les décisions litigieuses, pour amener de
l’ordre mais aussi des rires et du suspense. Bref sa tâche
est immense et pour la mener à bien les joueurs doivent
lui donner l’autorité absolue. Le MJ n’est pas un dicta-
teur, il est le dépositaire de l’animation à la table de jeu.
C’est un peu comme le capitaine sur son navire ou le chef
d’orchestre permettant à chacun de jouer sa partition (ou
plutôt sa grille d’improvisation !).
III - Les PJs sont les acteurs
Les PJs sont et doivent rester les acteurs. Il faut se
rappeler qu’une partie de jeu de rôle, c’est avant tout une
histoire que l’on écrit au fur et à mesure, et dans laquelle
les PJs sont les acteurs principaux. Le MJ ne doit donc
pas prendre toutes les décisions mais au contraire laisser le
maximum de liberté à ses joueurs. En tant qu’acteurs, ils
choisiront peut-être une voie non prévue. Hélas, ce sont eux
les acteurs et ils ont bien le droit de prendre la voie qu’ils
désirent. Au MJ d’improviser pour que ce soit un bon mo-
ment quoiqu’il arrive. Même si l’improvisation peut donner
l’impression d’une partie floue et qu’elle est un exercice
difficile qui ne vient qu’avec l’expérience, elle permet de
laisser les joueurs exprimer leur liberté. Il n’y a rien de pire
pour un joueur que de se dire « de toute façon, on n’a pas
le choix, faisons ça ».
IV - Connaitre ses PJs et connaître ses joueurs
On ne fait pas les mêmes scénarios ni les mêmes
scènes avec deux groupes différents. Il faut toujours s’adap-
ter à sa table pour faire des parties personnalisées. Il faut
savoir que les joueurs ont des personnalités différentes, et
que chacun s’amuse de façon différente. Certains joueurs
aiment parler peu et rire des actions héroïques auxquelles
ils participent, en jetant un dé de temps à autre, certains
au contraire aiment se plonger sans cesse dans le feu de
l’action, d’autres encore s’éveillent dès qu’il faut faire par-
ler leur personnage en public, ou dans des termes adaptés
à certaines situations. Bref, autant de façons de jouer qu’il
existe de personnalités différentes. Il est donc important de
savoir adapter non seulement les histoires, mais surtout sa
façon de les raconter, de les jouer, les points sur lesquels
appuyer.
V - Pousser à l’imagination, encenser le Role Play,
amener l’univers
Il faut laisser les joueurs exprimer leur imagination
débridée. Ne dites jamais non à une idée d’un joueur ; lais-
sez-le tenter son action ou réaliser quelques jets prélimi-
naires pour se rendre compte que c’est infaisable le cas
échéant. Mais dans tous les cas ce sont les dés qui tranche-
ront (et une réussite critique permettra toujours d’accom-
plir même la plus improbable des actions).
Il faut aussi encenser le Role Play. Poussez vos
joueurs à incarner leur personnage surtout lors des discus-
sions avec les PNJs. Il est toujours bon de les faire s’im-
prégner de l’univers en les confrontant aux différences qui
peuvent exister dans les sociétés qu’ils rencontrent, à des
coutumes, religions, à les mettre face à face avec certains
différends récurrents entre des castes, groupes, races.
Il est important que les joueurs s’attachent à leur
personnage. Des choses simples font qu’avec le temps les
joueurs aiment leur personnage et ne veulent pas le voir
mourir. En leur faisant connaître du monde, en les faisant
parler véritablement à la place de leur personnage, en les
faisant se présenter, parler d’eux, les joueurs creusent la
personnalité qu’ils lui donnent. Après quelques séances, il
est bon de demander aux joueurs de commencer à réfléchir
à l’histoire du personnage, ce qu’il aime, ce qu’il déteste,
ses traits de caractère, ainsi que beaucoup de questions
auxquelles on ne pense pas mais qui donnent beaucoup
de corps au jeu. Si un joueur donne beaucoup d’âme et de
cohérence à son jeu, s’il s’est posé des questions comme
«  Pourrais-je passer un marché avec un ennemi ? Pour-
rais-je tuer de sang froid ? Est-ce que j’aime être avec du
monde ? De quoi ai-je vraiment peur ? Qu’est-ce qui passe
avant tout : mes compagnons, ma famille, mes idées, ma
mission ? Suis-je raciste ? Est-ce que j’ai une philosophie
particulière ? ». Il peut être bon de pousser les joueurs à
se les poser.
Le Role Play est une valeur fondamentale, et vous
devez au maximum jouer les PNJ et les situations pour
que les joueurs y croient. Des choses simples peuvent tout
changer dans une partie. Utilisez tous vos dons pour que
la partie soit vivante. Changez de voix, mimez des tics,
jouez des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des
imbéciles, des savants imbus d’eux-mêmes, des hommes
puissants mais doux, des petites teignes, mettez les per-
sonnages face à toutes les situations. Enfin, n’hésitez pas
à récompenser un Role Play bien amené et bien construit.
Et pour que ce Role Play soit bien fait il faut amener l’uni-
vers, le présenter petit à petit aux joueurs afin qu’ils en
apprennent un peu plus à chaque séance.
VI - Mettre en place le système, l’adapter et l’ou-
blier
Le système doit être maîtrisé parfaitement par le MJ.
C’est toujours mauvais pour l’action quand il faut attendre
10 minutes avant de retrouver la règle lambda annexe dans
le tableau truc du livre de base. Ça casse le jeu. Vous de-
vez donc connaître le système et ne pas hésiter à l’adapter
selon vos envies et selon les actions de vos joueurs. Il arrive
souvent que les joueurs tentent des actions pour lesquelles
il n’existe pas de règle ou que vous les ayez oubliées. Ne
perdez pas de temps en recherches qui cassent le jeu, inven-
tez-les en quelques jets de dés rapidement. Vous pourrez y
repenser à tête reposée la séance finie. Dernière chose, un
bon système doit être « oubliable » c’est-à-dire qu’au final
quand chacun l’a assimilé, on ne doit plus y penser et cha-
cun se concentre sur le jeu, sur la scène en cours.
VII - Être équitable, juste et impitoyable
Il s’agit d’un conseil sur le comportement à adopter
au cours de la séance. Il faut être équitable et appliquer les
mêmes règles à tous les joueurs, même à votre chouchou,
même à votre petit(e) ami(e). Mais il faut aussi être juste
et ne pas hésiter à truquer les dés derrière votre écran pour
sauver de la mort un PJ qui se bat avec panache ou qui n’a
juste pas de chance. Il faut contrebalancer quand les dés
s’acharnent sur un personnage par un coup du sort bienve-
nu. L’écran sert surtout à ça : sauver les personnages. Mais
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
il faut aussi être impitoyable et appliquer les règles avec
sadisme. Si les dés stipulent que le PJ perd un bras, il perd
un bras. Si le joueur n’a pas compris l’indice d’après lequel
il va s’enfermer avec un succube mangeur d’homme et que
les dés sont contre lui, il va souffrir. Il est très difficile de
maintenir la balance, et parfois la chance abandonne terri-
blement les PJs. Malgré tout, la chose la plus importante
est qu’il ne faut pas tuer un PJ juste parce qu’il a fait 5
et qu’il fallait faire 6. Un joueur ne doit jamais perdre un
personnage s’il ne l’a pas « mérité ».
VIII - Créer un esprit de groupe
Voilà un conseil bien important. Il est très important
de créer un esprit de groupe, que les joueurs travaillent
ensemble et pas les uns contre les autres, s’insultant tout le
temps pour des questions de Role Play, de mauvais goût,
juste par sadisme ou encore pour raisons personnelles.
J’interdis toujours aux joueurs de s’entretuer. S’il existe
un traître au sein du groupe, il ne doit pas le faire en
détruisant l’ambiance, sinon vous devrez vous charger de
lui. J’explique toujours aux joueurs qu’ils réussissent et
échouent ensemble. Cet aspect est majeur.
En créant, via l’histoire et le Role Play, des liens
forts entre les PJs, alors naturellement les joueurs travail-
leront ensemble et ne se monteront jamais les uns contre
les autres.
IX - Se renouveler
Au bout d’un moment, les joueurs connaissent vos
tours de passe-passe, vos habitudes, vos scénarios, vos per-
sonnages préférés. Vous devez donc tout le temps vous re-
nouveler et apporter de la nouveauté. C’est très difficile.
Changez le style des scénarios en alternant enquête et com-
bat d’arène, guet-apens et procès, poursuite dans les rues
et voyage en bateau. Ne faites jamais deux fois le même
combat, rajoutez un nouvel élément, une nouvelle arme,
un élément du décor, des personnages fatigués car malades
ou du mauvais temps qui empêche les archers de tirer loin.
Tout ceci n’a qu’un seul but : surprendre vos joueurs.
X - Connaître ses limites
Dernier commandement. Il est nécessaire en tant que
MJ de se connaître, de savoir ce qu’on peut faire jouer
et ce qu’on ne peut pas. Il y a des univers qui ne nous
inspirent pas, des scènes que l’on refuse d’intégrer ou des
personnages que l’on joue mal. Pour éviter un mauvais
scénario qui peut plomber l’ambiance et assurer une soirée
pourrie, il est préférable de dire : «  Non, je ne peux pas
faire ça ». Avec le temps on apprend que l’on a plus de mal
à interpréter certaines scènes que d’autres, que l’on arrive
205
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Albert Cuyp - Vue de Dordrecht (env. 1650)
collection privée
mieux à improviser dans certains contextes. Il faut savoir
tirer parti de ses qualités personnelles, mais aussi savoir
travailler petit à petit ses difficultés. Il peut être bon, à la
fin de certains scénarios, de discuter avec les joueurs afin
de voir ce qui a plu, n’a pas plu, pourrait être amélioré.
Si pendant la partie le MJ a «  toujours raison  », il doit
aussi savoir accepter la critique car c’est souvent le MJ qui
influence le plus la qualité de la partie. L’objectif suprême
reste l’amusement de tous, y compris le vôtre.
Comment jouer les esprits ?
Nous abordons ici la clef de voûte du jeu. Les es-
prits sont là pour créer du jeu, des scénarios, des situations
cocasses comme des choix stressants et lourds de consé-
quences. La situation de possédé doit apporter beaucoup
de réflexion aux personnages, notamment la question de
comment survivre. Pour le MJ, il est très important de
mettre en scène l’esprit, de le jouer en lui donnant un ca-
ractère. Le possédé et son esprit peuvent avoir des dis-
cussions à tout moment, à l’initiative de l’un comme de
l’autre. Le MJ doit jouer cette discussion en Role Play
bien sûr en faisant sentir à son joueur le mode de pensée de
l’esprit, son caractère défini à la création mais aussi sa phi-
losophie. Les esprits sont aussi différents que peuvent l’être
les humains, on a donc un panel très large de possibilités.
Les débuts de la possession
Le comportement des PJs nouvellement possédés
peut être violent. Il se peut que la relation entre le PJ et
l’esprit se passe mal pour plusieurs raisons. Par exemple, il
se peut que le PJ soit très croyant et se considère comme
maudit, rejetant immédiatement tout contact et toute dis-
cussion avec cette entité qu’il croit démoniaque.
Il se peut aussi que les traits de caractère de l’es-
prit ne conviennent pas du tout à la façon de jouer que
désire le joueur (un roublard dont l’esprit a peur du noir).
Avoir des tensions permanentes avec son esprit n’est pas
agréable du tout pour le PJ qui finit par rejeter cette partie
de l’univers. Dans le premier cas du PJ très religieux, la
solution est simple : l’esprit peut se fait passer pour une
entité divine. Que l’esprit le pense vraiment ou que ce ne
soit qu’une invention pour convaincre son réceptacle de
faire ce qu’il veut, cela ne gênera pas le scénario. Mais si
206
les caractères sont mal accordés, il n’y a qu’une seule solu-
tion : les changer. Si un curé est possédé par un esprit qui
se présente comme étant saint Michel, il sera tout de suite
bien plus excité par sa nouvelle condition.
Autre problème que vous pouvez rencontrer, les PJs
peuvent avoir peur de perdre le contrôle de leur corps.
Vu comme sont faites les règles, à moins que le joueur ne
fasse n’importe quoi avec un Intellect très faible et un seuil
de contrôle très élevé, il y a très peu de chances que cela
arrive. C’est pour cela qu’il est très important de présen-
ter les choses de la bonne façon aux PJs. Quand l’esprit
prend le contrôle, ce n’est que de façon accidentelle, c’est
rarement voulu par l’esprit. En règle générale, ce dernier
ne sait d’ailleurs pas comment réagir quand il prend le
contrôle et fait des bêtises.
Dans les premiers temps de la relation entre le PJ et
l’esprit, celui-ci doit développer une relation de confiance.
C’est important pour le MJ aussi afin que les joueurs ne
passent pas leur temps à suspecter leur esprit ou le MJ à
vouloir prendre le contrôle de leur personnage. Donc pen-
dant un bon moment au début, l’esprit est plus au service
de son réceptacle. Il ne l’emmènera que lentement et pro-
gressivement dans les mystères de sa vie d’esprit immortel.
Communication d’esprit à joueur
Pendant la séance, il vous sera quelquefois nécessaire
de faire passer des informations à un joueur, en jouant
son esprit. Vous avez pour cela différentes options. Le plus
simple est encore de prévoir un aparté entre le joueur et le
MJ afin de jouer la scène. C’est toujours apprécié lors de
la première séance puisque ceci permet de vraiment créer
un lien personnel entre le possédé et son esprit. Mais il ne
faut pas abuser des apartés qui cassent la narration et le
rythme.
Pour des messages plus courts, il est plus simple de
faire passer un message sur un bout de papier au joueur.
C’est rapide et efficace. D’autres MJs préfèrent envoyer un
message via leur téléphone, ce qui est plus discret si l’infor-
mation est sensible.
Mais il est aussi tout à fait possible de dire à haute
voix devant toute la table la discussion entre l’esprit et un
des joueurs. Si l’information n’a rien d’exceptionnel, c’est
sans doute la meilleure solution, simple et efficace. Il y aura
moins de secrets autour des esprits, mais après quelques
séances, tout le monde connaît déjà plus ou moins l’esprit
de chacun. Il revient à chaque joueur de faire abstraction
de ce que son personnage sait et ne sait pas. Si vous jouez
avec des gens honnêtes ça ne devrait pas poser problème.
Les pertes de contrôles
Quand le possédé perd le contrôle de son corps, après
avoir raté un jet de Contrôle de soi, il peut revenir au MJ
de jouer le personnage possédé pendant quelques instants.
Les règles mettent en place des pertes de contrôle assez
courtes.
Arrangez-vous pour mettre le personnage dans l’em-
barras. Quand le joueur retrouve le contrôle de son per-
sonnage, il faut qu’il ait immédiatement quelque chose à
faire pour se tirer d’une situation sensible. Les pertes de
contrôle doivent être vraiment gênantes. N’hésitez pas  :
bousculez des gardes, insultez un évêque, mettez le feu à
une chaumière tout en bavant comme un forcené...
Immersion, Description et partici-
pation
Chaque fois que le groupe de PJs arrive dans un lieu
nouveau, vous devez en faire la description. Cette dernière
aide tout le monde à se représenter la scène et ainsi à pou-
voir interagir avec les objets ou personnes qui s’y trouvent.
Il n’est pas nécessaire de faire de très longues tirades. Deux
ou trois phrases suffisent amplement. Mais il faut toujours
le faire. Puis demander aux joueurs : « Que faites-vous ? »
De la même manière, pour les PNJs, essayez autant
que possible de ne pas décrire ce qu’ils font mais de le jouer
(malgré vos faibles talents d’acteur !). Si vous le faites, les
joueurs le feront aussi et tout le monde sera plus immergé
dans la partie. Après, il y a des personnages que l’on n’ar-
rive vraiment pas à jouer. Décrire les actions est alors bien
suffisant. Là aussi, évitez d’en faire trop. Souvenez-vous
que les PJs restent les acteurs principaux de la scène.
La description en 4 mots
Quand les PJs arrivent dans un lieu nouveau, ne vous
contentez pas de dire : «  c’est une taverne  ». Non, c’est
complètement insuffisant. Cependant, il est quelquefois dif-
ficile de trouver l’inspiration, et encore plus quand on doit
improviser.
Il est possible d’utiliser la méthode de la description
en 4 mots. Choisissez 4 mots, noms ou adjectifs, qui cor-
respondent au lieu en question puis utilisez-les en deux ou
trois phrases pour décrire le lieu.
Par exemple, pour une taverne : rat, terre battue,
sale, humide. Ce qui pourrait donner :
« Vous entrez dans la taverne du rat boîteux. Vous
comprenez bien vite l’origine du nom quand vous voyez un
rat avec la patte arrière écrasée sur le comptoir du taver-
nier. Le sol est en terre battue ce qui permet de ne pas voir
la crasse et les crottes de rats. L’humidité ambiante vous
laisse une odeur de pourriture dans la bouche. »
La description des sens
Une autre possibilité pour les descriptions est de se
baser sur les sens. Expliquez donc ce que les personnages
voient, mais aussi, sentent, touchent et goûtent. Ce genre
de description est particulièrement adaptée aux endroits
morbides. S’imaginer en train de toucher quelque chose de
visqueux et puant est toujours plus inconfortable que de
seulement décrire ce que l’on voit.
L’anecdote participative
Pour présenter un lieu assez grand aux joueurs,
comme l’ambiance dans une ville, il est bon d’utiliser la
technique de l’anecdote participative. Ceci consiste à dé-
crire une activité typique du lieu ou du moment, et surtout
d’y faire participer les PJs.
Par exemple, lors de la révolte de la Fronde, le pe-
tit peuple n’aime tellement pas le cardinal Mazarin que
des jeux populaires consistent à frapper une effigie de bois
peinte qui représente le cardinal. Les PJs peuvent parti-
ciper à ces jeux, et ainsi montrer qu’ils ne sont pas des
sympathisants du ministre italien.
Autres exemples, dans un village affamé, une femme
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
peut demander de l’aide aux PJs pour attraper un chien
afin qu’elle puisse le cuisiner et le manger.
Résoudre ces petites scènes ne prend que très peu de
temps et permet de vraiment poser l’ambiance.
Il ne faut pas seulement les décrire, il faut y faire
participer les PJs, qu’ils prennent parti pour ou contre.
Quand le personnage et le joueur s’impliquent, cela permet
plus d’immersion.
Mettre les joueurs en confiance,
pour leur donner les clés
Le JDR n’est pas une opposition entre PJs et PNJs,
ou entre joueurs et MJ. On se propose plutôt de construire
ensemble une histoire à plusieurs, les PJs possédés déci-
dant de l’orientation du scénario par leur choix.
Mais pour que les joueurs s’expriment pleinement, il
faut qu’ils soient en confiance. Il existe pour cela plusieurs
méthodes.
La première, la plus simple, consiste à s’assurer que
le joueur se sente bien avec son personnage, qu’il arrive à
se l’approprier et ainsi à le faire vivre. Surtout dans les
premières parties, le mieux consiste à mettre en place des
scènes où les aptitudes, les compétences, les pouvoirs, mais
aussi la position sociale ou familiale du PJ. Bref, il faut
légèrement glorifier le PJ, sans en faire trop non plus.
Autre point important pour avoir une relation de
confiance avec les joueurs : le mensonge. Il peut arriver
qu’un PNJ mente sciemment aux PJs. Quand ceci arrive en
Role Play, il faut qu’il soit clair autour de la table que l’in-
formation en question (que le MJ sait fausse) a été donnée
par un PNJ, et non pas par le MJ. Le MJ lui ne doit bien
entendu pas mentir, ni cacher des règles de jeu.
Dernier point important, les actions des personnages
vont avoir des conséquences sur la vie des autres PNJs et
PJs. Il revient au MJ d’expliquer clairement aux joueurs
quelles sont les conséquences de l’acte qu’ils s’apprêtent à
accomplir. Pour cela, le MJ doit prendre le temps, avant
que la décision soit prise de bien donner toutes les informa-
tions dont le personnage a conscience et des répercussions
que ceci peut avoir.
Exemple : « Si tu voles ce sac de farine, les habi-
tants vont en manquer pour l’hiver rude qui s’annonce et
tu ne seras pas apprécié à terme. »
207
 Autre exemple : « Si tu tires avec ce canon tu as
une chance de toucher le général ennemi, mais ces derniers
vont vous repérer et vous devrez sans doute fuir. »
Les interactions sociales
Comment gérer les interactions sociales dans un
JDR, et dans XVII : au fil de l’âme en particulier ?
C’est un sujet assez compliqué et pourtant simple.
Les interactions sociales reposent sur très peu de règles
car on les gère un peu comme dans la vraie vie. C’est
plus simple d’avoir en tête ce qui est faisable ou non, quel
argument a du sens ou pas. Alors que savoir si telle botte
d’escrimeur est efficace face à quel garde est finalement
bien plus compliqué pour les non-initiés et nécessite donc
davantage de règles.
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Du coup, pour les interactions sociales, comment s’y
prendre ?
Tout d’abord, il faut, autant que possible, jouer le
PNJ, le faire parler. Évitez juste d’être trop lourd dans
votre interprétation ou vos joueurs risquent de décrocher.
Il faut savoir quel est le point de vue du PNJ sur le sujet
en question, quitte à prendre une minute pour y réfléchir
calmement.
Le PNJ ne fait pas de jet de Séduction, Conversation
et autre contre les PJs. Ces jets sont l’apanage des joueurs.
Quand l’interaction sociale commence, on peut la
jouer tout en Role Play, le joueur jouant son personnage.
Dès que le joueur aborde un point difficile (de la séduction,
de la demande information sensible, tenter de convaincre
la cible de faire quelquechoses ...) on peut voir deux façons
de résoudre cela :
Soit les arguments du joueur sont très bons. Dans ce
cas, il n’est pas nécessaire de faire de jet de dés. Il réussit
parce qu’il vous a convaincu.
Soit, cas le plus probable, le PJ est meilleur dans
sa compétence que n’est le joueur (le PJ est très bon sé-
ducteur mais pas le joueur). Dans ce cas, le joueur doit
tout de même décrire comment il compte s’y prendre, ses
arguments, son approche... C’est très important. Pas de
jet de compétence si on ne sait pas les principales idées du
discours à venir.
Puis on fait un jet de la compétence appropriée. La
difficulté de base sera la défense spirituelle de la cible.
On peut affiner en augmentant le seuil de difficulté si
le PJ demande des choses impossibles (tenter de corrompre
un défenseur de la vertu par exemple). Les modificateurs
pouvant aller de +2 à +10 à la défense spirituelle. Mais le
seuil de difficulté doit être dit avant que le joueur ne fasse
son jet, ou au moins une bonne estimation. Il faut le préve-
nir de la difficulté, même s’il s’en doute.
Enfin, il y a la défense active contre les compétences
sociales. Les PNJs (et PJs) peuvent faire un jet de Contrôle
de soi contre le résultat du jet de compétence sociales.
Pour les PNJs, on conseille de faire ce jet seulement si le
personnage a de bonnes chances de réussir, afin de ne pas
ralentir la partie avec trop de jets de dés.
Les interactions sociales amènent beaucoup de so-
lutions et de nouvelles possibilités de jeu. Il faut donc les
encourager, surtout si en plus vous avez une bonne idée de
comment incarner le PNJ.
208
Être méchant
«  Méchant  » est un grand mot. Cependant, le MJ
doit être juste et impitoyable. Pour cela, il faut appliquer
les règles, surtout celles relatives au combat et aux bles-
sures.
Même affronter un garde peut se résoudre en une
blessure. Et c’est ce qui doit se passer. Ne favorisez pas les
PJs, chaque combat peut être mortel. Cette sensation doit
rester en permanence, surtout face à une arme à feu dont
les balles ne peuvent être esquivées.
Si vos PJs ne sont jamais en réel danger, ils le sentent
et le jeu perd de son piment.
Il est toujours difficile d’être méchant sans paraître
injuste. C’est là tout le numéro d’équilibriste que doit ac-
complir le MJ.
Conseils pour
les combats
Pourquoi s’arrêter sur les combats ? Parce qu’il s’agit
d’un moment très particulier de la séance de JDR, le mo-
ment le plus compliqué au vu du nombre de règles qui
sont impliquées. C’est aussi souvent le moment qui fait
avancer le scénario, voire le résout complètement. Il est
donc important que les joueurs, comme le MJ, y prennent
du plaisir. Rajoutons à cela qu’un combat peut durer long-
temps, surtout si le nombre d’adversaire et de PJ est élevé.
Passer 3 heures de la séance sur un combat ennuyeux, c’est
regrettable. Heureusement ici le système est ainsi fait que
les combats se déroulent rapidement et laissent une grande
place à l’improvisation et au Role Play.
L’objectif du MJ
Nous parlons ici avant tout des combats difficiles, les
combats majeurs du scénario.
En JdR, le combat est guidé par un but bien précis :
générer du stress. Que ce soit de la peur, de l’héroïsme, de
la tactique, l’objectif reste le même, le stress. D’un point
de vue personnel, c’est ça qui rend un combat vraiment
intéressant. Et pour cela vous avez nombre de leviers.
Il faut tout de même noter que les combats restent
assez rares sur les scénarios proposés pour XVII : au fil de
l’âme. En moyenne nous avons un combat sur une séance
de 4-5 heures.
L’objectif des PJs
On se pose ici la question clé de chaque combat : quel
va être l’objectif dans ce combat ?
Pour les PJs, l’objectif doit être clairement défini en
début de combat, mais il peut changer au cours de l’affron-
tement. Parmi les objectifs possibles, nous avons :
Survivre
Capturer un des adversaires qui fuit
Récupérer un objet sur un adversaire ou dans le
décor.
 Atteindre un certain endroit
Ne pas se faire piquer/mordre par une créature
venimeuse
Protéger un allié
Abattre un adversaire en particulier
Accomplir une de ces actions en temps limité.
Tenir un certain nombre de tours
Les types d’objectifs sont très variés. Il est impossible
d’en faire une liste complète et ce n’est pas le but. Mais il
est bon, quand on prévoit un combat, de se poser la ques-
tion de l’objectif des PJs. Si les joueurs ne savent pas quoi
faire, ils vont surement manquer quelque chose.
En général, tuer tout le monde n’est pas le but d’un
combat. Parmi tous les objectifs cités, il est rare que pour
en atteindre un il faille se débarrasser de tout un groupe
de personnes. Et même si les joueurs sont attaqués par un
petit groupe de bandits de grand chemin et qu’il leur faut
juste défendre leur vie, les derniers bandits seront soit cap-
turés, soit interrogés, soit en fuite. Peu de situations justi-
fient la suppression d’un groupe entier de PNJs. Bref, pour
vaincre dans un combat, nul besoin d’étaler des viscères
bien frais sur toute la zone. Par ailleurs, les récompenses
en XP correspondent à l’achèvement d’une mission, d’un
fait spécifique, rarement à une boucherie. Pour vaincre, il
suffit juste d’accomplir l’objectif au début du combat. Peu
importe la manière.
L’ambiance
Quelle ambiance voulez-vous donner au combat ?
C’est un sujet qui est souvent éclipsé mais pour-
tant c’est fondamental. Est-ce qu’il s’agit d’un combat
burlesque avec des adversaires patauds qui vont faire des
cabrioles et être ridicules ? Ou alors c’est un combat dif-
ficile car les joueurs sont pris par le temps ? À moins que
le sort d’innocents soit en jeu et que les PJs n’aient pas le
droit à l’erreur ?
L’ambiance est conditionnée par l’objectif et va gui-
der tous les autres choix, notamment les comportements
des PNJs, des adversaires. Ceci va aussi orienter le décor.
Ambiance et décor vont aussi déterminer les capa-
cités, compétences ou pouvoirs des adversaires. En effet,
dans un contexte de terreur il est intéressant d’avoir un
adversaire qui se cache ou qui peut surgir de plusieurs en-
droits à la fois. Dans une plaine dégagée ou en montagne
on peut avoir un groupe plus organisé, un adversaire vi-
suellement impressionnant, voire même un adversaire qui
sache voler (une abomination pourrait avoir ce pouvoir
grâce à sa forme véritable). Dans un endroit restreint, les
adversaires peuvent avoir une grenade, ce qui jettera un
vent de panique chez les PJs.
Attention toutefois, le but ici n’est pas de mettre les
plus grosses capacités possibles aux adversaires, mais bien
de créer du stress chez les PJs et de les pousser à inventer
rapidement une solution.
Ambiance possible
Surnaturel
Les adversaires utilisent des aptitudes inconnues
des joueurs, leur comportement défie toute logique, tout
comme leurs pouvoirs. Les PJs se font attaquer par une
porte, par leur reflet dans un miroir, par des gens qui ne
sont que brume éthérée...
Terreur
Les adversaires embrument l’esprit des joueurs, leur
font croire qu’ils sont en train de se noyer alors qu’ils sont
sur la terre ferme, ils surgissent de derrière sans aucune
logique, ils prennent le contrôle d’un des PJs, l’adversaire
ne paraît pas s’épuiser ni sentir la douleur... Comme pour
l’ambiance surnaturelle, la terreur repose beaucoup sur la
surprise et l’incompréhension, l’illogisme.
Tactique
L’adversaire est bien déterminé et ne se cache pas. Il
attaque de front avec des armes conventionnelles connues.
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
C’est la guerre, la vraie, avec du sang et de la sueur. Les
stratégies conventionnelles fonctionnent bien, encore faut-il
avoir de bonnes stratégies. Le combat est technique et les
détails du décor sont importants.
Héroïque
Le combat a lieu en public. Les PJs sont encouragés
pour leurs belles attaques par les autres PNJs combattants
ou par un public de badauds. Les tentatives audacieuses
sont favorisées. L’adversaire, lui, est sur la défensive.
Épique
Si c’est un ennemi surnaturel, il peut avoir plusieurs
formes ou plusieurs incarnations qui se succèdent. Il peut
aussi être nécessaire d’abattre le chef du groupe adverse,
et pour cela devoir tout mettre en œuvre pour dépasser
tous les sbires qui l’accompagnent. Quoi de mieux qu’un
affrontement où tout se joue sur l’ultime jet de dés d’un PJ
porté à bout de bras par tous ses compagnons ?
Urgence
Les PJs sont pris de cours. L’adversaire fera tout
pour empêcher les PJs d’arriver à un certain point, de tuer
leur chef par exemple. Les PJs, eux, n’ont pas le temps
de calculer, ils doivent avancer, quitte à prendre des dom-
mages importants.
L’union fait la force : Les PJs sont impliqués dans
quelque chose qui les dépasse complètement. Leur enne-
mi est très impressionnant et ils devront s’aider de PNJs
puissants ou d’objets à portée. L’ennemi doit avoir une
faiblesse à déterminer, mais inexploitable par un seul PJ.
L’ennemi n’attaque pas les PJs directement, mais les dom-
mages collatéraux qu’ils se prennent sont forts. Il faut fa-
voriser ici les actions de groupe, les ennemis immenses et
les effets dignes du cinéma hollywoodien.
Perdu d’avance
Le but de ce combat n’est pas la victoire, mais bien
la fuite. L’ennemi doit être impressionnant dès le départ,
ou alors, lorsque que les PJs en difficulté pensent en avoir
fini, se rendent compte qu’ils ont à peine entamé le tra-
vail. Les PJs doivent avoir l’impression d’un combat vrai-
ment difficile, et de voir des choses qu’ils ne comprennent
pas forcément. La fuite doit être possible, naturellement.
Dans ce genre de combat, la rapidité et le stress sont de
mise. Les PJs doivent avoir vraiment peur pour leur survie.
Les attaques ne pardonnent pas, et ils doivent s’en rendre
compte, quitte à sacrifier des PNJs.
209
 Soutien
Les PJs viennent en aide à de faibles personnes, ou
protègent quelqu’un d’autre. Ce genre de combat épique
forge la réputation des PJs. Ils doivent à la fois s’organiser
pour gérer de nombreux ennemis qui ne s’en prennent pas
directement à eux. Ils doivent se sentir surpassés par les
évènements, mais à la fois clé de voûte de l’affrontement.
La limite entre deux ambiances n’est pas infranchis-
sable.
Le Décor
Le décor est souvent aussi important que l’am-
biance. Les combats classiques et sans importance, comme
l’énième rencontre avec des brigands, peut se passer dans
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
un lieu quelconque ou mal défini (la « forêt » sans plus de
précision). Mais le décor aide à poser l’ambiance. Si l’af-
frontement se passe dans un cimetière, à la nuit tombée,
l’ambiance sera tout de suite très pesante. Si au contraire il
s’agit d’une rixe dans une taverne où l’alcool coule à flots,
l’ambiance sera tout de suite plus festive (on peut imaginer
un combat comme entre les villageois d’Astérix).
Le décor aide aussi à créer du jeu. En effet, un com-
bat qui se passe en haut d’une tour, ce n’est pas la même
chose que le même combat dans les sous-sols. De façon
générale, essayez de faire en sorte qu’à un décor particu-
lier corresponde un type de scène de combat. Si dans le
cas de la tour, aucun des PJs n’est en mesure de jeter un
adversaire par-dessus bord, ou si aucun ennemi ne tente
de projeter un PJ dans le vide, le décor perd tout son
intérêt. On peut donc dire qu’il faut jouer avec le décor,
le rendre vivant et l’utiliser, surtout pour les combats vrai-
ment intéressants (c’est-à-dire pour les combats autres que
« alimentaires »).
Les PJs sont sur un pont en bois ? Ce dernier est en
train de se détruire, les bretteurs risquent de trébucher au
bord du pont, celui-ci est en train de vaciller, de violentes
rafales de vent font perdre l’équilibre, la peur fait fuir des
combattants...
Le combat a lieu en forêt ? Une partie de la forêt
prend feu, ou certains arbres ont des branches vivantes qui
frappent ceux qui sont à portée, un des PJs se retrouve ac-
culé contre un arbre, tombe dans un buisson, des sangliers
paniqués chargent au hasard, des branches font tomber
tout le monde...
L’affrontement est dans une plaine marécageuse ? Un
brouillard empêche de voir au loin et des monstres sur-
gissent tout à coup derrière les PJs, un adversaire fourbe
jette de la boue dans les yeux d’un des PJs.
Sur un carrosse ? Les PJ doivent tout faire pour re-
pousser tous ceux qui sautent sur le toit.
À cheval ? Il faut rattraper un ennemi au loin, tout
en sautant par-dessus une barricade.
En montagne ? Il faut à tout prix contrôler un
aplomb qui passe au-dessus de la seule route pour monter.
Dans une manufacture ? Les machines et les cuves
sont des endroits mortels.
Dans un cimetière ? Les adversaires se cachent der-
rière les tombes.
Adversaires comme PJs peuvent utiliser le décor. Ce
peut être pour se cacher ou pour obtenir un avantage de
position. Par exemple, des adversaires peuvent tenir un
pont sur une rivière. Les PJs peuvent alors chercher un
passage à gué plus bas sur le cours d’eau pour contourner
leur ennemi. Cette utilisation très simple du décor condi-
tionne la stratégie des adversaires comme celle des joueurs.
210
Les décors les plus originaux peuvent donner lieu à
des combats qui le sont tout autant. N’hésitez pas à expé-
rimenter et à laisser les joueurs proposer leurs idées pour
utiliser le décor. Ils peuvent vous surprendre.
Et s’il leur vient une idée d’utilisation du décor qui
contrecarre votre plan et contourne une difficulté, soyez
bon joueur et laissez-les avancer. Ils le méritent bien.
L’opposition
On en arrive enfin aux ennemis. L’ennemi est lié à
l’ambiance, au décor et à l’objectif. C’est un ensemble et il
est difficile de dissocier l’un de l’autre.
Comme on l’a déjà dit, la stratégie, le comportement
des adversaires va changer en fonction de l’ambiance et du
décor.
L’ennemi va conditionner immédiatement la dif-
ficulté du combat. S’il s’agit d’un combat intermédiaire
du scénario (par exemple, des brigands qui attaquent un
commerçant sur la route et les PJs qui arrivent à ce mo-
ment-là), alors l’affrontement doit être relativement facile.
Pas besoin d’y passer beaucoup de temps ni de développer
le caractère ou les capacités des vilains. Les PJs ne sont
même pas obligés d’être blessés et peuvent s’en sortir avec
brio. Les blessures pèsent lourd dans XVII.
Mais s’il s’agit du combat majeur du scénario, il
faut y mettre les moyens. Et il faut donc que ce soit un
combat très dangereux. Les adversaires doivent être cha-
rismatiques, effrayants ou user de capacités inconnues des
joueurs pour que ces derniers aient à s’adapter à la nou-
veauté en plein combat, ce qui provoquera du stress.
Le stress est essentiel en combat.
Pour les gros combats, on peut privilégier un nombre
restreint d’ennemis mais au potentiel de combat très éle-
vé. C’est plus facile à gérer la plupart du temps. Et les
quelques ennemis choisis sont travaillés, avec un passé
compliqué et un caractère bien marqué. Souvent les PJs
en ont déjà entendu parler avant, afin de renforcer le côté
légendaire de leur adversaire. Affronter le plus grand tueur
de la cour des miracles de Paris, c’est autre chose que de
massacrer un mendiant dans une ruelle obscure, aussi fort
soit ce mendiant.
Il faut donc créer un adversaire qui en impose, sur-
tout pour les combats majeurs du scénario. Pour cela, plu-
sieurs méthodes :
L’adversaire a un physique impressionnant :
C’est un monstre de plusieurs mètres de haut,
il a 4 bras ou plus, sa peau est recouverte
d’écailles ou de pierre. Une abomination par
exemple.
L’adversaire a un titre ronflant : Par exemple,
il s’agit des troupes d’élites d’un royaume,
c’est le plus grand bretteur de Paris, un héros
de guerre, un général reconnu, un intellectuel
qui a compris les codes de Nicolas Flamel,
voire l’esprit qui possède l’adversaire est ce-
lui d’un homme connu (Gengis Khan, César,
Hermès...)
L’adversaire est lié au passé d’un ou plu-
sieurs PJs : c’est celui qui a tué la famille
d’un personnage, c’est un ennemi récurrent, il
les a empoisonnés lors d’une précédente mis-
sion, ou alors c’est un traître...

