ACADEMIE
SA INTE-CROIX
D’ORLEANS
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LECTURES ET MEMOIRES
ee
TOME CINQUIEME
ORLEANS
H. HERLUISON, LIBRAIRE, RUE JEANNE-D'ARC
PARIS
3. GERVAIS, LIBRAIRE | DUMOULIN, LIBRAIRE
RUE DE TouRNON, 29 QUAI DES avGusTINe, 13
1886VIE DE SAINT SOPHRONE
PATRIARCHE DE JERUSALEM
Sophrone fut un des plus illustres pontifes de Jéru-
salem par sa vaste érudition, ainsi que par sa science
des divines lettres ; et par ses rares vertus sacerdotales
il mérita d’étre mis au nombre des quatorze évéques
de cette ville auxquels ’Eglise a décerné Pauréole de la
sainteté.
Il naquit & Damas, cette antique et célébre cité que
les Arabes surnomment la Perle de UOrient. Etant
encore trés jeune il professa d’abord avec éclat la dia-
lectique et la rhétorique, ce qui lui valut le titre de
Sophiste, qui était alors un titre d’honneur. Séduit,
comme un grand nombre de ses contemporains, par
les attraits de la vie solitaire, et plus touché du désir
d’avancer dans la science des saints que d’augmenter la
réputation que sa doctrine lui avait acquise, il se mit
a parcourir, pendant une vingtaine d’années, les laures
et les monastéres qui peuplaient la Syrie et la Palestine230 ACADEMIE DE SAINTE-CROIX.
avant l’invasion des armées musulmanes, et qui étaient
des foyers ardents de verlus. Le monastére de saint
Théodose, situé dans le désert de Juda; & une lieue de
Jérusalem, sur les bords du Cédron, était, & cette époque,
Yun des plus renommés de l’Asie, et la métropole céno-
bitique deta'Teérre Sainte. Sophrone s’y redferma vers
570, et, dans le repos et le silence, il y fortifia son
Ame par l'étude et la méditation. Quoiqu’il s’exergat,
a exemple des autres, dans l’austére discipline et les
pieuses pratiques de la vie monastique, il n’engagea
pas cependant son avenir par une décision solennelle,
et méme il conservait l’habit séculier. C’est 4 saint
Théodose qu'il s’unit d’une étroite amitié avec un excel-
lent prétre, abbé de ce couvent et nommé Jean Mosch,
dont il se fit le disciple inséparable. Tous deux habite-
rent ensuite la trés grande laure de saint Sabas, assise
d’une maniére si pittoresque et si bizarre au-dessus
des gorges profondes du Cédron, non ‘loin de ‘la mer
Morte. Combien de choses il y aurait 4 dire sur ce
monastére immortel de saint Sabas, que quatorze siél
cles et tant de guerres n’ont pu faire disparaitre'! Da
reste, tous les pélerins de Terre-Sainte le connaissent
parfaitement pour y avoir recu Vhospitalité dans leur
course au Jourdain.
Lorsque Vorage des troupes Persanes, qui venaient _
se ruer sur la Palestine, commengait 4 gronder, les deux
amis quittérent leur paisible retraite de saint Sabas, et
ils se retirérent dans les environs d’Antioche, puis a
Séleucie, vers l’an 603. Mais, comme l’armée des bar-
bares s’avangait, ils revinrent en Palestine, d’ou, sans