Jan de Martszen - L’attaque (1631)
collection privée
L’adversaire est un obscur inconnu : C’est
tout simplement quelqu’un dont les PJs ont
rencontré des sous-fifres, des collaborateurs, et
dont ils ont entendu certains hauts-faits.
Attention toutefois à ne pas abuser des adversaires
importants. Si votre groupe de PJs tue à la chaîne tous les
chevaliers de l’apocalypse, cela perd beaucoup d’intérêt.
Il faut préparer d’autres combats de moindre importance
pour faire baisser la pression.
Dangerosité
Dans XVII : au fil de l’âme, les combats sont mortels.
C’est-à-dire qu’un adversaire, comme un PJ, peut mourir
en deux ou trois coups d’épée. Non seulement c’est réaliste,
mais cela pousse les joueurs à réfléchir avant de se jeter à
l’assaut. Aucun combat à mort n’est aisé ou ne devrait
paraître aisé. On peut être victime d’un coup chanceux.
Le fait de garder des combats vraiment mortels permet de
mettre en place une tension permanente autour de la table
et de générer du stress. Si on rajoute à cela le fait qu’il
n’existe pas dans XVII de moyen de guérir un personnage
instantanément en plein combat, vous comprenez bien vite
que la vie de chaque PJ ne tient qu’à un fil.
Remarques personnelles
Pour prévenir les joueurs qu’ils arrivent en face d’un
ennemi vraiment dangereux, j’utilise quelquefois un vieux
truc de cinéma/série télé : je tue un ou plusieurs PNJ qui
accompagne les joueurs. Si les joueurs savent que l’abomi-
nation qu’ils vont rencontrer a tué leur capitaine en un seul
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
coup, ils vont prendre leurs précautions. Bien sûr, il existe
des variantes comme la découverte d’un charnier rempli
de bons combattants ou l’éradication d’une ville. Tout est
une question d’échelle. Le message est le même : cet adver-
saire-là est dangereux.
On en vient à la question fatidique : faut-il tuer les
PJs ? La réponse est oui, sans hésitation. Quand un joueur
fait n’importe quoi (foncer seul au combat avec une dague
contre deux gardes entraînés et en armure qui l’ont bien vu
venir), il doit être prévenu par le MJ : tu risques gros. Si le
joueur s’entête, il ne faut pas hésiter et appliquer les règles.
Quand le risque de mort approche, le MJ doit dire claire-
ment au joueur que s’il continue il a de grandes chances d’y
passer. Une fois le joueur prévenu, il ne faut plus se retenir.
Non seulement c’est réaliste (le petit voleur cité pré-
cédemment n’a aucune chance) mais cela prévient les autres
joueurs : attention, le MJ ne nous sauvera pas ! Bien sûr il
ne faut pas non plus être sans cœur. Si les dés s’acharnent
contre un PJ qui a pourtant une bonne stratégie et est
soutenu par ses camarades, il ne faut pas lui supprimer son
personnage sans pitié.
Les jets de dés
Les dés ont une influence variable selon les scénarios,
selon les MJs, mais, dans tous les cas, ce sont eux qui dé-
cident principalement de la réussite des PJs. Et c’est bien.
Il ne faut pas avoir peur de laisser les dés décider parfois.
Tout le monde sait que lors d’une action importante, un
joueur jette ses dés, et alors que tous les yeux sont rivés
sur leur trajectoire, le temps semble s’être arrêté. C’est ça
qui est important. C’est comme lorsque le copain du héros
saute par-dessus le ravin pour le rejoindre. On ne sait pas
211
 ce qui va vraiment arriver, et on aime ça. Le jet de dés en
lui-même génère du stress.
Ceci dit, pour ce qui est de tuer un PJ, les choses
sont différentes. Il ne faut pas tuer un PJ sur une série de
jets de dés ratés. Il ne faut jamais oublier qu’un joueur joue
avant tout pour s’amuser, et personne ne veut voir son per-
sonnage mourir d’une gangrène, d’une glissade sur un cail-
lou pointu mal situé, ou de trois échecs critiques successifs
dans un combat. Un jet de dé raté sur une action bien trop
audacieuse peut tuer, mais pas un acharnement du sort.
Si la situation est un peu trop difficile, il ne faut pas
non plus hésiter à truquer le résultat du dé pour le sauver
une fois du coup ultime, en lui disant bien que ce n’est pas
passé loin et qu’une retraite serait sans doute salutaire. En
revanche, s’il s’acharne, on retombe sur le cas précédent
avec un PJ qui agit bêtement. Dans ce cas, pas de pitié.
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Quelquefois également, en tant que MJ, il peut arri-
ver qu’on sous-estime la puissance de ses combattants face
aux PJs. S’il s’agit d’un combat intermédiaire du scénario
ce n’est pas grave. Mais s’il s’agit du combat final, cela
pose problème  ; les joueurs risquent de ne pas se sentir
en danger. Dans ce cas, pas d’hésitation : il faut tricher
et changer les résultats des jets de dés pour pousser les
PJs dans leurs derniers retranchements. Dans ce cas-là il
ne faut pas tuer un PJ car ce n’est pas fair play, ce n’est
pas correct. On ne triche que pour maintenir une tension
dramatique, par pour opérer un injuste massacre.
Un PJ ne meurt que s’il a véritablement osé quelque
chose de clairement mortel.
Comment s’en sortir ?
Les PJs vont développer des stratégies pour se tirer
d’affaire, la plus simple étant de foncer dans le tas (et ce
n’est pas forcément la plus mauvaise).
Il faut encourager toute idée nouvelle pour se tirer
d’affaire, si elle correspond à l’ambiance ou à l’ennemi, et
qu’elle est cohérente. Il arrive que les idées des PJs pour
abattre un ennemi étrange ou retors ne sont pas celles ima-
ginées par le MJ ou prévues par le scénario. Ce n’est pas
grave. Si l’idée est bonne, il faut aider le PJ à la dévelop-
per, et tant pis si cela change une partie du scénario.
Un joueur qui a une bonne idée doit recevoir ainsi un
bonus pour réaliser son action, pour la simple raison que
l’idée est bonne. Les bonnes idées doivent avoir de meil-
leures chances de se réaliser !
Remarque personnelle
Je m’aperçois avec le temps que les PJs me sur-
prennent de moins en moins. On s’habitue au style de cha-
cun et on déroule un peu toujours la même narration.
Raison de plus pour ne jamais fermer la porte aux
bonnes idées., et encourager toute nouveauté. Laisser les
PJs s’exprimer permet d’encourager les interactions et de
créer une histoire à plusieurs. N’est-ce pas là un des points
forts du JdR ?
La récompense
Ici on ne joue pas à un jeu de combat pur, l’objectif
n’est pas de tuer. Ainsi on ne donne pas plus d’XP si les
PJs ont massacré tout le monde.
On récompensera simplement la résolution des objec-
tifs d’un scénario et il peut arriver d’augmenter les récom-
penses si les PJs ont été particulièrement bons ou inventifs.
212
De plus, on conseille de toujours donner la même quantité
d’XP à tous les membres du groupe qui étaient à la séance.
Ainsi, pas de compétition entre les joueurs et cela ren-
force la cohésion. On peut dire que les PJs réussissent ou
échouent ensemble.
Évitez de donner plus d’XP à certains joueurs. Cer-
tains MJs aiment récompenser les joueurs qui s’investissent
davantage dans leur Role Play, qui développent leur per-
sonnage plus finement au-travers de leurs actions. Hélas,
cela revient souvent à pénaliser les gens qui sont déjà plus
réservés et timides dans la vraie vie. Il ne faut jamais ou-
blier que les personnes qui viennent jouer à votre table
sont différentes. Celui qui vient pour faire le spectacle avec
ses copains, et qui y arrive, doit-il avoir une plus belle
récompense que celui qui vient simplement passer un bon
moment en regardant le spectacle, suivre l’aventure, et qui
y arrive ? Chacun son caractère. Les récompenses qu’il faut
vraiment favoriser sont les récompenses immédiates pen-
dant le scénario, en accordant à chacun son moment de
gloire.
Remarques personnelles
Pour ce qui est des récompenses matérielles, bien
souvent les adversaires n’ont sur eux que de l’argent et
leurs armes à offrir. Rien de très intéressant au final. Mais
ceci permet d’accélérer la séance et de ne pas passer trop
de temps sur la répartition des trésors, une étape qui per-
sonnellement ne m’intéresse pas. Ce n’est que pour les
gros ennemis que je me casse la tête à trouver quelque
chose : une clé d’appartement, un très bel objet, des armes
nouvelles ou de meilleure facture, à moins que le PJ ne
trouve un plan pour fabriquer un nouveau fusil, un livre
contenant un rituel intéressant, ou des matériaux rares.
Certaines récompenses étranges trouvées sur des ennemis
peuvent déclencher de nouvelles quêtes qui ne démarreront
que quelques séances plus tard, ou encore soulever de nom-
breuses interrogations.
Il ne faut pas non plus hésiter à donner des récom-
penses sous forme de réputation, de contacts, de posses-
sions plus grandes que des pièces (une maison, un terrain,
un titre, une charge...).
PNJs et Adversaires
Nous vous présentons ici quelques PNJs standards
que vos joueurs pourront croiser. N’hésitez pas à vous en
inspirer et à les modifier selon vos besoins.
 Homme d’arme Bandit de grand chemin
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
2 4 2 3 3 0 2 4 2 3 3 0

Compétences : Armes de mêlée 3 Compétences : Armes de mêlée 3

Escrime 3 Esquive 2
Athlétisme 2 Armes à feu 2
Équitation 2
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
12 14 7 1 5
12 14 7 1 5
Techniques : Aux armes !
Techniques : Jeu de jambes
Parade de fer
Main gauche

Chapitre XVI - Aux côtés du créateur

Arme Dégâts Recharge Init.
Rapière 5 - -2
Arme Dégâts Recharge Init. Pistolet 5 32/6 -3
Rapière 5 - -2
Main gauche 3 - -1

Émeutier
Garde de château Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
2 3 3 3 3 0
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
2 3 2 3 3 0 Compétences : Athlétisme 2
Compétences : Armes d’hast Épreuve de force 3
3
Autorité 2 Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
Perception 2 9 9 8 0 6
Athlétisme 3
Arme Dégâts Recharge Init.
Vouge 4 - -4
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
12 14 7 2 2

Arme Dégâts Recharge Init. Malandrin

Hallebarde 8 - -7 Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
2 4 3 3 2 0

Milicien Compétences : Armes de mêlée 3

Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir Esquive 3
2 4 2 3 3 0 Discrétion 3
Mécanique 3
Compétences : Armes de mêlée 2
Vol à la tire 3
Autorité 3
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
Perception 2
11 11 7 0 7
Athlétisme 2
Arme Dégâts Recharge Init.
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative Dague 3 - -1
Pistolet 5 32/6 -3
14 16 7 2 2

Arme Dégâts Recharge Init.

Guisarme 5 - -5

213

Molosse
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
1 4 2 3 2 0
Compétences : Pistage 5 pouvoir leur donner une information capitale (pour leur
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
11 11 6 0 7 a toutes les peines du monde à contrôler l’esprit. L’esprit
Arme Dégâts Recharge Init.
Morsure 3 - +0
Les chiens fuient après avoir pris 5 dégâts.
Synopsis
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Voici une liste d’idées de scénarios plus ou moins dé-
veloppés. À vous d’en faire des grands moments de jeu de
rôle !
Synopsis 1
Un aventurier parti en Égypte revient en Europe en
disant qu’il a découvert un fameux livre d’alchimie décri-
vant un élixir de vie éternelle, mais bizarrement présenté
comme un rituel. Pour les possédés, il est clair qu’il s’agit
du rituel de fusion. Les PJs accompagnent alors l’aventu-
rier pour aller chercher le livre mais plein d’autres possédés
et d’opportunistes fans d’alchimie les suivent pour voler le
précieux manuscrit.
Synopsis 2
Plusieurs maîtres d’armes de Paris se livrent une
guerre larvée. Les élèves des différentes écoles se battent en
duel à la moindre occasion. Cependant une école a toujours
le dessus grâce aux lames rapides et légères fabriquées par
un certain forgeron. Mais ce dernier a disparu. Tous les es-
crimeurs veulent le retrouver, chacun soupçonnant l’autre
d’un enlèvement. Le forgeron, possédé, suivait les indica-
tions de son esprit pour faire son travail. Il a été enlevé par
des Turcs en visite à Paris qui cherchent à le ramener dans
l’Empire sur un chébec qui descend la Seine. Le final doit
être une bataille sur le chébec avec un membre de chaque
école d’escrime pour épauler les PJs.
Synopsis 3
Les PJs sont envoyés enquêter dans les villes de Ton-
nerre et Cruzy en Bourgogne. Le marquis Roger de Cruzy,
frère cadet du comte François de Clermont Tonnerre reçoit
la baronne Gabrielle de Pernes, dont il est épris, dans son
château de Maulnes. Cette dernière est suspectée de faire
partie d’un clan ennemi conspirant contre le cardinal. En
effet, des nouveaux-nés disparaissent et des lavandières au-
raient aperçu une créature assimilée à un basilic à la fosse
Dionne (à Tonnerre). En fait, la créature est une abomi-
nation mi-homme mi-batracien exceptionnellement agile et
rapide mais très craintive. La baronne lui demande d’en-
lever la nuit des premiers-nés afin de mettre au point un
nouveau rituel. Elle a été envoyée par le clan des pharaons
en dehors de Paris pour effectuer ses recherches discrète-
214
ment. Les PJs devront mener leur enquête entre les deux
villes, chacune sous l’autorité de l’un des frères.
Synopsis 4
Les PJs doivent retrouver un esprit qui est le seul à
clan par exemple). Mais l’esprit en question est dans le
corps d’un faible d’esprit placé dans un hôpital. Ce dernier
prend de plus en plus souvent le contrôle du corps de son
hôte, essayant alors de s’échapper en utilisant ses pouvoirs,
et demandant aux gens de l’abattre, ou demandant aux
PJs d’apprendre le rite de succession à son réceptacle.
Mais quand le débile reprend le contrôle de son corps, il
hurle de le laisser en paix, qu’il est maudit. Il est alors
très violent. Pour les médecins, il est gravement malade.
Mais ce comportement peut aussi attirer des purificateurs.
Aux PJs d’agir, et vite, sinon l’esprit qu’ils veulent faire
parler risque de devenir une abomination. Dans ce cas,
l’esprit sera profondément dégoûté de devenir mortel dans
un corps aussi minable et considèrera les PJs responsables
de son état.
Synopsis 5
Les PJs sont amenés à enquêter sur un joueur de
jeu de paume particulièrement doué. Ce dernier gagne
systématiquement toutes ses parties, sauf deux. Les PJs
finissent par réaliser que ses défaites sont liées à l’absence
des ramasseurs de balles habituels de la salle. Il se trouve
que les ramasseurs sont payés par le joueur pour donner
des balles particulièrement rapides quand il sert et parti-
culièrement molles quand c’est au tour de l’adversaire, ce
qui l’avantage considérablement. Arrangez-vous pour que
les PJs éventent l’affaire durant une partie de jeu de paume
pour assurer un effet théâtral maximum.
Synopsis 6
Les PJs se retrouvent enfermés dans la ville de Mar-
seille alors que la Peste vient de s’y déclarer. Pour sur-
vivre et ne pas attraper la maladie, il leur faut trouver
un membre du clan de la fleur de lys, le clan des rois de
France, qui aurait le pouvoir d’immuniser contre toute ma-
ladie. Et peut-être au passage découvriront-ils que la peste
a été apportée volontairement par un ennemi politique de
la France, à moins que ce ne soit l’œuvre d’un esprit fou.
(s’inspirer de La Peste de Camus pour l’ambiance).
Synopsis 7
Les PJs font partie d’une expédition montée par de
riches bourgeois pour envoyer des outils et des vivres à
Champlain qui vient de fonder la ville de Québec. Mais en
chemin, les pirates anglais menacent d’attaquer. De plus,
un traître pourrait se trouver dans l’équipage du navire
français. Toutes ces manigances ne visent qu’à récupérer
les peaux de bêtes que Champlain et ses hommes ont chas-
sées toute l’année. Il y en a assez pour faire fortune.
Synopsis 8
Un Juif d’Espagne tente de fuir en France pour re-
joindre une partie de sa famille. Sur la route, il veut enga-
ger les PJs pour le protéger jusqu’à bon port. Il promet des
fortunes. Après avoir combattu une attaque sur la route
par des spadassins espagnols, l’immigré tente de fuir pen-
dant une nuit, faussant compagnie aux PJs. En le rattra-
pant, les PJs découvrent qu’il n’a en fait aucune fortune
mais des papiers très importants montrant la parenté juive
du premier ministre espagnol ! Ce dernier pourrait perdre
son poste si cela se savait. De peur que les PJs l’agressent
en découvrant la vérité sur sa pauvreté, l’Espagnol a tenté
de fuir.
Synopsis 9
Un ami des PJs est accusé à tort de pratiquer de la
sorcellerie. Les PJs savent bien que c’est faux. Pire, en en-
quêtant sur le sujet, ils se rendent compte que ce sont leurs
précédents agissements qui ont laissé porter les soupçons
sur leur ami (voir l’utilisation des marques laissées par les
possédés). Et pour ne rien arranger, il y aurait peut-être un
purificateur dans le coin...
Synopsis 10
Les PJs sont embarqués dans une grosse aventure
par un ancien corsaire hollandais possédé qui veut s’empa-
rer d’un navire espagnol ramenant en Europe une cargai-
son entière d’argent du Nouveau Monde. Des centaines de
tonnes d’argent. Il leur faut recruter un équipage et utiliser
un rituel ancien de possédé pour former un brouillard très
dense afin de séparer le galion de son escorte avant de pas-
ser à l’assaut. La fortune assurée !
Synopsis 11
Alors que les PJs sont en train d’assister à un duel
en tant que témoins ou en tant que combattants, la garde
royal débarque : Les duels sont interdits par décret royal.
Jan Steen - Le couple dansant (1663)
National Gallery of Art, Washington
C’est alors une fuite effrénée pour ne pas être arrêtés et
conduits au châtelet ! Au final, les PJs apprennent que ce
sont leurs adversaires qui avaient prévenu la garde car ils
n’étaient pas sûrs de l’emporter dans leur duel. Une petite
vengeance s’impose.
Synopsis 12
Les PJs sont entraînés dans une révolte paysanne
dans le sud de la France (Provence, Guyenne...) contre
les nouvelles taxes incroyablement élevées du nouvel in-
tendant de la région. Cet homme veut cet argent pour se
faire construire un grand hôtel particulier à Paris. En plus
de devoir former les paysans et gagner une bataille, les
PJs vont devoir faire des actions de guérilla. Au final, ils
doivent aussi convaincre l’émissaire royal que la faute de
la révolte en revient à l’intendant corrompu et qu’il ne
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
faut pas envoyer l’armée royale (contre laquelle les paysans
n’auraient aucune chance) mais qu’il faut juste enlever les
nouvelles taxes et virer l’intendant. Les PJs trouveront
peut-être aussi une preuve montrant que l’intendant était
un traître à la couronne et qu’il réunissait de l’argent pour
le donner à une nation ennemie.
Synopsis 13
Durant des travaux en plein Paris pour agrandir un
hôtel particulier, les ouvriers tombent sur le mur d’une
ancienne cave d’un immeuble voisin. Dans la cave se trouve
un homme emprisonné là depuis des années semble-t-il.
Seulement la cave était murée depuis l’extérieur ! L’homme
à moitié fou fuit à travers la ville. En suivant sa piste, les
215
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Vassili Sourikov - Le matin de l’exécution des streltsy (1881)
Galerie Tretiakov, Moscou
PJs réalisent qu’il a été capturé par un groupe de prêtres :
la croix de pureté, qui cherche à enfermer cet homme pos-
sédé jusqu’à la fin de ses jours. Ainsi, l’esprit du possédé
restera inoffensif tant que le possédé reste enfermé et en
vie.
Synopsis 14
Une femme amie des PJs vient les voir. Elle est in-
quiète pour son jeune nourrisson qui fait des choses bi-
zarres. Il voit à travers les murs, fait bouger des objets sans
les toucher... Le mari veut jeter le gamin dans un puits en
disant qu’il est marqué par le diable, mais la mère veut
sauver son enfant. Que vont faire les PJs ? Attention, du
point de vue de la loi, le père est dans son droit.
Synopsis 15
Un des PJs croise souvent une jeune fille fort mi-
gnonne lors de ses soirées en ville. Mais un soir, il la croise
au détour d’une ruelle, elle est terrorisée. Elle est poursui-
vie par des hommes armés et un combat s’engage. Après
la bataille, la jeune fille, blessée mortellement par un tir,
révèle qu’elle transporte un nourrisson. Elle est dame de
compagnie de la reine Anne d’Autriche et le nourrisson est
un bâtard de la reine. Le roi n’est pas au courant mais le
cardinal Richelieu si ! Et il veut tuer l’enfant. La jeune fille
confie l’enfant au PJ et finit par mourir. Au choix pour les
PJs : essayer de contacter la reine ? Retrouver le père ?
Cacher l’enfant ? Le rendre au cardinal pour qu’il le fasse
disparaître ?
Synopsis 16
Les PJs font partie de l’armée du roi qui assiège une
ville (Alès, Maastricht...). Mais tous les attaquants se font
repousser par une terrifiante abomination sous forme d’un
216
humain de 3 mètres de haut. Les PJs sont les seuls à savoir
que c’est une abomination et c’est à eux qu’il revient de
s’infiltrer dans la ville assiégée pour tenter de tuer l’abo-
mination, lieutenant de l’armée assiégée, qui fait durer le
siège encore et encore.
Synopsis 17
Chez un noble marquis à la campagne, les PJs sont
invités à séjourner. Mais la femme du marquis, enceinte,
tombe gravement malade. Sa vie est menacée. On ne sait
d’où vient la maladie mais les PJs découvrent facilement
que c’est de la magie de possédé. En enquêtant dans la
région, les PJs y découvrent une légende sur un person-
nage mythique, un sorcier qui ne vieillirait jamais et qui
habiterait au fond d’une grotte. Selon les habitants d’un
coin, il peut tout guérir si on lui fait une offrande. En
descendant au fond des grottes, les PJs finissent par ren-
contrer l’homme qui se trouve être une abomination béné-
fique qui se prend pour un dieu de la guérison et protège
ses croyants. Il révèle que la maladie de la marquise n’est
pas de son fait mais de la fille du marquis qui est possédée.
Cette dernière ne veut pas d’un autre héritier et veut rester
fille unique, quitte à tuer sa mère.
Synopsis 18
Un PJ doit remplacer au pied levé un membre malade
de la troupe de théâtre de Molière, alors que les autres PJs
tentent de démasquer un assassin qui doit frapper pendant
la représentation. Au final, l’assassin se trouve faire partie
de la troupe et attaque un noble situé au premier rang.
C’est au PJ qui joue la comédie qu’il revient d’empêcher
l’assassinat tout en continuant de faire la comédie pour que
personne ne se rende compte de la tentative d’assassinat et
que la réputation de Molière reste intacte.
 Synopsis 19
Chez les précieuses de l’hôtel de Rambouillet, un
homme fait souvent bonne figure par ses poèmes exquis
mais parlant trop ouvertement d’esprit possédant le corps.
En enquêtant, les PJs découvrent que l’homme se fait
écrire ses poèmes par un de ses serviteurs, un nègre. Ce
dernier apprend des choses sur les esprits en décodant un
vieux livre d’un ancien possédé. Ce livre a appartenu à
Léonard de Vinci et peut contenir des rituels intéressant.
Synopsis 20
Barcelone et la Catalogne se sont rebellées contre le
roi d’Espagne et demande la protection du roi de France.
Les PJs sont envoyés dans la ville pour y débusquer des
agents espagnols, peut-être possédés eux aussi. Ils peuvent
les débusquer en reconnaissant leurs traits physiques. Fi-
nalement, les PJs trouvent les derniers espions alors qu’ils
tentent de faire sauter une partie des fortifications de la
ville de Barcelone, pour laisser entrer l’armée du roi de
Castille.
Synopsis 21
Les PJs sont engagés pour aider un homme ou une
femme possédé par l’esprit de Guy Fawkes, l’homme de la
conspiration des poudres qui est mort au début du siècle
en tentant de faire sauter le parlement anglais. Fawkes et
les PJs vont retourner à Londres pour tenter de refaire la
même chose. Outre la traversée de la Manche et les diffi-
cultés pour s’introduire dans le palais de Westminster ou
encore échapper aux gardes, les PJs vont devoir trouver
des alliés. Au final, au lieu de tout faire exploser, le com-
plot provoque le Grand incendie de Londres, ce qui est
aussi très dévastateur. Jouez Fawkes comme un personnage
obsédé par sa vengeance envers l’Angleterre.
Synopsis 22
En aménageant les jardins de Versailles, Le Nôtre et
ses ouvriers découvrent un vieux tombeau sous un tertre. Il
se trouve être celui d’un ancien roi mérovingien (Childéric,
Clovis...). L’esprit possédant ce dernier est un esprit fu-
sionné. Il se trouve enfermé dans le corps en décomposition
du monarque, dont la vie a été prolongée par un terrible
rituel. En ouvrant la tombe et en profanant le corps, l’es-
prit est libéré. Il va posséder d’autres personnes, les faisant
s’habiller à la mode du Vème siècle, avec cheveux longs et
moustache, avant de tenter de reprendre ce qui lui revient
de droit : le trône de France.
Synopsis 23
Les PJs sont dans le Nouveau Monde. Pour résister à
l’hiver qui s’annonce rude pour leur colonie, les PJs doivent
obtenir le soutien d’une tribu d’indiens de la région. Le
groupe d’émissaires se retrouve chez les indiens dont le
chaman, possédé, propose à chacun de faire passer un rite
d’initiation qui est une suite d’épreuves mystiques et qui
est destiné à faire d’eux des amis du Grand totem. C’est
l’occasion de faire passer des épreuves farfelues aux PJs. Le
chaman connaît une origine possible des esprits, selon la-
quelle ils viendraient du monde des esprits, ce qui peut in-
téresser certains joueurs. L’esprit du chaman est un esprit
protecteur qui veut le bien de sa tribu, quitte à massacrer
tous les étrangers, ou en prenant les terres d’autres tribus.
Synopsis 24
Un homme revenu d’Inde ou de Perse récemment fait
sensation à Paris. Il se dit maître de savoirs alchimiques
et connaît la transformation du plomb en or. Il prétend
détenir son savoir des textes retrouvés d’un grand maître
du passé (Aristote, Thot, Flamel, Bolos de Mendes, Jabir
Ibn Hayyan...). Mais ce grand personnage fut possédé par
un des esprits des PJs ! Ils savent donc que c’est faux. Les
PJs doivent révéler à tous la supercherie et le mensonge du
personnage qui est rusé. Pour faire croire qu’il fait appa-
raître de l’or, il utilise une grande cuillère dont l’intérieur
est creusé et bouché par un bouchon de cire. Plongée dans
un liquide chaud, la cire fond, libérant les particules d’or
que le faux alchimiste à placées à l’intérieur de la cuillère.
Synopsis 25
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Un des PJs, bourgeois par exemple, se retrouve at-
taqué en justice par un noble qui veut lui prendre son
échoppe (ou lui soutirer de l’argent) en inventant des ac-
cusations. Comme le menteur est noble, les juges vont le
croire. Mais en enquêtant, les PJs arrivent à trouver un
curé originaire de la paroisse du noble. Le curé peut af-
firmer que le menteur se trouve être un parfait roturier
qui a fait fortune en volant tout ce qu’il pouvait ! Le curé
peut en témoigner. Dès lors, les PJs doivent protéger le
curé, témoin clef, et l’emmener au tribunal. Faites jouer
le plaidoyer aux PJs pour un grand moment de Role Play.
Le pseudo noble finira humilié à vie ; peut-être un ennemi
récurrent ?
Synopsis 26
Les PJs participent à une vente aux enchères, cela
se faisait déjà à l’époque. Ils y doivent récupérer les livres
d’un bourgeois ruiné qui se trouvait être possédé. Mais
d’autres personnes sont sur l’affaire, notamment la belle
famille, ainsi que de curieux personnages, peut-être des
membres de la croix de pureté. En plus, un des objets de
la vente intéresse tout particulièrement un des PJs : une
rapière d’exception, un coffret doté d’un double fond connu
du PJ seul... Favorisez toutes les initiatives amusantes des
PJs pour faire baisser les prix durant la vente.
Synopsis 27
Un ami des PJs, ou un des PJs, veut devenir magis-
trat du parlement de Paris. Il a réuni la somme nécessaire
(plusieurs dizaines de milliers de livres) à délivrer au Par-
lement mais se fait voler la veille de la date limite. La piste
mène vers un autre candidat à la magistrature qui s’est
acoquiné avec une des cours des miracles de la capitale. Les
malandrins pourraient ainsi manipuler à l’envi un puissant
homme de loi.
Synopsis 28
À la campagne, les gendarmes du roi patrouillent sur
les routes pour assurer la sécurité. Mais plusieurs groupes
disparaissent dans une région du pays. À chaque fois, les
gendarmes reviennent au bout d’une semaine en ayant ou-
blié tout ce qu’ils ont fait. Suspectant du surnaturel, on
envoie les PJs. Ils trouvent dans la forêt un vieux dolmen
gaulois entouré de cultistes. En faisant parler les cultistes
fous, ils apprennent que leur grand maître a utilisé la puis-
sance du dolmen pour effacer les souvenirs des gendarmes
et les forcer à attaquer sur commande le riche convoi de
l’ambassade de Suède qui approche de Paris. L’attaque
doit avoir lieu à la prochaine pleine lune, les gendarmes se
217
 transformeront alors en bêtes fauves redoutables obéissant déchaînée exige de le conduire au bûcher. Les PJs vont-ils
aveuglement aux ordres de l’énigmatique grand maître. laisser mourir un innocent ?

Synopsis 29
Un riche banquier appelle à l’aide. Sa femme a été
enlevée et il ne sait pas où donner de la tête. En effet, c’est
elle qui tient les finances ! C’est un brigand de la cour des
miracles qui la retient prisonnière. Le brigand est tombé
dans la roture à cause de ce banquier et de ses taux exorbi-
tants. Il revient au PJ de libérer la femme qui est bien plus
intelligente que son mari. La fin peut être originale avec la
captive qui tombe amoureuse de la cause de son ravisseur
et des PJs obligés de choisir entre l’argent offert par le mari
et la volonté des amants de s’émanciper en soutirant de
l’argent au banquier
Chapitre XVI - Aux côtés du créateur
Synopsis 36
Les PJs sont invités chez un de leurs amis nobles
qui possède un vieux château. En chassant les rats dans
la cave, ils découvrent des vieux textes écrits sur des par-
chemins jaunis et des peaux de bêtes relatant que tous les
dix ans, une personne revient pour tuer un membre mâle
de la famille de leur ami. C’est une vengeance d’un esprit
qui envoie ces réceptacles les uns après les autres pour que
s’éteigne cette lignée. L’ami, très superstitieux, croit que
sa mort est proche, comme son père ou son oncle avant
lui. En plus, on fait état de l’arrivée d’un étranger dans le
village voisin, un étranger bien inquiétant. Que cache cette
vendetta ? Quel est le secret de l’esprit et de la lignée ?

Synopsis 30 Que vont découvrir les PJs ?

Le roi de France Louis XIV lui-même est atteint de la

petite vérole durant sa jeunesse. Les PJs peuvent découvrir
que c’est l’œuvre d’un esprit qui veut nuire au roi par l’in-
termédiaire d’un rituel complexe. Arrêter le rituel rendra
peut-être la santé au monarque.

Synopsis 31
Un ingénieur français veut importer des nouvelles
techniques agricoles des Pays-Bas dans le bassin parisien.
Mais des espions espagnols veulent l’en empêcher. Aux
PJs de protéger l’homme de science durant le voyage Ams-
terdam-Paris tout en essayant de démasquer les espions.

Synopsis 32
La maladie d’ivresse. Un nouveau cépage est à la
mode à Paris. En enquêtant, les PJs se rendent compte que
toutes les personnes atteintes de délires dans la noblesse,
le clergé et la bourgeoisie sont des gens qui ont accès à ce
vin. Le vin a été mis au point par un possédé dominé dans
le but d’asservir ces gens ou de les faire se suicider. Bizar-
rement, la pauvreté semble immuniser les buveurs.

Synopsis 33
Une cargaison de produits du Nouveau Monde est
arrivée à Amsterdam. Un noble français de Paris l’attend
mais la cargaison est bloquée car c’est la guerre dans les
Flandres entre la France et l’Espagne. Il engage donc les
PJs pour faire passer discrètement la cargaison à travers
les lignes militaires, ou par mer mais il faudra alors se mé-
fier des pirates anglais.

Synopsis 34
Un ami (contact) des PJs veut marier sa fille fort
belle et a trouvé le candidat parfait. Mais la future ma-
riée est inquiète, car ses 5 précédentes femmes ont disparu
dans le Nouveau Monde. Ambiance Barbe Bleue avec un
homme qui a la réputation de dévorer ses femmes selon des
rites indiens. En réalité l’homme est dirigé à son insu par
un chaman amérindien iroquois qui le force à sacrifier les
femmes pour son esprit sanguinaire.

Synopsis 35
Dans un petit village, des soupçons pèsent sur un
membre du village dont on dit qu’il aurait des changements
de comportement et de physique étranges. La personne est
juste un peu dérangée et aime se déguiser mais la foule

218
 Chapitre XVII
Campagne : l ’assassin des rois
Introduction ont besoin. Les mentors se connaissent tous, ils font parti
du même clan, le clan français de la Fleur de Lys qui milite
pour la victoire du prince de Condé.

Les PJs sont donc à la guerre, se battant sous le dra-

Cette partie présente un scénario qui peut servir
d'initiation à l'univers de XVII : au fil de l’âme. Il est
découpé en quatre séances d'une durée approximative de
cinq heures de jeu. Les PJs démarrent comme de simples
combattants qui se battent pour survivre dans la guerre
de Trente ans puis finissent possédés et découvrent l'autre
côté du monde.
Chaque scénario est découpé en plusieurs parties qui
jalonnent l’avancement des PJs dans l’histoire. À chaque
fois la différence a été faite entre la description de l’histoire
indispensable à l’avancement et les idées données au MJ
pour enrichir le jeu. Ces idées sont mises à part dans des
encarts «  Ambiance  ». Libre à vous de les réutiliser ou
d’utiliser des idées de votre cru.
Les personnages
Les PJs démarrent la campagne comme des humains
non possédés. Ils participent à la guerre de Trente ans sous
les ordres du Prince de Condé dans le nord de la France
actuelle, vers Lens. Ils sont soit mercenaires, soit soldats,
soit nobles d'épée ou encore prêtres venus confesser l'âme
des soldats avant le dernier assaut. Ce scénario a été initia-
lement prévu avec cinq des prétirés de ce livre. Il s'agit du
chevalier Henri de Chateauneuf, de la paysanne Elisabeth,
du prêtre Pedro Leon Altivarez, Heinz Faymann le merce-
naire suisse et FanFan le malandrin de Paris. Cependant,
ce scénario est tout a fait jouable avec d'autres person-
nages créés pour l'occasion, il vous faudra alors réadapter
certains détails. Cinq joueurs maximum sont à envisager.
peau français et sous les ordres du Prince De Condé. Dans
le cas des prétirés, les mentors sont les suivants :
Pour le mercenaire suisse c’est le chef de sa com-
pagnie de mercenaires, un homme honnête qui
remplit ses contrats et paie ses troupes.
Le prêtre est venu sur le front pour aider son supé-
rieur à donner les sacrements avant la bataille.
C’est lui son mentor. Un abbé, suivant du
prince de Condé, homme pieux mais réaliste
devant la guerre.
Le noble officier de cavalerie veut gagner de l'hon-
neur sur le champ de bataille. Son mentor est
un autre officier de cavalerie, plus expérimen-
té. Le chevalier lui a sauvé la vie alors qu'il
était menacé d'être pris par les espagnols.
Le mendiant, pauvre âme vivant d'ordinaire à Pa-
ris, a eu le choix entre les galères et le champ
de bataille après un larcin raté. Son mentor
est un éclaireur de l'armée qui n'hésite pas à
piquer tout ce qu'il trouve aux cuisines ou sur
les cadavres ennemis.
La jeune paysanne, originaire de la région de Lens,
a été engagée pour ravitailler le camp. Cette
dernière a beaucoup de contacts parmi les pay-
sans du coin. Son mentor est son frère qui s'est
engagé dans l'armée française et qui a eu une
progression très rapide pour un non-noble.

Les mentors
Sur le champ de bataille, chaque personnage a un
mentor. Il s'agit d'une personne que les PJs ont rencon-
trée avant le début de l'aventure, c'est une personne qu'ils
apprécient et respectent. Ce peut être un soldat sauvé sur
le champ de bataille, ou un ami d'enfance retrouvé fortui-
tement. Ce que les PJs ne savent pas c'est que les mentors
sont tous des possédés et qu'ils ont choisi les PJs pour
être leurs successeurs. Ils ont décidé de les réunir pour les
aguerrir sur le champ de bataille et aussi parce qu'ils en
 Partie 1 : Mentors
et Exploration
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

Synopsis
La première séance permet de prendre en main le sys-
tème et de poser l'univers de XVII : au fil de l’âme. Chaque
PJ démarre avec son personnage pris parmi les prétirés ou
créé par ses soins. Si les PJs ne sont pas les prétirés, il n'y
a aucun soucis. Il vous faut juste imaginer une raison qui
les pousse à être sur le front et à avoir un mentor parmi les
gradés de l'armée. Les hommes peuvent avoir été engagés
de force, alors que les personnages féminins peuvent venir
porter des informations ou voir de la famille. Il n'est pas
nécessaire que les PJs se connaissent déjà puisqu'ils sont
réunis par les mentors.
Diego Velazques - Retraite du comte De Olivares
Ce scénario se déroule en 1648, durant la guerre de Musée du Prado, Madrid
Trente ans. Les PJs devront aller en exploration, un peu
loin des lignes, voir une auberge qui servirait de point de
passage pour les Espagnols et leurs espions. Au passage,
ils seront amenés à traverser un marais où il y a eu une
bataille assez meurtrière.
Dans l'auberge, les espions sont bien cachés par le
gérant et ses serveuses. En cherchant bien toutefois, les
Ambiance Le camp
PJs trouvent effectivement un espion qui révèle qu'un de
leurs hommes prépare un attentat pour le prochain assaut. Les PJ peuvent chacun se balader un peu dans
Il fera exploser des barils de poudre juste sous la cabane le campement, rencontrant les soldats, leurs frères
de commandement où se trouvent les mentors. Les PJs d’armes, en train de jouer aux cartes ou de lire les
reviennent le plus vite possible mais la bataille a déjà com-
mencé et ils voient ou entendent la détonation qui annonce lettres envoyées par leur famille pour les plus chan-
la mort de leur mentor et ami. ceux. On est au printemps et le temps est agréable.
Le scénario se finit avec les PJs qui entendent des D’autres s’entraînent pour tuer le temps. Bref les
voix dans leur tête.
soldats s’ennuient ferme. Passez assez vite sur cette
L'ambiance du scénario se concentre sur la guerre, présentation tout en insistant sur les liens amicaux et
la peur du combat, l'horreur des corps en décomposition forts que chacun entretient avec son mentor.
et les soldats fuyards. Ce sera le bon moment pour bien
insister sur le contraste entre le camp sale où il fait froid et En laissant traîner l’oreille, les PJs peuvent
faim, et le calme de l’auberge. entendre des rumeurs sur une attaque prochaine,
mais les défenses sont bien en place et le Prince de
Le camp Condé a déjà vaincu les Espagnols à Rocroi, ce qui
donne du courage à ses hommes.
Il peut être intéressant au début de faire un petit pas-
sage dans le camp, chacun avec son mentor, pour raffermir
les liens. berge un jeune page venu de Bruxelles, terre espagnole, qui
ramènerait un ouvrage important demandé par l'abbé. De
Toute l'aventure commence au campement. Les dif- plus, le PJ prêtre est le seul à parler espagnol et à pouvoir
férents protagonistes y sont. Il peut être intéressant de ne ainsi démasquer les traîtres. Les paysans locaux, quant à
pas passer trop vite sur cette étape de l'introduction. Elle eux, parlent flamand ou français mais la paysanne connaît
permet à tout le monde de s'insérer dans l'ambiance du ces deux langues. La paysanne est envoyée car elle connaît
campement, de faire connaissance les uns avec les autres, bien l'endroit et on promet de la payer 3 Livres pour ce
avec leur mentor ainsi que d'autres personnes sur le camp. petit service (une fortune pour elle).

Suite aux informations récoltées par les éclaireurs ou
ramenées par la paysanne, le Prince de Condé a décidé
d'envoyer une petite troupe en éclairage du côté de cette
auberge qui servirait de relais à des Espagnols. Les mentors
ont profité de cette occasion pour envoyer leur disciple sur
cette mission qui paraît ne pas comporter de risque ma-
jeur, la troupe envoyée étant composée de 3 combattants
(le mercenaire, le noble cavalier et le malandrin). L'abbé
envoie également son disciple car il y aurait dans cette au-
Pour atteindre l'auberge, les PJs peuvent faire un
grand détour par la route, ils mettront alors deux jours
pour faire l'aller-retour. Sinon, ils peuvent couper à-travers
le marais ce qui leur prendra deux heures de marche. La
deuxième solution est privilégiée par les mentors, à la fois
parce qu'elle est plus rapide, plus discrète et moins risquée.

220
 Ambiance Le camp
Les PJs engagés pour combattre l’Espagnol
sont là depuis plus d’un mois, alors que le prêtre est
arrivé depuis une semaine seulement.
La paysanne est venue rencontrer son frère en
espérant arriver à le convaincre de sortir de l’armée.
Elle lui a parlé la dernière fois de cette auberge où
se réuniraient des Espagnols.
Le prêtre travaille à l’hospice pour donner les
derniers sacrements, le pistolero joue aux dés en
attendant la suite des évènements avec son chef,
le noble consulte des cartes stratégiques avec son
mentor, le mendiant fait le guet pendant que son
mentor sort d’une tente plein de victuailles, et la
paysanne arrive au camp sur son attelage en appor-
tant quelques nouvelles de Paris aux soldats.
Les mentors se réunissent, chacun amenant son
disciple avec lui. Tout se passe dans le camp, sur
une petit estrade en bois construite dans un petit
arbre en hauteur où l’on voit la plaine et les collines
qui séparent les lignes françaises de l’armée espa-
gnole.
Le marais
Le marais ne sert qu’à poser l’ambiance et ne pré-
sente pas de difficulté majeure.
Le marais est glauque mais les PJs doivent le traver-
ser. C'est le moment de faire sentir l'horreur de la guerre
aux joueurs. Une petite bataille a eu lieu dans cet endroit
il y a une semaine, ce qui fait que des cadavres flottent
dans l'eau nauséabonde. L'air est empli de moustiques at-
tirés par l'odeur pestilentielle de la chair en décomposition.
Bref, ce n'est pas joyeux.
L’auberge
Ha ! Une auberge ! Les PJ devraient être heureux
de se mettre au sec. Leur objectif ici est d'enquêter sur
l'éventuelle présence d'espions espagnols. Laissez-les mener
leur enquête.
Le bâtiment se trouve sur la route qui reliait Bruxelles
à Arras, mais la guerre a stoppé le trafic. L'aubergiste,
Aldo, a reconverti son établissement en proposant de nou-
veaux services en plus de l'alcool. Connaissant les goûts des
soldats français et espagnols, il a engagé deux prostituées
qui louent leur corps en plus de servir du vin. Elles se
nomment Clothilde et Raguenaude. Les quelques paysans
du coin évitent l'endroit car trop près du conflit. C'est
donc un endroit idéal pour les espions pour faire passer des
informations entre Bruxelles et Paris.
Même si Aldo n'en dit rien, il y a également deux
autres pensionnaires dans l'auberge. Deux espions espa-
Ambiance Le marais
Les personnages peu habitués aux horreurs du
combat (le prêtre et la paysanne) doivent réussir un
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
jet de Contrôle de soi contre un seuil de 12, sinon
ils ne se sentent pas bien et ont des vertiges tant
qu’ils restent dans le marais (malus de -3 à tous les
autres jets), les autres personnages , plus habitués à
ces horreurs, devront alors les aider, tenter de leur
changer les idées ou de leur faire davantage accepter
la chose.
Si l’un des personnage veut faire les poches aux
cadavres (jet de Perception difficulté 9), il dérange
des rats et des sangsues collées aux cadavres. Mais
il finit par trouver une petite réserve de tabac,
quelques pièces, et dans la besace d’un soldat de
base une chevalière appartenant manifestement à un
noble. Le soldat l’avait probablement volée. Au PJ
de voir s’il veut ramener la chevalière à son proprié-
taire, dont le nom est marqué au dos. Il s’agit du
chevalier de Ruffec, officier des artilleurs du camp.
Un peu plus tard, les personnages se trouvent
devant une mare qu’ils doivent traverser en risquant
de tomber dedans. Rien de bien méchant, mais il
faut faire un jet d’Athlétisme (difficulté 9) pour
passer sans encombre. Si l’un des personnage tombe
dans la vase, il n’en subit aucun malus, si ce n’est
des vêtements souillés et une nuée de moustiques lui
tournant autour (oui, c’est un peu la honte).
gnols sont arrivés depuis une semaine et font de la re-
connaissance dans le coin. Ils attendent la bataille pour
repartir. Ils ont payé une forte somme d'argent à Aldo
l'aubergiste pour qu'il ne dise rien sur leur présence. Les
deux hommes logent dans les combles, n'en sortant que ra-
rement. Ils se font livrer des repas directement là-haut. Les
serveuses aussi ont reçu ordre de ne rien dire. Le personnel
de l'auberge est le seul à connaître la présence des deux
espions. Officiellement, personne n'habite là-haut.
Le bâtiment comprend une cave, un rez-de-chaussée
où s'installent les clients pour picoler, un étage qui sert de
dortoir et qui sert aux filles pour leurs affaires, et enfin les
combles. Il y a aussi une écurie à côté mais tout le matériel
a été pillé par les soldats afin de servir aux armées.
Si le prêtre s'enquiert du voyageur qu'il cherche, on
lui dira que oui, il y a un voyageur de Bruxelles, un jeune
garçon, qui dort dans l'écurie et n'en sort plus depuis des
jours. Il a l'air terrifié et il ne parle qu'espagnol, ce qui ne
facilité pas l'affaire.
La suite des évènements dépend de comment les PJs
vont aborder leur enquête.
221
 Ambiance L’auberge
- L’aubergiste, Aldo, veut bien louer des
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
chambres pour la nuit mais au prix fort, et ce sera à
4 par chambre. Et si on lui fait remarquer qu’il y a
les combles où il pourrait loger des gens, il répond
que c’est insalubre et froid. Bref, il préfèrerait que les
PJ restent pour boire un coup mais pas pour dormir.
Il a peur de perdre sa clientèle espagnole. Il peut
cependant parler si les PJs le paient vraiment cher
(10 Livres), ou si bien sûr ils lui mettent un couteau
sous la gorge. Cependant, l’aubergiste ne devrait pas
paraître comme un intriguant au premier abord. Le
prêtre parlant espagnol, il peut se faire passer pour un
hispanique cherchant des complices et ainsi tromper
l’aubergiste. Si le PJ est rusé, il peut penser à cette
possibilité.
- Les serveuses ne manqueront pas d’utiliser
leur charme sur les mâles du groupe. Seulement, une
d’entre elle a prévu de passer la nuit avec un des
Espagnols qui a promis de bien la payer. Elle ne vou-
dra donc pas avouer au PJ pourquoi elle ne peut pas
vendre ses services cette nuit mais que c’est possible
une autre fois... Cela peut mettre la puce à l’oreille.
Un jet d’Empathie réussi contre la défense spirituelle
de la serveuse permettra de savoir que cette dernière
cache quelque chose (Défense spirituelle 10).
- Le jeune garçon de lecture qui apporte le livre
de Bruxelles demandé par l’abbé du camp est effec-
tivement terrifié. Il sait que sa tâche est bientôt finie
mais il est persuadé que l’auberge est hantée. Il a vu
des fantômes dans les combles. Comment expliquer
autrement le fait qu’il y a vu un peu de lumière alors
John Tenniel - Conspiration (1850)
Collection privée
222
que personne n’y habite d’après l’aubergiste ? C’est du
moins le discours qu’il tiendra au PJ qui arrive à le
faire parler. En effet, terrifié comme il est, il va déjà
falloir le calmer (DefSpirit 9). Diverses méthodes
possibles : du vin, une tentative de séduction par la
paysanne ou un peu de conversation de la part du
prêtre pour le convaincre qu’il ne risque rien et sa
langue se déliera d’elle-même.
Dans l’auberge on peut compter sur les PJs pour
commander de la bière (ou du vin, moins cher et
bien plus courant même dans le nord de la France)
mais aussi pour draguer les serveuses qui sont pour le
moins appétissantes et avenantes (et pour cause...). Le
malandrin, à cause de son désavantage, aura bien du
mal à résister à l’appel des sirènes.
Pas de chanteurs ou de comédiens dans cette
auberge, c’est la guerre. On y trouve cependant trois
paysans en train de boire pour se reposer, mais aussi
deux soldats français qui ont eu une permission et
viennent dépenser leur solde. Ils fument et boivent à
outrance. Ils ont déjà passé une nuit ici et ont pu pro-
fiter de l’hospitalité des serveuses. Leur joie contraste
avec le côté morose des paysans qui attendent que la
guerre finisse. Les soldats doivent normalement ren-
trer au camp avant la nuit, sinon ils seront considérés
comme déserteurs, mais ils espèrent prolonger leur
repos. Les paysans ne savent rien mais ils peuvent
attester qu’Aldo parle espagnol. Ils ne chercheront
pas à le cacher, ne voyant pas ce qu’il y a de mal. Ils
seront très amicaux si c’est la paysanne qui vient leur
parler, elle est du coin et parle flamand. En revanche,
ils partiront dès que la journée sera bien avancée.
Action
Avec tout cela, les joueurs devraient forcer le passage
vers les combles.
Un des leurs est noble, et ils sont armés, ce qui leur
fait de bons arguments de négociation. Ainsi, l'auber-
giste ne peut pas leur résister. Il les laissera monter s'ils
montrent les armes. Mais le mieux pour les PJs est encore
de monter discrètement la nuit pour surprendre les deux
espions et ainsi profiter de l'effet de surprise. Laissez les
PJs mettre en place leur méthode. Rappelez-leur juste de
ne pas trop attendre : les espions pourraient descendre à
tout moment et les surprendre.
S’ils le peuvent, les espions essaieront de fuir. Mais ils
doivent descendre jusqu’au rez-de-chaussée. Ils sont prêts à
se battre pour passer.
 Ambiance Action
Tous les PJ qui montent dans les combles
font un jet de discrétion avec un malus de -3 (les
planches sont vieilles et grincent). Les espions font
chacun un jet de Perception avec un malus de -6
s’ils dorment, aucun malus sinon. Un des espions
peut aussi être surpris entre les bras de la serveuse
la nuit. Sans défense, nu comme un ver, il ne pourra
alors pas riposter.
S’ils en ont le temps, qu’ils entendent les PJs
ou qu’ils sont alertés par l’aubergiste énervé, les
espions essaieront de se battre. Le combat doit
tourner à l’avantage des PJs qui sont plus nombreux.
C’est leur premier combat avec le système de XVII :
au fil de l’âme. Il faut bien prendre le temps nécessaire
pour que les joueurs assimilent les bases. Le combat
n’est pas difficile, laissez-les s’amuser. Les espions
espagnols ont chacun une rapière, mais ne disposent
d’aucune connaissance d’escrime. L’un des deux a un
pistolet qu’il tient toujours chargé.
Espion espagnol
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps
3 3 2 4 3 0
Compétences : Armes de mêlée 3
Armes à feu 2
Perception 3
Conversation 2 Fin de la partie
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
10 13 8 1
Arme Dégâts Recharge
Rapière 5 -
Pistolet 5 32/6
Dénouement
On suppose que les espions meurent durant le com-
bat ou finissent capturés. Cependant, en fouillant leurs af-
faires les PJs trouvent une missive cachetée que les espions
s'apprêtaient à envoyer à leur supérieur. Le prêtre pourra
lire que les espions savent de source sûre qu'un traître fran-
çais se prépare à faire exploser la cabane de commande-
ment pendant la prochaine bataille et que donc le Prince
de Condé mourra, permettant aux Espagnols de prendre le
dessus. Ce traître français a été capturé par les espions es-
pagnols quelques jours auparavant mais ils l'ont laissé par-
Ambiance Dénouement
Poussez les PJs à revenir à toute vitesse vers
le campement. Certains d’entre eux peuvent rester
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
à l’auberge pour interroger l’aubergiste complice ou
garder les Espagnols alors que d’autres vont au plus
vite rejoindre le camp. Mais c’est trop tard, la ba-
taille a commencé. On peut l’entendre au bruit des
canons et des tambours de guerre qui résonnent au
loin.
tir, tant il paraissait convaincant... et fanatique. Le texte
comporte le nom du traître : Urbain Grandier. Un jet de
Connaissances en Histoire de France réussi contre un seuil
de 10 permet de savoir qu'il s'agit d'un homme d'Église.
Accusé de posséder les religieuses du couvent des ursulines,
il finit brûlé en 1634. Ceci doit paraître extrêmement trou-
blant aux joueurs. Comment un homme mort il y a 14 ans
peut maintenant menacer le camp de l'armée française ?
Aucune réponse ne leur sera donnée dans l'instant.
Finalement, les PJ arrivent en vue du camp. C'est
la guerre, marquée par la fumée à cause des canons et
des mousquets. Un bruit assourdissant et des ordres confus
sont criés dans la nuit. Décrivez un paysage sali et beau-
coup de mouvements et de combats isolés. Puis la cabane
de commandement, où la mise au point de la mission avait
eu lieu, explose, tuant par là même les mentors des PJs.
C'est la fin... et le début d'une nouvelle étape.
Pouvoir À ce moment précis, chaque PJ a l'impression pen-
dant un court instant que sa tête va exploser. Des nausées
arrivent et il faudra se retenir pour ne pas tomber à terre.
Puis, en moins d'une minute, plus rien. C'est alors qu'une
voix leur parle dans leur tête.
À la fin de cette partie, les PJs se trouvent à nouveau
au camp. Les personnages sont blessés, tant physiquement
5 par les agressions qu'ils ont subies que moralement par la
mort de leur mentor.
XP gagné : 5 pour chaque personnage.
Init.
-2
-3
223
 Mentors et exploration : déroulement du scénario
Obstacle difficile pour les joueurs Objectif du scénario Description

Ouverture
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

Obstacle facile pour les joueurs Objectif secondaire

Le camp Les combles

Tout le monde s’ennuie. Il fait bon mais il n’y a vrai- Les espions se cachent dans les combles depuis appa-
ment rien à faire. remment longtemps. L’air y est étouffant et empeste. Il fait
très sombres et des restes de nourriture jonchent le sol.

Accepter d’aller à l’auberge pour tenter de débusquer

les Espagnols Apprendre des espions qu’un meurtre visant les men-
tors se prépare.

Le Marais Les espions ne se rendent pas sans combattre

Le marais comporte des restes de cadavres de soldats

Le traître au sein du camp français se nomme Urbain
en putréfaction. L’air est très lourd et il y a des moustiques
Grandier. Un nom étrange qui peut rappeler aux PJs celui
partout.
d’un religieux qui, accusé de possession, fut brûlé en 1634.

Traverser le marais

La vue des cadavres est terrifiante Fin

Les PJs reviennent à toute vitesse vers le campement,
L’auberge mais hélas trop tard. La cabane de commandement explose.
Les PJs ont la vue qui se voile, ils sont maintenant possédés.
Aldo l’aubergiste a converti son premier étage en bor-
del, afin de profiter des sous des soldats de passage. Deux Les PJs gagnent 5 XP
serveuses circulent, trois paysans et deux soldats français en
permissions sont installées pour passer un bon moment.

Découvrir la cachette des espions espagnols

Seul Aldo et ses serveuses savent qui se cache dans les

combles et ils ont été bien payés pour se taire

Récupérer le livre du prêtre

Le jeune garçon possédant le livre est caché dans l’écu-

rie et il est terrifié

Le jeune garçon est terrifié parce qu’il a vu de la lu-

mière au niveau des combles, il pense que ce sont des fan-
tômes.

Un des espions a l’habitude d’aller voir une des ser-

veuses pour des nuits coquines.

224
 Partie 2 : Vengeance
Synopsis
Les PJs démarrent possédés après la mort de leur
mentor. Ils veulent les venger. Ils connaissent le nom de
l'espion, du traître français qui a placé des barils de poudre
sous la cabane de commandement pour faire sauter leur
mentor. C’est le fameux Urbain Grandier mort brûlé il y
a 14 ans.
Mais avant que les personnages ne partent à sa re-
cherche, les esprits se manifestent. Il revient au MJ de
prendre chaque PJ à part pour faire le premier dialogue
entre lui et son esprit. On vous conseille de bien prendre le
temps de leur expliquer le concept. Cette partie du scénario
est entièrement consacrée aux premiers contacts entre les
esprits et les PJ.
Les esprits ont vu le traître français qui a placé le
baril mais il n'y ont pas porté attention. Ils vont pousser
les PJs à se venger. Dans ce scénario, les esprits tentent
d'abord de bien s'entendre avec leur nouveau réceptacle,
ils tentent de se faire bien voir en offrant leur pouvoir au
moment opportun.
C'est le moment pour une petite enquête dans le
camp. Elle est assez courte mais permet de localiser le
traître qui s'enfuit avec des complices. Il y a alors un com-
bat à l'écart des lignes entre les PJs vengeurs et les traîtres.
Les esprits
Il revient au MJ de choisir quel esprit revient à quel
PJ. Cependant, on propose ici des esprits précis correspon-
dant aux archétypes de personnages proposés au début du
scénario. N'hésitez pas à adapter les comportements des es-
prits en fonction de vos joueurs. Tous les PJs commencent
avec 1 en attribut Pouvoir.
Les esprits proposés dans ce scénario sont les mêmes
que les esprits prétirés page 90.
L'esprit du pistolero suisse est Adolfo il grande. C'est
un esprit plutôt emporté et obnubilé par la lutte contre
l'Espagne.
Premier acte de mémoire : Faire souffrir un Espagnol
gratuitement ou passer une journée à ne rien faire alors que
du travail attend.
L'esprit du noble cavalier est Bertrand Du Guesclin,
célèbre chevalier.
Premier acte de mémoire : Faire souffrir quelqu'un ou
donner ses soins journaliers à un cheval (une tâche réservée
à des roturiers habituellement).
L'esprit du prêtre est Bernard de Clairvaux, un abbé
du XIIème siècle.
Premier acte de mémoire : fuir un endroit plein de
sang alors qu'on le réclame ou vanter ses mérites devant
une personne.
L'esprit du mendiant est Le Renard, une fripouille
qui se joue sans cesse des autres.
Premier acte de mémoire : Faire un jeu quelconque
ou ramener un trophée d'un acte important du scénario.
Enfin, l'esprit de la paysanne se fait nommer le
Conciliateur. C'est un altruiste qui veut que chacun trouve
son bonheur.
Premier acte de mémoire : Aider quelqu'un en lui
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
apportant à manger, en le conseillant... ou trouver un cha-
peau.
Enquête
Le but de ce passage est de mener l'enquête tout en
aidant les joueurs à découvrir leur esprit.
Les PJs vont sûrement aller voir la cabane, ou du
moins ce qu'il en reste. En effet, l'arbre comme la cabane
ont été désintégrés par les tonneaux de poudre placés juste
en-dessous.
Ambiance Enquête
La bataille vient juste de se finir par un statu
quo. Ce n’est pas encore cette fois-ci que les deux
armées vont se départager. Beaucoup de blessés af-
fluent et les canons ennemis ont fait des dégâts.
Les soldats louent le courage du Prince de Condé
qui est venu se battre aux côtés de ses hommes.
Il est resté maître de lui-même malgré l’explosion
dans le camp qui a surpris les soldats. Tout le
monde le considère comme un grand général. Jouez
le contraste avec la précédente visite du camp. Le
Prince de Condé n’était pas dans la cabane lors de
l’explosion, fort heureusement.
Les esprits peuvent donner une description
d’un serviteur qui est passé dans la cabane peu de
temps avant l’explosion pour apporter un peu de vin,
soi-disant d’après les ordres du Prince de Condé.
Il s’agit d’un homme grand et très maigre avec des
bras d’une longueur rare. Il portait un habit marron
clair peu distinctifs. Mais des soldats en bas de la
cabane ont aussi pu voir le même serviteur faire
plusieurs allers-retours sous l’arbre. Et pourtant, ils
n’ont pas vu de tonneaux (serait-ce de la sorcelle-
rie ? Ne pas voir quelque chose d’aussi gros pa-
raît improbable...). Les soldats peuvent compléter la
description en disant que ce personnage douteux se
parlait à lui-même. Il semblait se gronder en disant :
« Ce n’est pas bien monsieur Grandier, vraiment
pas bien. » ou encore « Il est mal placé celui-là, oui,
là c’est mieux pour le grand spectacle ». Un des
gardes a reconnu le dénommé « La Verrue », un
homme qui habituellement aide les médecins et les
chirurgiens dans leur basse besogne.
225

Ambiance
Enquête
La poudrière - Les PJs peuvent aller voir la
réserve de poudre. C’est là que le traître est venu
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
s’approvisionner. Les gardes qui étaient en faction à
ce moment-là ont été mis au cachot car ils se sont
endormis peu de temps avant la bataille, se faisant
réveiller par les tambours du camp qui battaient le
rappel. En allant au cachot, les PJs apprennent de
la part des gardes qu’ils ont accepté de boire un
petit vin d’Anjou avec le grand maigre et qu’ils
se sont assoupis immédiatement après. Les gardes
connaissent son vrai nom : Théodore, dit «La
Verrue», à cause de la grosse verrue qu’il a dans
le cou.
L’hôpital - Le traître travaillait à l’hôpital de
campagne. Il s’agit d’une grande tente qui est rem-
plie de cadavres. Décrivez l’horreur absolue aux
joueurs : leur cinq sens sont agressés. Quand ils
rentrent, il n’y a pas trop de lumière, donc il se
servent d’abord de leur odorat. Il y a une odeur
chaude et forte de mort et d’excréments. Puis ils
sentent leurs pieds collés au sol à cause de la boue
et du sang mélangés. Ils ont dans la bouche ce goût
amer de la défaite et de la mort, celui qui leur fait
mal quand ils déglutissent. Ils commencent à s’ha-
bituer à la faible lumière pour voir enfin tous ces
lits de camps pleins de morts et de mourants. Les
médecins laissent les mourants crier jusqu’à la fin et
s’occupent en priorité de ceux qui peuvent survivre.
Un mourant attrape au passage la main d’un PJ et
refuse de la lui lâcher. Il crie de douleurs pendant
un petit moment le nom de sa femme puis dit qu’il
va rejoindre le seigneur avant de mourir. Le PJ
prêtre sera demandé dès qu’il rentre dans la tente
pour donner les derniers sacrements. Il sera difficile
de refuser.
Sinon, il n’y a pas grand chose à apprendre ici
si ce n’est le nom du traître (Théodore) et qu’il a
effectivement disparu depuis la bataille. Il s’occupait
d’aider les médecins dans leur sale besogne. Il parlait
peu et était particulièrement taciturne mais faisait
son travail. Un des mourants, cadet d’une famille
de bourgeois de Paris, peut demander aux PJs de
ramener ses affaires personnelles à sa famille à Paris.
Il se sait condamné, il a la gangrène jusqu’en haut du
bras (aux PJs de voir si dans leur empressement ils
accepteront cette tâche charitable).
226
Si les PJs veulent de l’aide pour pourchasser le
traître, personne ne pourra leur fournir dans l’immédiat.
Personne ne les connaît à part leurs défunts mentors, qui
ne sont pas les seuls à être morts durant la bataille. De
plus, le Prince de Condé est en pourparlers avec les Es-
pagnols pour convenir d’un cessez-le-feu le temps de récu-
pérer les cadavres laissés entre les lignes. Bref, ils doivent
rattraper le traître seul.
Laissez les joueurs un peu piétiner. Ils doivent inter-
roger des personnes du camp en espérant que quelqu'un
connaîtra le grand bonhomme tout maigre qui parle tout
seul.
Au final, en allant vers l'écurie, Les PJ peuvent
apprendre que le traître est parti à cheval. Il a volé une
monture à l'écurie en frappant violemment le palefrenier
qui essayait de le retenir. Il pourra raconter que le cou de
Théodore, dit Urbain Grandier, était couvert de verrues
immondes. Le traître a été vu par le garçon d'écurie alors
qu'il s'enfonçait dans la forêt au sud. Le garçon d'écurie a
tiré avec une arquebuse sur Théodore, mais il pense avoir
touché le cheval, qui ne s'est pas arrêté pour autant.
Durant l'enquête dans le camp, les esprits doivent se
montrer conciliants en aidant les PJ par de petites indica-
tions. Si l'entente se passe bien, ils proposeront tous d'ac-
complir le premier acte de mémoire. Ce pacte est très aisé
à accomplir. N'hésitez pas non plus à faire intervenir les
esprits conformément à leur caractère. L'esprit raciste pes-
tera contre les Espagnols et soutiendra mordicus qu’Urbain
Grandier travaille pour eux. L'esprit du prêtre voudra que
son réceptacle se fasse flatter pour toutes ses actions, sur-
tout intellectuelles. L'esprit du noble trouvera inadmissible
de tirer à l'arquebuse sur un cheval. L'esprit de la pay-
sanne, bien conciliant, poussera le personnage à aider tout
un chacun tout en répondant amicalement aux questions
de son nouveau réceptacle. Enfin l'esprit du malandrin, Le
Renard, sera bien déçu dans un premier temps de s'être fait
avoir comme un bleu et d'avoir perdu son précédent récep-
tacle. Bref, faites vivre les esprits. Quelques petites phrases
et anecdotes suffisent. Ils ne doivent pas non plus prendre
trop de place. À vous de trouver le juste milieu.
Tout au long du scénario, les esprits insistent sur le
fait de se venger de "La Verrue", tout en précisant aux PJs
que s'ils ne font rien, ils seront sans doute les prochaines
victimes d'Urbain Grandier.
Bagarre en forêt
Dans cette section, on considèrent que les PJ suivent
les traces du traître afin de le combattre ou de le faire
parler.
Le noble connaît les traces de chevaux et le pistolero
a une bonne vue, suivre les traces ne devrait pas poser de
problème. Au bout de vingt minutes de marche dans la fo-
rêt, les PJs retrouvent le cheval mort. C'est là que le traître
leur tombe dessus. Il est accompagné d'autres hommes,
des complices venus le récupérer. Le traître, Théodore "La
Verrue", est possédé par l'esprit qui jadis possédait déjà
Urbain Grandier. Théodore comme Urbain voulait la mort
des mentors et de tous les "privilégiés". Il criera d'ailleurs
"Mort aux privilégiés des rois !" avant de charger les PJs
avec un fouet. Il a deux complices avec lui.
Les deux hommes et Urbain ont chacun une épée
large et un mousquet pour trois. Le combat est plus difficile
 Complice fanatique
Ambiance Bagarre en forêt
Intellect Adresse
2 3
Bagout
3
Persp.
3
Corps
4
Pouvoir
0
Théodore est complètement fanatique et ne Compétences : Armes de mêlée 2
retiendra pas ses coups. Il doit cependant survivre

Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

Esquive 3
pour pouvoir être interrogé par les PJs énervés.
Autorité 2
Leurs esprits peuvent leur rappeler cela. Cependant
s’il le peut, Théodore se suicidera avec un couteau Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
avant la fin du combat, pour ne pas «que Urbain 9 9 8 0 6
soit capturé». Il criera aussi «que la victoire est
Arme Dégâts Recharge Init.
proche de toute façon. Dans une semaine, votre
Épée large 5 - -3
Mazarin sera mort !». Le suicide d’Urbain doit Mousquet 7 60/7 -7
paraitre violent, cela justifie son côté fanatique.

que le précédent car Urbain est un possédé, Influent du

domaine de l'âme. Il utilisera son pouvoir de cauchemar à
la première occasion. En tant que MJ, utilisez ce combat
pour mettre en avant les pouvoirs des esprits. Poussez les
PJs à passer en présence pour disposer de leurs bonus et
sortilèges.
Avant de mourir, Théodore hurle «  La victoire est
proche pour nous. Dans une semaine votre Mazarin sera
Mort ! ».
Fin de la partie
Après cette partie, les joueurs ont bien compris qu'ils
sont en lien très direct avec leur esprit. Ils sont épuisés et
lourdement blessés, mais pourront avoir un peu de repos
avant les prochaines péripéties.
XP gagné : 7 pour chaque personnage.

Au final, sur le corps du traître les PJs trouvent deux

notes énigmatiques qu'il venait de recevoir.

Théodore «La Verrue»

Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
3 4 1 3 3 3

Compétences : Maître de l’âme 2

Esquive 3
Autorité 2
Contrôle de soi 3

Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative

11 11 7 0 7

Pouvoirs de
présence : Influent du domaine de l’âme
Force de l’outre monde (+1 Dégâts)
Esquive surnaturelle (+2 DefDist)

Arme Dégâts Recharge Init.

Dague 3 - -1

227
 Vengeance : déroulement du scénario
Obstacle difficile pour les joueurs
Obstacle facile pour les joueurs
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
Découverte des esprits
Après les migraines et les nausées, une voix dans la
tête. Une voix qui vient du fond de soi-même.
Faire connaissance avec son esprit
Enquête
Juste après l’explosion qui a tué les mentors, les Es-
pagnols ont attaqué le campements français. L’assaut s’est
fini par un statu quo, mais les morts et les blessés affluent.
Découvrir que le traître est parti à Paris
Peu de gens se sentent concernés par cette histoire, il y
a d’autres chats à fouetter
Le traître était discret et peu se rappellent de lui.
Les esprits se rappellent qu’on leur a amené à boire
Les soldats qui gardaient la cabane de commandement
se rappellent de celui qui les a drogués
Le traître s’est fait remarquer quand il a fui avec un
cheval en se faisant tirer dessus
Accomplir le premier acte de mémoire
228
Objectif du scénario Description
Ouverture
Objectif secondaire
Bagarre en forêt
Le cheval de Théodore a été touché par une balle en
fuyant le camp. Il est possible de le retrouver, mort, à vingt
minutes de marche du camp.
Trouver les deux notes énigmatiques dans les poches
de Théodore
Théodore est furibond et attaque les PJs avec deux
complices aussi fanatiques que lui
Apprendre que Mazarin est une cible de Théodore
À sa mort, Théodore hurle que Mazarin mourra dans
une semaine
Fin
Théodore est mort, les PJs ont vengé leur mentor et
prit connaissance de leurs esprits. Mais les dernières paroles
de Théodore, et les papiers qu’ils transportent, laissent à
croire à un complot d’envergure.
Les PJs gagnent 7 XP
 Partie 3 : Paris
et ses mystères
Synopsis
Les PJ apprennent à mieux gérer leur esprit et font
le premier acte de mémoire au début du scénario s'ils ne
l'ont pas fait durant le précédent. Il est très important
que les joueurs comprennent qu'ils ont tout intérêt à faire
confiance à leur esprit et à mieux les connaître.
L'enquête redémarre avec maintenant la nécessité
de sauver Mazarin d'un complot. Il y aurait une grande
conspiration qui viserait les puissants de l'armée de France
et du gouvernement. Les mentors des PJs étaient la pre-
mière étape. La Verrue devait rejoindre ses commanditaires
à la capitale.
C'est l'occasion pour la première vraie enquête et
pour le premier contact avec Paris. Il faut mettre en avant
tout ce qui fait que la cité est vivante. L'ambiance doit être
orientée baroque, riche et grandiose.
Sortir du camp
L'objectif ici est de prendre connaissance des lettres
qui était sur la Verrue et de se diriger vers le lieu dont elles
parlent : Paris.
Ambiance Sortir du camp
Les PJ sont toujours au service de la couronne
de France et de son armée. Cependant, s’ils en font
la demande à leurs supérieurs, on les libèrera sans
peine. Le Prince de Condé lui-même viendra les
voir pour leur souhaiter bon voyage tout en disant
que les Espagnols paieront cher leur attaque. Le
Prince de Condé est un grand du royaume, un
prince de sang, cousin de Louis XIV lui même
et un brillant général. Il est jeune avec un port
noble mais sans être méprisant. Il insiste pour que
la hiérarchie soit respectée mais récompense toujours
justement ses hommes. Bref, c’est un bon comman-
dant. Il remettra au cavalier ou au prêtre une lettre
cachetée qu’il désire envoyer à un certain Broussel
siégeant à Paris. Aux PJ de faire les intermédiaires.
Le sujet de la lettre est «secret» bien sûr.
Si les PJ parlent de la tentative d’assassinat
de Mazarin qui se prépare, le Prince les expédie à
Paris immédiatement, tout en précisant qu’il déteste
le ministre italien, d’origine roturière et orgueilleux.
Les deux lettre récupérées sur le traitre Théodore
portent les messages suivants :
1. "Lorsque vous épaterez la galerie dans la rue aux
herbes, faites tournoyer votre instrument"
Signé R.
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
2. "Et spiritus proles radico in tela."
Voilà le point de départ.
La rue aux herbes est une rue de Paris tout près de
la Seine, près du pont aux changes. Un personnage peut
savoir cela s'il réussi un jet de Connaissance de la France
difficulté 9. Paris est donc la prochaine étape.
La sortie du camp se fait sans souci. Chaque soldat
reçoit sa solde avant de partir : 10 Livres pour le cavalier,
2 pour le prêtre, 3 pour le Suisse, 1 pour le mendiant et 1
pour la paysanne. On ne donne qu'aux riches.
Paris, premier contact
La traversée du pays en direction de Paris se fait sans
soucis. Elle prendra cependant deux jours avec une voiture
tirée par quatre chevaux. Il s'agit du coche qui fait la liai-
son jusqu'à Paris pour transmettre le courrier.
Les PJs savent qu'un attentat se prépare contre le
cardinal. Le point de départ de leur enquête réside dans
l'étude et la compréhension des deux lettres. Les différentes
pistes dont disposent les joueurs vont s'entremêler. Poussez
les PJs à se séparer pour gagner du temps. En effet, il ne
leur reste que deux jours avant l'ultimatum lancé par ce
fou de Théodore prophétisant la mort du cardinal.
Des idées d’ambiance pour l’arrivée à Paris sont don-
nées page suivante.
Piste 1 : Le texte latin
Le texte en latin cache une information intéres-
sante, et cette fois les joueurs eux-mêmes devront résoudre
l’énigme. Cette information n’est pas indispensable mais
permet aux joueurs de savoir un peu mieux ce qui les at-
tend.
Le prêtre peut essayer de comprendre le texte en la-
tin (jet Latin, difficulté 10). Cependant, les joueurs peuvent
aussi utiliser un de leurs contacts sur Paris apte à traduire
le texte ou alors passer par un universitaire. Dans tous les
cas, la traduction ne doit pas être trop difficile à obtenir :
"La progéniture de l'esprit prend racine dans l'in-
trigue".
Laissez les joueurs se creuser la tête sur cette étrange
traduction. Il doit être évident qu'il se trouve un message
caché à l'intérieur. Mais lequel ?
En passant plus de temps sur ce texte, un personnage
disposant d'un bon niveau de latin verra que la construc-
tion de la phrase est étrange. En effet, pour qu'elle soit
grammaticalement correcte, il faut écrire : "Et spiritus ra-
dico in tela proles". Le verbe devrait se trouver à la fin.
Cette erreur cache t'elle quelque chose ? Il s'agit d'un in-
dice pour trouver la clef que renferme cette phrase. Ce qui
est important c'est l'emplacement des mots ; l'auteur a fait
une erreur grammaticale volontairement.
229
 Ambiance Paris, premier contact
La lettre à remettre à Broussel, membre
éminent du Parlement de Paris, sera une formalité.
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
Le PJ se présentant à la porte se verra prendre la
lettre par un valet qui le remerciera de quelques
Sous. Il ne fera pas d’histoire en voyant le sceau du
Prince de Condé, mais présentera tout de même
beaucoup de surprise si le PJ choisi pour remettre la
missive n’est pas un noble.
Décrivez tranquillement la ville de Paris. Ins-
pirez-vous du chapitre «Paris 1648». Tout doit
paraître joyeux et agité, comme dans un manège
virevoltant où chacun court à son occupation. On
entend des rires sortant des tavernes, les marchands
et marchandes interpellent le passant en utilisant
leur voix puissante et parfois mélodieuse. Pour le
campagnard, tout ceci doit être un choc, comme
l’impression de rentrer dans une fourmilière géante
où chacun a sa place.
Pour faire vivre la capitale du royaume de
France, faites intervenir quelques petits évènements
tout au long du scénario. En voici quelques-uns.
Les faubourgs
Alors que les PJs sont dans un des gros fau-
bourgs de la ville, la voie est bouchée par des ou-
vriers qui déchargent leur charrette. Mais un noble
arrive avec son carrosse et décide de passer en
force en fouettant les roturiers. Il crie «Place, place!
Bande de gueux !». Cette petite scène est juste là
pour monter aux PJs les comportements de certains
nobles. Si les PJs ne font rien, les ouvriers finissent
par dégager la voie, ce qui les retarde dans leur
travail. S’ils essaient d’intervenir, les ouvriers ne
se défendront même pas eux-mêmes et s’écraseront
toujours devant le noble du carrosse.
Gazette de France
Un passant distribue la Gazette de France aux
PJs, les tenant ainsi au courant des derniers évè-
nements de la cour. On y parle du cours de danse
que Louis Dieudonnée (futur louis XIV) a reçu au
Louvre et qu’il est très bon danseur. On parle aussi
de la futur victoire du Prince de Condé dans le
Nord. La défaite n’est pas envisagée.
230
Les Mazarinades
On distribue aussi des Mazarinades. Il s’agit
de pamphlets décrivant le cardinal ministre comme
un personnage sale et repoussant, traînant avec lui
son harem de filles italiennes qui propagent la ma-
ladie et la vermine dans Paris. Un tissu de men-
songes mais les gens semblent y adhérer. Le cardinal
est très impopulaire à cause des taxes qu’il a créées
pour financer la guerre de Trente ans.
Théâtre
Les PJs voient aussi une pièce de théâtre en
extérieur jouée par des artistes italiens. Ils ont des
costumes hauts en couleurs et portent des masques
tout aussi étranges. Les gens s’amusent beaucoup à
les regarder ou à suivre leur pièce et les PJ passe-
ront un bon moment s’ils décident de s’y arrêter
un moment.
Duel
Essayez de provoquer un duel à la première
occasion entre un bretteur parisien et un des PJs
(de préférence noble). Cela permet de se mettre
dans l’ambiance. Il peut y avoir un duel avec le noble
qui tente de forcer le passage ou avec un noble lors
de la représentation au théâtre qui se moque ouver-
tement de l’habillement des PJs, ou encore avec un
espèce de gentilhomme défendant une femme qu’il
accuse les PJ d’avoir bousculée... Bref, imaginez un
butor sans éducation qui se croit plus fort que tout
le monde.
Le Louvre
Si les PJs tentent d’aller au Louvre pour pré-
venir Mazarin, ils se feront refouler à l’entrée par
les gardes, et ce quelle que soit leur naissance. Tout
au plus, les gardes pourront promettre de faire
passer un message à son éminence. C’est aux PJs de
mener seuls l’enquête, leurs esprits les poussent dans
cette direction pour ne pas que la mort de leurs
mentors reste vaine.
 Au final, la solution consiste à prendre la première
lettre de chaque mot pour former le mot ESPRIT. Il s'agit
d'un mot de passe. Mais pour aller où ?
Piste 2 : la rue aux herbes
Le deuxième message conduit tout droit les joueurs
dans la rue aux herbes. Comme vous le verrez, il s'agit
d'une faible piste et on conseille de pousser les joueurs à
ne pas s'arrêter là, mais bien de suivre les autres pistes ;
notamment celle de leur esprit. Cette piste permet juste
d'avoir une indication sur l'apparence d'un des conspira-
teurs.
La rue aux herbes est située près du pont aux changes
où se réunissent les herboristes et les apothicaires de la
ville. Cependant, un personnage qui connaît la capital sau-
ra qu'il se trouve aussi une salle de jeu de paume réputée
dans cette rue. On peut la trouver en se baladant dans la
rue en ayant une bonne vue ou en interrogeant les passants.
La salle de jeu de paume est bien le lieu décrit dans le
message. En effet, on y trouve en hauteur une galerie qui
permet de voir les parties sur les deux terrains que compte
la salle. "Épater la galerie" est une expression venant du
jeu de paume. Le message semble indiquer qu'il faut donc
gagner un match ici et agiter sa raquette en l'air comme
pour fêter sa victoire.
En sortant de la salle de jeu de paume, si le per-
sonnage a bien agité sa raquette en gagnant, une petite
fille viendra lui donner un message. Sur un bout de papier
plié en quatre il est demandé aux joueurs de se trouver
quelques heures plus tard en-dessous du pont aux changes
à deux pas d'ici.
Le point de rendez-vous se trouve dans un endroit
sombre, sous une des arcades du pont, dans un petit terrain
qu'on ne voit pas du fleuve ni du pont. Pour y aller, on est
Ambiance
La rue aux herbes
Il se trouve différentes personnes qui sont
prêtes à jouer contre un des PJs dans une pe-
tite partie amicale. Il est aussi possible de parier
de l’argent sur le futur vainqueur. Le joueur sera
opposé à un nouveau venu de la salle. Ce der-
nier dispose d’un attribut Adresse de 3 et d’une
compétente Armes de mêlée de 2, ainsi que d’un
attribut Corps de 2 et une compétence Athlétisme
de 2. Il est possible de combattre un adversaire plus
expérimenté si la partie est trop inégale. Le joueur
de paume expérimenté aura 4 en Adresse et 4 en
compétence Jeu de paume, ainsi que 3 en Corps et
3 en Athlétisme. Les matchs se font en deux points
gagnants selon les règles décrites page 25. Le
joueur gagnant sera applaudi selon sa performance
par quelques personnes sur la galerie ou par toute
la salle. Une belle dame pourrait même en profiter
pour venir le complimenter.
obligé de marcher dans la boue charriée par le fleuve, un
mélange de terre et de détritus jetés là par les parisiens.
Mais il s'agit d'un guet-apens. Les personnages qui
seront au rendez vous se feront agresser par une bande de
coupe-jarrets tout droit sortis de la plus sale des cours des
miracles de Paris. Les agresseurs sont au même nombre que
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
les PJs. Ils approchent en ricanant, en parlant leur curieux
langage des rues, puis se moquent des PJs ouvertement
avant de les charger par surprise avec leur lames de cou-
teau. Le combat n'est pas difficile. Les gredins n'ayant que
de courtes lames, ils se feront probablement rapidement
dominer par les PJs.
Coupe-jarrets
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
2 3 2 3 3 0
Compétences : Dague 4
Esquive 4
Autorité 3
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
9 9 7 0 6
Arme Dégâts Recharge Init.
Dague 3 - -1
En faisant parler un des agresseurs, les PJs pourront
apprendre que ces coupe-jarrets sans avenir ont été engagés
tout à l'heure, dans une ruelle proche de la rue aux herbes,
par un homme étrange afin d'assassiner les personnes se
trouvant sous le pont. Les agresseurs peuvent alors décrire
leur employeur aux PJs : il s'agit d'un homme assez triste
d'une trentaine d'années qui s'habille à la mode espagnole
(en noir avec un col blanc). Mais les agresseurs ont surtout
noté sa langue fourchue qui sortait de sa bouche par mo-
ment pour se lécher les lèvres quand il a mentionné le mot
"meurtre".
À ce moment, les PJs seront un peu frustrés. La piste
de la rue aux herbes ne mène à rien. L'homme étrange à la
langue fourchue n'a pas reconnu "La Verrue" dans la salle
de jeu de paume, et il a donc organisé ce guet-apens.
Piste 3 : Les esprits et les mentors
L'objectif de cette piste est de montrer aux joueurs
que leurs esprits peuvent leur amener des pistes impor-
tantes, via leurs incarnations précédentes. Les PJs vont
ainsi être amenés à rencontrer un porteur d'eau qui travail-
lait pour leurs mentors.
Les esprits connaissaient des choses sur la vie des
mentors des PJs. Ils désirent que les possédés en apprennent
plus sur eux et notamment qu'ils trouvent la cachette où
se réunissaient les mentors. Dès que les réceptacles entrent
dans la capitale, les esprits vont tout de suite insister pour
qu'ils aillent dans une petite rue sombre de la ville, dans la
partie sud, non loin de la rue saint Jacques. Là, dans une
ruelle coincée entre deux maisons, les esprits reconnaîtront
l'endroit. Une porte donnant sur un escalier permet de des-
cendre directement à la cave. Les PJs y verront des rats
qu'il faudra chasser de quelques coups de pied. Les esprits
leur diront qu'ils ont de plus en plus de souvenirs de leur
231
 réceptacle précédent, que c'était leur cachette. En fait, on Mais le cardinal est très impopulaire et ses ennemis sont
peut trouver des lits de camp en paille par terre ainsi que partout !
tout un mur de tonneaux qui ne renferment que des vivres
dont certains ont été attaqués par les rats. Les possédés ont

Ambiance
besoin de se cacher quelques fois à cause de leurs pouvoirs
surnaturels. Et c'est ici que se cachaient les mentors des
PJs. Il est aussi possible de retrouver le journal du chef
Fausse piste
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

de la compagnie de mercenaire (ou d'un autre mentor si

personne ne joue ce personnage). Ce dernier a dû se cacher Il est possible de développer une fausse piste
ici pendant un temps, ses amis lui apportant des vivres de
temps à autre. Il en a profité pour écrire un journal qu'il a
dans ce scénario. Dans la rue aux herbes, les PJs
toujours tenu à jour. peuvent rencontrer un homme distribuant des ma-
zarinades. Il ne sera pas difficile de lui faire avouer
Les dernières entrées sont les plus intéressantes. Il
a écrit avant de partir au front. Lui et ses compagnons
que l’homme qui demande ces pamphlets est un très
auraient en effet entendu parler d'un grand groupe de grand ennemi du cardinal. Le vendeur peut donner
possédés qui mènerait un complot contre le pouvoir royal le nom de l’auteur, si on le menace, ou si on le paie.
et contre Mazarin. Leur chef se ferait appeler Ravaillac,
ou plutôt se serait l'esprit qui possédait Ravaillac. Tous
Au final le commanditaire se trouvera être Paul de
les français savent que Ravaillac est l'homme qui a tué Gondi, coadjucateur de Paris, un homme d’Église
Henry  IV, grand-père de Louis  XIV, et roi de France très puissant et très riche et en effet ennemi de
avant Louis XIII. Les mentors ont commencé à enquêter.
On parle d'une société secrète se basant vers le pont aux
Mazarin. Il aurait tout à gagner à un assassinat. Mais
changes. Ils avaient engagé un jeune porteur d'eau afin pourtant il n’a rien à voir dans cette affaire.
qu'il leur ramène des informations régulièrement.

AmbianceLes esprits et les mentors

Les PJs peuvent décider de faire de cette
cachette la leur au besoin. Elle est plutôt sûre si on
en chasse les rats. C’est aussi l’occasion de montrer
qu’il est important pour les joueurs d’aider leurs
esprits à se souvenir de leurs vies passées. Il peut
s’agir ici d’une première étape vers le deuxième acte
de mémoire.
Fin de la partie
Cette enquête n'est pas des plus simples et demande
de prendre des risques. Les PJs savent désormais qu'ils sont
sur la bonne voie et qu'ils s'attaquent à quelque chose de
très grand.
XP gagné : 7 pour chaque personnage.

Le jeune Hubert est porteur d'eau à Paris. Il est assez

facile de le trouver car il revient plusieurs fois par jour à
la pompe placée sur le pont Neuf. Il fait ensuite la tour-
née des commerces pour les réapprovisionner en eau. Cela
lui permet d'espionner discrètement. Il pourra être un peu
craintif au début mais il sera plus en confiance quand les
PJs évoqueront leurs mentors disparus et plus encore s'ils
parlent de le payer pour son travail d'espion et les informa-
tions qu'il a récupérées.

Le porteur d'eau a en effet continué son travail d'es-

pion et il a réuni des informations. Il sait que de nombreux
ennemis du cardinal se réunissent souvent dans une des
auberges de la ville, située sur le pont aux changes. Il s'agit
de l'auberge des trois barons. Il a entendu plusieurs de ces
hommes parler de membres d'une société secrète qui prépa-
reraient l'après-Mazarin, et ces membres recruteraient dans
l'auberge. Les membres de la société secrète se cachent
parmi les habitués.

Fausse piste
Il est toujours intéressant de laisser de fausses pistes
aux joueurs.

Les joueurs savent que c’est le cardinal Mazarin qui

est visé, ils chercheront alors peut-être parmi ses ennemis.

232
 Paris et ses mystères : déroulement du scénario
Obstacle difficile pour les joueurs
Obstacle facile pour les joueurs
Le camp militaire
Les PJs découvrent les mystérieux messages et ne sont
pas bien avancés. Il faudra malgré tout poursuivre l’enquête.
Partir pour Paris
La seule indication est la rue aux herbes, malgré tout
très connue.
Les PJs sont encore au service de l’armée, on ne part
pas comme ça.
Arrivée dans Paris
Paris est une vraie fourmilière, c’est le moment de la
faire vivre !
Les faubourgs : Sur une route bouchée par des ouvriers
qui déchargent, un noble arrive avec son carrosse. Il veut
passer de force en frappant les ouvriers.
Gazette de France : La gazette est distribuée dans la
rue, parlant des derniers évènements à la cour.
Mazarinades : Des pamphlets ridiculisant le cardinal
Mazarin sont distribués. Les textes ont beaucoup de succès.
Duel : À la première occasion, un butor violent pro-
voque un des PJ en duel, pour plaire à une dame.
Louvre : Les PJ pourront faire passer un message au
cardinal sur l’attentat à venir. Mais il n’est pas possible de
le rencontrer.
1ère piste : le texte latin
Le texte en latin est vraiment mystérieux...
Découvrir le mot ESPRIT
La phrase est codée, il faut inverser un mot pour que la
grammaire latine soit correcte.
Beaucoup de lettrés de la capitale parlent très bien le
latin
Pour obtenir le mot de passe, il faut prendre juste la
première lettre de chaque mot.
Objectif du scénario Description
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
Objectif secondaire Ouverture
2ème piste : la rue aux herbes
La rue aux herbes est une rue passante en plein cœur
de Paris. Elle est notamment connue pour sa salle de jeu de
paume, très en vogue à cette époque.
Obtenir le message avec le rendez-vous sous le pont
Il faut gagner une partie de jeu de paume et agiter sa
raquette, comme indiqué sur le papier.
Après le signal, une petite fille apporte le message au
PJ qui a gagné le match.
Survivre au get-appens
C’est un piège et les PJs sont attendus.
3ème piste : Les esprits
Les esprits ont des souvenirs qui surgissent au fur et à
mesure que les rues défilent. Ils se rappellent apparemment
d’informations importantes.
Retrouver la cachette des mentors et le journal d’un
ancien réceptacle des esprits.
La cachette est bien cachée et les esprits se souviennent
mal.
Le journal mentionne un complot contre le pouvoir
royal par un clan de possédé, les Égalitaire. Leur chef se fait
appeler Ravaillac.
Les membres de ce groupes se réunissaient vers le pont
aux changes. Un jeune porteur d’eau, nommé Hubert, enquê-
tait pour le compte des mentors.
Fin
L’enquête n’est pas simple mais les PJ progressent et ils
ont une jolie piste qui les attend.
Les PJs gagnent 7 XP
233
 Partie 4 : Sauvetage Quand les joueurs ont identifié le suspect, ce dernier
commencera à partir, se dirigeant vers une sortie secon-
daire de l'auberge. Les esprits peuvent conseiller aux PJs
de suivre le curieux personnage, possédé, avec la langue
en fourche. Les PJs pourront le voir prendre la sortie des
cuisines qui donne sur une petite place. Sur cette petite
placette coincée sur le pont au milieu de la rivière de Seine
Synopsis
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

se trouvent six hommes solides et forts. Le suspect traverse

alors la place avant de rentrer tout de suite dans un autre
Les PJs découvrent que la secte secrète est un clan de bâtiment tout en disant un mot rapide aux gardes. Un jet
possédés qui vise à renverser le gouvernement français. Si de Perception difficulté 10 permet de se rendre compte que
leur but est noble (détruire la noblesse et toutes les classes l'homme a bien dit un mot de passe, mais impossible de
dirigeantes, prémices de la révolution), leur méthode l'est l'entendre sans se faire repérer.
moins : les PJs découvrent que le clan se prépare à tuer
Mazarin dans un guet-apens le soir même ! Ils n'ont que Si les PJs veulent suivre leur suspect, il faut passer
quelques minutes pour aller sur le lieu de l'attaque. Le les hommes à l'allure patibulaire qui gardent le passage
carrosse de Mazarin passe alors que les PJs sont en pleine entre l'auberge et la porte. Si un des PJs approche, les bu-
bataille contre les vilains dont un possédé. tors lui demandent le mot de passe. C'est bien sûr le mot
Esprit qu'il faut prononcer comme décrypté dans le code.
Les PJs sauvent Mazarin, ou pas. Mais peu importe, Si les PJs disent autre chose les hommes d'armes attaquent
car le tout se finit par un carrosse vide. Mazarin a sauté sans hésiter. Étant donné qu'ils sont six, il serait bon pour
bien avant, sachant ce qui l'attendait. Il a laissé son chauf- les PJs d'avoir trouvé le mot de passe.
feur conduire seul vers la mort. Dans tous les cas, les PJs
se sont fait bien voir du grand homme qui les récompensera Une fois passé la porte, les PJs rentrent alors dans
en faisant accélérer leur entrée dans le clan de la Fleur de l'antre de la société secrète guidée par Ravaillac, l'esprit
Lys, clan où étaient leurs mentors avant eux ; comme par assassin des rois.
hasard...
Les hommes d'armes ont été bien payés pour gar-
der cette porte. Ce sont des anciens militaires et ils font
L'auberge des Trois barons leur travail avec application. En revanche ils n'ont aucune
connaissance des possédés.
Les PJs ont repéré l'auberge où se réunissent les
conspirateurs. Encore faut-il déterminer qui ils sont. Le
but ici est de trouver le suspect puis de le suivre jusqu'à Homme d’armes
son antre.
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir
Dans cette auberge se retrouvent tous les soirs 3 4 2 3 3 0
quelques ennemis du cardinal, des bourgeois fatigués par
les taxes, des nobles écartés du Parlement ou de la cour. Compétences : Armes de mêlée 3
Bref, que des mécontents. Mais aussi des grands noms
comme justement le coadjucateur de Paris, Paul de Gondi. Esquive 3
Encore l'occasion pour les PJ de partir sur une fausse piste. Pugilat 3
Mais s'ils ont mené à bien la piste du jeu de paume, Autorité 3
ils connaissent l'apparence de l'ennemi, de celui qui a voulu
leur mort tout récemment. Les PJ vont sans doute cher-
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative
cher à s'infiltrer dans cette bonne société. L'auberge est
accueillante, tenu par la famille Bonacieux, père, mère et 12 13 8 1 5
fille. Des comédiens italiens sont là pour égailler la soirée
sur une estrade improvisée. Mais les gens les plus riches Arme Dégâts Recharge Init.
se rassemblent dans un petit salon contiguë à la pièces Épée large 5 - -3
principales pour manger finement à l'italienne (avec une
fourchette), tout en fumant du tabac des Indes. Si les PJ
parviennent à tenter dans ce salon, ils y verront trois per-
sonnes avec le même vêtement noir et sobre, plus du tout à
la mode, vêtement qui correspond à leur cible. Aux PJs de Dans l'antre du clan des égalitaires
trouver un moyen pour leur faire montrer la langue ou voir
Dans ce passage, les PJs vont découvrir une cache du
le fond de leur gorge. Une boisson amère ou un peu forte
clan des égalitaire, avant de rattraper Herbert Tomain, le
peut le faire tousser par exemple, ou une petite frayeur
possédé à la langue fourchue.
peut le faire pousser un cri bref. Laissez les joueurs être
imaginatif.
Une fois les gardes de l'entrée dépassés, les PJs s'en-
foncent dans un autre monde. La surface va leur paraître
Les PJs finissent ainsi par repérer l'usurier Herbert
accueillante en comparaison avec ce qui les attend. Insistez
Tomain comme étant possédé.
sur le fait que le lieu est lugubre et humide. La porte sur le
pont aux changes mène sur un grand escalier en spirale qui
Une fois la bonne personne repérée, il n'est pas pen-
semble descendre dans les ténèbres. Il descend en fait dans
sable de l'attaquer de front dans l'auberge, il y aurait bien
une des bases du pont.
trop de monde contre les PJs. Ce serait un crime. Et qui
plus est ça ne serait pas très intelligent de se dévoiler tout
Après la porte en bois moisie s'ouvre un petit couloir
de suite. Les esprits peuvent indiquer cela aux PJs s'ils
qui débouche dans la dernière pièce de cet étrange endroit.
sont trop pressés.
Là se trouve le possédé de l'auberge des trois barons en
train de se pencher sur d'étranges cuves creusées à même

234
 Ambiance Dans l’antre
les possédés passent devant le miroir, celui qui aura
Les PJs ne le savent pas encore mais ils sont
le plus faible charisme aura la désagréable impression
entrés dans l’antre du clan des égalitaires. Ce sont

Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

que son reflet le regarde. S’il s’arrête il pourra se
tous des possédés et l’endroit respire le surnatu-
rendre compte que son reflet agit bizarrement. Plus
rel. Plusieurs petits évènements vont immerger les
le personnage reste devant le miroir et plus le reflet
joueurs dans cette drôle d’ambiance.
devient indépendant, il finit par rire aux éclats en
Ils arrivent tout d’abord dans une cave, située
se moquant visiblement de son double. Tout ceci
dans la pile du pont. Ils peuvent trouver beaucoup
n’est qu’illusoire mais devrait mettre mal à l’aise les
de tonneaux de vin ainsi qu’un panneau en bois qui,
personnages comme les joueurs. Pour refléter ce
une fois ouvert, donne sur l’extérieur. On peut
malaise, chaque personnage doit réussir un jet de
alors voir la Seine qui coule en contrebas. Il est de
Contrôle de soi contre une difficulté de 12, sinon
coutume pour les bateliers d’utiliser ces ouvertures
il aura un malus de -2 à toutes ses actions à cause
pour faire monter des marchandises. Si un des pos-
du stress.
sédés rentre en présence alors qu’il est dans la cave,
les quelques torches fixées au mur s’allument alors
Le petit escalier en spirale conduit sous terre,
d’elles-mêmes sans explication. Cet évènement sur-
bien en-dessous de la Seine. Le conduit devient
naturel doit faire stresser les PJs.
humide et il y a même de l’eau qui passe par en-
droits entre les rochers constituant le mur. Et tou-
Cet endroit doit rappeler aux joueurs la cache
jours ces torches qui s’allument sur le passage des
de leurs anciens mentors. En effet, il s’agit ni plus
possédés. Au bout de l’escalier se trouve une petite
ni moins de l’actuelle cache d’un autre clan de pos-
pièce avec un sol en terre battue couvert de paille.
sédés. Dans la cave se trouve aussi un pupitre avec
On retrouve aussi des lits de fortune ainsi que
une lettre dessus. Il s’agit des écrits du chef du clan,
deux coffres contenant des vivres et des vêtements
l’énigmatique Ravaillac. Dans cette lettre, il essaye
propres. Un des coffres est fermé à clef et ren-
d’expliquer son point de vue sur la possibilité de
ferme quelque 30 Livres.
créer un nouveau monde sans roi, plus ouvert aux
À l’autre bout de la pièce se trouve une pe-
entrepreneurs, aux nouveaux venus. Il commence à
tite porte en bois moisie. L’ouvrir ne pose pas de
décrire dans les grandes lignes un monde où les gens
difficulté. Cependant une autre illusion attend les
gagneraient leur vie par leur mérite et non par leur
personnages. En ouvrant la porte ils ont déclenché
naissance. Il précise aussi que cela passe par la des-
une sorte de raz-de-marée. De l’eau s’infiltre en
truction des dirigeants actuels. Il s’agit en fait d’une
grande quantité dans le couloir qui vient de s’ou-
lettre qu’il se préparait à envoyer aux membres du
vrir. Chaque personnage doit encore faire un jet de
parlement de Paris. Cela permet aux joueurs de
Contrôle de soi pour ne pas paniquer contre une
mieux comprendre la philosophie de leur ennemi.
difficulté de 15. En cas, d’échec, le personnage croit
Parmi les personnes à qui est destinée cette lettre,
qu’il va mourir noyé dans cette immonde cave à rats
il est possible de trouver entre autre les noms de
et subit à nouveau un malus de -2 à tous ses tests.
Broussel et de Paul de Gondi (il s’agit encore de
Mais l’eau qui s’infiltre n’est qu’une illusion et tout
fausses pistes).
revient à la normale au bout de quelques secondes,
Dans un coin de la pièce se trouve un miroir
après que la fausse eau se soit écoulée à-travers le
et juste à côté un petite escalier en spirale qui des-
sol.
cend encore plus profondément sous terre. Lorsque

la terre. Des vapeurs s'en échappent, rappelant aux per-
sonnages un parfum étrange de plantes exotiques. Le pos-
sédé accueille les PJs, les invitant à entrer et à discuter. Il
se présente comme étant Jacque Clément. Un PJ qui s'y
connaît en Histoire de France sait qu'il s'agit du prêtre qui
a assassiné Henri III, le roi qui a précédé Henri IV sur le
trône de France. Mais le possédé annonce aussi qu'il est
trop tard pour eux. Ce soir même, Mazarin sera assassiné
alors qu'il reviendra dans son carrosse vers le Louvre après
avoir passé une nuit à miser sur des jeux d'argent dont il
est si friand. Son grand maître, Ravaillac, le tuera dans une
embuscade habile sur le trajet de son carrosse. L'attentat a
lieu dans la rue aux herbes. Si on lui demande, il précisera
que oui, ils ont planifié l'assassinat des mentors des PJs car
ils s'opposaient à leur grand projet. Il proposera aux PJs
de le rejoindre dans le nouveau monde qui va naître, sans
roi, sans maître. Cette proposition est sincère. Mais en cas
de refus il attaquera.
Des formes fantomatiques, comme des spectres,
sortiront alors des cuves et attaqueront les PJs. Il s'agit

235
 encore d'illusions mais plus les PJs y croient, plus ils les
combattent et plus elles prennent forme. La seule solution
consiste à abattre l'homme possédé par Jacques Clément,
ou à vider les cuves de leur liquides étranges. Il s'agit du
rituel de Créatures de brumes.
Encore une fois, le possédé Jacques Clément essaiera
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois
Au final, le criminel s'avance vers le carrosse avec une
épée à la main pour donner le coup de grâce. Mais quand il
ouvre la porte, lui et les joueurs voient que le carrosse est
vide. Le cardinal a sauté en route.
Ravaillac rentre alors dans une rage folle puis s'enfuit
en sautant sur les toits. On conseille au MJ de faire en

de se suicider plutôt que de tomber entre les mains de sorte qu'aucun PJ ne le poursuive. Ceci permet de créer
ses ennemis. Il y a deux spectres à combattre en plus du un ennemi récurrent qui pourra revenir lors de futures
possédé. confrontations. Lors de ce combat, laissez les joueurs ten-
ter ce qu'ils désirent pour sauver le cardinal. Leur adver-
saire est puissant mais au besoin faites intervenir d'autres
Herbert Tomain hommes de main.
possédé par Jacques Clément
Ce final est très dirigiste, libre au MJ de le changer
Intellect Adresse Bagout Persp. Corps Pouvoir s'il désire avoir une fin plus concluante dans laquelle le
3 4 2 2 4 3 grand méchant est neutralisé.

Compétences : Armes de mêlée 3

Esquive 3
Conclusion
Conversation 3 Les PJs seront contactés quelques temps plus tard
Contrôle de soi 3 par un des hommes du cardinal. On les fera rentrer dans
le clan de la Fleur de Lys. Il s'agit d'un clan de possédés
Def CC Def Dist Def Spirit Résistance Initiative qui désire protéger la couronne de France. Ils apprendront
alors que leurs mentors en faisaient partie et que c'est pour
12 12 8 1 4
cela que Jacques Clément et Ravaillac ont voulu leur mort.
Pouvoirs de
XP gagné : 10 pour chaque personnage.
présence : Épée large +1D
Esquive +1D
Force de l’outre monde (+1 Dégâts)
Plus besoin de se nourrir

Arme Dégâts Recharge Init.

Épée large 5 - -3

Attentat
Le but ici est de mettre la pression. Les joueurs ont
compris que l’objectif réel de leur adversaire est le cardi-
nal. C’est maintenant qu’il faut mettre la pression et être
décisif.

Les PJs n'ont pas le temps de s'arrêter. Si on imagine

qu'ils ont refusé l'offre du possédé, les voilà maintenant
en train de courir dans les rues de Paris pour rejoindre
le carrosse de Mazarin et empêcher l'attentat. Il est alors
tard dans la nuit et les rues sont vides. Le carrosse va
passer par la rue aux herbes avant de rejoindre le Louvre.
C'est là qu'aura lieu l'attentat. Quand les PJs arrivent ils
entendent au loin le bruit du carrosse lancé à vive allure
et le cocher qui crie « Place ! Place ! ». Mais dans la rue
ils voient aussi deux hommes en train de placer des barils
de poudre sur la voie. Un troisième est posté contre le mur
d'une échoppe adjacente, épiant l'arrivée du cardinal. C'est
le dénommé Ravaillac. C'est le seul possédé ici, les deux
autres étant des hommes de main. Décrivez un homme ter-
rifiant dont les yeux semblent imbibés de rage.

Laissez les PJs se battre contre les hommes de main,

mais quand le carrosse arrive Ravaillac met le feu à un des
tonneaux, faisant exploser tout l'ensemble et renversant le
carrosse. Ravaillac est un très puissant possédé. Il connaît
de grands secrets et ne doit pas succomber dans cette
scène. N'hésitez pas à tricher sur les jets pour le rendre
encore plus fort.

236
 Sauvetage : déroulement du scénario
Obstacle difficile pour les joueurs Objectif du scénario Description

Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

Obstacle facile pour les joueurs Objectif secondaire Ouverture

L’auberge des Trois Barons Attentat

L’auberge, tenue par la famille Bonacieux, est accueil- Les PJs courent dans les rues de Paris de nuit. Le car-
lante. Une troupe de comédiens italiens divertit les clients rosse est en vue au bout de la rue, mais deux hommes sont
en soirée. en train de placer des barils de poudre au milieu de la voie.

Trouver Herbert Tomain Empêcher l’attentat

Herbert passe son temps dans un salon réservé aux Les hommes de mains sont prêts à se battre pour em-
plus riches. pêcher les PJs d’avancer.
Trois autres personnes portent le même habit qu’Her-
bert. Un troisième personnage, un possédé répondant au
nom de Ravaillac, surveille la scène depuis les toits.

Herbert Tomain a la langue fourchue lorsqu’il est en
présence.
Herbert Tomain, le possédé suspect, quitte l‘auberge par
une porte secondaire. Sur une petite place, il donne un mot
de passe à six hommes d’armes avant d’ouvrir une nouvelle
porte et de s’y aventurer.
Entrer dans l’antre du clan
L’antre est gardée par six hommes d’armes, et ils exi-
gent le mot de passe.
Ravaillac met le feu à un des tonneaux qui explose. Le
carrosse est renversé, mais Mazarin n’est pas dedans. L’at-
tentat est un échec.
Fin
Ayant éventé et déjoué le complot, les PJ seront contac-
tés quelques temps plus tard par des membre du clan de la
Fleur de Lys. Leur mentor faisait partie de ce clan.
Les PJs gagnent 10 XP

L’antre du clan des égalitaires

La porte sur le pont mène sur un escalier en spirale qui
descend dans les ténèbres.

Apprendre que le clan prépare un attentat dans l’heure

contre le carrosse du cardinal dans la rue aux herbes.

Herbert Tomain, possédé par Jacques Clément tentera

d’affaiblir puis de tuer les PJ.

Une lettre d’un dénommé Ravaillac est dans la cachette.

Il y présente le monde idéal selon lui, un monde où le succès
dépendrait du travail et du mérite, non de la naissance.

237
Chapitre XVII - Mini campagne : l’assassin des rois

238